Atelier Euro-Maghrébin sur l'archéologie préventive - unesdoc - Unesco

avec la coopération scientifique et technique de l'Institut ...... le mastère en archéologie et patrimoine à la Faculté des Sciences Humaines et Sociales de. Tunis ;.
6MB taille 13 téléchargements 308 vues
������������������������������������������

������������������������

���������������������������������������

������������������������

���������������������������������������

������������������������ 26 – 30 novembre 2004 ALGER, Algérie

REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE Ministère de la Culture

Agence Nationale d'Archéologie Et de Protection Des Sites et Monuments Historiques

Affiche réalisée par l’équipe de l’ Agence Nationale de Protection des Sites et des Monuments Historiques (ANAPSMH, Algérie)

ORGANISATION DES NATIONS UNIES POUR L’ÉDUCATION, LA SCIENCE ET LA CULTURE Organisé en partenariat avec le Ministère de la Culture d’Algérie le Ministère de la Culture et de la Communication de France avec la coopération scientifique et technique de l’Institut National de Recherches Archéologiques Préventives (INRAP, France) et de l’Agence Nationale de Protection des Sites et des Monuments Historiques (ANAPSMH, Algérie)

26 – 30 novembre 2004 Palais de la Culture d’Alger

Avec le concours du Ministère de l’Aménagement du territoire et de l’Environnement d’Algérie, du Ministère de l’Énergie et des Mines d’Algérie et du Ministère délégué au développement rural d’Algérie, de l’Ambassade de France en Algérie et du Service de Coopération et d’Action Culturelle de France

Et avec le soutien de la Sonatrach et d’Air France

Les idées et opinions exprimées dans cette publication sont celles des auteurs, responsables du choix et de la présentation de leurs contributions. L’UNESCO n’entend donner ni approbation, ni improbation aux propos émis dans les présents actes. Les appellations employées dans cette publication et la présentation des données qui y figurent n’impliquent, de la part de l’UNESCO, aucune prise de position quant au statut juridique des pays, territoires, villes ou zones, ou de leurs autorités, ni quant à leurs frontières ou limites. Les frontières qui figurent sur les cartes que nous publions n’impliquent pas reconnaissance officielle par l’UNESCO ou par les Nations unies. Les photographies et images présentées dans cet ouvrage sont dues à la généreuse contribution de : - Arezki Berkouk, - Baouba Ould Mohamed Naffé, illustrations de la “Politique mauritanienne” - François Souq, illustrations de “Organisation et mode de gestion des interventions d’urgence en interrégion” - Fabrice Pons, illustrations de “Diagnostics, évaluations et fouilles préventives : l’exemple du programme Constellation” - Hervé Petitot, Laurent Vidal et Stéphane Alix, illustrations pour “La prospection pédestre” - Bruno Bizot et C. Hussy, illustrations de “Urbanisme et pratique de l’archéologie à Marseille” - François Souq, illustrations de “L’opération de diagnostic archéologique du terrain Marcadal à Cherchell - Algérie” - François Souq et Hervé Petitot, illustrations du “Rapport d’expertise du projet d’évaluation archéologique de l’Îlot Lallahoum” - Liès Arifi et Hervé Petitot, illustrations du “Projet d’évaluation archéologique de l’Îlot Lallahoum” Mise en page : Frédérique Robin, assistante d’études, INRAP Coordination et relecture : Mounira Baccar, spécialiste du programme, UNESCO Publié en 2005 par l’Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture 7, place de Fontenoy, 75352 Paris 07 SP, France www.UNESCO.org © UNESCO 2005 et l’ Institut National de Recherches Archéologiques Préventives 7, rue de Madrid, 75008 Paris www.inrap.fr ISBN 2-915816-03-4 Imprimé en France

Sommaire z 8 9 11 12

Hassan Hamadache Zéhira Yahi Hubert Colin de Verdière Mounir Bouchenaki

z 15 17 20 27

Allocutions d’ouverture

L’état du patrimoine archéologique dans quatre États du Maghreb

Politique algérienne Politique marocaine Politique mauritanienne Politique tunisienne

Mourad Betrouni Aomar Akerraz Mohamed Ould Naffé Mustapha Khanoussi

z Présentation de l’archéologie préventive 30

Introduction - Jean-Paul Demoule

Exposés 33

Organisation et mode de gestion des interventions d’urgence en interrégion (Méditerranée) François Souq

39

Diagnostics, évaluations et fouilles préventives : l’exemple du programme « Constellation » Fabrice Pons

48

La prospection pédestre : un outil de recensement et de gestion scientifique du patrimoine enfoui et en élévation Hervé Petitot

57

Urbanisme et pratique de l’archéologie à Marseille : quelques éléments d’une expérience Bruno Bizot

68

L’opération de diagnostic archéologique du terrain Marcadal à Cherchell (Algérie) François Souq

80

Rapport d’expertise du projet d’évaluation archéologique de l’Îlot Lallahoum François Souq

86

Projet d’évaluation archéologique de l’Îlot Lallahoum (Icosium) Lyes Arifi et Hervé Petitot

z Rapports et recommandations 93 95 97

Atelier A : Organisation, législation et financement Atelier B : Outils de gestion et stratégie d’intervention Atelier C : Coopération, formation, diffusion des connaissances

z Allocutions de clôture 98 100

Mounira Baccar Hassan Hamadache

103

Liste complète des participants et invités

Allocutions Hassan Hamadache

Secrétaire général du Ministère de la Culture République Algérienne Démocratique et Populaire Excellence Monsieur l’Ambassadeur, Monsieur le Sous Directeur pour la Culture à l’UNESCO Messieurs les élus, Mesdames et Messieurs les responsables et experts maghrébins, arabes et européens du patrimoine culturel, Honorables invités,

A

u nom de Madame la Ministre, je vous souhaite la bienvenue au Ministère de la Culture et vous remercie de votre présence aux Journées Maghrébines sur l’Archéologie Préventive. Au nom du Ministère de la Culture, je suis tout à la fois ravi et très honoré de prononcer l’ouverture de cette rencontre, de ce forum qui réunit à Alger, sous l’égide de la très honorable organisation de l’UNESCO, des compétences nationales et internationales de haut niveau autour d’un sujet éminemment important à savoir celui de la prévention du risque de destruction du patrimoine archéologique. Cependant, je voudrais, avant de prononcer l’ouverture officielle de cette rencontre, vous inviter à nous recueillir ensemble à la mémoire de Monsieur Abbaci Abdeldjebbar, « que Dieu ait son âme », Conservateur du patrimoine culturel et chef du département de la recherche et de l’inventaire à l’Agence Nationale d’Archéologie et de Protection des Sites et Monuments Historiques, qui nous a quittés hier matin des suites d’une maladie. Il est un fait que le secteur de la Culture vient de perdre en la personne de Abbaci Abdeldjebbar, tout juste âgé de 40 ans, un cadre de grande valeur ayant acquis une longue expérience dans le domaine de la conservation du patrimoine culturel, d’abord au Tassili des Ajjer où il a passé une bonne dizaine d’années à l’Office du Parc National du Tassili, puis à l’Agence Nationale d’Archéologie où il a pris en charge le département de la recherche et de l’inventaire. A la veille même de son décès, il apportait, aidé de son équipe, les dernières retouches à l’organisation de « l’Atelier Maghrébin » à laquelle il a grandement contribué. En cette pénible circonstance, permettez-moi, en votre nom, de présenter à l’honorable famille du défunt, «que Dieu ait son âme », nos sincères condoléances et de les assurer de notre profonde sympathie. Je vous en remercie et je déclare la rencontre maghrébine sur l’Archéologie Préventive ouverte et lui souhaite le plein succès.

—8—

d’ouverture Zéhira Yahi

Directrice de Cabinet de Madame Khalida Toumi, Ministre de la Culture République Algérienne Démocratique et Populaire Mesdames et Messieurs les Ministres, Excellences Messieurs les Ambassadeurs, Monsieur le Sous Directeur pour la Culture à l’UNESCO, Messieurs les Walis, Messieurs les élus, Mesdames et Messieurs les responsables et experts du patrimoine, Chers invités,

J

e vous remercie d’avoir répondu à notre invitation et vous souhaite la bienvenue à cette rencontre, d’un intérêt certain, sur l’archéologie préventive. Ce premier rendez-vous représente une opportunité que nous voulions créer pour accéder, grâce au savoirfaire et à l’expérience de scientifiques et d’experts, à une stratégie d’approche de l’intégration de la prévention des risques de destruction du patrimoine archéologique dans le développement urbain, en prenant la région du Maghreb comme terrain d’investigation méthodologique et expérimental. Pourquoi le Maghreb ? Parce que le Maghreb est caractérisé par une géographie et une Histoire assez particulières, qui nécessitent un traitement tout aussi particulier du fait même des conséquences régionales de la colonisation et de la décolonisation. Il s’agira, dans cette perspective, d’atteindre le niveau de la planification préventive qui, au-delà de l’approche scientifique et technique, devrait donner naissance à une dynamique d’appropriation du risque de destruction du patrimoine archéologique par les populations, les responsables locaux, les services de l’État, les secteurs public et privé et les associations. Cette dynamique urbaine préventive permettra de mettre en réseau tous ces secteurs et services (municipaux, déconcentrés de l’État, publics, privé et associatifs) pour garantir la valeur des biens culturels tangibles et intangibles, et leur intégration dans les processus de décision de la planification urbaine et même rurale. Mesdames, Messieurs, Nous savons que le concept d’archéologie préventive a commencé à s’ébaucher en Europe, et tout particulièrement en France, au lendemain de la seconde guerre mondiale, lorsqu’à la suite de grands

travaux d’aménagement, d’ouvrages de bonification des terres, des grands plans de construction ont été favorisés par une politique de modernisation soutenue par des progrès scientifiques et technologiques remarquables et des moyens financiers considérables. C’est à travers ces grandes transformations du paysage urbain et les conséquences qui en ont découlé sur le patrimoine archéologique en termes de destruction massive et de désintégration des structures et édifices archéologiques qu’une conscience de la dimension patrimoine – espace urbain a pris naissance, et que s’est instaurée une véritable solidarité citoyenne pour la sauvegarde du patrimoine culturel. Des associations se sont multipliées et des réseaux de bénévoles se sont mis en place aux échelles régionales et municipales pour contenir ou du moins diminuer les effets néfastes du développement urbain sur le patrimoine archéologique. L’Institut Français de Recherches Archéologiques Préventives n’est-il pas l’aboutissement heureux de cette expérience, partant d’une pratique réaliste et d’un savoir-faire dispensés par une remarquable association, l’Association pour les Fouilles Archéologiques Nationales ? Qu’en est-il alors pour le Maghreb ? La géographie et l’Histoire de cette région Sud de la Méditerranée peuvent-elles s’accorder avec un tel processus historique ? En d’autres termes, peut-on s’inspirer de cette démarche et de cette approche européenne pour parvenir au niveau de conscience requis par la dimension patrimoine culturel, et accéder aux principes et méthodologie d’une planification préventive ? Mesdames, Messieurs, Il s’agira pour nous, de tirer d’abord les leçons de cette expérience et d’adapter ensuite, les principes de la planification préventive à la réalité de notre région. Quelle est, en fait, la réalité de notre région de ce point de vue là ? Le schéma de répartition du patrimoine archéologique dans les pays du Maghreb, est le produit d’une cartographie coloniale fondée sur le principe de la littoralisation du territoire, principe qui a légitimé et justifié un modèle d’aménagement et d’urbanisation centré sur la mer Méditerranée. Le choix d’un développement urbain littoralisé, ajusté à une configuration artificielle de l’espace archéologique, a produit de très grandes ruptures dans les ordonnancements traditionnels, en leur substituant des formes et des conceptions modernes qui vont créer un véritable décalage dans les représentations psychologiques de l’espace historique.

—9—

La translation brutale des pays maghrébins dans la modernité – disons l’occidentalité – au lendemain de leur indépendance, n’a fait que renforcer cet ordre des choses par reproduction des mêmes schémas d’aménagement et d’urbanisation, et la reconduction des mêmes lois et règlements. La dimension vivante, le caractère habité, les savoirfaire traditionnels, les métiers, l’artisanat, ne pouvaient figurer dans cette nomenclature patrimoniale. Les casbah, les médina, les ksour, les zeribate, les mechta et les autres formes d’architecture vernaculaires qui constituent l’essentiel de nous-même, ne pouvaient être appréhendés dans cet entendement-là, que sous l’angle du site et du monument, c’est-à-dire de l’objet figé aux contours formels. Après une trentaine d’années de pratique, de 1967 à 1998, l’Algérie a mis en place un nouveau dispositif juridique pour répondre aux besoins d’identification, de (ré)appropriation et de construction de l’espace historique par un retour à la mémoire et à l’Histoire, loin de la décontextualisation et de l’extraterritorialisa tion du patrimoine culturel. L’état de dégradation avancé des Casbah d’Alger, de Constantine, d’Annaba, de Béjaia et de Tlemcen – je ne citerai que celles-là – est le résultat de cette décontextualisation et de cette extraterritorialisation qui ont créé la rupture des attaches reliant et entretenant les générations. Nos casbah ne sauraient être des musées. Ce sont des organismes vivants qui respirent et qui sont mis en scène quotidiennement par leurs habitants. Mesdames, Messieurs, C’est pour tout cela qu’en 1998, une nouvelle loi sur le patrimoine culturel a été promulguée. Une loi qui abroge l’ancienne législation, une loi qui reformule et (re)définit le paysage patrimonial culturel dans ses deux dimensions matérielle et immatérielle. Une loi qui réalise une rupture avec un héritage et avec un ancrage colonial en opérant un véritable (re)cadastrage du paysage patrimonial et en donnant une signification totale et intégrale à l’espace archéologique algérien. Nous sommes aujourd’hui à ce premier niveau d’exécution de la stratégie de (ré)appropriation du patrimoine culturel. Et c’est à ce niveau, précisément, que des incompréhensions, des équivoques et des malentendus se produisent selon les entendements et les objectifs des uns et des autres. Pour illustrer cela, je vous citerai l’extrait d’un article publié par un auteur français, Eugène Albertini, en 1930 – année dite du centenaire – à propos des ruines romaines d’Algérie : « c’est un bonheur pour les archéologues que, du septième siècle au dixneuvième siècle, les occupants du pays aient si peu

travaillé le sol, aient presque partout abandonné les choses à elles-mêmes : des ruines ainsi nous ont été conservées qu’une population plus industrieuse aurait détruites. » D’aucuns se réjouiraient devant cette déclaration au nom de l’intérêt suprême de la conservation d’un patrimoine partagé. Nous avons même entendu dire, avec orgueil et fierté, que l’Algérie était plus romaine que l’Italie en matière de richesse en vestiges romains. De notre point de vue, cela dénote tout au contraire du manque à gagner et à réaliser par l’Algérie dans le domaine du développement et de l’aménagement du territoire. L’Algérie ne saurait être un simple lieu d’implantation et de distribution des vestiges archéologiques, et le patrimoine culturel ne saurait être au service du seul passé, aussi prestigieux fût-il. Il s’agit pour nous de concilier la protection du patrimoine archéologique, la sauvegarde des valeurs sociales et culturelles et l’adaptation à des conditions de vie moderne, par une réorganisation et une (ré)interprétation de l’espace historique conçu comme valeur partagée. L’expression « Rome est dans Rome » traduisant le fait que la ville moderne est dans la ville antique, n’exprime pas autre chose que cette conciliation et ce consensus autour d’une valeur partagée. Pourquoi Tipasa la moderne a-t-elle alors autant de difficultés à être conciliée avec Tipasa l’antique ? Tipasa – pour ceux qui ne la connaissent pas – est un site archéologique du patrimoine mondial qui a été classé dans la liste du patrimoine en péril, justement pour cette absence de consensus autour d’une valeur partagée. Mesdames, Messieurs, C’est sur ce terrain de confrontation et d’opposition entre une vision fossilisante d’un patrimoine culturel mis au service exclusif du passé, et une conception dynamique et vivante, qui restitue le bien culturel à sa société dans un esprit de dialogue et de communion, que nous vous invitons à réfléchir, partant du paradigme de l’archéologie préventive, sur les voies et les moyens, les scénarios et les trames qui réalisent justement ce consensus et qui établissent les équilibres entre les exigences de la conservation et les impératifs de l’aménagement et de la mise en valeur. Je terminerai, enfin, en réitérant mon souhait de bienvenue à tous les participants et en souhaitant le plus grand succès aux travaux de cet atelier. Je vous remercie.

— 10 —

Hubert Colin de Verdière Ambassadeur de France en Algérie

M

erci Madame Yahi, Monsieur le Secrétaire général, Mesdames et Messieurs, de me permettre de dire quelques mots pour saluer l’importance de ce colloque, de cette réunion maghrébine et Euro-Maghrébine et de saluer les participants français à ce colloque organisé sous l’égide de l’UNESCO.

Il est important que l’archéologie préventive se soit développée à travers le corpus législatif et réglementaire qui s’est progressivement mis en place dans tous les pays. C’est en 1995 qu’en France nous avons traduit en droit interne la Convention européenne de Malte de 1992 et c’est en 2002 que nous avons mis en place l’INRAP.

J’ai écouté avec beaucoup d’attention les propos qui ont été tenus avant moi et je pense que nous sommes bien au cœur du sujet et très certainement sur des longueurs d’onde tout à fait parallèles. Il y a déjà quelques décennies que les archéologues eux-mêmes et les aménageurs ont pris conscience de l’importance de pouvoir travailler ensemble préventivement et en accompagnement du développement économique, social et humain de nos pays, qui s’est accéléré depuis quelques générations. L’archéologie préventive est une manière d’accompagner, de maîtriser le développement social et humain, de permettre au patrimoine extrêmement riche de l’ensemble des pays riverains de la Méditerranée d’être préservé et le cas échéant mis en valeur pour le bien de l’ensemble des habitants de nos pays. Nous avons au Nord et au Sud des spécificités, mais nous avons des héritages communs. Nous avons dans le temps, il y a très longtemps et plus récemment, subi aussi des désastres humains et des désastres matériels. Des civilisations se sont recouvertes les unes les autres. Tout cela constitue d’une certaine manière de la même façon au Nord comme au Sud un héritage tout à fait singulier.

Je suis donc très heureux de cette rencontre qui associe des spécialistes maghrébins et européens, en particulier français. Le travail que vous allez faire sera passionnant. Je saisis l’occasion pour me réjouir de l’excellent climat de la coopération Franco-Algérienne en matière d’archéologie. Nous avons signé récemment un accord sur la datation et l’inventaire des vestiges dans le Sahara, nous avons convenu avec le Ministère de la Culture et les autorités algériennes de mettre en place prochainement un groupe de travail pour étudier les différents domaines dans lesquels nous allons pouvoir et devoir coopérer et travailler ensemble en matière d’archéologie. Je voudrais enfin saluer la délégation française, qui est assez nombreuse aujourd’hui et riche dans sa diversité : il y a des représentants d’administrations, mais aussi des universitaires, des membres de directions régionales de l’archéologie. Je connais la densité de leur travail en commun avec les pays du Maghreb et je leur souhaite la bienvenue, comme à tous les autres participants. A tous, je souhaite le plein succès à vos travaux.

— 11 —

Mounir Bouchenaki

Sous-Directeur général, Secteur de la Culture, UNESCO

C

’est avec un grand plaisir, que j’adresse, au nom du Directeur général de l’UNESCO, mes plus vifs remerciements aux autorités algériennes pour leur chaleureux accueil en cette terre familière. Des ruines de Tipasa à la Casbah d’Alger, la coopération qui unit l’UNESCO et l’Algérie est profonde et renouvelée. Je suis heureux que la situation politique apaisée de l’Algérie offre un cadre idéal à de nouvelles perspectives en matière de protection du patrimoine culturel. Ma gratitude va en particulier à Madame Khalida Toumi, Ministre de la Culture, dont les services ont organisé avec soin et souplesse, en étroite collaboration avec mes collègues de la division du Patrimoine culturel, la tenue de cette manifestation. Je me réjouis que les Ministères de la Culture algérien et français aient ainsi contribué, avec le soutien de l’UNESCO, à faire naître un projet de coopération et d’échange sur les techniques archéologiques de pointe. C’est également à l’enthousiasme et à la perspicacité de l’INRAP que nous devons le plaisir de nous réunir et je manifeste à son président ma sincère reconnaissance pour les efforts que l’Institut déploie en faveur d’une prise en compte des intérêts culturels dans les chantiers d’aménagement. Source de contraintes et de ralentissements, la préservation des vestiges découverts s’oppose-telle irréductiblement à l’intérêt économique et à la modernisation des infrastructures ? Longtemps la priorité fut accordée à l’aménagement, laissant une maigre portion aux archéologues. Pour autant, l’opposition des intérêts ne vaut que sur une période de temps limitée à celle des travaux d’aménagement, ralentis par les fouilles. Au-delà, la préservation du patrimoine apparaît féconde d’un point de vue culturel et donc, indirectement, d’un point de vue économique et touristique. Figer le territoire revient à figer l’économie. Faire du passé table rase entraîne d’irréparables pertes. L’objet de l’archéologie dite préventive consiste justement à rééquilibrer les plateaux de la balance des intérêts entre aménageurs et archéologues. Tout l’art du compromis s’inscrit dans la définition, en amont, des procédures obligatoires destinées à préserver le patrimoine jugé essentiel, sans pour autant sacrifier les intérêts économiques des aménageurs. La France a connu ces trente dernières années une période d’aménagement du territoire sans précédent,

avec la création du réseau autoroutier et ferroviaire à grande vitesse (TGV). Parallèlement à ce dynamisme a émergé la discipline, jeune encore, de l’archéologie préventive. À côté de l’archéologie des opérations de sauvetage, en aval, naissait une archéologie de l’amont, préventive. Il est en effet apparu indispensable d’intégrer dans le calendrier des aménageurs le temps de détection, de fouille, d’étude et de sauvegarde des vestiges mis à jour. Un corps de règles s’est progressivement constitué, sous l’égide du précédent avatar de l’INRAP et dans un cadre législatif inexistant. Les techniques ont ainsi considérablement évolué, au fil des chantiers et ont abouti à l’adoption de normes pouvant aboutir, selon l’importance des découvertes, à la poursuite des travaux, à la collecte des vestiges ou au contournement de ceux-ci. Ainsi, l’impact de l’archéologie est cantonné pour ne pas perturber outre mesure les chantiers en cours. L’intervention de l’État dans la relation déséquilibrée entre aménageurs et archéologues a permis d’accorder à l’INRAP une autonomie et un pouvoir d’intervention sur les chantiers, dont le financement est assuré par l’ensemble des aménageurs sous la forme d’une taxation, selon le principe du pollueur-payeur. C’est une chance d’avoir rassemblé des autorités représentant le triptyque État, aménageurs et archéologues pour faire prendre conscience des enjeux de l’archéologie préventive. Conscients de leur mission de diffusion et d’échange des techniques scientifiques, les organisateurs de l’atelier ont souhaité confronter les expériences des différents États du grand Maghreb afin d’en tirer des bénéfices mutuels. La rencontre internationale sur l’archéologie préventive que j’ai le plaisir d’inaugurer avec Madame Khalida Toumi, Ministre de la Culture, en présence d’experts de renommée internationale, témoigne bien de cette volonté. J’espère que votre travail fera ressortir des idées dont la communauté scientifique tirera profit et que s’établira une collaboration durable entre les centres d’archéologie et de recherche.

— 12 —

Atelier maghrébin sur l’Archéologie Préventive Palais de la Culture le 29 novembre 2004 Clichés : Arezki Berkouk

L’état du patrimoine archéologique dans quatre états du Maghreb

Politique algérienne en matière de patrimoine Par Mourad Betrouni Directeur de Patrimoine culturel - Ministère de la Culture République Algérienne Démocratique et Populaire

L’atelier maghrébin sur l’archéologie préventive a pour objectif principal l’approfondissement des méthodologies d’approche pour une intégration de la prévention des risques de destruction du patrimoine culturel dans les politiques de développements urbains et ruraux en région maghrébine. Inscrit sous l’égide de l’UNESCO et en partenariat entre les Ministères algérien et français de la Culture, cet espace de débat Euro-Maghrébin est une opportunité pour réitérer et réaffirmer l’attitude de l’Algérie vis-à-vis de son patrimoine archéologique. Une attitude qui consiste, dans le cadre d’une stratégie cohérente, à affronter un terrain ou plutôt à ouvrir de nouveaux chantiers aux multiples implications tant nationales qu’internationales. C’est une initiative régionale qui coïncide, en Algérie, avec un moment marqué par un déploiement de grands efforts nationaux pour asseoir les règles et créer les conditions d’une prise en charge totale et efficace du patrimoine archéologique, à travers l’élaboration d’une stratégie et d’une méthode d’approche fondées prioritairement sur l’application de la loi n° 98-04 portant protection du patrimoine culturel. Une stratégie qui appelle une reformulation et une redéfinition du paysage patrimonial national adaptées aux nouvelles exigences culturelles nationales et aux mutations politiques et socioéconomiques produites aux échelles nationale et internationale. Avec la loi n° 98-04 du 15 juin 1998, portant protection du patrimoine culturel, s’établit une nouvelle philosophie du patrimoine culturel fondée sur une demande sociale en matière d’histoire, d’art, d’architecture et d’urbanisation et des exigences économiques nouvelles qui nécessitent la mise en place de règles et de conventions adaptées à l’évolution des perceptions et pratiques sociales, des concepts juridiques et des données scientifiques. Une philosophie qui va dans le sens « de la réhabilitation, la restitution, l’intégration et la socialisation de la Mémoire ». Les nouvelles orientations scientifiques et technologiques et ce qu’elles supposent comme renouveau méthodologique en termes de précision et d’élargissement des capacités d’étude, d’analyse, de conservation, de restauration, de protection et de mise en valeur des traces du passé, imposent une approche renouvelée, qui devrait passer de la méthode traditionnelle d’investigation à une utilisation pleine et efficace de toutes les possibilités offertes par les innovations technologiques, surtout dans les domaines de la prospection, de l’observation, de l’analyse et de l’exploitation. Le principe établi de la distinction entre l’archéologie comme science du passé et le patrimoine comme ensemble d’objets culturels exprimant le passé et le présent, est en soi un renouvellement d’approche qui permet de consacrer les différents actes d’intervention sur le patrimoine. C’est dans cet esprit que s’impose, aujourd’hui, une véritable restructuration du patrimoine culturel et une réorganisation des instruments opérationnels en fonction de la consistance et des valeurs patrimoniales existantes. Devant l’étendue et la diversité des nouveaux besoins culturels, il est impératif de reformuler la politique de nos musées, de nos sites et monuments en envisageant une démarche d’ouverture, d’association et de participation adaptée judicieusement aux règles de protection et de conservation du patrimoine culturel. L’usage et l’exploitation privés de l’objet patrimoine – sa mise en situation – ne sont que la

— 15 —

traduction de la volonté de restitution du patrimoine à la société. Ils ne sont pas antinomiques du souci de protection et de conservation. Dans cette configuration binaire « conservation-usage », l’État, garant de la pérennité et de l’intégrité du patrimoine culturel, constitue l’agent régulateur et modulateur dont la mission essentielle consiste en la mise en place des conditions d’intégration de la fonction du patrimoine culturel dans le processus de développement national. La naissance de nouvelles valeurs faites d’innovations, d’inventions et de découvertes appellent une autre formulation de la recherche scientifique dans le domaine du patrimoine culturel, dans le sens d’une plus grande intégration et d’une plus grande socialisation. Les applications industrielles en archéologie sont nombreuses mais non encore développées dans notre pays, d’une part, par le fait même du décalage enregistré par rapport aux mutations réalisées en faveur du progrès technologique et, d’autre part, par l’absence d’une demande et donc d’un marché susceptible de stimuler et d’encourager l’investissement de l’effort industriel vers ces secteurs d’application et d’utilisation, ce qui a entravé considérablement le processus d’intégration du progrès et de l’innovation technologique. Cet ensemble de possibilités d’application de méthodes, de procédés, de techniques et de matériaux industriels dans le secteur de la culture nous commande, dans une perspective d’intégration sociale et économique, d’approfondir la réflexion et de sensibiliser les partenaires essentiels partageant le même intérêt en termes de production et de marché. Les méthodes de prospection indirecte et non destructrice, comme la résistivité électrique, les réponses magnétiques et électromagnétiques, les variations thermiques et les méthodes de datation objective, comme l’archéomagnétisme, le radiocarbone, le potassium-argon, la dendrochronologie, la thermoluminescence, les traces de fission, les acides aminés, dépendent d’un savoir-faire et d’un outil industriel de précision fondé sur les principes et règles de la physique, de la chimie et des mathématiques. Ces techniques et outils de précision, dont certains n’existent, jusque-là, qu’à l’état expérimental, dans quelques laboratoires algériens, trouveraient des applications nombreuses en préhistoire, en archéologie et en histoire, pour peu que ces disciplines soient développées et adaptées à l’évolution méthodologique qui fait de l’outil industriel un moyen précis et efficace d’investigation. En matière de conservation des peintures, gravures et inscriptions, allant du rupestre au bois et au tissu, plusieurs techniques de mesure, d’observation et de traitement sont applicables, comme celles relatives à l’étude des températures et de l’humidité, des dynamiques d’altération, des pigments de peinture, à travers un ensemble de procédés physiques et chimiques d’observation et de traitement. Ces applications, nécessaires et parfois urgentes, qui imposent l’intervention d’une assistance étrangère, constituent un terrain privilégié d’application pour certaines industries non encore établies dans notre pays. L’industrie des matériaux, orientée vers des applications archéologiques, pourrait conduire à la création de laboratoires et d’industries spécialisés dans le domaine de la restauration notamment et pour lesquels le secteur de la culture serait nécessairement l’initiateur.

— 16 —

Politique marocaine en matière d’archéologie préventive Par Aomar Akerraz Directeur des études à l’INSAP

Au Maroc, c’est au Ministère de la culture qu’incombe le rôle de sauvegarder et de valoriser le patrimoine culturel. La Direction du patrimoine culturel a la charge aussi bien du patrimoine matériel qu’immatériel. Pour ce qui est du patrimoine matériel, la recherche archéologique et la formation des cadres sont confiées à l’Institut National des Sciences de l’Archéologie et du Patrimoine alors que la gestion, la conservation, la restauration, la mise en valeur et l’inventaire sont du ressort de quatre divisions de la Direction du patrimoine culturel : -

Division de l’inventaire Division des musées Division des études et des interventions techniques Division de la gestion des monuments historiques et des sites

Direction du patrimoine culturel Division des études et des interventions techniques Service des études et de la documentation Service des interventions techniques

Division de la gestion des monuments historiques et des sites

Division de l'inventaire général du patrimoine

Division des musées

Service de gestion

Service de l'inventaire général et des enquêtes

Service du fonctionnement des musées

Service de mise en valeur et de classement des monuments et sites historiques

Service des publications et de la promotion du patrimoine

Service de la préservation et des acquisitions des collections

Service des traditions, usages et coutumes

Organigramme de la Direction du Patrimoine Culturel 1

1 - www.minculture.gov.ma

— 17 —

Au niveau régional, la Direction du patrimoine culturel est représentée, outre par les musées archéologiques et ethnographiques2, par neuf inspections régionales des Monuments Historiques et des Sites3, quatre centres spécialisés4, et trois conservations de sites5. Ces structures régionales sont par ailleurs placées sous la tutelle administrative des délégations régionales du Ministère de la Culture. L’Institut National des Sciences de l’Archéologie et du Patrimoine (INSAP) est une institution publique, placée sous la tutelle du Ministère de la Culture, et chargée, avec la Direction du Patrimoine Culturel6, de la gestion de la recherche archéologique et de la formation des cadres qui vont exercer principalement au sein du Ministère de la Culture7. L’archéologie préventive au Maroc ? Du point de vue juridique, l’article 46 de la loi n° 22-80 protège le potentiel archéologique des menaces qui le guettent8. Toutefois, il est très rare, et l’on peut facilement comprendre les raisons qui font que les aménageurs, publics ou privés, se soient pliés aux termes de l’article cité et aient avisé les autorités compétentes de l’existence de vestiges découverts fortuitement. De plus, si des vestiges archéologiques sont découverts à l’occasion de travaux d’aménagement rien dans la loi n’oblige les aménageurs à contribuer financièrement aux fouilles quand celles-ci se révèlent nécessaires. Les recherches préliminaires aux travaux d’aménagement ne sont pas non plus prises en charge, ni par les autorités compétentes, ni par les aménageurs. Le cas de la fouille du site de Khedis / Exploratio ad Mercurios, dans la région de Rabat et celui de la prospection effectuée dans les environs du site de Lixus en prévision de l’aménagement de la station balnéaire « Lixus » illustrent parfaitement la situation de l’archéologie préventive et de l’archéologie de sauvetage au Maroc. La fouille de sauvetage de Khedis Autour de la ville antique de Sala (Chellah), on connaissait plusieurs sites antiques dont des carrières, des établissements ruraux et des ouvrages militaires. Parmi ces sites, la petite colline, appelée Khedis, située sur la rive droite de l’oued Bou Regreg dans l’Oulja de Salé renfermait des vestiges antiques mais dont l’importance n’était pas soupçonnée. En 1996 les travaux pour l’aménagement de la voie de contournement ont débuté et endommagé une grande partie du site sans que les services compétents du Ministère de la culture aient été consultés sur le tracé de la voie avant le début des travaux et sans que les archéologues aient été associés aux travaux de creusement.

2 - Musées de la Casbah à Tanger, Musées archéologique et ethnographique à Tétouan, Musée du Batha à Fès, Musée Dar Jamai à Meknès, Musées archéologique et ethnographique à Rabat, Musée de la céramique à Safi, Musée ethnographique de Chaouen, Musée des bijoux à Agadir et Musée de Laâyoune. 3 - À Tanger, Tétouan, Rabat, Fès, Meknès, Casablanca, Marrakech, Safi, Essaouira. 4 - Centre National du Patrimoine Rupestre à Marrakech (CNPR) ; Centre d’Etudes et de Recherches sur les Kasbahs et l’Architecture Subsaharienne à Ouerzazate (CERKAS) ; Centre du Patrimoine maroco- lusitanien à El Jadida (CPML) ; Centre des Etudes Alaouites à Rissani (CEA) 5 - Volubilis, Chellah et Lixus 6 - En fait, la gestion de la recherche archéologique devrait être du ressort de la Direction du patrimoine culturel, Division des Monuments Historiques et des Sites, Service de l’Archéologie, mais depuis la création de l’Institut National des Sciences de l’Archéologie et du Patrimoine en 1986, les attributions du Service de l’archéologie sont assumées par l’Insap et le service de l’Archéologie a disparu du diagramme du Ministère. 7 - Il s’agit bien entendu des cadres spécialisés dans différents aspects du patrimoine culturel : archéologie, anthropologie culturelle, monuments historiques, muséologie. 8 - Loi n° 22-80 relative à la conservation des monuments historiques et des sites, des inscriptions, des objets d’art et d’antiquités, titre VII, article 46 : « Si, au cours d’un travail quelconque, une fouille entreprise dans un but non archéologique met au jour des monuments, monnaies ou objets d’art et d’antiquité, la personne qui exécute ou fait exécuter cette fouille doit aviser immédiatement de sa découverte l’autorité communale compétente qui en informe sans délai l’administration et remet à l’intéressé un récépissé de sa déclaration en indiquant qu’il ne doit dégrader en aucune manière ni déplacer, sauf pour les mettre à l’abri, les monuments ou objets découverts. À défaut, la fouille est réputée faite en violation de l’article précédent. Du fait de cette déclaration, le travail en cours se trouve assimilé à une fouille autorisée et contrôlée et peut être poursuivi jusqu’à ce que l’administration ait fixé les conditions définitives auxquelles sera soumis ce travail, à moins que ne soit décidé l’arrêt provisoire de celui-ci. »

— 18 —

L’intervention de l’Institut National des Sciences de l’Archéologie et du Patrimoine pour organiser des fouilles de sauvetages n’a pu se faire qu’à la suite d’un pur hasard qui a fait que l’auteur de ces lignes a remarqué, lors d’une sortie dominicale, que la fameuse « côte 20 » des archéologues était à moitié éventrée par les engins de terrassement. Grâce à la loi n° 22-80, il a donc été possible de faire arrêter les travaux et négocier avec les services du Ministère des travaux publics l’organisation de fouilles de sauvetage. Celles-ci ont duré environ 3 ans et abouti à des résultats très importants que nous n’aurions pas pu soupçonner sans une campagne de sauvetage. Alors que nous pensions qu’il s’agissait d’un établissement de petites dimensions, nous avons été surpris par l’étendue du site qui renferme de nombreuses installations. La plus importante est un poste militaire dont la superficie avoisine les 3 500 m2. Les recherches ont permis le dégagement de la porte orientale de l’ouvrage militaire. Cette porte de 5 mètres d’ouverture est flanquée de deux tours semi-circulaires. L’enceinte du camp qui forme un rectangle d’environ 70 mètres de long et 50 mètres de large est épaisse de 1,40 m. À l’intérieur, le camp semble être organisé selon un plan orthogonal puisqu’on a pu retrouver deux rues qui se coupent à angle droit. À l’extérieur du camp et dominant la plaine alluviale de l’oued Bou Regreg, les fouilles ont dégagé les restes d’un petit temple de plan rectangulaire qu’il est permis, de par sa situation, d’identifier comme étant celui du dieu Mercure, protecteur des routes, des frontières, du commerce et des commerçants et messager de Jupiter. L’étude préliminaire des vestiges et du matériel archéologique exhumé a montré que l’occupation du site était antérieure à l’époque romaine. Un horizon stratigraphique comprenant des céramiques typiques du Ier siècle avant J.-C. a pu en effet être décelé en de nombreux endroits sous les niveaux d’utilisation du camp d’époque romaine. Le camp militaire romain du Ier siècle après J.-C. s’est donc établi sur des monuments qui lui préexistaient. Cette succession stratigraphique correspond à celle déjà connue sur le site de Sala (Chellah)9. Prospections dans le futur site de la station balnéaire « Lixus » En concertation avec la Direction des Aménagements et des Investissements du Ministère du Tourisme, et en prévision de l’aménagement d’une importante station balnéaire dans les environs proches du site de Lixus, nous avons pu effectuer une prospection archéologique sur le site de la future station. Les prospections ont mis en évidence un grand nombre de sites antiques qui vont être pris en compte lors des travaux de construction et d’aménagement de la station. A la suite de cette prospection, le Ministère du Tourisme s’engage à ce que les sites soient respectés et que des fouilles soient organisées si des sites non répertoriés lors de la prospection préliminaire apparaissaient lors des travaux de terrassement. Mais cette concertation n’est pas une règle, elle est plutôt une exception. Il est vrai que la Société Nationale des Autoroutes du Maroc a toujours soutenu les demandes de l’Institut National des Sciences de l’Archéologie et du Patrimoine d’effectuer des prospections le long des tracés des autoroutes en projet. Toutefois, malgré les déboires de la voie de contournement de Rabat-Salé, les services compétents du Ministère des travaux publics ne soumettent pas toujours pour avis les tracés des nouvelles voies en construction, ni les projets de barrages ou tout autre aménagement susceptible d’affecter des structures archéologiques. Il n’est pas utile de parler ici des nombreuses opérations de sauvetage récemment menées sur le territoire marocain. Il faut simplement noter que la notion d’archéologie préventive n’existe pas au Maroc, bien que ce soit une archéologie qui participe fortement à la sauvegarde et à la mise en valeur du patrimoine archéologique, à une meilleure connaissance de l’histoire du pays et économiquement à la création de nombreux emplois liés directement ou indirectement aux travaux de prospection, de fouille, d’étude... Notre souhait est qu’une législation soit adoptée pour instituer des rapports clairs entre les aménageurs et les autorités chargées du patrimoine archéologique et pour permettre matériellement le développement de l’archéologie préventive à l’instar de ce qui se fait dans les pays de la rive Nord de la Méditerranée.

9 - A. AKERRAZ, « Exploratio ad Mercurios », Bulletin d’Archéologie Marocaine, t. 19, 2002, p. 191-215.

— 19 —

Politique mauritanienne en matière d’archéologie préventive Par Baouba Ould Mohamed Naffé Directeur Adjoint de l’IMRS

INTRODUCTION L’intérêt pour l’archéologie en Mauritanie date du début du XXe siècle. Dans le sillage de la pénétration coloniale, militaires et administrateurs ont noté l’existence de vestiges appartenant à diverses époques (préhistoire, histoire) dans les différentes régions du pays. Ce travail est resté timide jusqu’aux années 1950. Une recherche plus organisée se mit en place à partir de l’IFAN de Dakar (TH. Monod, R. Mauny, J-H Hugot). Depuis 1974, l’Institut Mauritanien de Recherche Scientifique (IMRS) a pris la relève. Aujourd’hui, un grand nombre de sites préhistoriques et historiques sont identifiés ; certains ont fait l’objet d’études et de publications. Une carte archéologique peut être envisagée. La répartition géographique de la population et la faiblesse de sa densité on fait que le besoin de fouilles de sauvetage n’était pas fortement ressenti, au moins pour les zones inhabitées en permanence, c’est-à-dire la majeure partie du pays. Mais cette situation commence à se modifier avec, en particulier, le développement des centres urbains, les grands travaux d’aménagement, le développement du tourisme et le commerce des objets à valeur scientifique. Pour accompagner ces évolutions inévitables, en préservant au maximum le patrimoine archéologique dans son ensemble, y compris le patrimoine urbain, notre action s’articule autour des quatre axes suivants : la législation, la recherche, les institutions et la sensibilisation.

Fouille

LA LÉGISLATION Au niveau national : En Mauritanie le texte principal relatif au patrimoine archéologique est la loi n° 72-160 du 31 juillet 1972, relative à la sauvegarde et à la mise en valeur du patrimoine national, préhistorique, historique et archéologique. Cette loi établit : - La propriété des objets patrimoniaux du domaine public au profit de l’Etat, qui se réserve le droit de soumettre à des servitudes ceux existant sur des domaines privés. - Les conditions des fouilles archéologiques (autorisation, conduite, exploitation scientifique). - Les procédures de classement et leurs effets. - Les sanctions pénales encourues par les contrevenants. L’administration compétente en la matière est le Ministère chargé de la culture. Au niveau international : La Mauritanie adhère au dispositif juridique mis en place par l’UNESCO et notamment :

— 20 —

- La Convention relative aux mesures à prendre pour interdire et empêcher le trafic illicite des biens culturels, adoptée par la conférence générale de l’UNESCO en 1970. - La Convention de 1972, relative à la protection du patrimoine culturel et naturel. LA RECHERCHE De nombreuses campagnes de prospection et de fouilles ont touché diverses régions du pays et permis l’identification de centaines de sites. Outre les traces d’habitats préhistoriques, des sites plus récents sont maintenant assez bien connus. Les traditions urbaines proprement dites en Mauritanie ne sont pas récentes mais limitées dans l’espace. Des formes de sédentarisation ont sans doute vu le jour dans de vastes zones sans pierre où les matériaux utilisés pour l’habitat ne résistent pas à l’érosion. Quant à la brique cuite, elle ne semble pas avoir été utilisée. Les restes de constructions sont répertoriés uniquement dans le pays de pierre (Adrar, Tagant, Hodh). Village préhistorique du Dhar Tichitt d’Awdaghost

Les plus anciennes constructions connues en Mauritanie se trouvent dans la région de Tichitt qui compte les vestiges de plusieurs centaines de villages, dont certains sont de taille considérable (groupement de plusieurs centaines d’enclos). Cet ensemble qui se prolonge vers Oualata, le long de la falaise du Dhar, est daté de 4000 à 2000 ans. Cette culture est rattachée à la préhistoire (abondance d’outils lithiques et début probable de l’agriculture.) L’archéologie historique fait ressortir plusieurs générations de villes.

Génération 1 (villes aujourd’hui réduites à l’état de tells archéologiques) Azougui :

Sondage à Azougui

Nous connaissons l’existence historique d’Azougui grâce aux auteurs arabes du Moyen-Âge. Al-Bakri est le premier à l’avoir mentionnée au XIe siècle avec l’existence d’un hisn édifié par un dignitaire sanhaji appartenant au groupe qui allait être à l’origine du mouvement almoravide. Les recoupements entre la toponymie, la géographie, les sources écrites et la tradition orale locale concernant Abou Bakr Ibn Umar et l’Imam al-Hadrami ont orienté la recherche vers le site d’Azougui près d’Atar. Les relevés archéologiques depuis les années 1950 (Th. Monod et R. Mauny), le plan de la « forteresse » lecsaïba ou petite casbah, ont permis un rapprochement avec le hisn utilisé par les almoravides). Les résultats des sondages plus récents : - Datation : Xe XIe siècle pour les niveaux de construction anciens. - Abondance d’objets d’origine méditerranéenne. - Meilleure qualité des murs anciens. - Présence limitée de briques crues. Situation actuelle du site : Seuls les restes de l’enceinte fortifiée et sondée sont protégés. Le reste

— 21 —

du tell est réoccupé par le village actuel ou par la palmeraie. Le site fait actuellement l’objet d’une demande d’inscription au patrimoine mondial, avec l’oasis dans son ensemble (Paysage). Awdaghost : Plus au sud, la ville d’Awdaghost est également connue des auteurs arabes, depuis Ibn Hawkal, comme un centre important du commerce transsaharien. L’identification du site est maintenant établie au terme de plusieurs campagnes de fouille (J. Devisse) : - Dégagement de quartiers entiers. - Traces d’activités de production (poterie, travail du cuivre). - Architecture de pierre et de brique crue. - Abondance de témoins du commerce transsaharien. - Étude de l’aménagement urbain. - Publication de 5 volumes de la série Tegdaoust. Le site ne fait pas l’objet de menaces anthropiques particulières et bénéficie du service d’un gardien permanent. Mais la dégradation d’origine naturelle reste possible. Koumbi Saleh : Koumbi Saleh est le site d’un autre centre urbain médiéval de la Mauritanie. Là aussi l’étude des sources orales et écrites, conjuguée avec l’archéologie, a permis depuis R. Mauny (1949-1950) de faire le rapprochement avec Ghana, le principal centre du célèbre empire du même nom. Les fouilles menées d’abord sous forme de sondage (Mauny), puis de façon plus approfondie (S. Berthier), ont révélé :

Mosquée de Koumbi Saleh

- 10 m de stratigraphie. - Stabilité des techniques et des plans sur plus de quatre siècles. - Belle architecture de pierre et fréquence de niches murales. - Grandes dalles de schiste portant des inscriptions coufiques faites à l’ocre. - Dégagement partiel d’une grande mosquée avec des colonnes, plusieurs fois agrandie. - Vaste nécropole comprenant un tombeau de construction soignée. - Abondant matériel de qualité (fabrication locale et importation).

Situation actuelle : Les habitants d’un village récemment installé à proximité du site et siège d’une commune rurale qui porte le nom de Koumbi Saleh sont assez sensibilisés à l’importance du site et y veillent. La consolidation des éléments découverts et une protection qui respecte l’environnement sont à l’étude au niveau des autorités compétentes. Peuvent être comptés dans cette génération les ruines de Rachid et de Ksar al-Barka au Tagant, celle de Terenni dans le Hodh al-Gharbi et celles de Settah dans le Hodh al-Chargui.

— 22 —

Ruines de Ksar al-Barka (Tagant)

Génération 2 : (villes anciennes de Mauritanie) Oualata (10-11e s.), Tichitt (12e s), Ouadane (12e s) ,Chinguetti (12e ) Ces villes ont en commun leur ancienneté et une relation étroite avec le développement du commerce transsaharien. Ce sont des cités caravanières et des marchés d’échange pour les produits du nord et ceux du sud (sel et or entre autres). Ouadane, Tichitt et Chinguetti sont associées à la culture du palmier dattier. Les quartiers anciens des ces villes sont classés sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, en raison de leur rôle historique et culturel : architecture et décoration originales (Oualata Tichitt), foyer intellectuel (Pays de Chinguetti, mahdra et fonds de manuscrits) Situation actuelle : Après une longue période de difficultés, le déclin semble ralentir (infrastructure, tourisme, désenclavement). La campagne internationale lancée par l’UNESCO en faveur de la sauvegarde de ces témoins du passé saharien y a contribué. L’inscription de ces villes sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO et la complexité des questions foncières dans les ksour leur a jusque-là évités des modifications graves, mais les exigences de confort et le prix bas du terrain privilégie les zones d’extension récentes où s’implante un habitat plus « moderne ».

— 23 —

Génération 3 : Néma, Tidjikja, Atar, Awjaft... Certaines parmi ces villes ont eu des fonctions administratives qui ont favorisé le développement de quartiers « modernes » et permis à ces cités, menacées un moment par le déclin du commerce atlantique, de se maintenir. Les parties anciennes de ces villes ont une parenté évidente avec les villes historiques : maisons basses, rues étroites, cours intérieures, façades percées d’alvéoles décoratives etc. Mais on note une tendance à abandonner les vieux quartiers (recherche de confort)

Villes historiques de Mauritanie

— 24 —

Oualata

Ouadane

Tichitt

Chinguetti

— 25 —

LES INSTITUTIONS - L’Institut Mauritanien de recherches Scientifique Il a pour mission, entre autres, d’organiser la recherche archéologique par ses propres moyens et par la mise en place de coopérations avec les institutions et les chercheurs nationaux et étrangers. - Le Musée national de Nouakchott Il comprend une salle d’archéologie avec une exposition permanente, régulièrement renouvelée. Dans le même esprit, la création de nouveaux musées dans les chefs-lieux des régions est prévue dans le cadre des stratégies culturelles en cours d’exécution. - La Fondation nationale pour la sauvegarde des villes anciennes : Elle a pour mission de coordonner les actions en faveur du développement local dans les villes anciennes, pour stopper l’exode et favoriser le retour d’une partie des habitants ayant abandonné ces villes. Elle intervient au niveau des infrastructures d’éducation, de santé, d’approvisionnement en eau potable, etc… tout en veillant à la préservation du patrimoine urbain dans ces villes. - Le PSVPCM (Programme de Sauvegarde et de Valorisation du Patrimoine Culturel Mauritanien) C’est un programme soutenu par la Banque Mondiale depuis plus de 4 ans et destiné à appuyer l’ensemble des institutions concernées par le patrimoine culturel. Il vient de faire réaliser une étude au profit des villes mauritaniennes classées au patrimoine mondial. On peut relever dans cette étude une série de propositions touchant : - La réglementation urbaine et son respect. - L’association des autorités municipales et des habitants locaux à la gestion du patrimoine bâti. - La création d’un fonds d’incitation à la réhabilitation de l’habitat traditionnel pour divers usages (tourisme ou séjours touristiques, activités artisanales, petit commerce). - La formation aux techniques traditionnelles de taille de la pierre et de maçonnerie. LA SENSIBILISATION Cette sensibilisation s’adresse à plusieurs catégories de publics : - Aux populations des zones où des témoins archéologiques sont repérés. - Aux professionnels du tourisme (chauffeurs, guides et autres accompagnateurs). - Aux gendarmes et douaniers (pour empêcher le trafic des objets archéologiques). - Aux membres des associations culturelles locales. Des actions de sensibilisation ont été déjà organisées au niveau local et national. Nous espérons pouvoir les multiplier et mesurer leurs effets. Nous sommes conscients que la réussite de l’ensemble de ces efforts exige un maximum de coopération tant au niveau bilatéral qu’international.

— 26 —

Politique tunisienne en matière d’archéologie préventive Par Mustapha Khanoussi Directeur de la Sauvegarde des Monuments et des Sites Institut National du Patrimoine

Monsieur le Président, Chers collègues et amis Mesdames, Messieurs, Permettez-moi tout d’abord de vous transmettre les salutations de Monsieur Mohammed Béji Ben Mami, le Directeur général de l’Institut National du Patrimoine et de vous faire part de ses regrets de n’avoir pas pu, en raison d’obligations professionnelles qui l’ont retenu à Tunis, être aujourd’hui parmi vous. Je voudrais aussi exprimer, au nom de mes collègues membres de la délégation tunisienne et en mon nom personnel, nos vifs remerciements au Ministère de la Culture algérien pour son accueil et à l’UNESCO pour l’organisation de cet atelier pour débattre d’un thème à la fois d’un grand intérêt et d’une grande actualité dans les pays du Maghreb en général, et en Tunisie en particulier. Je tiens également, suite à la perte cruelle et subite de notre collègue le regretté Abdeldjebar Abbaci, à exprimer, au nom de mes collègues de la délégation tunisienne et en mon nom, nos sincères condoléances à sa famille et aux autorités algériennes du patrimoine et à tous ses collègues et amis. J’en viens maintenant à la présentation d’un tableau brossé à grands traits de l’état des lieux du patrimoine archéologique en Tunisie. En Tunisie, le patrimoine jouit d’un intérêt particulier et de la sollicitude des plus hautes autorités de l’État comme peut en témoigner la nouvelle appellation du ministère qui en a la charge depuis le remaniement ministériel décidé par le Président de la République son Excellence Zine El Abidine Ben Ali le 11 de ce mois, c’est-à-dire il y a exactement deux semaines. Le Ministère de la Culture et de la Sauvegarde du Patrimoine est dorénavant dirigé par le Professeur Mohammed Aziz Ben Achour, l’un des plus éminents chercheurs de l’Institut National du Patrimoine, naguère Institut National d’Archéologie et d’Art. Je m’empresse toutefois de préciser que cet intérêt et cette sollicitude ne datent pas d’aujourd’hui et qu’ils trouvent leur justification dans ce trésor irremplaçable et fragile constitué par un riche patrimoine archéologique, historique et traditionnel, fruit d’une longue histoire plusieurs fois millénaire qui va de la haute préhistoire jusqu’à la période récente comme l’illustre le Musée de la Mémoire actuellement en cours de réalisation à Ghardimaou (nord-ouest de la Tunisie, à quelques kilomètres de la frontière tuniso-algérienne) et qui ouvrira bientôt ses portes pour témoigner des liens de sang et de la solidarité agissante qui ont uni la Tunisie et l’Algérie durant la guerre de libération de cette dernière. Les sites archéologiques, les monuments et ensembles historiques et les sites du patrimoine vernaculaire, témoins de cette longue histoire, se comptent par dizaines de milliers et sont répartis sur l’ensemble du territoire national. Sept d’entre eux – le site archéologique de Carthage, le site archéologique de la ville punique de Kerkouane, le site archéologique de Dougga, l’antique Thugga, l’amphithéâtre d’El Jem, l’antique Tysdrus et les trois médinas de Kairouan, Sousse et Tunis – figurent sur la Liste du Patrimoine Culturel Mondial de l’UNESCO. Pour assurer l’inventaire, l’étude, la sauvegarde, la présentation, la mise en valeur et l’exploitation culturelle et touristique de ce riche patrimoine, l’Etat tunisien a mis en œuvre une politique à plusieurs volets.

— 27 —

Deux institutions publiques sont en charge du patrimoine avec des missions complémentaires sous la tutelle du Ministère de la Culture et de la Sauvegarde du Patrimoine. En premier lieu, l’Institut National du Patrimoine, héritier du Service des Antiquités, est un établissement public à caractère administratif jouissant de la personnalité civile et de l’autonomie budgétaire. Il est constitué de : - un conseil de l’institut ; - une direction générale ; - un secrétariat général ; - une direction de l’inventaire général et de la recherche ; - une direction de la sauvegarde des monuments et des sites ; - une direction de la promotion muséographique ; - une direction de la programmation, de la coopération, de la publication et de la formation ; - un centre des sciences et techniques du patrimoine ; - un centre de la sauvegarde des manuscrits arabes ; - un centre de la calligraphie arabe ; - un centre du patrimoine populaire (en cours de création) ; L’Institut National du Patrimoine a notamment pour missions de : - préserver des monuments historiques, sauvegarder et mettre en valeur des sites culturels et des ensembles urbains, historiques et traditionnels ; - organiser et entreprendre la recherche, la fouille, l’inventaire et la prospection dans les domaines du patrimoine archéologique, historique à travers les différentes époques ; - collecter le patrimoine traditionnel et les arts populaires, faire apparaître leur valeur culturelle, les inventorier, les étudier et les exposer ; - entreprendre tous les travaux de recherche, de sauvegarde, de protection, de restauration et d’exposition des documents ayant une valeur historique, scientifique ou artistique ; - créer des musées, sauvegarder leurs collections et y promouvoir les méthodes d’exposition ; - publier les recherches scientifiques et culturelles ; - participer à la mise en valeur et à l’animation du patrimoine et à sa promotion par tous les moyens audiovisuels et écrits, par l’organisation d’expositions, de congrès et de rencontres à l’échelle nationale et internationale ; - former les cadres et les exercer aux travaux des différents secteurs scientifiques et techniques. En second lieu, l’Agence de Mise en Valeur du Patrimoine et de Promotion Culturelle, créée en 1988 sous le nom d’Agence Nationale de Mise en Valeur et d’Exploitation du Patrimoine, a le statut d’établissement public à caractère commercial, doté de la personnalité civile et de l’autonomie financière et soumis à la législation commerciale. Composée de six directions (direction technique, direction de la promotion culturelle, direction de l’exploitation, direction de la production et de l’animation, direction des études et de la programmation, direction administrative et financière), elle a pour missions essentielles : - l’exécution de la politique de l’Etat dans les divers domaines culturels notamment ceux liés à la mise en valeur du patrimoine archéologique et historique et sa gestion ; - la réalisation et l’organisation des programmes de mise en valeur du patrimoine archéologique, historique et muséographique et leur gestion à des fins culturelles, touristiques et commerciales ; - la participation au développement du tourisme culturel, en collaboration et en coordination avec les différents partenaires concernés.

— 28 —

Mais l’intérêt accordé au patrimoine ne se limite pas au seul cadre institutionnel. Il s’est étendu au cadre juridique avec la promulgation de la loi n° 94-35 du 24 février 1994 relative au code du patrimoine archéologique, historique et des arts traditionnels. Composée de 97 articles dont aucun ne traite de l’archéologie préventive proprement dite, elle constitue désormais l’outil incontournable dans le domaine de la protection juridique et l’un des piliers de la nouvelle politique tunisienne de sauvegarde et de valorisation du patrimoine culturel. Le projet national de gestion et de valorisation du patrimoine culturel en constitue le second pilier. Ce projet, d’un montant global de 33 millions de dinars, a été initié par l’Etat tunisien avec l’appui de la Banque International de Reconstruction et de Développement (BIRD). Il s’inscrit dans le cadre de l’application de la stratégie globale de modernisation du secteur de la culture et du patrimoine et du développement des activités touristiques, et en particulier l’essor du tourisme culturel, avec comme but ultime le développement durable. Tout cet effort serait demeuré vain s’il ne s’était accompagné de la poursuite de l’amélioration de l’état des connaissances hérité de l’époque du Protectorat. Les deux atlas archéologiques, incomplets et anciens, l’un au 1/50000e et l’autre au 1/100000e, réalisés durant la première moitié du siècle dernier, sont en train d’être repris, renouvelés et complétés dans le cadre du Projet de la Carte Nationale des Sites archéologiques et monuments historiques, auquel est venu s’ajouter le projet de la Carte informatisée des sites archéologiques, plus connu sous le nom d’IPAMED. Un autre atlas, au 1/200000e, est lui aussi en cours de réalisation. Il s’agit de l’atlas pré et protohistorique de la Tunisie qui fait l’objet d’un projet de coopération entre l’Institut National du Patrimoine et l’École Française de Rome. La formation et la mise à niveau des différents profils professionnels indispensables pour la bonne sauvegarde et une gestion efficace du patrimoine constituent un volet important de cette politique. Ainsi fut initié par de l’Institut National du Patrimoine et en partenariat avec l’Ecole Nationale d’Architecture et d’Urbanisme de Tunis un cours post-diplôme d’une durée de deux ans et sanctionné par un DESS, appelé communément « le cours de Tunis » pour la formation d’architectes du patrimoine originaires des pays du Maghreb. D’autres formations orientées vers le patrimoine sont assurées dans les institutions universitaires nationales : - le mastère en archéologie et patrimoine à la Faculté des Sciences Humaines et Sociales de Tunis ; - le mastère en patrimoine et sciences muséographiques à la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de la Manouba ; - la maîtrise d’archéologie créée en 2000 au sein de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de Kairouan ; - l’Institut Supérieur des Métiers du Patrimoine de Tunis créé en 2000. Pour conclure et comme on peut le constater à la lumière de ce qui vient d’être brièvement présenté, le patrimoine archéologique bénéficie d’une grande attention en Tunisie et fait l’objet d’une politique à plusieurs volets, dont la sauvegarde du patrimoine et sa valorisation constituent les axes majeurs. Cependant, cette politique n’a pas encore intégré le concept et la pratique de l’archéologie préventive. D’où le grand intérêt que vont présenter pour nous les travaux de cet atelier.

— 29 —

Présentation de l’archéologie préventive

— 30 —

Par Jean-Paul Demoule Président de l’INRAP

La conscience des destructions n’est pas nouvelle. En 1825, Victor Hugo, scandalisé par la démolition de nombreux monuments médiévaux par des projets de réaménagements urbains, lançait un appel dans son célèbre article « Guerre aux démolisseurs ! ». La conscience de l’urgence fut plus tardive en France qu’ailleurs. Les raisons en sont sans doute historiques. L’archéologie a aussi pour fonction d’exalter, pour chaque nation, le passé qu’elle souhaite se donner. C’est d’abord à Athènes, à Rome, au Caire et à Beyrouth que se tourna l’attention des archéologues, laissant l’essentiel des fouilles sur le territoire national à des archéologues amateurs ou bénévoles. Ce n’ est qu’à partir des années 1960 que le Ministère de la Culture commença à disposer d’un véritable service destiné à l’archéologie dite de sauvetage. Les destructions du port grec de Marseille ou du forum romain de Lutèce provoquèrent quelques scandales. Il fallut attendre les grands chantiers autoroutiers et ferroviaires des années 1980 pour que s’organise véritablement une stratégie de protection du patrimoine intégrée aux aménagements, aboutissant à la naissance de l’Institut national de recherches archéologiques préventives, financé par les contributions des aménageurs. À l’échelle de la France, le coût total de ces fouilles représente à peine plus du millième du budget total des aménagements réalisés. Pour tous les travaux importants, l’archéologie n’est donc qu’une contrainte parmi d’autres, comme le respect de l’environnement, la dépollution ou la stabilisation des sols. De fait, l’archéologie représente rarement plus de 1 % du coût de construction d’une autoroute, coût répercuté sur l’utilisateur final du service. De même les archéologues n’interviennent que sur une petite partie des surfaces aménagées chaque année : sur les 70 000 hectares annuels aménagés, moins d’un sixième fait l’objet de diagnostics afin d’y repérer l’existence éventuelle de sites archéologiques, soit environ 1 800 opérations de diagnostic annuelles. Et seulement un quart de ces diagnostics est suivi d’une véritable fouille. Il ne saurait être en effet question de tout fouiller. Mais parfois, les choix se font encore par défaut : des sites sont détruits quotidiennement parce qu’il n’y a pas assez d’archéologues pour surveiller les aménagements, et même pour fouiller. Ainsi, peu à peu, l’archéologie préventive devient-elle une pratique normale, acceptée par les aménageurs qui l’intègrent dans leurs plannings et leurs budgets. Ce peut être aussi un motif de fierté pour l’aménageur, d’avoir contribué à la sauvegarde du passé et à l’exhumation de trouvailles spectaculaires. Les découvertes de tombes de cavaliers gauloises à Gondole, des mosaïques romaines de Besançon, des bateaux romains de Lyon ont fait l’objet de conférences de presse menées de concert par archéologues et aménageurs. Ces derniers participent à la présentation des découvertes au public, à la réalisation de publications et d’expositions. Les villes sont également à juste titre fières de voir s’enrichir leur patrimoine, qui passionne le public et attire les amateurs d’art. L’objet de l’archéologie a cependant bien évolué en quelques décennies. Alors qu’elle offrait le visage d’un chercheur de trésor, avec la découverte des sites prestigieux de Toutankhamon, des Scytes, des Thraces ou des Incas, elle s’intéresse aussi dorénavant à la vie quotidienne, aux techniques, aux habitations et porte sur des périodes très anciennes, dont les maisons en terre ou les tentes en peaux et en bois ont laissé des traces beaucoup moins spectaculaires mais tout aussi importantes pour comprendre notre passé. Nous sommes responsables envers les générations futures du patrimoine qui nous a été transmis. J’espère que l’atelier de travail aura contribué à un partage des connaissances en matière d’archéologie préventive, de telle sorte que chaque État participant puisse trouver des solutions adaptées à la nature spécifique de ses besoins, pour une meilleure coopération entre les intérêts des aménageurs et des archéologues. J’ émets le vœu que cet atelier soit suivi des actions concrètes recommandées à l’issue des travaux. Je remercie très chaleureusement l’UNESCO et tout particulièrement Madame Mounira Baccar pour avoir organisé cet événement en étroite collaboration avec les autorités algériennes, auxquelles je tiens à manifester toute ma reconnaissance et ma gratitude. La qualité de l’accueil et des travaux est le gage de l’attachement de l’Algérie et du Maghreb à la protection de notre patrimoine commun.

— 31 —

Exposés Actes de l’atelier Euro-Maghrébin Patrimoine et aménagement du territoire : l’ archéologie préventive

— 32 —

Organisation et mode de gestion des interventions d ’urgence en interregion (Méditerranée)

François Souq Directeur de l’Interrégion Méditerranée, INRAP

1. Avertissement Nous nous attacherons ici à décrire la mise en œuvre des opérations d’archéologie préventive telle qu’elle est pratiquée par l’INRAP1dans le Sud de la France. Il s’agit d’une expérience particulière, d’un exemple d’organisation, qui n’ont pas valeur d’universalité, mais qui correspondent à une pratique qui s’est peu à peu développée depuis une vingtaine d’années. Ils répondent au cadre législatif français qui organise la gestion du patrimoine archéologique. Nous n’entrerons pas ici dans le détail des dispositifs réglementaires, ce sujet faisant l’objet d’autres communications, et adopterons quelquefois des schémas simplificateurs afin de souligner ce qui nous semble être les points essentiels. 2. Le cadre général des interventions Précisons tout d’abord les règles qui régissent notre activité et qui induisent le type d’organisation mise en place. Il existe une séparation très nette des missions entre les services déconcentrés de l’Etat (DRAC-SRA2) et les opérateurs (INRAP, services archéologiques de collectivités, organismes agréés). L’Etat, par l’intermédiaire des services préfectoraux en

région, décide des interventions archéologiques (on parle alors de prescription), fixe leurs objectifs scientifiques en édictant un cahier des charges et en contrôle la bonne exécution. L’INRAP, organisme public, est l’opérateur qui conçoit les opérations archéologiques en fonction du cahier des charges, les réalise sur le terrain, en restitue les résultats dans un «rapport final d’opération» et les diffuse au moyen de publications, d’expositions, etc, ... Ces interventions peuvent être menées en partenariat avec d’autres organismes de recherche (C.N.R.S.3, Universités, Collectivités par exemple). Il existe deux types principaux d’interventions préventives : le diagnostic et la fouille. Le diagnostic vise à évaluer le potentiel archéologique d’un terrain, à détecter éventuellement des sites et à les caractériser : contexte, étendue, chronologie, état de conservation. Ses résultats permettent d’établir un pronostic et de proposer une réponse à la mesure du risque de destruction du patrimoine. Les conséquences peuvent être de plusieurs genres :

1 - INRAP : Institut National de Recherches Archéologiques Préventives. 2 - DRAC-SRA : Direction Régionale des Affaires Culturelles - Service Régional de l’Archéologie. 3 - C.N.R.S. : Centre National de la Recherche Scientifique.

— 33 —

- l’échantillonnage réalisé lors des sondages peut être jugé suffisant, sans envisager d’investigation supplémentaire ; - des mesures techniques conservatoires sont mises en œuvre qui nécessitent une adaptation du projet d’urbanisme afin de préserver de la destruction les zones archéologiques essentielles ; - une fouille préventive est réalisée. La fouille vise à conserver la mémoire des traces de notre passé avant leur destruction par l’enregistrement des données archéologiques et l’étude des vestiges mis au jour. Elle répond à des objectifs scientifiques et le programme mis en œuvre (problématique, volume) est déterminé par les résultats du diagnostic préalable. Elle fait l’objet d’un rapport qui pourra servir de point de départ à une publication plus largement diffusée (fig.1) fig.2 organisation territoriales de l’INRAP

La direction «Méditerranée» recouvre trois régions administratives. Son personnel est réparti en deux pôles principaux (fig.3) :

fig.1 déroulement schématique des opérations préventives

3. Organisation de l’ INRAP – L’exemple de l’interrégion Méditerranée 3.1. Le cadre L’INRAP est un institut de recherche à vocation nationale qui emploie près de 2000 agents et dont l’organisation opérationnelle sur le territoire est confiée à huit Directions interrégionnales (fig.2). C’est dans le cadre de l’une d’entre elles que nous aborderons la gestion des opérations préventives.

- une équipe chargée de la gestion administrative des agents et des opérations. Elle dispose par ailleurs de compétences techniques pour la préparation des chantiers et leur suivi ; - des équipes opérationnelles, réparties dans des bases archéologiques sur le territoire (fig.4), qui interviennent sur les opérations archéologiques. Elles sont placées sous la responsabilité d’adjoints scientifiques et techniques et bénéficient des moyens spécialisés regroupés dans les plateaux techniques. L’ensemble regroupe environ 200 salariés. En 2003, 230 opérations préventives ont été décidées par les services de l’Etat, représentant 1064 hectares de terrain à diagnostiquer ( fig.5).

— 34 —

Actes de l’atelier Euro-Maghrébin Patrimoine et aménagement du territoire : l’ archéologie préventive

fig.3 organigramme de la D.I.R. Méditerranée

Nîmes

Venelles Pézenas Marseille Perpignan

fig.4 les implantations territoriales

Adjoint Scientifique et Technique Plateau technique Autres Bases opérationnelles

Ajaccio

fig.5 localisation par commune des prescriptions reçues en 2003

— 35 —

3.2. Le montage des opérations Deux types d’intervention ont lieu sur le terrain : le diagnostic et la fouille. Ils présentent toutefois un mode opératoire similaire. En premier lieu un Projet est rédigé par les Adjoints scientifiques et techniques en réponse à la prescription du Service régional de l’Archéologie. Ils peuvent s’appuyer sur des experts scientifiques et sont conseillés par l’équipe technique de la Direction interrégionale en particulier sur les questions de sécurité ou de contraintes techniques particulières. Le budget correspondant est ensuite établi par le pôle administratif. Le projet est soumis au prescripteur pour validation et une Convention (ou un marché en cas de fouille) est signé avec l’aménageur sur la base du projet. Cette convention définit contractuellement les délais et les modalités d’intervention sur le terrain.

est éventuellement conduit à faire appel à des équipes de recherche spécialisées du C.N.R.S. ou de l’Université. N’oublions pas les dernières étapes marquant le processus : publication et diffusion des résultats tant auprès de la communauté scientifique que du grand public 3.4. Les diagnostics Si nous examinons en détail l’opération de diagnostic, typique de l’archéologie préventive, nous constaterons des différences d’approche selon que son contexte est rural ou urbain. Dans le premier cas, on pourra procéder à une prospection pédestre préalable afin de repérer des zones de vestiges apparaissant en surface. Soyons toutefois conscients des limites de cette méthode qui ne s’applique qu’à certains types de terrains et qui ne permet que de repérer des secteurs à tester de manière plus approfondie.

3.3. La chaîne opératoire Avant que l’intervention ne débute sur le terrain, l’Etat désigne le Responsable scientifique. L’équipe d’archéologues est déterminée par l’Adjoint scientifique et technique en fonction des différentes compétences et spécialités nécessaires et des contraintes de planning des personnels. En parallèle ont lieu les négociations avec les sous-traitants intervenant pour la réalisation des terrassements mécaniques, la mise en place des locaux de chantier, etc, ... Le chantier commence par le décapage des couches superficielles au moyen d’engins de terrassements, la fouille se poursuit manuellement avec le concours éventuel de mini-pelles. Les archéologues réalisent les tâches de fouille classiques : prise de notes, relevés manuels ou photo-numériques, saisie des enregistrements de fouille sur système informatique, nettoyage et inventaire des mobiliers archéologiques mis au jour, etc ... Les opérations bénéficient du concours des plateaux techniques : topographes, dessinateurs, infographes, géomorphologues, céramologues, etc ... en fonction des besoins propres. La phase « post-fouille » est destinée à mettre en forme et synthétiser les données archéologiques recueillies sur le terrain. Elle se traduit par la rédaction d’un rapport final qui sera transmis à l’Etat. Le Responsable d’opération dispose toujours des ressources disponibles dans les plateaux techniques (D.A.O, P.A.O., spécialistes, etc, ...). Il

La prospection mécanique vise à couvrir l’emprise du projet par des sondages dont la surface cumulée couvre généralement de 7 à 10 % du terrain. On procède par ouverture de tranchées de 20 à 50 mètres de longueur implantées selon un maillage plus ou moins régulier (fig.6). Elles sont réalisées par une pelle mécanique munie d’un godet lisse, par passes successives, sous la direction d’un archéologue. Les vestiges archéologiques rencontrés font ensuite l’objet d’un nettoyage manuel afin de pouvoir les caractériser et éventuellement les tester. Toutes les structures sont positionnées et sommairement échantillonnées. En contexte urbain, il est beaucoup plus difficile d’effectuer des sondages systématiques du fait des contraintes liées à l’environnement : présence de réseaux, complexité d’accessibilité des engins de terrassement, maintient de la stabilité des bâtiments riverains, etc ... Les sédiments archéologiques sont généralement plus épais et formés de couches discontinues du fait de l’implantation d’ouvrages et de bâtiments successifs et superposés. Les sondages resteront dès lors localisés, d’une surface restreinte, et nécessiteront parfois l’emploi de blindages. Par nature ils seront destructeurs, puisque, pour atteindre les sols d’origine, il conviendra d’enlever strate par strate tous les sédiments accumulés. Cette difficulté à sonder correctement le milieu urbain doit être compensée par des études

— 36 —

Actes de l’atelier Euro-Maghrébin Patrimoine et aménagement du territoire : l’ archéologie préventive

documentaires qui porteront à la fois sur l’environnement archéologique déjà connu, sur l’étude des archives des périodes récentes et sur tous les résultats des travaux de reconnaissance géotechnique. Le croisement des données issues des différentes méthodes permet une meilleure estimation du potentiel archéologique des parcelles concernées. Ces investigations préalables (terrain et documentation) débouchent sur un cahier des charges définissant les problématiques de la recherche et permettant de définir les moyens à mettre en œuvre pour la réalisation d’une fouille préventive si elle est jugée nécessaire.

N

4. Les résultats Nous terminerons ce bref exposé en indiquant les résultats obtenus lors des opérations préventives. Si nous examinons l’ensemble des chantiers achevés en 2003 dans l’interrégion Méditerranée, sur 174 diagnostics, 98 se sont révélés positifs (présence de vestiges caractérisés et datés), soit 56 % ; 17 ont donné lieu à prescription de fouille, soit 10 %.

fig.6 exemple de plan des tranchées de diagnostic et des vestiges en contexte rural.

— 37 —

Actes de l’atelier Euro-Maghrébin Patrimoine et aménagement du territoire : l’ archéologie préventive

Fig.1 plan de situation

Fig.2 implantation des ZAC Aéroconstellation

Diagnostics, évaluations et fouilles préventives : l’exemple du programme « constellation » (Haute-Garonne, France)

Fabrice PONS Ingénieur chargé de recherche à l’INRAP

Le programme « Constellation » dont l’élément majeur est le parc aéronautique Aéroconstellation est une immense zone d’aménagement concerté (ZAC) qui entend devenir « le plus grand site d’activités aéronautiques d’Europe » avec notamment l’usine d’assemblage des futurs Airbus géants A380. Le site s’étend sur 260 ha dans la vallée de la Garonne, au nord-ouest de Toulouse sur les communes de Blagnac et Cornebarrieu (fig.1 et fig.2). Deux autres zones d’aménagement concerté verront le jour dans le projet global : Andromède sur les communes de Blagnac et Beauzelle (204 ha) et Monges-Croix du Sud sur la commune de Cornebarrieu (57 ha). Ces dernières ont une vocation d’habitat consécutive à l’apport de population que devraient impliquer les activités d’Aéroconstellation (4500 logements, 80000 mètres carrés de bureaux et 70 hectares d’espaces verts). Ce vaste projet d’aménagement a donné lieu dès le début de l’année 2001 à des opérations de recherches archéologiques préventives qui se poursuivent encore aujourd’hui.

Stratégie d’intervention : urgence des travaux et planification des opérations archéologiques. Le cahier des charges des aménageurs n’étant pas le même d’une ZAC à l’autre, deux cas de figure se sont présentés pour la mise en œuvre et la réalisation des opérations archéologiques. Pour la ZAC Aéroconstellation, l’aménageur (SETOMIP) a souhaité lever dans les plus brefs délais l’hypothèque archéologique sur une surface de 153 ha, ce qui a engendré un calendrier d’intervention extrêmement serré sur la seule année 2001. Le Service Régional de l’Archéologie (Ministère de la Culture, Direction Régionale des Affaires Culturelles de Midi-Pyrénées) a donc prescrit la mise en place d’une première intervention concernant la réalisation d’un diagnostic et d’évaluations complémentaires si nécessaire. Cette première étape réalisée en un peu moins de trois mois a révélé la présence de 11 sites dont 10 qui nécessitaient une fouille préventive

— 39 —

de plus ou moins grande ampleur. De nouvelles prescriptions ont donc été rapidement établies pour la mise en œuvre de ces opérations qui se sont déroulées sur une période relativement courte avant le démarrage des travaux de la ZAC (3 mois) (fig.3). Pour les deux autres ZAC, Andromède et MongesCroix du Sud, le protocole d’intervention bénéficie d’un calendrier beaucoup plus souple. Il a été en effet possible d’établir avec l’aménageur (SEM

Blagnac Constellation) une véritable planification des opérations archéologiques sur plusieurs années : les interventions sont programmées bien en amont des travaux d’aménagement au fur et à mesure des acquisitions des terrains et selon la disponibilité des personnels de l’INRAP. Ainsi, la ZAC Andromède a fait l’objet depuis la fin de l’année 2002 de trois phases de reconnaissance portant sur une surface totale de 77,5 hectares. Elles ont donné lieu au repérage, à l’évaluation et à la fouille préventive de trois sites (fig.4).

Fig.3 planning des opérations archéologiques sur la ZAC Aéroconstellation

Fig.4 planning des opérations archéologiques sur la ZAC Andromède

— 40 —

Actes de l’atelier Euro-Maghrébin Patrimoine et aménagement du territoire : l’ archéologie préventive

Détermination du potentiel archéologique : diagnostics et évaluations L’étude d’impact réalisée sur le projet «Constellation» a pour but d’identifier tout site archéologique éventuellement présent et menacé à court terme par les travaux d’aménagement des ZAC. Cette étape est fondamentale car elle doit non seulement permettre le repérage de l’ensemble des vestiges archéologiques dans l’emprise du projet mais aussi leur caractérisation de manière à déterminer leur intérêt et les modalités de leur étude : tout site non reconnu à ce stade constitue une perte d’information. La conduite de cette recherche, qui ne peut se limiter aux seules données recensées dans l’inventaire archéologique régional (Carte archéologique), met généralement en œuvre diverses techniques. Dans le cas des travaux sur le programme « Constellation », une étude documentaire a tout d’abord été effectuée de manière à rassembler toutes les sources écrites (publications, archives, plans cadastraux...) ou visuelles (photographies aériennes...) susceptibles d’apporter des informations sur l’occupation des sols et donc d’orienter les interventions sur le terrain. Notons qu’à ce stade de la recherche aucun indice de site n’était recensé dans les zones d’étude. Dans une même démarche, des études géo-archéologiques ont été initiées à cette étape mais ont été surtout développées ultérieurement. Il s’agit notamment d’analyses géomorphologiques visant à définir la mise en place et l’évolution des sédiments ainsi que l’impact de l’activité humaine sur celle-ci. Ces études qui participent à l’évaluation du degré de conservation des sites ont par exemple permis de mieux situer les niveaux susceptibles de receler des vestiges archéologiques et par conséquent de « guider » la profondeur des sondages. La phase suivante qui vise donc à la reconnaissance des vestiges enfouis passe obligatoirement par une première intervention sur le terrain : le diagnostic. Pour ce faire, et selon le cahier des charges établi par le

Service Régional de l’Archéologie, nous avons systématiquement « quadrillé » les surfaces concernées par des sondages mécaniques à hauteur de 5 % en moyenne, en se réservant la possibilité d’augmenter cette densité en fonction des besoins (découvertes éventuelles). Sur la ZAC Aéroconstellation, ces travaux ont nécessité au préalable une sectorisation des surfaces à explorer afin de permettre une plus grande souplesse d’intervention dans les délais qui nous étaient impartis. Au final, 27 secteurs d’une superficie de 4 à 8 hectares ont ainsi été définis et traités sur le terrain indépendamment les uns des autres. Ce zonage a été également repris pour les opérations dirigées sur la ZAC Andromède où une dizaine de secteurs de 3 à 18 hectares ont déjà fait l’objet de sondages archéologiques. Pour chaque sondage, le procédé utilisé se résume à un décapage mécanique par passées successives de quelques centimètres d’épaisseur, à l’aide d’une pelle-mécanique munie d’un godet lisse de deux mètres de large. La profondeur des tranchées est déterminée soit par le sommet du substrat, soit par le niveau d’apparition de vestiges archéologiques. Leur longueur est généralement de l’ordre d’une dizaine de mètres mais elle peut être augmentée si nécessaire (sondages positifs). Cette opération ne peut être évidemment réalisée que sous la surveillance permanente d’un archéologue.Tous les sondages ont reçu un numéro d’identification de 001 à n par secteur. Leur implantation est systématiquement relevée en coordonnées selon le système Lambert III par une équipe de topographes. Pour chacun d’entre eux, deux profils ont été également levés à chaque extrémité (logs). Les informations recueillies sont consignées sur un bordereau d’enregistrement versé ultérieurement aux archives (fig.5). Les indices archéologiques sont quant à eux enregistrés sous la forme d’un numéro à deux chiffres par sondage et par secteur. Ainsi, par exemple l’écriture 01-001-01 correspond au secteur 1, sondage 1, indice 1. Cette combinaison est aussi attribuée au mobilier archéologique prélevé. Dans le cas de découvertes archéologiques (sondages positifs), deux types d’investigations

— 41 —

ont été retenus selon la nature des vestiges. Les structures simples de faible envergure et isolées de tout contexte ne nécessitant pas un investissement important ont été fouillées pendant la phase de diagnostic. Les aménagements plus complexes ont en revanche fait l’objet d’une exploration plus ou moins approfondie afin d’établir au mieux leur identification tout en limitant le risque d’une trop grande destruction incompatible avec une recherche ultérieure (évaluation et/ou fouille).

Quel que soit le type de vestige rencontré, des relevés en plan et en coupe ont été dressés au fur et à mesure de leur découverte et accompagnés d’une fiche d’enregistrement. Bien que la possibilité de faire figurer des observations soit offerte, la fiche d’enregistrement est plus particulièrement destinée aux informations de nature sérielle. En ce sens, elle se présente sous la forme d’un questionnaire simplifié et standardisé (fig.6).

Fig.5 exemple de fiche simplifiée utilisée pour l’enregistrement des sondages

Fig.6 exemple de fiche simplifiée utilisée pour l’enregistrement des indices archéologiques

— 42 —

Actes de l’atelier Euro-Maghrébin Patrimoine et aménagement du territoire : l’ archéologie préventive

À l’issue de cette première opération, il a été alors possible de déterminer des secteurs à fort potentiel archéologique nécessitant la mise en place d’une seconde intervention : l’évaluation. Cette phase de la recherche est déterminante car c’est elle qui va permettre de «juger» de l’intérêt de réaliser ou non une fouille et de fixer les moyens à mettre en œuvre. Son objectif est donc de préciser d’une part l’étendue des sites, d’autre part la nature, l’organisation et l’état de conservation des vestiges, et bien entendu de proposer un cadre chronologique pour ces occupations.

Ce travail a nécessité le plus souvent une multiplication des sondages et parfois le décapage d’une partie de la surface des sites repérés. Par exemple, dans la ZAC Andromède, l’évaluation d’un site de la fin de l’Antiquité au lieu-dit «Le Barricou» a été conduite essentiellement sous la forme de sondages complémentaires visant principalement à cerner l’organisation générale des structures parcellaires découvertes lors du diagnostic et à préciser l’implantation de la zone d’habitat associée (fig.7).

Fig.7 diagnostic et évaluation sur le site du Barricou (ZAC Andromède)

— 43 —

Des indices plus ténus comme ceux du début de l’âge du Bronze découverts à Cassagna 3 (ZAC Aéroconstellation) ont en revanche demandé un élargissement des sondages sous

la forme d’une vaste fenêtre de plus de 400 m2 permettant d’apprécier la densité des vestiges mobiliers présents (fig.8).

Fig.8 le site de Cassagna 3 à Blagnac (ZAC Aéroconstellation) : diagnostic, évaluation et fouille

Résultats de l’opération : des indices et des sites Pour des raisons diverses, une partie des surfaces définies dans l’emprise des projets n’a pu être explorée. En effet, plusieurs parcelles correspondant à des propriétés privées ou boisées sont restées inaccessibles auxquelles il convient d’ajouter les contraintes liées à la présence de voiries, de réseaux et de limites parcellaires (fossés, haies, chemins,...). La surface effectivement traitée est donc à l’heure actuelle d’environ 210 ha, soit 90% des terrains initialement prévus pour ces premières tranches de travaux. Au total, près de 5000 sondages ont été réalisés ce qui représente 50 km de tranchées linéaires,

pour une surface globale de 10 hectares décapés (fig. 9). Plus de 540 sondages se sont révélés positifs, soit un taux moyen de 10 % mais avec une grande variation d’un secteur à l’autre : de 0 % pour le secteur 10 à Andromède à plus de 25 % pour les secteurs 8 et 22 d’Aéroconstellation. À l’issue de la phase de diagnostic, 17 indices de sites ont été recensés (fig.10) et 14 ont fait l’objet d’une évaluation approfondie (fig.11). Ces études d’impact ont donné lieu après examen des dossiers par la Commission Interrégionale de la Recherche Archéologique à 11 prescriptions de fouilles pour 10 hectares supplémentaires décapés soit un total d’environ 20 hectares ce qui représente près de 10 % de la surface totale.

— 44 —

Actes de l’atelier Euro-Maghrébin Patrimoine et aménagement du territoire : l’ archéologie préventive

Fig.9 plan d’implantation générale des sondages sur les ZAC Aéroconstellation et Andromède

Fig.10 carte des indices de sites découverts (ZAC Aéroconstellation et Andromède)

— 45 —

Fig.11 carte des sites évalués (ZAC Aéroconstellation et Andromède)

À chaque étape de la démarche, un rapport dans lequel est consigné l’ensemble des données collectées a été rédigé. Le premier document a donc été établi à l’issu de la phase de diagnostic. Il a servi de base à la préparation des évaluations qui elles-mêmes ont été suivies de plusieurs autres rapports pour la mise en place des fouilles proprement dites. L’exploitation des résultats de ces dernières a bien sûr fait l’objet de rapports spécifiques (Document Final de Synthèse, cf. bibliographie) qui servent également de support à la préparation de publications. Conclusion : un renouvellement significatif des connaissances Au terme de ces opérations de terrain, il est possible de dresser un premier bilan très positif avec la mise au jour et l’étude de plusieurs sites jusqu’alors insoupçonnés, renouvelant

considérablement la documentation jusqu’alors disponible sur l’occupation humaine du Midi Toulousain. Parmi les apports les plus significatifs, nous retiendrons la fouille d’une ferme indigène gauloise des IIe-Ier siècles av. J.C. qui a permis d’obtenir pour la première fois en Midi-Pyrénées une vision assez complète des installations agricoles de la fin de l’âge du Fer et celle d’une installation de l’âge du Bronze ancien qui a livré le plus gros corpus céramique actuellement disponible pour cette période dans le Sud-Ouest de la France. Toutefois, si les résultats sont conséquents, un point faible demeure quant à leur exploitation scientifique et surtout leur diffusion : seul un site a actuellement fait l’objet d’une publication (Pons, Lagarrigue 2003). On ne peut en effet concevoir «de fouiller pour fouiller» et toute recherche doit être normalement suivie d’une diffusion des résultats vers la communauté scientifique et vers le grand public.

— 46 —

Actes de l’atelier Euro-Maghrébin Patrimoine et aménagement du territoire : l’ archéologie préventive

Bibliographie Diagnostics ZAC Aéroconstellation Pons et al. 2001 : PONS (F.) dir., ARNOUX (Th.), BERTRAN (P.), LAGARRIGUE (A.) – Zac Aéroconstellation, Blagnac, Cornebarrieu (Haute-Garonne) : DFS de diagnostic archéologique. INRAP, Toulouse, 2001, 114. p., 58 fig. Pons 2001 : PONS (F.) – Zac Aéroconstellation- Réaménagement de la R.D.1. (Blagnac, Haute-Garonne) : DFS de diagnostic archéologique. Toulouse : SRA Midi-Pyrénées, 2001, 20 p., 11 fig, 2 tab.

Évaluations ZAC Aéroconstellation Cavalin 2001 : CAVALIN (F.) – Zac Aéroconstellation – Le site de Raspide 1 (Blagnac, Haute-Garonne) : DFS d’évaluation archéologique. Toulouse : SRA Midi-Pyrénées, 2001, 31 p., 7 fig. Etrich, Lagarrigue 2001 : ETRICH (Ch.), LAGARRIGUE (A.) – Zac Aéroconstellation – Les sites de Bordeneuve (Cornebarrieu, Haute-Garonne) : Rapport d’évaluation archéologique. Toulouse : SRA MidiPyrénées, 2001, 37 p., 24 fig. Jarry, Collonge 2001 : JARRY (M.), COLLONGE (D.) – Zac Aéroconstellation – Le site de Raspide 2 (Blagnac, Haute-Garonne) : DFS d’évaluation archéologique. Toulouse : SRA MidiPyrénées, 2001, 25 p., 12 fig. Marsac 2001a : MARSAC (Ph.) – Zac Aéroconstellation – Les sites de Ferrié (Blagnac, Haute-Garonne) : DFS d’évaluation archéologique. Toulouse : SRA Midi-Pyrénées, 2001, 25 p., 7 fig. Marsac 2001b : MARSAC (Ph.) – Zac Aéroconstellation – Le site de Ganellou (Blagnac, Haute-Garonne) : DFS d’évaluation archéologique. Toulouse : SRA Midi-Pyrénées, 2001, 19 p., 5 fig. Pons, Lacombe 2001a : PONS (F.), LACOMBE (S.) – Zac Aéroconstellation – Le site de Cassagna 1 (Blagnac, Haute-Garonne) : DFS d’évaluation archéologique. Toulouse : SRA MidiPyrénées, 2001, 21 p., 11 fig. Pons, Lacombe 2001b : PONS (F.), LACOMBE (S.) – Zac Aéroconstellation – Le site de Cassagna 2 (Blagnac, Haute-Garonne) : DFS d’évaluation archéologique. Toulouse : SRA MidiPyrénées, 2001, 21 p., 11 fig. Pons, Lacombe 2001c : PONS (F.), LACOMBE (S.) – Zac Aéroconstellation – Le site de Cassagna 3 (Blagnac,

Haute-Garonne) : DFS d’évaluation archéologique. Toulouse : SRA MidiPyrénées, 2001, 19 p., 10 fig. Pons, Lacombe 2001d : PONS (F.), LACOMBE (S.) – Zac Aéroconstellation – Le site de Casse-Fourcat (Blagnac, Haute-Garonne) : DFS d’évaluation archéologique. Toulouse : SRA MidiPyrénées, 2001, 19 p., 9 fig.

Diagnostics/évaluations ZAC Andromède Pons et al. 2003a : PONS (F.) dir., ARNOUX (T.), LAGARRIGUE (A.), MOLET (H.) – Zac Andromède, phase 1, Blagnac (Haute-Garonne) : DFS de diagnostic archéologique. INRAP, Toulouse, 2003, 16 p., 5 fig. Pons et al. 2003b : PONS (F.) dir., ARNOUX (T.), LAGARRIGUE (A.), MOLET (H.) – Zac Andromède, phase 2, Blagnac (Haute-Garonne) : DFS de diagnostic archéologique. INRAP, Toulouse, 2003, 48. p., 25 fig. Pons et al. 2004 : PONS (F.) dir., ARNOUX (T.), LAGARRIGUE (A.), MOLET (H.) – Zac Andromède, phase 3, Blagnac (Haute-Garonne) : DFS de diagnostic archéologique. INRAP, Toulouse, 2004, 73. p., 41 fig.

DFS de fouille Chuniaud 2001 : CHUNIAUD (K.) – Bordeneuve (Cornebarrieu, HauteGaronne). D F S de Sauvetage urgent. INRAP, SRA Midi-Pyrénées, Toulouse, 2001. Jarry 2002 : JARRY (M.), COLLONGE (D.) – Le site de Raspide 2 (Blagnac, HauteGaronne). D F S de Sauvetage urgent. INRAP, SRA Midi-Pyrénées, Toulouse, 2002, 83 p., 33 fig. Lacombe et al. 2002 : LACOMBE (S.) dir., MARTIN (H.) et VIAROUGE (M.) – Une occupation du Néolithique final/ Chalcolithique : le site de Cassagna 1 à Blagnac (Haute-Garonne). D F S de Sauvetage urgent. INRAP, SRA MidiPyrénées, Toulouse, 2002, 132 p., 36 fig + annexes. Pons et al. 2002 a : PONS (F.) dir., LAGARRIGUE (A.). dir., COLONGE (D.), JARRY (M.), MARTIN (H.) – Le site protohistorique de Cassagna 3. Un habitat de plein air du Bronze ancien dans le Midi toulousain (Blagnac, HauteGaronne). D F S de Sauvetage urgent. INRAP, SRA Midi-Pyrénées, Toulouse, 2002, 71 p., 40 fig. Pons et al. 2002 b : PONS (F.) dir.,

— 47 —

LAGARRIGUE (A.), BERTHET (A.-L.) – Le site protohistorique de Casse Fourcat (Blagnac, Haute-Garonne). D F S de Sauvetage urgent. INRAP, SRA MidiPyrénées, Toulouse, 2002, 39 p., 29 fig. Sireix et al. 2002 : SIREIX (Ch.) dir., BENQUET (L.), BERTHET (A.-L.), CAVALIN (F.), DELFOUR (G.), MARTIN (H.), POIRIER (P.), PRADAT(B.) et TIXIER (C) – Raspide 1. Un exemple de ferme indigène du seconde âge du Fer en Toulousain (Blagnac, Haute-Garonne). D F S de Sauvetage urgent. INRAP, SRA MidiPyrénées, Toulouse, 2002, 3 vol., 148 p., 110 fig + annexes. Tcheremissinoff et al. 2002 : TCHEREMISSINOFF (Y.), MARSAC (Ph.), BERTHET (A.-L.), JARRY (M.), LOISELIER (L.), MARTIN (H.), RANCHE (Ch.) – Cassagna2. Occupations néolithique et protohistorique (Blagnac, HauteGaronne). D F S de Sauvetage urgent. INRAP, SRA Midi-Pyrénées, Toulouse, 2002, 122 p., 94 fig., + annexes HT. Toledo i Mur et al. 2002 : TOLEDO I MUR (A.) dir., HOUIX (B.), MARTIN (H.), LOISELIER (L.), ARNOUX (Th.), DESTRADE (L.), JARRY (M.), MARLIERE (P.) – Ganellou. Un habitat rural de plaine de la fin de l’âge du Fer (Blagnac, HauteGaronne). D F S de Sauvetage urgent. INRAP, SRA Midi-Pyrénées, Toulouse, 2002, 77 p., 39 fig, 5 pl. + annexes HT.

Publications Pons, Lagarrigue 2003 : PONS (F.) dir., LAGARRIGUE (A.) dir. – Le site de Cassagna 3 : un habitat de plein air du Bronze ancien dans le Midi Toulousain (Blagnac, Haute-Garonne). Documents d’Archéologie Méridionale, 26, 2003, pp. 7-41. Sireix et al. à paraître : SIREIX (Ch.), BENQUET (L.), BERTHET (A.-L.), GE (Th.), MARTIN (H.), POIRIER (P.), PRADAT(B.) et TIXIER (C). – « Raspide 1 » à Blagnac (Haute-Garonne) et « Les Vergnasses » à Gours (Gironde) : deux exemples de fermes gauloises dans le Sud-Ouest de la France. Actes du XXVIIIe colloque international de l’AFEAF, Toulouse, 2023 mai 2004, à paraître. Tcheremissinoff et al. Déposé : TCHEREMISSINOFF (Y.), MARSAC (Ph.), BERTHET (A.-L.), JARRY (M.), LOISELIER (L.), MARTIN (H.), RANCHE (Ch.) – Essai de caractérisation d’un ensemble céramique campaniforme non décoré dans le Toulousain : le site de Cassagna2 (Blagnac, Haute-Garonne). Bulletin de la Société Préhistorique Française, déposé.

Actes de l’atelier Euro-Maghrébin Patrimoine et aménagement du territoire : l’ archéologie préventive

— 48 —

La prospection pédestre Un outil de recensement et de gestion scientifique du patrimoine enfoui et en élévation

Hervé Petitot* Adjoint Scientifique et Technique, INRAP Méditerranée

En France, la prospection archéologique s’est développée il y a plus d’une vingtaine d’années, sous l’impulsion des services de l’Etat (Ministère de la Culture et Ministère de la Recherche) au moment où le développement de l’urbanisation et des grands aménagements du territoire détruisait ou risquait de détruire une partie non mesurable du patrimoine enfoui (Ferdière, Zadora-Rio 1986). Pour protéger, puis gérer ce dernier d’une façon globale, la démarche devait avoir deux objectifs intimement liés. Il fallait recenser les éléments du patrimoine archéologique (presque toujours enfouis dans notre région), qu’ils soient ponctuels (habitats préhistoriques, villae, villages médiévaux désertés etc....), linéaires (voies, aqueducs, enceintes...) ou encore réticulés (parcellaires fossiles, cadastres romains...). Il fallait acquérir des données scientifiques diachroniques pour connaître et comprendre

l’évolution des modes d’occupation, d’exploitation et de gestion des sols et de l’espace. En effet, la fouille de quelques sites singuliers ne permettait pas d’appréhender ces problématiques sur une grande échelle. Le terme de prospection archéologique recouvre plusieurs méthodes d’appréhension de l’espace dont la finalité reste la collecte à grande échelle de données (différentes en fonction des méthodes retenues) sur l’occupation humaine à travers le temps. Pour mémoire, les principales sont : la prospection aérienne (prise de vue oblique, analyse de cliché pris à la verticale, d’image satellitaire), la prospection par des mesures géophysiques (résistivité, électromagnétisme, thermographie), la prospection par sondage (manuel, à la tarière, avec un engin mécanique) et enfin la prospection pédestre (sur information, systématique) rapidement présentée ci-dessous.

* Je remercie Laurent Vidal (INRAP) pour sa collaboration dans la rédaction de cet article.

— 49 —

Intérêt de la prospection pédestre La prospection pédestre est une méthode de détection des vestiges enfouis ou en élévation, sans fouilles ni sondages, s’appuyant sur la recherche d’indices révélateurs visible en surface. Ainsi, des couleurs, des reliefs, des concentrations de mobiliers divers (céramiques, pierres, scories, silex...) peuvent indiquer l’emplacement de sites archéologiques. Elle ne nécessite pas de gros moyens et permet de rassembler assez rapidement un minimum de données pour chaque site découvert. En Languedoc-Roussillon, cette méthode de recensement des sites archéologiques a été particulièrement développée et mise en oeuvre dans les années 1980 par PierreYves Genty, (Ministère de la Culture, Service régional de l’Archéologie - Genty dir 1985). Son action pédagogique et méthodologique a permis en quelques années d’accroître de façon spectaculaire la banque de données informatisée de la carte archéologique nationale. En effet, les bénéficiaires des cycles de formation qu’il organisait ont pu eux même développer des programmes scientifiques ou patrimoniaux continuant d’alimenter cette dernière. Les méthodes Les deux principales méthodes employées sont la prospection de révision et la prospection systématique. Nous ne nous attarderons pas sur la façon de localiser un site enfoui. Il existe là encore plusieurs méthodes plus ou moins complexes. La plus simple est de procéder à des passages successifs régulièrement espacés (6 à 10 m) pour délimiter au mieux le site prospecté à l’aide des indices qui le caractérise. Il s’agit souvent de concentrations de mobiliers archéologiques divers se trouvant en surface et provenant du sol plus ou moins remanié. Cela est particulièrement vrai dans les campagnes où les parcelles cultivées sont régulièrement labourées. Parfois, l’occupation est marquée seulement par quelques éléments répartis sur une surface plus ou moins importante. La principale difficulté est de reconnaître alors si la

présence des artefacts est due à de la dispersion aléatoire (via par exemple des apports de compost ou de sédiment) ou si elle résulte du caractère propre du type d’occupation ou bien encore des conditions de conservation et d’enfouissement. Pour cela, il faudra tenir compte de la nature et de l’occupation actuelle du terrain, de sa situation géographique, des types de façons culturales. Puisque les sites découverts en prospection pédestre peuvent appartenir à n’importe quelle époque et qu’un même endroit peut avoir été occupé à plusieurs époques, il en découle une condition préalable très importante qui doit garantir une bonne représentativité scientifique du recensement. Les équipes de prospections doivent posséder une bonne connaissance de la culture matérielle propre à chaque époque. Car souvent, en l’absence de collecte systématique du mobilier significatif pour conservation, c’est sur le terrain qu’est faite l’analyse de l’échantillon prélevé de façon temporaire et rejeté ensuite sur le site. Parfois même, lorsque la prospection est réalisée sans déplacement des artefacts, la présence de mobilier caractéristique est enregistrée au fur et à mesure du déplacement du prospecteur. C’est donc le résultat de cette approche qui permet d’établir la première, et assez souvent la seule avant fouille, datation des différents phases d’occupation marquées en surface. Ainsi, dans la double perspective patrimoniale et scientifique, il convient de ne pas tronquer les données en privilégiant a priori, même involontairement, une époque. Cependant, la méconnaissance de la culture matérielle pour une région ou une époque donnée ne rend pas inopérante la prospection pédestre. Il faut seulement construire au fur et à mesure son cadre de références, ce qui implique un travail de plus longue haleine et l’utilisation de méthodes que nous n’aborderons pas ici. - La prospection de révision : Il s’agit tout d’abord de réaliser pour un secteur donné, un recensement documentaire en dépouillant aussi bien les archives des services publics que les productions scientifiques

— 50 —

Actes de l’atelier Euro-Maghrébin Patrimoine et aménagement du territoire : l’ archéologie préventive

(ouvrage, revue, rapport, mémoire, cartes, etc). Ces informations doivent être complétées, dans la mesure du possible par la réalisation d’entretiens oraux avec toute personne pouvant connaître de visu des sites archéologiques dans le secteur. Cette base de données-source permet l’établissement de fiches faisant la synthèse des connaissances pour chaque site. Elle permet de poser en préalable le mode opératoire et les objectifs de la recherche sur le terrain. Cette dernière devra valider, compléter ou modifier les informations de départ (localisation, extension, datation, conservation…). Par exemple, il manque très souvent des données précises de localisation (géographique ou cadastrale) qui permettent de retrouver rapidement avec certitude le site. La fiche doit donc récapituler sans interprétation les maigres informations divulguées par ceux qui rapportent l’existence du site et proposer un point de départ topographique à l’équipe de prospection. Elle doit prévoir, en fonction du contexte et des objectifs généraux de la campagne de révision de l’inventaire, un procès de travail sur le terrain (par exemple : rechercher le site par un balayage aléatoire au nord-est de la colline sur 2 ha pendant 2h, si infructueux contacter M. Untel pour organiser une visite sur le terrain). Dans la même mesure, des collectes de mobilier peuvent avoir lieu, si la chaine de traitement du mobilier (inventaire, conservation, etc) est prévue mais elles ne sont pas obligatoires. Ce type de prospection peut être “thématique” (c’est-à-dire établi sur une période chronologique définie) ou “athématique”.

laquelle chaque artefact ayant une valeur chronologique et/ou culturelle est localisé sur un plan demande plus de temps qu’une délimitation générale de l’extension du site avec obtention des bornes chronologiques de l’occupation du site. La première permet une délimitation fine des aires d’occupations et permet de suivre les petits déplacements de l’occupation au cours du temps, la seconde suffit pour un premier inventaire ou pour une expertise préalable à des grands travaux. - La notice scientifique (fig.1) : Quelle que soit la méthode de prospection utilisée, lorsqu’un site est découvert, il doit faire rapidement l’objet d’une notice scientifique. Cette dernière permet de coucher par écrit un certain nombre d’informations. Leur aspect récurrent permet de les individualiser et d’établir une notice type. Parmi les données recueillies, un soin particulier est apporté à la localisation du site (administrative et topographique). Toutes les observations faites sur le terrain doivent être notées. Aussi bien celles purement archéologiques (répartition, analyse et comptage des artefacts, nature du site, etc). que celles portant sur le millieu (état du terrain, nature du sol, etc). Ces dernières ne sont pas anodines, car la prospection peut être favorisée ou entravée par des conditions de lisibilité plus ou moins temporaires des sols (présence de chaume, terre fraichement labourée, jachère, etc) qui nécessiteront la programmation d’un retour sur le site pour mieux le caractériser.

- La prospection systématique : En général, elle intervient après la prospection de révision. Toutes les parcelles d’un territoire de recherche préalablement défini sont explorées les unes après les autres. Elle ne peut être thématique, car tous les sites archéologiques rencontrés doivent être documentés au même niveau. Cette prospection peut être plus ou moins fine suivant le temps que l’on peut consacrer à l’opération. Ainsi, une prospection systématique pendant

La notice doit servir à élaborer la fiche de synthèse avec mots-clefs qui peut être intégrée dans un sytème d’information géographique mais elle ne doit pas être remplacée par elle. En effet, dans le cadre d’une bonne gestion patrimoniale, l’expérience montre qu’il doit exister au sein de la notice les éléments permettant d’exercer un certain contrôle de la qualité des informations. Ainsi, pour la principale, la localisation, c’est la cohérence de plusieurs documents qui permet cela : délimitation sur un extrait de plan

— 51 —

cadastral (entre l’échelle du 1000e au 2500e) ou d’agrandissement de carte topographique, pointage sur une carte topographique au 1/25000e et localisation au GPS. Conclusion Si les prospections pédestres ne prétendent pas épuiser la connaissance d’un «territoire», elles permettent d’en couvrir en quelques années une surface importante s’intégrant ainsi dans une politique d’archéologie préventive. Certes, elles ne permettent pas la détection de site trop profondément enfouis ou recelant peu ou pas d’artefacts. Mais, en revanche, elles seules permettent de détecter ceux dont les éléments sont uniquement conservés dans la terre labourée. Les données recueillies par la prospection pédestre permettent souvent d’attribuer une fonction au site découvert mais il faut rester conscient qu’il s’agit d’ une interprétation d’une concentration de mobilier archéologique plus ou moins dense repérée en surface. Dans certains cas la nature de cette concentration peut facilement être déterminée (habitat isolé, villa, cimetière...). Dans d’autres ce n’est pas le cas. La prospection pédestre reste un mode de documentation au coût raisonnable et adaptable en fonction des objectifs, des moyens et du milieu. Ainsi, elles peuvent intervenir, sans terrassement dans des parcelles en cours de culture bien en amont des projets

d’aménagements et permettre une gestion préventive à long terme. Pour illustrer la mise en pratique de ces méthodes , voici sous forme d’une cartographie simplifiée les résultats obtenus dans la vallée de la Tave (Gard) après une dizaine de campagnes de prospections pédestres d’une durée de 1 à 2 mois avec en moyenne 4 prospecteurs confirmés (fig.2). Préalablement à nos recherches une quinzaine de sites étaient recensés dans la carte archéologique nationale fruit d’un siècle de découvertes fortuites et de recherches ponctuelles. Ce travail a permi d’engager plusieurs fouilles préventives d’envergure différente : entre autres 5 établissements antiques (ici La Roquette à Cavillargues) (fig.3), une aire d’ensilage médiévale ainsi que 3 habitats et une cavité sépulcrale d’époque néolithique. On notera que la vallée de la Tave, est située à l’écart des grands centres urbains tels que Nîmes, Orange ou Avignon qui sont en perpétuel développement et donc où se concentre une bonne part de l’activité de l’archéologie préventive. Cela ne la met pas à l’abri d’une destruction du patrimoine en élévation ou enfoui car en dehors de quelques aménagements linéaires (TGV, route nationale) les risques qu’encouraient les sites recensés dans la Tave sont principalement liés à des travaux agricoles mécanisés devant bouleverser le sous sol à grande profondeur.

Bibliographie Ferdière , Zadora-Rio 1982 : FERDIERE (A.) et ZADORARIO (E.). dir.— La prospection archéologique : paysage et peuplement. Actes de la table ronde des 14 et 15 mai 1982, Paris. –Paris Ed de la Maison des Sciences de l’Homme, 1986. 180 p. , 85 fig. (Documents d’archéogie francaise n°3).

Genty dir 1985 : Genty (P.-Y.) .— Rapport de révision de l’inventaire archéologique de quatre cantons du Gard. Ministère de la Culture. Service régional de l’Archéologie LanguedocRoussillon. Archives scientifiques. 1985, n.p.

— 52 —

Actes de l’atelier Euro-Maghrébin Patrimoine et aménagement du territoire : l’ archéologie préventive

Fig.1 exemple de notice avec IGN et cadastre

— 53 —

Fig.2 Vallée de la Tave : cartographie générale des sites archéologiques

— 54 —

Actes de l’atelier Euro-Maghrébin Patrimoine et aménagement du territoire : l’ archéologie préventive

Plan de l’établissement

le cellier

prospection pédestre, enregistrement sur le terrain

localisation du site de Cavillargues sur un extrait de la carte cadastrale joint à la notice scientifique de prospection

Fig.3 la Roquette à Cavillargues : de la prospection pédestre à la fouille préventive

— 55 —

Actes de l’atelier Euro-Maghrébin Patrimoine et aménagement du territoire : l’ archéologie préventive

Urbanisme et pratique de l’archéologie à Marseille Quelques éléments d’une expérience

Bruno Bizot Conservateur du patrimoine – DRAC PACA Ministère de la culture et de la communication

Depuis sa fondation au VIe siècle av. J-C jusqu’à la révolution industrielle, Marseille a évolué sur un même espace d’une centaine d’hectares environ (fig.1). Cette concentration extrême de l’habitat et des activités économiques n’est pas rare en Europe occidentale, Marseille s’illustre simplement dans ce domaine par le fait qu’en dépit d’une extension urbaine considérable à partir du XIXe siècle1, la pression immobilière sur le centre historique ne s’est jamais relâchée (fig.2).

Ainsi, depuis les percements haussmanniens des années 1860 en passant par les reconstructions d’après la seconde guerre mondiale, la ville ancienne a été le théâtre de découvertes archéologiques dont la gestion est passée par différentes phases constituant autant d’expériences utiles à la compréhension de la situation actuelle, jalonnée par des acquis scientifiques certains, mais comptant aussi de nombreuses lacunes, voire échecs, dont il n’est pas inutile de rendre compte.

Fig.1 vue aérienne du centre urbain : en foncé, le centre historique.

1 - La commune occupe une surface de 24 000 ha dont plus de 10 000 sont maintenant urbanisés.

— 57 —

EXTENTION URBAINE : avant 1500 en 1772 en 1867 en 1930

0

en 1960

Fig.2 progression de l’urbanisation depuis la fin du Moyen-Age

— 58 —

5 km

Actes de l’atelier Euro-Maghrébin Patrimoine et aménagement du territoire : l’ archéologie préventive

Nous ne relaterons pas ici le détail de l’histoire de la recherche archéologique à Marseille traitée dans deux articles récents (Drocourt 2001 ; Rothé à paraître), seules quelques étapes illustrant le processus de prise en compte du patrimoine dans la vie publique de la cité seront rappelées : - 1916 : classement d’un mur d’enceinte antique dit mur de Crinas sous la place de la Bourse ; - 1943 : premières fouilles de sauvetage de Fernand Benoit près de l’abbaye Saint-Victor ; - 1946-1964 : fouilles de sauvetage conduites au cours de la reconstruction du quartier du Vieux Port dynamité en 1943 ; - 1963 : inauguration du musée des docks romains ; - 1967-1976 : fouilles de sauvetage du quartier de la Bourse ; - 1972 : la ville engage un programme d’évaluation du risque archéologique ; - 1972 : classement du site de la Bourse au titre des Monuments Historiques ; - 1980 : création de l’Atelier du Patrimoine par la Ville de Marseille ; - 1981 : convention État/ville réglant les modalités des fouilles de sauvetage et diagnostics ; - 1981-85 : fouilles de sauvetage de la Butte des Carmes ; - 1983 : ouverture du Musée d’Histoire au centre Bourse ; - 1984 : recrutement de deux archéologues municipaux ; - 1992 : création du dépôt archéologique municipal av. R. Salengro ; - 1999 : intégration au Plan d’Occupation des Sols de la ville de zones archéologiques ; - 2001 : arrêté préfectoral de zonage archéologique.

L’enchaînement des faits témoigne que la pratique de l’archéologie de sauvetage a été inaugurée peu de temps après la promulgation de la loi du 27 septembre 1941 instituant cette nouvelle possibilité. Depuis cette époque, il n’est pratiquement pas une année sans que le sol du centre historique fasse l’objet de recherches archéologiques de plus ou moins grande ampleur. Et, à partir des années 1980, le rythme des opérations de sauvetage s’est considérablement accéléré (fig.3) en raison surtout de la création d’équipements publics majeurs (parkings, bibliothèque, franchissements routiers, Z.A.C...). 1983

1

1994

21

1984

1

1995

11

1985

6

1996

3

1986

1

1997

1

1987

4

1998

5

1988

9

1999

10

1989

4

2000

18

1990

7

2001

17

1991

14

2002

17

1992

12

2003

26

1993

12

2004

21

Fig.3 nombre d’opérations de terrain (fouilles et diagnostics) sur la commune au cours des 20 dernières années.

C’est en réponse à la pression accrue de la contrainte archéologique sur les projets d’aménagement, et notamment au traumatisme financier et politique que causa l’arrêt des travaux de construction du centre Bourse, que la ville de Marseille, principal aménageur en

— 59 —

Fig.4 zonage archéologique de la commune sur fond cadastral

— 60 —

Actes de l’atelier Euro-Maghrébin Patrimoine et aménagement du territoire : l’ archéologie préventive

centre ancien, se soucia dès 1972 d’élaborer une carte du patrimoine. Curieusement, on peut constater que, 10 ans plus tard, l’anticipation n’a pas débouché sur une parfaite prise en compte du patrimoine archéologique lors de la reconstruction du quartier des Carmes où, s’il fut possible d’étudier archéologiquement une partie des terrains (environ la moitié), l’essentiel des fouilles se déroula dans une urgence totale et nombre de découvertes eurent lieu au cours des terrassements. Il fallut franchir une nouvelle étape en 1984 avec le recrutement de deux archéologues municipaux pour que notre discipline prenne véritablement corps dans les projets d’urbanisme. Toujours soucieux de se prémunir du risque archéologique, la ville et le Ministère de la Culture leur assignèrent pour principale mission de réaliser les diagnostics et fouilles d’archéologie préventive conformément aux dispositions d’une convention cadre signée peu de temps auparavant. Cette tâche a été remplie grâce à la constitution d’équipes mixtes incluant les archéologues municipaux et l’AFAN, devenue maintenant l’INRAP, dans le cadre de conventions de collaboration ponctuelles entre les deux institutions.

s’appuyait sur des pratiques initiées peu après la création de l’Atelier du Patrimoine, ne porta pas véritablement ses fruits avant que des zones archéologiques aient pu être intégrées au Plan d’Occupation des Sols de la ville en 1999. Près de trente ans après que la question ait été posée, cette disposition réglementaire permettait enfin de diffuser largement la localisation des zones archéologiquement sensibles et engageait de fait les services de l’urbanisme à transmettre les dossiers concernant les secteurs incriminés en même temps qu’elle signalait sans ambiguïté la contrainte patrimoniale aux aménageurs. Actuellement, la loi de 2001 réglemente la consultation des SRA et instaure les zonages archéologiques (fig.4). Le principe d’une double instruction a été conservé car, outre le fait qu’il permet par une complémentarité des zones contrôlées d’examiner un nombre appréciable de projets2, il offre à la municipalité le confort de bénéficier d’une expertise propre lui permettant de détecter très tôt les dossiers sensibles. Pour le SRA, l’expérience a montré qu’aucun dossier important n’a pour l’instant échappé à l’instruction croisée des deux services.

Cette difficile gestation eut pour corollaire la mise en place d’une articulation fonctionnelle durable entre le Service Régional de l’Archéologie (Ministère de la Culture, Direction Régionale des Affaires Culturelles) et l’Atelier du Patrimoine. Pour le strict domaine de l’archéologie, il fut convenu que l’application du décret n° 86-192, donnant aux SRA la possibilité d’émettre un avis et de prescrire des mesures conservatoires sur tout document d’urbanisme, souffrirait à Marseille d’une double instruction des dossiers : celle de l’Atelier du Patrimoine et celle du SRA. Ce fonctionnement interne à la ville de Marseille, qui

Sur le terrain, la pratique intensive de l’archéologie urbaine a contribué à la mise en place au cours des vingt dernières années d’une relative spécialisation des archéologues de l’INRAP3 intervenant en collaboration avec les archéologues municipaux. Progressivement se sont ainsi élaborées des procédures de fouilles et d’enregistrement tenant compte des spécificités des terrains marseillais4. Ce savoir-faire est à l’origine d’une véritable chaîne opératoire tant dans l’enregistrement des données que dans celui de la conservation du matériel archéologique. Avant la mise en place de ces protocoles,

2 - Sur 4 000 dossiers environ déposés chaque année au service de l’urbanisme, un millier est examiné par l’Atelier du Patrimoine sur des critères patrimoniaux multiples – environnement bâti, architecture, archéologie, culture. Parmi ceux-ci, 150 dossiers environ concernent réellement l’application de la loi de 2001 et sont transmis de ce fait pour instruction au SRA. 3 - La base INRAP de Marseille compte 31 agents œuvrant principalement sur le territoire marseillais. 4 - La stratigraphie apparaît la plupart du temps très altérée du fait de la succession très rapide des occupations. La plupart du temps, l’architecture n’est plus représentée que par quelques vestiges rarement conservés en élévation à cause d’une récupération quasi-systématique des matériaux de construction. Par ailleurs, pour l’antiquité, les faciès du mobilier céramique qui compte une bonne partie d’importations sont tout à fait spécifiques.

— 61 —

uniformément appliqués depuis les années 1990, la documentation considérable qui a été recueillie porte bien entendu tous les travers de l’histoire de notre discipline : enregistrement des données et archivage inégaux, mobilier archéologique mal traité, publications rares. Plus de vingt ans après l’achèvement des fouilles, cette masse documentaire, portant parfois sur des sites majeurs tels que la Bourse, la butte des Carmes ou les fouilles du quartier du Vieux-Port (Jules-Verne et VilleneuveBargemon), n’est pas encore intégralement traitée et accessible, seuls quelques contextes ayant fait l’objet d’études et de publications. Les expériences passées, jointes à la nécessité impérieuse pour chaque chantier de produire une synthèse dans les meilleurs délais, font que depuis une décennie maintenant, la phase de traitement et d’analyse des données de fouilles est systématiquement incluse dans la programmation des interventions d’archéologie préventive. La mise en pratique de ce principe sur les trois derniers grands chantiers urbains (Bouiron 2001b, Barra et al. 2004, Mellinand 2005), nous a montré qu’il est impératif d’entamer les premières opérations de traitement et d’analyse de la documentation de fouille en même temps que la fouille se déroule sur le terrain. Cette façon de procéder mise progressivement en place sous l’impulsion des archéologues de l’INRAP offre en effet de multiples avantages pratiques : favoriser la prise de décision et l’adaptation des problématiques de la fouille en bénéficiant des premières analyses ; permettre l’échange entre fouilleurs et concrétiser pour ceux-ci leur engagement sur le terrain ; rectifier immédiatement certaines erreurs ou incohérences de l’enregistrement de terrain. Pour les chantiers archéologiques importants, le coût de ces travaux de post-

fouille représente environ l’équivalent des deux tiers du budget de main d’œuvre de l’opération de fouille. Si cet investissement peut paraître à première vue considérable, il est à notre avis incontournable car seules la mise en ordre et l’analyse rapide des données de fouilles sont à même de garantir la pérennité des résultats acquis sur le terrain. C’est ainsi une véritable documentation5 archéologique qui est constituée et qui peut être durablement utilisée par d’autres intervenants que ceux ayant été impliqués sur la fouille. Par ailleurs, il importe de souligner que la participation de l’ensemble de l’équipe à cette démarche scientifique améliore significativement la qualité de la collecte d’informations. Bien entendu, l’essor de l’archéologie de sauvetage a généré une masse considérable de mobilier archéologique6 qui, jusqu’en 1992, ne fut pas conservé dans des conditions satisfaisantes. Seuls le dépôt archéologique régional du Fort-Saint-Jean, mal équipé et saturé, et l’occupation de locaux désaffectés mis à disposition par la mairie permettaient d’assurer une relative sauvegarde, mais non d’étudier ces ensembles. Depuis lors, la création d’un vaste dépôt archéologique municipal, avenue Roger Salengro, a permis de traiter et conserver le matériel issu des dernières fouilles. Il est géré dans le cadre d’une convention, signée en 2002 seulement, qui instaure un partenariat durable entre l’Etat et la ville représentée par deux de ses services : l’Atelier du Patrimoine, gestionnaire du dépôt, et le Musée d’Histoire de Marseille qui a pour rôle de concourir à la conservation et à la mise en valeur du mobilier par le biais d’expositions notamment. Il reste cependant à résorber le passif. Face à la masse de mobilier archéologique en question, les moyens font

5 - Nous utilisons ce terme dans son acception la plus générale incluant mobilier, données de fouille et résultats d’analyses. 6 - À titre d’exemple, les fouilles de la Bourse représentent 320 m3 ; les Carmes 120 m3.

— 62 —

Actes de l’atelier Euro-Maghrébin Patrimoine et aménagement du territoire : l’ archéologie préventive

défaut. Le récolement et le reconditionnement des deux-tiers de la collection de la Bourse, réalisés en 2003-2004 par l’INRAP et le Ministère de la Culture7, montrent que ce type d’opération a un coût non négligeable8, au moins égal à celui d’une fouille de moyenne importance. Malgré tout, cette première expérience apporte la démonstration qu’une collection archéologique issue de fouilles anciennes peut fort bien être réinvestie par les chercheurs avec des moyens modernes dès lors que la documentation existe encore et qu’elle a été bien établie. Mais cette opération mise en place au prix d’un effort financier considérable fait exception car elle est liée à l’obligation de déménager le dépôt archéologique du Fort Saint-Jean et, sortant du cadre de l’archéologie préventive, elle n’aurait pu être envisagée avec les seuls moyens dévolus à la recherche. La progression quantitative et qualitative des opérations archéologiques n’a pas irrigué l’ensemble des thématiques de recherche. L’intérêt constant porté à la colonie grecque par la communauté scientifique et les organismes en charge du patrimoine a conduit à concentrer l’essentiel de l’activité archéologique sur le centre urbain. Les problématiques liées aux occupations plus récentes ou ayant pris place hors du noyau urbain n’ont été systématiquement prises en compte qu’au cours de ces dix dernières années. Ce choix apparaît maintenant irréversible compte tenu du taux d’urbanisation de la commune et on peut estimer qu’une grande partie du patrimoine archéologique de la campagne marseillaise a été éradiqué sans observation au cours de ces cinquante dernières années. L’accompagnement des grands travaux en centre urbain – où les résultats sont spectaculaires et

les moyens importants – n’a pas été non plus sans conséquence sur ce patrimoine. L’absence de politique de conservation du patrimoine archéologique dans le centre historique a conduit à la perte d’environ 50 % du sédiment archéologique le constituant (fig.5 et fig.6). La production scientifique souffre des biais originels de la programmation des fouilles archéologiques sur cette ville ; l’antiquité gréco-romaine, largement privilégiée dans le passé, occupe ainsi toujours une place de choix. Pourtant, même dans ce domaine, objet de toutes les attentions depuis pratiquement un siècle, les synthèses demeurent rares. La complexité et la multiplicité des informations issues des fouilles font que de telles entreprises relèvent nécessairement de collaborations soutenues entre les chercheurs et les acteurs de l’archéologie locale ; deux synthèses collectives publiées en 1999 et 2001 sont la preuve que de telles démarches sont profitables à l’ensemble de la communauté scientifique. Ces dernières parutions démontrent que notre connaissance de la topographie urbaine antique a largement bénéficié des nombreuses fouilles pratiquées et qu’une mise en perspective des résultats acquis au cours de ces 50 dernières années est toujours possible même si des pans entiers de la topographie urbaine restent toujours dans l’ombre. Cette voie continue d’être explorée à travers un atlas de la collection «Atlas topographique des villes de la Gaule méridionale9» la topographie urbaine antique, dirigé par H. Tréziny et J Guyon, CNRS. Par ailleurs, trois monographies récentes portant sur des fouilles de sauvetage – les ateliers de potiers du XIIIe siècle et le quartier de Sainte-Barbe ; Marseille, du Lacydon au faubourg Sainte-Catherine ; la nécropole

7 - Direction des Musées de France et Direction du Patrimoine 8 - Ce travail a mobilisé six agents de l’INRAP durant un an. 9 - Ouvrages réalisés dans le cadre d’un groupe de travail « Ubs antiqua » et édités par la Revue Archéologique de Narbonnaise.

— 63 —

Fig.5 cartographie de l’épaisseur potentielle du sédiment archéologique dans le centre historique

Fig.6 impact des aménagements sur le sédiment archéologique en centre historique

— 64 —

Actes de l’atelier Euro-Maghrébin Patrimoine et aménagement du territoire : l’ archéologie préventive

de Sainte-Barbe à Marseille – démontrent brillamment que la publication des données de terrain ouvre des perspectives de recherche tout à fait novatrices dans des horizons très variés. Curieusement, ce sont les deux fouilles de sauvetage ayant réservé, pour la première fois, une large part à la période médiévale qui furent publiées le plus rapidement. La création en 1986 de la collection des Études massaliètes10 affiche la volonté de la communauté scientifique locale de donner une cohérence éditoriale aux contributions portant sur l’antiquité gréco-romaine. Cette collection compte actuellement huit numéros présentant des monographies, synthèses ou actes de colloques sur un thème donné. La même dynamique de publication touche également les fouilles anciennes, le groupe de travail constitué dès 1988 au Centre Camille Jullian autour des fouilles de la Bourse devant prochainement faire paraître une synthèse sur les fortifications antiques dans cette série. Le passif demeure cependant énorme, il ne peut être que ponctuellement résorbé par les travaux universitaires ou des articles spécialisés sur le mobilier archéologique ou sur certains contextes remarquables. L’ambition commune étant de faire en sorte que cette documentation exceptionnelle soit sauvegardée et sorte de l’oubli, d’autres solutions éditoriales doivent être trouvées. Le corpus d’informations renouvelées et largement augmentées sur des fouilles parfois inédites réunies dans un volume de la Carte Archéologique de la Gaule11 consacré à Marseille et aux communes

environnantes devant prochainement paraître marque indéniablement une nouvelle étape dans cette démarche. Ainsi, à l’instar de beaucoup d’autres cités françaises, l’archéologie urbaine marseillaise s’est structurée autour de confrontations souvent douloureuses aux projets d’aménagement. Alors que la réglementation ne proposait pas encore de véritable solution pratique à ce problème mais plutôt un panel d’expériences encadrées par la loi, la ville de Marseille comprit très tôt qu’il était nécessaire d’anticiper sur le «risque archéologique» et la première démarche « préventive » lui revient sans conteste, confortée dès 1980 par la création de l’Atelier du Patrimoine dirigé par D. Drocourt. Pour autant, cette notion qui est maintenant au cœur de la nouvelle législation sur l’archéologie préventive n’a pas eu pour conséquence la promotion de mesures visant à conserver durablement ce patrimoine. Au contraire, les faits montrent que, passé le choc des découvertes de la Bourse, les aménageurs ont parfaitement su gérer l’incidence de l’archéologie par le biais des fouilles de sauvetage. Avec la multiplication des découvertes, le patrimoine archéologique est devenu une contrainte technique au même titre que, par exemple, la sismicité ou le risque d’inondations ; ce qui, somme toute, est tout à fait conforme à l’esprit ayant présidé à la mise en place d’une évaluation du risque archéologique en 1972. D’une certaine manière, on peut considérer que la rationalisation des méthodes de fouille et la professionnalisation des équipes

10 - Publication du Centre Camille Jullian, Université d’Aix-en Provence 11 - Publication de l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres

— 65 —

d’archéologues participent de ce processus qui, in fine, a significativement contribué à l’amélioration de nos connaissances historiques en même temps que ce patrimoine s’érodait de plus en plus rapidement. Cependant, la richesse de la documentation extraite du terrain ne serait rien s’il n’était possible de l’exploiter scientifiquement. À ce titre, nous pouvons considérer que le meilleur capital est sans doute la présence d’un service archéologique municipal doté d’un dépôt archéologique et la fidélisation de chercheurs et de praticiens de l’archéologie de terrain relevant de différentes institutions – INRAP, CNRS, Université – qui contribuent significativement à inscrire les opérations archéologiques se succédant dans le cadre de réflexions historiques et d’échanges pluridisciplinaires. Si ces cinquante dernières années d’archéologie de sauvetage ont permis d’accomplir des progrès considérables dans la connaissance de l’urbanisme antique de Marseille et sur de nombreux aspects de la culture matérielle, il n’en demeure pas moins qu’au vu du potentiel de ce patrimoine et de son état de dégradation actuel, les informations recueillies apparaissent bien maigres. Alors que la moitié environ du sédiment archéologique a été éradiqué, il demeure impossible de tracer avec certitude

le contour du rempart de la colonie grecque ; de même, la chôra demeure encore largement inconnue, et le sera sans doute à jamais. Face à cela, et alors que la démonstration est faite que la partie la plus sensible du patrimoine archéologique de la cité est concentré sur une surface très réduite – une quarantaine d’hectares – il n’a jamais été réellement possible de juguler les programmes de construction dans le centre historique ou de leur donner une dimension qui aurait permis d’intégrer ce patrimoine aux projets ; les 3 000 m2 du centre Bourse et le petit musée de site des Docks Romains faisant exception. Et, s’il y avait à tirer quelque enseignement de cette expérience en cours, il faudrait à notre avis insister sur deux points : - l’expression et la prise en compte d’un risque archéologique n’impliquent pas nécessairement une conservation durable du patrimoine ; - il existe indéniablement un fort différentiel entre la consommation du terrain archéologique – y compris dans le cadre de fouilles archéologiques – et l’accroissement de nos connaissances ; celles-ci ne pouvant progresser que lorsque la chaîne opératoire de traitement de la documentation archéologique se déroule intégralement.

— 66 —

Actes de l’atelier Euro-Maghrébin Patrimoine et aménagement du territoire : l’ archéologie préventive

Bibliographie Barra C., Guillaume M., Maufras O., Vasselin B., Voyez C. dir. 2004. Les fouilles archéologiques du tunnel de la Major à Marseille (Bouches-duRhône). Contribution à la connaissance de la topographie urbaine du VIe av. J.C. au XIXe siècle. Document final de synthèse. INRAP. 2 vol. Bats M. et Tréziny H. édit., 1986. Le territoire de Marseille grecque. Actes de la table ronde d’Aix-en-Provence (mars 1985). Études massaliètes n° 1, PUP. Bats M. dir. 1990 Les amphores de Marseille grecque. Chronologie et diffusion. Études massaliètes n°2, ADAM-PUP. Bats M., Bertucchi G., Congès G., Tréziny H. dir. 1992. Marseille grecque et la Gaule. Actes des colloques de Marseille, (nov.1990). Études massaliètes n° 3, ADAM–PUP. Bonifay M., Carre M-B., Rigoir Y. dir. 1998. Fouilles à Marseille. Les mobiliers (I-VIIe ap. J-C). Études massaliètes n° 5, ADAM-Errance.

Bouiron M. dir., 2001a. Marseille, du Lacydon au faubourg Sainte-Catherine (Ve av. J-C - XVIIIe ap J-C). Les fouilles de la place du Général de Gaulle. Paris, MSH, DAF 87. Bouiron M. dir. 2001b. L’Alcazar (BMVR). Fouille archéologique. Document final de synthèse. AFAN. 7 vol. Drocourt D. 2001. Un siècle d’archéologie urbaine à Marseille. M Bouiron et H. Tréziny édit., Marseille. Trames et paysages de Gyptis au roi René. Actes du colloque d’archéologie, Marseille, 1999. Études massaliètes n° 7. Edisud. p. 13-19. Hermary A., Hesnard A., Tréziny H., dir., 1999. Marseille grecque. La cité phocéenne (600-49 av. J-C) Errance. Hermary A., Tréziny H. édit. 2000, Les cultes des cités phocéennes. Actes du colloque d’Aix-en-Provence/Marseille, juin 1999. Études massaliètes n° 6. Edisud-CCJ.

— 67 —

Moliner M., Mellinand Ph., Naggiar L., Richier A., Villemeur I., 2003. La nécropole de Siante-Barbe à Marseille ( IVe av. J-C – IIe s. ap. J-C). Études massaliètes n° 8. Edisud-CCJ. Marchesi H., Thiriot J., Vallauri L. dir. 1997. Marseille, les ateliers de potiers du XIIIe siècle et le quartier de Sainte-barbe (Ve-XVIIe s.) Paris, MSH, DAF 65. Mellinand Ph. Dir. 2005. Marseille, Espace Bargemon. Document final de synthèse. INRAP. 2 vol. Rothé M-P et Tréziny H. dir. à paraître. Carte Archéologique de la Gaule. Bouches-du-Rhône, Marseille et arrière pays. Académie des Ins. et Belles Lettres. Rothé M-P à paraître. Histoire des recherches à Marseille et dans son arrière-pays. Rothé M-P et Tréziny H. dir. Carte Archéologique de la Gaule. Bouchesdu-Rhône, Marseille et arrière-pays. Académie des Ins. et Belles Lettres.

Actes de l’atelier Euro-Maghrébin Patrimoine et aménagement du territoire : l’ archéologie préventive

— 68 —

L’opération de diagnostic archéologique du terrain Marcadal à Cherchell (Algérie)

François Souq Directeur Interrégional Méditerranée, INRAP

En hommage à Abdeldjebar Abbaci Abdeldjebar Abbaci aurait dû présenter cette communication.

Chef du Service Recherche et Inventaire à l’Agence Nationale d’Archéologie et de protection des sites et Monuments Historiques algérienne, il avait co-dirigé l’opération de diagnostic archéologique du terrain « Marcadal » à Cherchell. La maladie l’a emporté la veille de l’ouverture de ce colloque à l’organisation duquel il avait très largement participé. C’est à la mémoire d’un collègue devenu un ami que ces lignes sont rédigées.

Nous présentons ici les résultats d’un diagnostic archéologique réalisé en octobre 2003 à Cherchell, sur le terrain « Marcadal ». Cette opération a été menée en collaboration entre l’Agence Nationale d’Archéologie et de Protection des Sites et Monuments Historiques (ANAPSMH) algérienne et l’Institut National de Recherches Archéologiques Préventives (INRAP) français dans le cadre de « Djazaïr 2003, une année de l’Algérie en France ». Elle devrait préluder à un programme d’échanges à long terme visant à familiariser les archéologues algériens avec les techniques d’archéologie préventive développées en France depuis plusieurs années.

1. Les objectifs de l’opération : Le diagnostic archéologique a pour but d’évaluer la nature et l’ état de conservation des vestiges archéologiques éventuellement présents sur le terrain où est prévu la réalisation d’un aménagement ou d’une construction susceptibles d’endommager le sous-sol. Ses résultats doivent permettre de préconiser les moyens nécessaires à la conservation du patrimoine enfoui, que ce soit par l’enregistrement des données archéologiques par la fouille, ou l’adaptation des constructions aux vestiges sous-jacents, voire la conservation in situ. Les autorités peuvent ainsi décider de la suite à donner au projet d’urbanisme en toute connaissance de cause. Un éventail de mesures est à leur disposition pour la sauvegarde des informations de notre passé, sans arrêter le développement économique.

— 69 —

2. Le cadre de l’opération : 2.1. Présentation du site : Cherchell (fig.1), comptoir punique dénommé Iol, puis cité du royaume Massyle, sera choisie par Juba II comme capitale du royaume de Maurétanie et rebaptisée Caesarea. Rome en fera le chef lieu de la province de Maurétanie Césarienne. Occupée par les Vandales, reprise par les Byzantins, elle perdra son statut privilégié après la conquête arabe. La ville reste repliée autour du port jusque dans les années soixante. Depuis, avec le développement économique du pays, l’ urbanisation moderne recouvre progressivement l’ emprise de la cité antique (fig.2).

Fig.1 localisation du site de Cherchell

Fig.2 plan de Cherchell sur fond 1960 et localisation de l’opération

— 70 —

Actes de l’atelier Euro-Maghrébin Patrimoine et aménagement du territoire : l’ archéologie préventive

2.2. Historique de la fouille et moyens mis en oeuvre : Le terrain étudié (propriété « Marcadal ») est situé au sud-ouest de Cherchell, à proximité du cirque antique, dans un secteur qui s’urbanise depuis les années 1960 (fig. 3). Sa superficie est d ’environ 2 200 m2. Dès 1996, l ’Université d’ Alger y avait entrepris deux sondages. D ’une surface restreinte, ils s’ étaient limités à l’ exploration des niveaux superficiels. En 2003, du fait de l’existence d’un projet immobilier sur la parcelle, il a été décidé d’entreprendre un diagnostic afin d’identifier la nature des vestiges archéologiques et de décider des suites à donner à la gestion du

terrain. La fouille s’est déroulée du 29 septembre au 12 octobre 2004 sur le terrain. L’équipe franco-algérienne rassemblait 16 personnes (1). Du 13 au 16 octobre l’encadrement a réalisé, à Alger, le tri et l’inventaire du mobilier. La saisie des données sur informatique et la rédaction du DFS ont été effectuées à Nîmes entre le 6 et le 21 décembre par une équipe de l’ANAPSMH et de l’INRAP (12 personnes). Le texte du DFS a été finalisé durant les mois de janvier et février 2004, par un échange continu des données par Internet entre l’Algérie et la France. Les sondages mécaniques ont été exécutés avec un, puis deux tractopelles mis à disposition par l’APC de Cherchell et l’ANAPSMH.

Fig.3 localisation des tranchées de diagnostic et numérotation des zones de fouille

1 - Cette opération, réalisée dans le cadre du programme “Archéologie préventive et Patrimoine : sauver Cherchell” coordonné par M. Ferroukhi (INRAP), a été menée sous la drection de F. Souq (INRAP) et A. Abbacci (ANAPSMH) avec la participation de S. Drici (Université d’Alger), M. Dorbane (Musée des Antiquités d’Alger), L. Arifi, F. Benaklouche, H. Djermoune, S. Kheloufi, O. Maazouz, N. Mokrane (ANAPSMH), P. Chapon, M. Ferroukhi, V. Lelièvre, H. Petitot, Z. Sekhari (INRAP).

— 71 —

2.3. Les choix sur le terrain Nous avons réalisé d’une part un sondage profond (zone 2). Mené jusqu’au substrat, il devait permettre d’obtenir une stratigraphie complète des niveaux d’occupation successifs. D’autre part, nous avons ouvert deux tranchées parallèles (zones 3 et 4), de manière à déterminer la répartition et la densité des vestiges sur l’ensemble du terrain (fig.3). Elles ont été orientées approximativement Nord – Sud, de façon à prendre en écharpe les structures bâties, en faisant l’hypothèse que leur orientation était conforme aux axes d’urbanisme déjà repérés pour la ville antique. Le décapage des couches superficielles remaniées a été mené à l’aide d’engins mécaniques. Les remblais antiques et les couches archéologiques ont été ôtées de la même façon après la fouille fine des niveaux successifs, effectuée manuellement de façon à caractériser les vestiges mis au jour.

L’enregistrement des données de terrain et la prise de note de fouille sont réalisés sur fiches normalisées (fig.4) afin d’être intégrés au système informatique Syslat(2) (fig.5). Ils sont complétés par les relevés, coupes et plans “pierre à pierre” calés au moyen un tachéomètre afin d’être repérés en coordonnées Lambert et altitudes NGF. En fin de chantier, les tranchées ont été rebouchées et l’ensemble des vestiges réenterrés afin d’assurer leur conservation provisoire. Le mobilier archéologique exhumé a été nettoyé et conditionné au fur et à mesure de la fouille dans les locaux du Musée de Cherchell. Le comptage et l’ analyse des mobiliers ainsi que la saisie des notes de fouille sur ordinateur ont été réalisés à Alger. L’ équipe a rédigé en France le rapport final de l’ opération : mise en phases et chronologie, mise au net des plans et D.A.O., rédaction des textes définitifs de description des découvertes et de synthèse.

Fig.4 les fiches normalisées d’enregistrement

2 - L’enregistrement des données de terrain a été réalisé selon le système élaboré à Lattes et adapté à la fouille de sauvetage (Py 1997). Au site, constitué par la parcelle a été attribué un code de trois lettres (CHM pour Cherchell Marcadal). Il a été subdivisé en quatre zones. La première a été réservée pour intégrer les résultats des sondages réalisés en 1996. Les trois suivantes (zones 2, 3 et 4) correspondent aux tranchées que nous avons réalisées. Les unités stratigraphiques sont numérotées en continu dans chaque zone. Elles peuvent être rassemblées en Faits dont la désignation est composée d’un chiffre, reprenant le numéro d’une U.S. significative, précédé d’un couple de lettres d’identification. Les relevés de terrain ont été réalisés au 1/50e. Une couverture photographique a été effectuée au format 24x36 N&B et diapositives. L’ensemble des données, d’abord relevées sur fiches papier, a été enregistré sur fichiers informatiques du système SYSLAT 3.1 sur HYPERCARD, tant pour les descriptions de terrain que les comptages de mobilier et les inventaires de documents photos ou graphiques.

— 72 —

Actes de l’atelier Euro-Maghrébin Patrimoine et aménagement du territoire : l’ archéologie préventive

Fig.5 l’enregistrement informatique Syslat

3. Description, phasage et interprétation des vestiges : 3.1. La Zone 2 : La zone 2 a été ouverte à l’emplacement d’un ancien sondage réalisé en 1996, dénommé alors sondage 2, implanté sur le talus surplombant une route secondaire et qui a été en partie utilisée comme décharge par les habitants du quartier. Ses limites reprennent les contours de l’ancienne tranchée augmentés d’une extension de 2 m vers le Sud, de façon à pouvoir disposer d’une stratigraphie complète, et le redressement des bermes est et ouest. Elle mesure 7,70 m de long sur environ 5 m de large. La fouille a été conçue comme un sondage jusqu’au substrat géologique afin de donner une vision chronologique complète de l’occupation du terrain. Les niveaux (fig.6) les plus anciens (phases 2 E5 et 2E4) qui ont été repérés correspondent à la construction d’un mur en grand appareil [MR2026] contre lequel s’appuie la base d’un

— 73 —

Fig.6 zone 2, plan des structures de l’état 2E

Fig.7 zone 2, le mur MR2026 et les US le constituant

emmarchement [SB2076]. Un second mur [MR2093], dont ne subsiste que la tranchée de récupération, est disposé parallèlement au premier. Le secteur va rapidement subir de nombreuses modifications : prolongement de MR2026 (fig.7), destruction de MR2093, construction de SB2020 (phase 2E3). Enfin (phase 2E2), perpendiculairement à MR2027, sont bâtis les murs MR2027 et MR2059 avec son retour MR2082. On situe l ’installation de ces constructions dans la seconde moitié du Ier S. av. J.-C. La qualité des maçonneries conservées nous fait supposer leur appartenance un ensemble monumental public. L’exiguité du sondage ne permet pas de proposer une interprétation de sa fonction. C’est dans la première moitié du Ier siècle de notre ère que cet ensemble est abandonné (phase 2E1). A la fin du Ier siècle de notre ère, un apport de remblais sur 1,50 m de hauteur exhausse le niveau (phase 2D3). Une domus est bâtie dessus (phase 2D2), en réutilisant une partie des murs des phases

précédentes. La pièce, en partie dégagée, dispose d’ un sol construit (signinum). Ce dernier fera l’ objet d ’une réfection, avec la mise en place d ’une mosaïque polychrome (fig.8). Un ouvrage hydraulique, probablement en relation avec une citerne, court sous la domus. Nous devons placer cette phase de construction à la fin du Ier siècle ou au début du IIème. A la fin du IVème siècle ou au début du Vème, l’espace est radicalement modifié (phase 2C3). Directement sur le sol précédent, on installe plusieurs murs [MR2028, MR2029, PL2024] appareillés en opus africanum afin de subdiviser la pièce (fig.9). La fin de l’occupation (phase 2C2) est marquée par des sols en terre battue, non balayés, et un foyer disposé près de l’entrée de la pièce 2. La zone est abandonnée vers le milieu du Vème siècle. Sur les niveaux de démolition, on retrouve des couches correspondant à la mise en culture du terrain (phase 2B) aux époques médiévale et moderne.

— 74 —

N

Actes de l’atelier Euro-Maghrébin Patrimoine et aménagement du territoire : l’ archéologie préventive

Fig.8 zone 2, plan des structures de l’état 2D

Fig.9 zone 2, plan des structures de l’état 2C

3.2. La Zone 3 : La zone 3 correspond à une tranchée orientée nord-sud, de 2 m de largeur sur 20 m de longueur (fig.10). Elle a été creusée en suivant une orientation sensiblement Nord-Sud afin de recouper le maximum de structures, les axes d’urbanisme ayant été repérés dans le sondage précédent et correspondant approximativement à 57 degrés Est. Elle semble occupée par des champs ou des jardins durant la fin du Ier siècle avant notre ère et le début du siècle suivant (phase 3F). Dans la seconde moitié de ce siècle, on assiste à la mise en place d’une domus aux vastes pièces organisées autour d’une cour et comportant des sols en dur, construite sur une canalisation imposante (phase 3E2).

L’architecture va ensuite être remaniée à une époque que l’on ne peut définir avec certitude, peut être vers le début du Vème siècle (phase 3D2). On constate alors la division de pièces préexistantes, la construction d’aménagements divers (massif de pierres, doublage des murets entourant la cour, etc ...). La majeure partie des bâtiments est abandonnée dans la seconde moitié du Vème siècle (phase 3D3). L’occupation humaine continue toutefois au cours du siècle suivant (phase 3C) avec la construction d’un mur en abside [MR3050]. La parcelle est ensuite abandonnée et probablement remise en culture à l’époque médiévale et moderne (phase 3B). L’ultime transformation qu’elle subira correspond à un apport de remblais et un nivellement général à l’époque contemporaine (phase 3A).

— 75 —

Fig.11 zone 4, plan des structures

Fig.10 zone 3, plan des structures

3.3. La Zone 4 : La zone 4 prend la forme d’une tranchée mesurant 4,50 mètres de large en moyenne sur 17,50 mètres de long (fig.11). L’ensemble du sondage a été dégagé au tracto-pelle jusqu’aux derniers sols d’occupations qui ont été fouillés sur toute l’étendue de la zone. Ensuite des sondages manuels ont été pratiqués ponctuellement dans les espaces les plus significatifs. Les niveaux les plus ancien n’ont pas été atteints. La dernière phase d ’occupation révèle un habitat modeste abandonné vers la fin du IVème siècle ou le début du Vème. La zone sera utilisée comme dépotoir aux Vème et VIème siècles.

— 76 —

Actes de l’atelier Euro-Maghrébin Patrimoine et aménagement du territoire : l’ archéologie préventive

3.4. Synthèse des découvertes : Le phasage chronomogique entre les différentes zones de fouille présente de légers écarts (fig.12). On les considèrera comme normaux, vu le peu de mobilier archéologique recueilli et les incertitudes qui subsistent dans les typologies céramiques romaines en Algérie. Nous pouvons cependant dégager les grandes lignes de l’occupation de la parcelle «Marcadal » au travers des vestiges mis au jour dans les trois tranchées. L’ensemble des murs dégagés s’oriente dans deux directions orthogonales selon une orientation NL57°E qui avait déjà été mise en évidence par P. Leveau et qui paraît structurer l’urbanisme de la partie ouest de l’agglomération antique. L’état le plus ancien date de la fin du Ier S. av. J.-C. et du début du siècle suivant. Au nord (zone 2), deux murs en grand appareil conservés en

élévation sur près de deux mètres pourraient indiquer la présence d’un bâtiment public de la période jubéenne. À la même époque, la partie sud du terrain est occupée par des champs ou des jardins (fig.13). C’est dans la seconde moitié du Ier s. ap. J.-C. ou au début du IIème que l’ensemble du secteur est urbanisé : sur une galerie hydraulique, une grande salle est construite au nord (Zone2) , tandis que vers le sud (Zone 3) une série de pièce se développe autour d’une cour à péristyle. La plupart des sols sont construits en dur : signinum ou mosaïque. Il pourrait s’agir des restes d’une grande domus dont l’occupation va durer jusqu’au milieu du IVème s. ap. J.-C. Ces niveaux, s’ils existent à l’est du terrain, n’ont pu être atteints dans la zone 4. À la fin du IVème siècle et au début du Vème on assiste à une restructuration des espaces habités (fig.14) avec la division des pièces existantes (zone 2, 3 et 4). La majorité du mobilier recueilli date de cette époque et correspond à la dernière période d’occupation générale du site. On constate un abandon généralisé au milieu (voire à la fin) du Vème sècle. Une réoccupation ponctuelle à lieu un siècle plus tard avec la construction d’une abside (Zone 2), alors que la partie est du terrain (Zone 3) est utilisée comme dépotoir. La parcelle est ensuite remise en culture et recouverte de près d’un mètre de remblais à la période contemporaine.

Fig.12 phasage général du diagnostic

— 77 —

Fig.13 plan général des vestiges du Ier S. av. J.-C.

Fig.14 plan général des vestiges des IVème et Vème S. ap. J.-C.

— 78 —

Actes de l’atelier Euro-Maghrébin Patrimoine et aménagement du territoire : l’ archéologie préventive

4. Les conséquences du diagnostic et l’intérêt d’une fouille ultérieure : Les quelques dizaines de m2 ouverts lors de ce diagnostic permettent d’établir que l’ensemble du terrain renferme des niveaux archéologiques conservés sur 1 à 3 mètres d’épaisseur, sous 1,5 m de remblais antiques et modernes. La construction en pierre de taille de style hellénistique est unique dans l’état actuel des découvertes à cet endroit de la ville. Il nous paraît nécessaire d’en réaliser la fouille extensive afin d’exhumer tous les vestiges et éventuellement en faire un espace visitable. De plus, l’étude des mobiliers céramiques mis au jour à cette occasion, dont l’utilisation s’étale sur sept siècles, permettrait de définir une première typologie dont les sites romains d’Algérie manquent actuellement. La mise en valeur de ce site, si elle est jugée nécessaire après la fouille systématique, devra être précédée par un travail de coordination entre l’Assemblée Populaire Communale et les services du Ministère de la Culture pour décider de son éventuel aménagement.

5. Conclusion Le diagnostic a permis de caractériser les vestiges archéologiques enfouis, d’en apprécier l’ étendue et l’ état de conservation. Ses résultats guideront les autorités sur les choix patrimoniaux à faire avant la construction d’ un nouveau bâtiment : - définition d ’un cahier des charges scientifique et technique pour la fouille, - Prescriptions éventuelles pour l’adaptation de la future construction aux vestiges archéologiques mis au jour. Cette opération réalisée en majeure partie par des algériens, en Algérie, s’inscrit parfaitement dans une démarche d’archéologie préventive. Souhaitons qu’elle ne soit que la première d’une série et s’intègre dans une politique à long terme qui concilie l’aménagement du territoire et la gestion du patrimoine.

Bibliographie Abbaci, Souq 2004 : Abbaci (A.) et Souq (F.) dir. -Document final de Synthèse, Archéologie Préventive et Patrimoine «Sauver Cherchell», diagnostic archéologique du terrain Marcadal, Cherchell (Algérie). Alger, A.N.A.P.S.M.H., Nîmes, INRAP, 2004, 120 p.

Leveau 1984 : Leveau (Ph.) - Caesarea de Maurétanie, une ville romaine et ses campagnes. Rome , 1984 (Collection de l’Ecole française de Rome) Py 1997 : Py (M.) dir. -SYSLAT 3.1 Système d’Information Archéologique, manuel de référence. Lattes, A.R.A.L.O., A.F.A.N., 1997, 384 p. (Lattara, 10)

— 79 —

Actes de l’atelier Euro-Maghrébin Patrimoine et aménagement du territoire : l’ archéologie préventive

Fig.1 plan de situation du projet de diagnostic – Alger, secteurs de la Casbah et de la Marine

— 80 —

Rapport d’expertise du projet d’évaluation archéologique : Ilôt Lallahoum (Icosium)

François Souq Directeur Interrégional Méditerranée, INRAP

Dans le cadre de l’Atelier Euro-Maghrébin, nous avons pu examiner avec des experts issus des pays participants à cette rencontre un projet d’opération archéologique préventive à Alger. Cela nous a permis d’éclairer par un cas concret le travail mené en commission. Le Directeur du Patrimoine Culturel du Ministère de la Culture, Monsieur Mourad Betrouni, nous a demandé d’expertiser un projet d’évaluation archéologique établi par Monsieur Lyes Arifi (Agence Nationale d’Archéologie et de Protection des sites et Monuments Historiques) en collaboration avec Monsieur Hervé Petitot (INRAP)1. Nous nous sommes rendus sur le terrain le 29 novembre 2003, où ces derniers nous ont présenté le dossier.

Le contexte de l’opération : Situé à Alger, dans la basse Casbah, le site concerné est inclus dans le périmètre de classement de toute la Casbah d’Alger, patrimoine national algérien depuis 1973. Celle-ci est ensuite classée « Patrimoine mondial » par l’UNESCO en 1992. Récemment, la Commission des Biens Culturels présidée par Madame la Ministre de la Culture d’Algérie, réunie le 05 février 2003, a déclaré la Casbah d’Alger en secteur sauvegardé. Cette décision a été prise conformément à la législation algérienne relative à la protection des biens culturels. Un important projet d’aménagement urbain, comprenant entre autres des constructions à 5 étages, est prévu à l’emplacement de l’Ilot Lallahoum et de la place de la Régence (fig.1). La zone en question est susceptible de contenir une partie de l’agglomération d’Ikosim, ancien comptoir phénico-punique vraisemblablement fondé au VIIème siècle avant l’ère chrétienne. Cité autonome de Maurétanie, la ville fera partie du royaume de Juba II, avant son annexion par Rome vers l’an 40.

1 - On trouvera le texte du rapport rédigé par L. Arifi et H. Petitot en infra, p. 86

— 81 —

Elle devient ensuite un municipe romain sous le nom latinisé d’Icosium (fig. 2). En 75, elle reçoit le droit latin de l’empereur Vespasien. De nombreux objets et des textes

Fig.2 Alger extension supposée de la ville antique

épigraphiques attestent de la présence romaine dans les alentours, mais les renseignements relatifs à la ville antique sont encore très lacunaires. Après la chute de l’empire romain, Alger subit les bouleversements liés aux invasions vandales (429534). Signalons que la ville a alors été pendant un bref laps de temps le siège d’un évêché. Au VIIème s., à l’aube de l’Islam, s’installe sur le site la tribu des Beni Mezrenna. Au cours du Xème s. la ville est refondée et va connaître un développement particulier à partir du XVIème s. sous la domination ottomane (fig.3).

- d’une part, à l’îlot Lallahoum (1995–1996) des habitations médiévales comportant citernes, puits, silos et dépotoirs, surmontées de fondations d’immeubles de la période coloniale. - d’autre part, à l’extrême nord de la place de la Régence (1996-1997), un habitat antique avec sols mosaïqués (fig.4) ainsi qu’un habitat médiéval. Les niveaux archéologiques ont été mis en évidence à 0,50 m de profondeur, la puissance stratigraphique atteignant 0,60 m d’épaisseur en moyenne. On remarque la présence de structures plus profondes : puits et citernes. Les vestiges romains sont situés à l’intérieur de la cité antique d’Icosium.

Les antécédents archéologiques

Le potentiel archéologique

Deux opérations archéologiques, d’ampleur limitée en périphérie de la zone, ont été réalisées entre 1995 et 1997 par L. Arifi et K. Meddad de l’Agence Nationale d’Archéologie. Elles ont permis de mettre au jour des vestiges d’époques différentes :

Il est indubitable que nous nous trouvons à l’emplacement d’un quartier de la ville antique, recouvert par les constructions d’époque ottomane. Un examen succinct des plans nous informe de la reconstruction de bâtiments au début de l ‘époque coloniale.

— 82 —

Actes de l’atelier Euro-Maghrébin Patrimoine et aménagement du territoire : l’ archéologie préventive

Fig.3 Alger vers 1830

— 83 —

Fig.4 mosaïque romaine découverte Place de la Régence à Alger

L’arasement de ces constructions et l’utilisation postérieure durant plusieurs décennies comme espace public ouvert nous laisse espérer un état de conservation remarquable des vestiges sousjacents. La visite des architectures mises au jour lors des sondages réalisés en 1996-1997 nous le confirme. A ce jour, aucun sondage profond n’a été réalisé : il est possible que subsiste, sous les niveaux romains, la ville punique. Le projet d’évaluation Le projet d’évaluation qui nous est soumis porte sur la partie de la zone non encore explorée où la présence de vestiges archéologiques est certaine. Deux secteurs distincts sont concernés : l’Ilot Lalahoum (fig. 5) et la Place de la Régence (fig.6). L’opération a pour objectif de dresser un état des lieux en effectuant un minimum de sondages avant de lancer d’éventuelles fouilles. L’évaluation se propose de retrouver la trame du tissu urbain antique et de comprendre sa mutation durant l’époque médiévale. Par ailleurs quelques sondages profonds doivent permettre de vérifier l’existence d’une occupation antérieure à l’époque romaine. Pour une vision correcte de la répartition des vestiges archéologiques en plan, le terrain, d’une superficie estimée à 4775 m2, est sondé à environ 7 %, avec l’aide d’engins mécaniques. Dans la

Fig.5 Alger –Ilot Lalahoum

mesure où la station d’autobus située sur la place de la Régence ne peut être neutralisée, l’opération est divisée en trois tranches successives sur le terrain. Ce phasage en autorise la poursuite de l’activité durant les travaux archéologiques. La mise en œuvre est réalisée par une équipe « mixte » ANAPSMH et INRAP. Ce dispositif doit permettre un transfert de savoir-faire entre les partenaires. Les volumes mobilisés sont respectivement de 220 « journées x hommes » sur le terrain, de 60 jxh pour le traitement primaire des mobiliers archéologiques et de 100 jxh pour l’analyse des données et la rédaction d’un rapport préliminaire.

— 84 —

Actes de l’atelier Euro-Maghrébin Patrimoine et aménagement du territoire : l’ archéologie préventive

- 380 jxh pour le terrain, - 60 jxh pour le traitement primaire du mobilier, - 190 jxh pour l’analyse et le rapport.

Fig.6 Alger – Place de la Régence

Si l’on souhaite privilégier une approche globale et représentative du secteur, il est indispensable d’envisager la réalisation de 15 à 20 sondages profonds, jusqu’au substrat naturel. Ils seront complétés par des tranchées superficielles, offrant une vision plus large bien que superficielle, dont la longueur cumulée sera comprise entre 100 et 150 m. Les terrassements mécaniques devront être portés à 25 journées d’engin. Le délai d’intervention sur le terrain passera en conséquence de 2 à 3 mois. Enfin, il nous paraît nécessaire de procéder à une étude documentaire préalable qui permette de recenser les documents écrits et les plans susceptibles d’intéresser la zone à étudier.

Discussion sur le volume du Projet L’économie du projet nous paraît globalement correspondre aux contraintes pour l’évaluation des vestiges archéologiques dans un contexte urbain stratifié, si la surface du terrain à diagnostiquer est bien de 4775 m2. L’objectif d’une reconnaissance à 7 % de la surface est peutêtre ambitieux, compte tenu de la complexité des niveaux archéologiques. L’atteindre n’est, à notre avis, pas indispensable : la réalisation de sondages jusqu’au substrat, selon un maillage ad hoc, afin d’obtenir une vision chronologique globale, alliée à celle de tranchées superficielles, représentant environ 3 % de la surface globale, de façon à recaler la trame urbanistique, doit suffire pour répondre au cahier des charges. Il nous semble cependant nécessaire d’augmenter les temps de terrassement mécanique du fait de la complexité attendue des couches archéologiques et de la profondeur des sondages. Cependant, l’examen des plans inclus dans le projet d’évaluation nous amènerait à une estimation de 8 700 m2 de terrain à diagnostiquer, au lieu des 4775 m2 initialement prévus : la différence peut très bien s’expliquer par l’écart entre la surface bâtie et celle « impactée » par les travaux connexes (V.R.D.) également destructeurs pour le patrimoine. Si nous retenons cette dernière hypothèse, nous préconisons de remonter les moyens humains d’environ 65 %, soit à hauteur de :

Recommandations L’intégration par les autorités algériennes de la dimension historique et patrimoniale dans l’aménagement urbanistique moderne du centre d’Alger doit être emblématique de l’ancrage de la modernité et du développement dans les racines du peuple algérien. Le projet se situe dans un quartier inscrit au Patrimoine mondial de l’Humanité où les traces de plus de 2000 ans de vie sont accumulées dans le sous-sol. La réalisation d’une évaluation archéologique, telle que définie ci-dessus, doit permettre d’appréhender l’état de conservation, la chronologie et le potentiel archéologique des vestiges enfouis. Ses résultats pourront aider aux choix pour la préservation du patrimoine, son intégration dans les projets d’aménagement actuels et sa présentation au public. Il nous paraît indispensable que ce diagnostic soit tout d’abord réalisé et qu’ensuite il puisse déboucher sur la restitution du patrimoine à la population, que ce soit par une conservation in situ aussi bien que par une sauvegarde des informations archéologiques par la fouille et l’étude des vestiges.

— 85 —

Actes de l’atelier Euro-Maghrébin Patrimoine et aménagement du territoire : l’ archéologie préventive

— 86 —

Projet d’évaluation archéologique : Ilôt Lallahoum (Icosium)

Lyes Arifi et Hervé Petitot Chargé de mission, ANAPMH Adjoint Scientifique et Technique, INRAP Méditerranée

1. Présentation générale Sur la commune de Oued Khoriche (basse Casbah), wilaya d’Alger, un important projet urbain comprenant entre autres des constructions à 5 étages est prévu à l’ilot Lalahoum et à la place de la Régence sur une emprise totale de 4775 m2. Deux opérations archéologiques réalisées par L. Arifi et K. Meddad de l’Agence Nationale d’Archéologie ont mis en évidence des vestiges d’époques différentes. Ainsi, d’une part, à l’ilot Lalahoum (1995–1996) des habitations médiévales avec plusieurs citernes des puits, des silos des dépotoirs ; des fondations d’immeubles de la période coloniale et d’autre part, à l’extrême nord de la place de la Régence, un habitat antique avec sols mosaïqués et également de l’habitat médiéval ont été mis en évidence à 0,50 m de profondeur. La puissance stratigraphique atteignait 0,60 m d’épaisseur en moyenne. Certaines structures en creux dépassaient plusieurs mètres de profondeur ; notamment les puits et les citernes.

à l’intérieur de la cité d’Icosium. Il s’agit des premiers aménagements étudiés de manière exhaustive et scientifique. L’évaluation devra tenter de retrouver la trame du tissu urbain antique et de comprendre sa mutation durant l’époque médiévale. Par ailleurs quelques sondages profonds devront vérifier l’existence d’une occupation antérieure à l’époque romaine. 3. Méthode Réalisation de tranchées à l’aide d’une pelle mécanique, 16 ou 20 tonnes sur pneus munie d’un godet plat (de curage) de 1,60 – 2 m de largeur. Les terres seront stockées en cordon le long des tranchées. Fouille manuelle et relevé précis des vestiges mis au jour. Enregistrement des données sur fiches standardisées.

2. Problématique

Pour une vision correcte de la répartition des vestiges archéologiques en plan, le terrain sera sondé à environ 7 %.

Ce projet d’évaluation porte sur la poursuite de la zone non explorée où la présence de vestiges archéologiques est plus que certaine. Il a pour objectif de dresser un état des lieux en effectuant un minimum de sondages avant de lancer d’éventuelles fouilles. Les vestiges de l’habitat romains sont situés

La réalisation de cette évaluation en une seule tranche paraît difficile, car elle entraînerait la nécessité de déplacer la station d’autobus située sur la place de la Régence. Ce qui pour l’instant n’a pas été prévu. Pour pallier à ce problème, l’opération peut être divisée en trois tranches (1 à 3).

— 87 —

Tranche 1 : ilot Lalahoum (1200 m2, environ 85 m2 à sonder) Tranche 2 : partie nord de la place de la Régence (1375 m2, environ 100 m2 à sonder) Tranche 3 : partie sud de la place de la Régence (2200 m2, environ 150 m2 à sonder) 4. Effectif à mettre en œuvre - Phase terrain Tranche 1 : 4 archéologues pendant 2 semaines (2 encadrants, 2 techniciens) ; 1 intervention topographie Tranche 2 : 6 archéologues pendant 3 semaines (2 encadrants, 4 techniciens) ; 1 intervention topographie Tranche 3 : 4 archéologues pendant 3 semaines (2 encadrants, 4 techniciens) ; 1 intervention topographie Lavage et conditionnement du matériel : 4 techniciens pendant 3 semaines

- Phase post-fouille Etude et dessin du mobilier : 1 céramologue pendant 1 mois Traitement et mise au propre des données de fouilles : 3 archéologues pendant 2 semaines (1,5 mois homme) Réalisation du rapport : 2 archéologues pendant 3 semaines (1,5 mois homme) Infographie, mise en forme du rapport, duplication : 1 dessinateur infographe pendant 1 mois (1 mois homme) 5. Délais d’intervention Phase terrain : 2 mois Phase post-fouille : 1,5 mois 6. Observations particulières et contraintes techniques Dates d’intervention à définir Moyen particulier (cf. annexe 1) Zone d’intervention à limiter en fonction des contraintes de sécurité (recul à respecter par rapport aux façades des immeubles) Détournement ou désactivation des réseaux existants (eau, électricité, gaz...).

Annexe 1 Matériel particulier 1 appareil photo numérique 1 lunette de chantier 2 appareils photographiques 2 ordinateurs portables (enregistrement direct sur base de donnée standardisée) 1 véhicule de service (transfert quotidien du mobilier en lieu sûr) Prévoir frais de fonctionnement pour des pellicules, sacs de conditionnement, étiquettes imputrescibles, matériel bureautique, petit matériel.... Moyen particulier Départ de l’opération par la tranche 1. Clôture légère à mettre en place pour chaque tranche. Gardiennage du chantier à assurer hors horaires de fouilles Locaux de chantier à mettre en place ( durant la phase terrain avec branchement eau et électricité Prévoir locaux pour étude, traitement et stockage du mobilier

— 88 —

Actes de l’atelier Euro-Maghrébin Patrimoine et aménagement du territoire : l’ archéologie préventive

— 89 —

Annexe 4 : proposition d’intervention ilot Lallahoum Alger

— 90 —

Actes de l’atelier Euro-Maghrébin Patrimoine et aménagement du territoire : l’ archéologie préventive

Annexe 5 : poster présenté lors du colloque d’Alger - maquette F. Robin

— 91 —

Rapport final et L’atelier de travail Euro-Maghrébin consacré au thème du «Patrimoine et de l’aménagement du territoire : l’archéologie préventive», a été organisé du 26 au 30 novembre 2004 à Alger, au Palais de la Culture (Algérie). Il est le résultat d’une étroite coopération entre l’UNESCO et les Ministères de la Culture d’Algérie, de France, avec le concours scientifique de l’Institut National de Recherches Archéologiques Préventives (INRAP), du Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), de l’Université Paul Valéry Montpellier III de France, et de l’Agence Nationale d’Archéologie et de Protection des Sites et des Monuments Historiques d’Algérie (ANAPSMH). Les participants à cette première rencontre se sont réunis durant trois journées au sein de trois ateliers pour débattre de cinq thèmes principaux dont vous trouverez ci-après les rapports et recommandations.

— 92 —

recommandations ATELIER A Organisation, législation et financement de l’archéologie préventive Modérateurs : Jean-Pierre Giraud, Directeur scientifique et technique de l’INRAP, France Bernard Randoin, Bureau de l’archéologie préventive et de la méthodologie (SDA) du Ministère de la Culture et de la Communication, France Rapporteurs : Xavier Delestre, Conservateur régional de l’archéologie de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur et Corse, France Mohamed El Moctar Ould Mohamed, Directeur adjoint de l’Habitat et de l’Urbanisme, Mauritanie Fatima Zohra Soufi Mataoui, Chef de service de la mise en valeur du patrimoine, ANAPSMH, Algérie François Souq, Directeur interrégional Méditerranée de l’INRAP, France

Les participants s’accordent pour reconnaître le caractère d’intérêt public de la protection du patrimoine archéologique qui représente une part importante du patrimoine national ou international. Ce patrimoine est composé aussi bien de monuments prestigieux que des traces les plus modestes de l’occupation humaine. Les pouvoirs publics sont les garants de la conciliation et de l’articulation des impératifs de l’aménagement et du développement économique et social et de sa sauvegarde. L’archéologie préventive, en ce qu’elle s’attache à anticiper l’impact archéologique des aménagements, paraît l’outil le plus adapté pour atteindre cet objectif. Partant de ce constat, les préconisations de cet atelier sont : Dans le domaine législatif : 1. L’ élaboration et l’adoption d’une charte commune aux pays du Maghreb précisant les principes généraux de la prise en charge du patrimoine archéologique ; 2. La mise à jour, par complément ou création, des dispositifs législatifs nationaux organisant la consultation des services archéologiques lors de l’élaboration des projets d’aménagement comme c’est déjà le cas pour les aspects touchant à l’environnement.

— 93 —

Dans le domaine de l’organisation : 1. Mettre en place des mécanismes d’échange des expériences et des pratiques entre les pays du Maghreb et leurs partenaires ; 2. Se doter des outils permettant de dresser l’inventaire du patrimoine archéologique pouvant être communiqué aux chercheurs et aux services ou organismes chargés de l’aménagement du territoire ; 3. Veiller à l’adéquation de l’organisation des services chargés du patrimoine archéologique, et des moyens qui leurs sont affectés, avec les missions qui leurs sont confiées. Dans le domaine du financement : 1. Prévoir un soutien financier à la recherche archéologique par les pouvoirs publics ; 2. Prendre les dispositions utiles pour que, lors des travaux d’aménagement publics ou privés, soit prévue la prise en charge du coût de toute opération archéologique liée à ces travaux ; 3. Explorer les diverses possibilités de financement par le biais d’aides nationales et internationales, partenariats, mécénat...

Les participants formulent le vœu que ces échanges fructueux puissent se poursuivre et se développer au travers de rencontres, d’échanges et la constitution d’un réseau d’experts entre les pays du Maghreb et leurs partenaires.

— 94 —

Actes de l’atelier Euro-Maghrébin Patrimoine et aménagement du territoire : l’ archéologie préventive

ATELIER B Outils et supports de gestion du patrimoine archéologique / Stratégies d’intervention Modérateurs : Xavier Gutherz, Professeur, Université Paul Valéry Montpellier III, France Joan Lopez, Professeur Université de Lleida, Espagne Rapporteurs : Bruno Bizot, Ingénieur de la direction régionale des affaires culturelles Provence-Alpes-Côte d’Azur et Corse, France Farid Ighilahriz, Directeur de l’Office du parc national de l’Ahaggar, Algérie Mustapha Khanoussi, Directeur de la Division de la sauvegarde des monuments et des sites de l’Institut National du Patrimoine, Tunisie Stephan Schmid, Professeur, Université Paul Valéry Montpellier III, France

Outils et supports de gestion du patrimoine archéologique Les nombreux échanges sur ce thème ont démontré que la carte archéologique est un support reconnu de tous. Les techniques classiques de reconnaissance et de prospection restent fondamentales, mais doivent être complétées par des techniques d’investigation plus poussées : toponymie, images aériennes et satellites, géomorphologie et autres sciences de la terre et enfin sondages archéologiques ponctuels. On a par ailleurs constaté une mauvaise articulation entre carte archéologique et gestion du territoire. D’autre part, il y a souvent une appropriation des informations par les chercheurs aux dépens de la carte archéologique nationale qui ne bénéficie pas des données recueillies par ces derniers. La carte archéologique est également un outil de recherche. Il convient donc d’adopter une terminologie systématique pour sa réalisation. La carte archéologique s’avère également un premier moyen de planification avec les aménageurs. Les informations qu’elle contient doivent aussi être diffusées, sous certaines conditions, aux collectivités territoriales et locales. Stratégies d’intervention Émergée récemment en Europe et après de nombreux tâtonnements, la prévention du risque archéologique est peu, voire pas intégrée chez les aménageurs maghrébins.

— 95 —

Différentes interventions dans l’atelier ont montré que l’archéologie préventive doit se dérouler selon un dispositif bien établi : 1. Diagnostic archéologique comprenant des études documentaires préalables, des prospections, des études géo-archéologiques et des sondages visant à caractériser le site dans un cadre chronologique et culturel et en déterminer l’étendue et la teneur stratigraphique ; 2. Evaluation de l’adéquation du projet à l’origine du diagnostic avec les résultats obtenus et prise de décision soit de conservation du site, de modification du projet ou de fouilles archéologiques ; 3. L’ autorité scientifique et administrative décide de la réalisation ou non de fouilles archéologiques. Les opérations de fouilles sont mises en œuvre en concertation avec l’aménageur qui assure le financement de l’opération. Il a été constaté que les pays du Maghreb disposent de personnels ayant des compétences avérées en matière de gestion et d’étude du patrimoine archéologique mais les effectifs et les qualifications sont actuellement nettement insuffisants pour permettre la mise en place de la chaîne opératoire de l’archéologie préventive. La gestion des données est un élément fondamental de la pratique de l’archéologie préventive. Les méthodes et outils permettant de systématiser l’enregistrement s’avèrent indispensables. Etablissant un référentiel descriptif, ils doivent intégrer dans une même chaîne documentaire la diversité des données recueillies : stratigraphie, structures, mobilier et prélèvements. On a pu souligner la qualité des méthodes de fouilles mises en œuvre dans les pays du Maghreb tout en déplorant que l’insuffisance de personnels qualifiés et de spécialistes empêche le développement des approches pluridisciplinaires. Les centres urbains historiques du Maghreb font l’objet actuellement d’importants programmes de réhabilitation, mais la dimension archéologique est trop souvent ignorée par les opérateurs. Il apparaît que l’archéologue doit être placé au cœur des procédures amenant à la mise en place de ces programmes. Il ressort enfin que la conservation in situ des vestiges exhumés lors des fouilles d’archéologie préventive ne peut être systématique. Recommandations 1. La carte archéologique est un outil de gestion du patrimoine. Par conséquent, il est recommandé que chaque pays se dote de cet instrument et procède à sa mise à jour régulière. 2. La carte archéologique ne doit pas être la propriété scientifique d’un chercheur. Toute opération d’inventaire doit être suivie d’un rapport communiqué aux services compétents du patrimoine. 3. Le renforcement ou la mise en œuvre rapide de moyens juridiques et techniques afin de réaliser efficacement des diagnostics archéologiques dans le cadre de l’instruction des dossiers d’aménagement du sol. 4. Il y a un métier d’archéologue de terrain formé aux techniques de l’archéologie préventive à développer au Maghreb.

— 96 —

Actes de l’atelier Euro-Maghrébin Patrimoine et aménagement du territoire : l’ archéologie préventive

ATELIER C Coopération, formation et diffusion des connaissances Modérateurs : David Lefevre, Professeur, Université Paul Valéry Montpellier III, France Rapporteurs : Thierry Janin, Chargé de recherche au CNRS, France Ahmed Siraj, Professeur, Université Hassan II Mohammadia, Maroc

Cet atelier, consacré au thème Coopération, formation et diffusion des connaissances, a réuni 20 participants représentant tous les pays et organismes invités. Les présentations et les discussions ont abouti aux recommandations et propositions suivantes : 1. L’archéologie préventive supposant la mobilisation de compétences et de savoir-faire particuliers, l’atelier recommande la mise en commun et la capitalisation des expériences nationales, dans une démarche partenariale. 2. Dans cette perspective, il est proposé que les pays partenaires, avec le concours de l’UNESCO et l’implication des tutelles nationales, veillent à mettre en place des dispositifs de formation continue à l’attention des acteurs nationaux en charge des opérations d’archéologie préventive : stages, écoles, séminaires, universités d’été... Concernant ces dernières, l’atelier propose qu’elles soient itinérantes et qu’elles intègrent systématiquement une dimension opérationnelle dans la localisation de leurs sessions. 3. L’atelier recommande que les tutelles en charge de la formation initiale prennent en compte l’archéologie préventive dans les parcours de formation, dans une logique transdisciplinaire et professionnalisante de niveau licence et master. A ce stade, l’Université Paul Valery Montpellier III manifeste sa disponibilité à accueillir des étudiants des pays partenaires dans le cadre du master professionnalisant créé en 2004 : « Archéologie méditerranéenne : archéologie préventive ». 4. L’atelier propose que l’UNESCO prenne l’initiative, en s’appuyant sur la volonté des pays partenaires et la ressource des réseaux de recherche, et en recourant « aux nouvelles technologies de l’information et de la communication » (NTIC), de faciliter la mise en commun de l’information, de la documentation et des nouveaux outils de travail indispensables à la mise en œuvre et au bon déroulement d’opérations d’archéologie préventive. 5. Enfin, l’atelier suggère que soit créée par l’UNESCO une chaire maghrébine d’archéologie dédiée à l’archéologie préventive.

— 97 —

Allocutions Mounira Baccar

Spécialiste du Programme Division du Patrimoine Culturel, UNESCO

Q

u’il me soit permis d’exprimer ma joie d’avoir été accueillie parmi vous, grâce au soutien et aux efforts conjoints de l’UNESCO, des ministères de la Culture d’Algérie et de France, de l’Ambassade de France et de l’INRAP. C’est un honneur d’avoir pu coordonner cet atelier de travail sur le plan international, avec la coopération sans faille de ces éminentes institutions. J’espère que tous les participants tireront un enrichissement des activités mises en place par le comité national et le comité international d’organisation. A ce titre, je tiens à remercier vivement Madame Khalida Toumi pour sa disponibilité et son accueil au Palais des Annassers. J’adresse également mes chaleureux remerciements à Madame Zéhira Yahi, et à Monsieur Hassan Hamidouche, pour leur disponibilité et leur soutien sans faille. J’exprime ma reconnaissance à Monsieur Betrouni et à son équipe pour leurs amicales et constantes attentions et pour le souci qu’ils ont manifesté de satisfaire au mieux les attentes des participants. Je souhaite exprimer ma gratitude à Monsieur Hubert Colin de Verdière et à Monsieur Michel Pierre pour leur soutien discret et essentiel. Je souhaite également dire ma reconnaissance envers Messieurs JeanPaul Demoule, Jean-Pierre Giraud, François Souq et Mahfoud Ferroukhi, dont la volonté a initié la tenue de cet atelier.

— 98 —

Au lendemain de la seconde guerre mondiale, conscients «qu’une paix fondée sur les seuls accords économiques et politiques des gouvernements ne saurait entraîner l’adhésion unanime, durable et sincère des peuples», les États fondateurs de l’UNESCO affirmèrent que la «paix doit être établie sur le fondement de la solidarité intellectuelle et morale de l’humanité». Ainsi, l’article 1er de l’acte constitutif de l’organisation assignait-il à l’institution la mission de veiller «à la conservation et protection du patrimoine universel». La promotion de l’archéologie, sous toutes ses formes, est fondamentale pour parvenir à la réaliser. Pour ce faire, l’UNESCO a, outre les activités opérationnelles, inspiré, promu et adopté un arsenal de normes internationales visant à protéger les œuvres culturelles des conséquences de conflits mais aussi de mutations démographiques, climatiques ou sociales, susceptibles de nuire à la diversité culturelle et au patrimoine de l’humanité. C’est ainsi que, faisant de l’archéologie préventive avant l’heure, l’UNESCO émettait dès 1968 une recommandation concernant la préservation des biens culturels mis en péril par les travaux publics ou privés, dont je tiens des exemplaires à votre disposition et que vous retrouverez aux côtés des instruments normatifs de l’UNESCO sur notre site, accessible à l’adresse www. UNESCO.org. Depuis plusieurs décennies se manifeste dans les pays du Maghreb le besoin de réaliser des travaux d’infrastructure destinés à faire face à un besoin d’urbanisation, de développement des réseaux de transport et de gestion des ressources naturelles, liés à l’accroissement démographique

de clôture et à l’essor économique. Les chantiers à venir sont prometteurs et voués à bouleverser des régions entières. La construction de barrages, d’autoroutes, de carrières ou l’extension des zones urbaines feront apparaître des vestiges archéologiques. Les aménageurs se trouvent nécessairement confrontés à la question de la sauvegarde du patrimoine enfoui. Une nouvelle problématique est alors apparue : comment concilier l’aménagement intensif du territoire et son urbanisation avec les exigences de la conservation du patrimoine, particulièrement au Maghreb ? Outre les normes internationales, l’organisation a pour fondement une vocation à transmettre et à faire circuler le savoir. L’archéologie préventive apparaissant comme une discipline nouvelle et essentielle de la politique de préservation du patrimoine, il nous a semblé naturel de participer à sa promotion. Cette dernière constitue la réponse qui a été inventée pour concilier deux logiques auparavant radicalement opposées : celle du développement économique et celle de la conservation du patrimoine. L’archéologie préventive concilie donc plus précisément entre trois exigences nécessaires à la société : la recherche scientifique, l’aménagement du territoire et la préservation de notre passé. Ce compromis est d’autant plus délicat que, à l’instar de la plupart des pays européens, c’est à l’aménageur de payer le coût de la fouille, selon le principe du pollueur-payeur. Le programme des travaux en perspective est vaste et nous espérons qu’il vous a invités à réfléchir sur le rôle, les besoins et la valorisation de l’archéologie face à l’aménagement du territoire. La mise en parallèle des expériences en archéologie de sauvetage et des pratiques de terrain continuera de nourrir le dialogue, qui ne manquera pas d’apporter des pistes nouvelles en vue d’aboutir à une collaboration plus étroite entre les centres d’archéologie et de recherche. La collaboration entre toutes ces institutions est

pour nous le signe du succès de l’idéal de solidarité intellectuelle que véhicule l’UNESCO. Après une communication sur les pratiques respectives de l’Algérie, du Maroc, de la Mauritanie et de la Tunisie, nous avons étudié et discuté les aspects institutionnels et techniques, sans sacrifier l’impact de la formation. Pour relier les travaux, des communications et exposés ont eu lieu, ainsi que la projection de films et de diaporamas. Certains parmi vous ont pu visiter le quartier Lalahoum, situé dans la Casbah, mais aussi les musées du Bardo et des Arts et traditions populaires et je souhaite en votre nom à tous, exprimer aux conservateurs de ces hauts lieux mes remerciements pour avoir bien voulu mettre à notre disposition leurs collections prestigieuses. J’espère que de nos travaux ressortiront des perspectives renouvelées de travail et que les méthodes et pratiques sur lesquelles nous sommes amenés à nous interroger évolueront dans un sens profitable aux aménageurs, aux archéologues, et à la mise en valeur de notre patrimoine culturel commun. L’UNESCO, conformément à sa mission, a catalysé en amont les énergies pour aider les autorités algériennes et françaises, que je remercie à nouveau pour leur excellente coopération, à travers les composantes des ministères de la Culture respectifs (dont l’INRAP et le CNRS). L’UNESCO continuera à agir également en aval, en donnant un large écho aux actes de cette manifestation, et aux recommandations qui ont émanées de vos travaux, dont la lecture, pour approbation, va être faite à présent par les rapporteurs. Celle-ci constituera certes le premier chapitre d’une enrichissante série de rencontres en faveur d’une meilleure prise en compte du patrimoine archéologique dans la région. Pour conclure et au nom de l’UNESCO, je voudrai vous remercier, toutes et tous pour votre participation active à ces ateliers de travail. Je vous remercie de votre attention.

— 99 —

Hassan Hamadache Secrétaire général du Ministère de la Culture

République Algérienne Démocratique et Populaire

N

ous voilà arrivés au terme des travaux de cet éminent atelier maghrébin qui a réuni, trois jours durant, des professionnels et partenaires maghrébins, arabes et européens, autour d’un thème d’importance, à savoir l’archéologie préventive au Maghreb. Au-delà des résultats escomptés – et sur ce plan nous ne pouvons que nous réjouir du niveau et de la qualité des intervenants et des échos qui nous parviennent sur la réussite de cette rencontre – ces journées du savoir et du savoir-faire sont une occasion et une opportunité pour mettre en réseau les compétences, pour créer un espace de partage et d’approfondissement de la connaissance et pour créer une synergie dans un domaine aussi prestigieux que celui du patrimoine archéologique. Les recommandations issues de cet atelier expriment à elles seules la préoccupation de mettre en commun, de partager des expériences pour réaliser des projets de grande portée et de grande incidence aux échelles locale et régionale. C’est grâce à la volonté, aux efforts et au savoir-faire des experts de nos différents pays, ici présents, et sous l’égide de l’honorable organisation de l’UNESCO, que les travaux de cet atelier ont été d’un réel apport dans le débat autour du thème dont il s’agit. Un succès et une réussite remportés et mérités par tous ceux qui ont contribué à cet atelier, depuis son ébauche jusqu’à sa

— 100 —

clôture, à travers des contacts soutenus entre la Direction du patrimoine culturel, l’UNESCO, l’Agence Nationale d’Archéologie et l’Institut français INRAP. Nous tenons à les en remercier et à les féliciter pour avoir accompli la totalité du processus qui a mené à bon port cette étape de ce grand projet, avec professionnalisme, sérieux et convivialité. Les responsables et experts de l’INRAP, du Ministère français de la Culture et de la Communication, du CNRS et de l’Université française, ont eu l’occasion, à travers l’animation des trois principaux ateliers, d’exposer l’intéressante expérience française dans le domaine de la prévention des risques de destruction du patrimoine archéologique. Les thèmes développés comme ceux relatifs à la législation et le mode de financement, les outils de gestion, les stratégies d’intervention mais aussi et surtout la coopération, la formation et la diffusion des connaissances, sont autant de projets de coopération et d’échanges entre nos pays qu’il s’agira d’initier et de mener à terme. Nous remercions sincèrement nos amis français, italiens et catalans pour leur précieuse contribution et souhaitons garder ce rythme de croisière avec eux pour réaliser ensemble des projets d’intérêt commun. Les échanges de points de vue, les confrontations entre les politiques et stratégies de gestion du patrimoine archéologique des différents pays maghrébins présents aux ateliers ont permis de situer la problématique de la gestion du patrimoine archéologique au Maghreb et d’entrevoir les éventuelles formes d’adaptation des principes de la planification préventive à la réalité maghrébine.

La qualité et le niveau des intervenants maghrébins à cet atelier dénote, à notre sens, l’intérêt que nos pays respectifs portent à la chose du patrimoine et tout particulièrement le patrimoine archéologique. Nous remercions nos frères maghrébins pour leur riche contribution à cet atelier. Je remercie Monsieur Zaki Aslan de l’ICCROM qui a bien voulu représenter cette honorable organisation intergouvernementale et contribuer avec nous à étudier et analyser ce concept de l’archéologie préventive et les possibilités de son application en terre maghrébine. Les professionnels et responsables des secteurs du patrimoine culturel, de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, de l’énergie et des mines dont la prestigieuse entreprise Sonatrach, de l’aménagement du territoire, des Ministères des travaux publics, de l’habitat et de l’urbanisme, de l’intérieur et des collectivités locales, les services déconcentrés de l’État, les élus locaux qui ont participé à cette rencontre ont pu apprécier et évaluer l’importance de cette question de l’archéologie préventive et de la nécessaire collaboration et mise en phase de tous les partenaires pour protéger le patrimoine archéologique dans le cadre de stratégies d’intervention cohérentes. Nous les remercions pour leur efficace contribution à cet atelier.

Cet atelier a été inscrit sous l’égide de l’UNESCO pour lui donner une plus grande portée régionale et pour réaffirmer la disponibilité de notre pays à contribuer efficacement dans le cadre des conventions de l’UNESCO relatives à la protection et à la sauvegarde du patrimoine culturel matériel et immatériel. Nous remercions pour cela Monsieur Mounir Bouchenaki, sous-directeur général pour la Culture à l’UNESCO et Madame Mounira Baccar, spécialiste du programme à l’UNESCO qui ont porté avec nous ce projet et ont contribué à sa réussite. Nous remercions enfin tous les cadres et fonctionnaires du Ministère de la Culture qui ont permis la réussite de cette grande manifestation scientifique. Néanmoins, il y a lieu de déplorer l’absence excusée de la représentante libanaise qui n’a pas pu nous rejoindre. Nous lui promettant qu’aux prochaines rencontres, nous veillerons à ce que sa participation soit effective. Nous avons, sans doute, oublié de remercier quelquesuns parmi vous, qu’ils nous en excusent. Il ne nous reste qu’à déclarer, en votre nom à tous, la clôture de cet atelier, avec l’espoir déclaré de vous revoir dans d’autres rencontres sur le patrimoine culturel. Je vous remercie.

— 101 —

Actes de l’atelier Euro-Maghrébin Patrimoine et aménagement du territoire : l’ archéologie préventive

Liste complète des participants et invités

Algérie Participants

Madame F.K. BENAKLOUCHE Attachée de recherches Musée de Cherchell Tél. : +213 (0)24 43 91 84

Monsieur Moulaï ACHOUR Officier de Police - Représentant de la Direction Générale de la Sûreté Nationale

Monsieur Mohamed Salah BENHADDAD Sous-directeur des moyens généraux Ministère de la Culture Palais de la Culture Plateau des Anassers KOUBA, ALGER

Madame Aïcha AMAMRA Directrice et conservateur en chef Musée national des arts et traditions populaires 9, rue Mohamed Akli Malek Basse Casbah ALGER Tél. :+213 (0)21 71 34 14 / 213 (0)21 71 69 08

Monsieur Ahmed BENMEBAREK Cadre- SONATRACH Tèl : +213 (0)24.81.90.67 Fax : +213 (0)24.81.74.29

Monsieur Abdelaziz AREZKI Ingénieur géologue spécialiste SONATRACH – Division exploration Tél. : +213 (0)24 81 91 70

Monsieur BENSALAH Ahmed Archéologue – Institut d’archéologie d’Alger

Monsieur Lyès ARIFI Attaché de conservation Agence nationale d’archéologie et de protection des sites et monuments historiques (ANAPSMH) 2, place Ben Badis, ALGER Monsieur Brahim BABASSA Attaché de conservation et de valorisation Office de protection et de promotion de la vallée du M’zab (OPVM) BP 06 Beni-isguen 47131 GHARDAIA Tél. : +213 9 88 44 54 Fax. : +213 9 88 25 48 [email protected] Monsieur BEKHOUCHE Zoheir Chef de circonscription archéologique de Batna Agence nationale d’archéologie et de protection des sites et monuments historiques (ANAPSMH) Monsieur Ahmed BELLAI Représentant du ministère de l’agriculture et du développement ALGER Tél. : +213 (0)21 74 98 38

Madame BESSALEM Chafia Cadre – Direction HSE – SONATRACH +213 (0)21.54.70.00 Fax : +213 (0)21.54.62.44 Monsieur Mourad BETROUNI Directeur du patrimoine culturel Ministère de la Culture Palais de la Culture Plateau des Annassers KOUBA, ALGER Tél. : +213 (0)21 29 39 24 [email protected] Madame Houria BOUASLA Direction des infrastructures maritimes Ministère des travaux publics BEN AKNOUN – ALGER Tél. : +213 (0)21 91 17 27 Monsieur Abelmadjid BOUKACEM Directeur du centre des arts et de la culture Palais des Rais « Bastion 23 » 23, boulevard Ammara Rachid B-E-O ALGER Tél. : +213 (0)21 73 16 45 Fax : +213 (0)21 73 45 78

— 103 —

Madame Bey BOUMEZRAG Chef de service relations extérieures Agence nationale d’archéologie et de protection des sites et monuments historiques (ANAPSMH) 2, place Ben Badis ALGER Tél. : +213 (0)21 71 04 07 Monsieur BOUTABENE Mohamed Directeur de culture de Sétif Tél. : +213 (0) 75.35.22.87

Monsieur Mohamed HOCINE Maître assistant, département d’architecture Université de Blida Route de Soumâa BP 270 09000 BLIDA Tél. : +213 (0)70 95 37 14 [email protected]

Monsieur Fodil CHÉRIF Ingénieur Environnement SONATRACH Tél. : +213 (0)24 81 90 Madame Kaltoum Kitouni DAHO Directrice - Musée national CIRTA CONSTANTINE Tél. : +213 (0)31 92 38 95 Fax : +213 (0)31 92 33 19 [email protected]

Monsieur Farid IGHILAHRIZ Directeur de l’Office du parc national de l’Ahaggar BP 242 11000 TAMANRASSET Tél. : +213 (0)29 34 38 64 Fax : +213 (0)29 34 41 20 [email protected]

Monsieur Hafid DEHAMCHI Musée national du Bardo Tél. : +213 (0)21 74 76 41 Monsieur Hocine DJERMOUNE Chef de la circonscription archéologique de Bejaia Musée Bordj Moussa Agence nationale d’archéologie et de protection des sites et monuments historiques (ANAPSMH) 06000 BEJAIA Tél. : +213 (0)34 22 14 81 [email protected]

Monsieur Farid FETTOUCHE Chef de Service Patrimoine Direction de la culture d’Alger Monsieur Tarek HAMOUDA Lieutenant Commandement de la Gendarmerie Nationale Monsieur Hassan HAMADACHE Secrétaire général

Madame Ghania HAMIDOUCHE Représentante du Ministère de l’Aménagement du territoire et de l’Environnement Monsieur Mahmoud HASNAOUI Chef de circonscription archéologique de Chlef Tél. : +213 (0)72 39 33 33 Agence nationale d’archéologie et de protection des sites et monuments historiques (ANAPSMH)

Monsieur Brahim CHENOUFI Chef de la circonscription archéologique de Tlemcen Agence nationale d’archéologie et de protection des sites et monuments historiques (ANAPSMH)

Monsieur Farez DJOUDI Cadre – Direction HSE – SONATRACH Tél : +213 (0) 54.70.00

Ministère de la Culture Palais de la Culture Plateau des Annassers KOUBA, ALGER

Monsieur Mohand Akli IKHERBANE Conservateur du Musée de site archéologique de Djemila Agence nationale d’archéologie et de protection des sites et monuments historiques (ANAPSMH) Tél. : +213 (0)36 94 51 01 Fax : +213 (0)36 94 51 01 [email protected] Monsieur Amor KEBBOUR Chef de circonscription archéologique de Sétif Agence nationale d’archéologie et de protection des sites et monuments historiques (ANAPSMH) Tél. : +213 (0)36 84 36 56 Madame Chadia KHALFALLAH Conservatrice, Musée national de Sétif Rue de l’ALN - 19000 SETIF Tél. : +213 (0)72 25 28 99 Fax : +213 (0)36 84 58 13 Mademoiselle Leïla KHELIL Cadre – Direction de la communication Fondation SONATRACH Tassili [email protected]

— 104 —

Actes de l’atelier Euro-Maghrébin Patrimoine et aménagement du territoire : l’ archéologie préventive

Monsieur Samir KHELOUFI Chef de service des études préhistoriques Agence nationale d’archéologie et de protection des sites et monuments historiques (ANAPSMH) Département de la recherche et de l’inventaire 2, place Ben Badis - ALGER Tél. : +213 (0)21 23 12 53 / +213 (0)21 71 00 05 [email protected]

Monsieur Slimane OUAIDENE Directeur de la culture de la Wilaya d’Illizi 33000 ILLIZI Tél. : +213 (0)29 42 11 50 Fax. : +213 (0)29 42 11 50

Madame Saida LAOUAR Cadre au Ministère de l’aménagement du territoire et de l’environnement

Monsieur Sidali RAMDANE Cadre au Ministère de l’aménagement du territoire et de l’environnement

Monsieur Saïd LARBANI Ex Directeur Agence nationale d’archéologie et de protection des sites et monuments historiques (ANAPSMH) 2, place Ben Badis ALGER Tél. : +213 (0)21 71 00 05 Fax : +213 (0)21 71 18 22 [email protected]

Monsieur Kamel SAÏS Sous-Directeur de l’action vers l’étranger Ministère de la Culture Palais de la Culture Plateau des Annassers KOUBA, ALGER Tél. : +213 (0)21 29 20 98 [email protected] Monsieur Mohamed Nadhir SEBAA Directeur de la culture de la Wilaya de Batna 28, allée Ben-Boulaïd 05000 BATNA Tél. : +213 (0)33 80 26 82 [email protected]

Madame Salima LARGUEM Sous-directrice des musées et parcs nationaux Direction du patrimoine culturel Ministère de la Culture Palais de la Culture Plateau des Annassers KOUBA, ALGER Monsieur Salah MANSOURI Office de la protection et de la valorisation de la vallée du M’ZAB. Ghardaiä. Tél. : +213 (0)29 85 21 01 / +213 (0)73 94 65 81 Madame Fatima Zohra Soufi MATAOUI Chef de service de la mise en valeur du patrimoine Agence nationale d’archéologie et de protection des sites et monuments historiques (ANAPSMH) 2, place Ben Badis - ALGER Tél. : +213 (0)21 71 18 22 Monsieur MEFTAH Noureddine Chef de circonscription archéologique d’Alger Agence nationale d’archéologie et de protection des sites et monuments historiques (ANAPSMH) Monsieur El Hadj MESHOUB Directeur du musée national Ahmed Zabana ORAN Tél. : +213 (0)72 19 25 50 / +213 (0)41 40 62 76

Monsieur NECHITO Directeur de Culture de M’sila

Monsieur SERAY Abdelhalim Sous- directeur Direction de la planification et de la formation Ministère de la culture Palais de la Culture - Plateau des Annassers KOUBA, ALGER Monsieur Yacine SI-AHMED Anthropologue, journaliste Programme Euroméditerranée Tél. : +213 (0)21 69 19 29 Monsieur Mohamed Kamel TAYEB Chargé d’études et de synthèse Ministère délégué au développement rural Madame Zéhira YAHI Directrice de cabinet Ministère de la Culture - Palais de la Culture Plateau des Annassers KOUBA, ALGER Tél. : +213 (0)21 29 21 55 / +213 (0)21 29 16 30 Fax : +213 (0)21 29 12 25 [email protected]

Mademoiselle Nadia NAIT ALI Cadre – Direction HSE SONATRACH

— 105 —

Invités

Monsieur Abdelkarim GUEFFAF Chef de bureau – Direction du patrimoine culturel Ministère de la Culture

Monsieur le président d’APC de la Casbah d’Alger

Monsieur Mokhtar HAMOUCHE Administrateur – Direction du patrimoine culturel Ministère de la Culture

Monsieur le président d’APC de Tipasa Madame SATOR - Directrice de la culture de la wilaya d’Alger Monsieur BOUSBAA - Directeur de la culture de la wilaya de Gardaia Monsieur SAHI - Directeur de la culture de la wilaya de Tipaza Madame BOUCHENTOUF - Directrice du Palais de la Culture Monsieur Rachid FERKOUS Sous-directeur des arts et traditions populaires Direction du patrimoine culturel Ministère de la culture Monsieur Ammar KHELIF Sous-directeur Direction du Patrimoine – Ministère de la Culture Monsieur Farid TATA Chef de bureau – Direction du patrimoine culturel Ministère de la Culture Madame Salima MOUSSAOUI Chef de bureau – Direction du patrimoine culturel Ministère de la Culture Monsieur MECHKOUR Chef de bureau – Direction du patrimoine culturel Ministère de la Culture Monsieur Brahim BETKA Chef de bureau – Direction du patrimoine culturel Ministère de la Culture Monsieur Mahieddine BENTIR Chef de bureau – Direction du patrimoine culturel Ministère de la Culture Mademoiselle Fatima Zohra BOUTAOUI Architecte – Direction du patrimoine culturel Ministère de la Culture Mademoiselle YOUNSI Samia Architecte – Direction du patrimoine culturel Ministère de la Culture

Mademoiselle Zahia BOUSSBAINE Attachée de conservation et de valorisation Direction du patrimoine culturel Ministère de la Culture Mademoiselle ROUMANE Kahina Attachée de conservation et de valorisation Direction du patrimoine culturel Ministère de la Culture Madame Fatima Zohra MOUDJEB Chef de bureau – Direction du patrimoine culturel Ministère de la Culture Mademoiselle Fatiha HADDAB Attachée de conservation et de valorisation Direction du patrimoine culturel Ministère de la Culture Monsieur Smail OULEBSIR Directeur central de la coopération et des échanges Ministère de la Culture Monsieur Abdelmalek AMOUCHAS Directeur central de l’administration et des moyens Ministère de la Culture Madame Nawal YOUNSI Architecte – Direction de la planification et de la formation - Ministère de la Culture Mademoiselle Wahiba BERBACHE Architecte- Direction de la planification et de la formation - Ministère de la Culture Monsieur Ahmed OUSSADIT Directeur central de la planification et de la formation- Ministère de la Culture Mademoiselle Malika RAMDANE Architecte - Direction de la planification et de la formation - Ministère de la Culture Mademoiselle Mouna GHELANE Architecte - Direction de la planification et de la formation- Ministère de la Culture

— 106 —

Actes de l’atelier Euro-Maghrébin Patrimoine et aménagement du territoire : l’ archéologie préventive

Monsieur Djamel MERAD Architecte - Direction de la planification et de la formation - Ministère de la Culture Monsieur LARDJANE Directeur de l’action culturelle Ministère de la Culture Messieurs BELKHODJA et BOUZBID Représentants du Ministère délégué à la ville Monsieur CHEBILI Représentant de la Direction générale de la sûreté nationale Monsieur RIACHE Chérif Directeur du Musée national de Sétif Monsieur HACHI Slimane Directeur du Centre national de la recherche anthropologique, préhistorique et historique

Monsieur HADDOUCHE Abdelkader Chercheur du Centre national de la recherche anthropologique, préhistorique et historique Monsieur OUAGUENI Yassine Architecte restaurateur, consultant auprés du Ministère de la culture Monsieur Nait Saada Makhlouf Représentant du Ministère de l’habitat et de l’urbanisme Monsieur AMBES Hocine Directeur de l’ Office du parc national du Tassili Monsieur HAMIENE Messaoud Chef de département de l’Université de Boumerdés Mademoiselle AZZOUG Fatima Directrice du Musée national du Bardo

Espagne Monsieur Joan B. LÓPEZ MELCION Maître de conférences en préhistoire Universitat de Lleida Pl. Victor Siurana, 1 LLEIDA, Catalunya [email protected]

Madame Natàlia ALONSO MARTÍNEZ Chercheur contractuel en archéobotanique Universitat de Lleida Pl. Victor Siurana, 1 LLEIDA, Catalunya [email protected]

France Ambassade de France Son Excellence Monsieur Hubert COLIN DE VERDIERE Ambassadeur de France en Algérie 25, Chemin Abdelkader Gadouche HYDRA 16035 ALGER Tél. : +213 (0)21 69 24 88 Fax : +213 (0)21 69 13 69 Monsieur Michel PIERRE Chef du Service de coopération et d’action culturelle 25, Chemin Abdelkader Gadouche HYDRA - 16035 ALGER

Tél. : +213 (0)21 69 41 81 Fax : +213 (0)21 69 13 69 Ministère des affaires étrangères Monsieur Philippe GEORGEAIS Sous-directeur de l’archéologie et des sciences sociales Direction de la Coopération scientifique et universitaire 244, boulevard Saint-Germain - 75303 PARIS 07 SP Tél. : +33 (0)1 43 17 80 61 Fax : +33 (0)1 43 17 97 20 [email protected] Ministère de la culture et de la communication et services déconcentrés de l’État

— 107 —

Monsieur Bruno BIZOT Ingénieur Direction régionale des affaires culturelles ProvenceAlpes-Côte d’Azur et Corse Service régional de l’archéologie 23, boulevard du Roi René 13617 AIX-EN-PROVENCE CEDEX [email protected]

Tél. : +33 (0)4 67 15 07 38 Fax : +33 (0)4 67 64 03 28 [email protected] Monsieur Jean-Pierre GIRAUD Directeur scientifique et technique 7, rue de Madrid - 75008 PARIS Tél. : +33 (0)1 40 08 80 00 Fax : +33 (0)1 43 87 18 63 [email protected]

Monsieur Xavier DELESTRE Conservateur régional de l’archéologie Direction régionale des affaires culturelles ProvenceAlpes-Côte d’Azur Service régional de l’archéologie 23, boulevard du Roi René 13617 AIX-EN-PROVENCE CEDEX Tél : +33 (0)4 42 99 10 22 Fax : +33 (0)4 42 99 10 01 [email protected]

Monsieur Hervé PETITOT Responsable d’opération de la direction interrégionale Méditerranée 12, rue Régale - 30000 NÎMES Tél. : +33 (0)4 66 36 04 07 / +33 (0)6 07 78 14 31 Fax :+33 (0)4 66 36 29 13 [email protected]

Monsieur Thierry ODIOT Ingénieur d’études chargé des Pyrénées orientales Direction régionale des affaires culturelles LanguedocRoussillon Service régional de l’archéologie 5, rue Salle-l’Evêque CS 49020 34967 MONTPELLIER CEDEX 2 Tél. : +33 (0)4 67 02 32 71 / +33 (0)6 73 51 52 62 Fax : +33 (0)4 67 02 32 05 [email protected] Monsieur Bernard RANDOIN Ministère de la Culture et de la Communication Direction de l’architecture et du Patrimoine Bureau de l’archéologie préventive et de la méthodologie (SDA) 4, rue d’Aboukir 75002 PARIS Tél : +33 (0)1 40 15 77 93 Fax : +33 (0)1 40 15 77 00 [email protected]

Institut National de Recherches Archéologiques Préventives (INRAP) Monsieur Jean-Paul DEMOULE Président 7, rue de Madrid - 75008 PARIS Tél. : +33 (0)1 40 08 80 00 / +33 (0)1 40 08 80 83 Fax : +33 (0)1 43 87 18 63 [email protected] Monsieur Mahfoud FERROUKHI Responsable du projet 52, avenue du Pont Juvénal 34000 MONTPELLIER

Monsieur Fabrice PONS Ingénieur chargé de recherche 52, avenue du Pont Juvénal 34000 MONTPELLIER Tél. : +33 (0)5 61 15 69 77 Fax : +33 (0)4 67 64 03 28 [email protected] Monsieur François SOUQ Directeur interrégional Méditerranée 12, rue Régale - 30000 NÎMES Tél. : +33 (0)4 66 36 04 07 Fax : +33 (0)4 66 36 29 13 [email protected]

Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) Monsieur Thierry JANIN Chargé de recherche - CNRS UMR 5140 Archéologie des sociétés méditerranéennes 390, avenue de Perols 34970 LATTES Tél : +33 (0)4 67 15 61 25 Fax : +33 (0)4 67 22 55 15 [email protected] Universitaires Monsieur Xavier GUTHERZ Professeur d’archéologie, préhistoire Université Paul Valéry - Montpellier III UFR Sciences humaines et Sciences de l’environnement Route de Mende 34199 MONTPELLIER CEDEX 5 Tél. : +33 (0)4 67 14 24 77 / +33 (0)4 67 14 24 37 Fax : +33 (0)4 67 14 55 40 [email protected]

— 108 —

Actes de l’atelier Euro-Maghrébin Patrimoine et aménagement du territoire : l’ archéologie préventive

Monsieur David LEFEVRE Directeur de l’UFR des Sciences humaines et des Sciences de l’environnement Université Paul Valéry - Montpellier III UFR Sciences humaines et Sciences de l’environnement Route de Mende 34199 MONTPELLIER CEDEX 5 Tél. : +33 (0)4 67 14 24 37 Fax : +33 (0)4 67 14 55 40 [email protected] Monsieur Stéphane SCHMID Professeur d’archéologie romaine Université Paul Valéry - Montpellier III UFR Sciences humaines et Sciences de l’environnement Route de Mende 34199 MONTPELLIER CEDEX 5 Tél. : +33 (0)4 67 87 97 08 / +33 (0)4 67 14 24 37 Fax : +33 (0)4 67 14 55 40 [email protected]

Italie

Étudiantes Mademoiselle Delphine Anna LENEUTRE Étudiante en DESS Relations Internationales Université Marc Bloch – Strasbourg 2 [email protected] Mademoiselle Marie WILLOCQUET Étudiante en DESS Relations Internationales Université Marc Bloch – Strasbourg 2 Tél. : +33 (0)6 18 76 86 61 [email protected]

Libye

Madame Carla MAURANO Administratore Delegato ed Espertodi Gestione Patrimonio Culturale Tangibile ed Intangibile Province di Ferrara e di Salerno Via Selva 7 84043 AGROPOLI (SA) Tél. : +39 329 616 1333 Fax : +39 0974 823 257 [email protected]

Monsieur Mohamed Ali FAKROUN Directeur du Musée de Tripoli PO Box 892 TRIPOLI Libya Arab Jamahiriya Tél. : + 218 21 33 33 042 Fax : + 218 21 33 30 292 [email protected]

Maroc Monsieur Aomar AKERRAZ Directeur des études et archéologue Institut national des sciences de l’archéologie et du patrimoine Avenue John F. Kennedy Rue des Zaiers RABAT-SOUISSI Tél. : +212 37 750 884 / +212 37 750 961 [email protected]

Monsieur Rachid BOUZIDI Archéologue et conservateur Site archéologique de Volubilis BP2 Moulay Idriss Zerhoun - MEKNES Tél. :+212 67 41 02 23 [email protected]

— 109 —

Monsieur Aba SADKI Archéologue, urbaniste-aménageur Délégation du ministère de la culture à Errachidiya Direction du patrimoine culturel 17, rue Michlifen Agdal - RABAT 12000 [email protected]

Monsieur Mohamed DAROUA Historien Institut national d’aménagement et d’urbanisme [email protected] Monsieur Abdelali FATEH Géographe Direction du patrimoine culturel 17, rue Michlifen Agdal - RABAT 12000 Tél. : +212 62 144 568 fateh.abd@voilà.fr

Monsieur Ahmed SIRAJ Professeur Université Hassan II Mohammadia - BP 146 MOHAMMADIA 20650 Tél. : +212 61 313 662 [email protected]

Madame Saâdia LAZREQ Chef de la division de la gestion des monuments et des sites historiques Direction du patrimoine culturel 17, rue Michlifen Agdal - RABAT 12000 Tél : +212 37 672 563

Monsieur Hassan ZOUHAL Archéologue, urbaniste-aménageur Délégation du Mnistère de la culture à Kénitra Direction du patrimoine culturel 17, rue Michlifen Agdal RABAT 12000 Tél. : +212 37 37 31 09 [email protected]

Mauritanie Monsieur Baouba Ould MOHAMED-NAFFE Directeur adjoint de l’Institut Mauritanien de Recherche Scientifique (IMRS) Boîte Postale 5055 NOUAKCHOTT Tél. : +222 525 32 44 Fax : +222 525 32 77 bmnaff[email protected]

Monsieur Mohamed EL MOCTAR OULD MOHAMED Directeur adjoint de l’Habitat et de l’Urbanisme Ministère de l’Equipement et des Transports NOUAKCHOTT Tél. : +222 525 52 26 / +222 650 76 71 [email protected]

Madame Aïcha MINT SIDI BABA Technicienne à l’Institut Mauritanien de Recherche Scientifique (IMRS) Boîte Postale 5055 NOUAKCHOTT Tél. : +222 525 32 44 Fax : +222 525 32 77

Syrie Monsieur Shaker AL-SHBIB Direction générale des antiquités Tél. : +963 11 223 4331 Fax : +963 11 224 7983 [email protected]

— 110 —

Actes de l’atelier Euro-Maghrébin Patrimoine et aménagement du territoire : l’ archéologie préventive

Tunisie Monsieur Habib BAKLOUTI Directeur de l’Institut supérieur des métiers du patrimoine et enseignant-chercheur 10, rue Kelibia Bab El Khadra 1006 TUNIS Tél. : +216 71 286 224 Fax : +216 71 285 978 [email protected] Monsieur Féthi BÉJAOUI Directeur de la division de l’inventaire général et de la recherche Institut National du Patrimoine 4, place du Château 1008 TUNIS Tél. : +216 71 564 768 Fax : +216 71 564 768 [email protected]

Mustapha KHANOUSSI Directeur de la division de la sauvegarde des monuments et des sites Institut National du Patrimoine 4, place du Château 1008 TUNIS Tél. : +216 71 564 941 Fax : +216 71 562 452 [email protected] Madame Saloua TRABELSI Chef du département architecture, urbanisme et classement Institut National du Patrimoine 4, place du Château 1008 TUNIS [email protected]

Madame Olfa HADJ SAÏD SAADI Chef du département des monuments islamiques Institut National du Patrimoine 4, place du Château 1008 TUNIS Tél. :+216 71 561 622 / +216 71 561 259 Fax :+216 71 562 452 [email protected]

ICCROM Monsieur Zaki ASLAN Coordinateur de projet du programme Athar Via Di San Michele, 13 I - 00153 ROMA, Italie Tél. : +39 06 585 531 / +39 3481 417 712 Fax : +39 06 585 53349 [email protected]

UNESCO Monsieur Mounir BOUCHENAKI Sous-directeur général pour la Culture 1, rue Miollis 75015 PARIS Tél. : +33 (0)1 45 68 43 75 Fax : +33 (0)1 45 68 55 91 [email protected]

Madame Mounira BACCAR Spécialiste du programme Division du patrimoine culturel 1, rue Miollis 75015 PARIS Tél. : +33 (0)1 45 68 37 94 Fax : +33 (0)1 45 68 55 96 [email protected]

— 111 —

Organisation Comité national Président : Hassan Hamadache Coordinateur général : Mourad Betrouni Membres : Saïd Larbani Kamel Saïs Mohamed Salah Ben Haddad Chef d’équipe : Atmane Benrejdal Secrétariat : Testani Abbaci Chanez Bourouis Nabila Cherchali Nadhéra Hebbache Chafia Belhocine Nora Nekkar Nacira Azzout Naima Oukil

Comité international Membres : Mounira Baccar, Spécialiste du Programme, UNESCO, Mourad Betrouni, Directeur du Patrimoine, Ministère de la Culture, Algérie Mahfoud Ferroukhi, INRAP, France Secrétariat (UNESCO) : Mounira Baccar David Melison, Assistant