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«Un de mes souvenirs les plus fort c'est lorsque nous faisions face au CRS, j'était ... En plus d'être en plein heurt contre les forces de l'ordre, les militants dont ...
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ANARCHISTE «Je Suis De Ceux Qui Cassent»

ANARCHISTE «Je Suis De Ceux Qui Cassent»

Le début de la vingtaine, Mathieu habite chez ses parents dans un quartier aisé de la capitale. Il travaille actuellement en CDD après avoir fini ses études et il fait parti de ceux que l’on appelle communément des “casseurs”. Militant pendant des années, il manifeste cagoulé au sein du Black Bloc depuis plus d’un an. Il a ainsi décidé de durcir sa lutte pour avancer vers une «société meilleure».

Sous leurs allures sauvage et non réfléchie, ces actes sont tous réalisés avec stratégie et idéologie. La plupart des militants présents dans les Black Bloc juge que la violence est un mal, un mal nécessaire. Décriée ou approuvée la présence d’un bloc de militants insurrectionnels fait de plus en plus parler d’elle. Le bloc se place dorénavant devant les unions syndicalistes dans le «cortège de tête», au côté des autres militants déterminés. En tant micro-société éphémère, incomprise et pointée du doigt, le Black Bloc est une stratégie militante radicale luttant pour l’utopie dans la violence s’il le faut.

Cette tactique de manifestation éphémère qui n’existe ni avant ni après, fait de plus en plus parler d’elle en France. Durant le mouvement social du printemps 2016 contre la «Loi Travail», le Black Bloc devient un Les choses sont alors bien plus atout de taille dans le mouvement. complexes que ce que l’on pourrait Le Black Bloc se place désormais croire. Sous les cagoules et les images devant les unions syndicalistes au de violences, se trouvent avant sein du cortège de tête qui regroupe tout des êtres humains. Mathieu les manifestants non attaché à un est une voix parmi tant d’autres. parti ou syndicat. S’il regardait d’un Des militants qui disposent chacun œil distant les premiers pas des Gilets de leur personnalité et de leurs jaunes, il a rapidement fait le choix idéaux. Une multitude de femmes et de venir manifester avec eux à une d’hommes . Tel est le vrai visage de ce dizaine de reprises à Paris. mouvement.

«Un de mes souvenirs les plus fort c’est lorsque nous faisions face au CRS, j’était derrière une banderole renforcé et on entendait des “CHTONK” sur celle-ci, c’était des balles en caoutchouc qui nous visait. Quelqu’un-e du bloc que je ne connaissaient pas a posé sa main sur mon épaule comme pour dire “ne t’en fais pas je suis derrière toi”. C’est la que j’ai compris que je n’étais pas seul.»

«J’ai toujours à peu près le même Matos, un pantalon noir ou gris foncé, un cache cou ou un t-shirt noir, un k-way noir et des lunettes de piscine (avant j’utilisais un masque de ski) pour les lacrymogènes et une paire de gants. J’ai toujours de l’eau sur moi et du liquide physiologique dans une poche ainsi que ma pièce d’identité. Je n’ai pas vraiment de rituel particulier»

Le bureau de Mathieu pendant qu’il se prépare à aller manifester.

«Selon les appels à manifester on sait plus où moins à quoi s’attendre en terme de violence, et on s’y prépare. Par exemple le premier mai on savait que ça allait être chaud. Une autre préparation à faire et auprès de ses proches au courant de nos modes d’action, car y faut les prévenir que nous risquons de subir de la violence policière, que nous risquons la garde à vue et même l’incarcération.»

«On a de l’adrénaline, de la colère mais aussi de la peur pour soi et pour ses copaines. Mais on a aussi le sentiment d’être ensemble et de se battre pour ce qui est juste.»

«De mon point de vue nous n’allons pas trop loin, parfois nous faisons les choses de la mauvaise façon et nous faisons des erreurs. Je ne parle pas d’attaquer une banque mais de la façon dont on l’attaque. Par exemple mettre le feu est trop dangereux pour les habitations au dessus, mais si la banque était un bâtiment à elle seule et qu’elle est vide, je n’y verrais aucun problème. Mais le bloc est très diversifié, certain-e-s, par exemple, sont opposé-e-s à la confrontation direct avec les forces du désordre, iels préfèrent attendre que les flics nous attaquent avant de répondre, ou bien de ne pas les affronter du tout. Donc pour une parti des participant-e-s nous allons peut-être trop loin dans certaines actions.»

En plus d’être en plein heurt contre les forces de l’ordre, les militants dont Mathieu, doivent faire avec les journalistes, toujours plus présents à couvrir les manifestations. La trop grande capatation d’images posent problème aux militants qui y voient encore plus de preuves que la police pourra utiliser contre eux ultérieurement.

«La violence n’a pas pour but de nous servir mais plutôt de servir nos messages et luttes. Ce qui ressort souvent c’est qu’on est des gens qui “cassent” juste par plaisir, sans idéologies. c’est faux et on le voit bien. On s’en prend à des cibles qui sont des symboles de la société contre laquelle on lutte : des banques, la police et des grosses entreprises capitalistes. Pour moi cette violence est inutile sans une base qui la soutient, une base non ou peu violente. C’est la “diversité des tactiques” qui peut permettre de faire bouger les lignes, incluant une violence comme une nonviolence.»

«Oui j’ai peur parfois, voir ses ami-e-s se faire traîner par la police sous nos yeux, se faire frapper, c’est angoissant. Mais d’un côté cette peur alimente mes arguments, on vit dans une société où la violence est partout. Et je me dis que si je cède face à cette peur, iels auront gagné. Je sais que je ne suis pas seul. Notre force c’est notre solidarité.»

«Quand on rentre on est déjà heureux, heureux d’être libre et entier, et si on a été blessé légèrement on se dit souvent que ca aurait pu être bien pire. Après les manifs où ça chauffe c’est aussi celles où on subit nous-même le plus de violence, donc on est à la fois content d’avoir pu montrer notre colère mais frustré par tous les blessés.»

«Une société où les humain-e-s sont en harmonie entre elleux et avec les autre espèces ainsi qu’avec leur environnement. Arrêter de travailler pour produire de la valeur et construire une société basée sur les besoin de chacun-e. Pour moi, il faut rapprocher la décision politique de l’habitant-e. Tout le monde doit se sentir concerné-e et participer, le principe de l’autogestion et de la démocratie directe (càd la vraie démocratie) doit faire consensus. Décentraliser la société où tout ne vient pas d’en haut mais où c’est la base, la population qui choisit son destin, dans un système de décision horiziontal. Oui je suis sans doute naïf de croire ça mais je pense que l’on peut pas arriver à cette société si on arrête d’y croire. On sait que des exemples de sociétés plus ou moins semblables ont existé, au Mexique avec les zapatiste, au Kurdistan, en Ukraine ou même aujourd’hui dans certaines ZAD. Je pense que c’est utopique parce qu’on ne veut pas y croire.»