Alcool,vandalismeetréseauxsociaux… les«projetsX ...

prison et 75000 euros d'amende, et ont dû verser chacun 15000 .... d'Eysines, près de Bordeaux, samedi 23 juin en fin d'après-midi. Le par- quet a ouvert une ...
214KB taille 8 téléchargements 272 vues
0123

société

Mardi 26 juin 2012

11

Alcool, vandalisme et réseaux sociaux… Uncollégienécroué les «projets X» font fantasmer les ados pourmeurtreaprès Deux jeunes Varois sont jugés, lundi 25juin, à Draguignan pour le saccage d’une villa. Sur Facebook, unebagarreà Rennes ils avaient promis une soirée «qui rentrera dans l’histoire, comme dans le film “Projet X”» L’autopsie du corps de Kylian, 13 ans, a montré que son décès résultait d’une strangulation

I

nvitation no limit. Venez avec bouteilles. Possibilité 1 200 personnes… » Cette annonce postée sur Facebook a suffi à lancer le « projet XXX » de deux jeunes Varois, en mai. Sur Facebook, ils promettaient une soirée « qui rentrera dans l’histoire comme dans le film Projet X ». Un vœu à moitié exaucé : pour avoir reproduit lors d’une fête le scénario de la comédie américaine sortie en mars en saccageant une villa inoccupée à Roquebrune-sur-Argens, une station balnéaire entre Saint-Tropez et Fréjus, ils comparaissent lundi 25 juin devant le tribunal correctionnel de Draguignan. Il s’agit du premier procès pour un « projetX» en France.Les deuxorganisateurs, l’un jardinier et l’autre sans emploi, sont accusés de « dégradation en réunion » mais aussi « travail dissimulé », a précisé Danielle Drouy-Ayral,procureurde Draguignan. Ils conditionnaient en effet l’entrée à l’achat de « bracelets du destin» indiquant les dispositions sexuelles des participants. Samedi 19 mai, « Allan », 22 ans, dévoile au dernier moment le lieu de rendez-vous sur le réseau social. Il s’agit de la résidence secondaire d’un Hollandais, que lui aurait loué pour 500 euros un mandataire local chargé de surveiller la maison et de gérer les locations en l’absence de son propriétaire. Quelques heures plus tard,Les Issambres, le quartier résidentiel en bord de mer du village, est envahi par plusieurs centaines de jeunes. L’endroit a pris des airs de rave-party, avec pour épicentre l’opulente villa, transformée en boîte de nuit clandestine. Les riverains, inquiets devant les dizaines de voitures affluant danslequartier,contactentle groupement de gendarmerie de Fréjus, lequel est déjà accaparé depuis l’après-midi par un accident mortel sur le rallye du Var. Douze militaires se rendent néanmoins sur place vers 23 heures et découvrent « un chaos total, un climat très tendu », selon le chef d’escadron Mathieu Allamand, responsable de la communication des gendarmes du Var. Des jeunes fortement alcoolisés ont envahi les rues et allument des fumigènes. Surpris par l’ampleur de l’événement et le nombre de participants (entre 400 et 600), les gendarmes quadrillentla zone, empêchantles derniers arrivés de grossir les rangs des fêtards, en attendant que l’agitation retombe. Pendant ce temps, tout ce qui se trouve dans la villa

Rennes Correspondance

K

est systématiquement vandalisé – le mobilier finit dans la piscine, les matelas volent par les fenêtres, les radiateurs sont arrachés, les vitres brisées… Une fin de soirée paroxystique et quasi identique à celle du film qui l’a inspirée. ProjetX n’est que le dernier d’une longue série de blockbusterspour ados mettanten scène une gigantesque house-party à

Lessoirées«projetX» secaractérisentaussi parlacaptationvidéo del’événement etlarecherche denotoriété l’américaine, glorifiant les jeux alcoolisés et les transgressions potaches d’usage. Sauf que dans ce succès surprise au box-office (1,9 million d’entrées en deux mois en France), le clou du spectacle est la destruction de la maison avant l’arrivée en nombre de la police et des médias. La trame de Projet X est tirée d’un fait réel. En 2008, un Australien, Corey Worthington, âgé de 16 ans à l’époque, avait profité de l’absence de ses parents pour inviterchezlui 500 personnesvia Facebook. Le week-end s’était conclu par la destruction de la maison familiale et des dégradations dans

tout le voisinage. Une interview de l’adolescentpourla télévisionlocale était alors devenue une vidéo virale, suscitant des vocations aux Etats-Unis et en Australie. Depuis la sortie du film, le phénomène a pris de l’ampleur. Des maisons inoccupées ont été la cible de soirées « projet X » dans de nombreux pays.Plus tragique,en mars, une fête réunissant 600 jeunes dansle Texasa fait un mortpar balles. Dans la confusion de l’arrivée de la police, des invités armés se sont mis à tirer, touchant un adolescent. En France, sur les forums Internet et les réseaux sociaux, de nombreux jeunes rêvent désormais de « faire un projet X ». Mais les passages à l’acte sont rares, d’autant plus que les forces de l’ordre restent vigilantes sur le Net et n’hésitent pas à contacter les organisateurs de ces soirées pour leur rappeler leurs responsabilités. Dans le Var, deux projets de fêtes similaires ont ainsi été tués dans l’œuf en mai. Cependant, devant la multiplication de fêtes annoncées comme « projet X », difficile au préalable pour la police de faire le tri entre simple thème de soirée et véritable rassemblement destructeur. Au-delà de l’usage des réseaux sociaux et du vandalisme, les soirées « projet X » se caractérisent par la captation vidéo systématique de l’événementet la recherche

de notoriété.Commedans lacomédie de Nima Nourizadeh, tournée caméra à l’épaule pour simuler un effet de réel, les participants se filment puis postent sur la Toile des montages des moments les plus outranciers, afin de recréer la bande-annonce du film. Un mimétisme qui rappelle les « skins parties », toujours très populaires chez les moins de 20 ans. Ces soirées inspirées de la controversée série britannique Skins, accusée de banaliserdrogue,alcoolet comportementsà risque, qui avaitfait l’objet de nombreux reportages il y a deux ans. Dans l’affaire jugée lundi à Draguignan, l’un des organisateurs de la soirée avait poussé le narcissisme jusqu’à donner une interview à Var-Matin dans les jours suivant la fête, avant d’être finalement retrouvé et arrêté. Il se félicitait d’avoir « fait la “une” du journal devant le Festival de Cannes », précisant qu’il voulait « créer le buzz et être connu ». Exprimant de timides remords, il retenait surtout que « tout le monde scandait [son] prénom… ». Un quart d’heure de célébrité qui pourrait coûter cher aux deux prévenus, placés sous contrôle judiciaire avec une interdiction d’utiliser les réseaux sociaux. Ils encourent cinq ans de prison et 75 000 euros d’amende, et ont dû verser chacun 15 000 euros de caution. p Guillaume Gendron

Les débordements dans les soirées ont toujours existé mais Facebook a amplifié le phénomène LES SOIRÉES qui dégénèrent n’ont pas attendu l’avènement des réseaux sociaux sur Internet pour faire partie de l’imaginaire festif de la jeunesse. Dans les années 2000, les émissions télévisées «Jackass» aux Etats-Unis ou encore celles de Michaël Youn en France, ont popularisé le vandalisme en soirée. Le comique français avait dû payer 400000 euros de dommages et intérêts cumulés lors du tournage des Onze commandements, sorti en 2004, où, entre autres, il avait transformé une maison de location en piscine en l’inondant. David Cameron, premier ministre britannique, a luimême appartenu à un club d’étudiants fortunés qui saccageaient des pubs lors de soirées arrosées. Avant de laisser un chèque pour réparer les dégâts. Ce que les réseaux sociaux ont changé, c’est l’échelle de ces rassemblements grâce à une propagation virale des invitations. «Evi-

demment, Facebook a rendu la tenue de grands événements plus facile, mais surtout non maîtrisable», remarque la sociologue Monique Dagnaud, auteure de La Teuf : essai sur le désordre entre générations (Seuil, 2008) et Génération Y, les jeunes et les réseaux sociaux : de la dérision à la subversion (Presses de Sciences Po, 2011). C’est ce qui est arrivé à Benjamin, l’adolescent clermontois dont la boum avait été « piratée» en mai sur Facebook, pour se transformer en un « projet X» avec 32000 inscrits. Projet avorté grâce à son père, qui a alerté la police. Dans des circonstances similaires, un an plus tôt, une jeune Allemande avait vu 1500 personnes se réunir devant chez elle à Hambourg. Plus malsaines, les « opérations pélicans» se développent depuis quelques années. Il s’agit de repérer une fête annoncée sur Facebook, afin d’envahir, piller et dégrader un appartement ou une maison.

En 2010, la mode des apéros Facebook avait donné des sueurs froides aux préfets. « Ces pratiques sont à l’intersection de l’essor des réseaux sociaux et de la pratique extrêmement courante et répandue que sont devenues la fête et le “binge drinking” [« cuite

«Les participants s’approprient l’espace social par une série de transgressions» Monique Dagnaud chercheuse au CNRS express»] », analyse la chercheuse au CNRS. Selon elle, les « projets X» restent des occurrences hors normes. « Il y a un côté happening important: les participants s’approprient l’espace social par une série de transgressions. On se met nu

dans la rue, on déplace le mobilier urbain. Ça fait partie de la culture potache des jeunes.» Là encore, Facebook joue un rôle dans la documentation de ces actes, par le partage de photos, favorisant l’émulation et la surenchère. Contactée par Le Monde, la branche française du site de Mark Zuckerberg refuse de communiquer officiellement sur ces débordements et dit s’en remettre aux pouvoirs publics. Facebook indique néanmoins qu’il vient de prendre une série de mesures: tableau de suivi du signalement d’incidents, conseil aux différents publics, avertissement pour les 13-18 ans créant un événement. Des actions plutôt superficielles: les alertes des 901millions d’utilisateurs actifs du réseau sont traitées dans seulement quatre centres (à Dublin pour l’Europe) et il faut 72heures pour qu’une demande de retrait soit traitée. p G. G.

ylian avait 13 ans. Vladimir (le prénom a été changé), 16ans.Lepremierétaitscolarisé en classe de 5e C, section football,aucollègedeCleunayàRennes. L’autre, issu d’une famille de réfugiés tchétchènes, venait d’intégrer, après quatre années en classe d’initiation (CLIN) et malgré ses problèmes linguistiques, une classe de 3e. Ils ne se connaissaient pas. Vendredi 22juin, à la récréation de 10 heures, leurs regards se sont croisés dans le couloir en sortant des cours. Ils se sont retrouvés à la sortie des toilettes. Vladimir et Kylian se sont empoignés. Le plus âgé, qui pratique la boxe en club, a vite pris le dessus. Il a asséné deux coups de poing à son adversaire, puis l’a pris parlecouenpliantsonbras.Unsurveillant est intervenu en demandant à Vladimir de lâcher prise. L’autre collégien s’est effondré et a chuté sur le sol. Sa tête a violemment heurté le bitume. La scène a duré quelques secondes. Le surveillant, puis deux professeurs, ont essayé de le réanimer. Lesautresélèves, quiont assistéà la scène de violence, sont retournés en classe, très choqués. Les professeurs, avant de commencer le cours, ont évoqué la violence dans les établissements scolaires. Une cellulepsychologiquea été mise en place avec des médecins scolaires. Kylian,transportépar le SAMUà l’hôpital de Rennes, ne s’est pas réveillé.Il est décédé dans la nuit de samedi 23 à dimanche 24 juin. Le paisible quartier de Cleunay à Ren-

Questions après une maladresse de Matignon A 20 h 56, vendredi 22 juin, un communiqué du premier ministre, Jean-Marc Ayrault, annonçait le décès du collégien et exprimait « à la famille ses plus vives condoléances ». Le ministère de l’éducation lui emboîtait le pas à 21 h 15. Heure à laquelle le garçon n’était pas mort. Après un démenti du CHU sur l’annonce ministérielle, le premier ministre a reconnu son erreur, exprimant ses « regrets les plus vifs ». La mort du collégien a été annoncée samedi en fin de matinée par le procureur de la République à Rennes. Interrogé sur cette précipitation, Matignon a précisé au Monde lundi matin qu’« une information erronée est arrivée à Matignon. On ne sait pas d’où ça vient, ni si on va pointer du doigt ».

nes est sous le choc. Samedi matin, le ministre de l’éducation nationale, Vincent Peillon, s’est rendu à Rennes pour «témoigner de sa solidarité à la communauté scolaire et aux parents éprouvés». Vladimir a été placé en garde à vue après l’arrivée des policiers au collège. La brigade des mineurs de la sûreté départementale de Rennes est chargée des investigations. Tout le week-end, les policiers ont entendu les élèves témoins de la bagarre. Après deux jours de garde à vue, l’adolescenta été présentéau magistrat du parquet qui a ouvert une information judiciaire pour homicide volontaire. Le juge a prononcé une mise en examen pour meurtre sur mineur de 15 ans et demandé l’incarcération provisoire que le juge des libertés et de la détention a entérinée. Vladimir a pris dimanche soir la direction d’un établissement pénitentiaire pourmineurs prèsde Nantesoù il a été provisoirement écroué.

« Nous ne comprenons pas » Le parquet s’est appuyé sur les témoignages des élèves et sur les résultats de l’expertise médicolégale, pratiquée samedi soir. « L’autopsie a permis de confirmer que le décès résultait bien d’une strangulation, les constatations étant bien compatibles avec les déclarations de la plupart des témoins qui ont vu le mis en cause serrerlecoudelavictime»,adéclaré ThierryPocquetduHaut-Jussé,procureur de la République à Rennes. L’avocat du jeune Tchétchène proteste. « Il n’existe aucune intentiondetuer,répliqueMe MikaëlGoubin. Ils ne se connaissaient pas. Ils ont juste échangé des regards avant de se battre. Les circonstances restentàétabliravecdavantagede précision. J’entends faire rapidement la démonstration que mon client n’a jamais souhaité la mort de Kylian.» Durant toute la journée de dimanche,des jeunesmembres de la communautétchétchènedeRennesont attendu la décision des magistrats devantlacitéjudiciaire.«Noussommesiciparsolidaritéavecnotreami, explique un jeune d’une vingtaine d’années. Nous ne comprenons pas commentil apucommettrede telles violences. » Me Goubin enchaîne : «Monclientestconscientdelagravité de son geste et est abattu. Sa mère ne pleure pas seulement sur le sort de son fils mais aussi sur la vie fauchée de Kylian. » Un lâcher de ballonsdevaitavoirlieu,lundià14heures à l’endroit même où la bagarre a eu lieu. p Serge Le Luyer

Fait divers Disparition de deux petits garçons près de Bordeaux

Deux cousins âgés de 7 ans ont disparu dans un quartier résidentiel d’Eysines, près de Bordeaux, samedi 23 juin en fin d’après-midi.Le parquet a ouvert une enquête pour « disparition inquiétante ».

Religion Réélection de Joël Mergui à la tête du Consistoire central

Joël Mergui a été réélu à une très large majorité, dimanche 24 juin, à la présidence du Consistoire central-Union des communautés juives de France. François Hollande lui a adressé ses « félicitations ».

Santé Mme Touraine contre l’obligation d’installation pour les jeunes médecins

Interrogée sur les déserts médicaux, la ministre de la santé a réaffirmé, dimanche 24 juin, sur France 3, ne pas vouloir contraindre les jeunes médecins à s’installer dans ces zones, contrairement à ce qu’a proposé récemment le conseil de l’ordre des médecins (Le Monde du 21juin). Selon elle, il faut « revoir les études de médecine », développer les stages en médecine générale et « l’organisation en équipe».

Vous écrivez ? Les EditionsAmalthée recherchent de nouveaux auteurs Envoyer vos manuscrits : Editions Amalthée 2 rue Crucy 44005 Nantes cedex 1

Tél. 02 40 75 60 78 www.editions-amalthee.com