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au Népal et au Soudan du Sud, le niveau de l'enseignement secondaire est ... route visant la valorisation de l'alphabétisation. Elle a pour objectif principal de ...
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@ DVV International Mozambique, 2012

Note d’orientation n° 1 de l’UIL

L’importance de la qualité : améliorer le statut des personnels d’alphabétisation

UNESCO Institute for Lifelong Learning Institut de l’unesco pour l’apprentissage tout au long de la vie

UIL/2013/PI/H/3

© UN Photo/Martine Perret   

Le défi mondial de l’alphabétisation L’alphabétisation et l’éducation de base sont reconnues comme droits humains fondamentaux. L’utilisation de l’écrit s’intensifie dans le monde entier, les capacités de lire, d’écrire et de manier les chiffres sont donc devenues des requis essentiels pour participer activement à la société, et sont la base pour la poursuite de l’apprentissage. Si le taux d’alphabétisme des adultes a augmenté à l’échelle mondiale de 8,6 pour cent au cours des 20 dernières années, 774 millions d’adultes (âgés de plus de 15 ans), dont 64 pour cent sont des femmes, sont aujourd’hui encore illettrés (ISU, 2013). Les gouvernements ont certes la volonté d’autonomiser leurs citoyens pour qu’ils deviennent les acteurs d’un changement social et économique positif, mais ils doivent encore accorder la priorité absolue à un enseignement de qualité des compétences de base.

Engagement international

©UN Photo/Louise Gubb, 1982     

Lors de la sixième Conférence internationale sur l’éducation des adultes (CONFINTEA VI) tenue à Belém (Brésil) en 2009, les délégués de 144 États membres de l’UNESCO ont convenu de multiplier leurs efforts en vue d’élever les taux d’alphabétisme. Le personnel d’alphabétisation étant décisif pour garantir la qualité de toute forme d’activité éducative, le Cadre d’action de Belém énonce expressément l’engagement « à améliorer la formation, le renforcement des capacités, les conditions d’emploi et la professionnalisation des éducateurs d’adultes » (UIL, 2010, p. 6). Mais une partie des éducateurs d’adultes, à savoir les personnels d’alphabétisation, retiennent le moins l’attention. En vue d’influer sur cette situation, la présente note aborde les principales questions liées au statut et aux conditions de travail du personnel d’alphabétisation. Elle est inspirée des débats menés par des experts et praticiens issus de plus de dix pays dans le cadre de l’Atelier international sur les stratégies en vue d’améliorer le statut du personnel d’alphabétisation (tenu en mars 2013 à Addis-Abeba, Éthiopie), et contient des éléments majeurs de réflexion et d’action.

La condition des personnels d’alphabétisation Malgré leur rôle déterminant dans l’offre de programmes d’alphabétisation de qualité, les alphabétiseurs d’adultes (appelés animateurs dans certains contextes) font partie des enseignants les moins rémunérés et bénéficient le moins de mesures de formation. Un grand nombre d’entre eux ne perçoivent aucune rétribution pour leurs services. Étant donné que l’alphabétisation ne constitue pas dans la plupart des pays une priorité stratégique, des actions et investissements soutenus pour améliorer le statut et les conditions de travail du personnel d’alphabétisation font défaut. Cette situation contribue au cercle vicieux de programmes d’alphabétisation de qualité insuffisante, ce qui par ricochet encourage peu les gouvernements à accroître leurs investissements dans l’alphabétisation et l’enseignement des compétences de base. Les données tirées des rapports nationaux1 et les renseignements recueillis auprès des pays participants2 à l’atelier international signalent des situations très disparates pour les enseignants et animateurs en alphabétisation en termes de critères d’admission, de formation initiale et continue, d’accréditation et de conditions de travail (durée du travail, rémunération et lieux d’enseignement). Par exemple, au Burkina Faso et en Chine, toute personne ayant achevé l’enseignement primaire peut devenir alphabétiseur, alors qu’en Éthiopie, en Indonésie, au Népal et au Soudan du Sud, le niveau de l’enseignement secondaire est obligatoire. Au Nigéria, les alphabétiseurs doivent être titulaires d’un certificat national d’éducation (NCE). Et en Europe, de nombreux pays déclarent que leurs personnels d’alphabétisation doivent détenir un titre universitaire.

1 140 pays ont soumis en 2012 à l’Institut de l’UNESCO pour l’apprentissage tout au long de la vie (UIL) leurs rapports nationaux sur la mise en œuvre du Cadre d’action de Belém. Ces rapports ont nourri le second Rapport mondial sur l’apprentissage et l’éducation des adultes (GRALE), qui sortira au milieu de l’année 2013. Tous les rapports nationaux sont disponibles sur le site électronique de l’UIL à l’adresse http://uil.unesco.org/home/programmeareas/adult-learning-and-education/confintea-portal/ news-target/national-progress-reports-for-grale-2012/ af44e96bc9ca05553529f73098b1348b/. 2 Les pays participants étaient l’Afghanistan, l’Égypte, l’Éthiopie, l’Indonésie, le Népal, le Nigéria et le Soudan du Sud.

Dans un grand nombre de pays dont les taux d’analphabétisme sont élevés, il n’est pas rare que les membres d’une communauté avec des niveaux inférieurs de formation assument la tâche d’enseigner à leurs pairs.

© Sake Rijpkema, UNESCO Photobank 

Certains gouvernements octroient une formation initiale de quelques jours seulement (par exemple Sri Lanka et Yémen), d’autres prévoient deux à trois semaines de formation (Afghanistan et Malawi), d’autres encore une formation initiale de plusieurs mois (six mois en Égypte, 12 au Mozambique et 18 en Autriche). Dans de nombreux pays d’Afrique et d’Asie, les formations initiale et continue du personnel d’alphabétisation sont organisées à la fois par les gouvernements et les organisations non gouvernementales.

Les connaissances, compétences et savoir-faire qui sont exigés des alphabétiseurs incluent une familiarisation avec les questions pédagogiques, une appréhension de la nature de l’alphabétisation ainsi que de sa relation avec l’éducation et la formation professionnelles, enfin une sensibilité aux différences entre les sexes. Afin de garantir la qualité des programmes de formation des alphabétiseurs, certains pays (entre autres Indonésie et Népal) ont élaboré un curriculum standard qui peut être adapté aux besoins locaux. Dans d’autres pays, des universités et autres institutions de recherche en éducation se voient confier la tâche d’aménager un espace qui stimule les innovations relatives à la professionnalisation du personnel d’alphabétisation.

pays, le statut inférieur des alphabétiseurs est dû à leur faible représentation dans l’élaboration des politiques. En Indonésie et dans la plupart des pays européens, l’implication active des organisations d’alphabétiseurs dans les procédures stratégiques contribue non seulement à rehausser le statut des alphabétiseurs, mais aussi à améliorer la qualité des programmes d’alphabétisation. Mais globalement, le rapprochement des systèmes non formel et formel au moyen de cadres d’équivalence pourrait valoriser le statut des intervenants en alphabétisation et en éducation non formelle.

Propositions d’actions pour les pays Au cours de l’Atelier international sur les stratégies en vue d’améliorer le statut du personnel d’alphabétisation, les participants ont proposé d’intégrer les actions suivantes dans les politiques : 1) traiter la formation professionnelle des alphabétiseurs, 2) élaborer un curriculum fondé sur les besoins, 3) réviser la rémunération, et 4) assurer la représentation politique des personnels d’alphabétisation. En tenant compte de leurs différents contextes, les représentants nationaux ont élaboré des plans contenant des éléments spécifiques. Pour le Nigéria a été élaborée une feuille de route visant la valorisation de l’alphabétisation. Elle a pour objectif principal de renforcer les capacités institutionnelles et individuelles à programmer, élaborer, mettre en place et vérifier en termes de qualité les programmes d’alphabétisation, afin de permettre aux citoyens d’acquérir les compétences de l’alphabétisme de base et fonctionnel. Cette feuille de route inclut en outre la création d’une association professionnelle en vue de favoriser le réseautage entre alphabétiseurs.

Étant donné la situation au Soudan du Sud – où la majorité de la population n’a pas accédé à l’éducation durant les dernières décennies de conflit – le gouvernement a considéré Un autre aspect central qui influence le statut que l’élaboration d’une politique nationale des alphabétiseurs est la rémunération, qui d’alphabétisation était une première étape varie considérablement à travers la planète. Les décisive pour faire progresser la situation rapports nationaux révèlent un large éventail des du personnel d’alphabétisation. Il escompte rémunérations mensuelles moyennes (30 dollars que la création d’un cadre de certification et US en Sierra Leone, 65 au Guatemala, 145 aux d’accréditation pour les alphabétiseurs améliorera Philippines, 190 en Palestine et 3000 en France). leurs conditions de travail, leur motivation et leur De manière générale, les individus sont davantage rémunération. attirés par une profession à rémunération élevée, qui reflète une position sociale supérieure. En vue d’atteindre les citoyens les plus privés d’éducation, l’Indonésie prévoit de perfectionner Outre les qualifications et la rémunération, les compétences des alphabétiseurs actuels de la question de la représentation politique a trois provinces, sélectionnées pour leurs taux également une importance. Dans de nombreux d’alphabétisme les plus bas. L’objectif global

@ UIL

consiste à impliquer les centres communautaires d’apprentissage, les associations et autres réseaux dans la conception de modèles d’apprentissage et de formation pour les alphabétiseurs. Ces modèles tiennent compte des contextes des apprenants et intègrent le savoir, la culture et les langues autochtones ainsi que les questions d’égalité entre les sexes. La prise en compte des questions d’égalité entre les sexes et de leurs implications pour améliorer le statut des personnels d’alphabétisation revêt une importance pour tous les pays. La représentation sociale des identités sexuelles conduit à la création de stéréotypes et de normes sur les rôles des hommes et des femmes dans la société, qu’il est difficile de modifier. Les politiques et pratiques d’alphabétisation ne doivent pas renforcer ces stéréotypes. Le Népal connaît de grandes disparités dans ses taux d’alphabétisme entre les hommes et les femmes, entre les populations urbaines et rurales, et entre les nantis et les défavorisés. Le projet pilote « Alphabétisation pour tous : autonomisation et réduction de la pauvreté au Népal en situation de post-conflit » a été conçu pour proposer aux femmes des communautés rurales des programmes d’alphabétisation innovants et fondés sur la langue maternelle. Des animatrices locales ont été recrutées, formées, supervisées et soutenues. Leurs retours d’information sur les mesures de formation sont très positifs. L’équipe nationale du Népal a par ailleurs préconisé une révision du curriculum national d’alphabétisation, en vue de garantir que tous les matériels d’apprentissage soient sensibles aux différences entre les sexes, et intègrent les aptitudes à la vie pratique et les compétences génératrices de revenus dans les cours d’alphabétisation. Les compétences fondamentales (dont la littératie, la numératie, la communication, le travail en équipe, la résolution de problèmes, les capacités d’apprentissage) et les compétences professionnelles et techniques se renforcent mutuellement, aussi l’acquisition des premières doit être intégrée autant que possible dans l’enseignement.

Il est indispensable que les alphabétiseurs soient dotés des compétences nécessaires pour aider les apprenants à acquérir différentes compétences. En Afghanistan, le gouvernement s’est pour cette raison engagé à introduire de nouvelles méthodes d’enseignement dans la formation initiale et continue des alphabétiseurs. Cette décision implique d’améliorer la qualité de l’alphabétisation elle-même et de procéder à une évaluation des besoins. Des thèmes spécifiques liés à la cohésion sociale seront abordés dans ce contexte et pourront constituer un sujet dans la formation des alphabétiseurs. Cette initiative impliquera par ailleurs la révision du curriculum et des manuels de formation afférents. En Éthiopie, il n’existe pas encore de méthodes et approches standard pour la formation du personnel d’éducation non formelle. Par conséquent, un institut qui y sera consacré sera créé en 2015. Une stratégie pour le perfectionnement professionnel des alphabétiseurs sera préparée, afin de développer leurs capacités dans les domaines de la recherche et de l’évaluation. Cette stratégie élaborera en détail un système de rémunération. En Égypte, il est prévu de travailler sur la question de la rémunération des alphabétiseurs. Les niveaux de salaires des intervenants en alphabétisation étant extrêmement bas, le gouvernement prévoit une hausse de ces salaires par décret ministériel ainsi que l’allongement à trois ans de leur engagement contractuel. Ces mesures sont censées accroître le nombre d’intervenants motivés. Les exemples cités ci-dessus illustrent les enjeux liés à l’amélioration du statut du personnel d’alphabétisation. Les mesures prises diffèrent en fonction de chaque contexte et fournissent des enseignements précieux sur ce que les pays considèrent comme priorités absolues dans le domaine de l’alphabétisation. Pour déployer le potentiel des illettrés de la planète, les décideurs et les praticiens doivent centrer leur attention sur l’amélioration du statut du personnel d’alphabétisation. Si ceci est réalisé d’une manière globale et systématique, ces efforts donneront naissance à un corps d’enseignants qualifiés et motivés, qui pourront dispenser des programmes d’alphabétisation de grande qualité.

Liste de références UIL (Institut de l’UNESCO pour l’apprentissage tout au long de la vie) (2010), Cadre d’action de Belém. Hamburg: UIL. http://unesdoc.unesco.org/ images/0018/001877/187789m.pdf. ISU (Institut de statistique de l’UNESCO) (2013), Centre de données de l’ISU. Montreal: UIS.