Approches intégrées du paysage pour les zones

environnementale à la Nicholas School of the Environment de l'université Duke, .... les activités des communautés locales, érodant leur capacité à se remettre.
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UNE ÉTUDE DE LA BANQUE MONDIALE

pproches intégrées du paysage pour les zones arides de l’Afrique présente les premières conclusions démontrant l’importance d’adopter une gestion intégrée du paysage qui aille au-delà des interventions sectorielles pour prendre en compte la santé des écosystèmes sur lesquels reposent les moyens de subsistance humains et la résilience des communautés rurales dans les zones arides de l’Afrique subsaharienne. La gestion intégrée du paysage revêt une importance particulière pour ces zones arides, car leur population dépend de systèmes de production fréquemment désorganisés par des chocs exogènes tels que les sécheresses. Les données écologiques et économiques rassemblées dans ce rapport montrent que la gestion intégrée du paysage peut amplifier l’impact des investissements dans les systèmes basés sur les arbres et les pratiques de gestion améliorée du bétail et contribuer à l’augmentation de la productivité des cultures pluviales. Les efforts de gestion intégrée du paysage ont permis de coordonner les actions des multiples utilisateurs des terres et autres parties concernées, ont réduit les conflits et amélioré la gouvernance globale de l’eau, des terres et d’autres ressources. La gestion intégrée du paysage est donc une approche utile pour renforcer l’intensification des systèmes de culture en zones arides et générera, dans de nombreux endroits (mais pas systématiquement), de multiples gains, et notamment : une productivité agricole améliorée, des répercussions positives sur l’eau au niveau de l’exploitation et du paysage, la séquestration du carbone, la préservation de la biodiversité et d’autres avantages liés aux services écosystémiques, ainsi qu’une résilience accrue au climat.

Il est possible d’associer différentes politiques et interventions pour déclencher et accélérer l’extension de ces avantages à travers la gestion intégrée du paysage dans les zones arides de l’Afrique subsaharienne, afin de restaurer et d’accroître la résilience écologique et celle des ménages. Il est nécessaire de mettre en place des politiques afin de développer les conditions-cadres requises pour à la fois lancer de nouveaux programmes et modifier et étendre les efforts existants de restauration et de résilience dans les zones arides de l’Afrique subsaharienne. Cet ouvrage présente les options politiques pour six grands domaines d’intervention : (1) clarifier les droits et responsabilités liés à la terre, (2) encourager la participation des multiples parties prenantes et l’action collective, (3) surmonter les obstacles institutionnels à la gestion intégrée du paysage, (4) Créer les conditions d’une planification et d’une gestion adaptatives, (5) créer des mécanismes et des politiques de soutien pour un financement durable et à long terme de la gestion intégrée du paysage et (6) investir dans un solide corpus de données et des plateformes de partage des connaissances sur la gestion intégrée du paysage.

Approches intégrées du paysage pour les zones arides de l’Afrique

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Aperçu

Approches intégrées du paysage pour les zones arides de l’Afrique Édition de conférence

Erin Gray, Norbert Henninger, Chris Reij, Robert Winterbottom et Paola Agostini

Approches intégrées du paysage pour les zones arides de l’Afrique

UNE ÉTUDE DE LA BANQUE MONDIALE

Approches intégrées du paysage pour les zones arides de l’Afrique Erin Gray, Norbert Henninger, Chris Reij, Robert Winterbottom et Paola Agostini

Cet abrégé présente une vue d’ensemble de Approches intégrées du paysage pour les zones arides de l’Afrique (DOI: 10.1596/978-1-4648-0826-5) La version intégrale du rapport définitif, une fois publié, sera affichée en format PDF sur le site https://openknowledge.worldbank.org/. Des exemplaires du rapport peuvent également être commandés à l’adresse http://Amazon.com. Pour toute citation, reproduction et adaptation, veuillez utiliser la version définitive du rapport. © 2016 Banque internationale pour la reconstruction et le développement/La Banque mondiale 1818 H Street NW, Washington, DC 20433 Téléphone : 202–473–1000 ; Internet : www.worldbank.org Certains droits réservés La publication originale de cet ouvrage est en anglais sous le titre de Integrated Landscape Approaches for Africa’s Drylands en 2016. En cas de contradictions, la langue originelle prévaudra. Cet ouvrage a été établi par les services de la Banque mondiale avec la contribution de collaborateurs extérieurs. Les observations, interprétations et opinions qui y sont exprimées ne reflètent pas nécessairement les vues de la Banque mondiale, de son Conseil des Administrateurs ou des pays que ceux-ci représentent. La Banque mondiale ne garantit pas l’exactitude des données citées dans cet ouvrage. Les frontières, les couleurs, les dénominations et toute autre information figurant sur les cartes du présent ouvrage n’impliquent de la part de la Banque mondiale aucun jugement quant au statut juridique d’un territoire quelconque et ne signifient nullement que l’institution reconnaît ou accepte ces frontières. Rien de ce qui figure dans le présent ouvrage ne constitue ni ne peut être considéré comme une limitation des privilèges et immunités de la Banque mondiale, ni comme une renonciation à ces privilèges et immunités, qui sont expressément réservés.

Droits et autorisations

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Avant-propos

Les zones arides—définies ici pour comprendre les types aride, semi-aride et subhumide sec—sont au cœur des défis de développement de l’Afrique. Elles représentent 43 % de la superficie de la région et 75 % des terres agricoles. Elles hébergent 50 % de la population, dont une part disproportionnée de pauvres. En raison de facteurs complexes, la vulnérabilité économique, sociale, politique et environnementale y est élevée et croissante, compromettant les perspectives de subsistance à long terme de centaines de millions de personnes. Le changement climatique, qui devrait accroître la fréquence et la gravité des épisodes climatiques extrêmes, exacerbera le problème. La subsistance de la plupart des habitants des zones arides dépend d ’activités basées sur les ressources naturelles, telles que l’élevage et l’agriculture, mais la capacité de cellesci à générer des revenus stables et suffisants est en train de s’éroder. La rapide croissance démographique accroît la pression exercée sur des ressources qui s’amenuisent et créé des conditions permettant à des épisodes climatiques extrêmes, des flambées des prix des denrées alimentaires ou du pétrole, ou d’autres chocs exogènes de facilement déclencher des crises humanitaires aiguës et d’alimenter de violents conflits sociaux. Contraints de satisfaire des besoins à court terme urgents, de nombreux ménages ont recours à des pratiques non durables de gestion des ressources naturelles, entraînant une grave dégradation des terres, une raréfaction de l’eau et des pertes considérables de biodiversité. Les États africains et la communauté du développement sont prêts à répondre aux défis auxquels sont confrontées les zones arides, mais bien que la volonté politique ne manque pas, des questions importantes restent sans réponse quant à la manière d ’entreprendre cette tâche. Les zones arides disposent-elles de suffisamment de ressources pour pouvoir générer la nourriture, les emplois et les revenus nécessaires pour assurer des moyens de subsistance durables à une population croissante ? Sinon, des apports de ressources extérieures peuvent-ils combler le déficit ? Ou bien la capacité des environnements arides est-elle à ce point limitée qu’une émigration doit être encouragée dans le cadre d’une stratégie complète de renforcement de la résilience ? Et étant donné l’éventail des options de politiques possibles, où les investissements doivent-ils être concentrés, sachant qu’il existe de nombreuses priorités concurrentes ? Afin de répondre à ces questions, la Banque mondiale a réuni une large coalition de partenaires pour mener une étude visant à contribuer au dialogue actuel sur les mesures à adopter pour réduire la vulnérabilité et renforcer la résilience des habitants des zones arides. Sur la base d’une analyse des déterminants actuels et projetés de la vulnérabilité et de la résilience, l’étude identifie des interventions prometteuses, détermine leurs coûts et avantages probables, et décrit les arbitrages politiques qui seront nécessaires lors de l’élaboration des stratégies de développement des zones arides. iv

Le développement durable de ces zones et le renforcement de la résilience de leurs habitants nécessitent de prendre en compte un réseau complexe de vulnérabilités économiques, sociales, politiques et environnementales. De bonnes réactions d ’adaptation peuvent générer des possibilités nouvelles et meilleures pour beaucoup de gens, amortir les pertes pour d’autres, et faciliter la transition pour tous. La mise en œuvre de ces réponses nécessitera un leadership efficace et visionnaire à tous les niveaux, depuis celui des ménages jusqu’à celui des organisations locales, des pouvoirs publics nationaux et d’une coalition des partenaires au développement. Le présent ouvrage, qui s’inscrit dans une série de documents d’information élaborés à l’appui de l’étude principale, espère contribuer à cet effort. Magda Lovei Responsable, Pratique mondiale Environnement et ressources naturelles Groupe de la Banque mondiale

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Remerciements

Le présent volume s’inscrit dans une série de documents thématiques préparés pour l’étude « Affronter la sécheresse dans les zones arides de l’Afrique : des possibilités de renforcer la résilience ». L’étude, qui fait partie du Programme d ’études régionales africaines de la vice-présidence de la Région Afrique du Groupe de la Banque mondiale, est le fruit de la collaboration de contributeurs issus de nombreuses organisations, travaillant sous la houlette d’une équipe formée de membres du personnel du Groupe de la Banque mondiale (GBM), de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), ainsi que du Programme de recherche sur les politiques, les institutions et les marchés du Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale (CGIAR-PIM). Raffaello Cervigni et Michael Morris (Groupe de la Banque mondiale) ont coordonné l’étude globale sous la direction de Magda Lovei (Groupe de la Banque mondiale). Le présent document, intitulé « Approches intégrées du paysage pour les zones arides de l’Afrique », a été préparé par Erin Gray, Norbert Henninger, Chris Reij et Robert Winterbottom (World Resources Institute – Institut des ressources mondiales) et Paola Agostini (Groupe de la Banque mondiale). Le document a été révisé par Diji Chandrasekharan Behr, Erick Fernandes, Michael Morris et Raffaello Cervigni (Groupe de la Banque mondiale), Mamadou Diakite (coordinateur TerrAfrica au sein du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique – NEPAD – de l’Union africaine), et une équipe de la FAO. Sara Scherr (EcoAgriculture Partners) a révisé une version antérieure du présent document et apporté de précieux conseils aux auteurs. Les services d’édition et de conception ont été assurés par Luis Liceaga, avec le soutien de Madjiguene Seck et Elizabeth Minchew (Groupe de la Banque mondiale). Le rapport a été financé par le Fonds TerrAfrica, le fonds fiduciaire PROFOR et le Programme d’études régionales africaines du Groupe de la Banque mondiale.

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À propos des auteurs

Erin Gray est économiste de l’environnement au sein de l’Institut des ressources mondiales (WRI – World Resource Institute). Ses domaines d’expertise comprennent l’évaluation des infrastructures naturelles, l’analyse coûts-avantages, coûts-efficacité et multicritère, les marchés de services écosystémiques et le financement de la conservation, la restauration axée sur les écosystèmes, le suivi et l’évaluation de l’adaptation. Ses travaux se concentrent sur l’analyse économique et financière des écosystèmes côtiers, agricoles et forestiers ; le développement de conseils, méthodes et outils techniques et analytiques pour l’évaluation économique et l’exploitation des résultats par les décideurs ; la conception de guides de suivi et d’évaluation de l’adaptation pour l’aménagement des bassins versants en Inde ; et le soutien aux efforts de promotion des échanges de crédits de qualité de l’eau dans la baie de Chesapeake. Erin a obtenu sa maîtrise de gestion environnementale à la Nicholas School of the Environment de l’université Duke, où elle s’est concentrée sur la politique et l’économie environnementale. Erin est également titulaire d’un baccalauréat ès arts en analyse et politique économique et environnementale de l’université de Boston. Norbert Henninger est associé senior à l’Institut des ressources mondiales, où il travaille à l’intersection de la réduction de la pauvreté, la gestion des ressources naturelles et la gouvernance. Ses travaux se concentrent sur la génération d’informations et d’outils plus fiables pour l’élaboration et l’évaluation des programmes de coopération au développement, la promotion des stratégies de croissance verte, et la conduite d’évaluations environnementales et sociales. Il est l’auteur ou le coauteur d’articles et de publications techniques sur le ciblage des programmes de recherche agricole et de réduction de la pauvreté, les indicateurs agricoles et environnementaux, et l’évaluation intégrée des écosystèmes et du bien-être humain. Il a obtenu sa maîtrise en sciences de l’environnement à l’université John Hopkins et son MBA à l’université de Mannheim (Allemagne). Chris Reij est un expert de la gestion durable des terres et maître de conférences à l’Institut des ressources mondiales. Il travaille en Afrique depuis 1978. Bien qu’il se concentre sur le Sahel occidental, Chris a participé à de nombreuses études et expertises sur d ’autres régions d’Afrique, d’Asie, des Caraïbes et du Pacifique. Ses principaux champs de recherche et de publication ont trait à la restauration des terres dégradées dans les régions semi-arides, l’innovation paysanne, les tendances agricoles et environnementales de long terme ainsi que l’analyse des réussites agricoles et en matière de gestion des terres en Afrique. Il est l’animateur de l’Initiative pour le reverdissement de l’Afrique (African Revii

greening Initiatives) qui soutient les agriculteurs dans l’adaptation au changement climatique et le développement de systèmes agricoles plus productifs et durables. Cette initiative a été lancée pour reproduire à plus grande échelle les réussites prouvées de reverdissement par des agriculteurs ou des communautés. Elle est opérationnelle au Burkina Faso et au Mali, et en cours d’élargissement à d’autres pays africains. Robert Winterbottom est maître de conférences à l’Institut des ressources mondiales où il travaille sur l’Initiative mondiale pour la restauration de l’environnement (Global Restoration Initiative) qui vise à rétablir la productivité des paysages dégradés et à développer à plus grande échelle la gestion améliorée des terres et de l’eau. Il possède une grande expérience en sciences de l’environnement et gestion des ressources naturelles, incluant des travaux sur le contrôle de la désertification et la gestion communautaire des ressources naturelles. Il est engagé dans le développement d ’approches programmatiques plus efficaces intégrant la gouvernance et la réduction de la pauvreté à la gestion environnementale, et dans l’évaluation des possibilités d’adaptation au changement climatique, des investissements REDD+ (Réduction des émissions dues à la déforestation et à la dégradation des forêts) et de restauration des paysages. Il est titulaire d’une maîtrise de science forestière en gestion des ressources naturelles de la School of Forestry and Environmental Studies de l’université de Yale, et d’un BA de géographie du Dartmouth College. Paola Agostini est économiste principale dans le domaine de l’environnement au sein de la Pratique mondiale Environnement et ressources naturelles. Elle est actuellement la chef de file mondiale des Paysages résilients, où elle étudie les projets et programmes visant à améliorer la connectivité des zones protégées, forêts, zones agroforestières, parcours et terres agricoles, afin d’y accroître la productivité, la résilience communautaire, et la production de services écosystémiques. Elle est titulaire d ’un doctorat en économie de l’université de Californie (San Diego) et d’une maîtrise en économie et sciences sociales de l’université Bocconi de Milan (Italie).

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Résumé analytique

Ce rapport présente les premières conclusions démontrant l’importance d’adopter une gestion intégrée du paysage qui aille au-delà des interventions sectorielles pour prendre en compte la santé des écosystèmes sur lesquels reposent les moyens de subsistance humains et la résilience des communautés rurales dans les zones arides de l’Afrique subsaharienne. La gestion intégrée du paysage revêt une importance particulière pour ces zones arides, car leur population dépend de systèmes de production fréquemment désorganisés par des chocs exogènes tels que les sécheresses. Les ménages recourent au déplacement sur des aires relativement grandes ou à la diversification des moyens de subsistance. Cette dernière stratégie inclut l’utilisation de plusieurs espèces animales et végétales, mais également la migration de travail et la transformation et la commercialisation de produits agricoles. Cette dépendance à des écosystèmes et des services écosystémiques multiples peut facilement entraîner un déséquilibre lié à une gestion qui se concentre sur un secteur ou un produit de base, et qui en retour risque d’induire la dégradation d’autres ressources, de menacer la sécurité alimentaire, ou d’accroître d’autres risques. La gestion intégrée du paysage peut contribuer à éviter ou atténuer les impacts potentiellement négatifs de telles interventions non coordonnées, spécifiques à un secteur et à tirer parti de synergies potentielles. Les constats préliminaires de cette publication ont été partagés avec plusieurs auditoires en vue de recueillir des avis, discuter des principaux résultats et d’en affiner le contenu. Le rapport a d’abord été présenté lors d’un événement en marge de la onzième session de la Conférence des parties à la Convention des Nations unies contre la désertification qui s’est tenue en 2013 à Windhoek, en Namibie. Les auteurs ont également présenté les résultats intermédiaires lors d’un séminaire organisé par le Programme de recherche sur les politiques, les institutions et les marchés du Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale (CGIAR-PIM) à l’Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI), lors d’une session pratique du Forum Réseau de développement durable de la Banque mondiale, et lors d’une réunion du Comité consultatif du PROFOR en 2014.

Défis Les communautés des zones arides de l’Afrique subsaharienne, ainsi que leurs systèmes de production et leurs stratégies de subsistance, se sont adaptées pendant des siècles à un climat défavorable, permettant ainsi aux écosystèmes et au bien-être humain de se rétablir après des sécheresses, des inondations ou des incendies. Toutefois, au cours des dernières décennies, la forte croissance démographique, la pression sur les terres et leur dégradation, des changements dans les précipitations, la fréquence et l’intensité accrues des sécheresses, les conflits autour des ressources naturelles, ainsi que d’autres facteurs naturels et dus à ix

l’homme ont commencé à affaiblir la résilience de nombreuses communautés des zones arides africaines et contribué à l’épuisement des sols et au stress hydrique. Les terres peinent à soutenir les activités des communautés locales, érodant leur capacité à se remettre des chocs naturels. Malgré un nombre croissant d’expériences positives, les efforts pour relever ces défis dans les zones arides de l’Afrique subsaharienne ont trop souvent échoué à réaliser des améliorations significatives et durables à grande échelle. Peu d’interventions ont été conçues pour prendre en compte les liens entre les agriculteurs en amont et les utilisateurs de l’eau en aval. Dans de nombreux cas, des interventions ont désorganisé des systèmes traditionnels de gestion des ressources collectives, tels que les zones humides, les réserves de pacage et les forêts. Les approches de développement tant à but unique que sectorielles s’avèrent, en particulier, de plus en plus inadaptées, car elles ne prennent pas suffisamment en compte les compromis nécessaires entre les acteurs et utilisations des terres concurrents, ou ne sont capables ni d’intégrer les points de vue de toutes les parties concernées des communautés locales, ni de traiter de manière adéquate les causes des conflits autour des ressources. Elles peuvent également échouer à prendre en compte les interactions biophysiques et les effets de levier entre systèmes de production, essentiels dans les zones arides et indispensables pour générer et maintenir des avantages au niveau tant des exploitations que des paysages. Par exemple, les arbres jouent au sein des paysages agricoles un rôle déterminant dans le renouvellement de la fertilité des sols, la fourniture de sources complémentaires de fourrage pour le bétail et de bois de chauffage pour les ménages et dans le maintien de la productivité des terres arables, tout en contribuant à la diversification et au renforcement de la résilience des systèmes agricoles, et pourtant, de nombreux programmes de développement de l’agriculture et de l’élevage n’ont pas pleinement pris en compte ce rôle capital. Beaucoup d’acteurs du développement en Afrique subsaharienne commencent à adapter les programmes de développement des zones arides de façon à considérer des objectifs et acteurs multiples à travers deux secteurs ou plus. L’application d’une approche du paysage par étapes, soigneusement séquencée, peut accroître l’efficacité de ces programmes et permet d’exploiter des occasions de restaurer la résilience dans les zones arides.

Les possibilités de réduire la vulnérabilité et d’accroître la résilience La rareté de l’eau et la dégradation des sols sont les principales contraintes biophysiques des zones arides et constituent des menaces majeures pour le développement économique et le bien-être humain. Des interventions de gestion durable des terres visant à préserver les sols et l’eau, à renforcer le capital naturel et social et à optimiser l’efficacité de l’utilisation des sols et des ressources en eau sont déterminantes pour la stabilisation des systèmes de production ruraux. Elles peuvent également contribuer à restaurer la résilience des ménages. Dans de nombreux endroits, ces interventions sont à la base de l’intensification durable de l’agriculture. Les pratiques suivantes ont été identifiées comme particulièrement prometteuses dans les zones arides, où l’adoption généralisée de pratiques améliorées de gestion des terres et de l’eau est particulièrement nécessaire pour stimuler la productivité : l’agroforesterie, les techniques de conservation des sols et de l’eau par x

l’agriculteur, la récupération des eaux de pluie, l’agriculture de conservation, et la gestion intégrée de la fertilité des sols. Ces mesures ont été efficaces pour inverser la dégradation des terres et contribuer à l’intensification durable de l’agriculture et de la foresterie. Les économies rurales tirent avantage de ces pratiques à travers l’amélioration des rendements agricoles, l’augmentation du fourrage, du bois de chauffage et d’autres produits de valeur, l’accroissement des revenus et des possibilités d’emplois, la restauration de la biodiversité et des services écosystémiques, et le renforcement de la résilience au changement climatique. La promotion de l’adoption généralisée de ces pratiques de gestion améliorée des terres peut constituer un élément clé d’une gestion intégrée du paysage, conçue pour améliorer et diversifier les systèmes de production et accroître la résilience des ménages. La gestion intégrée du paysage constitue une opportunité de restaurer les zones arides en Afrique subsaharienne. La définition retenue ici est basée sur celle présentée par l’initiative Landscapes for People, Food and Nature, un partenariat entre des ONG environnementales et agricoles de premier plan, des organismes des Nations unies et des États, et qui définit la gestion intégrée du paysage comme : Une collaboration à long terme entre différents groupes de gestionnaires des terres et de parties prenantes en vue d’atteindre de multiples objectifs liés au paysage. Ceux-ci comprennent généralement la production agricole, la fourniture de services écosystémiques (tels que la régulation et la qualité de l’écoulement des eaux, la pollinisation, l’atténuation du changement climatique et l’adaptation à ce changement, les valeurs culturelles) ; la protection de la biodiversité, de la beauté, de l’identité et de la valeur récréative du paysage ; ainsi que les moyens de subsistance, la santé et le bien-être humains locaux. Les parties prenantes cherchent à résoudre les problèmes communs ou à tirer parti de nouvelles opportunités permettant de trouver des compromis et de renforcer les synergies entre les différents objectifs liés au paysage. Les paysages étant des systèmes à la fois écologiques et sociaux, la complexité et le changement en sont des propriétés inhérentes qui doivent être gérées. La gestion intégrée du paysage offre la possibilité de dimensionner et d’optimiser les interventions de gestion des terres et de l’eau de façon à ce que les gains écologiques et économiques du tout soient supérieurs à ceux de la somme des interventions. EcoAgriculture Partners (2013b) a identifié les aspects clés de la mise en œuvre de la gestion intégrée du paysage pour promouvoir la réussite de la restauration des terres arides et de la résilience communautaire : 1) concevoir les interventions pour atteindre des buts et objectifs multiples ; 2) gérer les interactions écologiques, sociales et économiques pour réduire les oppositions internes et optimiser les synergies ; 3) reconnaître les rôles des communautés locales ; 4) planifier et gérer les interventions de manière adaptative ; et (5) encourager et institutionnaliser la collaboration et une complète implication des parties prenantes. En se basant sur le rapport d’EcoAgriculture Partners (2013b) et sur les résultats de travaux de recherche, la présente étude décline ces aspects clés dans trois grandes composantes, et fournit 10 principes majeurs pouvant servir de liste de contrôle pour la mise en œuvre de la gestion intégrée du paysage (voir figure ES.1). Les trois composantes clés sont les suivantes :

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Figure ES.1 Composantes clés de la gestion intégrée du paysage

Composante clé 1 : un ou plusieurs buts pour le paysage, englobant des objectifs multiples à différentes échelles Dans les zones arides ayant des utilisations mixtes de la terre et de multiples parties prenantes, il est important d’établir une perception partagée du paysage en identifiant et poursuivant des buts et objectifs multiples. Celle-ci permet de disposer de points d’entrée communs pour la collaboration des différentes parties concernées aux actions essentielles pour le renforcement de la résilience. Dans les zones arides de l’Afrique subsaharienne, les buts et objectifs ont généralement trait à l’amélioration de la sécurité alimentaire et à la diversification des moyens de subsistance. Dans certaines régions où la production est plus élevée, les buts comprennent aussi l’intensification durable des systèmes de production. La xii

gestion intégrée du paysage doit également envisager plusieurs échelles de mise en œuvre des interventions (par exemple, niveau de l’exploitation ou du paysage), ainsi que les dimensions temporelles et biophysiques, particulièrement importantes dans les environnements où les précipitations sont très variables et inégalement réparties. La gestion intégrée du paysage doit générer des rendements économiques à court terme pour encourager la participation des agriculteurs et des éleveurs, mais elle doit également inciter à une réflexion holistique pour maximiser les gains écologiques (par exemple, en améliorant les connexions biophysiques afin de restaurer le niveau des nappes phréatiques, en mettant en place des grands corridors pour le déplacement du bétail ou en préservant les habitats naturels). Elle doit également tenir compte des fonctions multiples des paysages et fournir un mécanisme permettant aux parties prenantes locales de réduire les conflits entre différents types d’utilisateurs de ressources spécialisées (tels que les éleveurs, les agriculteurs, les pêcheurs) qui dépendent de services écosystémiques différents.

Composante clé 2 : une planification et une gestion adaptatives La gestion intégrée du paysage doit chercher à comprendre comment les utilisateurs des terres interagissent avec leur environnement et tirent parti des principales sources de revenus pour améliorer leur bien-être. Sa planification de l’utilisation des terres, des pâturages et des ressources naturelles doit reconnaître les interactions écologiques, sociales et économiques entre les différentes composantes du paysage afin d’optimiser les synergies et réduire les oppositions internes. La gestion intégrée du paysage doit favoriser un apprentissage continu à partir des résultats et rendre possibles l’extension des succès à plus grande échelle et la correction des erreurs. La gestion adaptative permet également de comprendre la résilience d’un paysage (par exemple, sa manière de réagir à des chocs tels que des changements dans les températures et les précipitations). Face à l’incertitude générée par les risques climatiques et économiques, la planification et la gestion adaptatives permettent aux acteurs de réagir rapidement, en les amenant à examiner à intervalles réguliers les succès et défis des choix actuels d’utilisation des terres. La gestion intégrée du paysage requiert donc des systèmes participatifs de suivi et évaluation efficaces et conviviaux ainsi que des mécanismes de retour d’information.

Composante clé 3 : une collaboration et une complète implication des parties concernées La gestion intégrée du paysage doit impérativement identifier et reconnaître les rôles des communautés locales et des ménages dans la gestion des ressources. Elle doit promouvoir la participation de l’ensemble de la communauté à la planification des projets de restauration des terres arides et autres interventions d’utilisation des terres, à l’action collective dans la mise en œuvre de ces interventions, ainsi qu’à la coordination entre les principales parties concernées des différents secteurs et niveaux d’échelle. Par exemple, les actions concertées des agriculteurs exploitant des pentes raides, combinées à celles des éleveurs pour réduire la pression de pâturage dans les endroits critiques, auront un plus grand impact sur les taux d’érosion et de sédimentation et la restauration du couvert végétal que des efforts individuels dispersés. Les communautés locales doivent être encouragées à

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investir dans une gestion améliorée de l’eau et des terres et à partager leurs connaissances et expériences. Comme indiqué précédemment, le présent rapport identifie 10 grands principes (ovales, figure ES.1), basés sur ces trois composantes clés de la gestion intégrée du paysage (Sayer et coll. 2013). Ils permettent de concevoir des processus capables d’amener des parties prenantes multiples à poursuivre un but commun dans un paysage donné, de rendre les synergies et les oppositions entre les différents objectifs plus transparents, et de trouver un accord sur des mécanismes de résolution des différends entre les parties concernées. Les sceptiques considéreront peut-être qu’il n’y a rien de neuf dans cette recherche d’une meilleure intégration entre les acteurs et les secteurs, avec un plus fort accent sur le ciblage géographique. Sur le plan conceptuel, la démarche proposée ici est néanmoins nouvelle, dans la mesure où elle intègre les enseignements tirés des précédentes approches de gestion des terres et porte une plus grande attention au renforcement de la résilience à des facteurs comme le changement climatique et l’évolution des forces du marché. La gestion intégrée du paysage a une valeur ajoutée car : •







Elle ne préconise pas une approche uniforme, mais invite plutôt les parties prenantes à considérer le contexte local et à tenir compte des secteurs, des parties concernées et des conditions sociales, culturelles et autres prévalant sur un territoire délimité de manière écologiquement pertinente. La gestion intégrée du paysage offre un cadre souple permettant de dimensionner les investissements à l’échelle d’un paysage, pour maximiser les synergies écologiques, économiques et sociales et minimiser les oppositions internes. Elle insiste pour que la planification et la mise en œuvre tiennent compte des composantes spatiales importantes pour la régénération des écosystèmes et leur maintien en bonne santé (par exemple flux hydrologiques, habitats). La gestion intégrée du paysage requiert que les planificateurs de l’utilisation des terres et les décideurs appréhendent différemment chacune des échelles et prennent en compte ces composantes spatiales. Elle promeut une combinaison de principes allant du bas vers le haut et du haut vers le bas pour encourager à la fois la participation de la communauté locale et la fourniture d’un appui institutionnel et financier adapté. Elle promeut une démarche de gestion adaptative prenant appui sur les composantes de suivi et d’évaluation pour générer des données à long terme en vue de comprendre si les communautés deviennent plus résilientes et accroissent leur capacité d’adaptation, et si les modifications attendues ont été apportées au niveau du paysage.

La promotion de la gestion intégrée du paysage dans les zones arides de l’Afrique subsaharienne présente de nombreux avantages : •

Une action et un investissement accru des parties prenantes : dans la région de Tigré en Éthiopie, par exemple, la restauration communautaire intégrée de petits bassins versants a incité les agriculteurs à investir dans des pratiques améliorées de gestion de l’eau et des sols. Leurs efforts coordonnés ont conduit au rechargement des nappes xiv









phréatiques dans les fonds de vallées et permis ainsi aux agriculteurs de développer l’irrigation en saison sèche et de pratiquer des cultures plus rentables. Une diminution des conflits autour de l’utilisation des ressources et des terres : une meilleure coordination entre les parties intéressées peut aider à clarifier les droits et responsabilités et à mieux comprendre les buts et objectifs associés au paysage, et ainsi réduire les conflits autour de l’utilisation des ressources et des terres. Les accords négociés entre agriculteurs et éleveurs sur la délimitation des corridors de circulation du bétail en sont un bon exemple. Ils ont contribué à protéger les cultures et les arbres des agriculteurs contre le broutage par le bétail, tout en préservant les pâturages et l’accès à l’eau des éleveurs. De même, les accords entre des communautés locales et des marchands de bois de chauffage et de charbon de bois ont amené ces derniers à s’approvisionner dans des forêts gérées au niveau local ou des exploitations sylvicoles. Des économies de gamme et d’échelle : en mettant en commun leurs compétences et leurs moyens, les utilisateurs des terres et de l’eau peuvent réaliser des économies d’échelle et profiter d’avantages en matière de coût résultant d’une production intégrée. Dans certaines interventions paysagères, la production simultanée de deux produits ou plus entraîne parfois également une augmentation du revenu des ménages. Un renforcement des capacités : à travers la participation communautaire et l’action collective promue par la gestion intégrée du paysage, les agriculteurs, éleveurs et autres utilisateurs des ressources découvrent de nouvelles techniques et pratiques durables. Les institutions locales ont les moyens de négocier et d’adopter des règles pour améliorer la gouvernance environnementale, assurer un partage plus équitable des avantages et accélérer l’adoption de pratiques améliorées de gestion des ressources naturelles. Une résilience à l’échelle des ménages et du paysage : une action collective mobilisant un grand nombre de ménages peut influencer les trois dimensions de la résilience, en fonction des conditions locales : exposition aux chocs (par exemple, dans le sud du Niger, des ménages ont déclaré avoir constaté une diminution de la vitesse des vents au début de la saison de croissance, après avoir augmenté la densité des arbres sur leurs exploitations) ; capacité d’adaptation (par exemple, dans les zones arides des plaines du Kitengela au Kenya, les agriculteurs ont bénéficié de nouvelles sources de revenus après avoir été convaincus de supprimer les clôtures le long des routes de migration des animaux sauvages, améliorant ainsi l’intérêt faunistique et touristique du parc national de Nairobi) ; et sensibilité aux chocs (par exemple, en Tanzanie, la restauration de zones boisées et des pâturages de saison sèche à l’aide de la régénération naturelle assistée des arbres a permis à des ménages dans les zones arides de diversifier leurs stratégies de subsistance et d’atténuer les risques pour le bétail durant la saison sèche).

Obstacles Un certain nombre d’obstacles doivent être surmontés avant que la gestion intégrée du paysage devienne une composante des processus normaux d’élaboration des politiques et de planification du développement dans les zones arides de l’Afrique : xv











Manque de connaissances et de sensibilisation à propos de la gestion intégrée du paysage au sein des pouvoirs publics nationaux et locaux, du secteur privé et de la société civile. La réflexion à l’échelle du paysage doit se répandre davantage parmi les acteurs nationaux et locaux. De plus, de nombreux programmes de gestion intégrée du paysage manquent de solides composantes de suivi et d’évaluation, en particulier audelà des niveaux du ménage et de la communauté, ce qui rend difficile l’évaluation des avantages à l’échelle du paysage. Obstacles institutionnels entravant le traitement de la complexité au niveau du paysage. La dynamique des paysages est généralement très complexe, car elle implique des interactions entre divers groupes d’acteurs et différentes utilisations des terres. Dans la plupart des cas, il n’existe pas de solutions simples aux défis complexes, et une approche uniforme ne fonctionne pas. Une analyse approfondie des défis locaux est nécessaire, ainsi qu’une approche d’apprentissage par la pratique associée à un investissement important dans les réformes institutionnelles et le renforcement des capacités. Des moyens de prendre en compte les mandats spécifiques des différents ministères sectoriels doivent en outre être trouvés pour résoudre les difficultés d’un travail transversal. Faibles disponibilité et accessibilité des données locales sur les terres, l’eau et l’utilisation des ressources naturelles. Pour de nombreuses zones arides, les planificateurs locaux ne disposent que d’un accès très limité aux données SIG sur l’occupation et l’utilisation des sols, l’approvisionnement en eau et les captages, et d’autres utilisations des ressources naturelles. Soit elles n’existent pas, soit elles ne sont pas ouvertes au public. Sans ces données, il est difficile d’élaborer des scénarios pour l’utilisation des terres. De tels scénarios permettent par exemple d’identifier les zones se prêtant particulièrement bien à la mise en place de pratiques améliorées de gestion des terres et de l’eau—et d’optimiser ainsi la productivité de l’eau à l’échelle du paysage—ou encore les principales voies d’accès aux zones ripicoles en vue d’accroître la résilience des systèmes de production pastoraux. Difficultés d’assurer la gestion des oppositions internes et la fourniture d’incitations appropriées au changement de comportement requis. Dans les systèmes de cultures mixtes, il est particulièrement nécessaire d’évaluer les oppositions internes et les synergies entre les différents usages et utilisateurs des terres. Toutefois, la capacité de réalisation de ce type d’analyses est généralement faible au sein des organes d’exécution. Fragmentation du financement et de la planification de la restauration des zones arides en vue d’une optimisation de l’utilisation des terres. En raison de la marginalisation persistante des zones arides, la capacité locale de planification de l’utilisation des terres est généralement limitée. Cette faiblesse peut entraîner des conflits autour des ressources et des terres ainsi que d’autres coûts.

Recommandations Les données écologiques et économiques rassemblées dans ce rapport montrent que la gestion intégrée du paysage peut amplifier l’impact des investissements dans les systèmes basés sur les arbres et les pratiques de gestion améliorée du bétail et contribuer à xvi

l’augmentation de la productivité des cultures pluviales. Les efforts de gestion intégrée du paysage ont permis de coordonner les actions des multiples utilisateurs des terres et autres parties concernées, ont réduit les conflits et amélioré la gouvernance globale de l’eau, des terres et d’autres ressources. La gestion intégrée du paysage est donc une approche utile pour renforcer l’intensification des systèmes de culture en zones arides et générera, dans de nombreux endroits (mais pas systématiquement), de multiples gains, et notamment : une productivité agricole améliorée, des répercussions positives sur l’eau au niveau de l’exploitation et du paysage, la séquestration du carbone, la préservation de la biodiversité et d’autres avantages liés aux services écosystémiques, ainsi qu’une résilience accrue au climat. Il est possible d’associer différentes politiques et interventions pour déclencher et accélérer l’extension de ces avantages à travers la gestion intégrée du paysage dans les zones arides de l’Afrique subsaharienne, afin de restaurer et d’accroître la résilience écologique et celle des ménages. Il est nécessaire de mettre en place des politiques afin de développer les conditions-cadres requises pour à la fois lancer de nouveaux programmes et modifier et étendre les efforts existants de restauration et de résilience dans les zones arides de l’Afrique subsaharienne. Le tableau ES.1 présente les options politiques pour six grands domaines d’intervention qui peuvent être explorées et appliquées au contexte local afin de relever les importants défis décrits plus haut et favoriser une gestion intégrée du paysage. Tableau ES.1 principaux domaines d’intervention et options politiques associées favorisant une gestion intégrée du paysage Domaine d’intervention

Exemples d’options politiques

1. Clarifier les droits et responsabilités liés • Décentraliser les politiques de gestion des ressources naturelles et accorder une plus grande autorité aux à la terre organisations chargées des ressources communautaires pour leur donner les moyens de prendre des décisions. • Réformer les politiques foncières et de planification de l’utilisation des terres pour renforcer la propriété communautaire des ressources et créer une plus grande sécurité de l’accès aux ressources naturelles et de leur utilisation. 2. Encourager la participation des multiples parties prenantes et l’action collective

• Créer ou investir dans des mécanismes incitatifs visant à offrir une compensation aux utilisateurs lésés et encourager leur participation aux initiatives de gestion intégrée du paysage (par exemple, systèmes de rétribution pour les services écosystémiques). • Encourager les politiques qui favorisent les conditions-cadres de la collaboration et de l’implication complète des parties prenantes, notamment en matière de formation et de capacité légale des groupes d’intérêt commun.

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3. Surmonter les obstacles institutionnels • Réaliser un examen approfondi des politiques et programmes de restauration des zones arides en cours pour : identifier les à la gestion intégrée du paysage obstacles à l’extension des expériences réussies en matière de restauration et à la mise en œuvre des principes de gestion intégrée du paysage ; identifier les lacunes en termes de personnel et de politiques nécessaires à la promotion de la gestion intégrée du paysage ; et mieux cibler les financements des actions et programmes de restauration des zones arides. • Créer un ensemble de directives communes pour la restauration des zones arides intégrant des principes de bonne pratique de gestion intégrée du paysage, validé par les agences gouvernementales compétentes afin de démontrer une solidarité autour de la promotion de la gestion intégrée du paysage. 4. Créer les conditions d’une planification • Encourager la dimension spatiale dans les plans de développement local et renforcer les politiques de planification et d’une gestion adaptatives participative de l’utilisation des terres là où elles n’existent pas. • Inciter à la planification systématique et davantage coordonnée et à la création de liens entre la planification et les budgets des pouvoirs publics. 5. Créer des mécanismes et des politiques • Travailler avec les ministères des Finances, les bailleurs de de soutien pour un financement fonds et d’autres financeurs afin de promouvoir la durable consolidation des financements permettant de normaliser la et à long terme de la gestion intégrée gestion améliorée de l’eau et des terres. Accroître le financement de la gestion intégrée du paysage dans des zones du paysage arides ciblées où les ménages ruraux sont particulièrement vulnérables, et où il existe un important potentiel de développement de l’agroforesterie et d’autres pratiques de gestion améliorée des terres et de l’eau. • Proposer des mesures incitatives et réduire les risques perçus de la gestion intégrée du paysage afin d’encourager les investissements publics et privés, à travers des garanties et autres mécanismes de réduction des risques. 6. Investir dans un solide corpus de • Investir dans les instituts de recherche, les programmes de développement universitaires et les ONG pour définir et suivre données et des plateformes de partage les principaux indicateurs de restauration, créer des des connaissances sur la gestion plateformes de partage des connaissances, et établir des intégrée du paysage systèmes de suivi et d’évaluation pour alimenter l’analyse sur le long terme et la gestion adaptative (et les relier aux systèmes existants de surveillance de la sécheresse et d’alerte précoce). • Identifier les acteurs phares et les chefs de file de la gestion intégrée du paysage pouvant jouer un rôle déterminant dans la sensibilisation et la promotion de cette approche, et représenter des groupes-ressources et culturels ainsi que des secteurs différents. La documentation systématique des réussites en matière de gestion intégrée du paysage peut contribuer à soutenir ces acteurs. Note : ONG = Organisations non gouvernementales.

Ces recommandations générales sur les politiques peuvent être adaptées au contexte agro-écologique de la zone. Dans les secteurs où la dégradation est sévère, il peut être xviii

nécessaire d’investir d’abord dans les pratiques durables de gestion des terres et de l’eau, couvrant les aspects sociaux, techniques et environnementaux, en vue de rétablir la santé des écosystèmes (par exemple, mobilité accrue du bétail, exclos, interdictions de pâture, infrastructure de collecte des eaux de pluie, éducation et développement des compétences des parties prenantes principales, programmes de filets de sécurité sociale pour la fourniture de denrées alimentaires et d’espèces pour les interventions de mise en œuvre par les villageois, etc.). De tels programmes doivent exploiter des options peu coûteuses (par exemple en catalysant et en s’appuyant sur les efforts de restauration innovants développés par les agriculteurs) et être adaptés au contexte local, qui est déterminé non seulement par les personnes impliquées, mais aussi par le type de système agricole. Le tableau ES.2 fournit des exemples pour trois grands systèmes agricoles, à adapter aux conditions locales. Tableau ES.2 La gestion intégrée du paysage dans trois systèmes agricoles des zones arides Système

La gestion intégrée du paysage peut renforcer la résilience et contribuer à l’extension de systèmes de production durables en : • réduisant les conflits et en évitant les externalités négatives liées à l’intensification • mettant en place des institutions pour la planification intégrée de l’utilisation des terres (documentant et prenant en compte les droits existants, en particulier l’accès aux ressources collectives et aux secteurs ripicoles) et des mécanismes de résolution des conflits • soutenant l’intensification durable de l’élevage et des cultures • explorant les possibilités d’exploitation du paysage (mosaïque d’écosystèmes naturels et gérés) en vue de renforcer le contrôle biologique, la gestion des nuisibles, la pollinisation ou d’autres services écosystémiques • préservant les approvisionnements en eau en amont et en réduisant les externalités négatives sur les autres utilisateurs de l’eau et des ressources naturelles en aval • réduisant les risques de pénurie d’eau et de dégradation des terres • soutenant la régénération des forêts sèches et des espaces boisés à travers la régénération naturelle assistée des arbres et en accroissant la densité des arbres sur les exploitations à travers la régénération naturelle gérée par les agriculteurs • préservant les réserves de pâturage de saison sèche (par exemple, zones humides, forêts sèches et espaces boisés) et en encourageant la gestion planifiée des pâturages • développant des infrastructures pour l’eau correspondant à la gestion durable des fourrages • diversifiant les sources de revenus et en accroissant la capacité d’adaptation • établissant des gratifications ou des paiements pour la conservation de la biodiversité, les corridors pour la faune sauvage et, dans les zones de pentes, la protection des bassins versants • réduisant les conflits et en évitant la désolidarisation des autres utilisateurs de la ressource • créant des corridors pour le déplacement du bétail pour protéger les cultures et les arbres des agriculteurs, en établissant des zones d’accès aux pâturages et à l’eau pour garantir la résilience des systèmes de production pastoraux, et en mettant en place un mécanisme de résolution des litiges • créant des corridors pour l’accès de la faune sauvage à l’eau et à la biomasse pendant les épisodes de sécheresse

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• réduisant les risques de pénurie d’eau et de dégradation des terres • soutenant la régénération des paysages pastoraux à travers la régénération naturelle assistée des arbres et des arbustes à l’aide d’exclos et avec l’aide des institutions communautaires de gestion des ressources naturelles (notamment les institutions pastorales coutumières) • préservant les réserves de pâturage de saison sèche (notamment les zones humides), l’accès aux ressources naturelles et leur utilisation • soutenant la mobilité pastorale • développant des infrastructures pour l’eau correspondant à la disponibilité en fourrages et aux modes de pâturage afin de prévenir les risques de dégradation • encourageant une gestion des pâturages qui améliore la couverture des sols, augmente l’infiltration et la rétention de l’eau et améliore la diversité des plantes et de la biomasse • diversifiant les sources de revenus et en accroissant la capacité d’adaptation • établissant des gratifications ou des paiements pour la conservation de la biodiversité

Les messages clés à retenir En fournissant un cadre complet à l’extension des pratiques améliorées de gestion des terres et de l’eau dans des secteurs ciblés, la gestion intégrée du paysage peut aider à inverser la dégradation des zones arides de l’Afrique et renforcer la résilience des éleveurs et des agriculteurs les plus vulnérables. Un investissement accru dans des programmes de gestion intégrée du paysage, soutenant la coordination et la collaboration à long terme de différents groupes de gestionnaires du territoire et parties prenantes au sein des paysages des zones arides, peut renforcer et pérenniser ces efforts de restauration des terres, réduire les risques de pénurie d’eau et d’épuisement des sols, diversifier les sources de revenus, soutenir l’intensification durable et réduire les conflits.

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UNE ÉTUDE DE LA BANQUE MONDIALE

pproches intégrées du paysage pour les zones arides de l’Afrique présente les premières conclusions démontrant l’importance d’adopter une gestion intégrée du paysage qui aille au-delà des interventions sectorielles pour prendre en compte la santé des écosystèmes sur lesquels reposent les moyens de subsistance humains et la résilience des communautés rurales dans les zones arides de l’Afrique subsaharienne. La gestion intégrée du paysage revêt une importance particulière pour ces zones arides, car leur population dépend de systèmes de production fréquemment désorganisés par des chocs exogènes tels que les sécheresses. Les données écologiques et économiques rassemblées dans ce rapport montrent que la gestion intégrée du paysage peut amplifier l’impact des investissements dans les systèmes basés sur les arbres et les pratiques de gestion améliorée du bétail et contribuer à l’augmentation de la productivité des cultures pluviales. Les efforts de gestion intégrée du paysage ont permis de coordonner les actions des multiples utilisateurs des terres et autres parties concernées, ont réduit les conflits et amélioré la gouvernance globale de l’eau, des terres et d’autres ressources. La gestion intégrée du paysage est donc une approche utile pour renforcer l’intensification des systèmes de culture en zones arides et générera, dans de nombreux endroits (mais pas systématiquement), de multiples gains, et notamment : une productivité agricole améliorée, des répercussions positives sur l’eau au niveau de l’exploitation et du paysage, la séquestration du carbone, la préservation de la biodiversité et d’autres avantages liés aux services écosystémiques, ainsi qu’une résilience accrue au climat.

Il est possible d’associer différentes politiques et interventions pour déclencher et accélérer l’extension de ces avantages à travers la gestion intégrée du paysage dans les zones arides de l’Afrique subsaharienne, afin de restaurer et d’accroître la résilience écologique et celle des ménages. Il est nécessaire de mettre en place des politiques afin de développer les conditions-cadres requises pour à la fois lancer de nouveaux programmes et modifier et étendre les efforts existants de restauration et de résilience dans les zones arides de l’Afrique subsaharienne. Cet ouvrage présente les options politiques pour six grands domaines d’intervention : (1) clarifier les droits et responsabilités liés à la terre, (2) encourager la participation des multiples parties prenantes et l’action collective, (3) surmonter les obstacles institutionnels à la gestion intégrée du paysage, (4) Créer les conditions d’une planification et d’une gestion adaptatives, (5) créer des mécanismes et des politiques de soutien pour un financement durable et à long terme de la gestion intégrée du paysage et (6) investir dans un solide corpus de données et des plateformes de partage des connaissances sur la gestion intégrée du paysage.

Approches intégrées du paysage pour les zones arides de l’Afrique

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Aperçu

Approches intégrées du paysage pour les zones arides de l’Afrique Édition de conférence

Erin Gray, Norbert Henninger, Chris Reij, Robert Winterbottom et Paola Agostini