Portrait Serge Hambourg

Au delà des clichés, un artiste

Photographe indépendant et photo reporter aux quatre coins du monde, Serge Hambourg revient sur sa carrière. Entre fierté et nostalgie, il se livre sur sa plus grande passion. Il achète son premier appareil photo à 13

ans, depuis, «il n'a plus arrêté de travailler». Ce qui séduit Serge Hambourg, cigarette à la main, c'est son indépendance et sa notoriété. Nouvel Obs, Le Figaro, Paris Match, NewYork Time, pas un canard ne pouvait se passer de lui. Une belle revanche après avoir écopé d'un «incapable, ne sera jamais photographe» sur son bulletin scolaire. Il est le précurseur de la photographie du métro New-yorkais, «prise sans voyageur et en milieu de journée» se permet-il de narguer. Marié à la conservatrice en chef du musée métropolitain de N-Y, l'homme expose et vend ses clichés. Il «gagne beaucoup

d'argent et devient célèbre». Noir et blanc, couleur, paysages, portraits, scènes de vie, Serge Hambourg souhaite faire ressortir une émotion en racontant une histoire. «La photo c'est une œuvre, pas un pense-bête», glisse til d'une voix rauque. La photo dont il est le plus fier; un porteur de barrière en Sibérie, «une très belle composition» «shootée» au volant de sa voiture. Une œuvre, sans doute moins glorifiante que les 50 plus belles banques Américaines ou les usines authentiques de la Nouvelle-Angleterre qu'il a instantanément photographié. L'homme de 76 ans fait le tour du monde. Il «s'amuse mais gagne sa vie tout en s'exprimant». Une situation qui n’égaie pas forcément sa famille. Un frère médecin et une sœur pharmacienne, ses parents le pensent constamment en vacances. «La photo, c'est toute ma vie», souffle-t-il à longueur de temps. Peut-être pour se déculpabiliser de ne jamais être resté avec la même femme. Assorti de quatre épouses, Serge Hambourg n'en perd pour autant pas son humanisme. Il est le grand adepte de la spontanéité, «on peut photographier quelqu'un tout en discutant normalement avec lui». Dans son exposition Espaces inconnus et portraits connus, il dresse le portrait de grands noms comme Jacques Brel, Brigitte Bardot, Ernest Borgnine ou encore Andy Warhol. «Certains sont même devenus des amis» dit-il fièrement en dirigeant son doigt sur la photo du chanteur Hugues Aufray. Un dernier travaille attend Serge Hambourg: la numérisation de toutes ses œuvres qui, qu'on le veuille ou non, font partie de sa mémoire.

Par Benjamin LEVEQUE