ÉGALITÉ DES CHANCES

26 mai 2014 - ratifiée par la Belgique se déroule de manière cohérente, à tous les niveaux et dans tous les domaines de la vie. .... chez elle, dans son quartier et son environnement familier. Ces services donnent ..... des collègues et d'accompagnement des travailleurs handicapés au sein des entreprises. En matière ...
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POUR UNE SOCIÉTÉ PLUS INCLUSIVE ET RESPECTUEUSE DES PERSONNES HANDICAPÉES VISUELLES

Mémorandum de la Ligue Braille à l'attention des nouveaux gouvernements Mai 2014

Introduction La Convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées a pour objet d'assurer à celles-ci la pleine et égale jouissance de tous les droits humains et libertés fondamentales. Il est essentiel que le processus d’implémentation de cette convention signée et ratifiée par la Belgique se déroule de manière cohérente, à tous les niveaux et dans tous les domaines de la vie. Une approche globale est nécessaire pour optimiser les moyens et apporter une réponse adaptée aux besoins des personnes en situation de handicap. La Ligue Braille demande que toutes les politiques, même celles qui ne relèvent pas directement de la personne handicapée, soient mises en œuvre dans une optique transversale, selon la logique du « mainstreaming »1 et dans le respect des principes de la Convention de l’ONU, notamment : -

l’inclusion, en tenant compte de la nécessité des services spécialisés pour répondre aux spécificités du handicap visuel ; la participation et la consultation des personnes handicapées et de leurs associations représentatives – « rien sur nous sans nous » ; l’accessibilité universelle, non limitée à l’accessibilité architecturale.

Pour assurer une planification efficace des différents aspects de la politique de la personne handicapée, il est nécessaire de rendre les outils statistiques plus performants et, pour ce faire, de s’entendre sur une définition commune de la personne handicapée. C’est là un préalable indispensable à la mise en place de politiques coordonnées entre les différents niveaux de pouvoir.

1. Relever le défi de la sixième réforme de l’État En matière de handicap, la dispersion des compétences entre les différents niveaux de pouvoirs et responsables politiques complique considérablement la vie des personnes handicapées. La sixième réforme de l’État implique d’importants transferts de compétences du fédéral vers les instances fédérées, ce qui suscite beaucoup d’inquiétude au sein des associations du secteur des personnes handicapées. La Ligue Braille demande que les nouveaux gouvernements tiennent compte des aspects suivants : -

garantir la continuité des droits et des services ; optimiser les budgets, ou à tout le moins les maintenir ; favoriser la transversalité des politiques.

En résumé : - En aucun cas, la réforme de l’État ne devrait se traduire par un recul ou une dégradation des droits des personnes handicapées et de la qualité des prestations. - La réforme de l’État doit être l’occasion de mettre en place des outils plus cohérents et efficients, dans une perspective de transversalité entre les différents niveaux de pouvoir. 1

Le principe du « mainstreaming » ou « approche intégrée » consiste à prendre en considération la dimension du handicap dans toutes les politiques et dans tous les domaines de la société et de ne pas limiter les efforts de promotion de l'égalité à la seule mise en œuvre de mesures spécifiques en faveur des personnes handicapées.

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2. Sensibilisation Dans la perspective d’une société inclusive, les personnes handicapées sont de plus en plus amenées à faire des choix personnels, en toute autonomie. Il est donc capital que les services de première ligne auxquels la personne handicapée s’adresse – centres de consultations, ophtalmologues, médecins traitants, … – disposent d’une information solide et de qualité, en particulier sur les diverses possibilités de suivi dans le secteur associatif. Pour y contribuer, des sessions d’information et de sensibilisation, des campagnes d'affichage dans les salles d'attente, des brochures, des sites web pourraient être prévus. Les réalités du handicap restent encore largement méconnues dans notre pays. L’inclusion nécessite que chacun fasse un pas vers l’autre et construise ce chemin ensemble. C’est pourquoi il importe particulièrement de sensibiliser et de conscientiser tous ceux qui sont susceptibles d’être en contact régulier avec des personnes handicapées : élèves et enseignants, employeurs et collègues de travail, professionnels des services sociaux, des services d’accueil et d’aide aux personnes, fonctionnaires, ... Des campagnes de sensibilisation à l'intention du grand public devraient être soutenues par les pouvoirs publics. À cet égard, la Ligue Braille souhaite insister sur le rôle important que les médias et en particulier les télévisions publiques ont à jouer dans ce domaine. Celles-ci devraient inscrire dans leur contrat de gestion la diffusion de messages de sensibilisation.

En résumé : - Fournir aux centres de consultation, ophtalmologues, médecins traitants et autres intervenants de première ligne les informations nécessaires à une orientation optimale des personnes malvoyantes ou aveugles vers les services d'aide. - Mener des actions de sensibilisation et de conscientisation à destination du grand public, avec un effort particulier en direction des établissements scolaires, des employeurs, des professionnels et des fonctionnaires plus susceptibles d’être en contact avec des personnes handicapées visuelles.

3. Autonomie Toute mesure destinée à renforcer l’autonomie de la personne augmente son degré d’inclusion sociale et multiplie ses possibilités de participer à la société. Les services en milieu ouvert – services d'aide précoce et service d'aide à l'intégration (en Wallonie), services d'accompagnement, centres d'aide aux personnes – occupent une place essentielle dans une politique inclusive des personnes handicapées. La création de structures de ce type devrait être encouragée et soutenue. Ces services fournissent en effet un soutien

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personnalisé, tant à la personne handicapée qu'à sa famille, dans la recherche de prestations adaptées aux besoins et ont pour objectif que la personne handicapée puisse continuer à vivre chez elle, dans son quartier et son environnement familier. Ces services donnent également à la personne handicapée – grâce à un suivi spécialisé et professionnel – les outils nécessaires pour pouvoir s'adresser aux services « généralistes ».

Budget d’assistance personnelle Membre fondateur de VIA avec cinq autres associations, la Ligue Braille tient à voir s’étendre le budget d’assistance personnelle (BAP). L’intervention d’un assistant personnel rémunéré grâce au BAP répond à de nombreux besoins quotidiens (ménage, voiturage, loisirs, …) et facilite le maintien au domicile des personnes en situation de handicap. Toutefois, en raison des contraintes budgétaires, le BAP est encore loin de rencontrer toutes les demandes des personnes concernées. Par ailleurs, il est nécessaire de prendre des mesures pour augmenter le nombre de prestataires pouvant répondre aux besoins des personnes handicapées bénéficiaires. Sans un réseau de prestataires suffisamment étendu, le BAP ne peut atteindre tous ses objectifs.

En résumé : - Programmer la création de nouvelles structures spécifiques pour personnes aveugles ou malvoyantes en milieu ouvert : services d'aide précoce, service d'aide à l'intégration, services d'accompagnement, centres d'aide aux personnes. - Développer le système du budget d'assistance personnelle.

4. Allocations Dans le cadre de la reconnaissance du handicap, les expertises médicales des personnes aveugles ou malvoyantes ne se déroulent pas toujours dans des conditions optimales, faute d'ophtalmologue mieux à même de juger des capacités et difficultés de la personne déficiente visuelle. Une surestimation des capacités a pour conséquence une diminution importante des allocations. Une sensibilisation des médecins du SPF Sécurité sociale leur permettrait de se doter d'outils pour évaluer plus objectivement les difficultés liées au handicap visuel. Le régime des allocations aux personnes handicapées date de 1987 et a fait l’objet de multiples modifications. Celles-ci n’étant pas toujours coordonnées entre elles, la législation est devenue trop complexe et ne correspond plus aux réalités d’aujourd’hui. L’indispensable

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réforme, intégrée à l’accord du précédent Gouvernement, n’a pu être réalisée sous la législature 2010-2014. Ce chantier doit être repris et réalisé sous la nouvelle législature, en adaptant les moyens budgétaires et en suivant les principes généraux établis en concertation avec le secteur : -

Appliquer le principe de l’allocation d’intégration pour tous, en réduisant ou en supprimant la prise en compte des revenus du ménage. Lutter contre les pièges à l’emploi, notamment en dissociant le montant de l’allocation d’intégration du revenu. Lutter contre la pauvreté, notamment en augmentant les montants d’allocations pour les personnes handicapées. Construire un outil d’évaluation fiable du handicap pour garantir la qualité des décisions partout en Belgique. Simplifier et automatiser les démarches pour prévenir les récupérations de montants indus.

En résumé : - Optimiser les outils d’évaluation pour la reconnaissance du handicap visuel. - Réaliser la réforme tant attendue du régime des allocations aux personnes handicapées, tout en développant les moyens budgétaires en conséquence.

5. Accessibilité Accessibilité environnementale Les obstacles environnementaux peuvent constituer une plus grande entrave à la participation à la société que les limites fonctionnelles de la personne handicapée. La Ligue Braille demande aux responsables politiques de tenir compte des personnes handicapées visuelles lors de l'aménagement de l'espace public. Il existe des normes d'accessibilité bien spécifiques. La Ligue Braille demande dès lors de respecter les normes ou recommandations du Code Wallon de l’Aménagement du Territoire, de l’Urbanisme, du Patrimoine et de l’Énergie (CWATUPE), du Règlement Régional d’Urbanisme (RRU) et du Stedenbouwkundige Verordening Toegankelijkheid. Au-delà du respect des normes et de leur contrôle, il convient encore d'améliorer ces textes légaux. Une politique transversale des normes d'accessibilité doit être développée pour l’ensemble des équipements intérieurs et extérieurs : bâtiments publics, voirie, transports, écoles, lieux de travail, logements sociaux, infrastructures hospitalières, maisons de repos, ... Malgré les intentions et les nouvelles législations, il reste malheureusement encore beaucoup de problèmes à résoudre en ce domaine. Des contrôles sont dès lors indispensables si nous voulons réduire l’écart entre la théorie et la pratique.

Accessibilité universelle L’accessibilité universelle vise à concevoir et mettre en œuvre des produits et des environnements accessibles, compréhensibles et fonctionnels pour tous, quels que soient l’âge, la taille ou les capacités. Les pouvoirs publics ont un rôle déterminant à jouer dans la promotion de ce concept, notamment auprès des concepteurs, fabricants et opérateurs.

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Tout contrat de gestion conclu par les gouvernements pour l’exercice de missions de service public (poste, audiovisuel, télécoms, transports, …) doit intégrer le concept d'accessibilité universelle.

Logement Les délais d'attente pour l'accès aux logements sociaux sont trop longs et les personnes aveugles ou malvoyantes ne bénéficient pas d'un ordre de priorité suffisant. La Ligue Braille demande que davantage d'attention y soit porté ainsi qu'à l'adaptation de ces logements aux besoins spécifiques des personnes ayant une déficience visuelle.

Sport, culture et information Le sport peut être bénéfique au bien-être et à la santé des personnes déficientes visuelles, et il contribue à leur inclusion losrqu'il peut être pratiqué avec des personnes voyantes. Certaines structures existent pour favoriser le sport des personnes handicapées, mais elles manquent de moyens. De même que l'information sur les possibilités existantes n'est pas suffisamment diffusée. L’accès à la culture et à l’information est un droit fondamental incontestable. Il implique non seulement l’accessibilité architecturale des lieux (bibliothèques, musées, salles de concert, de théâtre, de cinéma, …), mais aussi l’accessibilité du contenu de l’information. Or, en Belgique, la législation et les normes ne concernent que l’accessibilité architecturale. Pour éviter la fracture numérique, la Ligue Braille demande que l'utilisation des technologies de l’information et de la communication soit facilitée. Les concepteurs de matériels et de logiciels doivent intégrer dans leurs standards, sans surcoût excessif, les systèmes d’adaptation indispensables pour les usagers aveugles ou malvoyants (logiciels lecteurs d’écran avec sorties vocale et braille, logiciels d’agrandissement, …). Une attention particulière doit être portée à l'accessibilité des sites web. Les services publics devraient systématiquement adapter leurs sites web aux normes sur base du label W3C. Les derniers contrats de gestion des médias audio-visuels de service public prévoient des mesures pour rendre une partie de leurs programmes accessibles aux personnes handicapées visuelles (audio-description, sous-titrages contrastés ou en voix off). La Ligue Braille tient à ce que ces premiers pas soient suivis de développements conséquents. Les distributeurs de la télévision numérique doivent rendre accessibles leur matériel (décodeur, télécommande) et leurs services (guide électronique des programmes, services d’interactivité, …).

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Dans le domaine du livre adapté, des dispositions légales et réglementaires devraient être prises pour amener les éditeurs de littérature à fournir les fichiers-sources des nouveaux titres pour leur conversion au format accessible. Ceci permettrait aux lecteurs aveugles et malvoyants de bénéficier des nouvelles parutions dès leur sortie. Les interventions concernant les transcriptions sur supports adaptés (braille, grands caractères, audio et numérique) sont loin de couvrir tous les besoins. Un effort particulier devrait être fourni pour la communication de documents officiels (documents judiciaires, actes notariés, …). Un budget de transcription permettrait aux personnes handicapées de la vue de pouvoir transcrire les informations souhaitées en toute autonomie. La Ligue Braille demande de veiller particulièrement à la lisibilité de toute communication écrite. Des couleurs adaptées, un contraste suffisant, une taille et un type de police de caractère adéquat sont d'une très grande importance pour beaucoup de seniors et de personnes malvoyantes. Les dispositifs sonores qui ont fait leurs preuves, notamment dans les transports publics, les ascenseurs, les musées, … doivent être généralisés à tous les services accessibles au public. Un nombre croissant de services sont désormais accessibles seulement en ligne, ce qui pose des problèmes aux personnes aveugles et malvoyantes, d'autant plus lorsqu'elles sont âgées. La Ligue Braille plaide en faveur du maintien de services personnalisés et sans surcoût.

En résumé : - Respecter et améliorer les normes existantes en matières d'accessibilité et promouvoir le concept d'accessibilité universelle. - Renforcer et systématiser l'accessibilité des technologies de l’information et de la communication via les concepteurs, fabricants et opérateurs, pour réduire la fracture numérique. - Renforcer la politique d'aide pour l'adaptation des livres au public aveugle et malvoyant et pour la transcription des documents professionnels ou privés.

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6. Mobilité La mobilité est un enjeu incontournable pour atteindre les objectifs de l’inclusion sociale et de la participation. Une enquête récente menée par la Ligue Braille l’a démontré : la grande majorité des personnes handicapées de la vue (76% des personnes sondées) se déplacent tous les jours ou plusieurs fois par semaine sur la voie publique et font un grand usage des transports en commun. Ces dernières années, beaucoup d’efforts ont été déployés pour améliorer la mobilité et rendre les transports publics plus accessibles pour tous. Il reste toutefois du chemin à parcourir. En s’appuyant sur une enquête approfondie, la Ligue Braille a défini des priorités pour que nos concitoyens aveugles ou malvoyants puissent se déplacer en toute liberté et en sécurité, un droit essentiel qui contribue à leur participation active à la vie sociale, économique et culturelle. La Ligue Braille se félicite que le parlement flamand se soit inspiré de ces priorités pour adopter une résolution en ce sens. Elle invite les parlements wallon, bruxellois et de la Fédération Wallonie-Bruxelles à adopter à leur tour de telles résolutions en matière de mobilité des personnes aveugles et malvoyantes.

Piétons Pour rendre la voirie plus accessible, il est indispensable de se conformer au minimum aux normes d’accessibilité en vigueur et de mettre en œuvre des plans « mobilité » cohérents, en concertation avec les associations représentatives des personnes handicapées. La sécurité des piétons handicapés visuels passe par des trottoirs adaptés et bien entretenus. Il faut davantage de feux sonores, avec un réglage du niveau sonore adapté à l’intensité du trafic, ainsi que des balises sonores. Les piétons aveugles et malvoyants sont très sensibles au danger que représentent les véhicules silencieux : vélos, voitures électriques, trams, … La Ligue Braille souhaite que les cyclistes soient conscientisés à ce problème et incités à respecter l’interdiction de circuler sur les trottoirs en agglomération. Les véhicules électriques doivent être équipés de systèmes sonores destinés à alerter les piétons.

Transports publics Les sites web des sociétés de transport public doivent être rendus accessibles, à l’exemple de De Lijn. L’annonce sonore des stations dans les véhicules doit être étendue à toutes les lignes. La Ligue Braille suggère d’équiper les arrêts communs à plusieurs lignes d’une annonce sonore similaire pour permettre aux usagers aveugles ou malvoyants d’identifier les véhicules. Les services d’accompagnement manquent encore d’efficacité. La Ligue Braille souhaite à cet égard une meilleure information des usagers, une simplification administrative, une plus

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grande flexibilité et des délais de réservation raisonnables. Le délai de 24 heures imposé par la SNCB pour obtenir une assistance doit être supprimé.

Services de transport adapté Le développement de ces services est vivement souhaité : augmentation du nombre de taxis adaptés, élargissement des zones de couverture et des plages horaires. Ce concept de transport « sur mesure » doit être développé. Les chèques-transport sont à encourager et leur octroi doit être lié au handicap et non aux revenus.

Taxis La législation obligeant les taxis à embarquer les chiens-guides accompagnant leur maître aveugle est trop souvent bafouée. Il est nécessaire de veiller à faire respecter ce droit.

Parkings réservés Les emplacements de parking réservés aux personnes handicapées sont très utiles aux personnes handicapées visuelles. La Ligue Braille demande d’augmenter le nombre de ces emplacements et de lutter contre leur occupation par des conducteurs non handicapés.

Handipass La concrétisation du projet Handipass initié sous la précédente législature favoriserait la mobilité. Ce projet devrait être mener de concert avec le projet de carte de mobilité européenne, la « InclEUsive card ». Ces cartes permettraient aux personnes handicapées de faire valoir leurs droits partout où elles se rendent. Leur objectif commun s’inscrit dans l’optique de la libre circulation des citoyens de l’Union européenne.

En résumé : - Rendre la voie publique toujours plus conviviale pour tous, y compris pour les personnes à mobilité réduite, et accroître l'accessibilité des transports en commun. - Stimuler le développement du « transport sur mesure » en renforçant les services de transport adapté. - Finaliser le projet de carte Handipass et le coupler au projet européen d'« InclEUsive card ».

7. Enseignement – Formation Afin de répondre aux exigences définies notamment par la Convention de l’ONU, l’enseignement en Belgique tend à évoluer dans un sens plus inclusif, que ce soit dans l'enseignement obligatoire ou dans tout autre type de formation. Ainsi, beaucoup de jeunes et d'adultes handicapés visuels suivent les cours dans les structures ordinaires. Nombre d'entre eux peuvent évoluer de la même manière que leurs camarades voyants, moyennant

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le soutien et l'accompagnement adéquats. Dans une optique d'égalité des chances, ce soutien, l'accompagnement et l'équipement appropriés doivent leur être garantis. Le principe de l’inclusion n’annule pas pour autant le recours aux structures d’enseignement et de formation spécialisés. Celles-ci peuvent encore s’avérer indispensables – même temporairement – pour apporter au jeune les outils de son autonomie. En dehors de l'enseignement obligatoire, l'intégration dans les structures ordinaires ne doit cependant pas faire oublier que de nombreuses personnes n'évolueront de façon optimale que grâce à l'aide de structures spécialisées qui dispensent une formation professionnelle adaptée aux besoins des personnes handicapées de la vue. Le principe de la liberté de choix doit impérativement être respecté. Pour opérer un choix éclairé et efficace dans l’intérêt de l’enfant ou du jeune, il est nécessaire de fournir aux parents et aux professionnels une information claire, détaillée et précise relative aux droits et devoirs de chacun, ainsi qu’aux procédures permettant de répondre aux besoins spécifiques de chaque enfant en matière d’enseignement. Par ailleurs, en fonction du principe de la gratuité de l’enseignement, ce choix devrait être opéré en dehors de toute contingence de coût. Il importe par ailleurs d’optimiser les ressources d’information sur les débouchés professionnels, en développant la collaboration entre les associations de personnes handicapées visuelles, les établissements d’enseignement spécialisé et les services d’information sur les études et les professions (SIEP, p. ex.). Le travail de communication via les universités, les hautes écoles, les écoles secondaires doit se poursuivre et la communication vers les écoles d’enseignement spécialisé doit être renforcée.

En résumé : - Développer une réelle politique d’inclusion scolaire des personnes aveugles et malvoyantes dans l'enseignement ordinaire. - Favoriser les passerelles entre l'enseignement ordinaire et spécialisé. - Prendre toutes les mesures utiles pour permettre au jeune handicapé visuel de choisir, en toute connaissance de cause, le type d’enseignement qui lui convient le mieux et lui donne toutes les chances de s’épanouir dans la société. - Garantir la reconnaissance des centres qui dispensent des formations professionnelles adaptées aux spécificités des personnes aveugles et malvoyantes. - Renforcer les canaux d’information sur les études et les professions en direction des jeunes porteurs d’un handicap.

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8. Emploi L’accès au marché de l’emploi reste l’un des principaux défis à relever dans la perspective d’une société réellement inclusive. Le marché de l’emploi en Belgique est en effet profondément inéquitable, en particulier pour les personnes en situation de handicap. Selon les statistiques les plus récentes, qui datent de 2011, le taux d’emploi des personnes handicapées est de 34,6%, contre 66,5% pour la population sans handicap 2.

Envisager l’emploi des personnes handicapées dans une logique de « mainstreaming » La problématique de l’emploi doit être envisagée de manière transversale, en englobant ses différents aspects : formation, accès et maintien à l’emploi, mobilité, accessibilité, … Dans cet ordre d’idée, il est nécessaire de renforcer le dialogue : -

entre les différents niveaux de pouvoir, fédéral, communautaire et régional, plus particulièrement au sein du groupe de travail « Emploi des personnes handicapées » de la conférence interministérielle Emploi ; entre partenaires sociaux et organes de concertation, dans le même souci de transversalité et de consultation réciproque, en veillant à inclure les personnes handicapées et leurs représentants dans toute décision qui les concerne.

Pièges à l’emploi Le problème des pièges à l’emploi reste malheureusement d’actualité, en particulier au niveau des allocations aux personnes handicapées (voir point 4). Il faut notamment dissocier le montant de l’allocation d’intégration du revenu. Il est également important de donner l'assurance de récupérer sans délai son allocation de remplacement de revenu en cas de perte d'emploi. Les droits dérivés (intervention majorée, tarif social énergie) sont octroyés seulement à ceux qui bénéficient d’une allocation aux personnes handicapées. Lorsque le bénéficiaire trouve un emploi, l’allocation est revue, voire supprimée en fonction du salaire perçu. En conséquence, la personne perd également certains droits dérivés. Ceux-ci devraient donc être dissociés du bénéfice de l’allocation.

Des incitants et des quotas Afin de responsabiliser les entreprises en faveur de l'emploi des personnes handicapées, il convient de mettre en place des incitants supplémentaires : réduction des charges patronales, labellisation ou autre avantage et d'organiser des campagnes de sensibilisation des collègues et d'accompagnement des travailleurs handicapés au sein des entreprises. En matière réglementaire, la Ligue Braille désire que les législations en vigueur soient respectées quant aux quotas d'emplois occupés par des personnes handicapées dans le secteur public.

2

Baromètre de la diversité. Emploi, Bruxelles, Centre pour l’égalité des chances et la lutte contre le racisme, 2012, p. 97.

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Pour le secteur privé, il faut prévoir des mécanismes d’obligation de démarches proactives de mise à l’emploi des personnes handicapées (quotas, formations, sous-traitance avec des ETA, …).

Changer le regard porté sur le handicap Pour de nombreuses fonctions, les personnes handicapées visuelles possèdent les mêmes atouts que les candidats voyants. Malheureusement, elles sont considérées davantage en fonction de leur handicap qu’en fonction de leurs compétences et de leur potentiel. Toute politique d’emploi inclusive doit viser à modifier ce paradigme. Le regard porté sur la personne handicapée en recherche d’emploi est encore souvent lourd de préjugés (p. ex. : maladies plus fréquentes, compétences moindres, adaptations trop coûteuses ou irréalisables, …). De telles conceptions erronées constituent un frein supplémentaire inacceptable. Afin de garantir une réelle égalité des chances dans le domaine du travail, il faut lutter contre toute discrimination en ce qui concerne l'accès à l'emploi, la rémunération, la carrière ou le maintien dans l'emploi. Dans la fonction publique, de nombreux efforts ont été réalisés notamment par Selor en matière d’accessibilité des examens, mais il reste beaucoup à faire en ce qui concerne le recrutement de candidats handicapés de la vue.

En résumé : - Développer une réelle politique d'intégration professionnelle des personnes aveugles et malvoyantes en mettant en place des structures de coordination des politiques fédérale, régionales, communautaires et locales. Lutter contre les pièges à l'emploi, notamment en dissociant les droits dérivés du bénéfice de l’allocation et le montant de l’allocation d’intégration du revenu. - Respecter les quotas dans les services publics et développer des incitants à l’embauche de travailleurs handicapés dans le secteur privé. - Abolir les attitudes discriminatoires à l'engagement mais aussi tout au long de la carrière du travailleur.

9. Aides aux personnes handicapées de plus de 65 ans En Belgique, le monde politique a de plus en plus conscience de la problématique du vieillissement de la population, un phénomène en constante progression. Cependant, en raison de critères discriminatoires liés à l’âge, une personne qui devient gravement malvoyante à 65 ans ou plus tard ne bénéficie d'aucune aide publique pour financer des cours de locomotion, l'achat d'une canne blanche ou encore l'acquisition d'une vidéo-loupe qui l'aiderait à lire son courrier, ses factures, des posologies médicamenteuses ou à voir les

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photos de ses petits-enfants. Pire encore, la reconnaissance du handicap avant l’âge de 65 ans par le pouvoir fédéral (SPF Sécurité sociale) ne constitue pas un critère pour obtenir la reconnaissance au niveau communautaire ou régional. La Ligue Braille, active au sein des groupes de travail « Collectif 65+ » et « Ouderen met een handicap », n’a de cesse de demander la suppression de cette discrimination flagrante et intolérable. Jusqu’à présent, seule la Communauté germanophone a donné l’exemple en supprimant toutes les différences basées sur l’âge dans l’octroi des aides du Dienststelle für Personen mit Behinderung (DPB). Tout doit être mis en œuvre pour que les personnes handicapées âgées puissent vivre chez elles le plus longtemps possible, sans devenir dépendantes, voire exclues de la société, ce qui correspond à la politique générale de maintien à domicile des « aînés ». La Ligue Braille souhaite que des moyens financiers soient dégagés dans la politique des aînés pour que la personne handicapée âgée conserve au maximum son autonomie et ses chances de participer à la société tout en vivant chez elle le plus longtemps possible. Quand le maintien à domicile n’est plus possible malgré l’accompagnement et le travail d’autonomie, la personne handicape âgée se retrouve le plus souvent dans des structures telles que les hôpitaux ou les maisons de repos (MR et MRS). Une attention particulière doit être portée aux besoins spécifiques de ces patients aveugles ou malvoyants de sorte que l’accueil, l’encadrement et les soins soient dispensés de la manière la mieux adaptée.

En résumé : - Accorder aux personnes devenues handicapées à 65 ans ou plus le droit de bénéficier des aides individuelles. - Former les professionnels à l'accueil des personnes handicapées vieillissantes permettant un meilleur suivi dans les structures de soins : hôpitaux, MR-MRS, ...

En guise de conclusion La transposition en droit belge de la Convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées, à tous les niveaux de pouvoir, reste l’axe fondamental autour duquel doivent se concentrer les efforts des nouveaux gouvernements dans le domaine du handicap. Des efforts ont été consentis sous la législature qui s’achève, mais le chantier est vaste. Certains projets, élaborés en concertation avec les associations représentatives des personnes handicapées, n’ont pas pu aboutir. Il convient que ces divers projets et

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déclarations d’intention, qui suscitent bien des espoirs et répondent à des attentes bien réelles, ne restent pas lettre morte et finissent par se concrétiser. La Ligue Braille a pour objectif, au-delà de sa finalité de service aux personnes aveugles et malvoyantes, de développer son rôle d'association de défense de leurs intérêts. Dans ce but, elle participe activement à défendre ces intérêts au sein des diverses instances consultatives et décisionnelles dont elle est membre (Conseil consultatif bruxellois des personnes handicapées, Conseil wallon des personnes handicapées, Comité de gestion de l’AWIPH, Conseil supérieur national des personnes handicapées, Brussels Regionaal Overleg Gehandicaptenzorg, Belgian Disability Forum, European Blind Union, ...). Au vu des principes définis dans la Convention des Nations-Unies, il est tout à fait illogique qu'en Flandre, il n'existe toujours pas d'organe structurel de concertation entre le gouvernement flamand, les personnes handicapées et les organisations qui les représentent (un Conseil consultatif flamand des personnes handicapées). La Ligue Braille demande avec insistance que cette grave lacune dans la mise en œuvre de la Convention des Nations Unies soit rapidement comblée. Notre association invite les formateurs des futurs gouvernements et les responsables politiques concernés à intégrer dans leur programme les idées et pistes reprises dans le présent mémorandum.

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