Après le Brexit : vers une « Europe à trois vitesses » ? Thierry Chopin Thierry Chopin est docteur en sciences politiques de l’École des hautes études en sciences sociales. Directeur des études de la Fondation Robert Schuman, il enseigne parallèlement dans de nombreuses écoles et universités, dont le Collège d’Europe à Bruges et à Mines ParisTech. Il a écrit et co-écrit plusieurs ouvrages et articles sur l’Union européenne dont La Fracture politique de l’Europe (2015), L’Europe d’après, et Politique européenne. États, pouvoirs et citoyens de l’Union européenne (2010). Klervi Kerneïs, membre de Génération.s, revient sur son article « Après le Brexit : vers une « Europe à trois vitesses » ?, en nous donnant quelques clés de compréhension concernant la négociation qui a lieu actuellement entre l’Union européenne et le Royaume-Uni. Dans l’article Après le Brexit : vers une « Europe à trois vitesses » ?, publié dans la revue Cités (2017/3 N° 71), Thierry Chopin dresse une analyse du Brexit. Pour lui, cette première expérience de désintégration européenne serait non seulement à l’origine d’un bouleversement de l’équilibre des puissances au sein de l’Union européenne, mais aussi le révélateur de la nécessité de clarifier les niveaux d’intégration dans l’Union européenne, sous peine de courir le risque d’une fragmentation généralisée. T. Chopin présente tout d’abord les différents modèles dont pourrait s’inspirer le Royaume-Uni : l’accès à l’Espace Economique Européen (le modèle norvégien) ; la négociation d’accords bilatéraux (l’option suisse) ; un accord de libre échange (CETA) ; enfin, une union douanière (le cas turque). Conscient des limites de ces modèles, Londres est favorable à une nouvelle solution fondée sur le contrôle de l’immigration et l’accès le plus large possible au marché intérieur. T. Chopin verrait d’un bon oeil une réforme de l’EEE fondée sur deux piliers : renforcement de la participation des membres de l’EEE à la législation du marché intérieur et compromis autour de la mobilité des personnes (en particulier des travailleurs dans le cas britannique). Ce sont deux grands enjeux des négociations actuelles entre Londres et Bruxelles. L’auteur y voit en effet un moyen non seulement d’éviter une forte déstabilisation économique et politique post Brexit mais également de dégager deux niveaux clairs d’intégration en Europe. A partir de là, il présente la possibilité d’une « troisième vitesse » pour relancer l’Union - nécessité absolue. Pour lui, cette consolidation politique viendra du renforcement de la zone euro, grâce à l’adoption d’un socle financier et fiscal commun (angle économique), associé obligatoirement au partage de prérogatives régaliennes, particulièrement en matière de sécurité intérieure et extérieure (angle politique). Cette troisième strate d’intégration plus resserrée serait, selon T. Chopin, conditionnée à la capacité de la France et de l’Allemagne à surmonter leurs désaccords autour des grands défis actuels – avec au premier rang la crise des réfugiés - et à construire un réel projet politique et géopolitique commun.