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No.809 du 1er au 7 juin 2011

Marine Le Pen fille de sa mère enquête

les vacances de M. Longuet

M 01154 - 809 S - F: 3,90 € Allemagne 4,90 € - Dom/A 5,50 € - Belgique 4,20 € - Canada /A 6,50 CAD - Espagne 4,50 € - Grèce /S 4,50 € - Italie 4,50 € - Luxembourg 4,20 € - Tom/A 900 CFP - Portugal 4,50 € - Suisse 7 CHF

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j’ai pris le petit déjeuner avec

Chilly Gonzales

 L

orsqu’on lui demande où on peut se retrouver pour le rencontrer, Chilly Gonzales dit : “J’ai du Nespresso chez moi, passe demain matin.” Alors forcément, on lui répond : “What else ?” Le rencart est fixé à 9 h 30 dans sa maison de Pigalle, et comme aux Inrocks on est des gens bien élevés, c’est avec des croissants et des pains au chocolat qu’on débarque. Gonzales est en compagnie de son pote Adam Traynor, réalisateur du film Ivory Tower. Ils sont sur le départ pour Châteauroux, où un concert de l’artiste aura lieu le soir même. Gonzo attrape les viennoiseries et dégaine un café. Au mur, le certificat de son record Guinness du concert le plus long du monde (27 heures 3 minutes et 44 secondes), établi lors d’un show mythique au Ciné 13, à Paris, en 2009. Sur les étagères, des disques et des DVD de séries ; au centre du salon, un pupitre en carton un peu comme celui de Barack Obama à la Maison Blanche, que l’on peut apercevoir dans le trailer de son nouvel album, intitulé The Unspeakable Chilly Gonzales – dans lequel il renoue avec le hip-hop. Pour évoquer ce nouvel album, Gonzales choisit de s’installer dans le jardinet qui entoure sa maison. Le café est chaud, l’interview peut commencer. Il explique que son projet est né lors de concerts qu’il a donnés à Paris et à Londres en novembre dernier, au cours desquels il rappait derrière son piano. “J’ai ajouté deux chansons bonus sur lesquelles je rappais à mon dernier album, et j’ai eu envie de continuer, explique-t-il. Je suis fasciné par ce courant musical, pour moi les gens du hip-hop sont ceux qui ont le mieux compris le business de la musique. Ce sont les artistes les plus importants du moment.” Impossible en effet de passer quelques instants avec Gonzales sans parler des dernières nouvelles du rap mondial. Ainsi

“les gens du hip-hop sont ceux qui ont le mieux compris le business de la musique”

passe-t-on en revue le dernier disque de Tyler, The Creator ou la dernière mixtape de French Montana (l’une des révélations à prévoir de l’année 2011) avant d’évoquer une expérience que Gonzo a vécue quelques jours plus tôt avec Kanye West. Il se cale confortablement dans sa chaise et raconte l’histoire avec des yeux d’adolescent passionné. “Je passais la soirée avec Peaches, nous avons croisé Kanye et nous avons fini la soirée en sa compagnie. Il nous a passé des nouveaux morceaux en chantant par-dessus, explique Gonzales. Je crois qu’il me serait beaucoup plus facile de travailler avec Keith Richards qu’avec n’importe quel rappeur, ça m’impressionnerait moins”, plaisante-t-il. Son dernier disque, Gonzales l’a élaboré avec son frère, Christopher Beck (compositeur de bandes originales, dont celle de Very Bad Trip 2) : “Il a retravaillé tous les morceaux, ce qui m’a permis de me concentrer sur les textes.” Cet album, dont Gonzales prévoit qu’il va surprendre ses fans, est certainement l’un de ses plus personnels. Au travers des textes, le Canadien se met en scène en observateur de l’industrie du disque et en livre une satire drôle et percutante – parfois calquée sur les élucubrations poilantes des stand-uppers anglais comme Chris Morris, dont il est un grand admirateur. On découvre aussi dans The Unspeakable Chilly Gonzales un artiste attachant, qui mène une profonde réflexion sur son œuvre sans jamais éviter aucun questionnement. Comme celui-ci, lorsqu’un marteau-piqueur retentit depuis la rue et semble venir interrompre l’entretien : “Qu’est-ce qu’on fait, on continue ou quoi ?” Pierre Siankowski photo Alexandre Isard The Unspeakable Chilly Gonzales sortie le 6 juin. En concert le 6 juin à Paris (Cigale, complet).

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No.809 du 1er au 7 juin 2011 couverture photomontage d’après Jean-Pierre Muller/AFP et Ian Langsdon/Corbis couverture Lyon Benjamin Biolay par François Rousseau

05 quoi encore ? Chilly Gonzales

10 on discute courrier ; édito de Serge Kaganski

12 sept jours chrono le paperblog de la rédaction

16 événement 18 la courbe ça va ça vient ; billet dur

Philippe Garcia

le Barça : un club de foot hors du commun

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20 nouvelle tête Constance Nouvel

22 événement Gérard Longuet et ses vacances en Tunisie

26 à la loupe 28 parts de marché

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l’avenir de la télé et du net vu par le PS et l’UMP

30 Guaino vs Montebourg ils sont d’accord sur le besoin de retrouver les valeurs de la République, pas sur les moyens de le faire. Débat de fond

39 Cécile Duflot renforcée la secrétaire nationale d’EELV a gagné son match contre Daniel Cohn-Bendit

Bertrand Guay/AFP

Beyoncé, papesse pop

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40 Martine Aubry y est presque AFP

sa candidature à la primaire socialiste fait peu de doutes

44 idées

54

la démondialisation peut-elle être une solution à la crise sociale ?

45 que le meilleur perde les politiques en quête de défaite

46 presse-citron Alexandre Guirkinger

revue d’info acide

48 objectif Venise 2011 comment Christian Boltanski, Adrián Villar Rojas et Thomas Hirschhorn préparent-ils la biennale d’art contemporain ?

54 Saul Williams à nu l’ancien militant enragé du hip-hop embrasse la pop avec fougue la leader frontiste ne parle jamais de sa mère Pierrette : retour sur une histoire de famille tumultueuse

éditionle régiona s Benjamin Biolay

+ 40 page

M 04704 - 809 S - F: 3,90 €

59 Marine Le Pen fille de sa mère

No.809 du 1er au 7 juin 2011

grand banditisme nouvelle génération

Lyon

l’extrême droite se lâche à Lyon

la superbe

pour Lyon et sa région

édition spéciale 40 pages

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les inrockuptibles 24 rue Saint-Sabin 75011 Paris tél. 01 42 44 16 16 fax 01 42 44 16 00 www.lesinrocks.com contact par mail : [email protected] ou [email protected] pour les abonnements, contactez la société DIP au 01 44 84 80 34

66 Belleville Tokyo d’Elise Girard

68 sorties Le Chat du rabbin, X-Men, Gianni et les femmes, Very Bad Trip 2…

72 Portal 2 un jeu dont vous êtes le cobaye

74 Friendly Fires la flamme ravivée de l’electro-pop

76 mur du son The Rapture, Dick Annegarn…

77 chroniques Black Devil Disco Club, Murcof, Teitur, Pat Jordache, Dirty Beaches…

84 morceaux choisis CocknBullKid, Battles, Arcade Fire…

85 concerts 86 best-sellers, mode d’emploi qui veut gagner des millions ?

88 romans/essais Philippe Djian, Antonio Scurati…

90 tendance affaire DSK, le scandale des mots

92 agenda les rendez-vous littéraires

94 bd L’Art de voler d’Antonio Altarriba

96 I Am the Wind + Allio-Weber + Christian Schiaretti

98 Biennale de Venise une nomination crée la controverse

100 Céline Méteil la toile s’envole vers les étoiles

102 Actuel élégie à un journal révolu

104 Les Cautionneurs deux rappeurs investissent Le Mouv’

105 KCRW en Californie, la radio vibre

106 séries rencontre avec Tom Fontana

108 télévision un visage pour les sans-papiers

110 Facebook antisocial quand l’IRL devient irréel profitez de nos cadeaux spécial abonnés

pp. 64-65

112 la revue du web décryptage

114 best-of le meilleur des dernières semaines

rédaction directeur de la rédaction Bernard Zekri rédacteurs en chef Jean-Marc Lalanne, Arnaud Aubron, JD Beauvallet comité éditorial Bernard Zekri, JD Beauvallet, Serge Kaganski, Jean-Marc Lalanne chefs d’édition Sophie Ciaccafava, Elisabeth Féret, David Guérin grand reporter Pierre Siankowski reporters Marc Beaugé, Stéphane Deschamps, Francis Dordor, Guillemette Faure, Hélène Fontanaud, Marion Mourgue actu Géraldine Sarratia (chef de service), Anne Laffeter, Diane Lisarelli, Claire Moulène idées Jean-Marie Durand cinéma Jean-Marc Lalanne, Serge Kaganski, Jean-Baptiste Morain musique JD Beauvallet, Christophe Conte, Thomas Burgel, Johanna Seban, Ondine Benetier (coordinatrice) jeux vidéo Erwan Higuinen livres Nelly Kaprièlian expos Jean-Max Colard, Claire Moulène scènes Fabienne Arvers télé/net/médias Jean-Marie Durand (rédacteur en chef adjoint), Anne-Claire Norot collaborateurs E. Barnett, N. Beau, S. Beaujean, G. Binet, R. Blondeau, M. Bourgouin, M.-A. Burnier, Yan Céh, A. Compain-Tissier, R. Dautigny, A. Dreyfus, S. Duchêne, S. Filosa, P. Garcia, N. Gazaniol, J. Goldberg, A. Guirkinger, O. Joyard, T. Legrand, H. Le Tanneur, B. Mialot, A. Muller, V. Ostria, E. Philippe, M. Philibert, J. Pierrat, T. Pillault, M. Poussier, F. Rousseau, Y. Perreau, J. Provençal, P. Sourd, L. Vignoli lesinrocks.com rédacteur en chef Arnaud Aubron directrice déléguée aux activités numériques Fabienne Martin rédacteurs Diane Lisarelli, Camille Polloni, Thomas Burgel (musique) éditrices web Clara Tellier-Savary, Claire Pomares graphisme Dup assistante Geneviève Bentkowski-Menais responsable informatique Christophe Vantyghem lesinRocKslab.com responsable Abigail Ainouz photo directrice Maria Bojikian iconographes Valérie Perraudin, Naïri Sarkis, Caroline de Greef photographe Renaud Monfourny secrétariat de rédaction première sr Stéphanie Damiot sr Fabrice Ménaphron, François Rousseau, Olivier Mialet, Christophe Mollo, Laurent Malet, Sylvain Bohy, Thi-bao Hoang, Caroline Fleur, Jérémy Davis, Guillaume Falourd, Gaëlle Desportes, Amélie Modenese, Delphine Chazelas conception graphique Etienne Robial maquette directeur de création Laurent Barbarand directeurs artistiques Pascal Arvieu, Mathieu Gelezeau (remplaçant) maquettistes Pascale Francès, Antenna, Christophe Alexandre, Jeanne Delval, Nathalie Petit, Camille Roy publicité publicité culturelle, directeur Olivier Borderie (livres, arts/ scènes) tél. 01 42 44 18 12, assisté d’Arthur Bellot tél. 01 42 44 18 13 Cécile Revenu (musiques) tél. 01 42 44 15 32 fax 01 42 44 15 31, Yannick Mertens (cinéma, vidéo, télévision) tél. 01 42 44 16 17 Dorothée Malinvaud (spécial festivals) tél. 01 42 44 15 67 coordinatrice Dounia Hajji tél. 01 42 44 19 91 fax 01 42 44 16 67 directeur commercial David Eskenazy tél. 01 42 44 19 98 publicité commerciale, directrice Sarah Roberty directeur et directrice de clientèle Laurent Cantin tél. 01 42 44 19 94, Anne-Cécile Aucomte tél. 01 42 44 00 77 publicité web, directeur de clientèle Nicolas Zeitoun tél. 01 42 44 16 69 chef de publicité junior Chloé Aron coordinatrice Margaux Monthieu tél. 01 42 44 19 90 événements et projets spéciaux Laurent Girardot tél. 01 42 44 16 08 marketing, promotion Baptiste Vadon tél. 01 42 44 16 07 Nathalie Coulon (chargée de création) tél. 01 42 44 00 15 responsable presse/relations publiques Elisabeth Laborde tél. 01 42 44 16 62 responsable diffusion Julie Sockeel tél. 01 42 44 15 65, chef de projet marketing direct Victor Tribouillard tél. 01 42 44 00 17 service des ventes Agence A.M.E. contact : Otto Borscha ([email protected]) & Terry Mattard (tmattard@ame-press. com, tél. 01 40 27 00 18, n° vert 0800 590 593 (réservé au réseau) abonnement DIP les inrockuptibles abonnement, 18-24 quai de la Marne 75164 Paris cedex 19, infos au 01 44 84 80 34 ou [email protected] abonnement france 46 numéros : 98 € standard, accueil ([email protected]) Geneviève Bentkowski-Menais, Valérie Imbert fabrication chef de fabrication Virgile Dalier impression, gravure Roto Aisne brochage Brofasud routage Routage BRF printed in France distribution Presstalis imprimé sur papier produit à partir de fibres issues de forêts gérées durablement, imprimeur ayant le label “imprim’vert”, brocheur et routeur utilisant de “l’énergie propre” informatique responsable du système éditorial et développement Christophe Vantyghem assistance technique Michaël Samuel les éditions indépendantes sa les inrockuptibles est édité par la société les éditions indépendantes, société anonyme au capital de 2 211 059,61 € 24, rue Saint-Sabin 75011 Paris n° siret 428 787 188 000 21 actionnaire principal, président Matthieu Pigasse directeur général David Kessler directeurs généraux adjoints Stéphane Laugier, François Rossignol attachée de direction Charlotte Brochard directeur administratif et financier Frédéric Roblot comptabilité Caroline Vergiat, Stéphanie Dossou Yovo administrateurs Matthieu Pigasse, Jean-Luc Choplin, Louis Dreyfus, Bernard Zekri fondateurs Christian Fevret, Arnaud Deverre, Serge Kaganski FSSDSFëG«S¶WO«JDOe trimestre 2011 directeur de la publication David Kessler © les inrockuptibles 2011 tous droits de reproduction réservés ce numéro comporte un encart abonnement 2 pages Belgique et Suisse jeté dans l’édition vente au numéro Belgique et Suisse ; un encart abonnement 2 pages Lyon jeté dans l’“édition spéciale Lyon” vente au numéro des départements 1, 38, 42 et 69 ; un encart “Rock dans tous ses états” jeté dans l’édition abonnés France métropolitaine et dans l’édition vente au numéro des départements de Paris-Ile-de-France, Nord-Pas-de-Calais, Bretagne, Centre et Pays de Loire ; un supplément 40 pages “Spécial Lyon” broché dans l’édition des départements 1, 38, 42 et 69 ; une couverture 4 pages “Spécial Lyon” brochée dans l’édition des départements 1, 38, 42 et 69 ; un supplément 80 pages “Spécial festivals” encarté dans l’édition générale.

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l’édito

song for Europe L’Europe, comment ça va ? Tout dépend sous quel angle on la regarde. “Sad song for Europe” avec la Grèce, berceau de notre civilisation, faut-il le rappeler. La belle Hellène va très très mal, étranglée par ses dettes et déficits. Les Grecs souffrent, mais les autres Européens peuvent s’inquiéter : à qui le tour demain ? Et quid de la zone euro ? Cette crise économique et financière ressemble aux sables mouvants : une agence de notation dégrade un pays, celui-ci réagit par des emprunts et une politique du pain sec afin de rassurer les marchés. Mais cela engendre des troubles sociaux (légitimes). Qui à leur tour déclenchent une inquiétude des marchés et une nouvelle baisse de notation. On croit se sauver, on s’enfonce encore plus. Dans ce monde globalisé, les pays-continents tiennent les manettes (Etats-Unis, Chine, Inde, Brésil...). Pour mieux résister aux tempêtes financières et mieux tenir une des manettes, l’Europe devrait faire bloc, établir une unité économique, commerciale et fiscale synchrone avec l’unité monétaire. Mais difficile d’expliquer aux fourmis allemandes qu’il faut être solidaires des cigales grecques. Pourtant, si nos dirigeants se souciaient autant du moyen que du court terme, ils mettraient leur énergie à convaincre Helmut que l’avenir est plus prometteur avec Nikos (et Pierre et Pedro, etc.) que contre : les Etats-Unis d’Europe sont un horizon plus désirable politiquement et réaliste économiquement que l’Europe des petits Etats-nations repliés sur leurs égoïsmes. Heureusement, il y a aussi des “happy songs for Europe”, comme l’arrestation de Ratko Mladic, promesse de justice et de cicatrisation d’une plaie ouverte de notre continent. Autre refrain joyeux pour l’Europe, celui des “indignés”, révolte d’un nouveau genre qui se répand à la vitesse de Twitter. Même s’il ne suffira pas d’occuper la Puerta del Sol ou la place de la Bastille pour faire reculer la précarité ou créer des emplois, il est bon que les peuples et leur jeunesse se réveillent. Et puis enfin, comment ne pas admirer le Barça, nouveau champion d’Europe ? Ce n’est que du football, certes, mais quel symbole euphorisant ! Nos dirigeants devraient s’inspirer des valeurs de cette équipe : sens du collectif, goût de l’offensive, don de soi, générosité pour le coéquipier et le public, style, panache. Et, ce qui bien sûr ne gâte rien, efficacité de vainqueur.

Serge Kaganski

Après “l’effet papillon”, l’effet “dommage collatéral carcéral” : au moment même où on enferme DSK aux Etats-Unis, le taux d’incarcération en France atteint son niveau record ! Philippe sur inrocks.com

si j’étais obsessionnel… Désolé, mais vous êtes vraiment trop 2003 en ce moment. Page 75 du n° 808, la photo du disque d’Emmylou Harris que vous passez n’est pas celle d’Hard Bargain, mais de Stumble into Grace, sorti il y a huit ans. Rebelote, page 70, lorsque vous passez une photo d’Okkervil River dans laquelle on peut voir au milieu Jonathan Meiburg, qui a quitté le groupe il y a quelques années pour se concentrer sur Shearwater. Cette image pourrait donc bien dater de l’époque où sortit Down the River of Golden Dreams, en 2003

également. D’ailleurs, contrairement à JD, moi, je trouve que c’est bien à cette époque que le groupe touchait vraiment, et qu’il s’est depuis fortement désincarné en ne se concentrant plus que sur la production, et de moins en moins sur l’émotion, laissant Shearwater, seul, “élev[er] la rêverie en rigoureuse discipline olympique” (oui, mais sans Will Sheff). Je conviens toutefois qu’il ne s’agit là que d’une question de goût. Bon, je ne vous embrasse pas, parce que je vis en 2011, mais le cœur y est. Yann

si j’étais ministre de l’Intérieur… Je le dis clairement, sans détours et avec la plus grande fermeté, aux volcaniques Islandais qui prennent la planète pour un cendrier ainsi qu’aux atomiques Japonais de “Foutushima” et d’ailleurs : non ! la France n’a pas vocation à recueillir toute la poussière du monde... La France va remettre en place, à ses frontières, le dispositif de filtration des flux migratoires d’avant l’application des accords de Schengen portant sur la libre circulation de tout et de n’importe quoi, qui avait si bien contenu les particules sans papiers de Tchernobyl. C’était un communiqué du ministre de l’Intérieur propre. Jean-François Hagnéré

réagissez sur [email protected]

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7 jours chrono le paperblog de la rédaction

le mot

[labourer]

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Robert Yager/The New York Times/Redux/Rea

Nicolas Sarkozy “laboure la France”, François Hollande “laboure le terrain”, Ségolène Royal “trace son sillon”. Lors d’une campagne électorale – car qui douterait qu’elle a commencé –, les médias prennent au pied de la lettre le mot “campagne”, ce qui les mène naturellement à la bêche ou à la charrue. On devine même que quelques-uns vont la mettre, cette charrue, avant les bœufs. N’oublions pas qu’en l’occurence, la terre à remuer, c’est nous, les citoyens. Attention : Le Grand Larousse du XXe siècle prévient qu’“une terre labourée à contretemps est ensuite d’une culture difficile”. Dans le cas présent, ces métaphores agricoles semblent exagérées : pour l’instant, nos candidats ne retournent ni la France ni les foules. Le labour exigeant la profondeur du sillon, il serait plus exact de dire que les prétendants manient la herse, la binette, le râteau, la griffe... Et pour semer quoi ? Puissent-ils ne pas terminer comme Bolivar qui s’exclama sur son lit de mort : “J’ai labouré la mer.”

Francis le Gaucher

Scarlett d’Attack Scarlett Johansson a décidément un don pour bien s’entourer. Après avoir bossé avec Dave Sitek et Pete Yorn, la nouvelle meuf de Sean Penn s’associe avec Massive Attack pour reprendre Summertime de George Gershwin sur la bande originale de Dias de gracia, thriller mexicain présenté à Cannes. Le reste du casting de la BO est aussi alléchant, puisqu’on y retrouve Nick Cave & Warren Ellis, Atticus Ross, déjà à l’œuvre sur The Social Network, et Shigeru Umebayashi, collaborateur de Wong Kar-wai, qui composent chacun la musique d’une des trois parties du film qui, en plus, parle de foot : bonheur.

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Peyton, portraitiste pop Jeudi 26, à deux pas

Elizabeth Peyton, Klara, NYC April 2011, courtesy Gargosian Gallery

l’image vive l’eurock !

Le festival Europavox remplit une fois de plus son rôle de défricheur. Chaque année, l’Europe des échanges se fait un peu plus concrète au festival Europavox de Clermont-Ferrand. En plus d’accueillir une programmation riche et mêlée (concert émouvant du retour des enfants prodiges de Cocoon, claque Thomas Dybdahl, suavité de Selah Sue, bordel merveilleux de La Femme, main-mise électrique et absurde des géniaux Twin Twin…), Europavox repose sur la complicité de vingt journalistes délégués, recrutés dans quinze pays de la CEE. Ils viennent non seulement découvrir les artistes français, participer à des conférences/ dialogues fertiles, mais également présenter leurs propres protégés. L’occasion, cette année, de s’émerveiller notamment devant le rock furibond, dansant et jouisseur des Néerlandais De Staat ou les chansons de charmes fatales de la Polonaise Très.B. Signe de cette Europe en marche : le groupe espagnol Polock joue de la pop anglaise influencée par un groupe français, Phœnix.

Florent Giffard

des Champs-Elysées, la galerie Gagosian vernit la première exposition en France d’Elizabeth Peyton. Portraitiste des jeunes gens modernes, de Kanye West à Julian Casablancas en passant par les artistes Isa Genzken et Klara Lidén, l’Américaine se tient timidement derrière le bureau de la galerie quand Roman Polanski en personne vient la saluer. Et s’il n’y a pas foule ce soir-là, c’est que cette peinture, malgré la renommée de ses sujets, n’a rien de m’as-tu-vu. Un vernissage aussi intimiste et feutré que cette toile où le visage de Justin Bieber se profile derrière un bouquet de roses fraîchement coupées. Patriot Act part two Le Congrès des Etats-Unis a voté la reconduction du Patriot Act jusqu’en juin 2015. La loi antiterroriste, adoptée au lendemain des attentats du 11 Septembre, permet, entre autres, de surveiller les étrangers “susceptibles” d’avoir des liens avec des activités terroristes et étend les capacités d’écoute et de captation des mails effectuées par les services de sécurité. Contestée par de nombreux groupes de défense des droits de l’homme, elle a pourtant été adoptée à la grande majorité des voix. évasion informatique Une erreur informatique a permis de relâcher 450 détenus “particulièrement dangereux” d’une prison californienne. Le logiciel les a malencontreusement classés en régime de liberté conditionnelle. Ils ont pris le maquis avec 1 000 autres petits camarades de droit commun. Deux jours auparavant, la Cour suprême avait justement pointé du doigt la surpopulation carcérale. De quoi résoudre le problème rapidement. désunion à L’Association On avait cru que L’Association passerait le cap des 21 ans et survivrait aux conflits qui l’avaient récemment déchirée. Après six mois de guerre ouverte entre les salariés et l’éditeur Jean-Christophe Menu, un conseil d’administration consensuel réunissant ce dernier et six membres fondateurs de L’Association avait finalement été élu. Cette élection laissait envisager un nouveau départ, mais Jean-Christophe Menu vient pourtant d’annoncer qu’il partait. En filigrane, il en attribue la cause à ce nouveau bureau qui ne le laisserait pas travailler librement. “Dès ce jour, je me désolidarise de toute décision et de toute procédure émanant de L’Association, lesquelles, souvent consternantes à mes yeux, ont déjà commencé à s’élaborer sans mon consentement”, déclare-t-il dans un communiqué. Impossible de dire aujourd’hui quel sera l’avenir de L’Association qui se retrouve donc sans éditeur.

L’artiste contemporaine Klara Lidén peinte par Elizabeth Peyton.

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Love for Life de Gu Changwei

l’amour, le sida, la Chine Le dernier film de Gu Changwei,

Mischa Richter

le moment

mort d’un poète rappeur Le 29 mai, Gil Scott-Heron casse sa pipe à 62 ans. L’hôpital new-yorkais où il était soigné n’a pas révélé les causes de son décès. Snoop Dogg, Radiohead, Eminem, Chuck D, Nile Rodgers, Talib Kweli, Ghostface Killah, Cee Lo Green ont témoigné de leur admiration pour celui qui dans les années 70 a initié avec ses compères des Last Poets l’art du spoken word et les premières flambées du rap. Ses albums et son roman Le Vautour l’imposent alors en chroniqueur de l’expérience noire. Ciblant les travers de la politique US (B Movie) ou l’apartheid (Johannesburg) il se montrera le plus virulent pour dénoncer les ravages de la drogue et de l’alcool (Angel Dust, The Bottle) sur sa communauté. Avant d’y succomber. En 2001, il est arrêté pour possession de cocaïne. Début d’une descente aux enfers qui le conduira en prison et en centres de désintoxication où il tente de se libérer du crack. Au bout de cette déchéance il y aura I’m New Here, album de la renaissance, remixé récemment par Jamie du groupe The XX. Et cette ultime série de concerts dont un à la Cité de la Musique à Paris en septembre dernier devant un public renouvelé. Alors oui, Gil Scott-Heron est mort. Mais pas sûr qu’il ait rendu l’âme.

Molly Riley/Reuters

Après le décès de Gil Scott-Heron, le rap se retrouve orphelin.

Love for Life, est une comédie romantique a priori tout ce qu’il y a de plus classique en Chine : des cascades, un peu d’humour, beaucoup de romance et des pop-stars au casting (la belle Zhang Ziyi et le chanteur Aaron Kwok). Sauf que les deux acteurs incarnent un couple de séropositifs, victimes de l’affaire du sang contaminé qui a ravagé la province du Henan dans les années 90. Une première dans le paysage hyper consensuel du cinéma chinois où le thème du sida reste un point aveugle.   conduite à risque Une Saoudienne, arrêtée pour avoir posté sur YouTube une vidéo d’elle au volant, a déclenché une grande vague de soutien sur les réseaux sociaux. Une marche est même prévue courant juin dans ce pays où les femmes peuvent être emprisonnées pour avoir conduit. En réaction, des extrémistes religieux ont créé une page Facebook invitant à “fouetter” toutes les imprudentes qui braveraient l’interdiction. Une proposition déjà “likée” par 6 500 personnes. love parade On attendait de pied ferme Morning Parade, programmé vendredi 27 à la Flèche d’Or pour les Inrocks Indie Club. On avait bien raison, puisque les Anglais, dont le premier album est imminent, ont aligné les singles et les tubes potentiels avec une urgence qui rappelait The Sunshine Underground ou Two Door Cinema Club. Guitares flamboyantes et obsession pour le dancefloor ne laissent aujourd’hui aucun doute : on les retrouvera dans les stades, bientôt. Palin, le biopic Après des mois d’hésitation, Sarah Palin semble décidée à se lancer dans la course à la présidentielle américaine de 2012. Indice : l’ancienne colistière de John McCain, reconvertie championne des Tea Party et égérie médiatique de la Fox, présentera en juin son propre biopic, The Undefeated. Réalisé par le conservateur Stephen K. Bannon, le film sur la vie de l’ancienne gouverneure de l’Alaska sera ensuite diffusé dans 50 à 100 villes aux Etats-Unis, avant une édition DVD et VOD. Sarah Palin dans ton salon.L. M., B. Z. et G. S. Sarah Palin le 29 mai 2011 à Washington.

avec la rédaction

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le Barça, club indigné

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ontre le FC Barcelone, l’enjeu n’est plus de vaincre ou de faire illusion. L’enjeu, désormais, est de s’incliner proprement, avec grâce et élégance. Vaincus samedi 3-1 en finale de la Ligue des champions, les joueurs de Manchester United auront au moins réussi cela. Propres et fair-play tout au long de la rencontre, ils ont multiplié les louanges et les aveux d’impuissance après-coup. “Je n’avais jamais joué contre une équipe comme ça”, dit même l’un d’eux, et pas le moins fier. Au-dessus du lot depuis trois saisons, le FC Barcelone est aujourd’hui injouable, intouchable, et le débat sur sa place dans l’histoire du jeu semble réglé. Si d’autres équipes de club ont un moment écrasé leur époque, tels le Real Madrid de Di Stéphano, l’Ajax de Cruyff ou le Milan de Sacchi, aucune ne l’a jamais fait avec une marge aussi monstrueuse. Aucune, surtout, ne l’a fait en déployant un tel football. Samedi soir, face à des Mancuniens d’ordinaire si forts et si solides, les joueurs barcelonais ont encore joué le jeu tel qu’on n’avait jamais vraiment osé le fantasmer. Ils ont multiplié à l’infini les passes courtes, rapides au ras du sol, et ont confisqué le ballon de façon insensée, totalisant près de 70 % de la possession, alors qu’une équipe qui domine son adversaire de manière classique dépasse très rarement les 55 %. Les chiffres sont encore plus fous quand on s’arrête sur les performances individuelles. Ainsi, Xavi, le milieu de terrain, aura réussi 141 des 148 passes qu’il aura tentées. A titre de comparaison, le meilleur passeur mancunien, le défenseur Rio Ferdinand, n’en aura réussi que 40. Souvent, très souvent, dans le football moderne, efficacité et jeu se heurtent, et il faut choisir entre perdre avec panache et gagner avec froideur, un peu comme l’on choisirait entre enregistrer de la soupe

ultracommerciale pour devenir riche et enregistrer de la vraie musique en continuant à vivre chez ses parents. L’exploit du FC Barcelone est justement d’être premier des charts sans user des ficelles du commercial, avec des morceaux absolument sublimes. Au fond, c’est un peu comme si les Beatles s’étaient reformés pour jouer au football. Alors, à ce petit jeu, John Lennon est Lionel Messi, Paul McCartney est Xavi et George Harrison, certainement, Iniesta. Mais l’essentiel évidemment est ailleurs, dans la force du collectif plus que dans l’accumulation des talents, dans la passe au coéquipier plus que dans le dribble de l’adversaire. Si les profanes n’auront vu, samedi, que la performance incroyable de l’Argentin Lionel Messi, de très loin le meilleur joueur du monde, les autres, les chanceux, auront aussi pris en pleine tronche les performances de Pedro, Busquets, Villa, Piqué, et même de Valdés, gardien de but virtuel, si rarement mis à contribution qu’il passe plus de temps, sur l’ensemble d’une saison, à l’extérieur de sa surface qu’à l’intérieur. Le paradoxe de cette histoire-là est qu’elle se noue radicalement contre le cours du jeu et l’air du temps. Ce weekend, la Fifa s’est encore déchirée de toutes parts, les deux candidats à la présidence de l’instance dirigeante du football mondial s’accusant réciproquement de multiples actes de corruption et jetant encore un peu plus l’opprobre sur un sport bouffé par les scandales en tout en genre, qu’il s’agisse

ce week-end, les deux candidats à la présidence de la Fifa se sont accusés d’actes de corruption

d’affaires de prostitution, de grève ou de racisme… En somme, le football ne s’est jamais aussi mal comporté en coulisses et n’a jamais été aussi bien porté sur le terrain. Certes, le FC Barcelone ne vit pas hors du football business, loin de là, il brasse des centaines de millions d’euros (398 millions de chiffre d’affaires en 2009-2010) et paie ses stars des fortunes (10 millions annuels pour Lionel Messi), mais il n’a pas encore vendu son âme. Outre son incroyable dextérité sur le terrain, le club barcelonais avance avec des idées fortes, inébranlables, au premier rang desquelles figure la formation des jeunes joueurs. Sur le terrain, samedi, contre Manchester United, huit des titulaires avaient ainsi été formés au club, biberonnés aux préceptes du jeu à la barcelonaise et habitués à jouer ensemble, au point de pouvoir se trouver sans même se voir. En face, dans le camp mancunien, seuls deux joueurs étaient issus du centre de formation, et, si le lien de cause à effet n’est pas total, on ne peut s’empêcher de noter que les échanges, de ce côté-là, avaient nettement moins de fluidité… Aujourd’hui, le Barça apparaît comme une réponse aux perversions du football mondial, et, mieux encore, semble comme un îlot de réussite dans une Espagne ravagée par la crise, et au bord de l’insurrection civile. Si catalan et si fier de l’être, le club barcelonais est comme un club indigné. Il se plaît dans un conflit permanent avec le pouvoir centralisateur, il résiste, s’oppose à Madrid. Alors que le club de la capitale dépense sans compter et persiste dans un jeu terne, gris, lui invente autre chose et triomphe. Dimanche, il furent d’ailleurs près de 50 000 à descendre dans les rues de Barcelone pour le célébrer. Et, par là-même, réinvestir un espace dont des milliers d’Indignés avaient été dégagés manu militari, vingt quatre heures plus tôt, par les forces de l’ordre. Marc Beaugé

Emilio Morenatti/AP/Sipa

Le football n’a jamais été autant gangrené par les scandales mais il n’a jamais été autant sublimé par une équipe : avec le Barça, vainqueur de la Ligue des champions, un autre football est possible !

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“Qui court le monde ? Filles.”

James Joyce sur Twitter

retour de hype

retour de bâton

hype

buzz

pré-buzz

“Le paradis des fous est l’enfer des sages, tu sais, c’est ma façon à moi de te traiter de connard”

“Vache qui rit à moitié dans ton lit”

Les concombres

“Je suis passé au Xanax depuis que j’ai appris qu’Adidas laissait tomber la Stan Smith”

Cults

Ali Baddou le midi

East17

Les indignados

Les pyramides égyptiennes découvertes depuis l’espace

“En fait, la vraie L1 c’est la L2”

James Joyce sur Twitter Ce n’est pas la première fois que Twitter célèbre le Bloomsday, cette fête irlandaise qui a lieu le 16 juin, jour durant lequel se déroule l’intrigue d’Ulysse. “Ulysse Meets Twitter 2011” propose aux amateurs de résumer une section du roman en 4 à 6 twits. Les indignados Coolos.

Very Bad Trip 2 Les chefs d’internet

Les chefs d’internet Nicolas Sarkozy a annoncé une rencontre annuelle avec les chefs d’internet. Cool, et après on jouera à chat perché ? La Stan Smith Adidas a confirmé l’arrêt de la commercialisation de sa célèbre basket dans les prochaines semaines. D. L.

billet dur Abacapress/RTL

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onsieur le juge, Je vous écris afin de vous demander la clémence pour mon client Christophe Hondelatte. J’ai pris connaissance de l’acte d’accusation concernant des attouchements inappropriés ainsi qu’un viol caractérisé sur la musique, après la publication de sa chanson Dr House, avec une menace de récidive sur toute la longueur d’un album. Ou Pas. Les faits sont graves, Monsieur le juge, mais mon client tient à porter à votre connaissance les éléments suivants : d’autres confrères de la télé ont déjà commis de tels actes sans être pour autant inquiétés. Je citerais les noms de Pierre Sled, de Gérard Holtz ou encore de Christian Jean-Pierre, qui se retrouvent certains dimanches dans une cave pour faire subir au rock des outrages tout

aussi répréhensibles à base de reprises de Joe Cocker ou du groupe Toto. Au moins, mon client aura eu le mérite d’écrire lui-même l’objet de risée nationale que nous qualifierons ensemble avec précaution de chanson, empruntant toutefois l’essentiel des paroles aux répliques de la série favorite des ménagères en descente d’organes. N’en veuillez pas à mon client, il regardait TF1 lorsque lui vint cette illumination, le désormais culte “Dr House, c’est pas Mickey Mouse”. Si ce soir-là, à la place, il avait regardé Thalassa, peut-être aurait-il alors pensé “La crevette, c’est pas la Schtroumpfette”, et s’il avait mis Arte, “Francis Ponge, c’est pas Bob l’éponge”, car mon client possède d’immenses capacités de déduction qui lui valent de présenter l’émission Faites entrer l’accusé. En revanche, je vous l’accorde, il chante comme un pneu de tractopelle. Bon, Christophe, t’es indéfendable, tu prends ton blouson et tu sors. Christophe Conte

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Constance Nouvel A 26 ans, cette artiste se défait des carcans de la photographie. Une sensibilité aux enjeux de l’image contemporaine qu’elle partage avec sa génération.

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reuser l’image, au propre comme au figuré, à l’aide d’un scalpel ou d’outils théoriques. Voici la drôle d’entreprise que mène Constance Nouvel depuis quelques années. Au Salon de Montrouge et à l’Ecole des beaux-arts de Paris où elle expose en compagnie des autres “félicités” de sa promo, la diaphane Constance présente des images échappées de leur planéité, qui se construisent en creux (grâce à un procédé de superposition et de griffures opportunes) ou se déplient dans l’espace au gré des pliures et autres recouvrements successifs. Ses mots clés (repris dans les titres de ses expos) parlent tout seuls : scalpel, strates, kit, anatomie. Et en disent long sur la façon dont cette artiste, et avec elle toute une partie de la jeune génération, décortique et reformule une histoire des images contemporaines qui ressemblent de plus en plus à des interfaces. Oublié le motif, ce qui compte c’est le mode opératoire et la capacité, comme le rappelle l’artiste, à “fragmenter et défragmenter, comme dans une opération informatique”. Claire Moulène

photo Raphaël Dautigny Le Vent d’après, jusqu’au 10 juillet à l’Ecole des beaux-arts de Paris, www.ensba.fr 20 les inrockuptibles 1.06.2011

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les vacances de monsieur Longuet En 2006, Ben Ali a offert leur séjour tunisien à Gérard Longuet et Jean-Marc Sylvestre. Curieusement, ils n’en ont aucun souvenir.

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Voici le courrier des autorités tunisiennes demandant à l’Office national du tourisme tunisien de prendre en charge les frais de séjour en Tunisie de Gérard Longuet.

n février dernier, en plein feu des révolutions arabes, éclatait le scandale des vacances tunisiennes de Michèle AlliotMarie. Notre ministre des Affaires étrangères avait bénéficié de l’avion gratuit d’un homme d’affaires, Aziz Miled, proche du régime de Ben Ali. Au nom de la “République irréprochable” exigée par Nicolas Sarkozy, la gauche demandait sa démission. Un homme avait volé au secours de la ministre. “Trop, c’est trop ! tempêtait-il. MAM s’est exprimée avec honnêteté sur ses déplacements en avion, lors de son séjour de fin d’année en Tunisie.” Cet homme était le président du groupe UMP du Sénat, Gérard Longuet. Qui se trouve être aujourd’hui notre ministre de la Défense. Ce qu’on ignorait à l’époque, c’est que Gérard Longuet, lui aussi, n’avait pas tout raconté sur ses escapades privées en Tunisie. Des documents que nous avons récupérés dans les archives de l’Agence tunisienne de communication extérieure (ATCE), le bras armé de l’ex-pouvoir tunisien pour organiser des séjours agréables aux politiques et aux journalistes étrangers, nous permettent de reconstituer les conditions de l’escale tunisienne de Longuet. Gérard Longuet est arrivé sur les côtes tunisiennes à bord à bord d’un beau voilier de 17 mètres de long, le Silver Shadow. Notre ministre qui, à l’époque, était conseiller politique du patron de l’UMP, Nicolas Sarkozy, était accompagné pour cette croisière de Jean-Marc Sylvestre, chroniqueur renommé à l’époque de LCI et de TF1 avec lequel il part fréquemment en bateau. Leurs enfants les accompagnaient. Ces vacanciers eurent la chance d’amarrer

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“à l’hôtel, nous avons même retrouvé mon ami Philippe Séguin au bord de la piscine” Gérard Longuet leur voilier dans le joli port de Sidi Bou-Saïd et de séjourner deux jours dans le superbe palace cinq étoiles de Gammarth, The Residence. Selon le document de l’ATCE, le programme pour recevoir ces hôtes de marque comprenait une soirée au Festival de Carthage et un dîner avec le ministre de Affaires étrangères de Ben Ali, Abdelwaheb Abdallah. Devenu ces dernières années l’homme fort de Carthage, ce dernier s’était rapproché de Leila Trabelsi, l’épouse de Ben Ali, et s’était fait connaître pour avoir été un as de la désinformation et du verrouillage des médias. Au cours de cette croisière avec son ami Longuet, le journaliste Jean-Marc Sylvestre avait demandé une faveur aux autorités tunisiennes : “Si monsieur Jouini, ministre du Développement et de la Coopération n’est pas en vacances, lit-on dans le programme de l’ATCE, Jean-Marc Sylvestre serait intéressé de le revoir (il l’avait accueilli dans son émission Le Club de l’économie sur LCI, en juin 2004 – ndlr).” Or la surprise, la voici : selon le document officiel tunisien, le gouvernement de Ben Ali se met en quatre pour financer le séjour des Français. Dans un courrier daté du 27 juillet 2006, que nous nous sommes procuré, Oussama Romdhani, directeur Général de l’ATCE, demande aux responsables de l’Office national du tourisme tunisien de “bien vouloir envisager la possibilité de prise en charge des frais du séjour à l’hôtel The Residence à Gammarth de monsieur et madame Longuet [madame, in fine, ne participera pas au voyage]. L’ATCE, prendra en charge, par contre, le séjour de M. Sylvestre”. Dans un autre document, celui-ci en arabe, le directeur de l’ATCE demande à la direction du port de plaisance de Sidi Bou-Saïd de réserver une place pour le voilier de Gérard Longuet et de Jean-Marc Sylvestre, “un ami de notre pays”, précise la note. On s’en doutait un peu. Nous avons joint au téléphone Gérard Longuet. – “Avez-vous séjourné pendant vos vacances à l’hôtel The residence ? - Oui, j’ai dû y passer au maximum deux nuits. Nous avions laissé mes trois enfants ainsi que le fils de Jean-Marc dormir sur le bateau. A l’hôtel, nous avons même retrouvé mon ami Philippe Séguin au bord de la piscine. – Séguin, un grand ami aussi du régime ? – C’est possible… – Par qui a été payée la note d’hôtel ? – Je pense avoir réglé, mais je n’en n’ai plus la certitude… C’est peut-être mon copain Jean-Marc qui a réglé pour moi. – Mais nous avons des documents qui précisent que c’est le régime tunisien qui a payé. – Je serai bien incapable de vous le dire. Je

ne me souviens pas d’avoir été invité, il est possible que cela se soit fait, je ne m’en suis pas personnellement occupé et ne me suis pas posé la question. Ce n’est pas moi qui leur ai demandé en tout cas. Mais si le gouvernement tunisien a le sentiment que je n’ai pas payé, je peux lui envoyer un chèque tout de suite, ça ne me pose pas de problème.” Nous contactons son ami Jean-Marc Sylvestre. – “Qui a payé vos nuits à l’hôtel ? – Je pense que nous avons payé. – Mais vous n’en êtes pas sûr... – Je n’ai pas de souvenir précis. Mais je pense qu’on a payé.” Nous avons pu parler au téléphone à un fonctionnaire de l’Office national du tourisme tunisien. L’homme a pris pour nous des renseignements auprès de l’hôtel The Residence. Voici la réponse qu’il en a obtenu : “Le séjour de Gérard Longuet, qui s’est déroulé dans cet hôtel du 10 au 12 août 2006, a été pris en charge par l’Office de tourisme, qui a payé l’hébergement et la restauration. Monsieur Longuet, nous préciset-il, a payé les extras, c’est à dire le téléphone et le bar.” Quant à Jean-Marc Sylvestre, à l’image de beaucoup de patrons de rédaction et de chroniqueurs illustres, il est un aficionado des voyages organisés vers ce paradis du Jasmin (et de la torture) qu’était la Tunisie de Ben Ali. Six mois avant sa croisière en voilier, le chroniqueur économique passait ses vacances de Noël dans le sud tunisien, du 19 au 25 décembre 2005, en compagnie de ses deux enfants. “C’était un voyage studieux”, nous explique-t-il. Le voyage, pourtant, était là encore entièrement organisé et financé par l’ATCE, comme le montre une autre note, signée par un cadre de l’Agence, Bochra Malki. Jusqu’au choix du chauffeur ou les réservations “en pension complète” dans les meilleurs établissements, Yadis Djerba ou le Palm Beach Tozeur, rien n’était laissé au hasard. A l’arrivée, à l’aéroport, une voiture accueillait la famille. – “Apparemment, insiste-t-on, votre voyage studieux ressemblait davantage à un voyage touristique, et d’après nos documents il était organisé et financé par le régime. – Possible, je n’ai pas de souvenir, il faudra que je regarde mes calepins.” A la décharge de Longuet et de Sylvestre, ils ne sont pas les seuls, au sein de l’élite médiatique et politique française, à avoir profité des largesses du régime tunisien. MAM, avec son voyage de vingt minutes à bord de l’avion de son ami Aziz Miled, fit dans ce dossier figure de victime expiatoire. Dans le petit livre que nous venons de publier, Tunis et Paris, les liaisons dangereuses, nous racontons comment

Philippe Séguin, le compagnon de piscine de Longuet, qui qualifiait le président Ben Ali “d’homme politique moderne, qui défend jusqu’au bout les notions d’humanisme et de liberté”, s’était fait offrir en 1997 l’appartement en pleine médina de Tunis où il avait passé son enfance. Disons que le propriétaire légitime de cet appartement, Mhadheb El Jed, un petit patron francotunisien membre de l’UMP, avait mal vécu la saisie par le régime de son bien sans contrepartie financière. “Ce monsieur a tout cassé, nous a-t-il raconté à propos de Séguin. Y compris les cheminées de marbre !” Après une négociation serrée entre Séguin et le Franco-Tunisien, le propriétaire légitime retrouvait son bien en 2003. Le goût des plages de sable fin et des luxueux palaces n’explique pas, à lui seul, l’aveuglement de la France sur ce qui se passait en Tunisie. 1 200 entreprises françaises sont aujourd’hui présentes en Tunisie. L’image d’un pays prospère et paisible, “rempart” contre l’intégrisme musulman, leur a été vendue par des communicants talentueux. C’est ainsi qu’en janvier 2011, et alors que la révolte démarre dans l’intérieur du pays, le magazine Tunisie Plus du très hospitalier Hosni Djemalli, cet hôtelier tunisien qui reçut tant de journalistes français, consacre sa une à “Jacques Séguéla, fils de pub, fils du Sud”. “La Tunisie, explique le grand publicitaire jadis Mitterrandolâtre aujourd’hui bon ami de Sarkozy, a mené un chemin comme aucune autre nation africaine.” N’en jetez plus ! C’est ce qu’on appelle un beau retour sur investissement pour le régime de Ben Ali, qui quelques mois plus tôt, avait favorisé l’installation en Tunisie d’Havas, la boîte de Séguéla. En mai 2010, Ghazoua Ben Ali, une des cinq filles de Ben Ali, devenait en effet la coactionnaire de cette nouvelle société et son mari, Slim Zarrouk, son patron. Deux mois plus tard, Havas-Tunisie se voyait confier l’un des marchés publicitaires les plus juteux du pays : celui de la campagne publicitaire pour l’opérateur téléphonique numéro un, Tunisie Télécom. On en apprend beaucoup, aujourd’hui, sur la France, quand on fait le voyage à Tunis. Les verrous du business franco-tunisien sautent comme s’ils n’avaient plus de gardiens. On a pu vérifier, par exemple, que par chance les archives de l’ATCE n’ont jamais été détruites, comme cela avait été dit sur des blogs tunisiens. Les semaines à venir pourraient donc nous offrir quelques surprises sur d’autres bénéficiaires français des gâteries du régime. Ah, les vacances ! Nicolas Beau et Arnaud Muller Tunis et Paris : les liaisons dangereuses, ed. Jean-Claude Gawsewitch, 2011)

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la messe pop de Beyoncé Lors de la cérémonie des Billboards où elle a reçu un Millennium Award, Queen Bee a livré une performance fascinante. Un sommet de pop culture à la limite de la célébration mystique.

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le show à l’américaine Selon la tradition, le sacre a eu lieu un dimanche. Le 22 mai, lors des Billboards Awards, Beyoncé recevait des mains de sa mère le Millennium Award qui salue l’ensemble de sa carrière et son influence dans l’industrie musicale. Un sommet pour Queen Bee qui, des Destiny’s Child à ses albums solo, a déjà reçu seize Grammy Awards. Ce soir-là, Beyoncé ne pouvait donner qu’un bon gros show à l’américaine. En marge du live, que certains médias ont décrit comme “la performance d’une vie”, a été diffusée une vidéo cliché montrant les puissants de l’industrie musicale, voire du monde, faire son apologie. Adoubée par Michelle Obama avec qui elle mène une campagne contre l’obésité, encensée par ses parents en des termes dignes d’un téléfilm gros sabots (“Je ne suis pas seulement fier de l’artiste que tu es, mais aussi et surtout de l’être humain que tu es devenue”) et félicitée par ses pairs, à l’instar de Lady Gaga qui n’a pas hésité à balancer : “Tu es tellement plus qu’une pop-star ou une icône, tu représentes le rêve”, Beyoncé s’est tenue à la hauteur du scénario en incarnant le summum du rêve américain, fiction dont le happy end marque le triomphe du travail, du talent, et de la beauté aussi un peu.

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le corps de Beyoncé Figure solaire, Beyoncé n’a jamais vraiment souffert de la concurrence des autres pop-stars. Alors que Britney peine à se remettre de son nervous breakdown, que Rihanna s’englue dans l’eurodance, elle, intouchable, écrase ses collègues à chaque fois. Aux côtés de Lady Gaga dans leur clip commun Telephone, elle faisait passer la chanteuse de Poker Face pour une septuagénaire en bustier. Ici, elle met en scène son corps plus travaillé que jamais – mince et dépourvu des gros cuissots qui faisaient sa marque de fabrique – au centre d’une installation vidéo. Devant un écran blanc, Beyoncé joue avec les projections créées par Kenzo Digital, interagissant avec des danseurs, des formes géométriques ou ses clones dans une chorégraphie très maîtrisée. Une mise en scène experte au même titre que les pas de Beyoncé, qui met ici à l’amende toutes ses consœurs. Sublimée, démultipliée, Beyoncé joue avec la projection de son image définitivement entrée dans les annales de la pop culture avec le clip de Single Ladies (Put a Ring on It) – vidéo et chorégraphie reprises par des milliers d’anonymes sur le net.

ses projections Quelques jours après la cérémonie, des esprits chagrins ont reproché à Beyoncé d’avoir copié le live d’une artiste italienne un peu has been (Lorella Cuccarini) au festival de San Remo en 2010. Si le pompage est indiscutable, il n’entre pas moins dans le processus de récupération perpétuel caractéristique de la pop culture, processus que Beyoncé maîtrise à merveille. Par exemple, le titre interprété ici, Run the World (Girl), est construit sur un sample d’un morceau déjà existant (Pon de Floor de Major Lazer). De même, le propos mi-guerrier mi-girl power n’est qu’une réappropriation tiédasse et commerciale du discours féministe. Pourtant,

le tout interprété tel quel n’en reste pas moins fascinant et signifiant. Ainsi, sur l’écran, difficile de distinguer l’authentique de la copie. Symbole de la société américaine et du système capitaliste dont elle est une des icônes, avec son mari Jay-Z, Beyoncé déploie de formidables aptitudes à surmonter les contradictions qu’elle génère. Sur l’image, il y a le corps de Beyoncé, terrestre et périssable, et ses projections immortelles. Un spectacle fascinant, où le vrai est un moment du faux, comparable à une sorte de cérémonie mystique donnée au royaume de la pop culture. Diane Lisarelli

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brèves le net gonfle le PIB En 2009, le web a généré 3,4 % du PIB dans les 13 pays les plus développés. Le cabinet-conseil McKinsey, à l’origine de cette étude, a ici pris en compte à la fois les télécoms, l’informatique et l’utilisation du web en tant que support aux activités économiques. Le secteur internet pèserait au moins autant que ceux de l’énergie et du transport. Google ne numérise plus les journaux Après avoir enregistré 60 millions de pages provenant d’articles de journaux depuis 2008, Google arrête sa politique de numérisation des archives de presse. Les internautes pourront toujours consulter les quelques 2 000 titres déjà mis en ligne sur Archive Search, dont certains remontent au XVIIIe siècle. Le géant américain n’a pas expliqué les raisons de son geste, mais devrait se concentrer désormais sur son offre de vente en ligne destinée aux éditeurs, Google One Pass. du télégraphe à internet La Poste, qui a débuté dans la téléphonie, le télégraphe et le postage avec les PTT, revient (presque) à ses origines en annonçant vouloir commercialiser une offre quadruple play (téléphonie fixe, mobile, internet et TV). Le groupe vient également de lancer son offre mobile.

le PS, l’UMP et les écrans A l’invitation de la Société civile des auteurs multimédia, les partis politiques ont planché sur la télé et le net. Au menu : l’indépendance du service public, les droits d’auteur et un bilan de l’Hadopi.

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u’est-ce que les partis ont à dire sur la politique audiovisuelle ? Comment imaginer une télévision publique ambitieuse à l’heure du média global, du formatage, du contrôle politique de l’audiovisuel public, où en est le droit d’auteur… ? Pour esquisser des réponses, la Société civile des auteurs multimédia – la Scam, qui rassemble près de 30 000 documentaristes, journalistes, photographes... – a invité les partis politiques à éclairer leurs projets. Trente ans après sa création – le 19 mai 1981 –, la Scam entend ainsi peser sur les débats en vue de 2012, se rassurer sur la volonté de défendre les documentaristes télé et se faire confirmer l’attachement au principe du droit d’auteur. Lors d’une table ronde organisée au siège de la Scam le 25 mai, quelques grandes lignes se sont dessinées, sans qu’aucun des programmes n’aient encore été finalisé. Seul le Parti socialiste, par ailleurs assez flou sur la politique culturelle, a jusqu’ici produit un document complet sur l’audiovisuel. Patrick Bloche, secrétaire national chargé des médias, a rappelé que le PS veut sortir l’audiovisuel public “de sa dépendance politique et

le PS propose une “rémunération créative” des auteurs sur le net

budgétaire”, et propose la mise en place d’une nouvelle gouvernance en mettant fin aux nominations des responsables par le président de la République. L’UMP, par la voix de Franck Riester, ne veut rien changer, estimant même que c’est “un sujet mineur” et qu’enfin “les choses sont claires, précises, nettes”. Si droite et gauche convergent sur l’obligation de garder la publicité en journée pour des raisons budgétaires, elles s’opposent sur la redevance, désormais indexée sur l’inflation : le PS voudrait la réinstaurer sur les résidences secondaires, pas l’UMP. Mais le point de friction le plus sensible concerne l’Hadopi. Si l’UMP se félicite du dispositif, en estimant que les recommandations pédagogiques ont déjà des effets sur le développement des plates-formes légales, le PS reste opposé à la logique pénale, en particulier à l’Hadopi 2 relative à la protection de la propriété littéraire et artistique sur internet. “Mauvaise réponse à une vraie question”, la loi évite selon Patrick Bloche la réflexion sur des modes de rémunération des auteurs plus pragmatiques et adaptés à l’époque (la “rémunération créative”). Et Bloche de rappeler que le droit d’auteur est bien moins menacé par les internautes que par les opérateurs de la communication (Google, Apple…), dont les avancées dans la télé connectée vont déstabiliser tout le système audiovisuel. Un chantier à suivre pour la Scam dans les prochaines années. Jean-Marie Durand

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Christine Ockrent a finalement décidé de quitter la direction de l’Audiovisuel extérieur français. La fin d’un bras de fer qui durait depuis des mois avec Alain de Pouzilhac, qui se prépare à fusionner France 24 et RFI.

François Berthier

une reine très déchue

Bellatar bouge du Mouv’ Yassine Bellatar quittera la “radio jeune” à la rentrée. Le nouveau directeur, Patrice Blanc-Francard, a décidé de ne pas renouveler son contrat.

festival de Scam “Pourquoi filmez-vous ? Pourquoi faites-vous de la radio ?” Trente-cinq auteurs télé et radio (documentaristes, journalistes, photographes) ont répondu aux questions de la Société civile d’auteurs multimédia qui célèbre ses 30 ans. Un panorama instructif à consulter sur scam.fr

talkin’ about revolution couchés ! Eric Zemmour et Eric Naulleau, les polémistes vedettes d’On n’est pas couché sur France 2, ont été invités à aller se recoucher : Laurent Ruquier a décidé de se séparer de leur fiel la saison prochaine.

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La revue Mouvements se penche sur les printemps arabes dans son n° 66 : “Comprendre les révolutions en marche.” Un éclairage passionnant sur les ressorts de ces soulèvements démocratiques.

Ouï cause poltique Dans Ouï rock politique, une nouvelle émission de Ouï FM, tous les jeudis de 10 h à 11 h, Alexis Trégarot reçoit une personnalité politique. Ça causera politique culturelle et goûts personnels piochés dans l’actualité artistique.

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qu’est-ce que la République ? Le hussard de la VIe face au grognard de la Ve : Arnaud Montebourg, candidat à la primaire socialiste, et Henri Guaino, conseiller spécial et plume du président, confrontent leur idéal républicain. propos recueillis par Thomas Legrand, Hélène Fontanaud et Marion Mourgue photo Philippe Garcia

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“nous devons organiser la modération d’un système extrémiste, hystérique et qui suscite le désamour de la République” Arnaud Montebourg

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a République ! Tous les partis, de la gauche radicale à l’extrême droite, s’en réclament et prétendent en restaurer les valeurs, qui seraient menacées. A l’heure où les démocraties occidentales connaissent une crise de la représentativité et où les “indignés” espagnols soulignent que les dirigeants élus n’ont plus vraiment le pouvoir, quelle est l’avenir de la République, cette vieille idée française ? On a l’impression que tous les partis se réclament aujourd’hui de la République. Alors que dans les années 70-80 la gauche ne la mettait plus en avant, elle redevient une de ses valeurs. Quelle en est la raison ? Arnaud Montebourg – La France est une nation politique, elle a construit son destin dans l’histoire par la politique. Tous les moments à la fois glorieux et tragiques l’ont été soit parce que la politique était plus forte que les événements, soit parce qu’elle était trop faible et incapable de répondre aux événements. Tout le sujet de l’élection présidentielle qui s’annonce, c’est la capacité qu’ont les Français rassemblés dans une nation, dans une République, de pouvoir peser sur les événements, notamment économiques. Je dis souvent que la mondialisation, c’est le châtiment réservé à ceux que l’on faisait vivre dans l’inconfort au Moyen Age. Ils n’avaient ni le droit d’être couchés, ni celui d’être debouts. Aujourd’hui, sommes-nous prêts à nous dissoudre ? Ou affirmonsnous une volonté plus forte que les forces économiques qui sont aujourd’hui en train de nous détruire ? Il faut reconstruire un modèle français de l’après-crise. C’est par la République qu’on le fera. Henri Guaino – Oui, la France est une nation politique, et la République est centrale dans son imaginaire collectif. Pendant une trentaine d’années, le mot

avait quasiment disparu du vocabulaire politique alors que triomphait la pensée unique qui proclamait la fin de l’histoire et des nations dans le marché planétaire. Seules quelques fortes personnalités telles que Philippe Séguin ou Jean-Pierre Chevènement parlaient encore de la République pour exprimer une “exception française” menacée par l’aplatissement du monde. Le mot revient à la mode avec le procès de la globalisation, l’aggravation de la crise identitaire et le besoin pressant de repères. Mais il ne faut pas le galvauder, en faire un fourre-tout idéologique. La République, ce n’est pas l’autre nom de la démocratie. C’est un système de valeurs, une morale. C’est le cri de Valmy, la souveraineté du peuple, la nation comme un creuset et comme un partage, c’est l’appel de la justice, la passion de l’égalité, l’exigence de l’émancipation, la reconnaissance du mérite, la volonté obstinée que nul ne soit condamné à être prisonnier de ses origines, de son milieu, de sa condition. C’est la foi dans la raison et dans le progrès. La République est un projet. C’est le même idéal depuis deux cents ans, poursuivi avec des moyens différents et exprimé dans des synthèses successives, depuis la Déclaration des droits de l’homme jusqu’au programme du Conseil national de la Résistance… Arnaud Montebourg – Je dirais pour ma part que le projet républicain, qui a permis à la France de trouver un chemin dans l’histoire dont les Français sont fiers, est aujourd’hui en difficulté. D’abord parce que la République s’est affaiblie, pour ne pas dire effondrée. On nous avait promis une République irréprochable qui n’est pas venue. Je défends depuis longtemps l’idée d’une République exemplaire. Pour entraîner les hommes, les unir autour d’un projet, il faut que ceux qui ont la charge de définir le chemin collectif soient des exemples. Or, le mandat de Nicolas Sarkozy a offert à la vue de tous la connivence avec les puissances de l’argent, des passe-droits fiscaux,

l’affaire Bettencourt, l’Epad, en passant par le favoritisme déclaré pour monsieur Tapie. L’exemplarité n’est pas au rendez-vous. La mise à distance et l’affaiblissement de la République sont programmés, avec des comportements de cette nature. Ensuite, une République ne doit pas être qu’exemplaire, elle doit être forte, plus forte. Ce qui doit dominer, ce n’est pas la finance, c’est l’intérêt général. Et enfin, c’est une République qui doit être rassemblée, réconciliée, au lieu d’être gouvernée par la discorde et la division. Exemplarité, force, réconciliation, ces trois éléments font défaut aujourd’hui. Pour moi, une République forte doit tenir la dragée haute à des forces économiques qui aujourd’hui sont en train de détruire la vie des gens : les délocalisations, la cupidité des milieux économiques, le système bancaire qui est en train de mettre au pas les citoyens, les contribuables de l’Union européenne. Après que les citoyens et les contribuables desdits Etats ont secouru les banques, voici que les banques mangent la main qui les a secourues. Un chiffre : 4 589 milliards d’euros ont été soit attribués aux banques, sous forme de subventions ou d’avances remboursables, soit rendus disponibles pour sauver le système bancaire en trois ans. Curieusement, les Etats-Unis d’Amérique, qui ne portent pas un projet républicain, ont retrouvé le chemin que Roosevelt avait emprunté après la Grande Dépression de 1929 en imaginant une loi exceptionnelle, dirigiste, pour le système financier et bancaire, la loi Dodd-Frank. Les Européens n’ont rien inventé de tel, et les Français n’ont rien fait. Quant à la question du rassemblement et de la réconciliation des Français, on ne peut que condamner le système de la Ve République. Aujourd’hui, un clan gouverne contre un autre, un camp écrase l’autre, et la France vit depuis trente ans au rythme des stop and go, c’est-à-dire des alternances où un camp

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se venge des décisions prises par l’autre, faisant ressembler les gouvernements à une entreprise de “défaisance” permanente. Plutôt que vivre le procès des 35 heures, votées il y a quinze ans, nous ferions mieux de construire des compromis durables entre les Français, les forces sociales, les forces économiques, autour d’un projet collectif, autour de la réindustrialisation de ce pays, ce qui demande des concessions réciproques et surtout des arbitrages, qui n’existent plus dans le système actuel. C’est pourquoi je défends la VIe République comme un des horizons politiques de la relance du projet républicain. C’est cela, le sens d’une République forte, c’est une République qui serait plus forte que la mondialisation et qui rassemblerait les Français autour d’efforts à accomplir pour réindustrialiser notre pays, reconstruire notre agriculture, rebâtir

un chemin de développement dans un pays qui se sous-développe dans certaines de ses poches. C’est pour cela qu’avec Emmanuel Todd nous défendons un projet de démondialisation, car nous ne pouvons plus considérer que le monde tel qu’il va est porteur de progrès pour l’humanité tout entière. Et la France, dans son message universel, a des choses à dire pour elle-même, mais aussi pour le reste du monde. Henri Guaino – Mais que serait-il resté de la République et de la démocratie si les gouvernements avaient laissé s’effondrer tout le système bancaire ? Au demeurant, le plan de sauvetage français n’a pas coûté un sou au contribuable. Il a au contraire rapporté plus de deux milliards au budget de l’Etat. A part ça, soyons sérieux : tous les malheurs de la République n’ont pas commencé en 2007.

La faillite de l’Ecole, les ghettos urbains, le déclin de l’Etat-providence et du service public, la montée du communautarisme ne datent pas d’il y a quatre ans. Reprenons vos trois points. D’abord la République irréprochable ou exemplaire. Oui, la République est une exigence de vertu. Il n’y a pas de République sans l’esprit civique, le sens de l’intérêt général, l’honnêteté, une forme de rigueur morale partagée. Arnaud Montebourg – Elle a fait défaut ces dernières années. Enfin, cela s’est aggravé, même si ce n’était pas terrible avant. Henri Guaino – Ce n’était pas terrible avant, comme vous dites. Il y a toujours eu des scandales, même sous la gauche. Depuis quatre ans il y en a plutôt eu moins… Il y a des progrès à faire. Mais prenons garde à ce que l’exigence de vertu ne devienne pas excessive. Vous savez, la vertu absolue, c’était un peu l’idéologie de la Terreur. Alors attention à la quête de pureté absolue qui peut déboucher sur une forme de totalitarisme. Arnaud Montebourg – Vous n’avez pas tout à fait tort ! Mais en ce moment, la tolérance est un peu excessive. Henri Guaino – Il y a surtout un paradoxe : alors que, depuis trente ans, l’exigence morale s’est sans cesse accrue vis-à-vis de la sphère politique, elle n’a cessé de se relâcher dans la sphère économique et financière. L’idée que la politique devrait être morale et que l’économie et la finance n’auraient pas à l’être a eu un effet destructeur sur les fondements moraux de la société et les valeurs de la République. Réguler la finance pour moraliser le capitalisme financier est un retour à la République. Encadrement des bonus, lutte contre les paradis fiscaux, réglementation des marchés spéculatifs, taxation des transactions financières : autant de combats français qui s’inscrivent dans la plus pure tradition républicaine. Mais trente ans de dérives ne se corrigent pas en trois ans. 1.06.2011 les inrockuptibles 33

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“la République, ce n’est pas l’autre nom de la démocratie. C’est un système de valeurs, une morale, un projet” Henri Guaino Cela m’amène à votre deuxième point. Oui, la République, c’est la volonté de faire prévaloir la politique sur tous les déterminismes qui menacent d’asservir les hommes et les sociétés. Nous sortons de trente ans pendant lesquels il était acquis que c’était impossible, que les forces économiques ne pouvaient être soumises à aucun contrôle politique. Regardez par exemple ce grand acte de décès de nos services publics et de notre modèle républicain qu’est l’Acte unique (signé en 1986 entre douze pays européens, il ouvrait la voie au marché unique – ndlr). Ce fut le point de départ de cette entreprise européenne de dépolitisation de la société et de l’économie, unique au monde et dans l’histoire, et qui fait de l’Europe, aujourd’hui, la variable d’ajustement et la victime expiatoire de toutes les autres politiques du monde. L’Acte unique a été négocié par la gauche, ratifié par la droite, et le président de la Commission européenne se nommait alors Jacques Delors. Je ne jette la pierre à personne. C’est une responsabilité collective. On peut diverger sur les remèdes, mais je suis d’accord avec vous : nous avons un problème de rapport entre la politique et les forces économiques. Mais qui a voulu remettre de la politique en Europe sinon la France lorsqu’elle en a exercé la présidence en 2008 ? Qui, sinon la France, a joué le rôle décisif dans la création du G20 pour remettre la politique au-dessus de l’économie ? J’en viens à la question de l’unité. La République, c’est la nation, une et indivisible. La République s’oppose aussi bien à la lutte des classes qu’à l’égoïsme de ceux qui ne veulent rien partager. La forme républicaine de la nation, je l’ai dit, c’est le partage, partage des revenus, des responsabilités, des sacrifices. Trente ans de contestation de la nation, trente ans de disqualification de l’Etat, trente ans de promotion du droit à la différence au détriment de l’égalité des droits nous ont fabriqué une société désunie, où la porte s’est ouverte

en grand aux clans, aux tribus, aux communautés, aux féodalités que la République contenait depuis si longtemps. C’est l’une des conséquences de Mai 68, qui a englobé la contestation de la nation, de l’Etat et de la République, dans celle du collectivisme. Depuis trente ans, on a créé une situation dans laquelle chacun a eu, de plus en plus, le sentiment d’être seul au monde. Et faute de République, cet individu angoissé, qui ne veut pas rester seul, se tourne vers les formes de solidarité beaucoup plus aliénantes contre lesquelles l’idée républicaine de la nation s’est construite. Arnaud Montebourg – Sur la question de la République comme projet moral, je ne crois pas dans la vertu reposant seulement sur les hommes, et d’ailleurs les hommes sont ce qu’ils sont, le monde est imparfait. Donc ce n’est pas, d’une certaine manière, en laissant les hommes agir selon leur libre cours que nous pourrons bâtir une société nouvelle. On ne pourra le faire qu’en édictant des règles, en fabriquant des contrepoids, des contre-pouvoirs, en équilibrant et en veillant à ne jamais s’en remettre à la volonté d’un seul homme. C’est le projet d’une VIe République, qui n’est pas une révolution autre que la recherche des équilibres qui n’existent plus aujourd’hui puisque tout le système politique repose sur le caprice d’un homme seul. On peut chercher dans l’histoire les justifications d’un vieux tréfonds monarchique. Il n’empêche que la France a coupé la tête de ses rois… Henri Guaino – D’un roi… Comme l’Angleterre… Arnaud Montebourg – Pour revenir à l’équilibre, nous avons besoin d’organiser la modération d’un système aujourd’hui extrémiste, hystérique et qui suscite le désamour de la République et affaiblit celle-ci dans le cœur des gens. Est-ce que le système capitaliste est moralisable ? Les intérêts financiers des très grandes entreprises transnationales ont en quelque sorte

fusionné dans leur sociologie, dans leur pratique, avec la droite qui dirige aujourd’hui. Ce n’est pas la vôtre, monsieur Guaino, j’en conviens, c’est celle du Fouquet’s, du premier cercle créé par monsieur Woerth pour financer l’UMP avec les grandes fortunes et les patrimoines, et c’est cette politique des cadeaux fiscaux, de la République faible devant l’argent, la fortune et la cupidité. En 2010 encore, trois milliards d’euros de bonus ont été distribués dans les banques ! Que fait-on à part des discours à l’Assemblée nationale ? Vous êtes un extraordinaire fabricant de discours, d’ailleurs je me demande ce que vous faites avec Nicolas Sarkozy, tant ces discours sont à l’inverse de ses actes. Si vous voulez être cohérent, vous devriez suivre ma campagne ! Celui qui porte le projet républicain dans sa force, ce n’est pas celui que vous servez mais celui que vous combattez à l’instant ! Plus sérieusement, vous me permettrez de souligner aussi que rien n’a été fait sur les paradis fiscaux, rien n’a été fait sur le système fiscal, qui est aujourd’hui injuste et travaille pour le profit d’un système dominant, rien n’a été fait sur la responsabilité des dirigeants d’entreprise. On compte sur l’autodiscipline et l’autorégulation. C’est d’ailleurs le système de la Ve République. Le président de la République prend des décisions, il n’en répond qu’à sa conscience, il s’autodiscipline, paraît-il ! Et ensuite tous les autres exécutent : Parlement abaissé, Premier ministre émasculé, gouvernement dépossédé, justice mise au pas, médias audiovisuels contrôlés et collectivités locales écrasées. Voilà le tableau de l’aggravation de la République, qui aurait dû être exemplaire et qui est affaiblie. Enfin, concernant l’Europe, je suis d’accord avec vous, cela fait trente ans… Est-ce que les gens ont dit non un jour ? Henri Guaino – Moi, deux fois. Au nom d’une certaine idée de la République.

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Arnaud Montebourg – A l’époque de Maastricht, j’ai voté oui mais ç’a été la dernière fois ! Henri Guaino – C’était peut-être la fois de trop… Arnaud Montebourg – En 2005, j’ai voté non au Traité constitutionnel européen. J’ai ensuite refusé comme parlementaire de manquer à mon devoir de respect du mandat populaire et je n’ai pas voté la ratification du traité de Lisbonne. Je ne me suis pas rendu à Versailles. Mais à l’époque, tout le monde est devenu versaillais ! Vos amis étaient même ceux qui tiraient le char ! Pour moi, dans cette discussion sur la dérive de la construction européenne, il y a des gens qui ont dit non et il y a des gens qui ont dit oui. Henri Guaino – Vous oubliez que la procédure du Congrès avait été en quelque sorte ratifiée par l’élection présidentielle puisqu’elle avait été

clairement assumée par Nicolas Sarkozy pendant la campagne. Il y a des différences fondamentales entre vous. Arnaud Montebourg, vous mettez l’accent sur les contre-pouvoirs, et vous, Henri Guaino, sur la vertu républicaine… Henri Guaino – Les contre-pouvoirs institutionnels sont à mes yeux antinomiques de l’idée de République. La multiplication des contre-pouvoirs institutionnels dissout la souveraineté populaire. C’est pour moi l’exact contraire de la République. Les pouvoirs qui se paralysent réciproquement, aussi. La République, c’est la séparation et l’équilibre des pouvoirs, non pas la concurrence des pouvoirs. Je suis un partisan résolu de la République gaullienne ! La Ve République a permis que la République redevienne gouvernable avec un président élu

au suffrage universel qui incarne l’unité et le destin de la nation. C’est mieux que le régime des partis. C’est mieux qu’un pouvoir sans visage. On a dit que la conception française de la souveraineté indivisible était dangereuse mais, quand on regarde l’histoire, à part quelques mois sous la Terreur, cela n’a pas donné un système plus liberticide. La garantie contre la tyrannie n’est pas dans les institutions, mais dans les valeurs partagées, dans la liberté d’expression, la liberté de la presse, la liberté de manifester, le multipartisme, l’Etat de droit… Vous dénoncez, monsieur Montebourg, le risque d’une politique des caprices. Où voyez-vous ce risque ? La France est gouvernée plus sérieusement depuis 1958 que sous l’empire du régime des partis des IIIe et IVe Républiques. Vous savez, la France a atteint depuis longtemps l’âge de la pleine maturité démocratique. Quand le pays ne veut pas d’une politique, elle ne peut pas être mise en œuvre. Souvenez-vous de l’école libre sous Mitterrand, du plan Juppé en 1995, du CPE en 2006… Arnaud Montebourg – Je ne remets pas en cause l’élection du président de la République au suffrage universel. Mais nous avons besoin non pas d’affaiblir l’Etat mais de le re-légitimer. Les contre-pouvoirs sont nécessaires pour modérer la prise de décision, car la société n’accepte plus d’être gouvernée par l’infantilisme… Henri Guaino – Mais elle ne l’a jamais accepté ! Arnaud Montebourg – C’est une des raisons pour lesquelles je défends l’idée que nous avons besoin aujourd’hui de fonctions d’arbitrage. Tout est politisé et partisan. Nous avons besoin de construire des compromis durables sur tous les sujets, notamment concernant la sortie de crise ; concernant la remise en marche de l’appareil industriel du pays ; pour faire face aussi à la crise écologique, qui n’est pas une invention des Verts mais qui est réelle. 1.06.2011 les inrockuptibles 35

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“la garantie contre la tyrannie n’est pas dans les institutions, mais dans les valeurs partagées” Henri Guaino Henri Guaino – La Ve République nous a sortis du lamentable régime des partis et a rendu son autorité à l’Etat. Le danger principal qui nous menace aujourd’hui n’est plus dans la trop grande puissance de l’Etat mais dans son dramatique affaiblissement. Vous vous souvenez du mot du général de Gaulle : “Les féodalités n’aiment rien moins qu’un Etat qui fasse son métier et qui par conséquent les domine”. Alors donnons plutôt à l’Etat les moyens de dominer les féodalités ! La question, c’est de savoir si cet affaiblissement républicain s’est aggravé ou a commencé à être corrigé pendant le mandat de Nicolas Sarkozy. Arnaud Montebourg a l’air de dire que ça s’est aggravé… Henri Guaino – On peut être en désaccord avec la politique de Nicolas Sarkozy, mais l’honnêteté devrait obliger à reconnaître qu’il a rompu avec

l’idéologie de l’impuissance publique. Jamais, depuis des décennies et face à des circonstances aussi dramatiques, l’Etat n’a fait preuve d’un tel volontarisme, qui est le préalable à la reconstruction de l’Etat républicain. Je trouve le procès en démolition de la République parfaitement ridicule. Quels sont donc les coups portés depuis quatre ans au modèle républicain ? Il y a eu la discrimination positive, la laïcité positive… Henri Guaino – La République a fait les bourses scolaires et l’aménagement du territoire, qui étaient des formes d’une discrimination positive républicaine. Cette expression, il est vrai, crée la confusion en renvoyant à une tradition politique très éloignée de la nôtre. Mais, concrètement, y a-t-il eu des mesures susceptibles de s’inscrire dans une perspective de différenciation des droits ? Non ! Les quotas ethniques

ont-ils été instaurés ? Non ! Le gouvernement a fait les internats d’excellence. Est-ce républicain ? Oui ! Quant à la laïcité positive, c’était peut-être aussi une mauvaise expression, mais qui exprimait une idée juste, à savoir que la laïcité est un principe de respect. Ce qui était exactement la position de Jules Ferry… Arnaud Montebourg – La conception de la laïcité qui a été mise en œuvre par le pouvoir, que vous servez et défendez, est une preuve de plus de l’affaissement de la République, y compris devant la religion. Jamais le général de Gaulle, qui ne s’est jamais signé dans aucune circonstance, n’aurait accepté le discours de Latran, qui exalte les racines chrétiennes de la France. Non pas que ce ne soit pas un fait, mais qui dit racines dit que tout ce qui n’est pas racines n’est pas dans la souche mais dans la greffe, et donc est une forme

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“il faut re-légitimer l’Etat. La société n’accepte plus d’être gouvernée par l’infantilisme” Arnaud Montebourg de corps étranger. La laïcité, telle qu’elle a été conçue en 1905 et telle qu’elle n’a pas été touchée jusqu’ici, est l’outil du rassemblement et du respect commun. Ce n’est pas une loi d’exaltation de la religion ni une loi de stigmatisation de certaines autres religions. C’est une loi d’absolu respect des cultes et de neutralisation du champ politique. Henri Guaino – Les racines chrétiennes, c’est un fait de civilisation, pas une prise de position religieuse. A Latran, il y avait une demi-phrase qui posait problème au républicain que je suis (la prééminence du curé sur l’instituteur – ndlr). Mais soyons sérieux, la loi de 1905 est toujours là, elle est bien là et personne n’a tenté d’y toucher. Depuis quatre ans, il n’y a eu aucune intervention législative ou réglementation portant atteinte au principe de laïcité tel qu’il nous a été légué par la tradition républicaine. Arnaud Montebourg – Concernant la fiscalité, l’Etat s’est tout simplement mis au service des riches… Henri Guaino – La détaxation des heures supplémentaires, c’est pour les riches ? L’exonération des droits de succession jusqu’à 300 000 euros, c’est pour les riches ? La réforme de l’impôt sur le patrimoine : elle est autofinancée. Où est le cadeau aux riches ? Le bouclier fiscal ? Une idée de Michel Rocard en 1988 ! Et il va être supprimé. Arnaud Montebourg – Lorsqu’au nom du bouclier fiscal des chèques sont faits à des gens qui n’ont pas de problème de pouvoir d’achat, il est difficile à expliquer que votre politique fiscale est juste. Henri Guaino – Le chèque n’était pas un cadeau, mais le remboursement d’un trop-perçu. C’est le prochain mandat de Nicolas Sarkozy qui sera celui de la correction ? Henri Guaino – Beaucoup de réformes ont été entreprises qui porteront leurs fruits dans la durée. Mais pour sortir du système qui nous a conduits aux crises dans lesquelles nous nous débattons

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ou qui nous menacent, il faut inscrire le choix de la République dans la perspective que le président de la République a tracée dans le discours de Toulon à l’automne 2008. Arnaud Montebourg disait au début de notre échange qu’il faudrait construire des consensus durables. On l’a fait après la Libération avec le programme du CNR. J’aurais aimé qu’après Toulon la gauche réformiste dise “Chiche !”. Hélas, elle ne l’a pas fait. Arnaud Montebourg – C’est un très beau discours. Il n’a été suivi d’aucun acte. Mais vous avez une très belle plume ! Henri Guaino – Vous n’avez pas bien suivi l’actualité : la France s’est engagée résolument sur tous les fronts ouverts par le discours de Toulon. Si la gauche avait soutenu cette ambition de régulation de la mondialisation et du capitalisme financier, peut-être la France aurait-elle été encore plus forte, et la République aussi… Une dernière question sur ce qui se passe en Espagne. N’y a-t-il pas une grosse crise de la représentation ? Est-ce que la République y répond ? Henri Guaino – Avec la crise d’un système économique et politique qui s’était construit contre elle, contre ses principes, contre ses valeurs, les circonstances sont de nouveau propices à sa renaissance. Mais voulons-nous collectivement nous imposer de nouveau cette exigence qui nous a toujours tirés vers le haut ? Voilà pour moi la question décisive. Arnaud Montebourg – Ce que sont en train de dire les jeunesses européennes, et la jeunesse française ne tardera pas, c’est que le choix des banques au détriment des peuples se paiera très cher, pour les socialistes qui l’ont fait, c’est le cas de Zapatero, et pour les gouvernements de droite, quels qu’ils soient : Berlusconi, Merkel, Sarkozy… A lire Votez pour la démondialisation ! d’Arnaud Montebourg, préface d’Emmanuel Todd (Flammarion), 86 pages, 2 € (lire p. 46)

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édito

Jeff Pachoud/AFP

rideau

Cécile Duflot renforcée La secrétaire nationale d’EELV a gagné son match contre Daniel Cohn-Bendit mais les écologistes continuent de s’interroger sur leur stratégie.

 A

vant même le congrès d’Europe Ecologie-Les Verts, le week-end prochain à La Rochelle, Cécile Duflot a gagné la bataille militante. Sa motion “Maintenant” est arrivée largement en tête, avec 50,59 % des suffrages. Elle bat nettement la motion concurrente de Daniel Cohn-Bendit et de Marie Bové, “Construire l’écologie pour tous et toutes”, créditée de 26,29 %. Deux autres motions, “Envie” et “Objectif Terre”, ont recueilli 18,74 % et 4,4 %. La ligne d’une redéfinition de l’accord entre socialistes et écologistes est donc validée. Cécile Duflot a estimé dans une interview au Monde qu’un “nouveau tandem” devait être constitué

car “les ressorts sociaux-démocrates sont fatigués”. “Je veux qu’on discute d’égal à égal pour aboutir à un contrat qui dise : voilà ce qu’on va faire ensemble pendant cinq ans”, a-t-elle expliqué. La primaire écologiste devant départager Nicolas Hulot et Eva Joly doit avoir lieu le 24 juin, et le 9 juillet en cas de second tour. Mais en off, les deux prétendants confient que, si le risque existe d’une élimination du candidat socialiste au premier tour, ils n’iront pas à la présidentielle de 2012. Un retrait qui se monnaiera cher en termes d’orientations programmatiques, de postes ministériels et de circonscriptions législatives. Hélène Fontanaud

Ne plus en parler, passer à autre chose, les socialistes se passent le mot pour tirer le rideau, refuser de commenter les soubresauts de l’affaire Strauss-Kahn. Ségolène Royal a été jusqu’à interdire à ses proches de prononcer le nom de DSK dans leurs contacts avec la presse. Elle se refuse même à regarder les images de cette histoire dans la presse et à la télé. Cette stratégie du cordon sanitaire paraît tout à fait compréhensible mais les socialistes ne pourront pas s’en tirer à si bon compte. S’ils ne sont pas responsables de l’attitude et des choix de défense de Dominique Strauss-Kahn, ils ne peuvent pas nier que cette histoire et ses développements continuent de hanter l’opinion, que les journaux qui titrent sur DSK continuent à faire des cartons, que cette histoire reste le principal sujet de conversation des Français… La stratégie de défense choisie par l’ancien patron du FMI et surtout le prix et le luxe de son lieu de résidence surveillée deviennent un sujet de stupéfaction et de dégoût largement partagés. Comment le PS peut-il soutenir qu’il ne faut rien dire de tout ça ? En parler serait, certes, critiquer l’homme en qui ils avaient, pour beaucoup, placé leur confiance, un homme à terre, mais ne pas en parler serait accompagner et justifier ce sentiment de profond malaise et presque de trahison qui commence à affleurer dans les conversations. Il ne faut pas simplement que les socialistes ignorent DSK, il faut qu’ils disent clairement, et une fois pour toutes, que ce DSK là, celui du loyer à 35 000 euros et de l’armée de détectives engagée pour fouiller le passé de la présumée victime, ce DSK n’est pas le leur.

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dans les starting-blocks Martine Aubry, première secrétaire du Parti socialiste, est décidée à se lancer dans la compétition de la primaire pour obtenir le ticket à la présidentielle. Décryptage.



uel retournement de situation !”, savoure avec une jubilation non dissimulée un proche de Martine Aubry. Encore derrière Dominique Strauss-Kahn, il y a quelques semaines, dans la tête des gens et dans les enquêtes d’opinion, la voilà repassée définitivement devant… “Elle a eu une baraka comme ça existe peu en politique, commente un cadre du PS, un coup de théâtre comme Nicolas

Sarkozy avec Achille Peretti à Neuilly (maire de Neuilly-sur-Seine mort d’un arrêt cardiaque en 1983. A la surprise générale, le jeune Nicolas Sarkozy se fait élire et prend sa succession – ndlr). Ça n’arrive qu’une fois, mais c’est totalement imprévisible en politique.” Aujourd’hui, si la candidature de Martine Aubry à la primaire du PS fait peu de doutes, et que ses proches ont retrouvé

la mine des grands jours pour en parler, elle n’a plus qu’à l’annoncer. N’a-t-elle pas répété en boucle sur le plateau de France 2, il y a quelques jours, qu’elle s’était “préparée” ? N’a-t-elle pas martelé le mot “envie” à cinq reprises ? Ce mot que tant de politiques et de Français doutaient qu’il fasse partie de son vocabulaire. “J’ai envie”, a-t-elle lancé, avant de poursuivre, “j’ai envie de faire gagner la gauche en 2012

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Dimanche 28 mai, Martine Aubry, tout sourire, à la halle Freyssinet

Bertrand Guay/AFP

“j’ai envie de faire gagner la gauche en 2012 et d’être utile à mon pays”

et d’être utile à mon pays.” N’a-t-elle pas redit devant 1 500 militants et cadres du parti réunis à Paris ce 28 mai pour entériner le projet du PS, qu’elle “prendrait (ses) responsabilités” pour qu’une candidature issue du PS “puisse accéder l’année prochaine à la présidence de la République” ? Un message clair même si officiellement Martine Aubry est et reste pour le moment la première secrétaire du PS. Enfin, pour quelques semaines… Comme le souligne Benoît Hamon,

le projet du PS désormais entériné, les socialistes “commencent une nouvelle bataille”, celle de la primaire avant la présidentielle. Lors de sa réunion publique à Poitiers sur les terres de Ségolène Royal, Martine Aubry en a profité pour parler des conditions de sa succession, “si elle était candidate”… Précaution oratoire presque superflue qui montre juste la volonté de préparer en douceur l’après avec les autres candidats déjà déclarés

à la primaire. Pendant son discours devant quelques centaines de militants, Martine Aubry a d’ailleurs multiplié les signes de flatterie à l’égard de son ancienne rivale, avec qui les relations sont aujourd’hui apaisées sur le plan politique. “Chère Ségolène”, “Comme tu l’as fait dans ta Région”, “je veux rendre hommage à ta politique en matière de jeunesse et d’écologie”. On en viendrait presque à se demander si la couche de pommade n’est pas un peu trop épaisse… Pas au goût de l’intéressée, qui a trouvé ça très plaisant. “Ce n’était pas excessif, ni déplacé, c’était le juste ton”, confie Ségolène Royal. De quoi faciliter les ententes entre les deux femmes pendant la primaire… Pourtant, sur le quai de la gare, quand Ségolène Royal lance aux journalistes “mais vous n’avez eu le temps de ne rien voir, revenez aux Francofolies”, Martine Aubry se tourne vers un proche et lève les yeux au ciel d’agacement… Moment de naturel attrapé sur le vif. Après Poitiers, Les Lilas en Seine-SaintDenis ce 31 mai avec Claude Bartolone, puis Metz le 6 juin avec Bertrand Delanoë… les déplacements de Martine Aubry vont s’enchaîner ces prochaines semaines. Officiellement pour promouvoir le projet. Officieusement pour entamer sa campagne. “Il va y avoir un processus de révélation de son engagement, de son histoire, de ce qu’elle a fait dans sa vie”, explique le député Christian Paul, en charge du laboratoire des idées au PS, “autant d’éléments qui vont donner beaucoup de densité. Les gens vont s’intéresser différemment à elle, à ce qu’elle fait, à ce qu’elle propose.” Les proches de Martine Aubry assurent qu’elle est prête à se lancer dans la course à l’investiture du PS, qui vaut ticket d’entrée pour la présidentielle. “Si elle y va, c’est pour gagner”, commente un de ses conseillers. Fini les tergiversations, les hésitations. “Aujourd’hui, elle est dans un état d’esprit combatif”, glisse un de ses soutiens, “très punchy”, glisse un autre qui veut rappeler qu’entre “Dominique et Martine, la décision n’était pas prise. Il avait conscience que les enquêtes d’opinion n’étaient qu’une photographie de l’opinion à un moment donné.” Avant d’ajouter “de toute façon, on n’est réellement candidat que le jour où on a déposé sa candidature”. 1.06.2011 les inrockuptibles 41

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Christophe Petit Tesson/ MaxPPP

Manière de balayer l’idée que Martine Aubry serait un plan B, au moment où DSK est retenu à New York. “L’idée qu’elle n’avait pas dit publiquement que Dominique était le meilleur candidat des deux était un signe qu’elle n’avait pas complètement renoncé. Et puis son amie Marylise Lebranchu ramait beaucoup pour qu’elle le soit”, rappelle un proche. Le 5 mai, sur le plateau du talk OrangeLe Figaro, la députée du Finistère “suppliait son amie de “ne pas prendre sa décision maintenant”. En somme, de ne pas renoncer à tout combat politique national comme le laissaient entendre certains. Depuis, le contexte politique a bien changé, et la même Marylise Lebranchu déclare dans un communiqué que “la candidature de Martine Aubry est pour (elle) une évidence”. “Il y a du décollage dans l’air”, s’enthousiasme Christian Paul… Comprendre : du décollage de candidature. “Elle a mis ses baskets”, renchérit Claude Bartolone. Pour ne pas laisser la voie libre à François Hollande qu’elle méprise, Martine Aubry ne se pose plus de questions. Après avoir parlé avec son père, Jacques Delors, qui est entièrement derrière elle, la semaine dernière, elle a commencé à faire la tournée des popotes politiques du parti. D’abord les plus faciles, comme Laurent Fabius et Bertrand Delanoë pour éviter qu’ils ne se déclarent candidats. Elle a pris le temps de les recevoir longuement la semaine dernière sans grande inquiétude sur leurs intentions, dans la mesure où elle les voit très régulièrement, souvent deux heures en tête à tête. D’ailleurs, sur le plateau

pour ne pas laisser la voie libre à François Hollande qu’elle méprise, Martine Aubry ne se pose plus de questions

de TF1, Laurent Fabius lui a publiquement apporté son soutien en énumérant les qualités qu’il fallait “dans la perspective” de se présenter à la primaire et qu’il retrouvait chez Martine Aubry : “l’expérience gouvernementale”, la “capacité de rassembler la gauche et au-delà”, “la légitimité (d’avoir) accompli un travail remarquable à la tête du parti”. Et elle peut être, a-t-il ajouté, “la première femme présidente de la République”. Le lendemain, dans la cour de Solférino, Fabius en a remis une couche devant les caméras : “Martine Aubry peut être une présidente très solide, très compétente et très proche des gens.” Autant dire que Ségolène Royal, pour l’instant seule femme candidate déclarée, a trouvé ça très délicat... Deuxième cible, les strauss-kahniens, à qui Martine Aubry a décidé de faire les yeux doux pour éviter qu’ils se reportent sur la candidature de François hollande. “Elle est passée en mode guerrière”, s’amuse-t-on au PS. Mardi, c’est Vincent Peillon qui a ouvert le bal. Mercredi, elle a reçu Pierre Moscovici puis Jean-Christophe Cambadélis. Jeudi, elle a vu Michel Destot, Alain Bergounioux et Alain Richard, une sous-sensibilité rocardienne du courant strauss-kahnien. Ensuite, elle s’occupera des plus récalcitrants qu’elle s’est gardés pour la fin et qu’elle doit voir cette semaine, comme Manuel Valls, qui a décidé de réactiver sa campagne, ou encore de son farouche opposant Gérard Collomb, le maire de Lyon. Autant d’étapes pour parvenir à rattraper François Hollande, celui qui fait aujourd’hui figure de favori dans la compétition. Comment ? En réfléchissant tant aux modalités d’annonce de sa candidature qu’aux prochains déplacements en France et à l’étranger. Dès lors, ça brainstorme au PS pour éviter de rater l’atterrissage, même si officiellement tout continue comme avant. “Elle fait les choses dans l’ordre, confie son entourage, une chose après l’autre.”

Quant à l’annonce de la candidature, c’est pour l’instant le scénario lillois qui retient le plus son attention : “Une annonce parmi les siens, dans sa ville qui bénéficie des doubles victoires du Losc, championnat de France et Coupe de France, de son bilan de maire et la chaleur des Lillois”, ajoute, enflammé, un de ses soutiens. Sauf que François Hollande a déjà fait la même chose, en se déclarant de Corrèze… Dès lors, d’autres scénarios sont aussi à l’étude rue de Solférino pour arriver à créer la surprise au moment où, de l’avis de plusieurs cadres du parti, “François Hollande fait une campagne sans faute, entre un style à la Chirac avec des poignées de main à tout-va, et un style à la Sarkozy et à la Tony Blair avec une carte postale par jour. C’est un coucou de Tunisie, de Dijon, de Périgueux.” Reste aussi à trouver la bonne date. Après le 6 juin, date de la première audience de Dominique Strauss-Kahn ? Mais le PS a décidé de ne pas calquer son calendrier sur le temps judiciaire new-yorkais qui risque de durer… Le 28 juin, premier jour du dépôt des candidatures ? Certains dans l’entourage de Martine Aubry lui conseillent de se dévoiler le plus tard possible, manière de faire vivre la séquence du projet, de prendre son temps, “car une fois déclarée, la campagne est lancée”, et de laisser le temps d’organiser sa succession à la tête du parti. Inconvénient de ce calendrier tardif du 28 juin, Martine Aubry laisse ses challengers François Hollande et Ségolène Royal seuls en piste. Troisième solution, une annonce autour du 15 ou 20 juin, ce qui permettrait de ne pas télescoper le projet et de se déclarer avant le dépôt des candidatures. Mais elle a suffisamment défendu le calendrier officiel pour ne pas vouloir le brusquer ellemême… Pour Claude Bartolone, cette question du calendrier “n’avait d’importance que tant qu’on se demandait si elle voulait y aller. Maintenant, c’est devenu secondaire”, sourit-il. Une chose est sûre, Martine Aubry n’a jamais aimé la précipitation ni l’improvisation… “C’est la fable du Lièvre et la Tortue, s’amuse un socialiste. Le début de l’histoire ne commence pas il y a quelques semaines, mais au congrès. Martine Aubry est la première à être partie. Depuis, elle a déroulé les conventions, les forums. Elle suit son calendrier…” A J-27 du dépôt des candidatures, la tortue pourrait enfin enfiler le maillot de la compétition. Marion Mourgue

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Philippe Desmares/AFP

DSK avec Jean-Christophe Cambadélis en campagne à Paris pour les législatives de 2002.

les strauss-kahniens orphelins Les partisans de DSK oscillent entre blues et colère. Et ne sont pas pressés de s’engager dans la primaire socialiste.



a séquence avait été calée depuis longtemps. Dominique Strauss-Kahn devait être le co-prince du G8 de Deauville, aux côtés de Nicolas Sarkozy, jeudi et vendredi. Et samedi, la convention nationale du Parti socialiste sur l’adoption du projet pour 2012 devait conduire ses partisans à acclamer son retour sur le sol français. Mais il y a eu le “coup de tonnerre” de New York, le 15 mai, et les scénarios patiemment élaborés chez les politiques et les communicants se sont effondrés comme un château de cartes. Samedi, dans la Halle Freyssinet, dans le XIIIe arrondissement à Paris, où Martine Aubry, François Hollande et Ségolène Royal, désormais les trois favoris de la primaire, faisaient assaut de sourires et d’amabilités, les amis de DSK – Pierre Moscovici, Manuel Valls, Jean-Christophe Cambadélis ou encore Christophe Borgel – avaient l’air un peu absent. “Bien sûr que la politique va reprendre ses droits, mais on n’est pas pressés non plus de rejoindre tel ou tel candidat. La primaire n’a plus vraiment la saveur qu’on attendait”, confie un strauss-kahnien, se disant “peu impressionné par la qualité de l’offre restante, que ce soit Aubry ou Hollande”.

“Hollande, c’est un passé qui ne passe pas, un passif à la tête du PS, et Aubry a désormais beaucoup de retard sur lui.” “Il y a quelque chose sans doute qui va conduire chacun d’entre nous à s’engager à un moment ou à un autre, c’est la colère qui monte peu à peu contre Dominique. On lui a donné plus de dix ans de notre vie et il a tout ruiné en un week-end”, reconnaît un autre partisan de l’ancien patron du FMI. “Il faut aussi dire que les strauss-kahniens, cela ne veut plus rien dire. Il y avait des satellites autour de la planète mère, les politiques, la com, les intellos, mais là tout est parti en vrille, ça va être du chacun pour soi.” A la tribune de la convention, samedi, Jean-Christophe Cambadélis a laissé entendre que son choix était imminent. “Même si nous avons des bleus à l’âme, nous n’avons pas d’états d’âme pour combattre la politique de Nicolas Sarkozy. Et nous voulons gagner l’élection présidentielle”, a lancé le député de Paris, qui devrait rallier Martine Aubry quand la première secrétaire,

“on lui a donné plus de dix ans de notre vie et il a tout ruiné en un week-end”

déliée désormais de son “pacte” avec Dominique Strauss-Kahn, aura déclaré sa candidature. Entraînant avec lui Christophe Borgel, Jean-Paul Huchon ou encore Jean-Jacques Urvoas. D’autres strauss-kahniens penchent vers François Hollande, comme Jérôme Cahuzac, président de la commission des finances de l’Assemblée, ou Gérard Collomb, le maire de Lyon, qui a toutefois appelé samedi “François, Martine et Ségolène à savoir proposer un rassemblement pour présenter un candidat qui ne sorte pas affaibli de la primaire”. Certains, comme Michel Destot, député-maire de Grenoble, ou François Patriat, sénateur de Bourgogne, sont encore réservés. Pierre Moscovici et Manuel Valls réfléchissent toujours à l’opportunité de leur propre candidature. Officiellement, ni Aubry ni Hollande ne se sont lancés dans une campagne de débauchage. “Je ne demande rien, explique l’ancien patron du PS, favori des sondages. Ce n’est pas au candidat d’aller chercher des soutiens. Mais il faut faire les gestes pour que personne ne soit peiné ou gêné de me rejoindre et puisse se sentir bien dans ce que je représente.” Hélène Fontanaud 1.06.2011 les inrockuptibles 43

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Chamussy/Sipa

débat d’idées

sortir de la mondialisation La “démondialisation” serait-elle la solution miracle à la crise sociale ? De Jacques Sapir à Emmanuel Todd et Arnaud Montebourg, les voix favorables à un protectionnisme européen se font de plus en plus entendre.



e “l’antimondialisme” des années 90 à “l’altermondialisme” des années 2000, la critique du néolibéralisme connaît une nouvelle mutation sémantique : la “démondialisation”. Concept en vogue parmi des économistes iconoclastes, la démondialisation serait la seule manière de lutter contre les dégâts du libre-échange. Pour le député PS Arnaud Montebourg, s’inscrivant dans l’héritage du sociologue et député philippin Walden Bello (le premier à avoir théorisé une rupture avec le credo du libre-échange), la mondialisation de ces dix dernières années a “fabriqué des chômeurs au Nord et augmenté le nombre de quasi-esclaves au Sud, détruit les ressources naturelles partout, donné le pouvoir aux financiers”… Alimentant les délocalisations, les destructions d’emplois et la diminution des salaires, la mondialisation serait pour lui “un système perdant” pour tous. En trente ans, deux millions d’emplois industriels ont été détruits en France. L’économiste Jacques Sapir estime que les pertes directes et indirectes liées aux délocalisations représenteraient environ 4 % de la population active, soit la moitié du chômage actuel. D’où la nécessité pour Montebourg, conscient de “l’archaïsme du socialisme redistributif et de l’inefficacité du socialisme d’ajustement”, d’activer une nouvelle forme de protectionnisme : un protectionnisme “créatif, moderne,

dépoussiéré et flambant neuf”, “vert et social”, “altruiste et solidaire”. Jacques Sapir milite pour une démondialisation “pensée et ordonnée” et rêve moins d’un “splendide isolement de la France” (ce qui serait la ligne du FN, qui laboure lui aussi les terres de la démondialisation) que d’une “rupture qui rebatte les cartes et mette nos partenaires au pied du mur”. “Nous aurions enfin la possibilité de remettre la construction européenne sur ses rails et de lui faire emprunter la voie dont elle n’aurait jamais dû s’éloigner, celle du plein-emploi et du progrès social”, écrit-il. Le débat ne fait que s’ouvrir parmi les économistes de gauche, pas tous sur la même longueur d’ondes démondialiste. Pour Pierre Larrouturou, par exemple, c’est moins la mondialisation qui est coupable que l’incapacité de l’Europe à se donner “des règles collectives qui obligeraient les pays à converger vers un plus grand progrès social”. Selon lui, négocier un traité de

le protectionnisme ne semble plus être un tabou absolu mais un horizon possible pour neutraliser les effets néfastes du libre-échange

l’Europe sociale s’impose en priorité avant de fermer les frontières. Un constat partagé par le collectif des “économistes atterrés” pour lequel il faut d’urgence changer de paradigme économique, réformer la Banque centrale, trouver de nouvelles ressources fiscales, restructurer les dettes publiques, favoriser l’émission d’emprunts européens… La voie d’une Europe sociale, écologique et solidaire, désirée par tous les économistes de gauche, emprunte encore des chemins dispersés. Avant que le protectionnisme européen ne devienne le “keynésianisme du XXIe siècle”, il faut s’attendre encore à des échanges (libres) parmi les économistes. Quoi qu’il advienne, le protectionnisme ne semble plus être un tabou absolu mais un horizon possible, derrière lequel s’affirme la volonté de neutraliser les effets néfastes du libre-échange et de négocier avec l’Allemagne les conditions d’une Europe plus juste. Jean-Marie Durand La Démondialisation de Jacques Sapir (Seuil), 260 pages, 19,50 € ; Votez pour la démondialisation d’Arnaud Montebourg, préface d’Emmanuel Todd (Flammarion), 88 pages, 2 € ; 20 ans d’aveuglement par Les économistes atterrés, (Les liens qui libèrent), 174 pages, 8,50 € ; Pour éviter le krach ultime de Pierre Larrouturou, préface de Stéphane Hessel (Nova éditions), 254 pages, 15 €. Lire l’entretien Guaino/Montebourg, page 30.

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livre

l’équation parfaite

L  

’onde de choc provoquée par la chute de Dominique Strauss-Kahn est loin d’être dissipée, faisant renaître le doute sur les chances de victoire de la gauche à la présidentielle de 2012. Avant le séisme, deux proches du patron du FMI, Laurent Baumel, maire de Ballan-Miré (Indre-et-Loire), et François Kalfon, conseiller régional d’Ile-de-France et secrétaire national du PS chargé des études d’opinion, avaient publié un livre, L’Equation gagnante, qui délivrait une feuille de route idéologique pour le futur candidat. Leur champion est tombé mais l’analyse demeure d’actualité. Au moment où la gauche s’interroge sur l’électorat cible de 2012, Laurent Baumel et François Kalfon battent en brèche l’idée, défendue notamment par la fondation Terranova, selon laquelle la gauche devrait se détourner des classes populaires, qui auraient massivement basculé vers la droite ou l’extrême droite. Pour eux, cet électorat, qui éprouve le plus fort sentiment de déclassement et de précarisation après la crise de 2008, doit au contraire être l’objet prioritaire des attentions de la gauche. Ils ajoutent que, “sauf à accepter de concourir durablement dans une course à handicap, la gauche doit à l’évidence mener elle aussi la bataille des seniors et essayer d’effriter sérieusement ce socle, comme elle était parvenue à le faire à l’époque de François Mitterrand”. En 2007, ce sont les plus de 65 ans, rassurés par le discours sécuritaire et identitaire du candidat UMP, et les classes populaires, séduites par le slogan “Travailler plus pour gagner plus”, qui avaient assuré la victoire de Nicolas Sarkozy. Se tourner vers les classes populaires et les seniors, mais aussi le centre, suppose que la gauche accepte de tenir le discours attendu sur “la valeur travail”, la laïcité et l’équidistance républicaine entre droits et devoirs. La défense des services publics, notamment dans le domaine de la santé, l’école, la lutte contre les déficits, l’emploi, le pouvoir d’achat sont des thèmes qui peuvent consolider la position d’un candidat socialiste dans ces segments de l’électorat. H. F.

L’Equation gagnante de Laurent Baumel et François Kalfon, Editions Le Bord de l’eau, 120 pages, 10 €

que le meilleur perde Le pouvoir est un effroyable fardeau ; l’opposition, une situation de rêve. L’objectif profond des hommes politiques n’est pas la victoire mais la défaite. par Michel-Antoine Burnier

La reculade représente par définition un premier pas vers la défaite. Mais pour reculer, il faut auparavant s’être avancé, de préférence avec témérité. C’est ce qu’a fait l’audacieux M. Sarkozy. 1. En décrétant la suppression des panneaux annonciateurs de radars, il frappe tout un peuple d’automobilistes et de motards déjà accablés par la hausse incontrôlée du prix de l’essence et la multiplication des PV. 2. Inévitable riposte : bourgeois et prolétaires se voient déjà criblés de taxes aveugles et leur permis jeté au caniveau. Pour une fois unis, ils protestent, ils glapissent, ils poursuivent leurs élus. D’après Harris Interactive, cette colère emporte 65 % des Français. 3. Les élus, à près d’un an d’une élection législative, s’affolent et s’en prennent au gouvernement. 4. “Pas question de céder”, réplique M. Sarkozy sur un ton définitif. 5. M. Guéant, ministre de l’Intérieur, entend tout l’inverse. Il supprimera bien les panneaux d’avertissement, mais après concertation (?). En revanche, il les remplacera par des radars proclamés “pédagogiques” qui rempliront exactement la même fonction. Coût du démontage des anciens panneaux : 2 316 € pièce selon Le Canard enchaîné. 6. Un gouvernement soucieux de l’argent public s’adresserait aux très nombreux voleurs de métaux et leur proposerait de s’emparer gratis des panneaux condamnés.

Comme il en existe 1 950 sur l’ensemble du territoire, cela représenterait une économie de 4 516 200 €. Il va de soi que M. Guéant préférera payer. Quant aux “radars pédagogiques”, on imagine qu’ils sont hors de prix. Les députés rebelles se montrent ravis : “Le bon sens l’a emporté !” 7. Pas du tout : dès le lendemain, selon la stratégie dite de “deux pas en arrière, un pas en avant”, M. Sarkozy réaffirme avec rigueur son amour des radars cachés et des amendes vives, préparant ainsi des reculades futures. Epatée par l’extravagant comportement victoricide de M. Strauss-Kahn, la droite organise une faible imitation. Voici M. Tron, secrétaire d’Etat à la Fonction publique, suspecté de tripoter les orteils de ses collaboratrices et au-delà. C’est minable : un massage réussi des pieds ne vaudra jamais une fellation ratée. Le Parti socialiste pensait limiter ses risques de victoire en 2012 après le scandale suscité par M. Strauss-Kahn. Erreur : M. Hollande se retrouve en tête des sondages avec des chiffres ébouriffants, jusqu’à 62 % au second tour contre le président de la République sortant. Il semble donc naturel que tous les caciques du parti se coalisent contre lui afin de le faire chuter. On voit même se profiler une alliance contre nature entre les deux personnes qui se détestent le plus, Mmes Aubry et Royal. M. Montebourg, l’homme qui imposa la primaire, est un génie. (à suivre …) 1.06.2011 les inrockuptibles 45

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presse citron

par Christophe Conte

Elizabeth Tessier est dans la lune, Ségolène Royal dans les bulles et François Hollande un peu partout. L’homme Tron, lui, rivalise dans le scandale avec DSK (et la DS4), références cinématographiques en sus.

les relous Jospin : et si c’était lui ? Surprise, le 28 mai à la convention du PS sur le projet, Aubry avait invité Lionel Jospin, que l’on n’avait plus vu à un grand raout du parti depuis 2006 à Lens. C’est dire que l’heure est grave ! Et si naissait dans l’esprit affaibli des socialistes qu’il était le seul à pouvoir clore la séquence dramatique ouverte le 21 avril 2002, en se présentant en 2012…

Christine Lagarde y croit dur comme fer : le FMI c’est pour elle. La ministre de l’Economie s’est créé un compte Twitter pour l’occasion, @lagarde_imf. Dommage qu’elle n’ait pas twitté la réplique qu’elle avait eu dans le documentaire de Canal+ sur DSK pour définir le poste de directeur général du FMI qu’elle ne trouvait pas “facile” : “C’est comme caresser dans le bon sens du poil 150 chats à la fois.” Avant d’expliquer qu’elle n’aimerait pas échanger son job avec celui de DSK. Savoureux.

Vim/Abacapress

Eric Piermont/AFP

Lagarde et ses chats au FMI

oh oh oh, jolie poupée

conduite virile

Royal au bar

On a trouvé sur lefigaro.fr un banc d’essai au petit poil après le lancement en grande pompe de la nouvelle Citroën, la désormais fameuse DS4. Voilà ce qui est dit : “Si la conduite devient virile et que l’on chahute la belle avec de grosses mises en appui et des freinages tardifs, l’amortissement souple et l’antiroulis permissif ne parviennent plus à contrôler totalement les mouvements de cette caisse surélevée.” En revanche c’est un vrai appât à gonzesses.

Selon L’Express (25/05), Ségolène Royal aurait fait un festival de caprices en marge de son invitation au JT de France 2, le dimanche soir après l’arrestation de DSK. Elle aurait notamment réclamé du champagne dans sa loge. Le député strauss-kahnien Jean-Marie Le Guen, également invité, aurait quant à lui sèchement repoussé la coupe qu’on lui tendait en déclarant “Ce n’est pas le moment.” Allez, Jean-Marie, t’es pas fun, t’aurais pu en profiter pour demander des filles !

pleine lune

laboure parti

L’astrologue Elizabeth Tessier, adepte du cosmique de répétition, ne sait pas comment se refaire la cerise après avoir prédit à DSK “une année 2011 géniale”. Sur son blog, comme l’a noté Le Canard enchaîné (25/05), elle s’enfonce un peu plus avec un magnifique : “Si j’avais approfondi ma recherche, je me serais rendu compte que sa Lune, située dans le secteur de l’étranger et conjointe à la Lune noire, reflétait des épreuves sous d’autres cieux liées à la gent féminine.” D’autres cieux ou d’autres pieux, Babeth ?

Plus fort que les Témoins de Jéhovah, les vendeurs d’encyclopédies, les quêteurs de l’Armée du Salut et les gamins le soir d’Halloween : François Hollande. Hervé Morin l’affirme dans Le Nouvel Obs (26/05) : “J’ai fait toutes les casernes, toutes les facultés, toutes les écoles. A chaque fois on me dit : Hollande est déjà passé !”

très confidentiel Bon alors, Tristane, bordel de zob, tu portes plainte oui ou non ? Banon.

Marie-Lan Nguyen

C’était très surfait, finalement, New York. Bienvenue désormais à Draveil, cité lupanar de l’ex-secrétaire d’Etat à la fonction pubienne, capitale du fétiche de la godasse et du triolisme municipal. Le Parisien (28/05) a même levé le voile sur la mystérieuse Madame G., complice des (s)turpitudes de l’homme Tron, révélant qu’il s’agissait de Brigitte Gruel, adjointe à la Culture de Draveil. Certains cinéphiles rembobinèrent alors leur mémoire pour découvrir non sans émoi que la même, en 1974, avait tourné dans un film de Pascal Thomas intitulé Le Chaud Lapin. Où elle se faisait lutiner par Bernard Menez.

Pécresse veut Bercy Beau confidentiel dans Le Figaro ce lundi 30 mai, qui listait les qualités de Valérie Pécresse pour succéder à Christine Lagarde à Bercy. “Une femme”, qui “parle parfaitement anglais (..) russe et japonais”. Mais quelle est la gorge profonde qui a donné ces infos riches et exclusives au quotidien ? On s’interroge encore.

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objectif Venise Comment aborder un événement comme la Biennale de Venise ? Les préparatifs des artistes Christian Boltanski, Adrián Villar Rojas et Thomas Hirschhorn. par Jean-Max Colard et Claire Moulène photo Marion Poussier



a Biennale de Venise, c’est le Festival de Cannes de l’art contemporain. Comme à Cannes, ça glose, ça suppute et ça fantasme sur le palmarès idéal. Ça bosse dur aussi : des artistes qui ont investi depuis quelques semaines déjà les allées des Giardini, aux critiques venus diagnostiquer à l’avance (ouverture au public le 4 juin) les tendances de l’année et faire la lumière sur les stratégies et les méthodes de travail des artistes. Comme à Cannes enfin, ça jase sur les dérives d’un modèle hors d’âge, avec ses pavillons nationaux et son découpage de la planète art hermétique à la circulation bien réelle des artistes. Comme à Cannes pourtant, on y revient toujours. Preuve que le monde de l’art et le monde tout court ont changé, les trois artistes que nous avons rencontrés, le Français Christian Boltanski, l’Argentin Adrián Villar Rojas et le Suisse Thomas Hirschhorn, tous trois sélectionnés pour représenter leur pays à la Biennale, préparent leur exposition depuis la France – soit parce qu’ils y habitent, soit parce qu’ils y font escale avant de repartir courir le monde, de la Tasmanie à Berlin en passant par Bogotá. Déjouant la cartographie trop clivée des Etats-nations et s’inscrivant en plein dans la mondialisation, ils ont le mérite d’incarner dans des registres très divers trois générations d’artistes : en résumé, un tour d’horizon d’un monde de l’art élargi et polyglotte.

Christian Boltanski le monument Christian Boltanski dans son atelier de Malakoff

“Moi c’est bon, j’ai fini.” On retrouve Christian Boltanski dans son atelier de Malakoff. Sur les murs, des formes découpées ornées de photos noir et blanc sont à l’étude : “J’ai repéré ces formes sur les bancs 1.06.2011 les inrockuptibles 49

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qu’on trouve dans les palais de Venise. Ce sont des essais.” On se retrouve au plus près de la méthode Boltanski : “On travaille vraiment bien quand on ne fait rien. Donc je traîne, je cherche dans mes archives un négatif que je ne trouve pas, je me gratte le nez, ce sont des moments très vides, et par moments j’essaie de travailler un tout petit peu dans l’atelier, de mettre des choses aux murs. Pendant la préparation de la Biennale, il y avait un grand ruban qui tournait dans l’atelier. Enfin, il ne tournait pas car il n’y avait pas la machine pour le faire tourner mais on la trouvera à Venise. En tout cas, c’était l’idée.” Le reste s’est passé ailleurs, à produire des machines avec une équipe d’informaticiens et de techniciens, et le tout s’est fini par huit jours de montage à Venise. “Voilà, c’est bien, c’est très lumineux, c’est sur la chance, et ça convient très bien je crois à ce grand carnaval qu’est Venise, surtout les jours d’ouverture.” Puis l’artiste nous sort, d’un tas de vieux papiers, sa “base de travail”, un journal polonais rempli de photos de bébés. “Ce qui me plaît chez les bébés, c’est que rien n’est encore écrit pour eux… L’installation portera sur le hasard, ça s’appelle Chance, avec des rotatives et un grand rouleau qui se balade très vite dans l’espace, avec des centaines de photos de bébés polonais. On verra s’afficher en direct sur de gros compteurs le nombre de gens qui meurent et qui naissent. Il meurt environ cinq personnes par seconde et il en naît sept. Dans tous les cas, à la fin de la journée, on est à plus de 200 000 naissances. C’est une œuvre très optimiste en fait ! La dernière salle sera comme un jeu de casino, entre loterie et roulette, où défilent des visages de bébés polonais et des photos de Suisses morts. Le spectateur pourra y jouer, il y aura aussi un accès en ligne. Si tu tombes sur le visage entier d’une même personne, tu gagnes l’œuvre. Question de chance, comme souvent dans l’existence.” Jmx

Didier Plowy Alexandre Guirkinger

Les Morts de Christian Boltanski, in situ dans le pavillon français de la Biennale 2011

Adrián Villar Rojas, Villa Raffet, dans le XIVe arrondissement de Paris

Adrián Villar Rojas l’émergent Il y a du Terrence Malik chez Adrián Villar Rojas. Palme d’or donc pour cet artiste de tout juste 30 ans qui, depuis quelques années, développe avec parcimonie une œuvre intersidérale et anachronique peuplée de sculptures déjà en ruine et de formes anthropomorphiques. Hasard du calendrier, c’est à Paris que nous l’avons rencontré, dans le XIVe arrondissement. Il occupe actuellement un atelier sous verrière de la Villa Raffet.

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Dessin préparatoire d’Adrián Villar Rojas, dans le cadre des Sam Art Projects

Invité par l’équipe de Sam Art Projects, cet artiste qui “aime les coïncidences” travaille en parallèle sur son projet pour le pavillon argentin et celui qu’il présentera en septembre dans le jardin des Tuileries. “Le projet monumental des Tuileries constituera l’épilogue du récit amorcé à Venise”, raconte ainsi Adrián Villar Rojas qui, sur la base de croquis virtuoses et de consignes techniques distillées auprès de son équipe, a imaginé une variation en douze temps d’une même sculpture en argile à différents stades de son évolution. Ou comment réinventer en un temps record la théorie de l’évolution et l’appliquer au champ des formes.

Auparavant, cet artiste précoce aura transformé sa galerie de Buenos Aires en terrain de fouilles archéologiques, travaillé pendant des mois et en plein air au modelage d’un drôle de cétacé en glaise et ciment de plus de quinze mètres de long, aussitôt détruit par une pluie torrentielle. C’est donc à Venise et à Paris qu’il viendra clore sa trilogie primitiviste avec ses totems monolithiques. “Je cherche à troubler le spectateur, à instaurer une familiarité qui se dérobe aussitôt. A Venise, je voudrais que le spectateur soit un peu effrayé à l’idée que les sculptures puissent s’effondrer, qu’il ait le sentiment de prendre un risque.” C. M. 1.06.2011 les inrockuptibles 51

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Thomas Hirschhorn le “middle career” Autre style, autre stratégie pour le Suisse Thomas Hirschhorn, réputé pour ses installations proliférantes et sans concession. Pour lui, pas question de communiquer à l’avance sur son projet vénitien dont on parie déjà qu’il fera des vagues. Distillant lui-même les informations et les images préparatoires via un site internet créé pour l’occasion (site éphémère qui s’autodétruira deux mois après la clôture de la Biennale), Thomas Hirschhorn, grand adepte des formules lacunaires, s’exprime en ces termes : “Ceci est une affirmation, une pure affirmation venant de moi, directement, sans médiation et sans commentaire.” Et d’insister : “Je veux parler avec mes propres mots – par-delà les formules journalistiques – de mes convictions et de mon travail.” Amis journalistes, bonsoir. Rien d’étonnant dans ce geste de Thomas Hirschhorn qui, loin d’avoir une dent contre la presse, vient plutôt ici prolonger sa pratique évolutive et au final plutôt généreuse. Sur le site crystalofresistance.com, qu’il considère comme une “boîte à outils”, Hirschhorn livre

Esquisse pour Crystal of Resistance

en effet quantité d’éléments qui permettent de saisir l’ampleur de son projet. Il entend investir le pavillon suisse sans en modifier l’architecture mais en y introduisant plutôt “quelque chose de fin et de plat, comme une peau, une membrane, une coque ou une géode” et en utilisant “l’espace d’exposition comme un récipient”. Il veut aussi valider certaines hypothèses sur “l’amour, la philosophie, la politique ou l’esthétique”. Vaste programme pour lequel l’artiste se nourrit depuis des mois de lectures diverses et variées dont il nous livre ici quelques exemples. En vrac, cela donne une liste plutôt détonante : de la Poétique de la relation d’Edouard Glissant à The Crystal World de J. G. Ballard en passant par La Relation énigmatique entre philosophie et politique d’Alain Badiou et cet improbable guide de Philip Permutt intitulé Ces pierres qui guérissent – Guide pratique de lithothérapie. Thomas Hirschhorn ou l’art du storytelling. C. M. 54e Biennale de Venise du 4 juin au 27 novembre, www.labiennale.org

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Schéma de Crystal of Resistance 1.06.2011 les inrockuptibles 53

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nu Saul Délaissant son beau passé de militant enragé, l’Américain Saul Williams baisse sa garde hip-hop pour flirter avec une pop inclassable, optimiste et sismique. par Stéphane Deschamps photo Alexandre Guirkinger

L

e 17 mai, au Nouveau Casino de Paris, on assistait en live à l’ultime métamorphose de l’Américain Saul Williams : Niggy Pop. “Pop”, parce que Volcanic Sunlight, son nouvel album, l’est, en tout cas beaucoup plus que les trois précédents (lire encadré). “Niggy”, parce que Saul Williams, artiste à facettes (acteur, musicien, poète – et il danse bien aussi), a toujours brandi le tison de la fierté noire. Vraiment toujours, et même avant. Il est né une année bissextile, le 29 février 1972, mais sa mère avait eu les premières contractions deux jours plus tôt, alors qu’elle assistait à un concert de James Brown. Pendant quelle chanson ? L’histoire ne le précise pas. On peut imaginer que c’était Say It Loud – I’m Black and I’m Proud. “Niggy Pop”, parce que Saul Williams aime jouer avec la langue et déjouer les clichés. “Nigga”, c’était le mot lâché au tout début d’Amethyst Rock Star, son premier album produit il y a dix ans par Rick Rubin. Rappeur electro inclassable, Saul Williams s’était révélé trois ans plus tôt avec le film Slam de Marc Levin, dont il tenait le premier rôle. Dragon noir crachant des mots en feu, enragé rejeton des rappeurs de l’âge d’or (qui n’est pas celui du bling-bling), des Last Poets à Public Enemy. Fils d’un pasteur baptiste impliqué dans la lutte pour les droits civiques, le New-Yorkais a commencé à rapper à l’âge de 8 ans après avoir découvert Sugarhill Gang, Spoonie G. et surtout le morceau It’s Yours de T La Rock, incunable du rap (et premier titre produit par Rick Rubin). “Cette année-là, j’ai aussi joué dans ma première pièce à l’école, Jules César de Shakespeare, et j’ai

commencé à étudier le français avec M. Leduc. J’abordais en même temps le vieil anglais, le français et l’argot. Le langage est devenu un truc dingue pour moi.” A 14 ans, Saul envoie une demo à Rick Rubin, sans réponse. Deux ans plus tard, il lâche le rap (“Je pensais être trop vieux”) pour se consacrer au théâtre et à la poésie. “Gamin, je me voyais dans des films, je regardais Shining en boucle, je voulais être le Jack Nicholson noir, jouer dans des films d’horreur et des thrillers psychologiques bizarres.” Ses études de philosophie et d’art dramatique (Saul Williams aime rappeler qu’elles ont été financées par Michael Jackson, via une bourse de l’United Negro College Fund) ne le mènent pas à Hollywood mais dans les cafés de la scène slam de Brooklyn, dont il est un des champions. Après le film Slam, Saul Williams aurait pu poursuivre au cinéma. Mais on ne lui proposait que des rôles de dealer ou de flic. Il a préféré la musique. Son meilleur rôle, celui qui lui colle à la peau : fugitif transformiste, conscience vive, intransigeante et toujours en mouvement, qui évite les chausse-trapes parsemant son chemin dans un pas de danse acrobatique. Sur Volcanic Sunlight, dix ans après son premier album, Saul Williams chante beaucoup plus qu’il ne rappe ou slamme. De sa rage légendaire, il a choisi de ne pas faire un fonds de commerce. Moins de mots mitraillés, plus de musique. Il vise la pop au sens large, une musique sur laquelle on peut danser sans risquer de se faire péter les tibias. “Dans le passé, j’ai utilisé la musique comme un média pour ma colère, pour des idées. Mais mes proches ne me voient pas comme un gars en colère ou virulent en

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“J’ai écrit cet album alors que j’étais très amoureux. Je voulais qu’il capture un sentiment positif”

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politique. Je suis plutôt un mec marrant qui aime boire des coups et discuter. J’ai toujours des raisons d’être en colère mais j’ai appris à créer sans. J’ai écrit cet album alors que j’étais très amoureux. Je voulais qu’il capture un sentiment positif, qu’il reflète qui je suis plutôt que ce en quoi je crois.” Niggy Pop est l’avatar de Niggy Tardust (“Poussière de goudron”), le personnage qu’il avait créé pour The Inevitable Rise and Liberation of Niggy Tardust, son troisième album, de 2007, produit par Trent Reznor (Nine Inch Nails) et vendu sur le net, à la Radiohead (dont Saul Williams est très fan). L’épiphénoménale scène afro-punk rattrapait alors Saul Williams. La libération de Niggy Tardust, c’est la sortie de l’underground, l’éruption de Niggy Pop dans Volcanic Sunlight.

dans le feu du volcan L’irréductible Américain surprend avec un album dansant, troublant et urgent. Saul Williams prévient : le bien nommé Volcanic Sunlight se veut un album pop et bon pour la danse, un voyage vertical de l’underground à la lumière. Maintenant, tout est relatif : Volcanic Sunlight ne ressemble pas à un album de Lady Gaga déguisée en Saul Williams. On a sa dignité. Plutôt que de faire entrer son inspiration dans les formats commerciaux du moment, Saul Williams a choisi de chanter davantage, et de varier l’offre. Volcanic Sunlight n’est pas le plus intense de ses quatre albums, mais sûrement le moins monolithique. Produit à Paris par Renaud Letang (Manu Chao, Feist, Micky Green…) et enregistré avec des musiciens français, l’album déroule un lit

de musique tumultueuse, accidentée, épique sous le flow en saccades du chanteur. On y entend beaucoup de guitares, de cuivres et de claviers, des guests bien choisis (Janelle Monae et Saturn, la fille de Saul Williams), du funk, du hip-hop, de l’after-punk, de la soul, le tout fusionné dans la chaleur, la sueur et le sang. On y entend surtout du rythme, une armée de tambours qui fait trembler la terre. Pop par ses mélodies et la richesse de l’instrumentation, Volcanic Sunlight reste un disque de Saul Williams : haletant, urgent, passionné, physique, viscéral. Des entrailles du volcan à la lumière du soleil, Saul ne s’est pas brûlé les ailes, il a pris feu. S. D.

Saul Williams a composé l’essentiel de son quatrième album à Los Angeles, où il a vécu une dizaine d’années. Puis il l’a enregistré à Paris, où il s’est installé il y a plus d’un an dans un chouette appartement dont la terrasse panoramique a sans doute contribué à faire entrer le soleil dans Volcanic Sunlight. “Je savais en venant à Paris que ça serait l’endroit idéal pour faire cet album. D’abord, j’ai retrouvé le label français qui avait sorti mon premier album et m’avait fait confiance bien avant les Américains. Et puis j’aime bouger. J’ai grandi à New York puis j’ai vécu à Los Angeles. L’idée de découvrir une nouvelle culture, de parler une nouvelle langue, ça m’inspirait.” Saul Williams pourrait l’avoir mauvaise : il a quitté l’Amérique au moment de l’élection d’Obama pour vivre dans un pays dirigé par un ersatz de Bush. Mais il l’a bonne quand même. Paris lui a ouvert des horizons. Sur fond de Saint-Germain-des-Prés, il est devenu le confident de Juliette Gréco, avec qui il prépare un film consacré à la rencontre amoureuse à Paris, en 1949, entre elle et Miles Davis. Saul Williams jouera le rôle de Miles et coréalisera le film. D’ailleurs, au moment où vous lisez ces lignes, Saul Williams n’est plus à Paris mais au Sénégal pour le tournage du prochain film d’Alain Gomis (L’Afrance, Andalucia). “Ça se passe dans un village où les morts reviennent et choisissent un vivant qui les suivra au pays des morts. Je joue l’élu, le film racontera le dernier jour de sa vie…” Retour au Nouveau Casino. Tout se mélange, tout est là : le fils de prêcheur, le chanteur, le danseur et l’acteur. Sous un haut-de-forme décoré d’une plume noire, en veste de velours et chemise à jabot, le magnétique Saul Williams ressemble à un dandy de l’ancien Paris ou à un sorcier vaudou de La Nouvelle-Orléans. Nous sommes en mai et Saul fait ce qui lui plaît. Pendant la nouvelle chanson Triumph, dont le refrain répète en boucle “I feel love, I feel love”, il arrête de chanter et clame “I’m not romantic, I love drums !” Puis il se met à tambouriner ses percussions à la recherche de l’énergie chamanique, au cœur de la transe intense. Rangez les briquets, sortez les lance-flammes. Saul Williams peut changer de costume mais pas de peau. album Volcanic Sunlight (Sony Music) concert le 9 juillet à Mulhouse (festival Bêtes de scène) www.saulwilliams.com

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Début des années 80, au manoir de Montretout, à Saint-Cloud. Les trois filles Le Pen avec leurs parents JeanMarie et Pierrette. Une famille modèle.

Marine Le Pen fille de sa mère La patronne du Front national est systématiquement comparée à son père. On connaît moins sa mère, Pierrette, partie avec fracas du giron familial en 1984, et dont la vie a eu une influence décisive sur la plus jeune de ses trois filles. par Guillemette Faure

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AFP

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ean-Marie Le Pen regarde par la fenêtre du manoir de Montretout, à Saint-Cloud. “Elle m’avait dit ‘on ne vieillira pas ensemble...” Eclat de rire. “Ben si, quand même”, dit-il en désignant l’autre côté du jardin. “Elle est revenue dans le giron du clan.” A une centaine de mètres, les dépendances. C’est dans l’ancienne petite maison du gardien que vit son ex-femme Pierrette Lalanne, celle qui avait quitté le domicile avec fracas en 1984. Les filles sont intervenues auprès de leur père pour qu’il accepte d’héberger leur mère sans le sou. “Elle garde les enfants, elle s’occupe des chiens et des chats”, dit d’elle Jany Le Pen, la seconde épouse de Jean-Marie. A t-elle mal entendu ? Quand on lui pose une question sur sa mère, Marine Le Pen répond en parlant de son père qui “nous laissait très libres”. Comme en politique, elle défend l’image d’un homme qu’on connaîtrait mal. Louis Aliot, le numéro deux du FN, dit de sa compagne qu’elle a été “élevée par son père”, alors que Marine avait 16 ans quand sa mère est partie. En matière familiale aussi, l’histoire est écrite par les vainqueurs. “Elle n’a jamais de maman, c’est extraordinaire”, raille Jean-Claude Martinez, exclu du FN en 2008. Parti dirigé par un vieux guerrier aux plaisanteries salaces, le Front national a longtemps été un parti d’hommes. Depuis son émergence, ses scores auprès des hommes sont supérieurs d’une dizaine de points à ceux enregistrés auprès des femmes. Si seules les femmes avaient voté en 2002, Jean-Marie Le Pen n’aurait pas participé au deuxième tour de la présidentielle, alors que si seuls les hommes s’étaient exprimés, il aurait enregistré le meilleur score du premier tour, rappelle la politologue Mariette Sineau, qui y a consacré un chapitre de son livre La Force du nombre : femmes et démocratie présidentielle. Elle a identifié les deux catégories de femmes les plus résistantes au vote d’extrême droite : les jeunes femmes diplômées urbaines, au nom d’idéaux féministes, et les femmes âgées catholiques pratiquantes

Pierrette et Jean-Marie Le Pen dans leur appartement parisien, en mai 1974, avec leurs filles Yann, Marine et Marie-Caroline (de gauche à droite)

choquées par la violence du Front. Marine Le Pen peut-elle faire sauter ce verrou ? “Quand le FN présente une candidate femme, elle recueille souvent plus de suffrages qu’un candidat masculin. Dans l‘inconscient de certains Français, une femme est naturellement ‘plus douce’ qu’un homme. Voter pour une candidate FN serait donc moins radical”, décrypte Caroline Fourest dans son livre Marine Le Pen, qui paraît ces jours-ci chez Grasset. Paradoxalement, la vie privée devenue publique des Le Pen est à l’opposé des valeurs de l’électorat traditionnaliste sur lequel le FN s’est appuyé dans les années 80. “Mon père est contre la police du slip”, résume Marine Le Pen, deux divorces, trois enfants et très discrète sur sa vie privée parce que “c’est pas parce qu’on aime le foie gras qu’on doit s’intéresser à la vie du canard”. Marine Le Pen est la fille de son père. C’est moins connu, mais elle est aussi la fille de sa mère. Curieusement, celle qui milite pour la fermeture des frontières a dans ses valises familiales des frontières franchies. L’arrière-grand-père de Marine Le Pen rencontre sa future femme en Egypte, venue de Suisse à l’époque de Suez. “L’Egyptienne” ne s’adapte pas à la vie en France. Sa fille, la grand-mère de Marine, n’aura qu’une envie : renouer avec le passé fastueux que lui racontait sa propre mère.

Juillet 1987 : Pierrette pose dans Playboy

Elle épouse, jeune, un négociant en vin de la bourgeoisie locale. Celui-ci parti à la guerre, elle rencontre un homme plus âgé qui a sa résidence secondaire dans les Landes. Pierrette grandit ballottée entre son village landais et la vie luxueuse de ce beau-père, fréquente un cours privé pour jeunes filles de bonnes familles. “Tu veux passer ta vie à ouvrir la porte aux clients ?”, lui demande sa mère lorsqu’elle tombe amoureuse d’un futur dentiste. Elle épouse donc Claude Giraud, un imprésario. Ce premier mariage de Pierrette, Marine Le Pen ne le découvrira qu’à 14 ans, quand son père lui parlera du “premier mari de ta mère”. Car il l’a connu. C’est Claude Giraud qui présente Jean-Marie Le Pen à Pierrette. Il lui glisse : “Vous verrez, ce sera le futur dictateur de la France”. Claude Giraud et Pierrette se séparent rapidement mais, avec un gentleman agreement, elle vient présider ses dîners. A l’un d’eux, elle revoit Jean-Marie, chez qui elle s’installe quelques années plus tard. Lorsque Marie-Caroline naît le 23 janvier 1960, Pierrette est encore en cours de divorce. Elle épousera Jean-Marie six mois plus tard. “La France est la fille du 14 juillet et du 15 août”, aime aussi dire la patronne du Front national. Appliqué à ses parents, Pierrette serait plutôt le 15 août. Avant d’être la mère de ses filles, Pierrette se veut la femme de son mari, son “repos

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avant d’être la mère de ses filles, Pierrette se veut la femme de son mari, son “repos du guerrier”

du guerrier”. Blonde, bronzée, elle incarne la liberté du corps génération Saint-Tropez. Pionnière de l’intégral, elle fait fantasmer les jeunes voisins de La Trinité et montre tout à Montretout. “Tous mes amis disaient ‘Pierrette n’est pas faite pour être mère’, j’étais la pin up de l’époque !”, raconte-t-elle à Christiane Chombeau, une ancienne journaliste du Monde, qui prépare une réédition de son livre très documenté, Le Pen fille et père, pour l’automne. Jean-Marie Le Pen est un père peu présent. A la naissance de Marine, le 5 août 1968, il passe en coup de vent et retourne sur son bâteau à La Trinité. Pendant la traversée du désert politique du père des années 60 et 70, les Le Pen tirent des bords sous les tropiques, téléphonent pour prévenir qu’ils ne seront pas rentrés pour Noël. Les parents vivent pour leur jouissance. Dany, une copine de Pierrette, fait tourner la maison en leur absence. “Villa Poirier (dans le XVe, où ils vivent jusqu’en 1976), chacun fait ce qui lui plaît”, écrivait l’ancienne frontiste Yann Piat, assassinée en 1994, dans son livre Seule, tout en haut à droite. “JeanMarie est fréquemment absent : soit il travaille (...) dans la société qu’il a fondée après sa défaite aux législatives (...) soit il vadrouille tard dans la nuit. Qui voit-il ? Où va t-il ? Mystère. Même Pierrette ne semble pas toujours dans la confidence.”

Plus grande sœur copine que mère, Pierrette oublie de signer les carnets scolaires ou d’acheter le matériel obligatoire des cours de sport. “C’était Woodstock”, se souvient Marine Le Pen à propos de ceux qui dormaient sur les canapés à la maison de campagne de La Materne, près de Dreux. C’est Pierrette qui fait bouillir la marmite. Jean-Marie Le Pen n’a jamais vraiment travaillé. Quand il est élu plus jeune député de France, il est officiellement présenté comme étudiant. Après sa défaite électorale de 1962, les revenus de la Serp, la société d’édition qu’il a montée, ne suffisent pas à faire vivre la famille. La mère de Pierrette aide à boucler les fins de mois. A sa mort en 1972, Pierrette hérite de ses deux appartements rue du Cirque et fait vivre la famille avec leurs loyers. Ils n’en auront plus besoin en 1976, quand ils héritent de la fortune d’Hubert Lambert, un héritier oisif et alcoolique qui, à 42 ans, vit avec sa mère et s’est pris d’amitié pour Jean-Marie et ses idées. Pierrette va tous les mercredis bavarder avec sa mère. Fils et mère mourront à quelques semaines d’intervalle, sans manquer de démonstrations d’amitiés. Dans le legs Lambert, l’hôtel particulier de Montretout à Saint-Cloud, un manoir construit par Napoléon III pour son chef de cabinet, avec un demi-hectare de parc sur une colline d’où la vue balaie Paris.

“Maman est partie”. C’est Yann, sa grande sœur de quatre ans son aînée, qui vient chercher Marine le 10 octobre 1984 à la sortie de l’école pour lui annoncer la nouvelle. Pour combien de temps ? “Non, elle est partie, elle a pris toutes ses affaires.” Pierrette a prétexté raccompagner une amie à la gare, a pris sa voiture et a mis les voiles avec son sac à main et deux sacs en plastique. “Sans un rond, ni une petite cuiller, ni rien”, dira-t-elle. Marine attend un coup de téléphone, une explication. “Cela va durer quinze ans”, raconte t-elle dans son livre A contre flots. “Pendant un mois et demi, j’ai vomi tous les jours.” Jean-Marie Le Pen vient tout juste de retrouver le succès politique. “J’étais quand même une vedette. Et c’est comme si ma femme partait avec le professeur de musique !” Furieux et humilié. C’est lui qui a introduit l’amant dans la maison. En 1984, l’éditeur Jacques Grancher (le même qui publiera A contre flots, le livre de Marine Le Pen en 2006) fait appel à Jean Marcilly pour rédiger d’urgence Le Pen sans bandeau en pleine campagne des européennes. Marcilly, journaliste au Figaro Magazine, huitième mari de Gloria Lasso, est logé à Montretout. C’est une époque où Pierrette en a “marre d’être la cantinière de luxe du Front national”. Jean-Marie raille dans le magazine Lui qu’“à l’approche de la cinquantaine, elle a besoin peut-être pour se rassurer de prendre la température de son charme”. Pierrette se réfugie d’abord chez son père, puis s’installe avec Marcilly dans le Quercy, où elle achète un château en vendant les appartements de sa mère. Jean-Marie Le Pen fait constater l’adultère. “Ils ont cru qu’ils auraient droit à la moitié de ma fortune”, s’en amuse-til encore aujourd’hui. A Noël, il emmène la famille au Club Med au Sénégal. Il compte bien montrer qu’il peut s’occuper de ses filles. “Je suis sans doute un des seuls maris qui ait gagné son procès avec dommages et intérêts et avec la garde (de Marine, les autres sont majeures)”. Remontée, Pierrette déballe tout : le père qui interdisait aux filles de regarder la série Holocaust. “Le plus drôle, c’est que deux des trois se sont fait initier par des Juifs”, dit-elle à Globe sans souci de pudeur. Elle vide son sac chez Thierry Ardisson, se déguise chez Patrick Sébastien. Le 6 janvier 1986, les filles 1.06.2011 les inrockuptibles 61

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Pierrette balance aussi sur les mouvements d’argent de Le Pen et du Front. Elle regrette publiquement d’être partie les mains vides. “C’était moi qui ouvrais le coffre qui était dans la cave (...), j’étais la seule à savoir manœuvrer la combinaison. Il y a eu jusqu’à 850 millions de centimes. Des dons en liquides” , citent Gilles Bresson et Christian Lionet dans leur livre Le Pen. Après l’héritage, lâche-t-elle à un journal suisse en 1987, 40 millions de francs n’ont pas été déclarés. Elle raconte avoir aidé à fermer les couvercles des deux valises. “Tu reviendras à Saint-Cloud à genoux, je te mettrai à la cave et je te pisserai sur la tête”, lui avait dit Jean-Marie à son départ, à en croire ses déclarations à Globe. Pierrette est effectivement revenue à genoux. Le château du Quercy a été vendu quand la bise fut venue. Pierrette se sépare de Marcilly ruinée, sans un euro de retraite. Des amis l’accueillent du côté de La Rochelle. “Ils ont croqué les biens, elle se retrouve dans la solitude et la pauvreté”, résume Jean-Marie Le Pen. L’ex-femme de Jean-Marie a d’abord renoué avec Marie-Caroline et Yann. C’était plus difficile avec Marine. Le clan

Franck Crusiaux/Gamma

prennent la défense de leur père dans un communiqué. “Nous témoignons que les allégations de notre mère sont un tissu d’affabulations calomnieuses. (...) Face à ces attaques, notre père a conservé une attitude stoïque et digne, au risque de laisser beau jeu à ses ennemis. Nous lui exprimons publiquement notre admiration et notre amour.” Signé Marie-Caroline, 25 ans, Yann, 22 ans, et Marine, 17 ans. La bagarre devient sordide. Jean-Marie refuse de rendre à Pierrette l’urne funéraire contenant les cendres de sa mère oubliée à Montretout. En représailles, Pierrette garde l’œil de verre de secours qu’elle conservait dans son sac en cas de bagarre. Pierrette n’a plus un radis ? Jean-Marie rétorque que “c’est l’occasion pour elle de rentabiliser ce petit diplôme d’esthéticienne qu’elle a passé dans les années 60. Sinon, elle n’a qu’à faire des ménages pour compléter ses revenus.” Playboy lui propose de la prendre au mot et en juillet 1987 met en une “Madame Le Pen nue fait le ménage”. A l’intérieur, les photos de Pierrette en soubrette.

Marine Le Pen et sa mère en 2007

rabiboché, on s’attache à gommer l’épisode. Après la rediffusion par Canal+ d’une interview enregistrée à l’époque du divorce, le Front national publie un communiqué signé Pierrette signalant que les différends “qui m‘ont parfois poussée, ce que je regrette, à des déclarations blessantes et injustes”, sont “aujourd’hui révolus”. Les filles ont d’abord loué un appartement à leur mère avant de convaincre le père de l’héberger. A son retour, Pierrette a trouvé la maison figée du temps de son départ. Jany Le Pen, avec qui Jean-Marie Le Pen s’est remarié en 1991, n’a jamais aimé Montretout, “grande baraque vide pour l’esbrouffe”. Jean-Marie s’est installé avec elle à Rueil. Mais il a gardé ses bureaux à Montretout, où il passe tous les après-midi. “C’est comme ça maintenant, on reste habiter chez ses parents”, dit Jany Le Pen, qui ne verrait pas d’un mauvais oeil que Marine et Yann quittent Montretout : “je dis ça aussi pour leur bonheur”. Les trois filles s’en sont toutes éloignées pour des mariages, y sont toutes revenues après des ruptures. La petite maison qu’occupe Pierrette aujourd’hui dans le jardin a autrefois été occupée par Marie-Caroline puis Marine (elle aurait même accueilli l’ex-maire de Toulon Jean-Marie Le Chevallier à une époque où il avait des problèmes financiers). Restée à Montretout jusqu’à son premier mariage en 1997, Marine est rentrée

au bercail deux ans plus tard. Elle s’est aménagé un loft au-dessus des écuries, mitoyen de la maison de sa mère. Yann vit, avec ses enfants, au dessus du bureau de son père et travaille, elle aussi, au Front national. Marine Le Pen a raconté le départ de sa mère dans son livre A contre flots. “Un bon outil de communication”, selon Laurent Ozon, ancien écolo passé au bureau politique du Front national. “Quand quelqu’un montre un aspect rayé de sa vie, il montre une faiblesse, une humanité.” Le chapitre rappelle aux Français qu’ils l’ont vue grandir. Un reportage de 1973 la montre, doudou à la main, allant embrasser ce père qui rentre à la maison. Pierrette, dans une combinaison blanche que les drôles de dames n’auraient pas reniée, remplit, à genoux, le verre de son mari. Elle est aussi assise au premier rang, à côté des filles, lorsque son mari est invité à L’Heure de vérité le 13 février 1984. Le divorce de Jean-Marie et Pierrette, la castagne par magazines de charme interposé, détruit l’image que JeanMarie Le Pen avait voulu construire, avec sa famille blonde, d’un homme installé, pour en finir avec le côté pirate de l’homme au bandeau des années 70. Première tentative de dédiabolisation, mais ratée. Marine Le Pen a-t-elle tiré les leçons de ce fiasco de

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que gagnerait la patronne du FN à être vue, installée dans le jardin de papa, les enfants gardés par maman ?

communication ? Quand on lui parle de la façon dont elle tient sa vie loin des caméras, Marine Le Pen répond que “les cinq kilos de dynamite sur le palier, ça laisse des traces”. Référence à l’attentat non revendiqué de la villa Poirier, en novembre 1976 quand une bombe avait fait exploser l’immeuble où la famille occupait deux appartements, au quatrième et au cinquième étage. L’entourage de Marine Le Pen laisse entendre que c’est le déballage parental qu’elle protège sa vie privée. Politiquement, elle y a aussi peu intérêt. Que gagnerait la patronne du FN à être vue, installée dans le jardin de papa, en couple avec l’ancien directeur de cabinet de papa, les enfants gardés par maman ? Est-ce parce qu’elle a été marquée par le parcours de sa mère ? Fille à papa ayant hérité de l’entreprise familiale, Marine Le Pen s’adresse aux femmes comme à des “variables d’ajustement”, des éternellement précaires. Issue d’une famille de pionnières des familles divorcées recomposées de génération en génération qui traversent la vie sans travailler, elle en a fait un atout à l’heure où les familles monoparentales sont des réservoirs d’abstentionnistes et où les emplois de services forment un nouveau prolétariat. “Je sais ce qu’est la pression d’élever des enfants seule”, dit la présidente du Front national. Elle parle

de l’injustice qu’il y a à ce que les mères soient les premières jugées responsables quand les enfants déraillent. Panoplie turquoise, mascara épais, Marie-Christine Arnautu, chargée des questions de femmes au FN, a connu Marine Le Pen à 4 ans. Elle se réjouit de la voir “lever les craintes que les femmes avaient du FN”.  Elle travaille avec une transfuge des Verts allemands à l’établissement d’un chapitre pour les femmes dans le programme du Front en vue de la présidentielle, une première. Sur son bureau, le programme du Front national de 1997. “La criminelle loi en faveur de l’avortement doit être abrogée”, y lit-on. Ce ne sont plus les mots d’aujourd’hui. Le Front national préfère parler de revenir sur les conditions de son remboursement, Marine Le Pen propose de trouver des solutions pour aider les femmes à garder ces enfants. “Elles n’ont plus le droit de ne pas le faire”, dit-elle dans un semblant de dénonciation, comme si des brigades de politiquement correct forçaient les femmes à avorter en masse. “II nous paraissait que dans l’équilibre de la vie le rôle des femmes dans l’éducation des enfants était plus important que celui de la complémentarité salariale”, dit le père. La fille dit : “La liberté consiste à permettre aux femmes de ne pas travailler” et défend l’idée d’un salaire parental au deuxième enfant. L’idée de payer les mères à rester chez elles était déjà dans le programme du Front d’il y a vingtcinq ans mais ça ne s’appelle plus retour à la maison. “Le fait qu’elle soit divorcée peut donner le sentiment que le Front national avec la femme qui fait la vaisselle à la maison, c’est fini, se réjouit Jean-François Jalkh, secrétaire général du parti. Qu’elle soit une mère de famille divorcée donne une image nouvelle de ma famille politique.” Louis Aliot, numéro deux de Marine Le Pen, va plus loin, à propos de ces encouragements aux femmes qui ne travaillent pas. “C’est une politique nataliste. On n’aura plus besoin de l’immigration pour la démographie française.” Avec un nouveau visage, de nouveaux mots, le Front national retombe sur ses pieds. A lire Marine Le Pen de Caroline Fourest et Fiammetta Venner (Grasset), 400 pages, 20 € 1.06.2011 les inrockuptibles 63

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Mean Streets Parades & Changes, Replay in Expansion

& (un spectacle de câble et d’épée)

le 15 juin à la Grande Halle de la Villette (Paris XIXe)

le 10 juin au Théâtre de la Cité Internationale (Paris XIVe)

scènes La chorégraphe Anne Collod invite

scènes Antoine Defoort propose à la fois

cette fois danseurs et voltigeurs à rejouer la pièce fondatrice d’Anna Halprin, une œuvre interdite pendant vingt ans aux Etats-Unis, décidemment moderne, et audacieuse ! A gagner : 10 invitations pour 2

performances chorégraphiques et vocales. A gagner : 5 invitations pour 2

scènes La programmation intense des deux semaines du festival Latitudes contemporaines compose un espace de parole artistique partagée, ouvert à de multiples définitions sans restriction de forme. A gagner : 3 invitations pour 2 pour Luiz De Abreu, le vendredi 10 Juin ; 3 invitations pour  2 pour (M)imosa, le vendredi 17 juin.

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DVD Pour accéder au haut du pavé, une règle impérative : respecter la loi d'honneur du milieu. Charlie, lui, a ses chances, car il a un oncle mafieux. Mais le problème se pose pour Johnny, un bagarreur inconscient, criblé de dettes. Lorsque ce dernier se procure une arme à feu et commence à faire le malin, ça dérape... A gagner : 20 DVD et 10 Blue Ray

Que faire ? (le retour)

Latitudes contemporaines du 7 au 17 juin à Lille

de Martin Scorsese

La Valse des pantins

les 15 et 17 juin au Théâtre de la Colline (Paris XXe)

de Martin Scorsese

scènes Cent ans après la parution

cinéma Un comique méconnu, pour se faire reconnaître, enlève le présentateur d’un show télévisé et n’accepte de le libérer qu’à la condition de participer à son spectacle. A gagner : 9 invitations pour 2

du Que fa ire ? de Lénine, un couple, conscient de la vacuité de la vie dans les pays de l’hémisphère Nord, décide de faire le tri : la Révolution française, on garde ? et Nietzsche ? et Mai 68 ? A gagner : 10 invitations pour 2 pour chacune des 2 soirées

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Papillons de nuit du 10 au 12 juin à Saint-Laurentde-Cuves (Manche)

musiques La Manche fête l’éclectisme, au cœur du bocage normand. Pour preuve, on trouve au programme de cette édition : Eddy Mitchell, The Hives, Groundation, Digitalism, Maceo Parker, etc. Malgré les plus de 60 000 personnes attendues cette année, tout est fait pour que les lieux restent chaleureux, à taille humaine. A gagner : 5 invitations pour 2

Shakespeare Is Dead, Get over It ! les 14 et 15 juin au Théâtre du Rond-Point (Paris VIIIe)

scènes William, antimondialiste farouche, vit avec son temps, et mène les combats d’usage et de rigueur, quand Anne, passionnée de Shakespeare, s’attarde dans les bibliothèques, parce qu’elle respire mieux au XVIIe siècle. En découlent ces scènes de vie, sur ton d’enquête policière ou de farce noire. A gagner : 5 invitations pour 2 par soir

NOUVEAU

Black’n’Blues – A Minstrel Show le 21 juin à la Grande Halle de la Villette (Paris XIXe)

scènes Mark Tompkins met en scène chanteuses, danseuses et actrices grimées de noir, qui parodient les shows populaires de la culture afro-américaine. Un cabaret surprenant au son du blues et de la soul… A gagner : 10 invitations pour 2

Teofilo Chantre le 9 juin au New Morning (Paris Xe)

musiques Compositeur cap-verdien reconnu depuis une quinzaine d’années, notamment pour ses chansons millésimées chantées par Cesaria Evora, c’est sans crier gare, mais avec un talent flagrant que Teofilo Chantre s’affirme comme un grand interprète en langue française. Un métissage habité à souhait. A gagner : 5 invitations pour 2

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Mamani Keita le 10 juin à la Maroquinerie (Paris XXe)

musiques Au Mali, la tradition interdit à ceux qui portent le nom royal de Keita de chanter ou de jouer d’un instrument. Heureusement, il y a des exceptions. Mamani en est une, passionnée, insoumise, et libère sa part mandingue au contact d’un univers sonore aussi inventif qu’hétéroclite. A gagner : 5 invitations pour 2

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Belleville Tokyo d’Elise Girard La mécanique d’une rupture amoureuse auscultée avec cruauté et finesse, tristesse et drôlerie, distance et tendresse.



n jour, sur un quai de gare où elle est venue l’accompagner, Marie apprend de son compagnon Julien, jeune critique de cinéma en partance pour la Mostra de Venise, qu’il va y rejoindre une autre fille. C’est comme ça. Or Marie est enceinte de Julien. Quelques jours plus tard, la bouche en cœur, la gueule enfarinée, Julien revient à la maison, prêt à reprendre sa vie avec Marie comme si rien ne s’était passé. Elle le met à la porte. Un petit ballet commence entre eux, fait de départs furieux et de molles tentatives de retours, de déplacements (Marie, la plupart du temps, préfère engueuler ses amis plutôt que Julien) et de mensonges improbables (Julien téléphone de Belleville en faisant croire qu’il est à Tokyo) qui finissent par nous faire rire tout en nous pinçant le cœur : Belleville Tokyo, qui devrait être un psychodrame, n’est donc ni dramatique ni psychologique. Belleville Tokyo raconte des faits qui décrivent une séparation

au ralenti. Ce qui permet à son auteur d’en décortiquer patiemment la mécanique, avec une distance et une cruauté assumées. Appuyer là où ça fait mal. C’est une triste comédie, comme suspendue hors du monde mais close dans un temps par définition donné (celui d’une grossesse). Tout y participe : d’un côté la musique planante de Bertrand Burgalat, le charme malicieux, triste et éthéré de Valérie Donzelli, la capacité de jouer la superficialité butée et la fausse innocence de son alter ego et ex-compagnon préféré Jérémie Elkaïm (ils jouent ensemble dans les deux films de Donzelli, La Reine des pommes et La guerre est déclarée, qui vient de triompher à Cannes), et d’un autre côté une mise en scène sèche et discrète (belle photo chaude du grand chef opérateur Renato Berta – il a travaillé avec Resnais,

de ce passé amoureux, le film montre les traces qui s’évaporent 

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raccord

Castor et à raison

Valérie Donzelli déclare la guerre aux infidèles

Oliveira, Gitai, etc.) qui ne cherche jamais à en mettre plein la vue, mais seulement à encadrer la solitude de Marie et Julien dans leurs sentiments respectifs. Le premier film de fiction d’Elise Girard, avec une belle simplicité, réussit aussi – chose rare – un beau portrait, distancié, sans complaisance ni private jokes, de deux formes opposées de l’amour du cinéma – qui prouveront leur capacité à communiquer parfois dans une très belle scène autour de L’Innocent de Visconti. Julien est un critique brillant et exigeant, Marie est attachée de presse d’un petit cinéma spécialisé dans les classiques hollywoodiens (métier qu’Elise Girard exerce depuis plus de quinze ans pour les cinémas Action). Mais leur rapport au cinéma n’est pas le même, et leur rapport à la vie non plus : Julien vit dans un imaginaire cinématographique, là où Marie vit le cinéma comme une tâche quotidienne, faite de boîtes de pellicule poussiéreuses, de nombres d’entrées et d’inondations intempestives. Julien intellectualise, Marie concrétise (leur amour par un enfant). Pourtant le récit ne se permet pas de juger ses personnages, se contentant de montrer, avec un humour délicat (on ne se tape pas sur les cuisses), une guerre folle et larvée entre deux névroses, et l’évidente impossibilité de vivre ensemble pour deux personnalités si opposées. Et pourtant, ils s’aiment. Question entêtante

de la modernité : pourquoi ? Comment, même, ont-ils pu s’aimer un jour ? De ce passé amoureux, le film montre les traces qui s’évaporent : une complicité, l’affection qui ne passe pas, comme une mauvaise maladie qui refuse de laisser la place au changement. Un peu comme chez Hong Sangsoo ou Rohmer, ne les connaissonsnous pas, ces jeunes gens modernes, incertains et peu sûrs d’eux, mal grandis, qui ne savent plus où ils sont ni ce qu’ils veulent, incapables de comprendre les messages sentimentaux que leur envoient les autres ? Et ces amis bienveillants qui veulent vous aider et se font engueuler, ces parents affectueux compassionnels qui se font rembarrer ? Belleville Tokyo a les quelques défauts bénins des premiers films – des petites baisses de rythme, piège naturel de l’art de la comédie – souvent dus à un temps de tournage trop court, à l’absence de moyens. Mais Elise Girard signe ici un premier film de fiction au ton personnel, fait d’instransigeance et d’obstination : jamais, jusqu’à la toute fin du film, elle ne tente d’enjoliver les choses et de transformer son film en petit objet pop. On attend son prochain film avec impatience. Mais avec la même intransigeance. Jean-Baptiste Morain Belleville Tokyo d’Elise Girard, avec Valérie Donzelli, Jérémie Elkaïm, Philippe Nahon, Jean-Christophe Bouvet (Fr., 2010, 1 h 15)

Et si on prenait les fous au sérieux ? Et si la folie, loin d’être une pathologie nécessitant l’isolement, était un moyen d’accéder à d’autres régimes de réalité, pas moins valable que celui des “gens normaux” ? Cette idée, née dans le sillage de l’antipsychiatrie des années 70, ressurgit aujourd’hui avec force dans le cinéma américain : Minuit à Paris (Woody Allen), Take Shelter (Jeff Nichols), Walk away Renée (Jonathan Caouette), et Le Complexe du castor (Jodie Foster). Attardons-nous sur ce dernier, sur les écrans depuis le 25 mai. Troisième film de Jodie Foster, c’est l’un des objets hollywoodiens les plus bizarres vus récemment. Figurant Mel Gibson dans son propre rôle, ou presque (celui d’un homme en plein burn out, père de famille et capitaine d’industrie incapable de se relever d’une dépression profonde), l’actrice-réalisatrice imagine pour lui une drôle de thérapie : la prise de contrôle de son cortex par un castor fictif, pauvre marionnette boulochée tenue de la main droite et parlant à travers la bouche de son hôte avec un accent australien (l’accent originel de Gibson). Outre la performance toute en glissements groggy de son acteur revenu de ses navets sulpiciens (La Passion du Christ, Apocalypto), la beauté du film provient du sérieux avec lequel est traitée cette extravagante situation. Loin de s’adonner aux débordements burlesques attendus, Jodie Foster suit une ligne plus indécidable, exploitant le potentiel tragi-comique de chaque piste sans donner plus à l’un qu’à l’autre. Tout le monde finit ainsi par trouver normal que Mad Max se trimballe avec une peluche à queue plate au bout du bras, et la “thérapie”, élaborée loin de l’HP, finit par fonctionner. Le Complexe du castor est un film de son époque. Il ne s’agit plus pour le cinéma de dénoncer la folie comme telle pour en observer les effets néfastes, mais bien plutôt d’en faire une force créatrice. Le cinéma, plus que jamais un art de voyants.

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deux films de Saman Salour Quelques kilos de dattes pour un enterrement ; Lonely Tunes of Tehran (Ir., 2006, 1 h 25 ; Ir., 2008, 1 h 15)

Le Chat du rabbin de Joann Sfar et Antoine Delesvaux Transposition fidèle de la célèbre BD. Intelligente et salutaire réflexion sur une judéité laïque et universaliste.

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ans cette adaptation animée de la saga de Joann Sfar, on retrouvera sans surprise les principales qualités de la célèbre BD. D’abord, le trait sinueux, foisonnant et fragile du dessinateur, son sens des décors chamarrés, des couleurs chaudes, évocateurs du “pays de Sfar”, quelque part entre son imaginaire, ses souvenirs, et les villes réelles de la Méditerranée (ici, Alger). Ensuite, le récit et le dialogue sfariens, empreints d’humour, de philosophie et de dialectique talmudique, mélange permanent d’action, de parole et de pensée. Ce que l’on ne trouvera pas en revanche, c’est la transposition intégrale de la BD. Sauf à faire un film de trois heures, les auteurs ont été contraints de zapper quelques tomes de leurs aventures, notamment la partie parisienne avec les histoires amoureuses de la fille du rabbin, ce qui est dommage. Le bénéfice de la 3D n’apparaît pas évident. Les dessins de Sfar sont souvent constitués d’à-plats qui ne se prêtent pas avec bonheur au relief, d’autant plus que l’animation (pour raisons d’économie ou de stylisation ?) met seulement

un message politique précieux en nos temps de crispations diverses

en mouvement les personnages de premier plan. Il est tentant de faire la comparaison avec le passage à l’écran de Persepolis, Sfar et Satrapi ayant débuté à peu près à la même époque au sein de la pépinière fabuleuse qu’est L’Association, et force est d’admettre qu’elle n’est pas à l’avantage de ce Chat. Malgré ces réserves et bémols divers, Le Chat du rabbin reste un divertissement intelligent, qui porte en sous-texte un message politique précieux en nos temps de crispations diverses. Bien que partant de personnages à l’identité juive fortement marquée, Le Chat du rabbin refait la route coloniale à la lumière des Lumières, prônant clairement l’échange, l’ouverture, la découverte du monde et de l’autre. Porte-parole de Sfar, son chat est à la fois Milou, Jiminy Cricket et Socrate. Le film avance comme un croisement entre Tintin (parodié de manière tendre et drolatique au cours d’une scène, avec l’irrésistible François Damiens doublant le célèbre reporter), Gershom Scholem et Aristide Briand. La judéité de Joann Sfar est laïque et universaliste et son Chat du rabbin porte haut les principes de la démocratie et de la république, nouvel étendard d’un dessin animé qui divertit, instruit et donne à réfléchir. Serge Kaganski Le Chat du rabbin de Joann Sfar et Antoine Delesvaux, avec les voix de François Morel, Hafsia Herzi, Maurice Bénichou (Fr., 2009, 1 h 40)

Deux inédits iraniens, minimalistes et libres. Quelques kilos de dattes pour un enterrement tourne autour de la relation absurde et des rapports de domination de deux pompistes dont la stationservice est située sur une route perdue. Mise en scène à la limite de l’abstraction, renforcée par le noir et blanc : pour un peu, on parlerait de fable beckettienne. Mais le film échappe à cette référence solennelle grâce à la trivialité peu orthodoxe des personnages. Par exemple, le penchant nécrophile d’un des deux héros, amoureux d’une automobiliste morte dans son auto, qu’il dissimule sous la neige. Quelque chose de primitif se dégage de cette farce grinçante oscillant entre violence et humour. Une bonne nouvelle pour le cinéma iranien, suivie d’une autre : Lonely Tunes of Tehran, l’œuvre suivante de Salour. Toujours minimaliste, Lonely Tunes… est plus mobile, rapide, fluctuant. Sans doute est-ce dû au fait qu’il a été tourné en vidéo. On y perd un peu au change car l’image est plus fruste, et le cadre moins travaillé. Là, le cinéaste s’appuie beaucoup plus sur ses personnages, qui n’arrêtent pas de se déplacer, la nuit, le jour. Il leur colle aux basques. Effectivement, ils sont spectaculaires, presque trop : Hamid, minuscule, le visage ingrat, est un insupportable fanfaron doté d’un incroyable bagou ; Behrouz, lui, est un géant débonnaire, naïf et taiseux, qui se laisse mener par le bout du nez. Quasiment la traduction iranienne de Des souris et des hommes de Steinbeck, en moins mélo. Vincent Ostria

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X-men – Le commencement de Matthew Vaughn Nouvel épisode très réussi de la passionnante série sur des mutants mutins. n trois films, sombre d’Erik, pas encore Origins – Wolverine, Bryan Singer Magneto, auquel entièrement centré sur la (X-men 1 et 2), puis Michael Fassbender figure interprétée par Hugh Brat Ratner (le 3) prête sa cinégénie virile Jackman (le personnage ont imposé un univers et ténébreuse. le moins intéressant de la à l’architecture dramatique Quelque chose de fort série) jetait par-dessus bord très forte, peuplé le mélodrame au profit de la et de profond (sur la difficile d’émouvants orphelins et acceptation de soi, la pure action, dans un style de jeunes prodiges pourvus tentation de retourner très bourrin. de dons qui leur pèsent à la violence, le sentiment La plus grande joie comme des handicaps. d’exclusion…) travaille de ce nouvel épisode est Même si chacun le film. Et en même temps, donc de retrouver le climat des épisodes comporte des un courant contraire, très si particulier de la série : scènes d’action très pop, très léger, le traverse, tendu, pesant, comme marquantes et des effets lié aux années 60 où il se si le pressentiment d’une spéciaux très poétiques déroule. Des réminiscences catastrophe vrombissait (un homme qui s’évanouit de James Bond période sous la surface de chaque dans les airs en laissant Sean Connery (la femmeplan. Beaucoup plus derrière lui une vapeur diamant démarquée de que Wolverine (qui fait d’encre, une petite fille néanmoins ici une amusante Goldfinger), quelque chose qui traverse les murs des séries télé d’époque apparition de quelques pousuivie par un colosse (l’esprit commando secondes), le professeur X qui les défonce…), c’est de Mission impossible, et le retors Magneto sont surtout une certaine qualité des figures complexes, à l’inquiétude des pathétique qu’on retenait Envahisseurs…) donnent au double-fond. Ce prequel de la trilogie. Comme si le film son cachet particulier. nous ramène à une période Cronenberg bouleversant où les deux ennemis étaient Repéré avec Kick Ass, le de Dead Zone (le film réalisateur Matthew Vaughn amis, avant que le second définitif sur la puissance gagne avec les honneurs ne parte en guerre contre comme handicap) s’invitait ses galons hollywoodiens. l’humanité. L’esprit des Jean-Marc Lalanne dans ces trépidants Lumières de X, son blockbusters. rayonnement et sa subtile X-men – Le commencement Vint ensuite le temps désinvolture d’enfant de Matthew Vaughn avec d’isoler certains gâté mais raisonnable James MacAvoy, Michael Fassbender (USA, 2011, 2 h 10) protagonistes. X-Men s’opposent au charme

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en salle Cannes à Paris Pour ceux qui auraient raté le Festival de Cannes, séances de rattrapage avec la programmation au Forum des images de la dernière sélection de la Quinzaine des réalisateurs, parfois en présence des équipes de films. La cinéaste marocaine Leïla Kilani viendra ainsi présenter son remarqué Sur la planche, Jérôme de Missolz ses Jeunes gens mödernes, Bouli Lanners ses Géants et le Sri-Lankais Vimukthi Jayasundara, Chatrak. On pourra aussi voir Corpo celeste d’Alice Rohrwacher, ou Impardonnables d’André Téchiné. Quinzaine des réalisateurs au Forum des images, jusqu’au 5 juin, Paris Ier

hors salle Bronco Aldrich D’abord acclamé par la critique française pour ses déclinaisons de westerns et de polars (En quatrième vitesse, Attaque, Vera Cruz, Qu’est-il arrivé à Baby Jane ?), Robert Aldrich fut, à partir de la fin des années 60, réduit aux aspects les plus monstrueux et triviaux de sa filmographie tardive. Mais qui était vraiment le “gros Bob” ? C’est la question à laquelle tente de répondre le journaliste William Bourton dans l’essai Robert Aldrich – Violence et rédemption, qui croise des éléments biographiques avec une étude approfondie des films. Robert Aldrich – Violence et rédemption de William Bourton (PUF), 194 pages, 18 €

box-office good trip Même formule, même succès : le décalque Very Bad Trip 2 réalise le meilleur démarrage de la semaine. Il a attiré en première séance parisienne plus de 2 500 spectateurs, devant le thriller La Défense Lincoln et le spleen d’un Mel Gibson complexé du castor.

autres films X-Men, le commencement de Matthew Vaughn (E.-U., 2010, 2 h 10) Monsieur Papa de Kad Merad (Fr., 2010, 1 h 30) Medianeras de Gustavo Taretto (Esp., Arg., All., 2011, 1 h 36) Un baiser papillon de Karine Silla (Fr., 2010, 1 h 40) Maudite pluie ! de Satish Manwar (Ind., 2009, 1 h 35) Rendez-vous avec un ange d’Yves Thomas, Sophie de Daruvar (Fr., 2010, 1 h 38) Après la gauche de Jérémy Forni (Fr., 2011, 1 h 30) Faust de Nicolas Joël (Fr., 2010, 3 h 25)

Gianni et les femmes de Gianni Di Gregorio Renaissance de la comédie à l’italienne avec un zeste de naturalisme et un soupçon de candeur. ssai transformé pour l’acteur/ D’où un parcours narratif moins tenu réalisateur novice de 62 ans, que dans Le Déjeuner… qui suivait presque après son charmant premier film, la règle des trois unités (temps/lieu/action) Le Déjeuner du 15 août, il y a trois du théâtre classique. On suit ici le trajet ans. L’air de rien, en mêlant les problèmes plus aléatoire des rencontres successives existentiels, la vraie vie des Italiens ou récurrentes du néoséducteur en herbe, moyens des quartiers populaires au gré de ses pérégrinations et de ses de Rome, et en abordant de front les obligations. Rien de franchement nouveau questionnements de l’âge et de la sous le soleil de la drague des latin lovers, séduction, avec un humour discret et mais, au-delà de l’anecdote, de la élégant, cet incorrigible loser est en train cocasserie de cette quête laborieuse de fournir une alternative réjouissante au du plaisir et de la jeunesse, ce qui prime cinéma autarcique (d’antan) de son c’est la proximité du personnage, avec compatriote Nanni Moretti. Peut-être lui-même d’abord (Gianni joue Gianni ; Di Gregorio est-il un peu plus old school, sa vraie fille joue sa fille), et surtout avec moins imprécateur, mais, en payant de sa le monde qui l’entoure. Cette proximité personne, en s’inspirant des soubresauts s’exprime même par le son très présent, de sa propre existence, il parvient à capter, les bruits familiers et triviaux du quotidien. comme peu de ses contemporains, Ce film donne parfois presque l’impression la réalité ambiante de la Rome actuelle, que Di Gregorio est sorti en pantoufles mêlée d’un zeste d’épicurisme. dans la rue pour tourner une saynète, Pour cela, il transpose exactement avant de rentrer chez lui cuire la pasta. ses propres problèmes familiaux, plus Ce rapport cru et familier a pour précisément son rapport de dépendance corollaire une sorte de candeur : le et de soumission à sa mère, ainsi que sexagénaire suit un parcours émaillé ses angoisses sur sa virilité au seuil de d’embûches et d’hésitations, qui est l’andropause. Trauma qu’il espère pallier habituellement l’apanage des jeunes en prenant une jeune maîtresse, comme adultes en plein tâtonnement sentimental. ses amis. S’ensuit le catalogue des Ni hilarant ni branché, le ton doux-amer de tentatives de Gianni, enrayées par les Di Gregorio est irrésistible. Vincent Ostria incessantes interférences de sa mère, Gianni et les femmes pour reprendre confiance en lui grâce de Gianni Di Gregorio, avec lui-même (It., 2 010, 1 h 30) à une trophy mistress.

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Very Bad Trip 2 de Todd Phillips Peur du mariage, délire alcoolisé… Nouvelles (més)aventures du trio de mâles US. Avec un Zach Galifianakis à fond.

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uelles nouvelles de la bande qui a fixé le nouveau standard de la comédie américaine en 2009, inventant une psyché masculine (fuyant ses obligations conjugales), une psyché féminine (toutes des emmerdeuses rigides), et une forme de compensation (le défouloir alcoolisé) ? Aucune des déclinaisons du modèle n’ayant vraiment marché (de Bon à tirer des frères Farrelly au Date limite de Todd Phillips), c’est à l’original qu’il revient de faire fructifier la chose. Avec trois questions : les types vont-ils enfin trouver la bonne fiancée, celle qui leur coupera l’envie de se casser ? Vont-ils se méfier de l’infernal jeu de circonstances qui les a déjà fait chuter ? Et, si non, vont-ils aller encore plus loin ? Deux ans après, ils n’ont évidemment rien appris, et tout va recommencer. Invités à se réunir pour un mariage en grandes pompes en Thaïlande, les trois héros se promettent bien qu’on ne les y

reprendra plus. Ils se sont apparemment tous bien rétablis, sauf un. Première belle idée : le demeuré du groupe (Zach Galifianakis) n’est jamais sorti de ce qui fut un rêve d’homme pour lui, et comme le dit son père : “Il n’a jamais vraiment quitté Las Vegas dans sa tête.” Les prémices du mariage se passent bien, certes fragilisées par deux discours de banquet désastreux, l’un tenu par un beau-père odieux, l’autre par Zach Galifianakis, mais la catastrophe est maîtrisée et la route de la normalité s’ouvre aux héros. Et puis sidération : d’un coup, on les retrouve tous les trois prostrés sur un escalier miteux en plein Bangkok, surnageant à peine au milieu de vapeurs d’alcool. Dans la faille spatio-temporelle que le film va reconstituer, ça y est, ils ont à nouveau basculé. Là, on se dit que le film va affirmer un principe encore plus fort que celui du premier volet : ce qui n’était qu’un accident (la virée des trois mecs) devient un destin (toujours ils se retrouveront amnésiques avec un passif

terrible), et Very Bad Trip tournerait comme un jour sans fin. Là aussi commencent les difficultés d’écriture, le film cédant à la comédie d’action qui oublie les vrais nids comiques : peu importe les péripéties, seuls devraient compter ces moments de sidération où nos héros se découvrent avoir fait des choses qu’ils se croyaient incapables de faire. Dans ces rares moments, le film assure sa veine la plus belle : “Il faut que j’assume ma part de démence”, proclame le dentiste coincé, transformant même cet aveu de défaite en ballade le temps d’une chanson sur un fleuve. Sinon, Zach Galifianakis affirme sa suprématie (il ressemble de plus en plus à Daniel Johnston), Ed Helms joue les coincés-décoincés avec une boussole encore plus affolée, Bradley Cooper continue à ennuyer un peu, et Ken Jeong ose exhiber une anatomie tout à fait gênante. Axelle Ropert Very Bad Trip 2 de Todd Phillips, avec Zach Galifianakis, Bradley Cooper, Ed Helms, Ken Jeong (E.-U., 2011, 1 h 40). En salle depuis le 25 mai 1.06.2011 les inrockuptibles 71

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les lois de l’attraction Jonglant malicieusement avec les règles de la physique, Portal 2 fait du joueur le cobaye volontaire d’un nouveau monde passionnant à explorer.

 L festival Beauvais fête le jeu vidéo La ville de Beauvais accueille ce samedi 4 juin une grande Fête des jeux vidéo en partenariat avec le réseau social Gamersband. Sont annoncés : des tournois (inscriptions en ligne jusqu’au 3 juin) sur Fifa 11 et Dirt 3, des défis et démonstrations musicales avec Guitar Hero et DJ Hero, des animations PlayStation Move, Kinect et Wii ou encore un espace 3DS. L’entrée est gratuite. Renseignements : www.gamersband.com/beauvais

’amateur de jeux vidéo a ses habitudes. En temps normal, il est le héros. Suite largement augmentée d’un chef-d’œuvre surprise de l’automne 2007, Portal 2 lui demande pourtant de tenir un tout autre rôle : celui du cobaye, ballotté d’un dispositif interactif à un autre sans jamais savoir avec certitude ce que l’on attend vraiment de lui. La voix off est volontiers sarcastique. On croit prendre la fuite, mais pour se retrouver précisément là où la machine nous attendait. Et l’on se creuse la tête, tentant de résoudre ses énigmes de plus en plus tordues. Ces énigmes sont, au fond, architecturales. Rares sont les jeux qui, aussi bien que Portal 1 et 2, savent utiliser de manière ludique la modélisation de lieux en trois dimensions. Le joueur se voit offrir une façon inhabituelle d’y naviguer. Dans ce jeu en vue subjective, l’arme qu’il porte ne lui sert pas à affronter des ennemis mais à défier l’espace. Utilisant alternativement les deux gâchettes de la manette, il creuse des trous dans les murs entre lesquels il pourra se déplacer. Une ouverture bleue au ras du sol, une orange au plafond, juste au-dessus de cette plate-forme lointaine, et un portail s’ouvre qui lui permettra de passer d’un point à un autre en se moquant des règles de la physique traditionnelle.

Un temps occultées, ces dernières reviendront pourtant au galop. A nous d’exploiter la pesanteur en tombant de très haut dans un portail pour gagner en vitesse et nous propulser très loin, par exemple – histoire d’atteindre, comme à chaque fois, la sortie. Cet épisode 2 offre de nouvelles possibilités, avec ses ponts lumineux suspendus ou ses “gels” qui, lorsqu’ils recouvrent les surfaces de ce monde industriel anonyme, augmentent notre vitesse de déplacement ou la hauteur de nos sauts. Sorte d’improbable héritier commun de Doom et de Myst, Portal 2 excelle d’abord dans sa direction du joueur (comme, au cinéma, on parle de direction d’acteur). Il y a sa fascinante voix off, donc, mais aussi sa manière unique de jouer avec notre impuissance momentanée – ici, la frontière entre phases de jeu et scènes cinématiques a été abolie – ou de s’amuser à nous perdre, à brouiller nos repères. Les développeurs jouent avec nous autant que nous avec leur création. C’est le principe même du jeu vidéo ? Sans doute. Mais on l’avait rarement vu exploité avec une intelligence aussi éclatante que dans Portal 2. Erwan Higuinen Portal 2 sur PS3, Xbox 360 et PC (Valve/Electronic Arts, de 30 à 50 €)

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hey ho, Lego ! Les Pirates des Caraïbes version Lego prennent tout leur essor sur 3DS. n 2005, le premier The Clone Wars nous avait construire des objets Lego Star Wars faisait déjà réconciliés avec en assemblant des Lego, sensation. Mariant le gameplay des jeux Lego. choisir quel personnage plate-forme, combats Cette plongée dans l’univers utiliser – chacun a ses et énigmes dans un univers des films Pirates des propres capacités). Le jeu pop soigné, l’œuvre du vieux Caraïbes confirme tout ce est assez court (quatre studio britannique que leurs défis compulsifs niveaux pour chacun des Traveller’s Tales se révélait en milieu éminemment quatre films), mais il faudra aussi inventive qu’accessible cartoon ont à gagner y passer bien des heures (jeunes enfants, celui-là est de l’alliance du jeu portable pour dénicher tous les d’abord pour vous). Depuis, et de la représentation 3D. trésors cachés. les jeux se sont succédés En relief, les jouets Et le charme opère, (relookant les personnages prennent vie comme encore plus fort qu’en ces de Batman, d’Indiana Jones, jamais : ce sont d’adorables jours désormais lointains d’Harry Potter) mais miniatures interactives qui de 2005. Sur les autres la formule a peu évolué. s’animent ici pour nous. consoles, Lego Pirates Le regain d’intérêt Lego Pirates des Caraïbes des Caraïbes mérite sans pour la saga Lego naît trouve aussi un équilibre doute le détour. Mais sur la paradoxalement moins réjouissant entre l’appel 3DS, c’est un enchantement. E. H. de ce qu’en ont fait ses du large (le ciel, la mer, créateurs que de la dernière l’aventure fantastique) Lego Pirates des Caraïbes console qu’ils ont investie : et l’action qui se focalise sur PS3, PSP, Wii, DS, 3DS, la 3DS. Titre de lancement toujours sur des détails Xbox 360 et PC (Traveller’s de la portable Nintendo, (il faut ramasser des pièces, Tales/Disney, de 20 à 50 €)

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Triple Pack Xbox Live Arcade

Karaoke Revolution Glee volume 2 Sur Wii (Konami, 35 € environ avec un micro) La mise en abyme donnerait presque le vertige. Le dernier Karaoke Revolution nous invite à singer les acteurs de la série Glee imitant leurs stars chéries. La playlist est un peu juste (vingt titres) mais le système d’évaluation de nos vocalises ne déçoit pas. Et obtenir une note de 96 % sur Total Eclipse of the Heart n’a pas de prix.

Sur Xbox 360 (Microsoft, 30 € environ) Phénomène indé de l’été 2010, le cruel et envoûtant Limbo s’offre une sortie en magasin associé à deux autres titres très recommandables du service de téléchargement Xbox Live : Trials HD avec ses parcours d’obstacles à moto et le follement détonant jeu d’action Splosion Man. L’ensemble forme une très chouette compilation pré-estivale.

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tout feu tout flamme Après trois ans d’absence, les Anglais de Friendly Fires reviennent mettre le feu aux dance-floors avec un second album tropical, charnel et luxuriant enregistré dans le garage de leurs parents.

 I Ecoutez les albums de la semaine sur

avec

l aura fallu trois ans à la bande d’Ed Macfarlane pour donner une suite à son premier album. Trois ans pendant lesquels le groupe a tourné plus que de raison, fait chauffer la plante des pieds de milliers de spectateurs, de la campagne anglaise aux immenses plages australiennes. Trois ans d’absence des bacs des disquaires, donc : assez pour oublier un groupe qui s’était vu propulser en haut des charts anglais aussi vite qu’un battement de cils. Le trio en est conscient : sa longue

disparition aurait pu lui coûter la vie. “Tous les groupes doivent un jour choisir entre le risque de sortir un album rapidement sans être totalement satisfait, et celui d’attendre et de prendre le temps de s’améliorer. Evidemment, nous étions inquiets, on se demandait si les gens voulaient toujours danser, mais bien sûr qu’ils le veulent !”, s’amuse Ed Macfarlane, chanteur aux hanches élastiques dont les prestations scéniques n’ont rien à envier aux stripteaseurs de Vegas. Loin de l’empressement et des enchaînements

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on connaît la chanson

Satoshi Minakawa

“Pala” parle au corps, au sang, aux muscles et aux hormones

calamiteux d’albums bâclés d’autres groupes de leur génération, les Friendly Fires ont en effet choisi de prendre leur temps pour donner vie à leur nouvelle hydre electro-pop. Un temps précieux, loin de l’agitation londonienne, pour laisser libre cours à une imagination débordante : “Qu’importent les lieux où nous sommes, notre musique est toujours spontanée et inspirée sur le moment. Nous improvisons jusqu’à trouver un son qui nous plaît vraiment”, explique Ed. Né en partie dans un studio de fortune installé à Vitot, petit village de quatre cents habitants perdu au fond de la Normandie dans lequel Macfarlane s’est isolé pour écrire, Pala a principalement été conçu à St Albans, ville au nord de Londres où le groupe a grandi et réside toujours. Là où d’autres auraient profité de leur succès pour aller parader dans les plus grands studios du pays, le trio n’a

pas pu renoncer au garage parental dans lequel son premier album avait été créé. “On adore ce garage. On a quand même testé des grands studios, avec plein de matériel, une table de mixage énorme et toutes ces personnes qui t’apportent du café, mais on s’est rendu compte qu’on n’en avait pas besoin, que ça nuisait à notre musique”, lâche Macfarlane. A l’heure où l’on peut produire un son de qualité sans sortir de sa chambre, les Friendly Fires sont donc restés fidèles à l’éthique DIY pour préserver indépendance et flamme. Libéré de toute contrainte rythmique linéaire, détaché du côté fêtard du premier album, mais toujours vissé au dance-floor, Pala parle au corps, au sang, aux muscles et aux hormones – les soupirs lascifs de Macfarlane (Hurting, Helpless) et les percussions de musiciens sénégalais recrutés pour l’occasion y sont évidemment pour beaucoup. Grande messe tropicale illuminée, Pala transforme le clubbing en cérémonie d’initiation intense, aussi sensuelle que viscérale. Qu’ils plongent, comme sur Live Those Days Tonight et Blue Cassette, dans une farandole tribale, ou dans le pur fantasme (Pala et son electro-pop charnelle), les Friendly Fires assument le gigantisme de leurs titres, leur incapacité à faire les choses à moitié. Ils écoutent aussi un besoin urgent de suivre l’instinct et de rêver éveillés, malgré l’angoisse profonde qui transpire de leurs textes. “Pala est finalement assez triste. La majorité des chansons parlent de solitude et de rejet. Elles sont moins naïves sur le fait que le monde restera exactement le même et qu’il n’y a rien à faire pour y remédier. Notre objectif était de faire quelque chose que tu peux écouter en fermant les yeux, à 3 heures du matin sur le dance-floor d’un club, en essayant justement de t’échapper”, confie Ed, songeur. Pas étonnant, alors, que le titre même de leur album soit inspiré du paradis fictif d’Aldous Huxley dans Ile, roman fondé sur l’espérance utopique du bonheur absolu : échappatoire luxuriante et indomptable d’une jeunesse en manque d’idéalisme, Pala promet effectivement une vie bien meilleure. Ondine Benetier propos recueillis par Matthieu Bourgouin

album Pala (XL Recordings/Beggars/Naïve) www.wearefriendlyfires.com En écoute sur lesinrocks.com avec

le loup dans la bergerie Quatre rééditions confirment que chez Nick Cave tout est (ou sera) bon. Qu’on me pardonne cette confession : j’ai failli tuer Nick Cave. C’était juste avant Noël, dans la ville anglaise où nous vivons tous les deux. Ma mère a hurlé : “Attention, tu vas écraser… Oh, c’était Nick Cave…” Je ne sais pas ce qui fut le plus bizarre : que je manque d’écraser le chanteur, ou que ma mère le connaisse et le reconnaisse. Nick Cave, on serait même déçus autrement, a accordé sa musique sur sa vie : il ne traverse pas dans les passages cloutés. Et ce soir-là, il faillit ne pas me laisser la moindre chance, déboulant en noir dans la nuit noire. En musique aussi, Nick Cave a souvent joué en noir sur fond noir, noyé dans un paysage cramé, atomisé, à la lumière vacillante et blafarde – on pense notamment à son album de reprises de 1986, Kicking Against the Pricks, pour lequel il avait exproprié, violemment, Johnny Cash ou Roy Orbison de leurs propres chansons. Mais il y aura rédemption, narquoise voire goguenarde ensuite, avec des jeux de masques encore plus inquiétants peut-être, des noirs sur fond rouge, sur fond rose même. Ainsi Nick Cave en crooner faussement paisible, entre caniche et loup-garou, chantant le meurtre et la désolation dans un décor bucolique : le loup dans la bergerie, avec Kylie Minogue en petit chaperon rose sur Where the Wild Roses Grow, l’une des chansons les plus perverses que l’on connaisse. J’ai aimé, aime ou aimerai tout ce qu’enregistre ce diable : c’est la leçon de ce nouveau cycle de rééditions, a priori pas la période la plus faste de Nick Cave (1994/2001) et qui pourtant, des années plus tard, révèle des trésors dont on n’avait plus mémoire. Il faut toujours laisser vieillir Nick Cave : rien que pour ça, conduire prudemment à Brighton. Nick Cave And The Bad Seeds Collector’s Editions, part. 3 – Let Love in, Murder Ballads, The Boatman’s Call et No More Shall We Part (Mute/EMI)

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retour en grâce pour The Rapture Depuis 2006 et le très remuant Pieces of the People We Love, on était sans réelles nouvelles du groupe emmené par Luke Jenner. Enregistré entre Paris et Brooklyn avec l’aide de Philippe Zdar (Beastie Boys, Phoenix, Cassius), In the Grace of Your Love, quatrième album des attrape-cœurs new-yorkais, verra le jour le 6 septembre, au lendemain de leur concert parisien. Il signe le retour du groupe sur DFA, label américain fondé par James Murphy de LCD Soundsystem qui avait déjà distribué Echoes, l’album qui les avait révélés en 2003. le 27 août à Charleville-Mézières (Festival Cabaret Vert), le 5 septembre à Paris (Maroquinerie)

Très occupé par la reformation de Pavement l’année dernière, Stephen Malkmus avait mis entre parenthèses ses projets solo. Le pas si slacker américain vient de retrouver ses potes de The Jicks, aux côtés desquels il officie depuis 2001, et s’est fait une joie d’annoncer la sortie prochaine d’un cinquième album du groupe produit cette fois-ci par le blondinet Beck. Prévu pour le 23 août, Mirror Traffic sera le dernier album du groupe avec Janet Weiss, ex-batteuse du trio punk féministe Sleater-Kinney. www.matadorrecords.com/matablog

Tom Sheehan

Stephen Malkmus + Beck = amour

cette semaine

coucou The Kooks Au travail sur leur troisième album, Luke Pritchard et sa bande franchissent cette semaine la Manche avec leur britpop pour un unique concert parisien. le 7 juin à Paris (Cigale)

Dick Annegarn se livre On ne dira jamais assez de bien de Dick Annegarn, dont la voix d’ogre doux charrie depuis près de quarante ans des torrents de chansons sur le limon de la poésie. Elles existent sur papier, dans un recueil de 190 textes titré Paroles (éditions Le Mot et le reste), dont la beauté laisse sans voix. Brillante préface d’Olivier Bailly. annegarn.free.fr

Jagger forme son supergroupe Le lippu Rolling Stones Mick Jagger s’est mis en tête de se lancer dans l’édification d’un nouveau groupe avec une poignée de collègues. Apparaissent ainsi au générique de l’album produit par Allah Rakha Rahman, compositeur oscarisé de la BO de Slumdog Millionaire : Damian Marley, plus jeune fils de Bob, Dave Stewart d’Eurythmics et la chanteuse anglaise néo-soul-hippie Joss Stone. Le supergroupe, Super Heavy selon une source bien informée, est en discussion avec plusieurs majors pour sortir son premier album. On craint le pire.

neuf

Modern English Lanterns On The Lake

Your Kid Sister Sous ce nom enfantin, Maïa Vidal sussurre un folk qui a fumé les fleurs, d’une voix qui découvre en direct, comme chez Joanna Newsom, le vertige de la liberté. Accompagnée d’un accordéon lacrymal ou de jouets en peluche, la douce Parisienne signe des vidéos stupéfiantes. www.myspace.com/yourkidsister

Pas de premier album avant septembre, mais déjà une poignée de chansons pour se rafraîchir tout l’été avec ces mélodies en givre, ces harmonies mixtes qui inventent un corridor secret entre Mazzy Star et Fleet Foxes. Le label Bella Union n’a pu résister et a signé ces Anglais très doués. On reparlera d’eux. www.myspace.com/lanternsonthelake

Daft Punk Eh oui, Daft Punk déjà classique : le Trinity Orchestra, orchestre symphonique d’étudiants irlandais déjà repéré grâce à une relecture de Radiohead, s’est attaqué en février, sur scène, à une adaptation culottée d’un best-of du duo parisien, accéléré en un pot-pourri qui donne franchement le sourire – aux musiciens aussi. www.youtube.com

Une seule chanson a suffi aux Etats-Unis à démarrer une multitude de carrières dans le rock ténébreux et lyrique. Ce tube des années “college radios”, qui fit entrer les glaces de la new-wave anglaise dans les foyers US, s’appelait pourtant I Melt with You. Ses auteurs, Modern English, se sont reformés et joueront à la Flèche d’Or, à Paris, le 18 juin. www.site.modernenglish.me

vintage

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le diable s’habille en noir Le retour démoniaque et bien entouré d’un pionnier de la French Touch, qui vient jouer avec ses héritiers sous le nom de Black Devil Disco Club.

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out ce qui se fait à l’ancienne me fait chier, à part les ris de veau”, rigole Bernard Fèvre, 65 ans, vétéran alerte de l’electro française pas le moins du monde en repos sur ses lauriers. S’il ressort ces jours-ci sa panoplie fétiche de Black Devil Disco Club, inaugurée en 1978, ce n’est pas pour faire bégayer ses bécanes infernales mais au contraire pour prolonger l’esprit aventureux, la lettre résolument moderne de sa musique en compagnie

un disco métronomique et anxiogène, proche en permanence du chaos métallique

d’acteurs d’aujourd’hui. Sur Circus, il accueille ainsi pour un grand sabbat futuriste des invités aussi hétéroclites que Jon Spencer, Faris Badwan (The Horrors), Nicolas Ker (Poni Hoax), CocknBullKid ou encore Claire Evans (Yacht), Nancy Fortune ou Aja Emma des Canadiens de Cosmetics. Deux légendes se mêlent également à ce casting : Nancy Sinatra et Afrika Bambaataa, pas moins. Bernard Fèvre est lui-même une légende, tardivement révélée par les Chemical Brothers – qui ont samplé un de ses morceaux – et par Aphex Twin, qui fut le premier à ressortir de l’enfer il y a sept ans l’album inaugural du Black Devil Disco Club sur son label Rephlex.

En 1978, personne n’avait vu passer cet ovni, l’electro frenchy se limitant alors à Jarre et le disco à Cerrone. “Le synthé était mal vu à l’époque, personne n’y comprenait rien. Moi, j’étais surtout intéressé par le disco noir américain et par certains trucs allemands très en avance. Avec ce disque, je voulais faire connaître ma manière d’écrire avec un synthé à travers une musique facile d’accès. Ce fut un ratage complet, on me fit comprendre que mon disque était une grosse merde.” Avant ça, le gamin d’Asnières a vécu le (baby) boom du rock français comme organiste au sein d’un groupe baptisé Les Francs Garçons, qu’il définit comme “un croisement

entre les Moody Blues et Les Compagnons De La Chanson”. Au mitan des années 70, après avoir refusé les offres de service d’Eddy Barclay, il s’oriente vers la Library Music et ose un disque cosmique et rêveur baptisé The Strange World of Bernard Fèvre (Air avec vingt ans d’avance, pour résumer). Depuis 2004 et la relance inespérée de son Disco Club, on l’invite partout comme l’omniscient visionnaire de la French Touch tandis que cette notoriété tardive lui offre la possibilité d’explorer un peu avant les zones sauvages défrichées il y a trente ans. Soit un disco métronomique et anxiogène, proche en permanence du chaos métallique et secoué par des spasmes tribaux encore plus impressionnants depuis qu’il a laissé des voix étrangères s’y poser comme autant de papillons noirs sur une armée de néons chauffés à vif. Pour en revenir au ris de veau : “Je suis traditionnel pour les choses de la vie courante mais pour l’exploration artistique, c’est différent. Cette opposition correspond à ce que je suis aujourd’hui : un vieux parmi les jeunes qui fait une musique de jeune. J’aurais quand même préféré que ça arrive un peu plus tôt.” Christophe Conte album Circus (LO/Modulor) www.blackdevildiscoclub.com En écoute sur lesinrocks.com avec 1.06.2011 les inrockuptibles 77

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retour à Tijuana Installé à Barcelone, le compositeur electro mexicain Murcof retourne au pueblo pour une création au Festival de Saint-Denis.

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é en 1970 à Tijuana, Murcof (Fernando Corona, pour ses parents) a quitté le Mexique en 2005 pour s’installer à Barcelone – non sans avoir hésité avec Berlin. Si, en ce jour ensoleillé de mai où on le rencontre dans un café barcelonais, la simple pensée de l’hiver berlinois lui fait froid dans le dos, d’autres frissons lui viennent à l’évocation d’un récent concert au Berghain de Berlin : “Whaou ! Quel soundsystem !”, s’exclamet-il, les yeux écarquillés. Rien d’étonnant à ce que

“nous allons improviser, en nous basant sur les sons enregistrés avec des musiciens du peuple huichol”

la phénoménale sono du Berghain, aussi colossale que subtile, impressionne autant Fernando, lui qui travaille la matière sonore avec une extrême minutie. Cette passion pour le son ne date pas d’hier. “J’ai commencé à faire de la musique à l’adolescence. J’ai acheté mon premier clavier et mon premier sampler, un Casio, à 15-16 ans. Dès que je gagnais un peu d’argent, je m’achetais du matériel. Ainsi, durant ces années-là, j’ai pu expérimenter quantité de styles différents, de l’electropop à la musique planante en passant par l’acid-house.” Dans les années 90, il s’aguerrit au sein du Nortec Collective, un ensemble mêlant électronique et airs traditionnels mexicains. Le collectif devenant trop commercial à son goût, Fernando s’en détache

au début des années 2000 et se lance en solo. Sous le pseudo Murcof, il commence alors à façonner une fascinante musique, située quelque part entre plaines contemporaines (l’ombre d’Arvo Pärt ne s’éloigne jamais beaucoup) et (clics et) pics électroniques. La découverte de Stockhausen a joué un rôle essentiel dans la formation de cet univers sonore. Empreinte d’une mélancolie intense, la musique de Murcof procède d’une haute exigence. Sa discographie en témoigne, de l’inaugural Martes en 2002 à la superbe bande originale du film La Sangre iluminada, initialement parue en 2009 et tout récemment rééditée (en vinyle rouge) par le précieux label Infiné. En ce printemps 2011, le Mexicain est surtout occupé par un projet baptisé

Wixarika, auquel participent également le trompettiste Eric Truffaz (avec lequel Murcof a enregistré l’album Mexico, digne descendant du Sketches of Spain de Miles Davis), le guitariste Edgar Amor et le percussionniste Dominique Mahut. Enraciné dans le désert de la Sierra Madre, d’où est originaire le peuple huichol, ce projet va voir le jour lors du prochain Festival de Saint-Denis – une première étape sur la voie d’un long cheminement créatif. “Nous ne savons pas encore exactement à quoi ça va ressembler. Nous allons nous retrouver tous les quatre quelques jours seulement avant le concert, afin d’élaborer une création sonore à partir des propositions de chacun. Nous allons beaucoup improviser, en nous basant sur tous les sons que nous avons enregistrés l’an dernier à Tijuana avec des musiciens du peuple huichol. Mon ami Edgar Amor, un excellent guitariste qui vit à Tijuana, entretient des liens étroits avec ce peuple. Depuis des années, nous avons envie de développer ensemble un projet axé sur la musique des Huichols. Les musiciens rencontrés à Tijuana ne seront pas sur scène avec nous à Saint-Denis mais leurs chants et les instruments qu’ils fabriquent eux-mêmes seront très présents via les enregistrements effectués.” De quoi exciter la curiosité – et plus si affinités. Jérôme Provençal album La Sangre iluminada (Infiné) concert Wixarika, le 9 juin à Saint-Denis (Basilique), www.festival-saint-denis.com En écoute sur lesinrocks.com avec

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Thee Oh Sees

Thee Oh Sees Castlemania The Feeling Of Love

In the Red/Differ-ant

Dissolve Me Born Bad Records Pur, dur et sûr, du rock’n’roll orgiaque, qui se drogue et tourne en France. e premier album de Thee Oh Sees, paru sous un autre nom de groupe, s’appelait en gros “34 raisons de continuer à vivre sans toi”. Quelque dix albums plus tard, Castlemania est une excellente raison de ne pas continuer à vivre sans Thee Oh Sees. Du garagerock psyché tourné baba, sorti de la ville (San Francisco) pour aller cueillir des champignons et brouter de l’herbe. Sous la haute influence spirituelle des Monks, les chansons de Thee Oh Sees s’ornementent ici de guitares folk, de flûtes, de mellotrons et de chœurs de gargouilles simples d’esprit. Bon disque, reposant pour le cerveau. A Metz, les gars de The Feeling Of Love sont sans doute très fans de Thee Oh Sees. Mais la Lorraine n’est pas la Californie. Leurs chansons intenses et hypnotiques n’ont pas de fleurs dans les cheveux. Elles sentent la teigne, la friche industrielle, le krautrock. Descendants des hommes des cavernes des 60’s, The Feeling Of Love transforment la rouille en or dans le haut-fourneau du psyché-rock.

 L

Stéphane Deschamps

concerts Thee Oh Sees le 1er juin à Angers, le 2 à Poitiers, le 3 à Bourges, le 4 à Creil The Feeling Of Love le 1er juin à Nantes, le 2 à Poitiers, le 24 juillet à Hyères (Midi Festival) www.theeohsees.com www.myspace.com/thefeelingoflove En écoute sur lesinrocks.com avec

Owiny Sigoma Band Owiny Sigoma Band Brownswood Recordings/ La Baleine

Un joli dialogue entre Kenya et Angleterre, par des amis de Damon Albarn. Pas de fumée sans feu de brousse. La présence de Damon “Africa Express” Albarn aux claviers sur une paire de titres est un signe : le premier album de l’Owiny Sigoma Band, groupe anglo-kenyan signé sur le label du DJ Gilles Peterson, est un de ces hybrides “afroccidentaux” dont l’époque raffole. Mais à la différence de Fool’s Gold, Vampire Weekend ou The Very Best, dont la musique pop est relevée d’épices importées, ce projet est né en Afrique. En 2009, cinq musiciens anglais tapent le bœuf (ou peut-être le zébu) à Nairobi avec deux musiciens originaires du village d’Owiny Sigoma. Le dialogue s’installe et digresse autour de différentes formes de groove, toujours essentielles et minimalistes. Palpitations rythmiques dans les vapeurs du dub ou sous le scalpel de l’electronica. Des exercices de styles racés, pour une transe transcontinentale, façon kényatronics. S. D. concerts le 5 juin à Paris (Flèche d’Or), le 9 juillet à Sète (Worldwide Festival) www.brownswood recordings.com En écoute sur lesinrocks.com avec 1.06.2011 les inrockuptibles 79

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City Center

Martin Dam Kristensen

Redeemer K/Differ-ant

Teitur Let the Dog Drive Home

College

Arlo & Betty/Ear Music

Northern Council

La pop irréelle d’un doux illuminé des îles Féroé. hronique tardive, mais on a une excuse : cet album merveilleux vient de loin, de ces îles oubliées par les hommes entre Islande et Ecosse, les Féroé. Björk nous donna un jour ce cours magistral de survie : “Si en Islande, tu veux une chaise, tu fabriques ta chaise.” Plus au sud, Teitur a repris ce sage conseil à son compte : il voulait de la pop, il l’a fabriquée seul, à la main, avec les outils du bord, sans le poids des traditions, du savoir-faire, des recettes. Cette pop semble souvent déréglée : elle n’est juste alignée sur aucun des points cardinaux habituels, chantant à tue-tête son propre manuel, d’une voix peu encombrée de bagages. Idem pour ces mélodies très pures, innocentes, qu’on découvre sans cette certitude pesante de les avoir entendues, en ordre ou dans le désordre, dans mille autres disques (ou alors, seulement chez Paul Simon). Teitur a beau avoir collaboré avec Nolwenn Leroy, vivre aujourd’hui loin de son île à Londres et sortir son cinquième album, pas un souffle de normalisation dans cette pop de peu. Car si le précédent album The Singer se prélassait dans la luxuriance, celui-ci n’a souvent besoin que d’une guitare et d’une voix pour suggérer l’immensité. Comme on dit là-bas en sifflant d’admiration : pragtfuld. JD Beauvallet

Valerie

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www.teitur.com

Dans cette electro made in Nantes, la nostalgie invite la mélancolie à danser. On a tous, un jour ou l’autre, connu une Valérie. Une chic fille, coiffée comme la princesse Diana, et dont les sourires nacrés dissimulaient des abysses de tristesse. Vous la remettez ? Sinon, écoutez les disques du collectif nantais du même prénom, signés Anoraak, The Outrunners ou Minitel Rose : leur mélancolie vintage en ravivera le souvenir, amer ou béat – comme un vieux single de New Order, qui se danse les mains dans les poches et les yeux dans le vague. Northern Council, deuxième album de David Grellier, est à ce titre particulièrement abouti : plus Collège des cœurs brisés que Collège fou fou fou, ses claviers et boîtes à rythmes datables au carbone 14, son minimalisme germanique (de Kraftwerk à Tangerine Dream) et ses mélodies en battements de cils composent des paysages rétrofuturistes d’une austère et néanmoins saisissante beauté.

Le rock à fleur de peau de deux Américains à l’électricité en dents de scie. Le “city center” en question, c’est celui d’Ann Arbor, Michigan, ville d’Iggy Pop et du MC5, où ont grandi Fred Thomas et Ryan Howard. C’est la nostalgie de cette ville libérale et utopiste qui, à Brooklyn où ils avaient déménagé, a donné aux deux garçons leur vision de la musique : un mélange de désolation industrielle et de joyeuse ribouldingue, de psychédélisme délavé et de rock souillon des années slackers. Redeemer ne pourrait être qu’un exercice de style sépia sur les années et les rêves lessivés, mais les deux garçons ont mis toutes leurs économies émotionnelles dans ces chansons écorchées, qui hurlent de vie à chaque larsen, chaque petit coup de grisou, chaque mélodie des jours heureux et naïfs. C’est le bilan d’une vie de jeune homme qui a sans doute trop fumé et écouté trop de chansons bouleversantes. Une vie revisitée par le petit bout de la lorgnette, parce que si on regarde de l’autre côté, le futur, la vie, les responsabilités, toute cette shit, maaan, c’est sans doute trop vaste à contempler, trop lourd à supporter. JDB www.myspace.com/ citycenternyc En écoute sur lesinrocks.com avec

Benjamin Mialot www.valeriecollective.com En écoute sur lesinrocks.com avec 80 les inrockuptibles 1.06.2011

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Pat Jordache Future Songs Constellation/Differ-ant

various artists

Plus beau encore que le TV On The Radio du début, Pat Jordache ? C’est bien possible. ’abord enregistré sur cassette, distribué sous le manteau 2.0 et les hourras discrets de la communauté sonique montréalaise, Future Songs ne paie pas de mine. Il fait bien mieux – il en creuse. Dantesques, impressionnantes, abyssales mines. Dans ces veines riches comme Midas, un sang fiévreux et quelques virus inquiétants, pas de brillant platine car trop de charbon crasse, des cadavres enfouis et des anges naissants, des rêves d’ailleurs, le paganisme de tribus oubliées… Future Songs est initialement l’œuvre de solitude d’un garçon dont la chambre, on le jurerait, donne sur d’autres dimensions. C’est l’une des choses les plus estomaquantes entendues depuis la première rencontre du troisième type avec TV On The Radio. Un proto-TV On The Radio rêche, lo-fi, imprécis, branlant, fragile et forte tête à la fois, sans la production chirurgicale de Sitek ; un disque dont l’insondable – parce qu’infinie – beauté est un bouleversant uppercut émotionnel et intellectuel. Thomas Burgel

Colette Secret Island

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www.myspace.com/mountainmanpatjordache En écoute sur lesinrocks.com avec

Colette

Choix raffinés pour la nouvelle compilation de Colette l’esthète. A chaque disque Colette, boutique hype par religion, c’est la même chose : les choix sont proches de la perfection, subtil mélange de vieilleries précieuses et de petites perles magiques à peine écloses. La sélection de la nouvelle tête chercheuse du label, Clément Vaché, zen et désinvolte, touche en plein cœur. Les Américains Breathe Owl Breathe ouvrent la nage electro, suivis de près par les Canadiens de Footprintz, avant la première vague, surf, de La Femme et de leur déjà classique Sur la planche. Dans leur sillage, le meilleur DJ à sévir en Angleterre, Erol Alkan, retravaille vers les eighties le Forever Dolphin Love de Connan Mockasin… Liés entre eux par des bruits de rouleaux et cris de mouettes, les Californiens de Morning Benders, Toro Y Moi et l’extraordinaire Nicolas Jaar complètent cette belle plage sonore, avant d’être rejoints par les violons lancinants de Michel Colombier et la voix fantôme d’Anna Karina, pour une version privée de Gainsbourg de Sous le soleil exactement. Yan Céh www.colette.fr 1.06.2011 les inrockuptibles 81

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Prefuse 73 The Only She Chapters Warp/Discograph Malgré des invités de rêve, une réception assez soporifique. Dans le genre harem musical, le septième album de Guillermo Scott Herren, alias Prefuse 73, se pose là, avec ses contributions de feue Trish Keenan (Broadcast), de Shara Worden (My Brightest Diamond) ou encore de Zola Jesus. De grandes dames malheureusement réduites à de simples produits d’appel. A mi-chemin entre le mix pour boutique bobo-zen et le manuel du petit bruitiste, The Only She Chapters produit, avec ses gratouillis métalliques et ses structures hyalines, l’effet de 73 infusions de fleurs d’oranger. Avis aux insomniaques. Benjamin Mialot www.prefuse73.com

Dirty Beaches Badlands Zoo, en import Un Montréalais enfumé chasse le dragon entre Lynch et Suicide : noir et beau. ’est dans des catacombes suintantes d’airs visqueux que le Taïwanais de naissance et néoMontréalais Alex Zhang Hungtai est allé chercher l’esthétique obsédante et les atmosphères viciées et vicieuses de son premier album. Fils naturel de Suicide et de l’enfer, de David Lynch et de l’opium, il évoque Chris Isaak qui aurait fini par doubler le dragon à force de le chasser. Crooner des enfers, Dirty Beaches a fait son album comme une BO. Celle d’un film si noir qu’on n’en distingue plus qu’un détail : la frousse. A ce rock au sang d’encre empoisonnée, on ne confierait ainsi pas notre mère, ni notre sœur : qu’il éructe comme le diable en personne, comme Jerry Lee Lewis ou Jon Spencer, qu’il se drape dans les innocences 50’s-60’s pour se plonger sans délai dans un acide sulfureux (la magnifique True Blue, Lord Knows Best), Badlands est un objet sexuel, sale et méchant. Il est surtout, c’est son paradoxe, un disque d’une immense beauté. Noire. T. B.

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www.myspace.com/dirtybeaches En écoute sur lesinrocks.com avec

Bored Man Overboard Rogue Hazelwood/Differ-ant

Wagon Christ Toomorrow Ninja Tune/Pias

Joli retour de l’Anglais, fidèle à ses turbulents cocktails électroniqués. Beats made in ghetto, cuivres afro, cris de singes, bleeps en forme de bulles : aucun doute possible à l’écoute de Toomorrow, c’est du Luke Vibert en mode Wagon Christ. Il faut dire que le son de ce producteur britannique n’a pas bougé depuis quinze ans. Pas un problème : même paresseuse, sa façon d’embrasser d’un même mouvement l’electronica enfantine de Bruce Haack et l’abstract hip-hop anaxagorien (“rien ne naît ni ne périt…”) de DJ Shadow est plus excitante que n’importe quelle galoche house post-an 2000. B. M.

Depuis Stockholm, une vaste fanfare mélancolique et fiévreuse : poison. Le label s’appelle Hazelwood, comme dans Lee Hazlewood, légende disparue d’un rock à voix d’abysse et mélancolie crampon. Les Suédois multiples de Bored Man Overboard n’avaient donc d’autres choix que ce chant grave, éraflé, amoché – on est même surpris qu’une voix qui semble dire une vie bien remplie, peut-être même déjà vidée, vienne d’un aussi jeune homme. Orfèvres en folk-rock haletant, alternant tension et bucolisme en un coup d’archet ou une dégringolade de piano, ils n’ont visiblement eu d’oreilles que pour une certaine Amérique, maussade en façade mais riche en frissons et en chaleur – ils évoquent ainsi constamment The National dans leurs moments les plus sobres, Arcade Fire quand, tous instruments ligués, en ligne, ils invoquent la tempête. Du rock épique, épique (et colégram). JD Beauvallet www.myspace.com/boredmanoverboard

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Mondkopf Rising Doom Fool House/La Baleine Retour d’un génie trop méconnu de l’electro française, avec un album sombre et plus brutal. Immense. epuis toujours, sont cauchemardesques, un ouragan magnétique, Mondkopf les mélodies inquiétantes, plongé dans une tempête impressionne. les beats plus durs, les intime, vu des monstres En belle apesanteur morceaux des uppercuts à l’ouvrage, nagé dans et tout en douceur, au bide. Entre sauvagerie un océan de sang ; comme le Pariso-Toulousain et technologie, organique s’il avait voulu massacrer Paul Régimbeau avait, et électronique, entre monts le concept de caresse en 2009, fait planer lovecraftiens et merveilles pour s’intéresser de plus quelques âmes avec atrabilaires, Rising Doom près à celui de claque dans le précédent et splendide a la beauté des frayeurs la gueule. Galaxy of Nowhere. obscures. La lumière, Ceux qui ont Machines perdues entre pourtant, est là. Mais elle dernièrement vu Mondkopf la ouate et les chardons, est noire. Elle est celle, sur scène, ceux qui se sont science du rêve en bits penchés sur ses maxis plus lointaine, que l’on entrevoit tordus, ce garçon avait quand on se retrouve ahuri récents, le savent déjà : déjà accès à des au milieu d’un effrayant Rising Doom risque de stratosphères que seuls tunnel. Un tunnel dont réveiller en fameux sursaut quelques rares oiseaux on ne veut, en aucun cas, ceux qui songeaient encore pouvaient toucher sortir. Thomas Burgel dans les atmosphères des ailes : Air, Brian Eno, vaporeuses de Galaxy of d’autres encore que Nowhere. Les portes www.myspace.com/ l’ornithologie n’avait pas de l’enfer ne s’ouvrent pas mondkopfonthemoon En écoute sur lesinrocks.com encore classifiés. encore mais Rising Doom, avec En deux années, quelques inspiré par les extrémistes excellents maxis puis ce du metal, porte bien Rising Doom, les paysages son nom. explorés et dessinés par Car si la grande beauté le bonhomme, l’un des plus n’a pas déserté Mondkopf, doués de l’ère, ont pourtant elle a changé de monde, changé. Beaucoup changé. est passée du côté sombre Comme s’il avait traversé de l’existence. Les rêves

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CocknBullKid Asthma Attack Moshi Moshi, en import Combien de singles de cette classe avant que la Londonienne soit star ? epuis un premier single, anonymat. Pas étonnant si, amoureusement produit pastichant LCD Soundsystem, elle par les champions susurre aujourd’hui “London I love de Metronomy, on est you but you are bringing me down” amoureux de la pop douce-amère (“Londres, je t’aime mais tu me de la Londonienne CocknBullKid, déprimes”), sur une des chansons qui revendique sans le moindre à la mélancolie sautillante que goût de l’oxymore, et preuves à ne sont plus capables d’imaginer l’appui, les influences conjuguées les Pet Shop Boys. Asthma Attack ? des Smiths et de Madonna. Ventoline pour tous, avec des Elle est en Angleterre une des plus poppers dans l’inhalateur. JD Beauvallet excitantes rénovatrices de la pop-music – et demeure pourtant www.cocknbullkid.com confinée dans un scandaleux

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Battles Wall Street Alors que le deuxième album du groupe, Gloss Drop, vient enfin d’arriver dans les bacs, on découvre avec joie, les yeux pleins d’étoiles, le concert à emporter tourné dans l’hôtel de ville parisien que La Blogothèque a consacré aux anguleux, furieux et passionnants Américains. www.lablogotheque.net

Arcade Fire Speaking in Tongues Prévu sur la version deluxe de The Suburbs, cet inédit des Canadiens, avec David Byrne en backing vocals (le titre était celui d’un album des Talking Heads), a été diffusé par le DJ britannique Zane Low sur la BBC en exclusivité. soundcloud.com

Puro Instinct Can’t Take You Anywhere Pour ceux qui n’ont pas encore succombé au charme tordu des deux Californiennes, le site Daytrotter offre une bien belle occasion de se rattraper sous la forme d’une session téléchargeable gratuitement. Pur bonheur. www.daytrotter.com

Hélène Bozzi

Frank Williams And The Ghost Dance Mars Above Un quintet parisien influencé par le blues de Robert Johnson et le rock des Pixies : les voix masculines et féminines s’entremêlent au son des guitares électriques, des batteries claquées et d’une electro sobre et discrète. On pense à Pulp pour les mélodies alors que la rythmique rappelle les turbulences de We Are Scientists. www.lesinrockslab.com/frank-williams-and-the-ghost-dance

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Dès cette semaine

4 Guys From The Future 10/6 Paris, Flèche d’Or Arcade Fire 28/6 Paris, Zénith Art Rock Du 9 au 12/6 à Saint-Brieuc, avec The Hives, Yell, The Joy Formidable, Klaxons, Florent Marchet, etc. Avi Buffalo 8/7 Paris, Flèche d’Or BBK Live Du 7 au 9/7 à Bilbao, avec Coldplay, Crystal Castles, Amy Winehouse, Kasabian, Kaiser Chiefs, The Chemical Brothers, !!!, Blondie, Beady Eye, TV On The Radio, etc. Beirut 12/9 Paris, Olympia Bombay Bicycle Club 14/6 Paris, Flèche d’or Bright Eyes 22/6 Paris, Alhambra Cascadeur 11/6 Montereau Cat Power 3/7 Paris, Cité de la Musique Charlélie Couture 10 & 11/6 Paris, Casino de Paris Chilly Gonzales 6/6 Paris, Cigale

Clap Your Hands Say Yeah Alors qu’on les croyait au bord du split, les Américains fêteront leur grand retour à Paris le jour de la sortie de leur troisième album, Hysterical. 12/9 Paris, Maroquinerie Cloud Control 17/6 Paris, Flèche d’Or CocoRosie 27/8 Saint-Cloud Congotronics vs Rockers 9/7 Paris, Bataclan,

avec Deerhoof, Konono n° 1, Kasaï, Juana Molina, etc. Custom juin 16/6 Paris, Nouveau Casino, avec Cage The Elephant, Tribes et Life In Film Da Brasilians 11/6 SaintLaurent-deCuves, 14/6 Paris, Point Ephémère, 21/6 Lorient, 2/7 Caen, 14/7 Les Sablesd’olonne, 15/7 SaintBrévin-les-Pins, 21/7 Blois Debademba 15/6 Paris, New Morning Dengue Fever 27/6 Paris, Boule Noire The Divine Comedy 17/6 Paris, Théâtre de la Ville Eels 4 & 5/7 Paris, Bataclan Electrelane 22/7 Paris, Glazart Eurockéennes de Belfort Du 1er au 3/7 à Belfort, avec Arcade Fire, Beady Eye, Beth Ditto, Arctic Monkeys, Motörhead, House Of Pain, Katerine, Anna Calvi, etc. Festival Au Foin de la Rue 1 & 2/7 à Saint-Denisde-Gastines, avec Tiken Jah Fakoly, Yael Naim, Jaqee, The Qemists, etc. Festival Beauregard Du 1er au 3/7 à HérouvilleSaint-Clair, avec Motörhead, The Kooks, Kasabian, Anna Calvi, Katerine, Cold War Kids, Agnes Obel, Eels, The Ting

Tings, Two Door Cinema Club, etc. Festival Cabaret vert Du 26 au 28/8 à CharlevilleMézières, avec The Bewitched Hands, The Rapture, Vitalic, The Shoes, Lilly Wood & The Prick, Selah Sue, etc. Festival Days off Du 30/6 au 10/7 à Paris, Cité de la Musique, avec Fleet Foxes, Cat Power, Peter von Poehl, I’m From Barcelona, etc. Festival Papillons de nuit Du 10 au 12/6 à Saint-Laurentde-Cuves, avec Beady Eye, Aloe Blacc, Kaiser Chiefs, Klaxons, etc. Arnaud Fleurent-Didier 7/7, Paris, Bouffes du Nord Les Francofolies Du 12 au 16/7 à La Rochelle, avec Cocoon, The Dø, Yelle, Katerine, Asa, etc. French Horn Rebellion 4/6 Paris, Java Le Grand Souk all VIP Du 21 au 23/7 à Ribérac, avec Two Door Cinema Club, Katerine, Bewitched Hands, Tahiti 80, Violens, etc. The Go! Team 24/6 Paris, Hippodrome de Longchamp Inrocks Indie Club juin 17/6 Paris, Flèche d’Or, avec Abe Vigoda, Cloud Control & Her Magic Wand Inrocks Lab Party juin 15/6 Paris, Flèche d’Or Is Tropical 8/6 Paris, Point Ephémère Jehro 10/10 Paris, Cigale Jay Jay Johanson 6/10 Nancy, 17/11 Lille, 18/11 Caen, 21/11 Paris,

Nouvelles locations

Trianon, 22/11 Lyon, 23/11 Toulouse, 25/11 Montpellier, 26/11 Marseille Kasabian 1/7 HérouvilleSaint-Clair Mamani Keita 10/6 Paris, Maroquinerie Kocani Orkestar 1/6 Brest The Kooks 7/6 Paris, Cigale The Lanskies 11/6 SaintLaurentde-Cuves, 24/6 Dunkerque, 25/6 Béthune, 12/7 Viervillesur-Mer, 16/7 Bôle (Sui.), 23/7 Briouze Emily Loizeau & Brad Barr 17/6 à Paris, Auditorium du Louvre Lykke Li 23/6 Paris, Cigale Main Square Festival Du 1 au 3/7 Arras, avec Coldplay, Linkin Park, Arcade Fire, Portishead, The Chemical Brothers, PJ Harvey, Elbow, etc. Florent Marchet 4/6 Saint-Denisde-Pile, 23/7 Bournezeau, 24/9 Seclin, 7/10 Franconville, 13/10 Illkirch, 2/11 Paris, Casino de Paris Metronomy 4/7 Calvi, 5/7 Paris, Cité de la Musique, 6/7 Nîmes, 7/7 Orléans, 21/7 Biarritz, 5/10 Dijon, 6/10 Caen, 7/10 Lille, 8/10 Reims, 8/11 Lyon, 9/11 Montpellier, 10/11 Paris, Olympia, 11/11 Amiens, 12/11 Nantes, 13/11 ClermontFerrand Mogwai 4/7 Paris, Folies-Bergère Nasser 3/6 Val-de-Reuil, 25/6 Paris, Hippodrome de Longchamp, 3/7 Belfort, 9/7 SaintAmbroix,

15/7 Carpentras, 16/7 Carhaix, 20/7 Nyon Les Nuits de Fourvière Du 7/6 au 30/7 à Lyon, avec Arctic Monkeys, Catherine Ringer, Beirut, Lou Reed, Two Door Cinema Club, Agnès Obel, Tame Impala, etc. Les Nuits sonores du 1 au 5/6 à Lyon, avec Battles, DJ Shadow, The Sonics, Crystal Stilts, Brodinsky, etc. Agnes Obel 4, 5 et 6/7 Paris, Bouffes du Nord, 2/11 Paris, Casino de Paris Orwell 1/6 Paris, Sentier des Halles The Pains Of Being Pure At Heart 16/6 Paris, Flèche d’Or Planningtorock (+ Tom Vek) 22/6 Paris, Flèche d’Or The Rapture 27/8 CharlevilleMézières, 5/9 Paris, Maroquinerie Le Rock dans tous ses états 24 & 25/6 à Evreux, avec Tiken Jah Fakoly, Razorlight, The Inspector Cluzo & Mates, Young Fathers, etc. Rock en Seine Du 26 au 28/8 à Saint-Cloud, avec Interpol, Foo Fighters, Arctic Monkeys, The Kills, Blonde Redhead, Herman Dune, Cage The Elephant, Anna Calvi, Miles Kane, The Vaccines, CocoRosie, etc. Rodeo Massacre 7/6 Paris, Favela Chic La Route du rock Du 12 au 14/8 à Saint-Malo, avec The Kills, Fleet Foxes, Blonde Redhead, Mogwai, Battles, Electrelane, Crocodiles, Cat’s Eyes, etc.

En location

Saint-Denis Métis Du 5/5 au 24/6 en Seine-SaintDenis, avec Grand Corps Malade, Gotan Project, Simon Bolivar String Quartet, etc. Sakifo Musik Festival Du 10 au 12/6 à La Réunion, avec Chapelier Fou, Yodelice, Stromae, Les Wampas, etc. Selfish Cunt 1/6 Paris, Gaîté Lyrique The Sonics 3/6 La Rochelle Sound Of Rum 11/6 Paris, Flèche d’or The Strokes 20/7 Paris, Zénith Stupeflip 1/6 Saint-Etienne, 8/6 Tours Success 17/6 Québriac, 18/6 Dinnard, 24/6 Angers, 1/7 Châteauroux, 2/7 Bobital, 9/7 Guéret, 27/8 Bréalsous-Montfort Tamikrest 22/6 Paris, Point Ephémère The Toxic Avenger 1/6 Lille, 11/6 Tours, 24/6 Evreux, 25/6 Paris, Hippodrome de Longchamps, 3/7 Aix-enProvence, 16/7 Villefranchesur-Mer, 29/7 Brest, 30/7 Domaize, 29/9 Paris, Cigale Erik Truffaz 4/11 Paris, Trianon Tune Yard 2/6 Paris, Café de la Danse, 11/6 Saint-Brieuc TV On The Radio 13/7 à Paris, Olympia Villette Sonique 1/6 à Paris, avec Current 93, Comus, Mathias Aguayo, Pilooski, Applebin et Rebolledo. Wu Lyf 29/6 Paris, Point Ephémère Wu-Tang Clan 2/6 Nice

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pour les frères Bogdanov, l’inspiration est ailleurs

worst-of “Mais les chênes, eux, savent aller jusqu’au bout des choses.” (La Mémoire double) “Par les couilles du Christ, j’avais dit que je voulais voir mes artistes préférés après la messe, pute borgne de trou du cul du Tout-Puissant, pour qu’ils m’apportent calme et beauté.” (Charly 9) “Parce que voir ma mère souffrir m’a fait comprendre que pour un homme, aimer, c’est cueillir la beauté d’une femme, la mettre sous serre, pour qu’elle s’y sente à l’abri et la chérir… jusqu’à ce que le temps la fane…” (L’Etrange Voyage de Monsieur Daldry)

la mécanique des blockbusters Ils débarquent dans les librairies et bientôt sur les plages. Ecrire un best-seller, ce n’est pas difficile et ça peut rapporter gros. Mode d’emploi, exemples à l’appui.

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t si c’était vrai ?… Et si, comme Marc Levy ou Jean Teulé, nous pouvions nous aussi décrocher le pactole en publiant de mauvais livres, squatter le classement des meilleures ventes pendant des mois et croire que cela fait de nous un écrivain ? A la lecture de ces quelques lignes, on pourrait soupçonner le critique aigri – forcément aigri – de se venger bassement de ceux qui ont réussi là où il a échoué. Ce serait faire fausse route. Il faut

au contraire considérer cet article comme celui d’un ami qui vous veut du bien et qui souhaite vous aider à faire fortune en révélant les secrets de fabrication d’un best-seller (secrets mis au jour grâce à la méthode préconisée dans Comment je suis devenu un écrivain célèbre de Steve Hely). Suivez les conseils prodigués ici, et vous serez peut-être le prochain Guillaume Musso. Avouez que ça fait rêver… Avant toute chose, il est impératif de respecter une règle essentielle : le héros

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“cette peau n’avait plus de limite”, l’érotisme champêtre des jumeaux de “Temps X” non plus d’un best-seller est toujours un homme ou une femme seul(e) contre tous, ainsi que nous l’enseignent les récents mastodontes de l’édition. Seul contre un affreux psychopathe nécrophile comme 007 dans Carte blanche, le nouveau James Bond signé Jeffery Deaver. Seul contre des forces obscures, comme Antoine Dirac dans La Mémoire double, le roman “culte” des frères Bogdanov publié pour la première fois en 1984, plagié par Matrix (comme ils le clament dans l’hallucinante préface du livre) et réédité aujourd’hui. Seul contre les triades chinoises (Les Neuf Dragons de Michael Connelly) ou encore, seul face à sa destinée telle Alice, l’héroïne de L’Etrange Voyage de Monsieur Daldry, le dernier Marc Levy. Ensuite, libre à vous de projeter votre personnage dans la campagne tourangelle, le Missouri profond ou le Paris des sixties, l’important, c’est de faire au-then-tique. Prenez exemple sur Igor et Grichka, les jumeaux interstellaires. L’histoire de La Mémoire double, subtil mélange de Matrix, Jacquou le croquant et le dessin animé Georgie, se déroule dans une ferme gasconne à la fin des années 40. Du coup, les personnages moissonnent toutes les deux pages, font “chabrot “ et parlent patois. Idem dans Charly 9. Jean Teulé tente d’amuser la galerie avec une farce indigeste autour des massacres de la Saint-Barthélemy (sujet fendard s’il en est). Pour faire plus XVIe siècle, Teulé sature son texte de fraises et de collerettes, d’interjections d’une truculence qui se veut rabelaisienne – “crétin fécal”, “par la chiasse de la Vierge”… – et rimaille à tout-va, osant d’audacieuses associations comme “Pléiade” et “salade”. Quel fieffé faquin ce Jeannot. Sans aller jusqu’à prétendre que l’auteur de best-sellers a tendance à prendre son lecteur pour un abruti au QI négatif, il faut reconnaître qu’il s’évertue à faire preuve d’une grande pédagogie afin de rendre son propos parfaitement limpide. Jeffery Deaver, qui a reçu l’insigne honneur de succéder à Ian Fleming, obtient sans conteste le premier prix d’écriture didactique. Exemple : “Il y eut un silence, puis le réceptionniste répondit : – C’est un township.” Ligne suivante, au cas où on aurait mal compris : “Un bidonville, d’après ce que James Bond avait lu sur les documents transmis par Bheka Jordan.” Mais comment ne pas prendre son lecteur pour un con quand même les mecs du MI6 se révèlent pas bien fute-fute ? James et ses collègues mettent ainsi un certain temps à comprendre que le mystérieux “projet Gehenna” a peut-être un rapport avec

la Bible, voire avec le Mal, et qu’il s’agit d’un truc potentiellement dangereux. Mais attention, se montrer pédago ne signifie pas renoncer à la fantaisie ou aux sentiments. Votre héros-seul-contretous-dans-un-décor-authentique n’en est pas moins un homme ou une femme, avec un cœur qui bat. James Bond ne peut résister aux charmes de Felicity quand elle tourne les talons “telle une lionne prête à fondre sur un troupeau de gazelles.” Dans La Mémoire double, Antoine, malgré ses problèmes angoissants de numéro de Sécurité sociale (le cœur de l’intrigue bogdanovienne), trouve le temps de folâtrer avec Juliette : “(…) il laissa ses doigts remonter le long de ses cuisses dont la chair se contractait, chaude et légèrement moite. Cette peau n’avait plus de limite.” L’érotisme champêtre des jumeaux de Temps X non plus. Et qui connaît mieux l’amour et ses atermoiements que Marc Levy qui, une fois de plus, nous offre une belle leçon de vie : à quoi bon parcourir le monde pour trouver l’âme sœur alors qu’elle vit sur le même palier ? “Affronte tes peurs, écoute ton cœur.” On imagine très bien cette exhortation inscrite en lettres rouges sur l’affiche du film qui sera, à coup sûr, tiré de L’Etrange Voyage de Monsieur Daldry, avec Audrey Tautou minaudant face au Bosphore. Car il faut toujours penser en termes d’adaptation ciné, quitte à trousser son livre comme un scénario, en le truffant de dialogues. Sur ce plan, les Américains sont les plus forts, et John Grisham remporte la palme. L’Affaire Pélican, La Firme…, nombre de ses romans ont déjà été portés à l’écran. La Confession, l’histoire d’un pasteur qui se bat pour sauver un condamné à mort, devrait compléter la liste. Matt Damon sera impeccable dans le rôle du révérend aux prises avec un tueur manipulateur qu’on verrait bien incarné par Steve Buscemi. Il faudrait qu’on en parle à John. En tout cas, vous avez désormais toutes les cartes en mains pour écrire un livre qui vous rapportera des millions. On ne vous demandera qu’un faible pourcentage sur vos droits d’auteur, en guise de remerciement. Elisabeth Philippe L’Etrange Voyage de Monsieur Daldry de Marc Levy (Robert Laffont), 432 p., 21 € Charly 9 de Jean Teulé (Julliard), 200 p., 19 € La Mémoire double d’Igor et Grichka Bogdanov (Robert Laffont), 420 p., 21 € Carte blanche de Jeffery Deaver (Flammarion), 2 1 € La Confession de John Grisham (Robert Laffont), 506 p., 21 €

en marge

têtes de gondole Ils sont nuls mais squattent les deux premières places des meilleures ventes depuis des semaines. Pourquoi ? Ne pas se fier à leurs airs débonnaires de Dupont et Dupond de l’industrie littéraire. Marc Levy et Guillaume Musso sont de vrais parrains. Don Corleone régnait sur le syndicat du crime ; ils ont la mainmise sur le marché du livre. Cette année encore, les faux frères du best-seller squattent les premières places des meilleures ventes. Leur secret : une came bon marché, un shoot de guimauve dans un monde de brutes. Ainsi, dans L’Appel de l’ange, Guillaume Musso met ces mots dans la bouche de Madeline, son héroïne : “Autour de nous, tout était précaire, fragile, vacillant.” Avec cette histoire d’échanges de téléphones portables, saturée de smileys et de textos, Musso invente la formule du roman “trois en un” : comédie romantique, thriller et dictionnaire des citations (de Verlaine à Claudie Gallay, en passant par Boris Cyrulnik). Un procédé efficace pour s’assurer que son lecteur n’ira pas voir ailleurs. Dealers attentionnés, trafiquants d’un opium du peuple soft, Levy et Musso fournissent régulièrement leur dose à des lecteurs accros aux jolies histoires avec happy end. Dans le pays qui détient le record de consommation d’antidépresseurs, leurs bluettes jouent le même rôle qu’un tranquillisant, et leur prose lénifiante se révèle plus efficace qu’une plaquette de Stilnox. Tonnes de dialogues dans des textes en forme de scénarios : zéro littérature, faut quand même pas ennuyer le lecteur. Surtout, le “message” fait office de puissant sédatif. Levy et Musso entretiennent le lecteur dans l’idée que le bonheur est toujours le fruit du hasard ou d’une rencontre providentielle. Partant, ils le maintiennent dans une passivité stérile et lui inoculent ce mal insidieux connu sous le nom de bovarysme : une fuite illusoire dans le romanesque.

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Andrew Porter La Théorie de la lumière et de la matière

Donatella Giagnori/Eidon/Maxppp

Editions de l’Olivier, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par France Camus-Pichon, 216 pages, 20 €

Gloria et les lubriques Une gamine sexy bouleverse la vie d’une poignée d’adultes vieillissants : dans Vengeances, Philippe Djian montre une génération bousillée par ses aînés.

 D

ifficile de lire le nouveau Philippe Djian sans penser à l’affaire DSK : hommes vieillissants, désir frustré, jeune fille sans défense... et tout ça se terminera mal – pour la fille, s’entend. La gamine paumée et sexy qui débarque chez Marc, peintre quinqua et nouvellement séparé de sa seconde femme, fut la fiancée de son fils suicidé, Alexandre. Si Gloria a les allures cool et trash d’une Betty Blue, Vengeances ressemble à un 37°2 le matin dont tous les protagonistes auraient pris un sacré coup de vieux et ne feraient plus que tourner en rond, gavés d’alcool et de coke (Djian a lu Ellis), sans plus trop savoir quoi faire de leur corps, vie, désir. Jusqu’au moment où le sexe reviendra tout dérégler, personnifié par la jeune fille… Comment l’évacuer, d’ailleurs, ce désir inconscient (ou trop conscient ?) pas très net de l’homme mûr pour les nymphettes, qui hantait déjà le dernier Djian ? L’écrivain a trouvé : en éliminant l’objet du désir (la fille) et la pulsion sexuelle, incarnée ici dans le vieil ami du protagoniste, qui ne bande plus pour sa femme – regard misogyne sur la femme vieillissante (comprendre, plus assez désirable chez Djian) qui, en plus, se ridiculise à s’offrir à un Marc qui n’en veut plus non plus – et harcèle la jolie Gloria, jusqu’à être soupçonné de son viol à la fin.

enfer du vieillissement, du renoncement, de la mort des illusions

Fin d’ailleurs bâclée qui nous restera en travers de la gorge : tout ça... pour ça ? C’est qu’à force d’avoir construit ces romans comme des thrillers avec menace planante tout du long, Djian nous a fait miroiter une résolution finale qui expliquerait tout. Au fond, peu lui importe : l’auteur prend d’abord soin de construire méticuleusement tous les cercles de cet enfer, coinçant ses personnages dans une répétition sans fin des mêmes beuveries désespérées, incapacités à jouir, parties sexuelles tristes : enfer du vieillissement, du renoncement, de la mort des illusions. Même si les points de vue diffèrent comme dans un film où la caméra serait toujours placée différemment, renvoyant un autre aspect de la même scène, il n’y aura nulle échappatoire dans Vengeances. Et si la fin déçoit, le début transporte : à travers le suicide du fils de Marc, c’est au malheur de toute une jeunesse bousillée par les pathologies et les complaisances de leurs parents que Djian consacre ses meilleures pages. “Les plus atteints étaient les jeunes, sans nul doute, ceux qui avaient une vingtaine d’années. Environ. Il suffisait de les regarder. Je l’avais réellement compris lors d’une petite réception chez nos voisins, quelques jours avant Noël. Lorsque mon fils de 18 ans, Alexandre, avait médusé, puis terrifié l’assistance en se tirant froidement une balle dans la tête. En s’effondrant sur le buffet.” Si ça, ça n’est pas du début... Dommage que le reste soit plus inégal. Nelly Kaprièlian Vengeances (Gallimard), 208 pages, 17,50 €, en librairie le 6 juin

Un beau recueil de nouvelles qui dépeint avec subtilité les fêlures de l’Amérique ordinaire. Un couple qui accueille un étudiant étranger pour meubler sa solitude ; une étudiante en physique entichée de son prof ; deux lycéens fascinés par une communauté d’Amish… Rien de narrativement très spectaculaire, dans ce premier recueil de l’Américain Andrew Porter, mais une attention appliquée aux secrets enjeux des vies. Entre Los Angeles, Houston ou les banlieues du Connecticut, dix nouvelles, toutes écrites à la première personne, tournent autour des thèmes du désir (sa naissance) et du couple (son érosion), des différents liens au sein d’une famille : nature du regard d’un fils sur son père toujours en voyage, honte d’un adolescent face à un frère au comportement déviant. En parfait héritier de John Cheever, Porter, prof quadra installé au Texas, dépeint une classe moyenne tendance intello en proie au doute et à la peur du regret, sublimée comme il se doit en littérature du non-dit. La Théorie de la lumière et de la matière trouve le ton juste à travers une dramaturgie ténue, une écriture tranquille au parfum doux-amer, qui sait aussi libérer son quota de violence insolite : au cours d’une fête où un étudiant est poignardé par son petit ami jaloux, ou encore, dans une première nouvelle saisissante intitulée “Trou”, la chute mortelle d’un gamin dans une bouche d’égout. Emily Barnett

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Philippe Matsas

l’attrait de l’abîme A partir d’un scandale pédophile, l’écrivain italien Antonio Scurati déconstruit la fascination qu’exercent les faits divers. Un roman puissant et nihiliste. e meurtre d’Edouard Stern, l’affaire Il déconstruit également la mécanique Dupont de Ligonnès, le scandale d’emballement que génère le fait divers, DSK. Ces histoires révulsent, spirale incontrôlable de rumeurs, hystérie terrifient et fascinent. Parce qu’ils collective, théories du complot : “Dès font basculer le réel du côté de la fiction, lors, quoi que vous disiez, la suggestion les faits divers offrent aux écrivains un collective d’une abjection morale universelle condensé de passions humaines à triturer, supposée s’élargirait de toute façon en ondes une matière première à façonner en objet concentriques à partir d’un centre vide.” littéraire. La littérature a toujours puisé Et c’est vers ce centre, ce trou noir, dans ce creuset à la fois fangeux et sublime. que tend tout le roman. Scurati, qui s’est Avec son deuxième roman, L’enfant qui rêvait inspiré de plusieurs histoires vraies, de la fin du monde, l’écrivain et journaliste livre une réflexion abrupte et perturbante, italien Antonio Scurati, auteur d’essais sur presque nihiliste, sur l’attrait irrépressible la violence, s’expose lui aussi à “la splendeur suscité par l’horreur. Selon lui, sinistre du fait divers”. “l’exemplarité supposée de la tragédie”, avec En 2007, Bergame devient le théâtre son pouvoir cathartique, n’est qu’un alibi d’un scandale pédophile, impliquant à la pour expliquer cette fascination. “Si ces fois des ecclésiastiques et des institutrices. faits à première vue sanglants et éphémères, Le narrateur, un universitaire qui collabore hypnotiques mais vides de tout sens et ponctuellement à La Stampa, s’y retrouve de tout avenir, le restaient à un deuxième mêlé malgré lui. Puissant, profondément examen, à un troisième, à un quatrième, troublant, le livre de Scurati se lit comme et pour les siècles des siècles ?” L’attrait un thriller philosophique et politique, hanté du vide, jusqu’au vertige. Elisabeth Philippe par des images sacrificielles : les pigeons abattus par la grêle, un chat amputé, L’enfant qui rêvait de la fin du monde les taches de sang sur le linge de corps (Flammarion), traduit de l’italien par Dominique Vittoz, 302 pages, 21€ d’une fillette. A travers ce récit aux confins du sordide et du voyeurisme, l’auteur, qui use et abuse de la métaphore de la peste, fait le tableau, sombre, de l’Italie contemporaine, gangrenée par un racisme rampant, nécrosée par la violence sexuelle : prostitution encadrée par les élites du pays, machisme viscéral, pédophilie…

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les mots des hommes Notre collaboratrice, Nelly Kaprièlian, a été choquée par les réactions à l’affaire Strauss-Kahn. Elle livre ici son opinion.

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l paraît que ce sont les vainqueurs qui écrivent l’histoire, comprenez : des hommes, blancs, aisés, puissants. Plus de deux semaines après le début de “l’affaire DSK”, on peut constater qu’au vu du vocabulaire employé par la presse ce sont encore eux qui ont sévi. Normal, jetez un œil sur les ours des quotidiens et magazines français : peu, voire pas du tout de femmes à leurs

directions. On ne s’étonnera pas que la narration médiatique du présumé crime sexuel perpétré par DSK ait fini par susciter l’indignation des féministes. Ou plutôt si, on s’en est étonné jusqu’à l’écœurement : en 2011, on en est donc encore là ? Car le plus intéressant, le plus effrayant aussi dans cette affaire, c’est qu’elle aura été le formidable révélateur de faits jusqu’alors

enfouis sous des apparences policées, civilisées : lutte des classes et inégalités entre les sexes seraient toujours, plus que jamais, d’actualité. D’abord il y a eu l’obscénité du mot “ami” : les “amis” de DSK, dont Robert Badinter, Jean-François Kahn, BHL, Jack Lang, ont tous volé au secours de leur “ami”, révélant ainsi un niveau de connivence que tous se seraient empressés de dénoncer chez Nicolas Sarkozy. On se souviendra longtemps de l’ardeur de certains d’entre eux à minimiser le présumé crime sexuel de leur “ami” à coups de “troussage de domestique” (Jean-François Kahn, qui a eu l’élégance de s’excuser) et “il n’y a pas mort d’homme” (Jack Lang). Ce qui fait le plus mal, c’est que cela vienne de la gauche, d’une intelligentsia de gauche qui semblait prête à sacrifier un peu vite une petite domestique guinéenne sur l’autel de ses privilèges. L’autre mot obscène aura été “courage” : celui supposé d’Anne Sinclair. Ex-célébrité du petit écran mais surtout richissime, Sinclair aurait passé vingt ans à avoir le bon goût de tourner la tête dès que les agissements de son mari ne l’arrangeaient pas. Dans le langage masculin, ça rime donc avec “courage” et “dignité” : bref, une femme “extraordinaire”… Et si on s’interrogeait sur ce type d’attitude ? Il n’est évidemment pas question de juger ici la vie privée d’Anne Sinclair, sans doute plus complexe

que cela, mais d’interroger le préjugé selon lequel une femme trompée, qui reste aux côtés de son mari envers et contre tout, serait un parangon du “courage”. S’il y a des mots qui dérangent, il y en a d’autres qui gênent par leur absence. Si journalistes et proches de DSK connaissaient ses tendances à la consommation sexuelle compulsive, aucun ne l’aura taxé de “nymphomane” : un terme humiliant strictement réservé aux femmes, que la presse aurait aussitôt appliqué à Ségolène Royal ou Martine Aubry si elles avaient eu le même problème, détruisant à jamais leurs carrières politiques. Mais DSK est un “séducteur”… comme si c’était mieux. Et personne de préciser qu’un homme marié qui “séduit” est capable de tous les mensonges (“Oui, je suis marié, mais au fond, pas vraiment”) pour mettre une fille dans son lit. Comment, dès lors, avoir confiance en un homme ainsi rompu à l’art de la manipulation et de l’abus des autres ? Conclusion : un homme blanc, puissant, qui aurait agressé une femme de chambre noire ; sa femme riche qui finance sa carrière et fermerait les yeux sur ses incartades par ambition ; une amicale de puissants qui les soutiennent – c’est ainsi que s’est racontée l’affaire DSK, bafouant toutes nos certitudes : quand la gauche s’est mise à ressembler à la droite. Et le XXIe siècle, au XIXe… Nelly Kaprièlian

la 4e dimension des auteurs sans voix

Amazon à l’eau de rose

Pendant son e-G8, Nicolas Sarkozy s’est de nouveau déclaré très attaché au droit d’auteur. Pourtant, pas un seul auteur n’était invité à participer aux débats. Seul l’éditeur Antoine Gallimard était là pour représenter le monde du livre, lors d’une table ronde sur la propriété intellectuelle à l’ère numérique.

Le site se lance dans l’édition de romans sentimentaux avec une collection baptisée “Montlake Romance”. Une histoire de cœur, mais surtout de gros sous : le genre romantique connaît la croissance la plus rapide au format numérique.

hommage rance à Muray A la rentrée paraîtra un livre hommage au penseur réac Philippe Muray (Editions du Cerf), redevenu tendance ces derniers temps. Parmi les contributeurs, Fabrice Lucchini et un épigone zélé : Eric Zemmour. Au secours.

Flammarion (re)fait la loi L’éditeur a obtenu une évolution importante de la loi sur la liberté de la presse. Dans un procès pour diffamation qui lui était intenté, Flammarion ne pouvait produire de preuves pour se défendre parce que celles-ci remontaient à plus de dix ans. La maison a saisi le Conseil constitutionnel et fait sauter ce délai de prescription.

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Martin Suter Allmen et les libellules Christian Bourgois, traduit de l’allemand par Olivier Mannoni, 200 pages, 17 €

Réédition d’un chef-d’œuvre méconnu de la littérature US : ou la chronique d’un amour gâché dans le New York des années 50. l’époque où Capote, Williams ou Fitzgerald prennent Manhattan d’assaut, Alfred Hayes est installé à Rome, connu surtout comme scénariste du néoréalisme (Rossellini, De Sica). Publié en 1953, In Love n’en raconte pas moins les affres d’une idylle prise au piège de la grande ville : comment une jeune mère célibataire et un écrivain raté vont s’étreindre follement avant de se déchirer, rattrapés par leur égoïsme mutuel. Dans un New York à la Mad Men, Hayes ranime les années d’après-guerre, entre soif d’aventure sexuelle et libéralisation des mœurs. Mais aussi : la tentation permanente et la difficulté de s’engager. Le héros, à la fois volage et jaloux, rend compte de cette passion “illusoire” des années après, à travers un récit lucide et désenchanté, autocritique implacable d’un homme déjà à l’automne de sa vie. Radioscopie d’un amour raté, In Love offre aussi un bouleversant portrait de femme coincée entre une liberté nouvelle et des rêves tenaces d’accomplissement conjugal classique. Le narrateur la ressuscite en une image vivante et détaillée, de son épilation des sourcils au désordre de son intérieur – femme jolie, peureuse, désordonnée, piquante, superstitieuse, que la grande ville moderne a rendue inapte au bonheur.

Volet inaugural des enquêtes d’un jeune héritier désargenté. Premier tome d’une série policière de l’écrivain suisse Martin Suter, Allmen et les libellules met en scène un jeune héritier, cultivé et amateur d’art qui, après avoir dilapidé la fortune paternelle, tente de continuer à faire illusion auprès de ses connaissances et de ses créanciers. Il lui est en effet impensable et insupportable de devoir renoncer à vivre élégamment, en homme du monde. A court d’argent, il commet quelques petits larcins pour payer ses dettes, mais le vol d’une coupe Gallé va l’entraîner beaucoup plus loin que prévu, sur les traces d’un assassin. La trame d’Allmen et les libellules est un peu mince et plutôt classique pour Martin Suter, coutumier des récits plus complexes, plus étonnants. Mais comme toujours, on se laisse emporter par la clarté et la précision de sa langue, par son style fluide et évocateur, par son humour, son ironie, son sens de l’observation. Malgré la légèreté du contexte et de l’intrigue, il reste fidèle à son élégance et à ses passions (l’art, les collections, la cuisine et l’art de vivre…). Flanquant son héros de l’indispensable compagnon à tout faire – un fidèle serviteur, astucieux et peu loquace – et truffant son récit d’allusions choisies, de Somerset Maugham à Simenon, Martin Suter rend un hommage raffiné aux detective novels.

Emily Barnett

Anne-Claire Norot

Alfred Hayes In Love Stock, La Cosmopolite, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par André Bay, 180 pages, 17 €



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se penche sur le “pedigree” mercredi 1er On de Patrick Modiano en exhumant

à venir

les apparitions télévisuelles – rares donc précieuses – de l’auteur de Dora Bruder, notamment ses entretiens avec Bernard Pivot dans l’émission Apostrophes.

Eric Reinhardt Le Système Victoria (Stock)

13 h, Petit Palais, Paris VIIIe, www.petitpalais.paris.fr

traverse l’Amérique d’ouest jeudi 2 On en est avec L’Extravagant Voyage

vendredi 3

On transgresse les interdits à l’occasion du colloque “Autour de l’extrême littéraire”, qui se propose d’explorer cette notion dans les œuvres de Sade, Baudelaire, Mallarmé, Bataille, Céline ou encore Houellebecq, et ses implications linguistiques et métaphysiques. Ou comment les auteurs se confrontent aux limites du langage.

Catherine Hélie

du jeune et prodigieux T. S. Spivet, rocambolesque roman d’aventures qui sort aujourd’hui en poche (Le Livre de poche, 7,50 €), signé d’un jeune prodige des lettres US, Reif Larsen. Entre Mark Twain et Thomas Pynchon. Patrick Modiano

David Grossman Une femme fuyant l’annonce (Seuil) Cette femme qui “fuit l’annonce”, dans le nouveau roman de l’Israélien David Grossman, craint d’apprendre la mort de son fils. Le jeune homme, qui accomplit son service militaire, est envoyé vingt-huit jours dans une ville palestinienne et risque sa vie à tout moment. Pour éviter à tout prix que le message de sa mort ne lui soit délivré, elle décide de s’enfuir avec son amour d’enfance. Quelques semaines avant de remettre son manuscrit, l’auteur du Vent jaune perdait son fils cadet, Uri, tué par une roquette au cours d’affrontements avec le Liban. Sortie le 18 août

A partir de 9 h, University of London Insitute in Paris, Paris VIIe. Pour réserver, écrire à [email protected]

On enfile son plus beau smoking ou une délicate saharienne pour lire Saint Laurent, mauvais garçon. A partir de la légende que le créateur de mode aussi génial que dépressif s’était bâtie, Marie-Dominique Lelièvre a composé une biographie incisive qui paraît maintenant en poche (J’ai lu, 6,90 €).

samedi 4

prend la “last exit dimanche 5 On to Brooklyn” avec une émission radiophonique consacrée à Hubert Selby Jr., disparu en 2004. L’occasion de plonger dans l’univers de l’auteur de Requiem for a Dream, dont l’œuvre a fortement influencé Bret Easton Ellis.

Melvil Poupaud Quel est mon nom ? (Stock)

16 h, Une vie, une œuvre, France Culture

décrypte les nouveaux langages lundi 6 On avec la conférence intitulée “Parlez-vous l’HTML ?” organisée au Centre Pompidou (19 h, www.centrepompidou.fr), en se demandant de quelle poésie chaque jargon est porteur. Le langage, c’est aussi le lieu auquel appartient la romancière américaine Nicole Krauss, auteur du livre-puzzle La Grande Maison et invitée de L’Humeur vagabonde (20 h, France Inter).

18 h, Odéon-Théâtre de l’Europe, Paris VIe, www.theatre-odeon.fr

Joyce Ravid

en vous-même. Explorez mardi 7 “Rentrez le fond qui vous enjoint d’écrire…” On redécouvre les Lettres à un jeune poète de Rainer Maria Rilke avec l’écrivain Arnaud Cathrine, dans le cadre du cycle “Pourquoi aimez-vous… ?”

Très attendu pour la rentrée 2011, Eric Reinhardt délaisse les golden boys de Cendrillon, son succès de 2007, pour suivre la vie d’un architecte. Dans Le Système Victoria, son protagoniste croise un jour une certaine Victoria de Winter et se retrouve impliqué dans sa mort, onze mois jour pour jour après leur rencontre. Après un passage en garde à vue, abandonné par sa femme et ses filles, l’homme tente de s’en remettre dans un hôtel de la Creuse. Sortie le 17 août

Nicole Krauss

Son nom, c’est Melvil Poupaud. Dans ce premier roman, l’acteur, réalisateur et musicien le questionne. Une énième autobiographie d’acteur ? Peut-être pas. Depuis La Ville des pirates, son premier film comme acteur, tourné à 11 ans avec Raúl Ruiz, Poupaud retrace son parcours et interroge son identité. Le récit de ce comédien deux fois nommé aux César est annoncé comme une collection de souvenirs. Il y convoquerait aussi bien Chiara, sa première amoureuse, que Lacan, Rohmer ou encore le batteur de Trust pour raconter son apprentissage. Sortie le 7 septembre

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Joe Kubert Dong Xoai, Vietnam 1965 Soleil productions, 216 pages, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par le studio Charon, 25 €

une vie Le destin tragique du père de l’auteur Antonio Altarriba dans l’Espagne franquiste.

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our se racheter de ne pas avoir sauvé son père du suicide, de ne pas avoir su être à son écoute, et pour tenter d’expliquer ce qui a pu pousser un vieil homme de 90 ans à se jeter dans le vide, Antonio Altarriba fils a décidé de raconter son histoire. Né en 1910 dans la campagne près de Saragosse, Antonio passe sa jeunesse à essayer de fuir l’ennui et les travaux des champs. Dès qu’il le peut, il part s’installer en ville où il vit de petits boulots. Il se met à fréquenter des sympathisants anarchistes malgré des convictions politiques assez molles. Mais au lendemain de l’avènement de la République, en avril 1931, elles vont s’affermir brusquement. Le coup d’Etat militaire, la guerre civile et une bastonnade par des phalangistes, décrits dans des scènes d’une grande précision historique, vont lui ouvrir les yeux et le pousser à se battre aux côtés des Républicains puis de la Résistance française. Après la guerre, pas assez profiteur ou débrouillard pour s’en sortir, déçu de voir la cause républicaine espagnole trahie, il décide de renoncer à se battre, remise ses idéaux et rejoint l’Espagne de Franco.

“Tant mieux, enfin je ne vois rien”, s’écriet-il dans une scène allégorique où un aigle franquiste lui crève les yeux. Sa vie ira ensuite de déception en déception. Destin représentatif de la tragédie vécue par une population espagnole perdue et divisée durant les trois premiers quarts du XXe siècle, L’Art de voler est surtout une cruelle fable sur la renonciation, les illusions perdues, la ligne ténue entre les lumières de l’espoir et la noirceur de la réalité. Trop lucide, pas assez cynique, Antonio ne se remettra pas de ses compromissions, de son aveuglement pourtant volontaire. Pour mieux adhérer au passé de son père, pour supprimer toute distance “ qui ne correspondait pas à notre relation”, Antonio Altarriba a choisi de ne pas écrire son récit à la troisième personne mais de se glisser dans la peau de son père. Une sorte de transfert/exorcisme qui donne à cette tragédie intime et familiale une grande intensité, compensant la simplicité peu expressive du dessin. Anne-Claire Norot

Une vieille illustration comme déclencheur d’un récit de guerre. Joe Kubert a énormément imagé la guerre. Une pléthore de combats de bande dessinée, avec du souffle et de l’action, un peu de patriotisme, et des bérets verts comme héros plus grands que nature. Le voilà quarante ans plus tard rattrapé par l’une de ses vieilles illustrations publiées dans la presse, lorsqu’un général à la retraite le contacte pour lui demander d’en reproduire une copie. Le héros de ce dessin avait existé et ce général l’avait eu sous ses ordres. Commence entre le dessinateur et le militaire une correspondance qui mène à l’écriture de cet authentique épisode d’embuscade mortelle dans la province de Dong Xoai, recomposé d’après souvenirs et notes. Même si le récit tombe dans une certaine codification liée au genre, ici l’aventure tourne au drame, les corps sont maltraités, les coups sonnent durs. L’hommage est de rigueur, flattés par un coup de crayon de papier vif, qui réfléchit autant le temps du passé de l’action que la violence encore présente de ces images dans les mémoires. Stéphane Beaujean

L’Art de voler (Denoël Graphic), dessin Kim, traduit de l’espagnol par Alexandra Carrasco, 216 pages, 2 3,50 €

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Simon Annand

la vie rêvée des anges Sublimé par l’imaginaire de Patrice Chéreau, I Am the Wind de Jon Fosse puise à l’essence de la vie pour témoigner de l’impossible sauvetage d’un homme revenu du pays des morts.

première Chantiers Europe 2011 Deuxième édition de Chantiers Europe en sept spectacles, trois concerts et sept lectures venus de Grande-Bretagne, d’Italie et du Portugal. A noter, I Am the Wind de Jon Fosse mis en scène par Patrice Chéreau, spectacle créé à Londres (lire ci-contre), l’Opérette Morali de Mario Martone ou le concert solo de Neil Hannon (The Divine Comedy). Du 3 au 19 juin au Théâtre de la Ville, Paris IVe, tél. 01 42 74 22 77, www.theatredelaville-paris.com

réservez De beaux lendemains de Russell Banks, mise en scène Emmanuel Meirieu Quatre acteurs magnifiques (Judith Chemla, Carlo Brandt, Catherine Hiegel et Redjep Mitrovitsa) pour l’adaptation au théâtre du roman de Russell Banks, De beaux lendemains, où quatre rescapés de l’accident d’un bus scolaire témoignent, sur le lieu du drame, devant leur communauté. Du 7 au 26 juin au Théâtre des Bouffes du Nord, Paris Xe, tél. 01 46 07 34 50, www.bouffesdunord.com

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n paysage d’après la bataille, celui d’une grève désolée d’où la mer s’est retirée pour ne laisser derrière elle qu’une vaste flaque trouble, où surnagent entre deux eaux des débris épars témoignant de ce que fut la fureur de la tempête passée. Trempé de la tête aux pieds, un homme avance vers nous avec le regard vide du naufragé ayant, l’instant d’avant, perdu tout espoir de remettre un jour les pieds sur la terre ferme. Puisant dans ses dernières forces, il lance un ultime appel avant de s’effondrer sur le sable… “I didn’t want to… I just did it” (“Je ne voulais pas… Simplement je l’ai fait”). Un autre accourt, lui vient en aide, le réchauffe, le porte dans ses bras avec une infinie tendresse ainsi qu’on enlace un enfant quand il a fait un mauvais rêve. Nous donnant le sentiment d’être les témoins d’un fait divers, Patrice Chéreau nous projette sur les lieux d’une scène de crime en dramatisant les premières minutes d’I Am the Wind (“Je suis le vent”) – une courte pièce de Jon Fosse qui, après Rêve d’automne, est la deuxième de l’auteur norvégien qu’il met en scène cette saison. Créé en anglais au Young Vic Theater de Londres dans la traduction de Simon Stephens, I Am the Wind témoigne une nouvelle fois de cette exaltante liberté à travers laquelle Patrice Chéreau s’adonne avec une jubilation sans limites à l’exercice de son métier de metteur en scène. S’emparant de l’elliptique dialogue de Jon Fosse et réunissant ses deux personnages dans un no man’s land, Chéreau les imagine en anges tourmentés pour insuffler à leur rencontre sur ce rivage abandonné l’énergie pure d’une relation s’inventant au gré

des situations et nous plonger dans une fiction revisitant la littérature comme autant d’éclats de réel. Alors, tel un Léviathan jaillissant d’un trou d’eau, un radeau dégoulinant se maintient en apesanteur au-dessus de la plage. L’invite à un voyage magique orchestré de main de maître par Chéreau en prestidigitateur de génie. Entre une croisière sur le tapis volant d’Aladin et les aventures de Tom Sawyer et Huckleberry Finn remontant le cours du Mississippi, nos deux héros réinventent le monde à travers un parcours d’émotions culminant dans un coup de tabac plus vrai que nature évoquant la tempête essuyée par le fantasque Peer Gynt d’Henrik Ibsen. Tom Brooke (The One) et Jack Laskey (The Other), deux jeunes acteurs anglais travaillant aussi bien pour la scène que pour l’écran, s’avèrent des interprètes idéaux. Ainsi, celui qui appartient déjà au pays des morts et celui qui incarne son sauveur partagent des moments uniques qui font le sel de la vie. Comme on remonte un poisson accroché au bout d’une ligne, le défenseur du vivant ravive les souvenirs de son compagnon pour lui redonner le goût d’exister au présent. La parenthèse enchantée d’un cérémonial de deuil où se dénoue, fil à fil, cette étoffe qui selon Shakespeare nous constitue… celle qui a la légèreté du vent et dont les rêves sont faits. Patrick Sourd I Am the Wind de Jon Fosse, mise en scène Patrice Chéreau, du 3 au 11 juin au Théâtre de la Ville, Paris IVe, en anglais surtitré, www.theatredelaville-paris.com En tournée du 15 au 18 juin aux Nuits de Fourvière à Lyon, du 30 juin au 3 juillet au Grec Festival à Barcelone, du 8 au 12 juillet au Festival d’Avignon

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saute-frontière Un jeu de rôle étrange, fondé sur les règles injustes de l’immigration illégale des Mexicains aux Etats-Unis. uand l’attraction du réel contamine Izquierdo Munoz, ou argentine, Viviana la société du divertissement, Moin, le film qu’il a tourné à Alberto, ça donne la télé-réalité ou les jeux qualifiant sa participation à la Caminata de rôle vidéo. Au Mexique, nocturna comme le double jeu d’un touriste il existe “le tourisme de conscience”. français qui joue au migrant. Les habitants du village d’Alberto Sur scène, le jeu de rôle recommence, proposent aux touristes, pour 250 pesos, mais confronte cette fois-ci l’inégale de participer à la Caminata nocturna, liberté de circulation entre un touriste un jeu de rôle où ils simulent une occidental, riche, et les migrants des pays traversée illégale de la frontière pauvres, pour glisser fatalement dans américano-mexicaine. Tous ces villageois l’humiliation raciste et politique. Troublant l’ont réellement vécue pour aller travailler et dérangeant, mais assumé avec force, aux Etats-Unis et en sont revenus, particulièrement par Monica Del Carmen, soudés aujourd’hui par la représentation bloc de clairvoyance et d’émotion mêlées. Fabienne Arvers hebdomadaire d’un spectacle où les touristes jouent leur rôle tandis qu’ils endossent celui de la police des migrants. Premier monde/Primer mundo texte De retour chez lui, dans la Beauce, et mise en scène Allio-Weber, du 7 au 18 juin Elios Noël montre à ses copines mexicaine, à la Grande Halle de la Villette, Paris XIXe, tél. 01 40 03 75 75, www.villette.com Monica Del Carmen, espagnole, Marta

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maître d’armes Le metteur en scène Christian Schiaretti manie avec habileté les mots dangereux de Strindberg, aiguisés comme des couteaux. trindberg, terrain bientôt humiliée par celui-ci, ravagé par la jalousie. miné. Par quel bout est la plus faible. Dès le Il ignore que Gustave, son prendre ce théâtre début de la pièce, l’héroïne interlocuteur et confident, obsessionnel, semble avoir consommé n’est autre que l’ex-époux paranoïaque, imprégné sa déchéance. Du coup, tout de celle qui le tourmente. de rancœur où on lâche des est joué d’avance. Gustave instille son venin vérités comme on lâcherait Créanciers, en revanche, tout en feuilletant un roman des bombes pour détruire donne la mesure d’une folie écrit par cette dernière et l’autre et, éventuellement, tellement systématique dont il est le héros ridicule. se détruire au passage ? que forcément elle prête Le couple qu’il veut détruire En montant deux pièces à rire. L’épouse y est bat déjà de l’aile. Clara du dramaturge suédois, présentée comme une Simpson, Christophe Maltot Christian Schiaretti expose figure diabolique, un être et Wladimir Yordanoff ces affrontements infernaux dont il faut démasquer la animent à la perfection entre l’homme et la femme perversion et à qui, surtout, ce ballet impitoyable. sous un double éclairage. il s’agit de demander des Les mots, dardés comme Des deux mises en scène, comptes. Tout commence des couteaux, détruisent Mademoiselle Julie, où une par un dialogue entre deux avec une efficacité jeune aristocrate séduit hommes. Le mari, Adolphe, redoutable. Terrible et son domestique pour être presque une loque, est infernal. Hugues Le Tanneur

Elisabeth Carecchio

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Créanciers

Mademoiselle Julie et Créanciers d’August Strindberg, mise en scène Christian Schiaretti, jusqu’au 11 juin au Théâtre national de la Colline, Paris XXe, tél. 01 44 62 52 52, www.colline.fr 1.06.2011 les inrockuptibles 97

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Gaetano Pesce, L’Italia in croce, avril 2011, courtesy Cassina, Triennale Design Museum

en galerie le syndrome de Venise Orchestrée par Bice Curiger, une 54e Biennale de Venise plutôt prometteuse. Un beau programme pour l’expo internationale avec Yto Barrada, Monica Bonvicini, Carol Bove, Maurizio Cattelan ou Latifa Echakhch. Et des pavillons très attendus, comme celui de l’Argentin Adrián Villar Rojas, de l’Espagnole Dora Garcia, du Suisse Thomas Hirschhorn et le pavillon “chance” de Christian Boltanski. A partir du 4 juin à Venise, www.labiennale.org

le traité de Versailles Bernard Venet s’invite dans les jardins de Versailles. Un choix pas forcément très audacieux, mais plutôt malin après la tempête provoquée par les expos Koons et Murakami. A partir du 1er juin au Château de Versailles, www.chateauversailles.fr

le Magasin de Grenoble La peinture n’en finit plus de se renouveler. vingt et un jeunes artistes se donnent rendez-vous au Magasin de Grenoble pour bousculer les codes du genre. Avec Karina Bisch, Nicolas Chardon, Benoît Maire… “Tableaux”, jusqu’au 4 septembre au Magasin, 155, cours Berriat, Grenoble, www.magasin-cnac.org

un Berlusconi bis à Venise ? La nomination très contestée de Vittorio Sgarbi à la tête du pavillon italien de la Biennale 2011 reflète l’inquiétante décomposition de l’espace culturel transalpin.



a Biennale de Venise traîne à chaque édition son lot de polémiques. Cette année, au choix : la première du pavillon du Vatican et la présence contestée des pavillons russe et chinois en raison de la détention d’Ai Weiwei et des persécutions à l’encontre du collectif russe Voina. Mais surtout la nomination ultra-controversée de Vitttorio Sgarbi à la tête du pavillon italien, qui suscite la fureur d’une partie de la scène transalpine avant même l’ouverture officielle de la Biennale le 4 juin. Vittorio Sgarbi, célèbre critique d’art spécialiste de la Renaissance né en 1952, mais aussi homme politique proche de Berlusconi, animateur télé et Casanova en puissance, est en effet connu pour ses frasques et son goût du scandale. Naviguant entre tous les partis politiques, du centre gauche à Forza Italia, suspecté

Sgarbi a récemment qualifié l’art contemporain de “dictature” et d’art “excrémentiel”

de liens avec la mafia calabraise et soumis à une enquête judiciaire (ce qui ne l’empêchera pas de se faire élire en 2008 maire de Salemi en Sicile), il a été nommé sous-secrétaire à la Culture de 2001 à 2002. Un mandat durant lequel il excelle dans l’extravagance, nommant tantôt un assesseur à la démolition des édifices qui ne lui plaisent pas, affichant ailleurs sa nouvelle compagne, ex-reine du porno, devant un parlement ultra-conservateur. En double berlusconien, Sgarbi est aussi et avant tout un homme de télé, animateur d’émissions scabreuses pour la Rai. Voilà pour le portrait. Qui en dit long sur le mélange des genres et ce que le critique d’art et commissaire d’expo Francesco Stocchi appelle le “mariage malsain entre art et politique”. C’est donc logiquement que la double nomination de Sgarbi en 2010 à la tête du pavillon italien de Venise et à la direction des acquisitions du tout nouveau musée d’Art contemporain de Rome, le Maxxi, a fait l’effet d’une bombe dans le milieu de l’art italien. D’autant que Sgarbi n’est pas réputé pour sa défense de l’art

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encadré

pur monstre contemporain qu’il qualifiait, il y a peu encore, de “dictature” et d’art “excrémentiel”, claironnant sur tous les toits qu’il “avait l’habitude de s’en prendre à la mafia de l’art”. En 2002, c’est lui encore, alors qu’il était sous-secrétaire à la Culture, qui attaquait vertement la Biennale de Venise en dénonçant “une section art visuel présentant des signes d’une inquiétante décadence”. Pour Andrea Bellini, codirecteur du Castello di Rivoli, le musée d’Art contemporain de Turin, la nomination de Sgarbi est une “honte”, et même s’il s’agit d’“un très grand historien de l’art spécialiste de la Renaissance, aujourd’hui c’est seulement le pire personnage de la télévision italienne”. “De nombreux artistes ont refusé de participé à la Biennale de Sgarbi”, note Andrea Bellini, qui précise dans la foulée que ceux qui ont accepté “ont été prévenus au début du mois de mai pour une manifestation commençant le 4 juin”. Sgarbi aurait décidé de ne pas faire d’invitations personnelles mais de choisir 150 citoyens italiens de tout horizon en demandant à chacun d’entre eux d’inviter un artiste. Pour Michelangelo Pistoletto, figure majeure de l’art contemporain qui a accepté de participer à la Biennale, “cette démarche déplace le concept d’artiste champion vers celui de participation collective élargie”. Un acte que l’on peut aussi concevoir comme calculé, par un Sgarbi en quête perpétuelle de notoriété. “Au-delà de la personnalité de Sgarbi, le problème du pavillon italien est plus ancien, note Francesco Stocchi, lié notamment au regain d’un discours nationaliste en faveur d’une promotion de la scène strictement italienne. Cette année, on risque de voir de la vieille peinture, conservatrice, idéologique et en lutte contre les autres médiums, à rebours de ce que l’art contemporain défend depuis près de cinquante ans.” Reste que la double nomination de Vittorio Sgarbi, c’est la goutte d’eau en trop, dans un contexte culturel italien plus que tendu qui cumule coupes de budget drastiques et défilé de ministres incapables. Signe de ce malaise grandissant dans les milieux culturels de la péninsule : le 17 mars, pour la célébration des 150 ans de l’unification de l’Italie, le chef d’orchestre Ricardo Muti a exprimé son espoir de ne pas voir l’opéra Nabucco de Verdi devenir “le chant funèbre de l’identité italienne après en avoir été l’acte de naissance”. La salle s’est alors levée et a chanté à pleine voie en présence du chef du gouvernement. Un fait trop rare pour ne pas être noté, qui en dit long sur la détresse de toute une partie de l’Italie quant au délitement de la culture sous l’ère berlusconienne. Nina Gazaniol

Eloge sans réserve d’Anish Kapoor au Grand Palais. Tout en reconnaissant la virtuosité du geste opéré par l’artiste Anish Kapoor à l’intérieur du Grand Palais, il est de bon ton chez certains spectateurs de refroidir l’enthousiasme et d’afficher, quand bien même, un mépris pour cette dimension spectaculaire de l’art. Trop d’argent (1,5 million de prod), trop d’entertainment, trop blockbuster, ce “chapiteau gonflable”, aux dires de certains serait, too much pour nous – critique rituelle de la société du spectacle. Pour ma part, autant l’avouer, j’aime voir l’art se produire à cette échelle gigantesque, j’aime voir les artistes se lancer dans des projets surdimensionnés, j’aime l’intensité du défi artistique lancé par la verrière du Grand Palais, et c’est là tout le plaisir esthétique du programme Monumenta – mais je n’oublie pas qu’en art la démesure devrait être partout de mise, quel que soit le format, et qu’il y a évidemment de l’insensé dans les œuvres qui tendent à l’inverse vers l’infra-mince. Bref, l’échelle n’est pas un critère de jugement, ni de disqualification de l’œuvre. Et ce qui m’impressionne peut-être le plus, dans le geste sculptural de Kapoor, se joue ailleurs, dans la double relation esthétique offerte au spectateur : de l’extérieur, la structure gonflable se donne comme un objet, une sculpture très formaliste ; on ne peut jamais la voir entièrement mais on peut la modéliser mentalement, comme si on la tenait dans le creux de la main. On pense au Rabbit de Jeff Koons, aux formes curves d’Henry Moore. Tandis qu’une fois à l’intérieur (même si je suis plus réservé sur tout ce qui induit une adhésion immersive à l’œuvre d’art), on est en effet dans l’immersion, dans l’affect, dans la participation, sur une ligne adhésive qui irait de Rothko à James Turrell. Le Leviathan d’Anish Kapoor est en effet un pur monstre : une synthèse énorme de l’art du XXe siècle.

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au commencement était la toile Récemment plébiscitée par le jury du Festival de mode et de photographie de Hyères, la styliste Céline Méteil est en train d’imposer ses créations minimalistes et aériennes. ans l’histoire de Céline Méteil, il est beaucoup question d’enveloppes. De l’enveloppe dans laquelle elle glissa, en décembre dernier, son dossier de candidature pour le Festival de Hyères. Et d’enveloppes, à soufflet, dans lesquelles ses robes, pliées comme des origamis, pourraient entrer… Céline Méteil travaille la matière et veut ses créations aussi légères que l’air. Fil conducteur de son travail, le tissu qu’elle utilise, le jaconas, ressemble à une popeline de coton amidonnée et n’est autre que la matière dans laquelle les créateurs taillent habituellement leurs patrons. “Quand je travaillais comme technicienne ou petite main dans de grandes maisons, explique-t-elle, j’ai souvent été déçue par le choix des tissus, une fois les modèles aboutis. Un jour, j’ai dit à mon chef d’atelier que si j’arrivais à faire un défilé, je le ferais avec cette toile.” Par nostalgie pour “toute cette toile blanche” et pour des séances d’essayages bourrées d’une “émotion incroyable”, la jeune femme, 30 ans, a même appelé sa dernière collection “Plié-Backstage”. Céline Méteil a eu le déclic à l’âge de 18 ans, grâce à Alexander McQueen. Lors de l’un de ses défilés, pour Givenchy, elle vit des mannequins en Plexi, fixés sur des roulettes, monter et descendre sur scène en virevoltant sur eux-mêmes. Fraîchement débarquée de sa Bretagne natale, un BEP de couture en poche, Céline comprend ce jour-là ce qu’est le monde de la mode parisienne et réalise qu’elle veut en faire partie et “passer de l’autre côté”. Elle intègre l’école de style Lisaa, puis se forme auprès de noms reconnus. Aujourd’hui, elle se rappelle que John Galliano avait toujours une reconnaissance pour sa seconde d’atelier et qu’il “était à fond dans son délire”. Elle se souvient aussi

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des “dix années de bataille” pour en arriver là, elle affirme ne rien regretter

“le boulot hallucinant” qu’accomplissait le défunt Alexander McQueen et souligne le courage de Nicolas Ghesquière dans le choix des matières. Mais son mentor reste Felipe Oliveira Baptista, aujourd’hui en charge de la direction artistique chez Lacoste, avec qui elle fit un stage à la fin de ses études. “On était trois : sa femme, lui et moi, c’était chouette. En ayant vu tous ses combats et en voyant où il est arrivé aujourd’hui, je ne peux que l’admirer.” C’est en 2009 que Céline défile pour la première fois en son nom. Au musée Galliera, le musée de la mode parisien, la jeune femme dévoile pour l’occasion une robe inspirée des crinolines du XIXe siècle, ces sous-vêtements que l’on mettait sous les jupons pour leur donner plus d’ampleur. Mais la sienne tient sans la moindre armature. Très remarquée, elle devient sa signature. Deux ans plus tard, c’est encore ce modèle qui lui vaut de triompher au Festival de Hyères… En concurrence avec neuf autres créateurs, Cécile Méteil a décroché là-bas deux récompenses. Le prix Première Vision la conduira à New York, et lui permettra en septembre de réaliser une nouvelle collection à Paris. Mais le prix du public lui va peut-être encore plus droit au cœur, “parce que c’est pour lui qu’on fait tout ça, in fine”. Des “dix années de bataille” pour en arriver là, elle affirme ne rien regretter, préférant se projeter dans l’avenir. La frêle jeune femme aux yeux vert d’eau pense que “tout s’apprend”, la direction artistique, le show et même un jour, pourquoi pas le business ? En attendant, elle est tiraillée entre la conscience de vivre “un truc incroyable” et une peur terrible de ce qui va lui arriver. La seule chose dont elle est sûre est qu’elle restera fidèle au jaconas. “Il y a mille possibilités avec ce tissu.” Le laisser pur et nu, y apposer de la dentelle comme elle le fait déjà ou creuser l’expérimentation un peu plus loin. Pour sa future collection, elle se verrait bien le colorer. Le soir de la remise des prix du jury, elle portait d’ailleurs un modèle teint “pour leur montrer que ça marche…” Lisa Vignoli illustration Alexandra Compain-Tissier 1.06.2011 les inrockuptibles 101

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Albert Harlingue/Roger-Viollet

Robert Crumb, 2011 (1970)

valeurs Actuel Mythe de la presse magazine française, Actuel fut le journal phare de l’underground des années 70 et 80. Un livre consigne ses plus beaux reportages et unes, comme la trace d’une époque révolue, à la fois dans le traitement de l’info et le succès public des marges.



n a vu débarquer un grand garçon qui avait les cheveux longs, un peu gras et qui avait l’air très sûr de lui. Nous avions des projets de journaux post soixante-huitards. Et lui nous dit : vous n’y êtes pas du tout les gars ! Il faut faire un journal sur la contre-culture, frapper très fort, l’appeler Acide !”, se souvient un témoin de la scène. On est en 1969 et le jeune homme en question s’appelle Jean-François Bizot. Fils d’une famille riche, Bizot est alors journaliste à L’Express. Il vient de prendre une claque lors d’un voyage aux Etats-Unis où il découvre pêle-mêle la contre-culture, les hippies, le LSD, la bande dessinée, le rock : une révélation. Il en parle alors à son patron, Jean-Jacques Servan-Schreiber, qui lui répond : “Passionnant. Faites-nousen donc un article !” Bizot en fera le journal le plus innovant de l’époque. On l’aura compris, si l’anthologie établie par Vincent Bernière et Mariel Primois s’intitule Actuel, les belles histoires, c’est bien parce qu’au-delà d’un titre, le journal fut avant tout une aventure humaine, comme un groupe de rock, faite d’amitiés, d’inimitiés, de séparations, de reformations, bref une ébullition permanente. “Actuel était le journal qu’il fallait faire à ce moment-là, il y avait une

sorte d’évidence, de sincérité” raconte Mariel Primois, qui collabora au journal et fut la compagne de Jean-François Bizot. Contre-culture, rock, drogue, new-wave, new age, Actuel a accompagné toutes les tendances de l’époque. Et si l’aventure tient encore aujourd’hui du mythe, c’est bien parce que le titre a concilié l’exploration de l’underground à un succès public massif : à son apogée les tirages du “Paris Match des branchés” flirtaient avec les 400 000 exemplaires… Des chiffres qui font rêver à l’heure où les journaux sont en pleine sinistrose, nostalgie dont témoigne la floraison récente en librairie d’anthologies de la presse, de Libé à Charlie. “Actuel n’était pas un journal de spécialistes, selon Vincent Bernière, journaliste à Technikart. Bizot était un ‘branché’, mais pas au sens restreint qu’a pris le terme. Il était à l’affût de tout, voulait tout défricher et rendre ces découvertes accessibles.” Le livre bat ainsi en brèche

“La conviction de Bizot était que la culture pouvait changer la vie des gens plus que la politique” Mariel Primois

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au poste

le eG8 tourne en rond

Robert Crumb, 2011 (1971)

Dialogue de sourds au grand raout sur l’avenir du net.

nombre d’idées reçues sur le magazine, à commencer par la légende qui faisait de ses fondateurs des hippies : “C’étaient des jeunes gens de bonne famille qui avaient tous fait des études, la plupart de sciences politiques, Bizot de chimie”, raconte Vincent Bernière. Contrairement aux idées reçues, les articles de ce journal aux allures de fanzine bricolé étaient très bien documentés et la plupart des journalistes étaient accros à leur boulot… Car les “belles histoires” furent aussi des beaux moments de journalisme, avec des papiers qui pouvaient faire jusqu’à 40 feuillets, le tout dans des formats journalistiques innovants encore copiés aujourd’hui. Les auteurs ont délibérément choisi de tourner le dos à la nostalgie et la célébration des “années Palace” pour sélectionner des reportages étonnamment actuels qui montrent à quel point le journal était en avance sur son temps. Ainsi, le reportage de Bizot “Mobutu : tout s’achète au Zaïre” raconte déjà l’histoire compliquée de la Françafrique avec des dictateurs que la France a aidé à mettre en place et qui refusent de quitter le pouvoir, faisant écho aux récents événements en Côte d’Ivoire. De même le reportage de Frédéric Joignot “La Mort d’un fantôme de 25 ans” qui raconte la vie d’un ouvrier chez Peugeot pourrait aussi bien parler de la situation à Metaleurop en 2011. On pourrait aussi multiplier les exemples de personnes auxquelles Actuel a été le premier à s’intéresser, comme ce portrait en 1984 d’un jeune homme prometteur nommé… Steve Jobs. De fait, cette anthologie dresse inévitablement en creux un bilan en forme de “tombeau de la presse écrite” selon Vincent Bernière, tant elle nous ramène au

constat d’une presse exsangue et de plus en plus uniformisée. Car si aujourd’hui la politique s’est invitée partout dans les journaux comme caution de “sérieux”, les reportages originaux et forts se font de plus en plus rares, alors même qu’Actuel avait renouvelé le genre. “La conviction de Bizot était que la culture pouvait changer la vie des gens plus que la politique. Il trouvait qu’un reportage sur le raï en disait plus sur la France black-blanc-beur que n’importe quel éditorial”, explique Mariel Primois. Actuel réinventa ainsi son époque, avant de se heurter à un problème de renouvellement de générations et de subir la concurrence d’autres titres, ce dont témoigne Patrick Zerbib, un ancien : “Bizot souffrait d’un complexe générationnel. Il fallait que tout parte de sa génération et que tout y revienne.” Puis le magazine est pillé par la télévision : Canal+ recrute ses animateurs chez Bizot (Karl Zéro, Edouard Baer, Ariel Wizman, Jamel…) et calque ses talk-shows sur son impertinence. Peu à peu, le journal perd son petit ton d’avance. La loi Evin de 1991 qui interdit la publicité pour le tabac vient porter le coup de grâce. Actuel sort un dernier numéro avec marqué “A bientôt” au rouge à lèvres sur une couverture blanche et s’arrête le 30 novembre 1994. Cette nuit-là, Guy Debord se tire une balle dans le cœur. La société du spectacle perdait, en même temps que son contempteur, son magazine fétiche, son incarnation joyeuse et marginale. Marjorie Philibert Actuel, les belles histoires par Vincent Bernière et Mariel Primois (Editions de La Martinière), 356 pages, 3 9,90 €

Malgré le flou sur ses intentions, le eG8 qui a réuni des spécialistes et des leaders des nouvelles technologies aurait pu se révéler source d’idées pour l’internet du futur. L’exercice a montré ses limites et les rencontres ont souvent tourné au dialogue de sourds. Chacun a défendu son pré carré. Stéphane Richard, de France Télécom, a botté en touche sur la neutralité du net. Quand Rupert Murdoch a prêché pour l’école numérique, c’est d’abord parce qu’il vient d’investir 360 millions de dollars dans Wireless Generation, fournisseur de logiciels éducatifs et d’outils managériaux pour l’enseignement. Christine Lagarde s’est félicitée du succès des auto-entrepreneurs, dû à internet selon elle. Les patrons américains, fidèles à la libre entreprise, ont répété comme John Donahoe d’eBay, qu’internet ne doit pas être régulé, pour ne pas mettre des obstacles à l’innovation. Sur la question de la propriété intellectuelle, on n’a convié à la table ronde que des fervents porte-parole de l’industrie culturelle (d’Antoine Gallimard à Pascal Nègre d’Universal), face à John Perry Barlow de l’Electronic Frontier Foundation, invité à la dernière minute, le seul qui a essayé de recadrer un peu un débat à sens unique en fustigeant les “normes propres à une vieille industrie”. Quelques trublions, comme Lawrence Lessig (Creative Commons), le journaliste Jeff Jarvis ou Yochai Benkler (Harvard) ont su agiter les débats. Le eG8 était l’occasion de faire avancer les choses. Mais, chacun y ayant défendu ses intérêts, le public et la société civile étant aux abonnés absents (à tel point que la Quadrature du net a monté sa propre conférence off), les conclusions apportées au G8 ayant été rédigées à l’avance comme l’a révélé le New York Times, ce raout aura plus été un vase clos stérile qu’un bouillonnement intellectuel.  

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Benjamin Nitot

“notre culture musicale rayonne bien au-delà du hip-hop”

La Caution en liberté Bass sournoises et tracks inattendus… Tous les dimanches de 20 h à 22 h, Le Mouv’ donne carte blanche à Nikkfurie et Hi-Tekk, les deux frangins du groupe de rap.

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n après-midi à la Maison de la radio, porte B, précisément, à attendre Hi-Tekk et Nikkfurie, les frères qui composent le groupe de rap La Caution. Dès leur arrivée, entrée dans le vif du sujet entre Hi-Tekk et le photographe Cédric Viollet, qui se bombardent de questions matérielles, comme celle de la résistance d’un boîtier numérique au sable du Sahara. En fait, Hi-Tekk est dans l’image jusqu’au cou : membre de Kourtrajmé, il a signé les clips Thé à la menthe de La Caution et, plus récemment, Le Pouvoir secret de Rockin’ Squat : “Tu sais, on n’a jamais voulu faire carrière dans la musique”, me confie Nikkfurie, qui gère également Kerozen, le label du groupe. “Au début, le rap, ça se résumait à des battles de rimes dans notre ville, Noisy-le-Sec. Mais à carrière atypique,

dénouement atypique…” Et une poignée d’années plus tard, La Caution se retrouve tous les dimanches soirs sur les ondes du Mouv’, aux manettes de la très singulière émission Les Cautionneurs. Rencontre. Les Cautionneurs, votre première expérience en radio ? La Caution – Si on met de côté les innombrables interviews dans toutes les radios locales et associatives de France, oui. En fait, cette rencontre, nous la devons à Hervé Riesen (l’ancien directeur du Mouv’ – ndlr). A l’époque où il était programmateur musical à France Inter puis à Couleur 3 en Suisse, il suivait déjà le parcours de La Caution. On échangeait beaucoup autour de la musique, de toutes les musiques, et il avait compris que si le hip-hop constituait notre base, notre culture musicale rayonnait

en fait bien au-delà. Quand il a pris ses fonctions au Mouv’, il nous a proposé un créneau, et nous y sommes, Les Cautionneurs existent depuis maintenant trois saisons. Les Cautionneurs, ou deux heures d’esthétiques nu-disco, folk, dirty south ou techno durant lesquelles vous décryptez autant le morceau pop Pigeons de The Hundred In The Hand que le Pigeon des rappeurs Cannibal Ox… La Caution – On ne donne pas vraiment dans le décryptage ni dans l’actu ou les chroniques d’albums. Ce qui s’explique sûrement par le fait que nous n’avons pas des profils de journalistes traditionnels. L’idée des Cautionneurs, c’est avant tout de tirer des transversales musicales. L’émission est à l’image de nos albums, tu ne peux jamais savoir sur quoi tu vas tomber. C’est systématiquement le grand écart. Mais le grand écart, ça peut être douloureux, non ? Autant pour les auditeurs, plutôt rock, du Mouv’ que pour vos fans… La Caution – Les Cautionneurs, c’est surtout une histoire de confiance. Il faut faire confiance au public et arrêter de lui servir de la daube formatée. Notre travail sur les ondes tend à équilibrer la balance entre la médiocrité FM ambiante et ce que nous pensons être de la vraie musique. Hi-Tekk – Je suis MC, fils de prolo, je carbure à l’énergie de la banlieue et de mon quartier depuis toujours et, dans le même temps, je suis un fan absolu de Depeche Mode et je pense que Foals est un des groupes majeurs de la décennie. Il n’y a rien de contradictoire. Pour nos fans, Les Cautionneurs permet d’entrer dans notre discothèque, et pour les auditeurs du Mouv’, c’est une bonne occasion de développer leur sensibilité musicale. Nikkfurie – Cet éclectisme n’est même pas forcé, c’est juste une résultante. Il s’agit de nos influences décomplexées, de goûts assumés, sans compromission. Et de la compromission à la radio, il y en a énormément. La musique n’a jamais autant produit de merde qu’en ce moment. Donc si, avec notre petit espace de diffusion, on peut ajouter une humble pierre à l’édifice du bon son, pour nous, c’est gagné. Et puis on a une liberté de programmation totale de la part du Mouv’, le créneau le dimanche ne nous soumet pas au mêmes impératifs d’écoute que la grille en semaine. Propos recueillis par Théophile Pillault Les Cautionneurs tous les dimanches de 20 h à 22 h www.lemouv.com et www.la-caution.net

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Trafic de Jean-Christian Bourcart/Rapho

la voix rêvée des Anges Mythique station de Los Angeles, la radio KCRW propose une info riche et variée. Sa liberté de ton irrite les Républicains, qui aimeraient bien lui faire un sort.

O  

n y accède par un sous-sol, sous un bâtiment standard, planté au milieu du campus universitaire de Santa Monica College. Une porte, sur laquelle un Alfred Hitchcock à lunettes noires a été graffé par le frenchy Mr. Brainwash. Derrière ces apparences anodines se cache LA grande radio indépendante de Los Angeles, si ce n’est de la Côte Ouest. KCRW, 89.9 sur la FM, est un bastion de DJ, journalistes et critiques, unique en soi aux Etats-Unis. On est arrivé de bonne heure pour assister à la session live de la matinale, Morning Becomes Eclectic. Sur la tranche 9 h-12 h, ce programme musical est devenu, au fil des ans, une référence en la matière (“tastemaker”, dit on ici), suivi sur le web par des centaines de milliers d’auditeurs du monde entier. Et, à L.A., par les automobilistes confrontés chaque matin aux embouteillages cauchemardesques qui gangrènent la ville. Cold Cave aujourd’hui, Femi Kuti hier, les meilleurs musiciens viennent à L.A. pour se produire sur l’émission culte du grand Jason Bentley. C’est un peu la même chose en matière de littérature, avec Bookworm de Michael Silverblatt. Ou encore en politique, avec l’excellent Left, Right & Center, où officie Arianna Huffington, figure de l’Amérique libérale et initiatrice du Huffington Post. Notre loi Hadopi n’ayant pas d’équivalent américain, en termes de droits d’auteur, la radio propose ses programmes sous forme de podcasts, téléchargeables gratuitement pendant des mois, voire des années. Avec ses nouvelles applications spécialement conçues pour

l’iPhone et l’iPad (disponibles sans passer par l’Apple Store), KCRW.com constitue désormais une formidable bibliothèque en ligne de programmes radiophoniques, à faire pâlir de jalousie les auditeurs de France Culture et Radio Nova confondus. “Subscribers supported”, la radio doit en effet 50 % de ses fonds à ses fidèles adhérents, qui se comptent à plus de 56 000. Un système de donation très répandu outre-Atlantique, où la loi permet de déduire de ses impôts toute donation à une organisation à but non lucratif. Sur ce même principe, ce sont aussi des fondations philanthropiques (Ford, Annenberg) qui financent la radio, outre le sponsoring pur et dur. KCRW doit enfin 8 % de son budget à l’Etat fédéral, comme les quelque 900 radios publiques affiliés à la NPR (National Public Radio). C’est cette part pourtant bien faible de fonds publics qui fait depuis deux mois l’objet d’une campagne de dénigrement menée par des membres du Parti républicain. “Il est raisonnable de se demander pourquoi le Congrès finance, avec l’argent du contribuable, un groupe de radio de gauche” avait déclarée en mars John Boehner, porte-parole de la Chambre des représentants. Avec sa majorité républicaine, celle-ci avait dans la foulée voté un projet de loi visant à interdire l’utilisation de fonds fédéraux pour les radios du groupe NPR. Projet qui n’était finalement pas passé devant le Sénat, “mais qui risque bien de revenir sur la table lors du prochain budget”, anticipe Jennifer Ferro, la toute nouvelle directrice de la radio. Yann Perreau www.kcrw.com 1.06.2011 les inrockuptibles 105

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“le sujet de Borgia, c’est le capitalisme financier” Après Oz et Homicide, le showrunner Tom Fontana continue à nous plonger avec délectation dans le sang, le sexe et les larmes avec Borgia. Rencontre.

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l’échelle française, c’est un événement : la première fois que Canal+ tente d’assumer son possible destin de HBO européenne. En partenariat avec des productions allemande et française, la chaîne cryptée s’est lancée dans l’aventure de Borgia, une série en costumes très coûteuse sur la célèbre famille romaine, dont la première saison comptera douze épisodes et sera diffusée à la rentrée. Sur le tournage, à Prague, une impressionnante équipe polyglotte s’est démenée pendant plus de six mois entre un palais Renaissance restauré pour l’occasion et les immenses studios Barrandov, où a notamment été reconstituée la chapelle Sixtine… Un genre de superproduction qui promet sexe, sang et larmes, dans les arcanes du Vatican en 1492. John Doman (ancien de The Wire et de Damages) y tient le rôle de Rodrigo Borgia, patriarche de la famille en voie

de devenir pape. Mais le vrai boss sur le tournage s’appelle Tom Fontana. Le scénariste, créateur d’Homicide et d’Oz, connaît ici sa première expérience hors télévision américaine. Et il n’est pas venu pour des vacances. Nous l’avons rencontré entre deux prises, pendant un long moment. Il nous a expliqué sa vie de showrunner et donné envie de croire en son Borgia. Sur le tournage de Borgia, vous n’êtes pas sur le plateau mais derrière des écrans de contrôle dans une pièce attenante. Quel est votre rôle en tant que showrunner ? Tom Fontana – Ma fonction est d’abord de développer l’idée de la série et des épisodes. Je les écris ou les fais écrire. Une fois les scénarios terminés, j’en discute avec les autres personnalités créatives, acteurs comme réalisateurs. Puis arrive le tournage. Je ne suis pas là pour faire respecter mon texte à la ligne près, mais je m’assure que ce qui était sur le papier explose à l’écran.

La production de cette série est 100 % européenne, une nouveauté pour vous… Nous assistons à un mariage intéressant entre un showrunner américain et un mode de production européen. Je suis de New York, où l’on a l’habitude de tourner hyper vite, et il arrive que les choses aillent plus lentement que je ne le souhaiterais. Mais je ne peux pas forcer les gens à devenir new-yorkais ! Sinon, le rapport aux chaînes est assez similaire à ce que j’ai vécu avec HBO lorsque j’ai fait Oz, qui était leur première série dramatique. Personne ne s’est plaint qu’il y avait trop de meurtres ! Je suis d’autant plus surpris que la série parle de l’Eglise catholique, mais personne n’a l’air de vouloir protéger l’image du pape. Comment avez-vous abordé le genre de la série historique ? De la manière la plus actuelle possible. Comme en 1492, à l’aube de la Renaissance, nous vivons aujourd’hui une époque de peur. Et l’antidote à la peur reste la croyance en quelque chose, que ce soit la religion

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Hanz Jiri/Atlantique Production/Canal+

“oui, on montre du sexe et de la violence. Mais le point d’entrée, c’est l’intimité du pouvoir”

ou non. Je n’ai pas vu l’autre série inspirée de la famille Borgia (The Borgias, avec Jeremy Irons dans le rôle principal – ndlr), mais on me dit qu’ils sont influencés par Le Parrain. Ce n’est pas notre cas. Le sujet de Borgia, c’est le monde des multinationales, le capitalisme financier, le Vatican vu comme une entreprise qui veut contrôler un produit global. La brutalité des conseils d’administration m’intéresse. Alors, oui, on montre du sexe, de la violence, des trucs fun. Mais le point d’entrée, c’est l’intimité du pouvoir. Vous êtes-vous inspiré de Rome, la série de HBO ? Rome a changé pas mal de choses en termes de moyens et de production, mais pas du point de vue narratif. Je n’ai pas aimé cette série. Dans Borgia, j’essaie de retrouver une sensation méditerranéenne très spécifique. Comment faites-vous le lien entre Borgia et vos autres séries, comme Oz ? Les deux se passent derrière des portes closes… Je suis fasciné par les hommes et femmes amenés à commettre un acte extrême. Homicide était une série sur des meurtres ; Oz parlait de survie et d’assassins. Ils avaient leurs couilles sur la table, si vous me permettez l’expression, boum ! voilà qui je suis. Pour les Borgia, je peux appliquer cette grille de lecture : les enjeux sont énormes et les personnages sont capables de tout. Comment écrivez-vous une série comme celle-là ? Avec une équipe de scénaristes ?

Durant la première saison d’une série, il est très difficile d’expliquer à douze scénaristes ce dont on parle. Avec un groupe plus restreint, on travaille mieux. Je n’ai pas de salle d’écriture, j’embauche des scénaristes au coup par coup, des écrivains ou des dramaturges de New York. On est tous au même étage d’un immeuble, la communication est rapide. Nous essayons de ne pas dissoudre la personnalité de l’œuvre. Tchekhov a écrit ses pièces seul, Molière aussi. Simplement, ils travaillaient dans une compagnie où pas mal de gens donnaient leur avis. Pour moi, l’échange est nécessaire, mais si l’on partage trop l’acte d’écrire, le scénario peut devenir un genre de ragoût informe plutôt qu’un bon steak. Vous n’avez pas encore intégré d’auteurs européens. Pour la saison deux, s’il y en a une, j’ai envie de le faire. Avec l’idée de leur apprendre ce que je sais du showrunning. Si les scénaristes ont le pouvoir dans les séries américaines, ce n’est pas par charité de la part des chaînes, c’est une question de logique. Quand la télévision est apparue, les réalisateurs et acteurs de cinéma ne voulaient pas en entendre parler. Les seuls à montrer une réelle motivation ont été les scénaristes. Ils étaient traités comme de la merde de toute façon ! Alors ils se sont retroussé les manches. Je me rends compte que l’Europe a un peu de retard. Il ne suffit pas aux scénaristes de dire qu’ils ont envie d’avoir le pouvoir sur une série. Ils doivent aussi s’occuper de budget, devenir producteurs, cumuler deux boulots à plein temps. Il faut être un peu schizo. On dit l’industrie américaine des séries en plein doute, malgré la variété de sa production. Qu’en pensez-vous ? Je travaille à la télé depuis presque trente ans, je suis fasciné par sa transformation. Avant, il y avait trois chaînes, aujourd’hui il y en a des dizaines. Nous sommes à un tournant avec internet, mais la période est intéressante. Paradoxalement, c’est le bon moment pour écrire une série risquée ! Avez-vous le temps de travailler à autre chose que Borgia ? J’écris une mini-série pour HBO avec mon ami David Simon (créateur de The Wire) inspirée du livre Manhunt de James Swanson, qui traite de l’assassinat de Lincoln. On y raconte cet événement du point de vue des gens les moins importants présents ce jour-là. C’est en bonne voie ! Recueilli par Olivier Joyard 1.06.2011 les inrockuptibles 107

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Maha Productions

émissions du 1 au 7 juin

Le Système Octogon Documentaire de Jean-Michel Meurice Mercredi 1er juin, 21 h 30, Arte

chasses à l’homme

Retraçant l’expulsion de trois sans-papiers, Manon Loizeau met à nu la monstruosité de la politique d’immigration.

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abituée à explorer des sentiers perdus éloignés des contrées hexagonales, Manon Loizeau s’attache à l’une des réalités les plus sinistres du paysage politique français : le sort réservé aux sans-papiers. Si le sujet n’est pas en soi très original – les enquêtes, mais aussi les films de cinéma se sont depuis quelques années emparés de la question (Klotz, Goupil, Lioret…) –, le regard, sensible et empathique, que la reporter porte sur la machine de guerre des exaltés des quotas d’expulsion offre une vraie incarnation à une “idée” politique dont les effets concrets restent souvent invisibles. Comme si les expulsés n’avaient même pas droit dans l’imaginaire de porter un visage. Comme si les sans-papiers étaient des êtres sans identité physique et sociale, des êtres du “dehors”, pour reprendre l’expression du philosophe Guillaume Le Blanc dans son livre sur la condition d’étranger Dedans, dehors (Seuil). Contre cette idée d’un anonymat subi, Manon Loizeau filme ici des corps, des visages, des familles déchirées, écoute les voix de ceux qui les défendent et les protègent. Les militants de RESF (Réseau éducation sans frontières) sont les “héros” de ce documentaire tout autant que les victimes de ce que le philosophe Grégoire Chamayou appelle dans son dernier livre les “chasses à l’homme” (La Fabrique éditions). A travers le récit de trois destins individuels – un père de famille congolais, séparé de sa femme et enfants, une haïtienne séparée de son fils, un adolescent polyhandicapé renvoyé au Kosovo… –, Manon Loizeau démonte la logique aveugle des expulsions (28 000 prévues en 2011), qu’Eric Besson, inutilement (et trop artificiellement) interrogé dans le film, ne justifie qu’au nom d’une vision populiste d’un Etat, dont le cœur démocratique a été contaminé par l’ignominie.

Jean-Marie Durand L’immigration aux frontières du droit Mercredi 1er juin sur Canal + à 20 h 50 A voir aussi : La Machine à expulser, web-doc de Julie Chansel et Michaël Mitz, sur les centres de rétention, sur Canalplus.fr/Lamachine

Sur Campus Paris, Radio libertaire, etc.

Où l’on découvre le rôle et l’importance des ex-nazis en RFA Le récit d’une incroyable magouille mêlant espionnage, trafic d’armes et d’or nazi, financement occulte de la CDU, parti majoritaire après la guerre l’Allemagne fédérale. Au centre de cet imbroglio politico-financier, on trouve un énigmatique personnage, Rudolf Ruscheweyh (1905-1954), qui trafique (devises et armes) pendant la guerre. L’essentiel du documentaire concerne l’action de Ruscheweyh après la défaite nazie, comme cheville ouvrière de la corruption de la CDU, sous couvert d’un programme de réarmement. Vincent Ostria

Samedi 4 juin à minuit, programme complet www.shakerattleroll. parisson.org

Un marathon mondial d’aventures sonores. Une conspiration internationale du son : une trentaine de radios hertziennes et de webradios s’unissent pour attenter aux logiques habituelles de diffusion. De Jet FM, Grenouille ou Campus Paris en France à DakarLUG (Sénégal) ou Resonance (Angleterre), chacune d’elles se fera la source d’un flux ininterrompu de manipulations torves et de bruits déroutants. Dans un simultané de 24 heures, elles accueillent la fine fleur de la création sonore. Un pont sonore aux arches innombrables qui gardera l’auditeur en apesanteur. Pascal Mouneyres

Le Partage de midi Adaptation de la pièce de Paul Claudel par Claude Mouriéras. Vendredi 3 juin, 23 h, France 2

Transposition aérée de la pièce de Claudel, qui n’y gagne pas forcément. Reprenant la distribution de la mise en scène de 2007 à la Comédie-Française, Claude Mouriéras a voulu s’éloigner du dispositif théâtral classique. Il a tourné la pièce dans une friche industrielle. Au lieu de donner un ancrage tangible à l’œuvre de Claudel, normalement située sur un bateau et en Chine, cela la déréalise. Mais on appréciera la poésie ouvragée du dramaturge, qui décompose l’homme en trois figures antagonistes, le mari, l’amant et l’idéal, servant de repoussoirs à la belle Ysé (Marina Hands), vestale incandescente du romantisme métaphysique. V. O.

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François Lefebvre

Le monde selon Anish Kapoor

La Vie en miettes

Documentaire de Heinz Peter Schwerfel. Lundi 6 juin, 23 h 25, Arte

Téléfilm de Denis Malleval. Mardi 7 juin, 20 h 35 , France 3

Rencontre avec un artiste gonflé. Comme le révèle sa nouvelle structure gonflable exposée au Grand Palais, le Léviathan, le sculpteur Anish Kapoor invente des mondes féeriques, entre défi technique et expérience sensorielle. Heinz Peter Schwerfel revient avec lui sur le(s) sens de son œuvre pléthorique, où l’objet transcende toujours sa condition pour affleurer l’expérience du rêve et de la métaphysique. Ses sculptures déstabilisent les échelles de grandeur, modifient le sens de l’espace et étirent le temps. Filmé dans son atelier, Anish Kapoor dévoile les secrets du magnétisme de ses pièces. JMD

Une mystérieuse histoire mêlant passion et suspense. Première d’une série de deux adaptations des maîtres du roman policier Boileau et Narcejac (qui ont inspiré entre autres Les Diaboliques de Clousot et Vertigo de Hitchcok), La Vie en miettes déploie un récit haletant hanté par le motif de la disparition. Un jeune marié (Bruno Debrandt) est confronté simultanément à l’accident de sa jeune épouse et à la nouvelle inattendue d’un héritage colossal. Le récit se complexifie lorsqu’il découvre sur le lit d’hôpital que sa femme n’est plus la même (Audrey Fleurot, muette et énigmatique). Avec les codes du film à suspense, Denis Malleval joue sur l’effet d’enfermement du héros, comme assailli par la folie, cette inquiétante étrangeté qui flotte tout au long du téléfilm. JMD

Renaud Monfourny

En DVD le 15 juin chez arte éditions

Bashung revit Des artistes rendent hommage à leur pair et maître. aussi rares que précieuses. Même les l’origine, c’est Claude Ventura séances de studio avec Mustang ou Gaëtan qui devait réaliser ce documentaire Roussel finissent par éclairer en miroir hommage à Bashung, sorte la complexe alchimie de l’art bashungien, de making of amélioré du récent tel l’atelier vivant d’une œuvre désormais album de reprises, Tels Alain Bashung. à poursuivre. La plus belle séquence : On regrettera longtemps cette rencontre lorsque Christophe cite Les Mots bleus manquée – Ventura ayant fait faux-bond parmi ses chansons préférées de Bashung, à deux jours du tournage. Le remplaçant ajoutant cet éloge définitif : “Il est venu Thierry Villeneuve aura toutefois joliment marcher sur mes plates-bandes, mais il les relevé le gant, aidé par les propos souvent a fait fleurir.” Christophe Conte brillants des protagonistes (mention particulière à Mathias Malzieu de Dionysos et au très touchant Miossec), et par Alain Bashung, faisons envie Documentaire de certaines archives et interviews de Bashung Thierry Villeneuve. Mercredi 2 juin, 22 h 10, Arte

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enquête

Facebook, antisocial ? Surbookés, speedés… mais toujours connectés : dans Facebook m’a tuer, Thomas Zuber et Alexandre des Isnards racontent avec force exemples à quel point les réseaux sociaux ont changé nos vies.

Laurent Bazart

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ur Facebook, on pensait avoir tout dit ou presque, notamment sur la façon dont (avec son ancêtre Myspace) il nous a propulsés dans l’ère du self-branding avec gonflement de nos ego à la clé. Mais la façon dont les réseaux sociaux modifient nos rapports avec les autres est au fond plus intéressante – et plus dérangeante – que la question du narcissisme. C’est ce à quoi s’intéressent Thomas Zuber et Alexandre des Isnards avec leur livre Facebook m’a tuer, dans lequel chacun se reconnaîtra avec plus ou moins de bonne foi… Car c’est un fait : ultra-joignables, addicts à l’urgence, adeptes de la transparence, nous sommes malgré nous modifiés en profondeur par les nouvelles technologies. Et les auteurs font mouche en évitant les “faits divers” Facebook relayés jusqu’à saturation par les médias (une employée virée pour avoir critiqué son patron sur son mur, etc.) pour préférer nous tendre un miroir. Le livre se présente ainsi comme une succession de petites scènes drôles ou grinçantes que nous avons tous observées ou vécues à l’ère 2.0. Des exemples ? Deux copines sur Facebook qui se laissent des messages “faut qu’on se voie !”… sans jamais se voir ; une soirée de crémaillère à laquelle, sur cinquante invités, trente-neuf répondent “peut-être” car tout le monde est en recherche d’un meilleur plan pour ce soir-là ; un déjeuner avec un ami où les iPhones sont posés sur la table et où il est normal d’être interrompu par un appel toutes les dix minutes ; une fille qui s’énerve de voir que son copain est en ligne sur Facebook alors qu’il ne répond pas à ses textos… Tout ça vous paraît banal ? Normal,

“une socialisation basée sur un évitement de l’autre” Alexandre des Isnards car cette petite révolution s’est faite imperceptiblement, mais sûrement : nous sommes devenus en un temps record des “whyers” (de la fameuse génération Y) qui passent d’un écran à l’autre en permanence. Une façon de gérer ses relations personnelles finalement proche du monde de l’entreprise, et qui a inspiré aux auteurs cette suite logique de leur best-seller L’open space m’a tuer : “En travaillant sur l’open space, on s’est rendus compte que, finalement, c’était un univers très proche de celui de Facebook, explique Thomas Zuber. Un espace où l’on vit sous le regard des autres, où l’on court dans tous les sens et où l’on n’est jamais disponible pour parler longtemps avec quelqu’un.” Car ce que pointe le livre, c’est bien qu’en 2011, prendre le temps de se voir “IRL” (In Real Life) tient désormais du superflu, voire de la bizarrerie… Alexandre des Isnards constate : “On voit bien au quotidien que la multiplication des moyens de communication conduit en fait à limiter le contact. Plus que l’opposition entre virtuel

et réel, qui est un peu dépassée dans l’analyse d’internet, c’est intéressant de voir comment se met en place une socialisation basée sur un évitement de l’autre. Ce que le livre appelle ironiquement les “mondanités en jogging” : fini les soirées tout seul devant sa télé, puisqu’on trouve toujours quelqu’un pour discuter sur MSN ou sur Facebook… au lieu de se bouger pour aller boire un coup. Alors, déprimant, ce constat ? Pas tout à fait, car le livre a le mérite de ne jamais adopter un ton moralisateur et de décrire avec humour ces comportements dans lesquels les auteurs sont les premiers à s’inclure : “Nous-mêmes, on a eu du mal à écrire le bouquin avec Facebook ouvert”, nous avouent-ils devant un demi rue Oberkampf. Eh oui, juré, pour cet article on s’est rencontrés pour papoter IRL. Entre deux coups de fil et trois SMS quand même… Marjorie Philibert Facebook m’a tuer d’Alexandre des Isnards et Thomas Zuber (Nil), 288 pages, 18 €

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in situ photo-école Besoin de perfectionner ses talents de photographe ? SLR Camera Simulator permet de s’entraîner aux réglages sur appareil photo reflex. Il permet de jouer avec la vitesse, la lumière, la sensibilité, l’ouverture et le diaphragme et de juger le résultat en visualisant la photo prise. camerasim.com

débat présidentiel en ligne Le CFJ (école de journalisme de Paris), l’AFP et Twitter ont imaginé sur YouTube un lieu virtuel de débat en vue de la présidentielle de 2012. Des interviews y seront diffusées régulièrement. Les internautes peuvent poser des questions et voter pour les meilleures. Après François Hollande, prochain invité, Dominique de Villepin. youtube.com/elections2012

objets vedettes Ce parcours interactif créé par le Vitra Design Museum permet de découvrir ce qui se cache derrière une quarantaine d’objets qui peuplent notre quotidien. On apprendra ainsi l’histoire des baguettes chinoises ou des tongs, des sparadraps ou des bouteilles Thermos. Passionnant et bien réalisé. www.hidden-heroes.net

site gaulois Ce site réalisé par le ministère de la Culture invite à une visite guidée en 3D de la villa gallo-romaine de Loupian, sur le littoral languedocien. Une découverte interactive et pédagogique de ce grand domaine agricole construit au Ier siècle avant notre ère et aux mosaïques préservées. Le site explique également le rôle des villas en Gaule romaine, et expose à travers des plans, schémas et fiches les techniques antiques de culture. villa.culture.fr

la revue du web Owni

Fabernovel

Webdocu.fr

une mythologie des bidonvilles

la marche de l’empereur du livre

exploration terrestre

Centre névralgique de la pauvreté, les bidonvilles sont plus la résultante d’un Etat non interventionniste, d’une politique de développement de l’habitat mal pensé, qu’une conséquence de la surpopulation urbaine. Et les économistes ont tort de croire que le libre-échange et sa “main invisible” y remédierait. La disparition des services publics qui en découle n’a fait qu’aggraver le problème. Une pertinente déconstruction en sept actes des principaux préjugés qui persistent au sujet des bidonvilles. bit.ly/m4BEPi

Si Amazon semble insignifiant face aux géants Facebook et Google, la librairie en ligne affiche ces quatre dernières années un chiffre d’affaires de 2,8 milliards de dollars, soit presque deux fois plus que celui de Google. Créée en 1995 par Jeff Bezos, la société américaine démarre avec un garage de 40 m², et compte aujourd’hui cinquante entrepôts. Cet ensemble d’infographies dévoile toutes les stratégies de gestion et la logistique de l’entreprise, devenue en moins de vingt ans un titan parmi les géants. slidesha.re/iN5fQJ

Urbex, pour exploration urbaine, une activité de déambulation secrète à travers des lieux abandonnés. Un web documentaire qui nous conduit à la découverte d’un hôpital psychiatrique désaffecté entre New York et Long Island et d’une manufacture de charbon construite en 1930 du côté de St Nicholas Breaker. De magnifiques clichés en noir et blanc qui subliment la lumière pénétrante et les équipements poussiéreux ayant survécu à l’épreuve du temps. Images de délabrement avancé qui nous font fantasmer ces lieux morts semblant encore vivants. bit.ly/iFIfuH

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Blue Valentine

La Chute d’Albert Camus Very Bad Trip 2 deTodd Phillips Nouvelles (més)aventures du trio de mâles US. Avec un Zach Galifianakis à fond.

Le Complexe du castor de Jodie Foster Réflexion tragi-comique sur la folie avec un Mel Gibson en plein burn out.

Thurston Moore Demolished Thoughts Un album calme et splendide, beau et sombre, produit par Beck.

Paris Review – Les Entretiens, tome II Les interviewsfleuves où se sont confiés Borges, Amis, Faulkner, Capote, Nabokov, ou encore Bowles.

Aziz Sahmaoui & University of Gwana Aziz Sahmaoui & University of Gwana Le musicien continue à faire résonner les sons mystiques du Maroc. Chantal Thomas L’Esprit de conversation Un hommage à l’art de parler et de faire de soi un individu singulier.

The Tree of Life de Terrence Malick Un grand film courageux qui signe le retour de Malick, de son cinéma panthéiste et de son obsession mystique.

Le Gamin au vélo de Jean-Pierre et Luc Dardenne Les frères Dardenne rénovent leur cinéma. Un travail d’orfèvres, un résultat bouleversant.

Je l’ai lu plusieurs fois quand j’écrivais Into the Murky Water, et ça m’a inspiré pour le titre de la chanson. Même si c’est écrit dans une langue très simple, le sens est si profond qu’on peut le lire cent fois et toujours y trouver du neuf.

Lisbon de The Walkmen C’est juste un disque incroyablement joué et chanté, avec des sons authentiques et une production très sensée. recueilli par Aude Chagnon

Mister Wonderful de Daniel Clowes Comment reconstruire sa vie après un divorce ? Une BD simple et inventive.

Beastie Boys Hot Sauce Committee Part Two La suite d’une œuvre hip-hop singulière et déjà classée monument historique. Archives de la vie littéraire sous l’Occupation Le catalogue de l’expo retrace une période trouble qui a vu émerger la figure de l’intellectuel engagé.

L’homme perdu dans le brouillard de C-F. Ramuz/ M. Berthod Une BD qui respecte la musique du silence des nouvelles de Ramuz.

Jay-Jay Johanson Spellbound Sobriété et mélancolie pour ce nouvel opus du dandy crooner suédois.

En présence d’un clown d’Ingmar Bergman. Condensé des heures de gloire du cinéaste. Le Quatrième Homme de Phil Karlson. Film de casse astucieux qui a inspiré Reservoir Dogs. Grindhouse Double programme fétichiste des 70’s signé Rodriguez et Tarantino.

Nicole Krauss La Grande Maison Ecrire pour réparer ce qui a été perdu. Nicole Krauss cherche comment l’on se réinvente après avoir vécu le pire.

Jeanine de Matthias Picard La biographie sensible d’une prostituée de 60 ans par un auteur qui se révèle.

Paul Heartfield

de Derek Cianfrance Aucun film n’a eu un effet aussi durable sur moi. Ryan Gosling et Michelle Williams sont vraiment crédibles en couple à court d’amour. Parfois c’est un peu dur à regarder, mais c’est ce qui le rend supérieur à bien des absurdités hollywoodiennes. En bonus, la musique de Grizzly Bear.

The Leisure Society Nick Hemming (au centre) est le co-auteur d’Into the Murky Water, nouvel album de The Leisure Society qui vient de sortir. Le groupe sera en tournée en Europe cet été.

Rain Anne Teresa De Keersmaeker Palais Garnier, Paris La chorégraphe cherche à “faire jaillir la vie” sur le motif de la spirale. Un choc.

I Am the Wind de Jon Fosse, mise en scène Patrice Chéreau Théâtre de la Ville, Paris L’essence de la vie sublimée par l’imaginaire de Chéreau pour témoigner de l’impossible sauvetage d’un homme revenu du pays des morts.

Fin de partie de Samuel Beckett, mise en scène Alain Françon Théâtre de la Madeleine, Paris Une mise en scène redoutablement efficace, un choix d’acteurs magistral et un duo jubilatoire.

Anri Sala Galerie Chantal Crousel Une expo comme un show live qui provoque un grand écart émotionnel enivrant.

Steven Claydon Mon plaisir… … votre travail La Salle de Bains, Lyon D’étranges céramiques dotées de vie par un son et lumière éphémère et cheap. Stupéfiant.

Amy O’Neill Forests, Gardens & Joe’s Centre culturel suisse, Paris Entre l’histoire intime et celle des Etats-Unis.

L.A. Noire sur PS3 et Xbox 360 Un jeu d’investigation d’une remarquable finesse dans le Los Angeles des années 40.

Virtua Tennis 4 sur PS3, Xbox 360 et Wii Une nouvelle mouture pleine de promesses qui fait le lien entre deux époques.

Top Spin 4 sur PS3, Xbox 360 et Wii Une expérience de tennis plus accessible et surtout plus addictive.

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supplément au No.809 du 1er au 7 juin 2011

le guide des

festivals de l’été

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festivals 2011 édito sommaire Les festivals sont classés par ordre chronologique

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île-de-france ouest nord et est sud-est sud-ouest grande-bretagne europe monde

l’édito

Cette année, pour Noël, on est certain d’une chose : personne n’osera plus nous offrir La Géographie pour les nuls – chouette bouquin au demeurant devenu fortement inutile dès lors qu’on a commencé à s’occuper de la préparation du guide des festivals de l’été. Pas une semaine ne s’est passée depuis sans que l’on ne réponde du tac au tac à la question “Attends, c’est dans le Sud-Ouest ou le Sud-Est ça ?” devant les yeux envieux de nos collègues. Pas une journée sans que l’on n’ait déclaré, fier comme Artaban, que oui, bien sûr, on sait parfaitement où se trouve Ginasservis, que Naeba est une station de ski japonaise et que Woodford se situe dans le Queensland australien. Pas une nuit sans que l’on ne se soit réveillé en sursaut en pensant, ému, que l’on sait désormais que les habitants de Foix s’appellent les Fuxéens. Pas une minute sans cette impression un peu frustrante d’avoir visité la France, l’Europe et même une partie du monde le visage collé devant l’écran d’ordinateur. Cet été, on fera valdinguer notre chaise de bureau pour y aller en personne. Et écumer, en tongs, un cocktail à la main, les quelque deux cents festivals réunis ici pour vous.

les inrockuptibles

Blexbolex

géographie (f)estivale

coordination éditoriale Noémie Lecoq, Ondine Benetier rédaction musique JD Beauvallet, Ondine Benetier, Matthieu Bourgouin, Thomas Burgel, Stéphane Deschamps, Ariane Gruet-Pelchat, Noémie Lecoq, Vadim Poulet, Johanna Seban cinéma Romain Blondeau, Arnaud Hallet arts Jean-Max Colard, Claire Moulène, Nina Gazaniol livres Anne Aufray, Nelly Kaprièlian scènes Fabienne Arvers, Hugues Le Tanneur, Philippe Noisette, Patrick Sourd télé/radio Jean-Marie Durand illustration Blexbolex directeur de création Laurent Barbarand conception et réalisation graphique Mathieu Gelézeau secrétariat de rédaction Stéphanie Damiot, Laurent Malet, Gaëlle Desportes, Jérémy Davis iconographie Maria Bojikian, Valérie Perraudin, Naïri Sarkis, Caroline de Greef retouche photo Antenna, Pascale Francès fabrication Virgile Dalier impression, gravure, brochage Roto Aisne SN directeur de la rédaction Bernard Zekri directeur de la publication David Kessler fondateurs Christian Fevret, Arnaud Deverre, Serge Kaganski dépôt légal Deuxième trimestre 2011. Les Inrockuptibles est édité par Les Editions Indépendantes, société anonyme au capital de 2 211 059,61 €. 24, rue Saint-Sabin, 75011 Paris, RCS Paris B 428 787 188 000 21. © Les Inrockuptibles 2011. Tous droits de reproduction réservés. Supplément au n° 809 du 1er juin des Inrockuptibles. Ne peut être vendu. Ne pas jeter sur la voie publique.

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île-defrance

Villette Sonique jusqu’au 1er juin à Paris electro, folk Après Animal Collective, Thurston Moore, The Fall ou encore Beth Ditto, c’est au tour d’une déferlante electro et expérimentale d’envahir le festival francilien qui accueille entre autres, pour sa journée de clôture, les inclassables Current 93, le Chilien Matias Aguayo et Pilooski, moitié du brillant duo Discodeine. 1er juin : Current 93, Comus, Matias Aguayo, Applebim, Pilooski, Rebolledo.

renseignements  www.villettesonique.com tarif  de 5 € à 30 €

Filmer la musique jusqu’au 5 juin à Paris rockumentaire Après quatre années passées au Point Ephémère, le festival Filmer la musique investit la Gaîté Lyrique et célèbre ses cinq ans avec plus de vingtcinq documentaires musicaux rares, inédits ou en avantpremière, en présence de nombreux invités (Danny O’Connor, Jad Fair…). Moment fort de cette année, la projection de Upside down: The Creation Records Story, en présence du réalisateur et du légendaire fondateur du label, Alan McGee. 1er juin : Moon Duo, Catholic Spray, Selfish Cunt 2 juin : Frustration, Ty Segall, Kellies 3 juin : FM Belfast, Men, Aladdin 4 juin : My Name Is Claude, Matthew Dear, Débruit, Egyptrixx 5 juin : Farewell Poetry, HHY & The Macumbas, Badawi. films Bassweight de Suridh Hassan, Upside down: The Creation Records Story de Danny O’Connor, Last Days Here de Don Argott et Demian Fenton, The Devil And Daniel Johnston de Jeff Feuerzeig, Better than Something: Jay Reatard de Alex Hammond et Ian Markiewicz, Kiss Loves You de Jim Heneghan, Player Hating: A Love Story de Maggie HadleighWest, Lemmy de Greg Olliver et Wes Orshoski, Reindeerspotting de Jonas Neuvonen, My Name Is Albert Ayler de Kasper Collin, et trois films de Mika Taanila.

renseignements  www.filmerlamusique.com tarif : de 3 € à 5 € la séance, de 14 € à 22 € le concert

Jalouse Rocks Paris jusqu’au 10 juin rock, folk Disséminé entre Le Trianon, Le Point Ephémère et trois hauts lieux de la hype parisienne, Le Baron, La Fidelité et Chez Moune, le festival du magazine Jalouse continue son entreprise de buzz en invitant les Anglais masqués d’Is Tropical, les immanquables La Femme,

les furies punk The Shining Twins, Spank Rock et la teigneuse Amanda Blank. Pour calmer le jeu, on comptera sur Herman Dune et leur antifolk divin. 8 juin : Lou Lesage, Is Tropical 9 juin : Herman Dune, La Femme, The Shining Twins, SoMe, Dvno, Mary & Robbie (The Big Pink), Matthias Mimoun 10 juin : Spank Rock, Amanda Blank.

renseignements  http://jalouse.fr/jalouserocksparis tarif  de gratuit à 25,30 €

Siestes à Paris du 4 juin au 10 juillet electro Déclinaison francilienne du festival toulousain, les Siestes électroniques s’associent au musée du Quai-Branly pour donner l’opportunité à huit artistes de fouiller la bibliothèque sonore du musée, pour des DJ sets gratuits dans les jardins spécialement aménagés pour l’occasion par l’architecte Leopold Ban. Les week-ends du début de l’été seront cool au quai Branly. 4 juin : Etienne Tron & invités 5 juin : Hicham Chadly 12 juin : Shane Aspegren & Lori Sean Berg 19 juin : Romain BNO 26 juin : Laurent Jeanneau 3 juillet : Cédric Marszewski 10 juillet : Brian Shimkovitz.

renseignements  www.les-siestes-electroniques.com tarif  gratuit

Métis du 7 juin au 5 juillet en Seine-Saint-Denis classique, jazz, world Sur le thème “Les sons de l’histoire”, le festival du 9-3 favorise le dialogue pas toujours évident au demeurant entre la musique classique et les autres, de la world à l’electro en passant par le jazz. On attend beaucoup de la création Latin America, soit la rencontre entre le DJ mexicain Murcof, le Quatuor Debussy et Erik Truffaz (voir aussi séquence). 1er juin : Vincent Dumestre 8 juin : Jos van Himmerseel 9 juin : Murcof 14 juin : Kristjan Järvi 16 juin : Semyon Bychkov 17 juin : Richard Galliano 18 juin : Myung-Whun Gung 19 juin : Khatia Buniatishvili 20 juin : David Afkham 21 juin : Ibrahim Maalouf 22 juin : Yoel Levi 23 juin : Gotan Project 24 juin : Grand Corps Malade 25 juin : Capuçon 28 juin : Myung-Whun Chung 29 et 30 juin : Eiving Gullberg Jensen 1er juillet : Jérémie Rhorer 3 juillet : Christina Pluhar 5 juillet : John Nelson

renseignements 01 48 13 06 07, www.festival-saint-denis.com tarif de 15 € à 60 € la soirée

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Agora du 8 au 18 juin à Paris musique contemporaine, spectacle Quels sont les rapports entre les mathématiques et la création ? Cette interrogation est au cœur de l’édition 2011 d’Agora, abondamment illustrée par Stockhausen, mais aussi György Ligeti, Daniele Ghisi ou Emmanuel Nunes. Elle fera aussi l’objet d’une rencontre entre Pierre Boulez et Alain Connes. Copieux et stimulant, ce festival explore en outre les relations entre le sonore et le visuel, à travers des créations aussi différentes que Luna Park de George Aperghis, Tales of the Bodiless par la chorégraphe Eszter Salamon ou encore Les temps tiraillés du plasticien Anish Kapoor, chorégraphié par Myriam Gourfink. du 8 au 10 juin : Luna Park de George Aperghis les 8, 15 et 16 juin : Parcours Stockhausen le 9 juin : Les temps tiraillés de Anish Kapoor et Myriam Gorfink du 9 au 15 juin : Tipwire, installation d’Ashley Fure et Jean-Michel Albert les 10 et 11 juin : Tales of the Bodiless d’Eszter Salomon.

Ò

Jerzy Skolimowski

Paris cinéma

cinés en marge Pour sa neuvième édition, le festival de la capitale

renseignements  01 44 78 12 40, www.ircam.fr tarif  n.c.

poursuit son exploration des cinématographies étrangères et honore Jerzy Skolimowski.

Autour du luth du 8 au 18 juin à Paris world Qui a le plus beau, qui a le plus gros ? C’est presque le championnat du monde de luth qu’organise l’Institut du monde arabe, avec six soirées thématiques et des instrumentistes originaires des quatre coins de l’Orient, de l’Algérie au Liban, en passant par la Palestine ou la Syrie et même l’Espagne et l’Allemagne. 8 juin : Hamid Makhlouf, Youssef Zayed, Hazem Shahreen 9 juin : Fayçal Salhi, Samer Totah, Gani Mirzo 10 juin : Issa Hassan, Naseer Shamma 11 juin : Khaled Ben Yahia, Adel Salameh 17 juin : Charbel Rouhana, Titi Robin, Fawzy Al-Aiedy 18 juin : Hichem Zoubeiri, Rabih Abou Khalil.

cinéma Le festival investit une nouvelle fois les hauts lieux de la cinéphilie. On retrouvera La Nuit du cinéma au Forum des images, consacrée cette année au roman porno japonais, au bis mexicain et aux femmes vampires. La compétition internationale opposera une dizaine de longs métrages au MK2 Bibliothèque, alors que de nombreuses avant-premières seront organisées, dont celles, très attendues, d’I’m Still Here de Casey Affleck et d’Attenberg d’Athina Rachel Tsangari, la révélation grecque. Un hommage sera rendu au cinéaste polonais Jerzy Skolimowski, en sa présence, avec une rétrospective intégrale au Nouveau Latina. Après le Japon, le festival proposera un focus sur le Mexique avec un panorama de plus de quarante films et de nombreux invités, dont Gael García Bernal. Avant de conclure par le karaoké cinéphile au 104. du 2 au 13 juillet, lire p. 12

Keren Ann chanteuse trouble

renseignements  01 40 51 38 14, www.imarabe.org tarif  de 12 € à 26 €.

Montereau confluences

Amit Israeli

Sur 101, album à la fois sombre, intimiste et éblouissant, la chanteuse polyglotte a délaissé le folk pour des sonorités électroniques, enrobées d’orchestrations en dentelle (anglaise). Un disque changeant et feutré, la tête dans les nuages. Sa tournée mondiale, en cours, ne lui laisse que peu de temps pour se produire en France cet été : raison de plus pour ne pas la manquer. le 28 août à Rock en Seine (Saint-Cloud). et aussi le 7 juillet au Festival de la Côte d’Opale (Desvres)

les 10 et 11 juin à Montereau-Fault-Yvonne rock, chanson Le défi est de taille, car cette année, il faudra survivre aux concerts de Zaz, de Ben L’Oncle Soul et de Nicoletta pour avoir le privilège de voir sur scène le héros casqué Cascadeur, dont le premier et très bel album, The Human Octopus, livre une pop lunaire aux renversantes acrobaties.

10 juin : Alice Cooper, Zazie, Grégoire, Marina, IME, Last Anza, Astoria, Inna Modja, Kob, Televox 11 juin : Cascadeur, Jean-Louis Aubert, Boney Fields, Awek, Alexx  & Mooonshiners, Vulcain, The Stalls, Natural Respect, Nicoletta, Ben L’Oncle Soul, Mademoiselle K, Zaz, Fabrice Mauss, Les Frangins.

renseignements  www.festival-montereau.fr tarif  12 € le pass 2 jours

Furia Sound Festival les 11 et 12 juin à Franconville rock, pop C’est sous les arbres du bois des Eboulures que, dix jours avant l’été, on pourra se prélasser au son de la vingtaine de concerts que propose le Furia Sound Festival. S’y côtoieront notamment l’electro-pop imparable de Pony Pony Run Run, les riffs pêchus des Subways, la pop-folk psychédélique des Australiens Cloud Control et le rock en rut du Jon Spencer Blues Explosion. 11 juin : Ayo, Pony Pony Run Run, The Subways, Justin Nozuka, Jehro, Sinsemilia, No One Is Innocent, Winston McAnuff & The Bazbaz Orchestra, Cloud Control, Mary’s Dream, Birdy Hunt, Les Bécasses 12 juin : The Jon Spencer Blues Explosion, K’s Choice, Apocalyptica, Converge, Puggy, The Damned Things, Yann Tiersen, Jello Biafra And The Guantanamo School Of Medicine, Lazywall, Branson Hollis, Back Lash, Jabul Gorba.

renseignements 01 34 20 02 02, www.furia.tm.fr tarif  27 € la journée, 42 € le pass 2 jours

Paris Jazz Festival du 11 juin au 31 juillet jazz, world (lire encadré p. 14) 11 juin : Thomas Enhco Trio, Yaron Herman Trio 12 juin : Benjamin Moussay Trio, Bojan Z, Michel Portal Duo 18 juin : Push Up, Charlier, Sourisse Quartet 19 juin : Ceux Qui Marchent Debout, Sly Johnson, 25 juin : Trio Damiano, Sarzier, Rizzo Trio, Fred Pallem & Le Sacre Du Tympan 26 juin : Surnatural Orchestra, Duo Fillon Ithursarry 2 juillet : Ping Machine, Stéphane Guillaume Brass Project 3 juillet : Andy Emler Mega Octet, Eddy Louis & La Multicolor Feeling Fanfare, Big Four Quartet 9 juillet : Gutbucket, Mighty Mo Rodgers 10 juillet : Daniel Mille Quintet, Trilok Gurtu African Project, 16 juillet : Yves Rousseau Sextet, Isabelle Olivier & Norma Winstone 17 juillet : Tania Maria Quartet, Youn Sun Nah Quartet, Armel Dupas & Chloé Cailleton 23 juillet : Renaud Garcia Fons, David Murray Cuban Ensemble

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Suny Yull Nah

Youn Sun Nah forever Youn

24 juillet : Harold Lopez-Nussa Trio, Omar Sosa Afri-letric Quintet, Luz Azul 30 juillet : Gaïa Cuatro, Ballaké Sissoko, Vincent Segal Duo 31 juillet : Jean-Philippe Viret, Antoine Hervé, Gaël Mevel & Caroline LagougeChaussavoine.

A l’automne dernier, la chanteuse coréenne et francophile s’échappait du jazz pur pour un magnifique album, Same Girl, plein de reprises et de surprises, des métallos de Metallica au folkeux tragique Jackson C. Frank. Coup de cœur. Cet été, elle tourne le plus souvent dans une formation gracieusement minimaliste, accompagnée du seul guitariste suédois Ulf Wakenius, et de son petit piano à pouces. le 17 juillet à Jazz à Paris. et aussi le 1er juillet à Ajaccio (Jazz à Aiacciu), le 2 à Cheverny, le 25 à Marseille (Festival des Cinq Continents), le 3 août à Marciac (Jazz in Marciac)

renseignements www.parisjazzfestival.fr tarif entrée du parc de 2,50 € à 5 €, pass festival de 10 € à 20 €

Côté Court : festival du film court du 15 au 26 juin en Seine-Saint-Denis cinéma Au programme de cette édition, une vaste rétrospective des vingt ans du festival. Des invités viendront accompagner l’événement dont la délicieuse Jeanne Balibar, le sculpteur Xavier Veilhan pour ses films vidéo et le groupe Farewell Poetry pour une prestation inédite. Les enfants ne seront pas en reste avec la venue de Pierre Luc Granjon, cinéaste d’animation à l’honneur. avec une projection de films de Bernard Plossu et Didier Morin, des performances de Bruno Chevillon, Jeanne Balibar, Yves-Noël Genod, Electre, Vincent Dieutre, des films de Stephen Dwoskin, Frédérique Devaux, Xavier Veilhan, un focus sur la plasticienne et vidéaste Marylène Negro, une compétition fiction, une compétition expérimentale.

Rock en Seine

hauts de scène Sous l’égide des indéboulonnables Foo Fighters et des sexy Kills, les jeunes prennent le pouvoir au festival francilien. rock, pop, electro On avait pris l’habitude d’y voir les réapparitions et reformations les plus improbables (The Offspring, Rage Against The Machine, Madness – le lauréat 2011 étant Big Audio Dynamite) et d’y cultiver une certaine nostalgie. Cette année, Rock en Seine balaie le passé pour célébrer le futur de la pop et du rock. En tête de course, les éternels ados d’Arctic Monkeys défendront leur dernier album, Suck It and See, tandis que le BFF (best friend forever) d’Alex Turner, Miles Kane, fera ses premiers pas en solo. Sous l’œil bienveillant de leurs aînés de The Kills et des Foo Fighters, qui donneront ici leur unique date en France, se produiront aussi les bondissants Wombats, l’excellent Kid Cudi, les très prometteurs Vaccines et Anna Calvi, sans oublier Faris Badwan qui devra se dédoubler pour jouer à la fois avec The Horrors et son nouveau projet, Cat’s Eyes, sur lequel on ne tarira pas d’éloges. du 26 au 28 août, lire p. 14

renseignements 01 48 91 24 91, www.cotecourt.org tarif 5 € la séance, 12 € les 3 séances, 40 € le pass intégral

June Events

Edouard Plongeon

du 16 au 20 juin à Vincennes danse Avec la création de Krypt/ The Last Song I Dance de l’artiste japonais Ko Murobushi et un focus sur le travail du Suisse Thomas Hauert, June Events, sous la direction artistique de Carolyn Carlson à La Cartoucherie de Vincennes, s’avère un des premiers grands rendez-vous de danse de l’été. avec Krypt/The Last Song de Ko Murobushi, Prepared Play By Ear de Zoo/Thomas Hauert, Carte blanche de Thierry De Mey…

Cat’s Eyes, le 28 août

The Kills rockeurs-nés Le duo anglo-américain le plus sexy de la planète rock sortait début avril son quatrième album, Blood Pressures. Un disque plus orchestré, plus éclectique, mais toujours résolument physique. Les White Stripes ne sont plus : pour la chaleur et la bestialité, il reste les Kills. le 26 août à Rock en Seine et aussi le 25 juin à Glastonbury (Grande-Bretagne), le 13 août à la Route du Rock

renseignements 01 41 74 17 10, www.junevents.fr tarif de 10 € à 20 €, pass 6 places 60 €, pass 10 places 80 €

Festival des nouveaux cinémas du 17 au 26 juin à Paris cinéma Dix jours pour dix lieux : le Festival des nouveaux cinémas présente de nouveau sa sélection de films numériques (courts et longs) tournés en HD ou DV, à l’aide de caméras pros, d’appareils photo, de portables ou de webcams. Au menu, de nombreux débats avec

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Stefano Giovannini

La Défense Jazz Festival

Cat Power, le 2 juillet

Days off

des off très in Raffiné et inventif, le festival parisien continue d’investir des lieux de prestige, à la hauteur de ses invités. rock electro Days off avait mis la barre très haut l’année dernière lors de sa première édition : artistes triés sur le volet, salles sophistiquées et projets originaux. Cet été, il persiste et signe, toujours éclaté entre la Cité de la Musique et la Salle Pleyel. Les plus fines plumes de la chanson française interpréteront Jacno Future, hommage à la tête pensante des Stinky Toys. Autre curiosité, The Velvet Underground Revisited réunira des membres de Radiohead, Air, Supergrass et le surdoué Nigel Godrich. Parmi les concerts traditionnels, saluons deux félins qui savent ronronner et sortir les griffes : le grand retour de Cat Power, en exclu mondiale, et le one-man-band The Legendary Tigerman. du 30 juin au 10 juillet, lire p. 12 les équipes des films. Le prix d’un concours de scénario organisé dans le cadre de l’événement sera également décerné. programmation en cours.

renseignements  www.nouveaucine.com tarif gratuit

LaPlage du 17 juin au 29 juillet à Paris pop, world Par rapport à Paris Plages, LaPlage du Glazart, c’est un peu le petit coin pour initiés, où l’on a la place de poser sa serviette. Et surtout de danser en tongs, grâce à une programmation globalement groovy, où l’on remarque les excellents Dengue Fever, les revenantes Electrelane ou le légendaire Bootsy Collins. Prévoir la douche en rentrant. 17 juin : Meltones 18 juin : Benjamin Siksou 19 juin : Juana Fé 21 juin : Fête de la musique, air guitar 23 juin : Watcha Clan 29 juin : Dengue Fever 30 juin : Mon Côté Punk, Batignoles, Ziveli Orkestar 1er juillet : Tower Of Power 6 juillet : Jaqee 8 juillet : Bootsy Collins 16 juillet : Systema Solar 22 juillet : Electrelane 27 juillet : Chico Trujillo 28 juillet : Quantic & Su Combo Barbaro

renseignements www.glazart.com/LaPlage tarif de 30 € à 40 €

du 18 au 26 juin, parvis de la Défense world, jazz Quelque part (sur le parvis de la Défense pour être précis), c’est le festival le plus décalé de France : les concerts du lundi au vendredi se déroulent le midi, à l’heure de la pause déj. Les allergiques à la verdure et les travailleurs du secteur tertiaire apprécient. Top groovy et gratuit. Prévoir le stick de déodorant pour le retour au bureau. 18 juin : Manu Katché avec Sly Johnson & Finley Quaye 20 juin : Staff Benda Bilili 21 juin : Ebo Taylor, Dennis Coffey, Patricia Bonner, Hindi Zahra 22 juin : Grand Pianoramax, Blitz The Ambassador 23 juin : Manu Codjia, Ambrose Akinmusire 24 juin : Sébastien Llado Quartet, Dead Jazz 25 juin : Clinton Fearon Solo, Emir Kusturica & The No Smoking Orchestra 26 juin : Keziah Jones, Georges Clinton.

renseignements www.facebook.com/ladefensejazzfestival tarif gratuit

Sin fronteras du 21 juin au 25 juillet à Paris world, hip-hop Pour le jour de la fiesta de la musica, le toujours recommandé festival du Cabaret Sauvage a réussi à sauver son affiche mexicaine. Et pour la suite, un petit tour à Cuba avec le roi de la salsa Isaac Delgado, retour en Europe pour une traversée des Balkans, départ vers l’Afrique du Nord avec Souad Massi, et pour finir thé au Sahara avec (entre autres) les aimables Tamikrest. 21 juin : Julieta Venegas, Natalia Lafourcade, Ely Guerra 25 juin : soirée Sombrazuca 26 juin : le oud selon Smadj 5 juillet : Isaac Delgado 8 juillet : carte blanche à Mondomix 9 juillet : soirée Balkan Gypsy Night 10 juillet : hip-hop Sin Fronteras 15 juillet : escale au Mali 16 juillet : Hilight Tribe 22 juillet : le grand bal de Barbès Café 23 juillet : Souad Massi 24 juillet : Sahara Blues.

renseignements 01 42 09 03 09 www.cabaretsauvage.com tarif de gratuit à 38 €

Festival Django Reinhardt du 22 au 26 juin à Samois-sur-Seine jazz L’an passé, le festival fêtait les cent ans de la naissance de Django Reinhardt. Cette année, on rajeunit le concept avec notamment la venue d’Antoine Boyer, guitariste prodige âgé de 13 ans. Les autres artistes programmés sont plus âgés, mais pas moins intéressants. 22 juin : Sébastien & Antoine Boyer Esmerald’ Jazz, Steeve

Laffont Trio, Goran Bregovic 23 juin : Axel Tassel Quintet, David Reinhardt avec Emmanuel Bex et Simon Goubert, George Benson 24 juin : Andreas Varady Quartet, Christian Escoudé, Erik Truffaz 25 juin : Jean-Jacques Gristi “Mediterranean”, Noé Reinhardt Trio, Raphael Gualazzi Sextet, Titi Robin & Faiz Ali Faiz, Avishai Cohen 26 juin : Les Elèves du CMDL, China Moses & Raphaël Lemonnier, Philip Catherine Trio, Dhafer Youssef Quartet, Sanseverino.

renseignements  www.festivaldjangoreinhardt.com tarif de 22 € à 30 € la soirée, 110 € le pass 5 jours

Films sous les étoiles du 23 au 25 juin à Saint-Cloud cinéma Le festival en plein air innove cette année avec l’entrée de courts métrages dans la sélection avant chaque projection. Thématique “évasion, voyage” pour cette nouvelle édition, avec huit films projetés dans le cadre du domaine national de SaintCloud, au rythme de deux séances simultanées par soir. Le festival se clôture par une nuit complète de cinéma le samedi 25, où tous les films seront projetés. 23 juin : Tandem de Patrice Leconte, Easy Rider de Dennis Hopper 24 juin : Carnets de voyage de Walter Salles, Le Peuple migrateur de Jacques Perrin, Jacques Cluzaud, Michel Debats 25 juin : Voyage au centre de la Terre de Henry Levin, Little Miss Sunshine de Jonathan Dayton, Into the Wild de Sean Penn, La Forêt d’émeraude de John Boorman.

renseignements 01 41 12 02 90, www.monuments-nationaux.fr tarif gratuit

Solidays du 24 au 26 juin à Paris rock, pop, electro Comme chaque année depuis douze ans, les habituels canassons de l’hippodrome de Longchamp laisseront une nouvelle fois leur place à des milliers de festivaliers venus fêter l’été et soutenir la lutte contre le sida au son des sets de l’inénarrable Katerine, des revenants Klaxons ou encore des fantabuleux Bewitched Hands. 24 juin : Cold War Kids, Philippe Katerine, Klaxons, Peter Doherty, The Bewitched Hands, The Go! Team, The Joy Formidable, Vitalic V Mirror, Cascadeur, Alice Russell, Balkan Beat Box, Aaron, Yael Naïm 25 juin : John Butler Trio, Madjo, Morcheeba, Moriarty, Asian Dub Foundation, Charles Bradley, Israel Vibration, Les Ogres de Barback, Patrice, Quadricolor, Shaka Ponk,

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Stromae, Syd Matters, Zone Libre vs Casey & B. James 26 juin : Aloe Blacc, Cocoon, Gaëtan Roussel, Moby, IAM, Asaf Avidjan & The Mojos, Bernard Lavilliers, Bumcello, Fool’s Gold, Orchestre National de Barbès, Yodelice, HK & Les Saltimbanks.

renseignements www.solidays.org tarif 35 € la journée, 49 € le pass 2 jours (samedi & dimanche), 54 € le pass 3 jours, 25 € le billet de nuit avec accès au festival à partir de minuit

Musicoparc du 25 juin au 24 juillet à Rosny-sous-Bois reggae, world, electro Tu aimes le reggae ? Tu as bien pensé à Bob pour les 30 ans de sa mort ? Tu en veux encore, mais tu n’as pas un rond ? Alors Musicoparc est pour toi : une sacrée brochette gratuite de légendes jamaïcaines le 2 juillet. Et si tu préfères l’afrobeat au reggae, tu peux quand même y aller, le 25 juin, pour Femi Kuti. 25 juin : Femi Kuti 2 juillet : Lee Scratch Perry, Max Romeo, The Congos 9 juillet : Orlando Poleo, Martha Galarraga les 17 et 24 juillet : dimanches électROSNYques

renseignements 01 48 12 27 80, www.rosny93.fr tarif gratuit

Days Off du 30 juin au 10 juillet à Paris rock, electro (lire encadré p. 10) 30 juin : Jacno future avec Etienne Daho, Jacques Higelin, Benjamin Biolay, Christophe, Domnique A, Miossec, Arthur H, Thomas Dutronc, Coming Soon, Brigitte Fontaine, Château Marmont, Alex Beaupain & Fred Lo, Alexandre Chatelard 1er juillet : The Legendary Tigerman, The Dø, 2 juillet : Jeanne Moreau et Etienne Daho interprètent Le Condamné à mort 3 juillet : Cat Power, Olafur Arnalds 4 juillet : Fleet Foxes, Villagers 5 juillet : Metronomy, Tame Impala 7 juillet : The Velvet Underground Revisited avec The Hot Rats (Supergrass), Colin Greenwood (Radiohead), Nicolas Godin (Air), Nigel Godrich & invités 8 juillet : Peter Von Poehl & Le Wind Orchestra, Thomas Dybdahl & Orchestre National d’Ile-de-France 10 juillet : Bardi Johannsson, Ourlives, I’m From Barcelona, Soko.

renseignements 01 44 84 44 84, www.daysoff.fr tarif de 18 € à 45 €

Le Duc des Lombards à l’Olympia du 1er au 18 juillet

jazz Bien que légendaire, le Duc des Lombards était un peu petit pour accueillir la fête d’anniversaire d’Ahmad Jamal – 81 ans. C’est donc à L’Olympia que ça se passe. Trois soirées de prestige, avec des monstres sacrés et la surdouée Esperanza Spalding. Même les premières parties valent le coup : le trio d’Eric Legnini en est la preuve. 1er juillet : Esperanza Spalding, Hiromi 2 juillet : Ahmad Jamal Happy Birthday Night 18 juillet : Eric Legnini Trio, Herbie Hancock, Wayne Shorter & Marcus Miller.

renseignements www.olympiahall.com tarif de 45 à 155 €

Paris Cinéma du 2 au 13 juillet cinéma (lire encadré p. 7) avec une Nuit du cinéma au Forum des images du 2 au 3 juillet sur le roman porno japonais, les bis mexicain et les femmes vampires, une rétro intégrale de films de Jerzy Skolimowski en sa présence, un hommage à Michael Lonsdale et Gael García Bernal, une rétro Don Siegel, des avant-premières (I’m Still Here, Cars 2…) et une compétition internationale au MK2 Bibliothèque.

renseignements 01 55 25 55 25, www.pariscinema.org tarif 5 € la séance, 12 € le pass nuit, 30 € le pass journée

Festival All Stars du New Morning du 5 juillet au 6 août à Paris jazz, world, folk Le New Morning est une de ces rares salles parisiennes qui ne fait pas relâche en juillet. Au contraire, c’est le festival Toutes Vedettes, dont une des qualités est de programmer des artistes qu’on voit très rarement, voire jamais, en France. On pense ici à la merveilleuse chanteuse brésilienne Céu, ou à l’orfèvre canadien Daniel Lanois. 5 juillet : Bitches Brew Beyond (hommage à Miles Davis) 7 juillet : Slapback 8 juillet : Céu 9 juillet : Mike Stern Band avec Didier Lockwood 11 juillet : Daniel Lanois 15 et 16 juillet : Roy Hargrove Quintet 18 juillet : New York Ska Jazz Ensemble 20 juillet : Monty Alexander Harlem Kingston Express 21 juillet : David Krakauer Klezmer Madness 26 et 27 juillet : Raul Midon & Richard Bona 28 juillet : Ravi Coltrane Quartet 30 juillet : Third World 1er au 4 août : Yuri Buenaventura 5 août : Kenny Garrett 6 août : Manolin El Medeco De La Salsa.

renseignements  01 45 23 51 41

www.newmorning.com tarif  de 24 € à 35 €

Nous n’irons pas à Avignon du 6 au 31 juillet à Vitry-sur-Seine théâtre, danse, musique Treize ans déjà… le contrefestival assume une belle santé et s’affirme comme l’alternative parisienne à la fuite en avant des compagnies vers les enfers du off avignonnais. Sous la direction de Mustapha Aouar, les multiples scènes de Gare au théâtre s’ouvrent au travail de 15 compagnies, au rythme de quatre spectacles par jour. avec Chat gris de nuit – Delagare et Cie, Forclose – Cie Sisyphe Heureux, Les Vies majuscules – Cie Le Château de Fable, L’Ascension héroïque du grand répertoire 3m33, La Caravane des sortilèges – Cie Les Imbroglios, Sans corps ni tête – Cie Babel 95, Nord-Ost Kick Théâtre

renseignements 01 55 53 22 26, www.gareautheatre.com tarif de 10 € à 13 €, pass 5 et 10 entrées à 7 € la place

Paris Quartier d’été du 14 juillet au 7 août danse, théâtre, musique Pas de Palais Royal cette saison mais la cour d’Honneur de l’Hôtel des Invalides et des invités classes comme Angelin Preljocaj, Emanuel Gat, l’Indien Roysten Abel. Des concerts dont certains gratuits dans les parcs parisiens, des pointures et des découvertes : pourquoi quitter la capitale cet été ? du 19 juillet au 6 août : Cie 26 000 couverts du 20 juillet au 7 août : Cie Mummenschanz du 22 au 24 juillet : Empty Moves Ballet Preljocaj du 25 au 31 juillet : Pierre Henry.

renseignements 01 44 94 98 00, www.quartierdete.com tarif n.c.

Fnac Live Festival du 21 au 24 juillet à Paris pop, rock, chanson Changement de nom et de date pour le festival, qui ne s’étalera désormais plus que sur une poignée de jours, mais programmation toujours aussi alléchante puisque c’est avec la pop foldingue de Brigitte, les comptines acides de Florent Marchet et les hymnes des Da Brasilians que l’on passera l’été sur le parvis de l’Hôtel de Ville. avec Brigitte, Florent Marchet, Zaza Fournier, Da Brasilians, Oh La La, Selah Sue. Reste de la programmation en cours.

renseignements www.fnaclivefestival.com tarif gratuit

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Claude Gassian

Rock en Seine

Ballaké Sissoko & Vincent Ségal, le 30 juillet

Paris Jazz Festival

la fine fleur du jazz Un bouquet de jeunes pousses et de vieilles branches enchantera le Parc floral tous les week-ends du mois de juillet.

Franck Esposito et Vincent Idez

jazz Au Parc floral de Vincennes, il y a de chouettes animations pour les enfants, dont une sorte de toile d’araignée à escalader de dix mètres de haut. Alors voilà, pendant les samedis et dimanches après-midi de juin et juillet, on va faire ça : on colle les enfants dans la toile d’araignée et on va un peu plus loin dans le parc se régaler de l’excellente programmation du Paris Jazz Festival. Toujours le même principe de week-ends thématiques (Pianissimo, Funk & Soul, Grands Formats, Hybridations, Latin Jazz, Jazz au vert…) pour présenter des artistes aussi divers et intéressants que Daniel Mille, Harold Lopez Nussa, Omar Sosa, Ballaké Sissoko & Vincent Segal, Thomas Enhco, David Murray, Youn Sun Nah et beaucoup d’autres. La meilleure programmation jazz de l’été parisien, pour le prix modique de l’entrée au parc. N’oubliez pas de récupérer les enfants avant de partir. du 11 juin au 31 juillet, lire p. 7

Cascadeur haute voltige Planqué derrière le casque de pilote de chasse et le masque de lucha libre se cache un orfèvre capable des acrobaties les plus renversantes. Ce Messin a sorti fin mars son premier album, The Human Octopus (“la pieuvre humaine” en VF). Foudroyant de grâce, il déploie ses tentacules pour investir le moindre recoin de scène, des lumières aux projections sur écran, jusqu’à contaminer les cœurs, de mélancolie et d’exaltation. le 11 juin au festival Montereau Confluences, le 24 juin à Solidays. et aussi le 9 juillet au festival La Pamparina (Thiers), le 23 aux Francofolies de Spa (Belgique) et le 20 août au Brussels Summer Festival (Belgique)

du 26 au 28 août à Saint-Cloud rock, electro (lire encadré p. 8) 26 août : Foo Fighters, Death In Vegas, The Kills, Kid Cudi, Funeral Party, Biffy Clyro, Big Audio Dynamite, Jamaïca, Yuksek, Paul Kalkbrenner, 27 août : Arctic Monkeys, Death From Above 1979, Interpol, Q-Tip, Etienne De Crécy, CocoRosie, Keren Ann, The Wombats, BB Brunes, Sexy Sushi, Hushpuppies, The Jim Jones Revue 28 août : Archive, Miles Kane, Trentmoller, Nneka, Deftones, Tinie Tempah, The Prick, The Vaccines, My Chemical Romance, Cat’s Eyes, Lily Wood & Crocodiles, Anna Calvi, Simple Plan, The Horrors, The Naked And Famous.

renseignements  www.rockenseine.com tarif  49 € la journée, 109 € le pass 3 jours

Jazz à la Villette du 31 août au 11 septembre jazz, soul, world A cheval sur les vacances et la rentrée, Jazz à la Villette fait carrément du rodéo en termes de programmation : du jazz de chez jazz, oui, mais aussi quelques légendes d’ailleurs (l’Ethiopien Mulatu Astaké, le groupe post-punk ESG, le top-funky Maceo Parker…) et une soirée 9/11 qui devrait s’entendre jusqu’à Manhattan… 31 août : Hindi Zahra avec Tigran Hamasyan et Ibrahim Maalouf 1er septembre : Mulatu Astatké 2 septembre : Yaron Herman 4 septembre : Aldo Romano, The Ex 5 septembre : Randy Weston, Kouyaté & Neerman 6 septembre : Archie Shepp 7 septembre : Rodolphe Burger & James Blood Ulmer 8 septembre : ESG, Poni Hoax, Roy Hargrove 9 septembre : Brad Meldhau 10 septembre : Maceo Parker, Fred Wesley 11 septembre : Questlove Afropicks avec Antibalas, Tony Allen, Amp Fiddler, Théo Parrish…

renseignements  01 44 84 44 84, www.jazzalavillette.com tarif  n.c.

Festival international de film de Châtenay-Malabry du 9 au 18 septembre cinéma Parrainé par Claude Miller, le festival fait découvrir au public les liens entre cinéma et paysage. Comme chaque année, le festival initie le public à d’autres cultures et met les voiles vers la Méditerranée à l’occasion de ce dixième anniversaire. Au total, une cinquantaine de films de plusieurs nationalités seront présentés.

programmation en cours renseignements  01 40 83 19 73 tarif  n.c.

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folk you ! Forts d’un nouvel album grandiose, les Français surdoués d’Herman Dune illumineront de leur classe nonchalante les festivals d’été. par Noémie Lecoq photo Emma Pick

P

aris, octobre 2009. David-Ivar, “Yaya” pour les intimes, “le chanteur-songwriter d’Herman Dune” pour les autres, déboule sur la scène du Point Ephémère pour assurer une première partie annoncée à la dernière minute. On a beau les apprécier, on plaint sincèrement les pauvres Mountain Goats, en tête d’affiche ce soir-là, tentant la mission impossible d’enchaîner après un tel sommet de musique fauchée mais étincelante. Armé d’une simple guitare sèche, David-Ivar fait visiblement vœu de pauvreté, mais les chansons qu’il joue, choisies sur un coup de tête, sont d’emblée saisissantes – y compris la ribambelle de morceaux inédits qu’il dévoile pour l’occasion. A quoi reconnaît-on que l’on a, ici, affaire à des classiques ? Entre ce concert et la sortie du nouvel album, Strange Moosic, il y a quelques jours à peine, plus d’un an et demi s’est écoulé, et pourtant on a passé une bonne partie de cet intervalle à en fredonner certains passages, marqués à l’encre indélébile dès la première écoute. Certes, d’autres concerts d’Herman Dune ont depuis été d’heureuses piqûres de rappel. En janvier, en maîtres de cérémonie omniprésents au festival Mo’Fo, les musiciens démontrent que la richesse va aussi à merveille à leurs nouvelles compositions, jouées cette fois en version groupe. Leur album précédent, Next Year in Zion, remonte à 2008 (une éternité, donc), mais le duo n’a pas l’habitude de rester les bras ballants. Yaya a multiplié les dessins et les expositions, tandis que Neman a rendu hommage aux BO de John Carpenter avec le groupe Zombie Zombie. Quand ils ne sont pas absorbés par leurs multiples projets perpendiculaires, les deux Français se souviennent qu’ils font aussi de la musique dans Herman Dune : soupir de soulagement. Sur ce nouvel album, le dixième si le compte est bon, le duo en profite pour ouvrir les fenêtres en grand, accueillant à bras ouverts tout ce que la brise apporte – pêle-mêle, un gazouillis de chœurs féminins élégiaques (Ah Hears Strange Moosic), un clavecin inquiétant (Where Is the Man ?), une pop-song radieuse

(Be a Doll and Take My Heart) et la coda en crescendo la plus saisissante depuis I Want You (She’s So Heavy) des Beatles (Magician, en clôture du disque). Cette rénovation du folk par l’électricité les éloigne de la scène antifolk à laquelle ils ont trop souvent été réduits, étiquette persistante qui accompagne généralement leur image d’apatrides. Elle prouve aussi leur maîtrise d’une écriture à la fois classique et épineuse, racée et hirsute. “J’aime les albums plutôt courts, explique David-Ivar. Je préfère dire un peu moins de choses, mais être compris et entendu, plutôt que d’en mettre trop. C’est valable aussi pour l’écriture d’une chanson, même si j’ai parfois

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un petit faible pour les rimes répétées en fin de couplet qui, à l’inverse, fonctionnent sur la longueur.” A des années-lumière de l’image usée d’un folk des champs, à consommer baluchon sur l’épaule et épi de blé aux lèvres, ils n’hésitent pas à cultiver leurs inspirations non musicales. Dans leurs clips ou sur scène, on a déjà remarqué leur goût persistant pour les créatures en fourrure. Ça se confirme encore avec cette nouvelle pochette, signée Yaya, ornée d’un yeti jaune triomphal en gants de boxe. Le titre même de l’album, avec son orthographe singulière, vient d’une série de comics d’Al Capp. Livre à l’appui, Yaya s’enflamme : “Le héros a un accent du Sud des Etats-Unis et les dialogues transcrivent son

accent quand il entend un air bizarre : ‘a strange moosic’. On finit par découvrir que ça provient d’une bête poilue, Schmoo, qui a la réponse à tous les problèmes de l’humanité.” C’est aussi le cas pour ce disque, aux moyens modestes mais à l’âme immense. Avis à tous les festivaliers qui croiseront le groupe cet été : pour regarder en face un groupe aussi éblouissant de grâce, préparez vos lunettes de soleil. album Strange Moosic (Green United Music/Pias) festivals le 9 juin à Paris (Jalouse Rocks), le 18 juin en Suisse (B Sides), le 30 juin en Suède (Egersund Vise Festival), le 2 juillet à Caen (Festival Beauregard), le 5 juillet en Corse (Calvi on the Rocks), le 7 juillet en Belgique (Les Ardentes), le 9 juillet à Monts (Terres de son), le 15 juillet en Espagne (Festival de Benicàssim) 1.06.2011 les inrockuptibles 17

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Jazz sous les pommiers jusqu’au 4 juin à Coutances jazz, world Jazz sous les pommiers fête ses 30 ans avec l’ONJ, Tigran Hamasyan ou le Super Rail Band de Bamako. Ne pas rater la fin de l’anniv : le soir du 4 juin, la ville de Coutances est livrée à une déambulation de fanfares qui va faire du bruit. 1er juin : Djelimady String Theory et le Super Rail Band de Bamako, Giovanni Mirabassi Trio, carte blanche à Aldo Romano, Gangbé Brass Band invite Aly Keïta… 2 juin : Michel Portal Sextet, Barbatuque, The Rosenberg Trio invite Sanseverino… 3 juin : André Minvielle & Lionel Suarez, ONJ, Ron Carter Trio, Joachim Kühn Trio, Jamie Cullum… 4 juin : Tigran Hamasyan solo & duo avec Martial Solal, Ebo Taylor, Fred Wesley & The New JB’s…

renseignements  www.jazzsouslespommiers.com tarif  de 10 € à 46 €

Aucard de Tours

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du 8 au 12 juin rock, etc. Démarrer sur les chapeaux de roues, mais surtout tenir la route : c’est la promesse de ce festival créé par Radio Béton en 1986, en pleine guérilla des radios libres et insoumises. Dans cet esprit tonitruant, sans freins ni casque, pas étonnant de retrouver le toujours bouillonnant Jon Spencer Blues Explosion ou l’hurluberlu Stupeflip. La présence de Yann Tiersen est plus surprenante, mais non moins immanquable. 8 juin : Stupeflip, Cercueil, The Finkielkrauts, Scorn… 9 juin : The Jon Spencer Blues Explosion, Groundation, Shaolin Temple Defenders, Biga Ranx… 10 juin : Yann Tiersen, The Inspector Cluzo, Gérard Baste… 11 juin : Zone Libre vs Casey & B. James, The Toxic Avenger, Ali’N, Dirtyphonics… 12 juin : Fumuj, Something A La Mode, Dagoba, Lexicon, Trap…

renseignements www.radiobeton.com/aucard tarif de 8 € à 10 € la journée, de 20 € à 25 € le pass 5 jours

Art rock du 9 au 12 juin à Saint-Brieuc rock, photo, danse (lire encadré p. 29) 9 juin : Who Knew, Ei Wada, Hiroaki Umeda 10 juin : The Hives, The Jon Spencer Blues Explosion, Yelle, Staff Benda Bilili, Hindi Zahra, King Charles, The Joy Formidable, Filewile, Boogers, Nan Goldin & The Tiger Lillies 11 juin : Yann Tiersen, Cali, Aaron, Aloe Blacc, Lilly Wood And The Prick, The Raveonettes, Is Tropical, The Inspector Cluzo, Tune-Yards, Nan Goldin & The Tiger Lillies, Ei Wada 12 juin : Bryan Ferry,

Anna Calvi, Klaxons, Julian Marley, Agnes Obel, Florent Marchet, The Legendary Tigerman, Radio Radio, Solange La Frange, Ei Wada.

renseignements www.artrock.org tarif spectacles gratuits et de 10 € à 30 €, 38 € le forfait journée, 65 € le pass 3 jours, 75 € le pass 4 jours

Papillons de nuit du 10 au 12 juin à Saint-Laurent-de-Cuves rock, chanson, etc. Raison très valable d’aller passer le week-end de la Pentecôte dans le département de la Manche, ce festival invite des mastodontes du rock (The Hives, Beady Eye), de l’electro (Klaxons, Digitalism) ou du jazz (Maceo Parker). Grâce à Da Brasilians, qui viendront en voisins, et à Cocoon, on y entendra aussi des mélodies taillées dans des ailes de papillons. 10 juin : Maceo Parker, Aloe Blacc, Groundation, Zone Libre vs Casey & B. James, Puggy, Selah Sue, The Tellers, Dub Inc., Yodelice, Chinese Man… 11 juin : The Hives, Beady Eye, Kaiser Chiefs, Klaxons, The Jon Spencer Blues Explosion, Digitalism, The Joy Formidable, Jeff Lang, Da Brasilians, The Lanskies, Eliza Doolittle, Absynthe Minded, Brune… 12 juin : Eddy Mitchell, Cocoon, Ben L’Oncle Soul, Zaz, Beat Torrent, Vismets, Les Ogres de Barback, King Charles, Medi, I Arkle & The Schoolyard Children, Royal Republic…

renseignements www.papillonsdenuit.com tarif 33 € la journée, 74 € le pass 3 jours

Etonnants voyageurs du 11 au 13 juin à Saint-Malo livres Autour du thème “Villes mondes, cultures urbaines”, le festival propose rencontres, débats, lectures, expositions, mais aussi projections de fictions et de documentaires. Cette édition s’articulera notamment autour de la révolte arabe. Egalement au programme : le témoignage de nombreux auteurs haïtiens après le séisme de 2010, ou encore un hommage à Aimé Césaire. avec Maurice Nadeau, Patrick Chamoiseau, Alain Mabanckou, Abdourahman Waberi, Léonora Miano…

renseignements  www.etonnants-voyageurs.com, tarif de 8 € à 10 € la journée, 23 € le pass 3 jours

Safari du 11 juin au 4 septembre à Nantes arts (lire encadré p. 22) avec Paul McCarthy, Paulien Oltheten, Sylvain Rousseau, Pilar Albarracin, Emilie Pitoiset, Carlos Amorales, Olivier Babin,

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renseignements 02 51 82 15 00, www.lelieuunique.com tarif de 8 € à 15 € le spectacle

Festival du film de Cabourg du 15 au 19 juin cinéma Entièrement tourné vers l’émoi amoureux, Cabourg se propose encore comme lieu idéal pour cinéphiles romantiques. Au programme de cette année, les habituelles compétitions de longs et courts métrages. Le festival réitère l’expérience de l’an passé en s’associant avec le Festival international du film d’Océanie (Fifo) pour une section documentaire portée sur l’outre-mer. programmation en cours.

renseignements 02 31 06 20 00, www.festival-cabourg.com tarif 25 € le pass 5 séances

Orléans jazz du 21 juin au 2 juillet jazz, world Dites donc, les Américains : ce n’est pas parce que vous avez inventé le jazz à La Nouvelle-Orléans qu’il faut faire les malins. Parce que nous, on a Orléans, dans le Loiret, et son festival de jazz qui affiche des découvertes en toute gratuité (jusqu’au 28 juin inclus) et des pointures en fin de festival (mais là, c’est plus cher). 21 juin : Fatoumata Diawara, Ceux Qui Marchent Debout 22 juin : La Source, Fiona Monbet Quartet, Thomas Enhco Trio 23 juin : Sandra Nkake Penda, Lavollée Dubreuil Larmignat Trio, Géraldine Laurent Quartet 24 juin : Jazz à Tours, Groove Catchers, Sidony Box, Hobo, Electro Deluxe, Alom Trio 25 juin : Tasty Granny, Quartet Menilmontant, Theo Ceccaldi Trio, Stéphane Durand Trio, Interactivo, RAS 26 juin : Swing Babylon,

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David Kozak Trio, Machaut, Possum Gumbo 27 juin : Pascal Maupeu, Majnun & The Bled’art Jazz Band, Arnotto 28 juin : Bernollin Roads Quartet, 4,5G/Richter, E.A.T. 29 juin : Briant/Decolly/Hurault, Laurent de Wilde Trio, Bobby Mc Ferrin + Manu Katche & Band 30 juin : Polykrom Jazz, David Murray Cuban Ensemble, Omara Portuando & Chucho Valdes 1er juillet : Empathy Trio, The Roy Hargrove Quintet, Compagnie Lubat 2 juillet : Vallarsa Sextet, Dhafer Youssef Quartet, Gotan Project.

renseignements www.orleansjazz.fr tarif gratuit jusqu’au 28 juin, puis 25 € la soirée, 40 € le pass 2 jours, 70 € le pass 4 jours

Le Rock dans tous ses états les 24 et 25 juin à Evreux rock, pop, electro Ce festival permet aux Normands, mais aussi aux proches Parisiens, de profiter d’une programmation riche et pointue. L’édition 2011 accueillera le retour des Anglais de Razorlight, le nouveau héros national Gaëtan Roussel, le roi Tiken Jah Fakoly ou encore la pop colorée d’Architecture In Helsinki. A ne pas rater, les petits tubes euphorisants des Normands de Concrete Knives, l’exubérante pop de Cloud Control ou encore celle, polyglotte, de Fool’s Gold. 24 juin : Razorlight, Tiken Jah Fakoly, The Toxic Avenger, Fool’s Gold, The Inspector Cluzo & Mates, Alister, Cloud Control, Kylesa, CW Stoneking, Dark Dark Dark, Disasteradio, Christine, The Experimental Tropic Blues Band, Drums Are For Parades, Elisa Jo, Parade 25 juin : Gaëtan Roussel, Skunk Anansie, Jello Biafra & The GSM, Popof, Architecture in Helsinki, The Subs, Atari Teenage Riot, Concrete Knives, Blake Worrell, Young Fathers, Atmosphere, Civil Civic, No Surrender, Destroyer, Hoquets, Radiosofa, Off The Beaten Track.

Renaud Monfourny

Mircea Cantor, Philippe Decrauzat, Alain Della Negra & Kaori Kinoshita, Franck Gérard, Ali Kazma, Lisa Lesaint, Rä Di Martino, Mathieu Mercier, Bruno Peinado, Eric Tabuchi et Pierre Vadi…

Pulp la résurrection Entendre, à nouveau et dans la sueur des foules bienheureuses, les tubes pop platinés et les chansons acides de l’un des plus grands groupes britanniques des trente dernières années. Voir, à nouveau et sans écran intermédiaire, Jarvis Cocker agiter ses membres d’interminable aspergedandy, bondir comme un jeune cabri, entouré de ses vieux camarades de Sheffield : certaines reformations font mal à la nostalgie, celle de Pulp est attendue comme la Noël. le 14 juillet aux Vieilles Charrues (Carhaix) et aussi le 11 juin au Isle of Wight Festival, le 1er juillet à l’Open’er Festival (Pologne), le 3 à Wireless (Royaume-Uni), le 7 à l’Exit Festival (République tchèque), le 8 au Bazant Pohoda (Slovaquie), le 10 à T In The Park (Royaume-Uni), le 15 à Dour (Belgique), le 17 au Melt (Allemagne), le 10 août à Sziget (Hongrie), le 12 au Oya Festival (Norvège), le 13 à Way Out West (Suède), le 27 à Reading (Royaume-Uni), le 28 au Leeds Festival (Royaume-Uni), le 4 septembre à l’Electric Picnic (Irlande)

renseignements www.lerock.org tarif de 36 € à 40 € la journée, de 49 € à 53 € le pass 2 jours

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Courtesy Galerie GP & N Vallois

Pilar Albarracin, Sans titre (El Asno), 2010

La Cité idéale du 25 juin au 31 juillet à Fontevraud-l’Abbaye arts, musique Après l’édition “A Table !” de l’année dernière, la sublime abbaye royale de Fontevraud ne remet pas le couvert, préférant se métamorphoser en une mystérieuse cité idéale. Sur le thème “En marchant”, l’été de l’abbaye sera rythmé par la présence des Touaregs insoumis de Toumast et de la fée francoanglaise Emily Loizeau, qui se produira lors d’un ciné-concert sur le film A la conquête des cimes : victoire assurée. avec ciné-concert d’Emily Loizeau et Brad Barr, concerts de Toumast, David Krakauer & Klezmer Madness, Zad Moultaka et Musicatreize, Yaron Herman Trio, exposition “L’Homme qui marche” de Jirô Taniguchi, installation artistique de Vincent Lamouroux, cycle de débats “Tous nomades ?”, promenades philosophiques avec Frédéric Gros, Michel Malherbe, Hervé Le Tellier, Marc Roger, Lucien Guirlinger, Pascal Commère.

renseignements 02 41 51 73 52, www.abbayedefontevraud.com/v3/ tarif de 6 à 13 € l’entrée

Safari

art animaliste Pour fêter son vingtième anniversaire, Zoo Galerie se penche sur la part sauvage de l’art contemporain avec une expo consacrée à la figure animale. arts Orchestrée par Patrice Joly, directeur artistique de Zoo Galerie, Safari est une invitation à réfléchir sur la place de l’animal dans la société. Des grottes de Lascaux jusqu’à aujourd’hui, de Goya à Maurizio Cattelan ou Damien Hirst, la figure de l’animal s’est imposée à toutes les époques comme un motif clé. L’animal sauvage, devenu animal domestique, est demeuré source intarissable d’inspiration. Une bonne entrée dans l’art contemporain, donc, et un constat : rompre avec l’animalité, s’éloigner sans cesse du sauvage, c’est aussi rompre avec toute une production imaginaire et symbolique. Au programme, vingt-cinq œuvres spectaculaires : du Spaghetti Man de Paul McCarthy, allégorie de la régression sexuelle dans les sociétés occidentales, à la vidéo de Paulien Oltheten, Man and Dog, danse mimétique entre un homme et un chien qui illustre à merveille ce sentiment dérangeant de familiarité, en passant par Le Grand Cacatoès blanc de Sylvain Rousseau et l’âne à contre-emploi de Pilar Albarracin. du 11 juin au 4 septembre à Nantes, lire p. 20

Les Orientales du 29 juin au 3 juillet à Saint-Florent-le-Vieil world A Saint-Florent-le-Vieil, Les Orientales privilégient la découverte des musiques du monde (dirigées plein est, donc) en profondeur. Pas juste un festival de musique qui aligne les noms incontournables de la saison, mais une immersion culturelle en dehors des modes avec des concerts, des conférences, des ateliers, des expos, des danses et la présentation de rituels… 29 juin : Les Etoiles du Ballet Royal du Cambodge 30 juin : Kaushiki Chakrabarty, Mathias Delplanque et l’Orchestre Pinpeat 1er juillet : Sidi Ali Lasmar Stambali, Jaipur Maharajah Brass Band, Les Frères Gundecha, Les Masques de la lune 2 juillet : Grandeur et raffinement du Mugham, Sidi Ali Lasmar Stambali, Jaipur Maharajah Brass Band, Ali Khattab Quartet, Chants soufis de la Ville Sainte de Tivaouane, Les Masques de la lune 3 juillet : Poésie et Luth Saz du Village de Bastoklu, Sidi Ali Lasmar Stambali, Chants soufis de la confrérie Skallia de Fès, Jaipur Maharajah Brass Band.

renseignements www.lesorientales.fr tarif de 10 à 18 € le concert 22 les inrockuptibles 1.06.2011

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Louis Decamps

Les Terrasses du jeudi

Electrelane, le 12 août

La Route du rock

en route pour la joie On ne raterait pour rien au monde une Route du rock, encore moins quand une programmation encore incomplète donne de tels frissons. rock, pop Pour le vingtième anniversaire de sa collection été, la Route du rock nous prend par les sentiments et joue avec nos nerfs. Seulement dix-sept noms confirmés, mais qui promettent un grand cru, façon Loïc Raison. Ces trois jours à passer entre le fort de SaintPère, le palais du Grand Large et la plage en compagnie d’une bonne partie de nos artistes favoris nous mettent déjà l’eau à la bouche, au moins autant que la traditionnelle galettesaucisse. Les nerveux et incendiaires Suuns seront là, on pourra aussi compter sur The Kills, duo le plus sexy du rock, les tourmentés Ecossais de Mogwai, les folkeux royaux de Fleet Foxes, les bruyants Crocodiles, et surtout, surtout, les quatre Anglaises d’Electrelane, reformé cette année. Plutôt que de la pluie, on prévoit de la vapeur à Saint-Malo. du 12 au 14 août à Saint-Malo, lire p. 28

du 30 juin au 28 juillet à Rouen chanson, world, etc. Un festival en plein air situé en plein cœur d’une ville, en l’occurence sur plusieurs places du centre de Rouen, c’est le concept de ces Terrasses qui, on l’aura deviné, se dérouleront tous les jeudis. Cette onzième édition, toujours entièrement gratuite, réunira pendant cinq soirées une poignée d’artistes locaux, notamment les Caennais sombres et élégants de Kim Novak, ainsi que les feux follets Friendly Fires. 30 juin : True Live, Friendly Fires, Missill 7 juillet : Kabbalah, Claire Jau, Mélosolex, Syntax Error, Melissa Jennings 14 juillet : Elisa Jo, Anaïs Et Rebecca, Yuval Amihaï Ensemble, Kelenya, The Divine’s Orchestra, 39th And Norton, Tokyo Overtones, Kim Novak 21 juillet : Bal D’Areski, Willo, MOA, Courir Les Rues, Stefan Orins Trio 28 juillet : Samy Thiébault Quintet, Nicola Són, Marita Trio, The Buttshakers, The Street Chamaan, Susheela Raman.

renseignements www.terrassesdujeudi.fr tarif gratuit

Au foin de la rue les 1er et 2 juillet à Saint-Denis-de-Gastines rock, hip-hop, reggae Fidèle à sa vocation alternative, Au foin de la rue réunit dans sa programmation éclectique une série de légendes en tout genre, des récemment reformés House Of Pain à Tiken Jah Fakoly, sans oublier l’inusable Horace Andy. Fidèle aussi à son nom, mi-champêtre, mi-urbain, ce festival mayennais promet de faire tout un foin. 1er juillet : House Of Pain, Horace Andy, Jaqee, Emir Kusturica & The No Smoking Orchestra, Zone Libre vs Casey & B. James, Push Up !, Blitz The Ambassador, Anakronic Electro Orkestra, Pad Brapad, Tournée Générale 2 juillet : Tiken Jah Fakoly, Yael Naim, Kocani Orkestar, HK & Les Saltimbanks, The Qemists, Axel Krygier, Grand Pianoramax, Pigeon John, True Live, DJ Food, Blockhead, DJ Vadim Presents The Electric, Kid Koala.

renseignements www.aufoindelarue.com tarif de 25 € à 29 € la journée, de 38 € à 44 € le pass 2 jours

Festival Beauregard du 1er au 3 juillet à Hérouville-Saint-Clair rock, chanson Programmer le même jour et sur la même scène la colombe mélancolique Agnes Obel et les papis hirsutes de ZZ Top en dit long sur le festival Beauregard, abrité dans le parc sublime d’un château du XIXe siècle. Profitant

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de son troisième anniversaire pour s’étoffer d’une journée supplémentaire de réjouissances, l’événement normand s’annonce à la fois audacieux et ambitieux, passionnant et palpitant. 1er juillet : Katerine, Motörhead, Gaëtan Roussel, Kasabian, Deus, Two Door Cinema Club, Birdy Nam Nam, Pop The Fish 2 juillet : Cold War Kids, Herman Dune, Aaron, Concrete Knives, ZZ Top, Agnes Obel, Morcheeba, Stromae, Da Brasilians, Jesus Christ Fashion Barbe, The Repeaters 3 juillet : Keziah Jones, The Kooks, Eels, Anna Calvi, Archive, The Ting Tings, Zazie, Patrice.

Danyel Waro, le 6 août

renseignements 02 31 47 96 13, www.festivalbeauregard.com tarif 39 € la journée, 65 € le pass 2 jours, 90 € le pass 3 jours

Les Tombées de la nuit du 5 au 9 juillet à Rennes danse, création, musique Cinq troncs d’arbres et 200 mètres de cordages : il n’en faut pas plus pour transformer la ville quand on s’appelle Jordi Gali et que l’on vit au ciel. Le public lève la tête pour suivre ses mouvements en apesanteur. Plus bas, La Compagnie Des Sirventès a installé des centaines de cartons pour une performance imprévisible, Güz II façonne un rock cabossé à la Beefheart et L’Orchestre D’Hommes-Orchestres réinvente Tom Waits. avec Jordi Gali, La Compagnie Des Sirventès, Güz II, L’Orchestre D’Hommes-Orchestres…

renseignements 02 99 32 56 56, www.lestombeesdelanuit.com tarif n.c.

Terres du son du 8 au 10 juillet à Monts rock, electro, etc. Ça ne se passe pas dans un hippodrome ni dans un quelconque champ en friche, mais dans le cadre nettement plus séduisant du château Renaissance de Candé, près de Tours. En toute logique, Terres du son célébrera quelques joyaux de la couronne pop (Lilly Wood & The Prick, I’m From Barcelona), la fée Yael Naim, ainsi que le roi (coup de) Soleil, Katerine. 8 juillet : Moriarty, Lilly Wood & The Prick, I’m From Barcelona, Rytmétix, Dub Inc., Boys Noize Records Night avec Housemeister, Strip Steve, D.I.M. 9 juillet : Katerine, The Bellrays, Herman Dune, Aaron, Band Of Gypsies, Irma, The Psychologist & His Medicine Band, Tower Of Power, Mixhell, South Central, The Finkielkrauts 10 juillet : Yael Naim, Grupo Compay Segundo, Louis Bertignac, The Tellers, Patrice, Les Hurlements D’Léo,

Les Escales de Saint-Nazaire

tour du monde Vingt ans de voyages musicaux fêtés au cours de cette édition exceptionnelle composée en forme de compilation. world Festival de musiques du monde, Les Escales ont l’habitude de proposer chaque été une programmation thématique toujours passionnante (“Musiques noires” l’an dernier, “Les terres promises” en 2004, “Sous les tropiques” en 2001…). Mais cette année, le festival fête ses 20 ans. Et pour l’occasion, la thématique c’est un peu “Bon anniversaire Les Escales” : un best-of, une grosse compile around the world, qui saute les frontières et les genres et invite des super copains. Viendront souffler les bougies : les vétérans de légende Gilberto Gil, Chucho Valdès et Archie Shepp… Il y aura du monde aux Balkans avec les Taraf De Haidouks & Kocani Orkestar (réunis dans le projet Band Of Gypsies), Shantel et Axel Kryger. Le 6 août, c’est la réunion des Réunionnais avec les excellents Danyel Waro, Christine Salem et Fanfaroné. Et on pourra même entendre de la world-music de Belgique avec Stromae, qui aura bien raison de demander “Alors, on danse ?” les 5 et 6 août, lire p. 28

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festivals 2011 ouest Cordeone, Blitz The Ambassador, Château Flight, Rod Anton & The Ligerians, The Hacker, Chinese Man…

renseignements 02 18 88 50 70, www.terresduson.com tarif de 29 € à 35 € la journée, de 43 € à 50 € le pass week-end, de 53 € à 60 € le pass 3 jours

Chauffer dans la noirceur du 14 au 16 juillet à Montmartin-sur-Mer rock, electro, hip-hop Installé sur le littoral de la Manche, ce festival met les projecteurs sur la scène locale, mais ouvre aussi ses fenêtres sur l’extérieur, s’offrant ainsi aux brises glaçantes d’Arnaud Fleurent-Didier. Pour affoler le thermomètre, il faudra plutôt compter sur l’electro-rock incandescente de !!!, dont la réputation de meilleur groupe de scène de l’univers est amplement méritée. 14 juillet : Moriarty, Balkan Beat Box, Hanin Elias, Tying Tiffany, El Hijo De La Cumbia, Bagarre, Regis Turner, Kanwi Canaghan, Martine On The Beach, Axel Krygier, Goldwave, Superpoze, Mother Mountain, DJ Lombo & Veget Percu 15 juillet : Public Enemy, La Rumeur, Bonaparte, Bends, L’Effet Défée, Igorrr, Terracota, Edition – (81), Tanuxalpan, Playground, Kesta & Djar One, Miss Sonik 16 juillet : !!!, Arnaud FleurentDidier, Duchess Says, The World/ Inferno Friendship Society, Last Barons, Dub Welders, Gomina, Sociopathe, Prön Flavürdik, Les Langues De Putes, Venox Record, DJ E-xit, V-Drips.

renseignements 02 33 07 91 91, www.chaufferdanslanoirceur.org tarif de 19 € à 22 € la journée, de 42 € à 52 € le pass 3 jours

Les Vieilles Charrues du 14 au 17 juillet à Carhaix rock, chanson, world, etc. C’est l’une des reformations les plus alléchantes de l’été : Jarvis Cocker et ses acolytes de Pulp seront le plus beau cadeau d’anniversaire de cette vingtième édition (lire encadré p. 21). Le mastodonte breton soufflera ses bougies façon feu d’artifice avec la machine à tubes Two Door Cinema Club, l’atomique M.I.A., la chipie Yelle ou les savants fous Foals. 14 juillet : Pulp, Scorpions, Snoop Dogg, Kaiser Chiefs, Olivia Ruiz, Jean-Louis Aubert, Yelle, Adam Kesher, Mondkopf, Ar Re Yaouank… 15 juillet : Eddy Mitchell, Cold War Kids, David Guetta, M.I.A., Foals, Soprano, The Bellrays, Stromae, Who Knew… 16 juillet : Cypress Hill, Supertramp, Yannick Noah, Angus & Julia Stone, Two Door Cinema Club,

Crystal Fighters, The Shoes, Tiga, Family Of The Year 17 juillet : Lou Reed, The Chemical Brothers, House Of Pain, PJ Harvey, Pierre Perret, Goran Bregovic…

renseignements 02 98 99 25 45, www.vieillescharrues.asso.fr tarif de 39 € à 41,40 € la journée, de 99 € à 103 € le pass 3 jours, 137 € le pass 4 jours

Val de jazz du 15 au 23 juillet à Sancerre et dans le Val de Loire jazz, chanson Un de ces chouettes petits festivals en région viticole dont la programmation, entre jazz et variétés, vaut ce qu’elle vaut, mais peut réserver quelques bonnes surprises (là, on compte sur le trio du délicat guitariste Lionel Loueke). Entre caves et châteaux, avec un verre de pinard à la main, tout devrait bien se passer. 15 juillet : Les Pommes De Ma Douche, Benjamin Halay & Jean-Paul Zennacker 16 juillet : Nguyen Lê, Trio Schann 18 juillet : Imany, Abd Al Malik 19 juillet : Jonathan Saguez Trio, Avishai Cohen 21 juillet : Pierre-Gérard Verny, Rhoda Scott 22 juillet : Lionel Loueke Trio, Sanseverino 23 juillet : Les Diables Verts.

renseignements www.valdejazz.com tarif de 20 € à 25 € la soirée, de 40 € à 45 € le pass 2 jours, 140 € le pass complet

Ecrivains en bord de mer du 20 au 24 juillet à La Baule livres (lire encadré p. 27) avec Mathias Enard, Régis Jauffret, Gaëlle Obiégly, Patrick Bouvet, Nathalie Quintane…

renseignements 02 40 69 51 94, www.ecrivainsenborddemer.fr tarif gratuit

Jazz à Vannes du 25 au 30 juillet jazz Pas trop de binious chez les Bretons de Jazz à Vannes, mais plutôt le saxophone de Manu Dibango pour fêter gratuitement l’ouverture du festival. C’est encore très bien le lendemain avec la chanteuse à gorge profonde Cassandra Wilson. Et ça se terminera au mieux avec l’ONJ de Daniel Yvinec. 25 juillet : Manu Dibango 26 juillet : Lydia Domancich & Jean-Mathias Petri, Kellylee Evans, Cassandra Wilson 27 juillet : Blues & Betond Quartet, Rémi Panossian, Monty Alexander Trio 28 juillet : Guillaume Saint-James Sextet, Charlier & Sourisse, John McLaughlin & The 4th Dimension 29 juillet : Bobby & Sue, Domancich, Avenel & Goubert, Ravi Coltrane Quartet 30 juillet : Samy Thiebault, JC Cholet, ONJ Daniel Yvinec.

renseignements 02 97 01 62 30, www.jazzavannes.fr tarif de 11,80 € à 37 € la soirée, de 129 € à 150 € le pass

Astropolis du 28 au 30 juillet à Brest electro La programmation d’Astropolis, rendez-vous français des têtes brûlées aux BPM, a des allures de festin de musique électronique sous toutes ses formes. Découvertes pour l’apéro, révélations en hors d’œuvre (avec The Shoes, La Femme ou Pantha Du Prince) et plats de résistance de qualité (Carl Craig, Mr. Oizo, Cassius et Laurent Garnier) en prévision. 28 juillet : Nouvelle Vague, I Am Un Chien, Cello In Cage, Underjack, DJ Koze, DOP, Teenage Bad Girl, Dakunt & Stinj Get Flavour, Coksinelle, Kogura Mustache, DJ R1D1, Michtek, Contact, Kor 3, Koxinhell, Bottox 29 juillet : La Femme, Wally Stryk, Pure Sim, Carl Craig, Psycatron, Pantha Du Prince, Sonic Crew, Mr. Oizo, The Toxic Avenger, The Shoes, Logo, The Popopopops Sound System, The Triptick, Douchka 30 juillet : Anorak, Selg Live, Daxell & Combe, Polo’s Loop Live, Supermayer, Stephan Bodzin, Electric Rescue vs Maxime Dangles, Maetrik, Sonic Crew, Beuns Et Rockette, Jackson, The Outside Agency, Sarin Assault, Manu Le Malin, Conne Action Sound System, Godronbord, Goldie, Rusko, Joker & MC Nomad, Oddateee, Elisa Do Brasil avec Miss Trouble & Youthstar, Sigma, Mac Loud, T Bia, Laurent Garnier, Cassius, Housemeister…

renseignements 02 98 43 37 74, www.astropolis.org tarif  concerts gratuits et de 8 € à 32 €

Au pont du rock les 29 et 30 juillet à Malestroit rock, chanson Au pont du rock, un bal sera donné. De toute évidence, ce festival breton a un petit faible pour les artistes hexagonaux de tous horizons, de la chanson absurdement régressive de Katerine au rock insoumis de Deportivo, des comptines audacieuses de The Dø à la pop féérique de Lilly Wood & The Prick : de quoi éviter facilement les quelques invités dispensables. 29 juillet : Moriarty, Lilly Wood & The Prick, Deportivo, La Phaze, Dirty Fonzy, Furs… 30 juillet : Katerine, Catherine Ringer, Selah Sue, The Dø, Chinese Man, Mademoiselle K, Skip The Use…

renseignements 02 97 73 76 91, www.aupontdurock.com tarif  de 21 € à 25 € le vendredi, de 27 € à 31 € le samedi, de 38 € à 48 € le pass 2 jours

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Richard Lange tombé du ciel Avec son regard désillusionné, sa langue aux frontières du fantasque, Richard Lange est une découverte au rayon littérature américaine. Dans Ce monde cruel, son premier roman paru en 2011, il cartographie une ville cruelle, L. A., à travers une plongée chez les marginaux. Un portrait du monde moderne qu’il pourra développer à l’occasion de la thématique “Villes mondes, cultures urbaines” du festival Etonnants voyageurs. à Etonnants voyageurs (Saint-Malo)

Catherine Hélie

Régis Jauffret

Ecrivains en bord de mer

mises en plage Un rendez-vous littéro-balnéaire qui invite le printemps arabe à passer l’été sur les rives de l’Atlantique. livres Autour du printemps arabe, thème de cette quinzième édition, le festival recevra l’écrivain tunisien Yamen Manai, accompagné d’Elisabeth Daldoul, qui dirige les éditions Elysad à Tunis. Elle entend montrer le rôle que les écrivains ont joué dans ce soulèvement de la liberté. D’autre part, Chloé Delaume, responsable de la collection Extraction aux éditions Joca Seria et auteur de nombreux livres, partagera avec le public les talents de la nouvelle génération qu’elle a publiés, comme Patrick Bouvet. Interviendront entre autres Régis Jauffret pour sa dissection fantasque du couple amoureux dans son dernier roman, Tibère et Marjorie ; Mathias Enard, auteur de Parle-leur de batailles, de rois et d’éléphants, prix Goncourt lycéen en 2010 ; ou encore Nathalie Quintane, dont le dernier livre, Tomates, inspiré par l’“affaire de Tarnac”, bouscule les frontières des genres, entre poème, essai et autofiction. du 20 au 24 juillet à La Baule, lire p. 26 1.06.2011 les inrockuptibles 27

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festivals 2011 ouest Les Escales de Saint-Nazaire les 5 et 6 août world (lire encadré p. 25) 5 août : Renegades Steel Band Ochestra, Snowboy, DJ Click, Gilberto Gil, Femi Kuti & The Positive Force, Titi Robin & Faiz Ali Faiz, Mexican Institute Of Sound, Bomba Estereo, Le Bagad De Saint-Nazaire, Les Gnawas D’Agadir, Yael Naim, Orchestre National de Barbès, Niqolah Seeva 6 août : Renegades Steel Band Ochestra, Snowboy, DJ Click, Chucho Valdés & Archie Shepp, Manu Dibango, Gotan Project, Band Of Gypsies, Taraf De Haidouks & Kocani Orkestar, Axel Krygier, Christine Salem, Danyel Waro, Stromae, Shantel And The Bucovina Club Orkestar, Fanfaroné.

renseignements 02 51 10 00 00, www.les-escales.com tarif de 15 € à 22 € la journée, de 23 € à 30 € le pass 2 jours

Festival du bout du monde du 5 au 7 août à Crozon chanson, world Le bout du monde, il y a ceux qui en viennent, et ceux qui y vont. Tous se retrouvent au festival du même nom, sis en la belle presqu’île de Crozon. De la bonne musique du monde, donc (avec notamment la fanfare Ciocarlia, Afrocubism ou la rare Oumou Sangaré) et des vedettes françaises comme s’il en pleuvait (mais en espérant qu’il ne pleuve pas). 5 août : Fanfare Ciocarlia, Moriarty, Staff Benda Bilili, Marcio Faraco, Gaëtan Roussel, Bernard Allison, Jehro, Katzenjammer, Catherine Ringer 6 août : Bernard Lavilliers & Bonga, Aloe Blacc, Moriarty, 17 Hippies, I Muvrini, Le Bagad de Plomodiern, Afrocubism, Muchachito Bombo Infierno, Yael Naim & David Donatien, Systema Solar, Moussu T E Lei Jovents, Hanggai, Professor 7 août : Louis Chedid, Toots & The Maytals, Susheela Raman, Ben L’Oncle Soul, Oumou Sangaré, Renegades Steel Band, Gipsy Burek Orkestar, Gogol Bordello, Jaqee, Axel Krygier, Madjo, Sophia Charaï.

renseignements  www.festivalduboutdumonde.com tarif  29 € la journée, 49 € le pass 2 jours, 63 € le pass 3 jours

Blues in Chédigny y musicas de Cuba du 11 au 14 août world, blues Quel est le point commun entre le blues et les musiques cubaines ? Chédigny, en Indre-et-Loire, située à 8 000 km de La Havane et à peu près autant de Memphis, mais au crossroad des deux le temps d’un festival. Et en plus, il y a en Touraine ce qui manque

gravement à Cuba et dans le Tennessee : du pinard. 11 août : Liz McComb 12 août : Shannon, Fanfare, Lucky Peterson, The 19th Street Red Blues Band, Earl Thomas avec Paddy Milner & The Big Sounds 13 août : Blues In Box, Rochelle Harper, La Fanfare Saugrenue, Calep Emphrey Blues Band, Jean-Jacques Milteau 14 août : Tempo Oio, Calle 23, Septeto Santiaguero, Los Guasoneros De Guantánamo.

renseignements  02 47 91 82 82, www.blues-in-chedigny.com tarif  de 15 € à 20 € la soirée, 50 € le pass 3 jours

La Route du rock du 12 au 14 août à Saint-Malo rock, pop, electro (lire encadré p. 24) 12 août : Mogwai, Sebadoh, Electrelane, Suuns, Anika 13 août : The Kills, Blonde Redhead, Battles 14 août : Fleet Foxes, Crocodiles, Here We Go Magic, Dan Deacon, Cat’s Eyes…

renseignements 02 99 54 01 11, www.laroutedurock.com tarif  de 18 € à 40 € la journée, 75 € à 80 € le pass 3 jours

La Route du cirque du 12 au 21 août à Nexon cirque La haute voltige est à l’honneur à Nexon, dans un festival reconnu pour son ouverture et sa programmation exigeante qui privilégie les nouvelles esthétiques du cirque contemporain. Voltigeurs, équilibristes, jongleurs, acrobates, danseurs, chanteurs se retrouvent sous les chapiteaux du parc du château, pour le plaisir de tous les publics. avec compagnie XY, compagnie Cheptel Aleïkoum, compagnie Max Et Maurice, cirque Bang Bang, Baro d’Evel Cirk, Circo Aero, compagnie La Faux Populaire, Jean-Baptiste André, compagnie Bis Repetita…

renseignements www.cirquenexon.com tarif  de 5 à 16 € le spectacle, 70 € le Parcours Charivari (pass intégral)

Festival du cinéma de Douarnenez du 19 au 27 août cinéma La trente-quatrième édition de ce festival dédié aux minorités et aux questions humanitaires voyagera à travers l’Afrique subsaharienne. Cinéastes, plasticiens, critiques, chercheurs et associations présentent la création africaine avec une programmation inédite de soixante-dix films et deux hommages : à l’écrivain tiers-mondiste Frantz Fanon et à l’indépendantiste congolais Patrice Lumumba. avec les projections de films de Suleman Ramadan, Olivier Schmitz, François Verster,

Khalo Matabane, Jack Lewis, Emmanuelle Bidou, Abdellatif Kechiche, mais aussi une librairie dédiée aux minorités, des rencontres littéraires et des expositions de Zanele Muholi et Bruce Clark.

renseignements  02 98 92 09 21, www.festival-douarnenez.com tarif  6 € la séance, 70 € la carte permanente

Festival des traversées Tatihou du 27 au 31 août à Tatihou et Saint-Vaast-la-Hougue world Tatihou c’est où ? Du côté de Tahiti ? Non, non, non, dans la Manche, et vraiment dans la Manche, puisque Tatihou est une île à laquelle on accède à marée basse. Toute une aventure, avec une programmation pleine de découvertes (et aussi les renommés Chieftains). Pour ceux qui ont peur de se mouiller, les concerts du soir ont lieu sur le continent, à Saint-Vaast. 27 août : Amuséon et Castanha E Vinotel 28 août : Xarnege, Pé Na Terra, Kamel El Harrachi, 29 août : Carlos Nunez, Xera, 30 août : Frigg, Ragga Grondal, The Old Dance School, 31 août : Mabon, The Chieftains.

renseignements  02 33 05 95 88, http://tatihou.manche.fr tarif  de 10 € à 20 € le concert

Festival off-courts de Trouville du 2 au 10 septembre cinéma Cette année le Festival off-courts de Trouville organise une rencontre France-Québec, avec deux films Import/Export de Steve “Carnior” Landry (Québec) et Olivier Talouarn (France), et une compétition de courts-métrages. Le festival diffusera aussi, lors des trois soirées Kino Kabaret, les films réalisés sur place en quarantehuit heures. De quoi perpétuer son marché international du court. programmation en cours.

renseignements  02 31 14 39 05, www.off-courts.com tarif  gratuit

Festival du cinéma américain de Deauville du 2 au 11 septembre cinéma Nouvelle édition du rendez-vous incontournable du cinéma américain en France, où se disputent les dernières superproductions et le meilleur de la scène indépendante. On y retrouvera cette année, en marge de la compétition, les habituelles projections en avant-première, une sélection de documentaires, des hommages et des projections consacrées aux séries télé. programmation en cours.

renseignements  www.festival-deauville.com tarif  30 € le badge journalier, 150 € le badge permanent

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Klaxons, le 12 juin

Art rock

côte d’Armorock Art numérique, photographie et street art sont au menu du festival briochin qui, cette année encore, réunit vieilles branches et jeunes pousses. rock, pop, electro La Bretagne, ça vous gagne. Et qui dit Bretagne ne dit pas seulement Vieilles Charrues ou Route du rock. A Saint-Brieuc, le festival Art rock replace les Côtes-d’Armor au cœur de la cartographie culturelle et constitue l’un des premiers événements immanquables de l’été, dès le mois de juin. Bien nommé, le festival fait le grand écart entre performances artistiques (carte blanche à Miss Tic, collaboration entre Nan Golding et le trio The Tiger Lillies, expositions d’art numérique et de photographie, chorégraphie de Hiroaki Umeda…) et programmation musicale pointue. Du côté des concerts, on saluera la présence d’une brochette d’aînés (Bryan Ferry, The Jon Spencer Blues Explosion) et celle de jeunes pousses (Anna Calvi, Agnes Obel, Yelle, The Joy Formidable, Klaxons, Solange La Frange). La France sera aussi dignement représentée avec les concerts de Florent Marchet, Aaron, Yann Tiersen ou Boogers. A ne pas rater enfin, The Legendary Tigerman, Hindi Zahra et Staff Benda Bilili. du 9 au 12 juin à Saint-Brieuc, lire p. 20

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nord et est

Festival international de l’affiche et du graphisme de Chaumont jusqu’au 5 juin arts graphiques Le festival de Chaumont se penche cette année sur la lettre et les caractères d’imprimerie, avec une exposition dédiée aux commandes graphiques de la firme Olivetti, première fabrique de machines à écrire italiennes. En prime, une rétro Edward Fella et une expo collective consacrée au monozukuri (littéralement, “processus de fabrication”). avec dans le cadre de 13 à cheval, Michiel Schuurman, Pinar Dermirag & Viola Renate, Paul Cox, Paul Elliman, Séverin Millet, Guillaumit, Olaf Ladousse, Hector de la Vallée, Bonnefrite, Arrache-toi un œil, Jochen Gerner, Jocelyn Cottencin.

renseignements 03 25 03 86 80, www.chaumont-graphisme.com tarif n.c.

Le Vent des forêts jusqu’au 30 septembre à Fresnes-au-Mont art contemporain Totalement atypique, mais néanmoins très pointue en matière de création contemporaine, l’association Le Vent des forêts invite depuis quatorze ans des artistes contemporains à venir travailler au cœur de la forêt de la Meuse. Une sélection pertinente et alléchante cette année encore. avec les frères Chapuisat, Théo Mercier et Christophe HamaidePierson, Mick Peter, Morgane Tschiember, Stéphane Vigny...

renseignements 03 29 71 01 95, www.leventdesforets.com tarif gratuit

Furies du 6 au 11 juin à Châlons-en-Champagne cirque et théâtre de rue Alerte maximale pour cette vingt-deuxième édition de Furies, en forme de mises en garde par l’humour et le drame. Acrobat se lance, avec Propaganda, dans une démonstration de méthodes simples pour entamer “la nécessaire révolution pacifique et écologique qui seule nous sauvera”. avec Les Quatre Morts du président Petit par Délices Dada, Silence encombrant par Kumulus, Nour par le GdRA, Le Projet par 4 Litres 12, Page blanche de Luc Amoros, Propaganda d’Acrobat…

renseignements 03 26 65 90 06, www.festival-furies.com tarif de 10 € à 14 € le spectacle

Latitudes contemporaines du 7 au 17 juin dans le Nord danse Le festival nordiste joue sa carte ultracontemporaine et cela lui réussit plutôt bien. Gilles Jobin et Rachid Ouramdane y présenteront leur dernière

création. On y verra (M)imosa, notre coup de cœur de la saison avec le quatuor BengoleaChaignaud-Harrell-Monteiro Freitas, et surtout l’ovni brésilien Luiz de Abreu. avec Exposition universelle de Rachid Ouramdane, Gonzo Conference de Fanny Chaille, O Samba do crioulo doido de Luiz de Abreu, City Maquette de Mathilde Monnier, Spider Galaxies de Gilles Jobin...

renseignements 03 20 55 18 62, www.latitudescontemporaines.com tarif de 7 € à 13 € le spectacle

Le Consortium de Dijon (portes ouvertes) du 9 au 11 juin arts (lire encadré p. 34) avec Dan Graham, Cindy Sherman, Bertrand Lavier...

renseignements 03 80 66 70 49, www.leconsortium.com tarif n.c.

Décibulles du 24 au 26 juin à Neuve-Eglise pop, world, rock Mélange du savoir-faire brasseur de la région et de musique rock, le festival Decibulles décline la recette pour sa dix-huitième édition. Seize mille festivaliers y côtoieront une programmation éclectique, du reggae de Lee Scratch Perry au génie précurseur de DJ Shadow. 24 juin : Lee Scratch Perry + Max Romeo, Thomas Fersen, Gentleman 25 juin : Lilly Wood & The Prick, Stupeflip, Beat Torrent 26 juin : Skip The Use, John Butler Trio, DJ Shadow.

renseignements www.decibulles.com tarif de 17,50 € à 30 € la journée, de 48 € à 60 € le pass 3 jours

Musiques d’ici et d’ailleurs du 25 juin au 31 juillet à Châlons-en-Champagne world, pop Ça commence avec Magnifico, et ça se termine avec Magma. Entre les deux, c’est magmagnifique, surtout pour la floraison world : le vétéran sénégalais Ablaye Ndiaye Thiossane (qui sort son premier album à 70 ans) et les petits renards du désert, Tamikrest. 25 juin : Magnifico 26 juin : Boya 1er juillet : Madjo 2 juillet : My Little Cheap Dictaphone 3 juillet : Latif Khan Trio 8 juillet : SpiralDogma, 14 juillet : No Mad? 15 juillet : Billie, Carine Erseng 16 juillet : June & Lula 21 juillet : Ablaye Ndiaye Thiossane 22 juillet : Tamikrest 24 juillet : Les Jeunes Tréteaux du Tchad 27 juillet : Infernal Machina 29 juillet : Magma.

renseignements  www.musiques-ici-ailleurs.com tarif  gratuit.

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Jazz et musiques improvisées en FrancheComté

Emma Nathan

du 27 juin au 2 juillet à Besançon jazz Trente ans, toutes ses dents et une envie intacte de mordre le jazz au mollet : le festival Jazz et musiques improvisées donne cette année la parole aux batteurs tels Hamid Drake, Daniel Humair, Bernard Lubat… 27 juin : Jean Bolcato 28 juin : David Audinet & Sylvain Marty, Gerald Cleaver avec Craig Taborn & William Parker 29 juin : Patrice Soletti, André Minvielle avec Roger Turner & Hasse Poulsen 30 juin : Tom Pablo Gareil, Hamid Drake & Raymond Boni 1er juillet : Fritz Hauser, Daniel Humair avec Conny Bauer & Bruno Chevillon 2 juillet : Rosette, Bernard Lubat & Benat Achiary.

Anna Calvi flamenca on the rock

Les Nuits secrètes

cache-cache party Concerts exaltants, parcours secrets et invités mystères : ces nuits suscitent la curiosité et l’impatience. rock, pop, electro, etc. Pour souffler leurs dix bougies en bonne et due forme, les Nuits secrètes cultivent leur extraordinaire goût du mystère et des surprises, en dévoilant au compte-gouttes les musiciens qui seront de la partie. Néanmoins, notre petit doigt nous dit que l’on pourra y croiser les bluesmen les plus volcaniques de l’univers : les New-Yorkais The Jon Spencer Blues Explosion et The Jim Jones Revue, le one-man-band portugais The Legendary Tigerman et l’homme casqué Bob Log III, qui sera comme un poisson dans l’eau à ce festival dont le logo est un masque de chat à la Ghost World. Pour reprendre son souffle après ce déluge de spasmes, on se tournera vers des songwriters classieux, à la délicatesse pop infinie : les créatures apprivoisées Wild Beasts, les allumés suédois Peter Bjorn And John ou encore le Gallois pas galeux Gruff Rhys. Ce festival est un trésor trop bien gardé, et ce n’est un secret pour personne. du 5 au 7 août à Aulnoye-Aymeries, lire p. 33 The Legendary Tigerman

Jean-Baptiste Mondino

Costume de matadora, impitoyable regard charbonneux et lèvres rouge sang, cette sauvageonne exorcise sa timidité derrière un rock insoumis, où il est question de désir et de diable. Digne héritière de Jeff Buckley pour son lyrisme vertigineux et de PJ Harvey pour le venin cinglant, la Londonienne compte parmi son fan-club Brian Eno et Nick Cave, qui l’a invitée en première partie de Grinderman. le 2 juillet aux Eurockéennes de Belfort. et aussi le 12 juin à Art Rock, le 25 à Glastonbury (Grande-Bretagne), le 1er juillet à Roskilde (Danemark), le 3 au Festival Beauregard, le 6 à Optimus Alive (Portugal), le 10 à Ruisrock (Finlande), le 14  à Benicàssim (Espagne), le 15 à Hultsfred (Suède), le 17 à Latitude (Grande-Bretagne), le 21 au Paléo Festival (Suisse), le 6 août à Field Day (Grande-Bretagne), le 7 au Off Festival (Pologne), le 11 au Haldern Festival (Allemagne), le 12 au Brotfabrik Festival (Allemagne), le 28 à Rock en Seine

renseignements 03 81 83 39 09, http://aspro-impro.tumblr.com tarif de 1 € à 18 € le concert, 60 € le pass festival

Les Eurockéennes de Belfort du 1er au 3 juillet rock, electro, hip-hop (lire encadré p. 32) 1er juillet : Battles, Beth Ditto, Carte Blanche aka DJ Mehdi & Riton, Keziah Jones, Les Savy Fav, Spank Rock, Staff Benda Bilili, The Joy Formidable, The Shoes, The Ting Tings, Tiken Jah Fakoly, Wu Lyf... 2 juillet : Anna Calvi, Atari Teenage Riot, Birdy Nam Nam, Boys Noize, Funeral Party, Gaëtan Roussel, Kyuss Lives!, Raphael Saadiq... 3 juillet : Arcade Fire, Arctic Monkeys, Beady Eye, Carte blanche à Katerine, Crystal Castles, Mona, Moriarty, Nasser, The Dø, Aaron…

renseignements www.eurockeennes.fr tarif 42 € la journée, 74 € le forfait week-end, 95 € le pass 3 jours

Main Square Festival Du 1er au 3 juillet à Arras rock, electro Avec ce festival installé à la citadelle Vauban, on découvre avec stupeur que Linkin Park et Limp Bizkit sont toujours en activité, à la même affiche que les subtils Tame Impala et Warpaint. Dans cet enchaînement incohérent, les Fleet Foxes côtoieront Kasabian et PJ Harvey précédera Coldplay. 1er juillet : The Chemical Brothers, Linkin Park, Queens Of The Stone Age, Limp Bizkit, Martin Solveig, Beady Eye, Eels, Tame Impala, Warpaint 2 juillet : Arcade Fire, Moby, The National, Kaiser Chiefs, Kasabian, Two Door Cinema Club, Jimmy Eat World, Fleet Foxes, White Lies 3 juillet : Coldplay, Portishead, PJ Harvey, Underworld, Magnetic Man,

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festivals 2011 nord et est Cold War Kids, Elbow, Puggy, I Blame Coco.

renseignements  www.mainsquarefestival.fr tarif  59 € la journée, 135 € le pass 3 jours

Festival de la Côte d’Opale

Les Eurockéennes de Belfort

du 5 au 13 juillet pop, chanson, world Loin des plages bondées et caniculaires du Sud, les festivaliers de la Côte d’Opale pourront applaudir une armada d’artistes, parmi lesquels les apatrides Keren Ann, Lail Arad et Yael Naim, ou encore la Danoise Agnes Obel, grande dentellière de comptines néoclassiques. On évitera Zaz, consigne valable pour 80 % des festivals français de l’été. 5 juillet : Lénine Renaud, “Indignons-nous”, Irma, Zaz 6 juillet : Stromae, Moriarty 7 juillet : Lail Arad, Keren Ann 8 juillet : Nadéah, Aaron 9 juillet : Imany, Urban Bratsch, Créole Choir Of Cuba 10 juillet : Le Tour de Nano, Urban Sax, La Cie Retouramont 11 juillet : Lola Lafon, Agnes Obel 12 juillet : James-Vincent McMorrow, Yael Naim 13 juillet : Florent Marchet, Yannick Noah.

franche contrée rock Les Eurocks changent de formule mais

renseignements www.festival-cotedopale.fr tarif 50 € les 4 spectacles au choix hors Yannick Noah, 70 € avec Yannick Noah, 100 € l’intégral

pas de programme. Un savant dosage entre pointures et groupes pointus.

Bêtes de scène du 7 au 10 juillet à Mulhouse electro, pop, world Non, ceci n’est pas un festival destiné à dresser des animaux en vue de spectacles. Bêtes de scène accueille des musiciens réputés pour leurs prestations atomiques, des illuminés Architecture In Helsinki aux furieux punk-soul Ebony Bones! en passant par l’hyperactif Saul Williams. Charisme de limace s’abstenir. 7 juillet : n. c. 8 juillet : Finley Quaye, Ebony Bones!, Pigeon John, The Qemists 9 juillet : Saul Williams, The Heavy 10 juillet : Blockhead, Architecture In Helinski...

Arcade Fire, le 3 juillet

rock, pop, electro, etc. 1989 : année du bicentenaire de la révolution, certes, mais année de la création des Eurockéennes de Belfort aussi. Situé sur la très belle presqu’île de Malsaucy, le festival a depuis accueilli les plus grands, de Radiohead à Daft Punk. Avec ses 90 000 spectateurs par jour, il est devenu une institution. L’édition 2011, la vingt-troisième donc, devrait être couronnée du même succès. Grosses têtes d’affiche (Arcade Fire, Beth Ditto, Queens Of The Stone Age, Arctic Monkeys, House Of Pain ou même Motörhead) côtoieront jeunes héros de l’année (Anna Calvi, les Français de The Shoes, Nasser, The Joy Formidable…). Immanquables, les prestations des Anglais de Wu Lyf et du collectif hip-hop Odd Future s’annoncent déjà comme les temps forts de cette édition. Enfin, parmi les nouveautés de cette année, le festival développera des espaces scéniques inédits : une esplanade Green Room, un Club Loggia et une toute nouvelle scène, La Plage, installée sur l’eau. du 1er au 3 juillet, lire p. 31

renseignements http://noumatrouff.fr/betes-de-scene tarif de 15 € à 18 € la journée, 25 € le pass 3 jours

Bussang du 14 juillet au 27 août théâtre Le plus ancien festival de France en appelle pour rire à la lutte des classes, avec une tragi-comédie industrielle titrée Le Brame des biches. Ecrite par Marion Aubert et mise en scène par Pierre Guillois, son directeur, la saga ouvrière réunira près de quarante acteurs sur scène selon les syndicats. En soirée, à 20 h 30, un cabaret spectral, Grand fracas issu de rien, hypnotisera le public sur des textes de Valère Novarina

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et des airs de Purcell, Gounod et Bernstein. avec deux spectacles inédits, Le Brame des biches de Marion Aubert et la création collective Grand fracas issu de rien.

renseignements 03 29 61 50 48, www.theatredupeuple.com tarif  de 6 € à 32 € (billet deux spectacles)

Chalon dans la rue du 20 au 24 juillet à Chalon-sur-Saône théâtre de rue Frondeur, remuant voire extravagant, Chalon est un lieu où tout est possible, où le rêve s’empare de la rue pour confronter utopie et quotidien. Il suffit de suivre Art Point M qui réfléchit sur les flux migratoires africains dans Soyez les bienvenus, d’écouter La Grande Pictophonie 3D de Puce Muse, d’agrandir ses oreilles avec (le) MétalOrchestre présente Virée(s) vers l’Est… Et aussi : Transe Express Retouramont, Non Nova, Les Souffleurs, Les Commandos Percu ou encore les Grooms pour un “opéra de rue et de porte à porte”, qui proposent d’élire “le plus heureux de la commune”. programmation en cours.

renseignements 03 85 90 94 70, www.chalondanslarue.com tarif n.c. du 5 au 7 août à Aulnoye-Aymeries rock, pop, electro (lire encadré p. 31) avec Katerine, Bernard Lavilliers, The Jon Spencer Blues Explosion, The Legendary Tigerman, Bob Log III, Wild Beasts, Peter Bjorn And John, Gruff Rhys, Jim Jones Revue, Triggerfinger, Eli Paperboy Reed, Gablé, Mondkopf, Matthew Dear, Sly Johnson, DJ Food…

renseignements  www.lesnuitssecretes.com tarif n.c.

Au grès du jazz du 5 au 15 août à La Petite Pierre jazz, world Déjà, un cadre à part : le village de La Petite Pierre, dans le parc naturel régional des Vosges du Nord. La ligne bleue des Vosges accueille la blue note au sens large : du bon jazz, avec Youn Sun Nah ou Ahmad Jamal, et de la world de qualité supérieure, avec le duo Sissoko/Vincent Ségal, les Maliens et Cubains d’AfroCubism, le digne fils de son père Seun Kuti… 5 août : Youn Sun Nah Duo 6 août : Juan Carmona Quintet, Ballaké Sissoko & Vincent Ségal 7 août : Seun Kuti & Egypt 80, Jacky Terrasson Trio 9 août : Wawau Adler Trio & Marcel Loeffler 10 août : Lucky Peterson Quintet 11 août : VSP Orkestra

David Balicki

Les Nuits secrètes

Wu Lyf pari sur l’avenir Décembre 2010, Rennes, salle de La Cité. Après Hyères l’été précédent, Wu Lyf, groupe anglais furieusement indépendant, presque sauvage, effaçait un peu plus l’épais mystère qui l’enrobait depuis des mois : le concert est intense, le charisme incroyable, les chansons râpeuses, épiques, magnifiques, et les Anglais sont, c’est certain, un immense groupe en devenir. Les voir sur une scène ? C’est scruter, déjà, le futur du rock. le 1er juillet aux Eurockéennes de Belfort. et aussi le 24 juin au Pop Festival (Allemagne), le 9 juillet à l’Optimus Alive Festival (Portugal), le 16 au Manchester International Festival (Grande-Bretagne), le 30 au Fuji Rock Festival (Japon), le 13 août au Oya Festival (Norvège), à la Route du Rock (Saint-Malo, date à confirmer)

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festivals 2011 nord et est 12 août : David Murray Cuban Ensemble 13 août : Julia Boman Quintet, AfroCubism 14 août : Ted KSH Quartet, Ahmad Jamal 15 août : Le Trio Rosenberg & Bireli Lagrène.

renseignements 03 88 70 42 30, www.jazzlapetitepierre.com tarif de 13 € à 25 € le concert, 30 € le pass 1 jour, de 80 € à 90 € le pass 3 jours, 160 € le pass festival

Festival Météo

Consortium de Dijon

usine nouvelle Un lieu remis à neuf mais une même ligne de conduite exigeante pour ce centre d’art à la fois régional et international. arts Pour ceux qui ne sont pas encore nés à l’art contemporain, le centre d’art du Consortium de Dijon est une perle rare sur la scène française, un lieu pointu et vif parmi les plus haut de gamme du paysage national. Au point que ses trois “animateurs”, l’intransigeant Xavier Douroux, le corrosif Franck Gautherot et l’acidulé Eric Troncy préfèrent se penser comme les acteurs d’une scène artistique qui serait la leur : à la fois dijonnaise, new-yorkaise et suisse, locale et internationale. Le Consortium s’offre une nouvelle aventure avec la remise à neuf de son Usine par l’architecte japonais Shigeru Ban. Une revisite guère spectaculaire, mais mise au service d’un art consommé de l’exposition. Pas d’inauguration officielle non plus, mais trois journées portes ouvertes, et l’on aura à partir de là l’occasion rarissime de voir l’Américain Dan Graham curater une exposition, Cindy Sherman montrer ses photographies, et Bertrand Lavier remontrer son Pylône-Chat au même endroit qu’en 1993. du 9 au 11 juin, journées portes ouvertes, puis jusqu’au 31 janvier 2011, lire p. 30

du 11 au 27 août à Mulhouse jazz, musique expérimentale A l’heure où nous mettons sous presse, comme on disait jadis, le festival Météo promettait encore quelques surprises, telles que de nouveaux lieux. Ce qui n’est pas vraiment surprenant car ce festival est basé sur la surprise, la découverte, le défrichage. Pas de Manu Katché à Météo, donc, mais une flopée de musiciens dans la tempête de la créativité. avec Keith Rowe, Xavier Charles, Michel Doneda, John Tilbury, Clayton Thomas, Katherina Bornefeld, John Edwards, Clare Cooper, Johannes Bauer, Eve Risser, Okkyung Lee, Thomas Ankersmit, Agusti Fernandez avec Mats Gustafsson, Ernst Reijseger, Isabelle Duthoit, Thomas Lehn, Will Guthrie, Christine Abdelnour, Barry Guy, Rhodri Davies, Dorothea Schurch, Mathieu Werchowski, Nikos Veliotis, Jacques Demierre, Andy Moor, Brigitte Fossey, Vincent Courtois, Ramon Lopez, Steve Noble, Daunik Lazro, David Stackenäs, Urs Leimgruber, Angharad Davies, Jean Guillou, Jérôme Noetinger, Axel Dörner, Mola Sylla, Tatsuya Nakatani, Joëlle Léandre, Kim Myhr, Wolter Wierbos, Magda Mayas, Terrie Hessels, Kevin Drumm, Jean-Luc Guionnet, Paul Lovens, Roger Turner, Luc Ex, Ignaz Schick, Roy Paci, David Chiesa, Ken Vandermark, Sofia Jernberg, Burkhard Beins, Alexandre Kittel, Arnold De Boer, Alex Ward, Harmen Fraanje.

renseignements 03 89 45 36 67, www.festival-meteo.fr tarif  gratuit, 20 € la soirée au Noumatrouff, 75 € le pass festival

La Mousson d’été du 23 au 29 août, à l’abbaye des Prémontrés à Pont-à-Mousson écritures contemporaines Portes ouvertes aux auteurs, metteurs en scène, acteurs, universitaires et au public, la dix-septième édition de La Mousson d’été s’intéresse à l’Amérique du Nord (Adam Rapp), mais pas seulement. Sont également attendus Marie Clemens (Canada), Joseph Danan

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festivals 2011 nord et est et Thibault Fayner (France), Denis Kelly (Angleterre), Catherine Léger et Etienne Lepage (Québec) ou Esteve Soler (Espagne) pour des mises en bouche et en espaces qui donnent aussi lieu à des spectacles. programmation en cours.

renseignements 03 83 81 20 22, www.meec.org tarif de7 € à 10 €

Le Cabaret vert

The Dø haut de gamme Both Ways Open Jaws : c’est à pleines dents et les mâchoires gourmandes que le duo français a mordu dans le risque, dans le danger, son seul carburant, quand il s’est agi d’offrir une suite au carton d’A Mouthful. Dans un équilibre splendide entre la chair et l’âme, le primitif et le raffinement, The Dø s’est, cette année, inventé de nouvelles

terrae incognitae – et la scène est son meilleur terrain de jeu. le 3 juillet aux Eurockéennes de Belfort. et aussi le 3 juin au Festi’neuch (Suisse), 12 à Sakifo (La Réunion), le 1er juillet à Days Off, le 2 au Free Music Festival, le 6 au Festival de Nîmes, le 14 aux Francofolies, le 19 à Crazy Week, le 21 au Paléo Festival (Suisse), le 23 aux Nuits de Fourvière, le 30 au Pont du Rock et le 13 août au Flow Festival (Finlande)

du 26 au 28 août 2011 à Charleville-Mézières rock, electro, world Bientôt la rentrée. Pour se consoler, ce festival écolo et militant invite en toute logique l’herboriste Tiken Jah Fakoly. A vrai dire, les bonnes raisons d’y courir sont surtout les nouvelles têtes au programme, en particulier les deux groupes rémois The Bewitched Hands et The Shoes, aussi exaltants qu’exaltés. avec NOFX, Tiken Jah Fakoly, Suicidal Tendencies, Vitalic, Têtes Raides, Hatebreed, Selah Sue, Sexy Sushi, Lilly Wood & The Prick, The Bewitched Hands, The Shoes...

renseignements : www.cabaretvert.com tarif : 45 € le pass 3 jours.

Aye Aye Film Festival du 3 au 10 septembre à Nancy cinéma Le petit festival nancéen fête sa dix-septième édition mais reste fidèle à ses habitudes : il présentera encore cette année des films documentaires, fictions, ou animations, des films récents, des avant-premières, mais aussi les classiques. En marge de la compétition, des courts métrages sont projetés tous les jours des documentaires. programmation en cours

renseignements 03 83 30 50 61, www.ayeaye-vo.com tarif n.c.

Les yeux ouverts sur l’immigration

Tamikrest malibertaires Toumastin, le deuxième album récemment sorti des jeunes touaregs de Tamikrest, est beau comme un mirage qui fait croire au desert-blues reggae psychédélique. Tamikrest est né de la cuisse de Tinariwen, mais le groupe a laissé pousser ses propres ailes, déployées au-delà du Sahara. Première vraie tournée française : immanquable. le 22 juillet au Festival des musiques d’ici et d’ailleurs. et aussi le 25 juin au Home festival (Grande-Bretagne) et le 8 juillet aux Tombées de la nuit

du 7 au 15 octobre dans l’Oise cinéma Ce festival documentaire propose un focus sur un pays ou un continent, point de départ de l’immigration. La Pologne est à l’honneur cette année, avec une programmation comprenant notamment Kawalek Lata de Marta Minorowicz. avec Star et immigré de David Helf et Ewa Santamaria, L’Orchestra di Piazza Vittorio d’Agostino Ferrente, Pardesi de Michel Follin, Ados en expo de Fanny Clément et Eric Chevillard, La Langue de Zahra de Fatima Sissani, La Pologne de Marzi de Laurent Boileau, Notre rue de Marcin Latallo.

renseignements  www.festival-lesyeuxouverts.fr tarif  gratuit

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sud-est

Nuits sonores du 1er au 5 juin à Lyon electro, pop (lire encadré p. 39) 1er juin : The Sonics, Laurent Garnier, Fowatile, Ghostpoet, DJ Shadow, Battles, Black Rose, Shit Robot, Direction Survet, Half Japanese, The 5.6.7.8’s, Blank Dogs, DJ Von Kids… 2 juin : carte blanche à Gaffer Records, Brodinski, Erol Alkan, The Magician… 3 juin : Nicolas Jaar, Matthew Dear, Caribou, Agoria, Arandel, Crystal Stilts, The Young Gods… 4 juin : Tortoise, Bo Ningen, Mount Kimbie, Joy Orbison, The Shoes, Discodeine… 5 juin : Gonzales.

renseignements www.nuits-sonores.com tarif 23 € la journée, 33 € la nuit, 25 € le concert spécial, 87 € le pass 3 nuits

Printemps des comédiens du 1er juin au 1er juillet à Montpellier art lyrique, danse, musique Du Petit Chaperon rouge, de Joël Pommerat, aux Règles du savoir-vivre dans la société moderne de Jean-Luc Lagarce dans la mise en scène de Richard Mitou, il y en a pour les petits et les grands au Printemps des comédiens. On se réjouit d’y retrouver Viviane De Muynck dans La Chambre d’Isabella, de Jan Lauwers, et la déjà mythique Une flûte enchantée d’après Mozart, dans la mise en scène de Peter Brook. spectacles Le Condamné à mort par Jeanne Moreau et Etienne Daho, La Chambre d’Isabella de Jan Lauwers, Le Bateleur circassien de Pascal Rousseau, Une flûte enchantée de Peter Brook, Micro de Pierre Rigal… concerts Tigran Hamasyan, Rabih Abou Khalil, Vieux Farka Touré…

renseignements 04 67 63 66 66, www.printempsdescomediens.com tarif de 7 € à 28 € le spectacle

L’Art contemporain et la Côte d’Azur du 1er juin au 30 novembre arts (lire encadré p. 45) avec des projections vidéo, des parcours expérimentaux, des concerts, des lieux d’expérimentation dans l’ensemble des lieux culturels de la région.

renseignements  www.artcontemporainetcotedazur.com tarif n.c.

Festival du film d’animation d’Annecy du 6 au 11 juin cinéma Rendez-vous majeur de l’animation, le festival propose une sélection de deux cent vingt-deux films internationaux (courts et longs), ainsi qu’une

quarantaine hors compétition. Cette trente-cinquième édition met à l’honneur les Etats-Unis, mais présente tout de même deux films français et félins : Le Chat du rabbin de Joann Sfar et Antoine Delesvaux, et Une vie de chat de Jean-Loup Felicoli et Alain Gagnol. avec un zoom sur l’animation indépendante américaine, les cent meilleurs films de la Warner, des hommages et rétrospectives en marge d’une sélection de longs et courts métrages.

renseignements 04 50 33 44 11 www.annecy.org tarif de 3 € à 5,50 € la séance, 15 € le pass journée, 65 € le pass semaine

Les Nuits de Fourvière du 7 juin au 30 juillet à Lyon musique, danse, théâtre, cinéma Les Nuits de Fourvière proposent cette année encore une programmation éclectique digne du théâtre antique où elles ont lieu. Des nuits béninoise et créole, un hommage au Rain Dogs de Tom Waits et toujours de très belles affiches : Tame Impala et Arctic Monkeys, le dandy Bryan Ferry et Keren Ann, et surtout Lou Reed qui revient, quatre ans après y avoir joué Berlin. 19 juin : Aaron, Yodelice, Milkymee 20 juin : Zazie, Florent Marchet 21 juin : Nuits au Bénin (Angélique Kidjo, Le ToutPuissant Orchestre Poly-Rythmo, Gangbé Brass Band 27 juin : Agnes Obel 1er juillet : Hommage à Nougaro (Maurane, Musica Nuda) 2 juillet : AfroCubism, Omara Portuondo & Chucho Valdès 9 juillet : Nuits du fado (Cristina Branco, Antonio Zambujo) 10 juillet : Rain Dogs Revisited 11 juillet : Arctic Monkeys, Tame Impala 13 juillet : Jack Johnson, Charles Pasi 14 juillet : Catherine Ringer, Bumcello 15 juillet : Cocoon, Junip 16 juillet : Joshua Redman & Brad Mehldau Duo 18 juillet : Beirut, Moriarty, Villagers 19 juillet : Texas, Medi 20 juillet : Calogero symphonique 21 juillet : Sting Symphonicity 22 juillet : Yael Naim, Angus & Julia Stone, Alina Orlova 23 juillet : Two Door Cinema Club, The Dø, King Charles 24 juillet : Tiken Jah Fakoly, Dub Inc. 25 juillet : Bryan Ferry, Keren Ann 26 juillet : Lou Reed 27 juillet : Paolo Conte 28 juillet : Nuit créole (Danyel Waro, Davy Sicard) 29 juillet : Erykah Badu, Sly Johnson 30 juillet : Taraf De Haïdouks, Lilly Wood & The Prick, Tété, Ornette, DJ Tagada.

renseignements 04 72 57 15 40, www.nuitsdefourviere.com tarif de 17,20 € à 49 € la soirée

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Jean Baptiste Millot

Courts toujours !

Trombone Shorty souffler, c’est bien jouer A 6 ans, Troy Andrews jouait du trombone dans les fanfares de La Nouvelle-Orléans. Il en a maintenant 25, et sa musique atteste d’un passionnant mélange de jeunesse et d’expérience. Du très vieux jazz au hip-hop en passant par le funk, Trombone Shorty et son groupe ravivent l’héritage, font valser l’étiquette “jazz” et danser le public. le 11 juillet à Nice jazz festival, le 13 à Jazz à Vienne, le 23 au Festival jazz des cinq continents (Marseille) et aussi le 6 juillet à Montreux jazz festival, le 21 à Pleins Feux festival (Bonneville) Harmony Korine

Nuits sonores

zone électrogène Concerts, DJ-sets, siestes : le rendez-vous lyonnais multiplie les possibilités. Festival international du documentaire de Marseille

des docs pas toc Après un hommage à Ritwik Ghatak l’an dernier, le festival célèbre le cinéma mexicain et les révolutions arabes. cinéma Le festival défricheur (à qui l’on doit la découverte d’Apichatpong Weerasethakul, au hasard), présentera cette année près de cent cinquante films au public marseillais, répartis entre compétitions (quarante films en première mondiale) et “écrans parallèles” (inédits et raretés du passé). Une sélection “rétive aux douteuses classifications” et toujours ouverte aux cinématographies étrangères – ici, un panorama de films mexicains de 1934 à nos jours et un focus sur les films des révolutions arabes. A voir aussi, une série de “portraits croisés” par Jonas Mekas, agnès b et Marie Loiser, où l’on retrouvera Throbbing Grizzle, Ophüls, Godard et Harmony Korine. Séances spéciales, tables rondes et rencontres avec les réalisateurs ponctueront le festival, dont l’un des grands moments sera la programmation autour du SM : “Johnny, fais-moi mal”. du 6 au 11 juillet, lire p. 42

Caribou, le 3 juin

electro Rendez-vous des amoureux de l’electro, le festival Nuits sonores ouvre la saison début juin. Il s’invite cette année à l’Hôtel de ville et au musée d’Art contemporain de Lyon, retrouve le Marché Gare et la piscine du Rhône. Au programme : concerts en journée, siestes avec les enfants, apéros musicaux, DJ sets et événements gratuits. L’affiche rayonne de mille feux : Laurent Garnier, Battles, Nicolas Jaar, The Shoes, DJ Shadow, Chloé, Mount Kimbie, Gonzales accompagné d’un orchestre de chambre… Nuits sonores pourrait tout aussi bien s’intituler “nuits magiques”. du 1er au 5 juin à Lyon, lire p. 38

les 14 et 15 juin à Hyères-les-Palmiers cinéma Cette quinzième édition inaugure une nouvelle formule qui s’étend sur deux journées complètes. Les cinéastes en herbe confronteront leurs œuvres lors de compétitions consacrées aux films d’écoliers, de collégiens, de lycéens et d’élèves de classes supérieures, répartis en trois catégories : la fiction, le documentaire et l’animation. 14 juin : Projection des films des élèves de quatrième aux post-bac à 9 h 30, suivie d’un forum sur les métiers du cinéma à 14 h 15 juin : Projection des films des primaires aux cinquième à 9 h 30.

renseignements  www.courtstoujours. blogspot.com tarif gratuit

Plein la bobine du 14 au 19 juin dans le massif du Sancy cinéma Au programme de cette neuvième édition du festival qui se déroule entre deux stations thermales auvergnates, des compétitions de courts métrages et des films inédits en salle. Cette année, Plein la bobine fait la part belle aux relations entre science et cinéma et propose un cycle de projections de films suédois. A noter : destinée aux jeunes publics, la programmation est déclinée par tranches d’âge. avec des séances spéciales sur le thème des sciences et une carte blanche au festival croate AnimaFest de Zagreb.

renseignements www.pleinlabobine.com tarif de 3 € à 5 € la séance, de 10 € à 15 € le pass festival

Les Invités de Villeurbanne du 15 au 18 juin musiques, arts de la rue Si ce festival rhodanien embrase résolument la ville avec ses dizaines de créations artistiques et de compagnies de rues, il n’en oublie pas pour autant les tympans de ses spectateurs qui trembleront, entre autres, aux sons du bidouilleur tout-terrain Chapelier Fou et du one-man-show bluesy de The Legendary Tigerman. 16 juin : Chapelier Fou, The Legendary Tiger Man, Staff Benda Bilili 17 juin : Anna Aaron, Ebo Taylor, Blitz The Ambassador, Nathalie Natiembé, Têtes Raides 18 juin : Quadricolor, True Live, The Ex & Getatchew Mekuria.

renseignements  www.invites.villeurbanne.fr tarif gratuit

Festival de Marseille du 16 juin au 9 juillet danse Se revendiquant festival de danse et des arts multiples, cette

manifestation investit le théâtre du Gymnase, la Friche de la Belle de Mai ou la salle Vallier, ancien haut lieu de la boxe. On y sera pour voir la Merce Cunningham Dance Company faire ses adieux avec Nearly Ninety, ou Olivier Dubois faire sa Révolution chorégraphique. du 16 au 18 juin : Ailey II les 21 et 22 juin : Nearly Ninrty de Merce Cunningham les 24 et 25 juin : Vertical Road d’Akram Khan les 2 et 3 juillet : Southern Bound Comfort de Sidi Larbi Cherkaoui, Grégory Maqoma, Shanell Winlock les 8 et 9 juillet : Amour, acide et noix de Daniel Léveillé.

renseignements 04 91 99 00 20, www.festivaldemarseille.com tarif  de 10 € à 31 €

Uzès danse du 17 au 22 juin danse Festival de poche, Uzès danse fait surtout preuve de choix judicieux et contemporains avec des créateurs comme Xavier Le Roy, Olga de Soto ou Radhouane El Meddeb. Emotion assurée avec la reprise de Pudique acide/ Extasis du duo Mathilde Monnier/ Jean-François Duroure, pièce sur laquelle le temps ne devrait pas avoir de prise. Et choc d’une rencontre entre Alain Buffard et la Marocaine Bouchra Ouizguen sous l’intitulé Voyage cola. 17 juin : Rire d’Antonia Baehr, Laborintus de François Raffinot, Liquide de Christophe Haleb 18 juin : nDa de Régine Chopinot, soirée Xavier Le Roy 19 juin : Chimère entre deux œuvres de Muriel Piqué, You Look As Something I Might Know d’Ana Catalina Gubandru, Hommage d’un demi-dimanche à un Nicolas Poussin entier d’Hélène Iratchet 20 juin : Une introduction d’Olga de Soto, Pudique acide/Extasis de Mathilde Monnier et JeanFrançois Duroure 21 juin : Already Made de Gaëtan Bulourde, Madmud de Tânia Carvalho 22 juin : Voyage cola d’Alain Buffard et Bouchra Ouizguen, For Faces d’Antonia Baehr, Ce que nous sommes de Radhouane El Meddeb.

renseignements 04 66 03 15 39, www.uzesdanse.fr tarif de 12 € à 20 €

Lyon BD festival les 18 et 19 juin bd Le festival met au cœur de sa neuvième édition la BD québécoise. Fidèle à son ambition, il invite à la fois les auteurs classiques et ceux de la nouvelle génération. Pour les accros, le programme Off s’étend dans tout le grand Lyon jusqu’au 30 juin, avec un concert tout en dessins de Cleet Boris, une battle de dessinateurs,

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festivals 2011 sud-est un spectacle d’impros, un apéro dessiné… avec Cyril Pedrosa, Capucine et Libon, Cleet Boris, Thomas Cadène, Guillaume Bianco, Jimmy Beaulieu, Colonel Moutarde, Renaud Dillies, Maximilien Le Roy, Lewis Trondheim, Fabien Vehlmann.

renseignements www.lyonbd.com tarif  3 € la journée, 5 € le pass 2 jours

Festival international du roman noir du 20 au 26 juin à Frontignan livres, bd, cinéma Autour du thème “Les métamorphoses du héros”, la quatorzième édition du festival invite des représentants du roman noir du monde entier. Un lieu de rencontres et de réflexion où se croisent auteurs reconnus et en devenir dans les domaines du roman, de la BD, du cinéma et des arts vivants en général. avec Fred Vargas, Yishai Sarid, Sam Millar, Ibn Al Rabin, Camille Dufayet…

renseignements 04 67 18 50 26, www.polar-frontignan.org tarif  n.c.

Montpellier danse du 22 juin au 7 juillet danse Poids lourd, certes, mais toujours vert, Montpellier danse s’ouvre sur un focus Israël avec la jeune garde de la création du pays, Yossi Berg et Oded Graf, Niv Sheinfeld , mais aussi des “anciens” comme Barak Marshall ou Tamar Borer. Emanuel Gat en sera également, tout comme le chouchou européen Hofesh Shechter. Raimund Hoghe propose des après-midi à surprises, Bartabas rencontre Ko Murobushi. Quant au ballet royal des Flandres, il devrait mettre tout le monde KO avec sa reprise d’Artifact de William Forsythe. avec La Edad de oro d’Israel Galván, L’Angela bête d’Angela Laurier et Jakov Labrovic, Animal Lost de Yossi Berg et Oded Graf, Big Mouth de Niv Sheinfeld…

renseignements 0 800 600 740, www.montpellierdanse.com tarif spectacles gratuits et de 14 € à 35 €, 15 € le pass danse

Jazz à Vienne du 29 juin au 13 juillet jazz, pop Le premier et le plus gros. Au Théâtre antique, des soirées thématiques bon chic bon genre (blues, gospel, soul, funk, hommage à Miles…) avec de vraies antiquités de valeur (d’Ahmad Jamal à Sonny Rollins). Et aussi le Club de minuit, qui programme des musiciens plus petits mais pas moins bons (de la chanteuse Gretchen Parlato au pianiste Harold Lopez Nussa). 29 juin : Tom Jones, Matt Dusk, Harold Lopez Nussa Trio 30 juin : George Benson, Rhoda Scott Lady

Quartet, Alex Tassel 1er juillet : Derek Trucks & Susan Tedeschi Band, Robert Randolph & The Family Band, Mountain Men, Mark 2 juillet : Bitches Brew Beyond, Mike Stern Band & Didier Lockwood 3 juillet : Rhoda Scott & La Velle, 4 juillet : Ahmad Jamal, Hiromi The Trio Project 5 juillet : Laurent Mignard Duke Orchestra & Michel Pastre Big Band, The Amazing Keystone Big Band, Ebo Taylor & Afrobeat Academy 6 juillet : Ben L’Oncle Soul, Raphael Saadiq 7 juillet : Return To Forever IV, Dave Holland Quintet, Gretchen Parlato 8 juillet : Cyndi Lauper, Ayo 9 juillet : Bootsy Collins, Larry Graham & Graham Central Station, Brooklyn Funk Essentials, 10 juillet : Jamie Cullum, Cécile McLorin avec Salvant et Jean-François Bonnel Sextet 11 juillet : Sonny Rollins 12 juillet : Herbie Hancock avec Wayne Shorter & Marcus Miller, John Scofield Quartet 13 juillet : Gilberto Gil, Al Jarreau, Trombone Shorty & Orleans Avenue.

renseignements  04 74 78 87 87, www.jazzavienne.com tarif  de 31 € à 45 € la soirée au Théâtre antique (autres scènes gratuites), 150 € l’abonnement 7 concerts et tarifs réduits sur les autres

Les Temps chauds du 30 juin au 22 juillet dans l’Ain world Pas de thématique particulière cette année pour le festival multisite de l’Ain, mais une programmation qui n’est pas la copie conforme de ce qu’on verra partout ailleurs. Et ça, c’est plutôt une bonne idée. 30 juin : Idir, Elisa Vellia, Rana Elayan & Adel Salameh, Duo Valla Scurati, Patrizia Gattaceca 2 juillet : Valparaiso-Le Cap, Les Chants Sacrés Des Gitans En Provence 7 juillet : Amsterdam Klezmer Band 9 juillet : Kareyce Fotso, Les Maîtres Tambours Du Burundi 15 juillet : Sueño En La Fabrica, Gongxeka Brothers, Francis Halle, 16 juillet : Souad Massi, Ray Lema & Le Saka Saka Orchestra 22 juillet : Renegades Steel Orchestra.

renseignements 04 74 21 06 94, www.lestempschauds.org tarif de 12 € à 18 €

Festival de Nîmes du 30 juin au 23 juillet rock, pop Que l’on soit nostalgique des années lycée (The Offspring, The Chemical Brothers) ou tourné vers l’avenir de l’electro (Crystal Castles, Metronomy), Nîmes semble avoir décidé cette année de nous combler. Mention spéciale à la soirée Portishead-Mogwai, qui devrait en rendre hystérique plus d’un dans les sublimes arènes.

30 juin : Archive, Paul Kalkbrenner 6 juillet : The Chemical Brothers, Crystal Castles, The Dø, Metronomy 10 juillet : Supertramp 18 juillet : Santana, Keziah Jones, Asa 19 juillet : Portishead, Mogwai 22 juillet : Ben Harper, Robert Plant & The Band Of Joy, Asaf Avidan & The Mojos 23 juillet : Sting Symphonicity, Yael Naim 23 août : The Offspring, Simple Plan, Kids In Glass Houses.

renseignements 04 67 92 23 53, www.festivaldenimes.com tarif  de 41 € à 89,50 €

Charlie jazz festival du 1er au 3 juillet à Vitrolles jazz Pourquoi le festival de jazz de Vitrolles s’appelle-t-il Charlie et non pas Kevin, Bob ou Vitrolles jazz festival comme tout le monde ? Nul ne le sait, mais ça ne nous empêche pas de goûter sa programmation sobre et de qualité, avec notamment l’excellent saxophoniste Charles Lloyd et l’incontournable Orchestre National De Jazz. 1er juillet : Haïdouti Orkestar, Méandres & Bart Maris, Charles Lloyd New Quartet 2 juillet : Rétroviseur, Haïdouti Orkestar, Joachim Kühn avec Majid Bekkas & Ramon Lopez, Majid Bekkas Sextet 3 juillet : Sidony Box, Banda du Dock, Musica Nuda, ONJ.

renseignements  04 42 79 63 60, www.charliejazzfestival.com tarif  de 15 € à 20 € la journée, 35 € le pass 2 jours, 50 € le pass 3 jours

Calvi on the Rocks du 1er au 6 juillet rock, electro Soyons clairs, Calvi, c’est pas fini. Il va en falloir, des glaçons, pour faire baisser un thermostat que l’on pressent déjà atteindre des sommets. Les premiers noms nous mettent l’eau à la bouche et le feu à la plante des pieds : Brodinski, Laurent Garnier, Foals, Herman Dune, Metronomy, Busy P ou Hercules And Love Affair y sont annoncés. Vous êtes prévenus, soleil et décibels vont taper. avec Foals, Metronomy, Laurent Garnier présente L.B.S, Discodeine, Herman Dune, Brigitte, Agoria, Clara Moto, Mc Luvin, Dop, Nicolas Jaar, Michael Mayer, Hercules And Love Affair, Bot’ox, Brodinski, Logo, Frivolous, Carte Blanche, Mlle Stéphanie, Oh La La !, Busy P, Hyphen Hyphen, Marco Dos Santos, Sety…

renseignements  www.calviontherocks.com tarif  114 € le pass 5 jours

Rencontres d’Arles du 4 juillet au 18 septembre photos “Non conforme” est le mot d’ordre choisi cette année pour les toujours fructueuses Rencontres d’Arles. Et, au vu

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Pierre Rigal messe des temps futurs

des premiers noms annoncés, ce mot d’ordre devrait être parfaitement suivi. avec Clément Chéroux, Joan Fontcuberta, Martin Parr, une retrospective de Chris Marker, une expo pour les trente ans du New York Times Magazine…

Le rock est-il soluble dans la danse contemporaine ? Depuis la Messe pour le temps présent de Pierre Henry, les éléments de réponse sont épars. Pierre Rigal, surdoué, ose avec Micro un concert de danse avec un vrai groupe de rock, Moon Pallas, qui bataille avec des danseurs sur le plateau. Le résultat, convaincant, va réveiller le Printemps des Comédiens. les 14 et 15 juin au Printemps des comédiens (Montpellier)

renseignements  04 90 96 76 06, www.rencontres-arles.com tarif  27 € le pass journée, 35 € le pass juillet-août

Sylvain Gripoix

Festival du film court en plein air du 5 au 9 juillet à Grenoble cinéma Depuis plus de trente ans, le festival poursuit son œuvre de découverte du court métrage. Chaque soir, les films en compétition seront projetés en salle, puis en plein air au cœur de Grenoble. Parallèlement, de nombreux hommages, séances spéciales et rencontrent ponctuent le festival. programmation en cours

renseignements  04 76 54 43 51, www.cinemathequedegrenoble.fr tarif  gratuit

Carl Fox

Festival d’Aix-en-Provence

Hofesh Shechter déflagration rock L’Israélien installé à Londres, Hofesh Shechert, fort de son background musical – il est batteur, compositeur et chorégraphe –, revisite son Political Mother avec pas moins de vingt musiciens en scène et une dizaine de danseurs. Une déflagration attendue qui devrait déchirer le finale de Montpellier danse. le 7 juillet à Montpellier danse

du 5 au 25 juillet art lyrique, danse Chocs et étonnement à prévoir pour ce rendez-vous essentiel des amateurs du lyrique. William Kentridge y met en scène Le Nez de Chostakovitch d’après Gogol, dirigé par Kazushi Ono. Joël Pommerat fait ses débuts à l’opéra avec Thanks to My Eyes dans une création musicale d’Oscar Bianchi. Jérôme Combier et Pierre Nouvel inventent une pièce musicale inspirée d’Austerlitz, le roman de W. G. Sebald. Sans oublier La Clémence de Titus dirigé par Colin Davis dans une mise en scène de David McVicar, ni La Traviata mise en scène par Jean-François Sivadier. avec le London Philharmonic Orchestra, le Quatuor Keller, le Jerusalem String Quartet, le Quintet A Vent Des Berliner, Lorenzo Ghielmi, etc.

renseignements  04 42 17 34 00, www.festival-aix.com tarif  n.c.

Musiques en stock

AfroCubism géométrythme La rencontre de prestigieux musiciens maliens et cubains, déjà concrétisée par un bon album, prend toute sa dimension sur scène. Fondée sur les cordes (kora, n’goni ou guitare cubaine), l’esthétique du collectif AfroCubism est moins cubiste que sphérique, balade transatlantique dans les courants chauds des musiques du monde. le 2 juillet aux Nuits de Fourvière (Lyon), le 15 aux Suds à Arles, le 16 aux Nuits du Sud (Vence), le 3 août à Sète (Fiest’a Sète) et aussi le 17 juillet à Perpignan (Estivales de l’Archipel), le 21 à Nyon (Paléo), le 4 août à Marciac (Jazz in Marciac), le 6 à Crozon (Festival du bout du monde), le 13 à La Petite Pierre (Au Grès du Jazz)

du 6 au 9 juillet à Cluses rock, chanson Installé en Haute-Savoie, Musiques en stock risque logiquement de flirter avec les cimes avec sa programmation gracieuse : Yann Tiersen, Rodolphe Burger et Sophie Hunger seront là pour vous envoyer au septième ciel. Plus terre à terre, mais pas bas du front, Asian Dub Foundation, My Little Cheap Dictaphone et Carl Barât assureront le côté résolument rock de ce festival varié.

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festivals 2011 sud-est 6 juillet : Winston McAnuff & The Bazbaz Orchestra, The Clocks, Western Chocolat, Hednoka 7 juillet : Asian Dub Foundation, True Live, Rodolphe Burger Trio 8 juillet : Carl Barât, My Little Cheap Dictaphone, Corleone, The Black Flowers 9 juillet : Yann Tiersen, Sophie Hunger, Joseph d’Anvers, Jim Yamouridis.

renseignements  www.musiques-en-stock.com tarif  gratuit

(internationale, nationale et premiers films), des avantpremières, un panorama de films mexicains de 1934 à nos jours, un focus sur le printemps arabe, une section “portraits croisés” .

renseignements 04 95 04 44 90, www.fidmarseille.org tarif  de 5 € à 6 € la séance, 25 € le pass 5 séances, 50 € le pass 10 séances, de 40 € à 60 € le pass festival

Festival d’Avignon

renseignements  04 75 46 55 83, www.festival-correspondance-grignan.com tarif  spectacles gratuits et jusqu’à 35 €, de 75 € à 100 € l’abonnement pour 5 spectacles

du 6 au 26 juillet théâtre, danse, performances, lectures, vidéo, cirque (lire encadré p. 44) du 7 au 12 juillet (relâche le 9) : Enfant de et par Boris Charmatz du 8 au 12 juillet : Je suis le vent de Jon Fosse, par Patrice Chéreau, du 8 au 13 juillet (relâche le 11) : Maudit soit l’homme qui se confie en l’homme de et par Angélica Liddell, du 9 au 19 juillet (relâche le 14) : Au moins j’aurai laissé un beau cadavre d’après Shakespeare par Vincent Macaigne du 14 au 24 juillet (relâche le 18) : Unwort de et par William Forsythe du 19 au 25 juillet (relâche le 23) : Violet de et par Meg Stuart du 22 au 26 juillet : Sang & Roses, Le Chant de Jeanne et Gilles de Tom Lanoye, par Guy Cassiers…

Gilles Peterson’s Worldwide Festival

renseignements  www.festival-avignon.com tarif  de 13 € à 38 € le spectacle

Festival de la correspondance de Grignan du 6 au 10 juillet livres Sur le thème “Lettres de Russie”, le festival épistolaire propose des lectures-spectacles, des rencontres littéraires et des chambres d’écriture. Au cœur de cette seizième édition, donc, les correspondances des figures emblématiques de la littérature russe : Tolstoï, Dostoïevski, Tchekhov, Pouchkine… avec Michel Bouquet, Patrick Chesnais, Andreï Makine, Pierre Milovanoff…

du 6 au 10 juillet à Sète hip-hop, electro, etc. Le DJ et producteur anglais Gilles Peterson est toujours à la recherche du beat parfait. Quoi de mieux pour se faciliter la tâche que d’organiser un festival rassemblant la crème de la crème ? On peut garantir que, sur la plage, vous ne ferez pas attention au bruit des vagues, mais plutôt à Flying Lotus, Raphael Saadiq, Jamie xx ou encore Joy Orbison. avec Raphael Saadiq, James Blake, Flying Lotus, Jamie xx, Derrick Carter, Lefto, Kode9 & Spaceape, Joy Orbison, FM Belfast, Mount Kimbie, Konono n° 1, Ghostpoet, Dynamite MC, Sundae, Ramadanman, Cut Chemist, Simbad, David Rodigan, L.B.S, Dam Funk…

renseignements  www.worldwidefestival.com tarif  de 32 € à 37 € la soirée du 7 juillet, 73,70 € le pass week-end, de 93,70 € à 135,90 € le pass 5 jours

Festival international du documentaire de Marseille du 6 au 11 juillet cinéma (lire encadré p. 39) Avec trois compétitions

de Thonon-les-Bains, la programmation de Montjoux festival a le goût des choses connues, parfois jusqu’à la nausée. Impossible d’échapper, ici aussi, à Zaz, à Ben L’Oncle Soul, ou à Tiken Jah Fakoly. Heureusement, Moriarty et Abd Al Malik seront présents pour apporter un peu de variété. 7 juillet : Ben L’Oncle Soul, Imany, Pep’s, Hugo And The Storms, The Sweet Prayers 8 juillet : Trip In, Zaz, Tiken Jah Fakoly, Willow, Lily’s Song 9 juillet : Emynona, Moriarty, Abd Al Malik, Sinsemilia.

renseignements : 04 50 71 39 47, www.montjouxfestival.com tarif : 28 € la soirée, 50 € le pass 2 jours, 69 € le pass 3 jours.

Festival Mimi du 7 au 10 juillet à Marseille rock (lire encadré p. 47) 7 juillet : Sarangi Strings Sound System, Chris & Cosey 8 juillet : Single Room, The Vegetable Orchestra 9 juillet : Emmanuelle Parrenin & Flóp, The Last Poets 10 juillet : Faustin LinyekulaStudio Kabako, Secret Chiefs.

renseignements  www.amicentre.biz tarif  n.c.

Les Nuits du Sud

du 6 juillet au 18 août à Cannes electro Sur la plage du Palais des festivals, Cannes offre six séances de rattrapage à ceux qui n’ont pas pu faire la fête pour le cinéma. Une programmation hédoniste, qualitative et éclectique, mais toujours électronique : Agoria, la Sound Pellegrino Thermal Team de Tekilatex et Orgasmic, Gui Boratto et Laurent Garnier avec L.B.S. feront chauffer les Havaianas. avec Laurent Garnier présente L.B.S, Body And Soul, Gui Boratto, Anoraak, A-Trak, Agoria, DJ Hype & Mc Daddy Earl, Bassnectar, Sound Pellegrino Thermal Team, Douster, Tambour Battant, DNA, Carlo Mora, Ruba Kpo, Les Diamantaires…

du 7 juillet au 6 août à Vence world, chanson Au début, quelques nuages dans le ciel des Nuits du Sud : on peut s’éclipser les premières soirées (ça ronronne avec Patrice ou Zazie), mais ça devient vraiment bon à partir de mi-juillet, avec les étoiles montantes des musiques du monde. Pour la trop belle Mayra Andrade, le trop sympa Aziz Sahmaoui ou les trop motorisés Staff Benda Bilili, ces Nuits du Sud sont immanquables. 7 juillet : Jaqee, Gotan Project 8 juillet : Yael Naim, Patrice 9 juillet : Jehro, Max Romeo 15 juillet : Calypso Rose, Zazie 16 juillet : Juana Fe, AfroCubism 21 juillet : Mayra Andrade, Femi Kuti 22 juillet : Aziz Sahmaoui & University Of Gnawa, Israel Vibration 23 juillet : Luisa Maita, Staff Benda Bilili 28 juillet : Renegades Steel Orchestra, Emir Kusturica & The No Smoking Orchestra 29 juillet : Blue King Brown, Spanish Harlem Orchestra 4 août : Louis Chedid, Celso Pina 5 août : Zao, Juan de Marcos Afro-Cuban All Stars 6 août : Tribeqa, Magic System.

renseignements  www.plages-electroniques.com tarif  n.c.

renseignements  www.nuitsdusud.com tarif  de 12 € à 20 € la soirée, carte 6 entrées à 100 €, 13 entrées à 200 €

Montjoux festival

Bons baisers d’Espigoule

du 7 au 9 juillet à Thonon-les-Bains chanson, folk Comme les verts pâturages alpins autour

les 8 et 9 juillet à Ginasservis cinéma L’association Sans tambours ni trompettes cultive un concept original, donnant

Les Plages électroniques

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vie chaque année à un village imaginaire du nom d’Espigoule et lui inventant des traditions et coutumes festives liées au septième art. Le thème du voyage a été choisi cette année pour animer des séries de concerts et de projections. programmation en cours

renseignements http://stnt-espigoule.org tarif  n.c.

Want Festival

Franck Eidel

les 8 et 9 juillet à Saint-Martin-de-Crau rock, pop, folk Want, tout nouveau tout beau festival camarguais, signifie “We Are New Talents”. L’affiche, en cours d’élaboration, comporte de belles promesses. Herman Dune déploiera son étrange “moosic”, quant aux trépidants !!! et aux pétéradants BellRays, ils feront rocker le delta, tandis que le revenant Stupeflip présentera son nouvel album. programmation, renseignements et tarif en cours

Agnes Obel mélancolie danoise Ceux qui l’ont aperçue dans le cadre intimiste de la Boule Noire lors du dernier Festival des Inrocks savent combien la Scandinave Agnes Obel sait transformer ses prestations en instants de grâce. La Danoise présente cet été les comptines folk à la pureté désarmante de Philharmonics. Ecriture sobre, mélancolie apprise chez Erik Satie ou chez John Cale : Agnes Obel est vraiment belle. le 27 juin à Lyon (Nuits de Fourvière) et aussi le 12 juin à Saint-Brieuc (Art rock) et le 2 juillet à Hérouville-Saint-Clair (Festival Beauregard)

Nice jazz festival

Avec Tino Sehgal, c’est la radicalité même de l’art contemporain qui se trouve invitée cette année au Festival d’Avignon. Pour preuve : l’artiste ne délivre aucune image, aucun enregistrement, aucune trace, même écrite, de ses expositions performées. This Situation est une chorégraphie intellectuelle, faussement participative, une conférence désarticulée et en boucle. Un rare moment d’intelligence. du 8 au 24 juillet au Festival d’Avignon

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Portrait de Tino avec des enfants, 2003 – David Weightman

Tino Sehgal artiste radical

du 8 au 12 juillet jazz, soul, world Very nice, this new édition of the Nice jazz festival. Non loin de la promenade des Anglais, on croisera surtout des Français de légende (Martial Solal, les deux Michel, Legrand et Portal) et des Américains, dont le bouleversant et transpirant vétéran de la soul Charles Bradley, qui fait magnifiquement James Brown à la place de James Brown et pourrait bien être le gros choc de cette édition. 8 juillet : Kind of Blue Revisited, Mike Stern & Didier Lockwood, John McLaughlin & The 4th Dimension, Nice Jazz Orchestra, Roberta Gambarini, Michel Legrand, Anthony Joseph And The Spasm Band, Asa, Carlinhos Brown, Homemade Jamz Blue Band, Jean-Jacques Milteau, Joe-Louis Walker 10 juillet : No Jazz, Nils Petter Molvaer, Morcheeba, Dominique

Fillon, Martial Solal & Stefano Bollani, Michel Portal 11 juillet : Charles Bradley, Macy Gray, Seal, Trombone Shorty & Orleans Avenue, Avishai Cohen 12 juillet : Aloe Blacc, Keziah Jones, Maceo Parker, Roy Hargrove Quintet, Ahmad Jamal, Wynton Marsalis & Lincoln Center Jazz Orchestra.

renseignements  www.nicejazzfestival.fr tarif  de 25 à 35 € la soirée, 55 € le pass 2 jours, 120 € le pass 5 jours

Festival la pleine lune du 8 au 23 juillet dans l’ Ardèche hip-hop, soul, world La perspective de passer deux semaines dans l’Ardèche serait moyennement excitante sans le Festival la pleine lune. Quinze jours pendant lesquels les grillons devraient avoir du mal à fermer l’œil – IAM, Fool’s Gold, SoCalled et Chinese Man promettent en effet des nuits agitées près des gorges. 8 juillet : Jaqee, La Marabunta 10 juillet : Pigeon John, R.wan 12 juillet : Fool’s Gold, R.wan 15 juillet : SoCalled, R.wan 16 juillet : Tamikrest, R.wan 22 juillet : IAM, Filewile, Miss White And The Drunken Piano 23 juillet : Chinese Man, Gablé, Les Ogres De Barback, Monofocus.

renseignements  www.lapleinelune.com tarif  de 12 € à 25 € la soirée.

Les Déferlantes d’Argelès-sur-Mer du 9 au 12 juillet rock, pop, chanson Comment dit-on “C’est quand le bonheur ?” en anglais ? C’est probablement la question que va se poser Cali aux Déferlantes pour entamer la conversation avec ses improbables complices de scène, les Canadiens d’Arcade Fire, les agités Two Door Cinema Club, les furies de Foals et les jeunots de The Vaccines, sur toutes les lèvres depuis la sortie de leur premier album explosif. 9 juillet : ZZ Top, Gaëtan Roussel, Concrete Knives, Lily Wood & The Prick, Zazie, Julian Perretta,

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festivals 2011 sud-est

Levée des conflits de Boris Charmatz du 16 au 18 juillet

Midi festival

les démons de Midi Dans le cadre haut de

King Krule aka Zoo Kid

Ben Harper, Kasabian, Cali, Cocoon, Jamaica, Vitalic, Puggy, The Two, Selah Sue, Mademoiselle K, Lull.

renseignements  www.lesdeferlantesdargelessurmer.com tarif  de 36 € à 46 € la journée, 68 € le pass 2 jours, de 81 € à 115 € le pass 3 jours

Jazz à Juan

Les Suds à Arles

Caroline Ablain

gamme de la villa Noailles, le festival ultradéfricheur d’Hyères invite les héros de demain. rock, pop, electro Situé en plein coeur de la French Riviera, le Midi festival reprend le flambeau d’une prestigieuse tradition de la villa Noailles : soutenir la création. Dans les années 1920 et 1930, le gros faible du vicomte de Noailles pour le modernisme transparaît non seulement dans sa villa innovante, mais aussi par son statut de grand mécène de l’avant-garde artistique de l’époque, de Man Ray à Dalí, de Miró à Buñuel. Retour en 2011 : la septième édition du festival va chercher Midi à quatorze heures en accueillant les têtes chercheuses les plus passionnantes du moment. Les Français de Cheveu y joueront leur electro-punk ébouriffante. Les Américains de Violens continueront leur rénovation de la pop psychédélique en vision panoramique et multicolore. King Krule, nouveau pseudo du troubadour Zoo Kid, sidérera de classe et de maturité – encore mineur sur son passeport, mais déjà majeur parmi les songwriters de l’empire britannique. Moins confidentiels, les bêtes sauvages de Primal Scream se plieront à l’exercice d’interpréter l’intégralité de leur album phare, Screamadelica. du 22 au 24 juillet à Hyères, lire p.46

Mademoiselle K 11 juillet : Joe Cocker, Aloe Blacc, Morcheeba, Patrice, Ben L’Oncle Soul, Asa, Lull 12 juillet : Arcade Fire, Two Door Cinema Club, Foals, TV On The Radio, The Vaccines, Cali, Aaron.

Festival d’Avignon

habemus Charmatz Le chorégraphe, artiste associé de cette soixante-cinquième édition, donne un coup de jeune à la vénérable institution. scènes, danse La danse et l’enfance s’invitent à Avignon. Certes, les chorégraphes ont toujours été les bienvenus dans une manifestation que son fondateur Jean Vilar souhaitait transdisciplinaire. Mais avec la présence pour cette soixante-cinquième édition de Boris Charmatz comme artiste associé, le festival prend un coup de jeune. Ce que traduit une programmation savamment dosée en forme de feu d’artifice. On pourra s’en faire une idée avec Enfant, que crée Charmatz dans la cour d’Honneur du palais des Papes, ou encore dans ce même lieu avec la nouvelle création d’Anne Teresa De Keersmaeker. Parmi les autres chorégraphes invités, Meg Stuart, Rachid Ouramdane, William Forsythe, François Verret ou Cecilia Bengolea & François Chaignaud… Côté théâtre, la création très attendue de Vincent Macaigne qui, avec Au moins j’aurai laissé un beau cadavre, donne sa version d’Hamlet. Mais aussi : Christine de Strindberg par Katie Mitchell et Leo Warner, Jan Karski (mon nom) d’après Yannick Haenel par Arthur Nauzyciel, Sang & Roses – Le Chant de Jeanne et Gilles de Tom Lanoye par Guy Cassiers, Maudit soit l’homme qui se confie en l’homme d’Angélica Liddel. Sans oublier Romeo Castellucci, Sophie Perez et Xavier Boussiron, Wajdi Mouawad, Elise Vigier et Marcial Di Fonzo Bo, Kelly Cooper et Pavol Liska. Avec, enfin, Patrice Chéreau qui met en scène Je suis le vent de Jon Fosse et Le Condamné à mort de Jean Genet interprété par Jeanne Moreau et Etienne Daho. du 6 au 26 juillet, lire p. 42

du 11 au 17 juillet world, rock Arles, c’est déjà grandiose pour les yeux toute l’année. Mais pendant Les Suds, c’est aussi bon pour les oreilles. Une programmation de qualité, comme d’hab, entre incontournables, découvertes et bonnes surprises, comme le retour de Beirut cette année. En France pour quelques rares dates, le toujours jeune Zach devrait présenter les chansons d’un nouvel album programmé pour l’été. 11 juillet : Mercedes Peón, La Brigada Italica 12 juillet : Taraf de Caransebes, Beirut, Kimmo Pohjonen 13 juillet : Antonio Zambujo, Estrella Morente, Dorantes, Erik Marchand & Rodolphe Burger & Mehdi Haddab 14 juillet : Aziliz, Paco Ibañez, Chico Trujillo, SoCalled 15 juillet : AfroCubism, Staff Benda Bilili, Ahmad Al Khatib & Youssef Hbeisch 16 juillet : Noreum Machi, Silverio Pessoa & La Talvera, Angelique Ionatos & Katerina Fotinaki, Alireza Ghorbani & Dorsaf Hamdani 17 juillet : Congopunq.

renseignements  www.suds-arles.com tarif  de 8 € à 55 € le billet à l’unité, de 28 € à 120 € le pass

Musilac du 14 au 16 juillet à Aix-les-Bains rock, chanson Si le plaisir conserve, alors le festival d’Aix-les-Bains sera sans doute une cure de jouvence. On ne s’avance pas beaucoup en pressentant que tout le monde y trouvera son compte : la pythie PJ Harvey, le fou furieux Katerine, le toujours vert Santana, les porte-étendards du rock belge Deus et le très rare Eels seront au rendez-vous. 14 juillet : Mogwai, Scissor Sisters, The Ting Tings, Morcheeba, Angus & Julia Stone, Asa, Ben L’Oncle Soul, Bernard Lavilliers, Santana, Bloody Beetroots Death Crew 77 15 juillet : The Chemical Brothers, PJ Harvey, Eels, Deus, Katerine, Nouvelle Vague, Gaëtan Roussel, Aaron, Lily Wood & The Prick, Concrete Knives 16 juillet :

renseignements  www.musilac.com tarif  50 € la journée, 139 € le pass 3 jours du 14 au 24 juillet à Juan-les-Pins jazz, pop, blues Ancêtre et pionnier des festivals de jazz en Europe, Jazz à Juan passe le cap des 51 ans cette année. La programmation comporte donc son lot de personnes âgées (dont l’increvable B. B. King). Mais le quinqua est toujours fringant et garde l’oreille affûtée : la présence du génial guitariste gospel Robert Randolph en apporte la preuve irréfutable. 15 juillet : Herbie Hancock, Wayne Shorter & Marcus Miller 16 juillet : Keith Jarrett Trio 17 juillet : James Hunter, B.B. King 18 juillet : Les Best of du Off 19 juillet : Robert Randolph, Santana 20 juillet : Alex Tassel, Curtis Stigers, Jamie Cullum 21 juillet : Raphael Saadiq, Ben L’Oncle Soul & Imany 22 juillet : The Duwala Malambo Project avec Richard Bona & Raul Midón, Gilberto Gil 23 juillet : Harold Lopez Nussa Trio, Manu Katche Project 24 juillet : Craig Adams.

renseignements  www.jazzajuan.com tarif  de 20 € à 70 € la soirée

Jazz à Toulon du 15 au 24 juillet jazz Au moins deux bonnes raisons de suivre Jazz à Toulon tout du long : le festival est entièrement gratuit, et sa programmation 2011 est quasiment entièrement féminine. De bonnes chanteuses et des instrumentistes de renom : Toulon a tout bon. 15 juillet : Rhoda Scott & La Velle 16 juillet : China Moses & Raphael Lemonnier 18 juillet : Sweet System 19 juillet : Debora Seffer Quartet 20 juillet : Florence Fourcade Quartet & Christian Escoudé 21 juillet : Caroline (Sarah Murcia) 22 juillet : Ana Popovic 23 juillet : Liz McComb 24 juillet : Nam Quartet

renseignements  04 94 09 71 00, www.cofstoulon.fr tarif  gratuit

Festival Jazz à Junas du 16 au 23 juillet jazz Thématique de la nouvelle édition : “Le LanguedocRoussillon rencontre Chicago”. Pas le groupe Chicago, mais les musiciens et l’esprit de la ville. Bon, après, il y a aussi des Américains qui ne sont pas de Chicago et beaucoup de Français. Mais c’est bien quand même.

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Courtesy Espace à vendre

Horizon 80 d’Emmanuel Régent

L’art contemporain et la Côte d’Azur

16 juillet : Lee Konitz, Dan Tepfer Duo 20 juillet : Smoky Joe Combo, Denis Fournier, Nicole Mitchell, Hanah Jon Taylor, Tomeka Reid, Bernard Santacruz, Ahmad Jamal 21 juillet : Hamid Drake, Raymond Boni Duo, China Moses & Raphaël Lemonnier Quintet, Tom Harrell Quintet 22 juillet : David Caulet, René Bottlang, Rémi Charmasson Trio, Nicole Mitchell, Hamid Drake, Harrison Bankhead & Michel Edelin, Archie Shepp, Hamid Drake, Mahmoud et Malika Gania, Abdellah El Goud, Tom McClung, Jean-Jacques Avenel 23 juillet : Nicole Mitchell, Joëlle Leandre Duo, Chico Freeman Quintet, Eddy Clearwater.

histoires de l’art Cette rétrospective multisite pose un regard transversal

renseignements  04 66 80 30 27, www.jazzajunas.asso.fr tarif  de 17 € à 22 € la soirée, 68 € le pass 4 jours

sur une région longtemps à l’avant-garde de l’art. arts Terre d’exil pour de nombreux artistes dans la première moitié du XXe siècle, la Côte d’Azur est-elle encore dans le coup ? C’est ce que veulent croire les nombreuses institutions qui ont établi un parcours commun consacré à “L’art contemporain et la Côte d’Azur, un territoire pour l’expérimentation 1951-2011”. En marge d’un regard scientifique sur “la peinture autrement” – aux musées Picasso d’Antibes, Chagall à Nice et Fernand Léger à Biot – et d’une histoire de la performance avec une exposition ambitieuse à la villa Arson de Nice, de nombreux projets plus modestes mais plus singuliers sont proposés par des acteurs importants de la région comme la Station à Nice et l’espace de l’Art concret à Mouans-Sartoux. du 1er juin au 30 novembre, lire p. 38

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Les Voix du Gaou du 16 au 29 juillet à Six-Fours-les-Plages rock, chanson Cadre idyllique, la mer à perte de vue, sans lac gelé : Six-Fours-les-Plages est un écrin parfait pour une programmation variée en genres comme en générations. Les jeunes loups (Aloe Blacc, Cocoon, Lilly Wood & The Prick) donneront la réplique aux vieux pas encore cons

(Catherine Ringer, Jimmy Cliff, Jamiroquai). 16 juillet : Catherine Ringer 17 juillet : Cocoon, Syd Matters 20 juillet : Jack Johnson 21 juillet : Texas, Louis Bertignac 22 juillet : Jimmy Cliff, Dub Inc. 23 juillet : Angus & Julia Stone, Lilly Wood & The Prick 24 juillet : Yannick Noah 27 juillet : Aloe Blacc, Selah Sue, Ben L’Oncle Soul 28 juillet : Chinese Man, Scratch Bandits Crew 29 juillet : Jamiroquai.

renseignements 04 91 80 10 89, www.voixdugaou.fr tarif : de 25 € à 49 € la soirée

Festival jazz des cinq continents du 18 au 26 juillet à Marseille jazz La particularité du Festival jazz des cinq continents (FJ5C pour les intimes), c’est que c’est un des rares festivals de jazz qui ne programme que du jazz. Les fans de Ben L’Oncle Soul et de Féloche seront furieux, les autres apprécieront l’éclectisme de la programmation, entre valeurs sûres et curiosités. 18 juillet : Macadam Transfert, Virginie Teychené, Accoules Sax & DJ Rebel 19 juillet : David Murray Cuban Ensemble 20 juillet : Ray Lema Trio,

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festivals 2011 sud-est Herbie Hancock avec Marcus Miller & Wayne Shorter 21 juillet : Erik Truffaz Quartet, Ahmad Jamal 22 juillet : David Krakauer & Klezmer Madness, Monty Alexander 23 juillet : Trio Compaoré Ribot & Tacuma, Trombone Shorty, Larry Graham & Graham Central Station 25 juillet : Youn Sun Nah Duo, Wynton Marsalis 26 juillet : Dhafer Youssef, Return To Forever IV.

renseignements  www.festival-jazz-cinq-continents.com tarif  de 22 € à 34 € la soirée, pass 2 à 6 soirées de 46 € à 134 €

Festival du film de Vebron du 19 au 23 juillet cinéma Ce festival dédié à la biodiversité diffuse des films réalisés par des cinéastes et des vidéastes de tous horizons, professionnels ou amateurs et tous sensibles à la cause écologique. Sont privilégiés les films sur l’agriculture et sur les milieux naturels divers, réalisés sous une forme originale et présentant un engagement envers la culture bio et la défense de l’écosystème. programmation en cours.

renseignements  www.mescevennes.com/festivalvideo tarif  gratuit

Midi festival du 22 au 24 juillet à Hyères rock, pop (lire encadré p. 44) 22 juillet : Johnny Hawaii, Christian Aids, R.Stevie Moore, Tropical Ooze, Violens 23 juillet : Porcelain Raft, Star Slinger, DJ L’Amateur, Psychologist, Puro Instinct, King Krule (ex-Zoo Kid), Dirty Beaches, Washed Out, The Glimmers, Ivan Smagghe 24 juillet : Primal Scream, Cheveu, Inc, Mazes…

renseignements  www.midi-festival.com tarif  n.c.

Voix vives de Méditerranée en Méditerranée du 22 au 30 juillet à Sète livres Festival consacré à la poésie et à la création artistique de Méditerranée, Voix vives invite musiciens, conteurs, comédiens, plasticiens à se réunir dans différents quartiers et jardins de la ville. L’occasion de faire se croiser les différentes cultures du carrefour méditerranéen. avec Fanny Ardant pour une lecture du Navire Night de Marguerite Duras, Arthur H pour une création, L’Or noir, à partir notamment des textes d’Aimé Césaire, Sapho, Juliette…

renseignements  04 99 04 72 51, www.voixvivesmediterranee.com tarif  de 8 € à 25 €

Cabaret frappé du 23 au 29 juillet à Grenoble rock, soul, world Complètement barré, le Cabaret propose cette année des concerts gratuits à l’intimité garantie, puisqu’ils auront lieu dans un bus. Comme l’année dernière, d’autres sont organisés dans un kiosque à musique. Pour les concerts payants, sous chapiteau, on prévoit un défilé bariolé d’artistes bien frappés, de CocoRosie au Prince Miiaou, en passant par Jaqee ou encore Alice Russell. 23 juillet : Alice Russell, The Buttshakers, Imany, Djazia Satour 25 juillet : King Charles, Towerbrown, Chris Bailey & H-Burns 26 juillet : CocoRosie, Le Prince Miiaou, Jim Yamouridis 27 juillet : The Boxer Rebellion, Sly & The Gayz, Birdpen, The 1234 28 juillet : Lokua Kanza, Stranded Horse, HK & Les Saltimbanks 29 juillet : Jaqee, Hoquets, Push Up!

renseignements 04 76 00 76 85, www.cabaret-frappe.com tarif  gratuit au kiosque du Jardin de Ville, 17 € le concert, 75 € le pass 6 jours

Fiest’a Sète du 25 juillet au 8 août world, soul, chanson C’est à Sète que se tient l’un des meilleurs festivals world de l’été. Les Afro-Cubains squattent le théâtre de la Mer cette année, et croiseront les gars des Balkans, d’Afrique ou d’Amérique du Nord (pour une ultime soirée soul-funk qui donnera envie d’aller se baigner juste après). 25 juillet : Septeto Nabori, Rona Hartner 26 juillet : Leila Negrau, Axel Krygier 28 juillet : Mama Ohandja, Silvério Pessoa Quartet & La Talvera 30 juillet : Da Cruz, Lou Dalfin 31 juillet : Féloche, Juana Fé 1er août : Caro Ferrer, DJ RKK 2 août : Zao, Staff Benda Bilili 3 août : Gema 4, AfroCubism 4 août : Ebo Taylor, Seun Kuti 5 août : Lo Cor De La Plana, Danyel Waro 6 août : Le Chauffeur Est Dans Le Pré, Goran Bregovic 7 juillet : Juan de Marcos & The Afro-Cuban All Stars, Chucho Valdés & The Afro-Cuban Messengers 8 août : Betty Harris & The Dynamites avec Charles Walker, Maceo Parker.

renseignements  04 67 74 48 44, www.fiestasete.com tarif  gratuit jusqu’au 1er août inclus, de 28 € à 33 € à partir du 2 août

Garance reggae festival du 27 au 30 juillet à Bagnols-sur-Cèze reggae, dub Depuis l’an dernier, le fameux et fumeux Garance reggae festival a quitté Paris pour les plus vertes prairies du Gard. C’est encore mieux comme ça,

avec une programmation de référence qui fait le tour de la question. avec Burning Spear, Jimmy Cliff, Midnite, Tiken Jah Fakoly, Third World, Danakil, Twinkle Brothers, Johnny Clarke, Horace Andy, Clinton Fearon, King Stitt, Prince Jazzbo, Dillinger, Willie Williams, Dawn Penn, The Abyssinians…

renseignements  www.garancereggaefestival.com tarif  89 € le pass 4 jours

Ciné sans filet du 5 au 7 août à Alet-les-Bains cinéma Festival de “l’humour et du décalé”, Ciné sans filet a pour objectif de révéler les jeunes talents du court métrage. Cette édition comprendra des concerts et des ateliers pédagogiques animés par des artistes et des professionnels du cinéma. Toutes les projections ont lieu en plein air, et le festival investit la ville avec du théâtre de rue, des expositions, et, annonce l’affiche, de la “bonne humeur”. programmation en cours

renseignements  09 52 31 03 00 www.cinesansfilet.com tarif  8 €, gratuit le dimanche

Pantiero du 10 au 13 août à Cannes electro, rock On vous conseille de troquer les Louboutin de la montée des marches pour une bonne paire de sneakers car le Pantiero promet d’être physique. Les agités de Suuns, le math-rock de Battles, le folktronica hanté de Gold Panda, Trentmoller : avec ces premiers noms, le Pantiero montre quelques belles dents d’un programme résolument électronique. avec Battles, Paul Kalkbrenner, Trentemoller, Nathan Fake, Arnaud Rebotini, Gold Panda, Zombie Zombie, The Field, Suuns, Publicist, Action Beat…

renseignements  www.festivalpantiero.com tarif  20 € la soirée, 50 € le pass 4 jours

Aurillac du 16 au 20 août théâtre de rue Pour une friction aux frontières des genres : Aurillac 2011 annonce la couleur et programme avec gourmandise  “explorateurs de paysages, agitateurs du genre performance et malaxeurs de textes”. Vingt-quatre compagnies sont invitées, où l’on repère Révolutions d’Akosh S. et Jorg Müller, Droit dans le mur de Camille Boitel, Benjamin Colin et Fantasio, Une raclette des Chiens de Navarre ou Emma la clown, voyante extralucide de la compagnie La Vache Libre. A ne pas manquer, la création in situ de Générik Vapeur et Magma Performing

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Philippe Lebruman

Theatre : Fuckin’Cendrillon, comptes de faits. La palme du titre le plus déglingue d’Aurillac. programmation complète disponible le 21 juin

renseignements  04 71 43 43 70, www.aurillac.net tarif  gratuit

Etats généraux du film documentaire

EmmanuelleP arrenin, le 9 juillet

Festival Mimi

le cherche-mimi Sur l’archipel du Frioul se téléscopent cet été une fée folk, un punk congolais et des instruments-légumes : top mimi ! arts Longtemps, l’archipel du Frioul, au large de Marseille, n’a pas rimé avec top cool. Rade militaire pendant des siècles, centre de quarantaine pour pestiférés, occupé par les Allemands et bombardé par les alliés pendant la Seconde Guerre mondiale, interdit aux civils jusqu’en 1975… Mais, ces dernières décennies, l’archipel a été démilitarisé et peu à peu investi par un festival pas bon pour le service : le Mimi. Sa mission : défricher les musiques novatrices, expérimentales, insulaires, un peu fofolles. Cette année, on y découvrira notamment des rescapés de Throbbing Gristle (Chris And Cosey), un groupe autrichien qui joue avec des instruments en légumes (The Vegetable Orchestra), un chorégraphe congolais et punk (Faustin Linyekula), une fée post-folk en plein come-back enchanteur (Emmanuelle Parrenin) et, last but not least, rien de moins que les inventeurs du hip-hop (The Last Poets). du 7 au 10 juillet à Marseille, lire p. 42

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du 21 au 27 août à Lussas cinéma Tous thèmes, toutes formes et toutes nationalités se rencontrent à l’occasion de cet événement essentiel pour le film documentaire. Trois axes principaux sont au programme : séminaires et ateliers pour développer une réflexion théorique sur le cinéma, rencontres professionnelles autour des perspectives du documentaire et cycles de projections. programmation en cours

renseignements  04 75 94 28 06, www.lussadoc.com tarif  57 € le pass 3 jours, de 60 € à 88 € le pass semaine

Biennale de Lyon du 15 septembre au 31 décembre arts Victoria Noorthoorn, commissaire invitée de cette onzième édition, a choisi un vers de Yeats (“Une terrible beauté est née”) pour parler à la fois

de l’incertitude du présent, de la condition de l’artiste et de l’absolue nécessité de l’art. Une programmation conçue depuis Buenos Aires autour d’une soixantaine d’artistes venus d’Europe, d’Afrique et d’Amérique Latine (parmi lesquels Laurent Montaron, The Otolith Group, John Cage, Arturo Herrera ou Marina De Caro). Le tout sur 14 000 mètres carrés d’exposition. programmation en cours

renseignements 04 27 46 65 60, www.biennale-de-lyon.org tarif  n.c.

Marsatac du 29 septembre au 1er octobre à Marseille pop, electro C’est entre les préfabriqués, les gigantesques tags et les ados skateurs que se tiendra la treizième édition du festival marseillais qui, de Gablé à Cascadeur, continue de célébrer le renouveau de la pop française. Derrière les platines, on retrouvera Brodinski et son imparable electro – de quoi finir l’été en beauté avant l’arrivée de l’automne. avec Cascadeur, Gablé, Brodinski, Skip The Use… programmation complète en cours

renseignements  www.marsatac.com tarif  n.c.

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Alex Turner et ses acolytes

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des singes en été Stars des festivals, les Arctic Monkeys sont de retour avec un quatrième album sur lequel ils ont brisé leurs habitudes. Leur chanteur Alex Turner fait le bilan d’une carrière vertigineuse : il n’a que 25 ans. JD Beauvallet photo Grégoire Bernardi

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’où te vient cette manie d’écrire, de décrire ? Alex Turner – J’ai débuté en secret à 15 ans. J’avais même un peu honte, je ne comprenais pas cette passion, qui me venait sans doute de ma mère. A l’école, et ça me troublait, je réagissais physiquement à certains mots, certaines phrases. Au son parfois, au sens d’autres fois. J’aimais certains mots pour leur graphisme. Et puis, les choses sont devenues plus faciles à écrire qu’à dire. Surtout depuis que mes mots sont des paroles de chansons : c’est commode de dire des choses très personnelles, mais de les cacher derrière des guitares, des mélodies… J’avance masqué. Par pud eur ? J’étais très timide à l’école. Ma famille proche a été estomaquée quand je suis devenu chanteur : je n’étais pas destiné aux projecteurs. Moi-même, ça m’a pris de court. Et pourtant, très vite, c’est 1.06.2011 les inrockuptibles 49

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devenu un plaisir : on ne répétait qu’une fois par semaine, mais je ne pensais qu’à ça les autres jours. Mes trois heures de bonheur : je devenais qui je rêvais d’être dans mes fantasmes adolescents… Je suis d’ailleurs abasourdi quand je vois des images live des Arctic Monkeys : ça ne peut pas être moi ! A nos débuts, ça semblait si viscéral, aux ordres de l’adrénaline… J’ai longtemps compensé ma timidité par des pauses, des grimaces. Qui t’a donné envie d’écrire ? Je connais par cœur les chansons des Smiths, jusqu’à l’obsession. Mais avant, ma vraie passion, c’était le hip-hop – ça me parlait directement. J’adorais Roots Manuva, ses chansons barrées, ses textes défoncés, mais surtout son regard oblique sur le quotidien anglais. J’étais trop jeune pour Oasis, pour Pulp – même si chez nous, à Sheffield, leur chanteur Jarvis Cocker était un héros local. Je me revois danser comme un dingue, dès que j’ai été en âge d’aller en club, sur leur Common People ou Disco 2000. Dès que j’entends ces chansons, je me lève et je danse (rires)… As-tu parfois perdu le contact avec ce qui fait ta force : la simplicité ? A l’époque de l’album Humbug, je m’en suis volontairement éloigné, pour me tester, voir jusqu’où pouvait aller le groupe. On allait s’enliser dans la routine, il fallait un nouveau lieu, un nouveau producteur, écrire des chansons sans se demander si elles seraient faciles à jouer sur scène… Nous sommes donc partis enregistrer dans le désert californien, avec Josh Homme des Queens Of The Stone Age. A l’époque, on avait l’impression, et c’était aussi excitant qu’effrayant, que le groupe était incontrôlable, comme un train lancé à fond sans freins ni conducteur… Aujourd’hui, c’est un semi-remoque, on peut le manœuvrer (rires). Heureusement que nous étions des copains d’école primaire, qu’il y en avait toujours un, à tour de rôle, pour relever les autres, pour veiller à leur bien-être… On s’est sorti de cette tornade en se serrant les coudes, ça a été un immense test pour notre amitié.

Guy Aroch

festivals 2011 sud-est

“je me souviens avec tendresse de notre première tournée. Ma vie a basculé en deux semaines” Regrettes-tu l’époque où vous tourniez sans enjeu ? Je ne regrette pas la camionnette pourrie (rires) ! Je me souviens avec tendresse de cette naïveté, de notre première tournée de douze concerts en quinze jours. C’était la première fois que je quittais si longtemps la maison familiale, c’était une vraie aventure. Ma vie a basculé en deux semaines. Ce qui nous sauve aujourd’hui de la démesure, c’est que nous pouvons jouer un soir devant des dizaines de milliers de gens dans un festival, puis le lendemain dans un petit club en Scandinavie ou

aux Etats-Unis, car l’on tourne toujours dans ce circuit. Si l’on ne jouait que dans les stades, je pense que je perdrais ma concentration. Il y a toujours un truc à regarder, je perds lentement le contact avec le public, je me mets à rêvasser, à dériver… Lors de nos premiers concerts dans d’immenses festivals, je pensais naïvement qu’il fallait jouer plus fort pour être entendu, je finissais avec des crampes aux mains à force de tabasser ma guitare (rires)... Quel a été le point de départ du nouvel album, Suck It & See ? La chanson Piledriver Waltz a servi

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de transition entre la BO acoustique que j’ai écrite l’an passé pour le film Submarine et ce nouvel album. Je ne savais pas, à ce moment-là, si les autres allaient me suivre dans cette direction, car je travaillais seul dans mon coin à New York. Pour la première fois, nous sommes partis de chansons composées à la guitare sèche. D’habitude, nous arrivions en studio avec des sacs – “intros”, “riffs”, “paroles”, “mélodies” – dans lesquels nous piochions pour bâtir, comme des puzzles, des chansons. Là, c’était plus abouti en amont, composé de manière plus classique, c’est ce que m’avait demandé notre producteur, James Ford. La BO de Submarine a été une excellente répétition générale pour moi. L’album que j’ai fait avec les Last Shadow Puppets m’avait déjà ouvert à une autre forme d’écriture, à une autre façon de chanter. Une révélation : j’ai enfin accepté de chanter de manière lyrique, comme un crooner… Pour la première fois, j’ai admis que j’écrivais de vraies chansons, que j’étais un artisan.

Ça a tué mes inhibitions, moi qui refusais jusqu’ici de me voir comme un songwriter. Ça me gênait quand on disait ça de moi. Le nouvel album est très anglais, mais comme si, depuis New York, tu fantasmais une Angleterre irréelle. Oui, c’est très anglais, avec peut-être le filtre du mal du pays… J’ai utilisé volontairement des expressions très british, un son de basse qui m’évoque lui aussi le pays. A New York, je n’ai pas beaucoup de discipline : je rêvasse une demi-heure, je joue quelques notes de guitare, je fume une clope… Je passe des heures à regarder par la fenêtre. J’aime cette ville, parce qu’elle est construite comme du papier millimétré : ça me rassure, cette construction rationnelle. Même quand les Arctic Monkeys tentent de jouer très rock, vous restez fondamentalement un groupe pop… On ne peut pas jouer contre sa nature. J’aimerais que nous fassions partie de cette tradition anglaise qui remonte aux Buzzcocks… Cette simplicité est très difficile à obtenir, on peut vite tomber dans la mièvrerie. Qu’est-ce qui te pousse aujourd’hui à écrire des paroles ? Sur le premier album, c’était l’observation, dans les moindres détails, du monde qui m’entourait. Et puis le succès est arrivé, et soudain, je me suis retrouvé à observer des choses étranges, des halls d’hôtels ou d’aéroports. J’ai trouvé ça tellement absurde que j’en ai même fait une chanson gag. Aujourd’hui, l’écriture est moins référencée, moins graphique, je peux enfin me mettre dans la peau d’un personnage. Un mélange de choses très personnelles et de distance. Sur le nouvel album, je reste au cœur des chansons, mais il faut me chercher. album Suck It & See (Domino/Pias) festivals le 26 juin à Luxembourg (Festival Rock A Field), le 1er juillet en Belgique (Werchter Festival), le 8 à T in the Park (Grande-Bretagne) le 11 à Lyon (Nuits de Fourvière), le 16 en Espagne (Benicàssim), le 17 en Allemagne (Gurten Festival à Berne), le 27 août à SaintCloud (Rock en Seine) 1.06.2011 les inrockuptibles 51

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sudouest

Biennale d’Anglet

Les Siestes électroniques

jusqu’au 28 août art contemporain Pour sa quatrième édition, la petite Biennale d’Anglet investit le littoral et l’espace urbain avec des œuvres tantôt discrètes tantôt spectaculaires. avec Véronique Aubouy, Carmelo Zagari, Stéphane Magnin, Didier Marcel, Lilian Bourgeat, Julien Prévieux, Vincent Mauger, Juan Perez Aggiregoikoa, Masahide Otani et Antoine Dorotte.

du 23 au 26 juin à Toulouse electro, etc. Ne pas prévoir de fermer l’œil en bord de Garonne : malgré sa vocation initiale qui privilégiait l’electro nondansante, propice à la relaxation, ce festival pointu propose une programmation stimulante qui défriche désormais, au-delà du circuit électronique, de la house à la chanson, du dubstep à la transe. Joie suprême : on y entendra la pop hallucinatoire du sorcier Connan Mockasin. 23 juin : DJ Tron, Shangaan Electro 24 juin : Aymeric Hainaux & Tanya Tagaq, Arnaud Fleurent-Didier, carte blanche au club Robert Johnson avec Oliver Hafenbauer, Ata, Arto Mwambe et Prins Thomas 25 juin : Cadik Travel Agency, Lucrecia Dalt, Villa Nah, Lone 26 juin : Umberto, Connan Mockasin, James Pants, The Miracles Club.

renseignements 05 59 57 75 70, www.biennale.anglet.fr tarif n. c.

Musiques métisses du 10 au 12 juin à Angoulême world Si le recommandable Musiques métisses commence avant les autres, c’est peut-être en raison du décalage horaire dû à une programmation voyageuse. La France de l’Outre-Mer est à l’honneur (avec le maloya réunionnais de Christine Salem et Zembrocal Musical ou les Antillais de Kassav), l’Afrique aussi (avec Tiken Jah Fakoly, le Super Rail Band, Seun Kuti, Boubacar Traoré). 10 juin : Christine Salem, Karimouche, Sia Toino, Tiken Jah Fakoly… 11 juin : Zembrocal Musical, Djelimady Tounkara & Super Rail Band, Maceo Parker, Seun Kuti & Egypt 80… 12 juin : Prince Koloni & Fondering, Boubacar Traoré, Erik, Kassav…

renseignements www.les-siestes-electroniques.com tarif gratuit, sauf la soirée club du 24 juin (de 10 € à 11,80 €)

Cinéma en plein air

du 23 au 26 juin à Toulouse livres (lire encadré p. 56) avec Olivier Cohen, Aharon Appelfeld, Christophe Honoré, Rachel Cusk, Sayed Kashua, Véronique Ovaldé, Will Self…

du 25 juin au 6 août à Toulouse cinéma Quatrième édition d’un festival qui entend bien rassembler tous les publics autour d’une trentaine de grands films de l’histoire du cinéma. Plusieurs soirs de la semaine, la Cinémathèque de Toulouse propose une programmation éclectique : Buñuel, Hitchcock, Tarantino, Jarmush, Carax… Au programme également, Le Dernier Tango à Paris de Bertolucci, avec Maria Schneider, récemment disparue. Chaque film est projeté en salle à 20 heures, puis en plein air à 22 heures 25 juin : Ciné-concert d’ouverture avec Faut pas s’en faire de Fred C. Newmeyer et Sam Taylor. avec aussi Belle de jour de Luis Buñuel, Cabaret de Bob Fosse, Le Dernier Tango à Paris de Bernardo Bertolucci, Le Diable au corps de Claude Autant-Lara, Duel au soleil de King Vidor, Les Enchaînés d’Alfred Hitchcock, Le Mari de la femme à barbe de Marco Ferreri, Mauvais Sang de Leos Carax, Mélodie en sous-sol d’Henri Verneuil, Monty Python, sacré Graal de Terry Jones et Terry Gilliam, Pee Wee Big Adventure de Tim Burton, Reservoir Dogs de Quentin Tarantino, Riz amer de Giuseppe De Santis, Stranger Than Paradise de Jim Jarmusch, Victor Victoria de Blake Edwards, La Vie privée de Sherlock Holmes de Billy Wilder.

renseignements 05 61 99 64 01 www.lemarathondesmots.com tarif de 5 € à 10 €

renseignements 05 62 30 30 10, www.lacinemathequedetoulouse.com/ cinepleinairs tarif gratuit

renseignements www.musiques-metisses.com tarif de 23 € à 72 € (le pass 3 jours)

¡Festival Rio Loco ! du 15 au 19 juin à Toulouse world, jazz (lire encadré p. 56) 15 juin : Lila Downs Y La Misteriosa, Los Lobos, Le Trio Joubran, Los Patita de Perro, The Bollywood Brass Band 16 juin : Anibal VelasQuez Y Su Conjunto, George Clinton & Parliament Funkadelic, Stabat Akish, Bombino 17 juin : Staff Benda Bilili, Gétatchèw Mékuria & The Ex, Harold Lopez Nussa Trio 18 juin : Nathalie Natiembé, Le ToutPuissant Orchestre Poly-Rythmo de Cotonou, Blitz The Ambassador, Tigran Hamasyan Trio & Norayr Kartashyan, Conte & Soul 19 juin : Bonga, Calle 13.

renseignements 05 61 11 02 22, www.rio-loco.org tarif 5 € la journée, 20 € le pass 5 jours

Le Marathon des mots

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Free Music Festival

Reverend KM Williams messie beaucoup

les 1er et 2 juillet au lac de Montendre rock, hip-hop, etc. Dissipons d’emblée un malentendu éventuel : “free” est à traduire ici par libre, et non par gratuit. Charentais mais surtout pas en charentaises, ce festival accueillera l’une des rares étapes françaises du Wu-Tang Clan, les vétérans incontournables du hip-hop East Coast. Yael Naim et The Dø auront la double tâche de représenter la France et d’adoucir les mœurs. 1er juillet : Gotan Project, Yael Naim, Lee Scratch Perry & Max Romeo & The Congos, Atari Teenage Riot, Chinese Man, Dagoba, La Caravane Passe, WAT (We Are Terrorists), Hello Bye Bye 2 juillet : Wu-Tang Clan, Goran Bregovic, The Dø, Alborosie, South Central, Scratch Bandits Crew, Hilight Tribe.

Il faut rentabiliser l’exclu : un seul festival en France cet été pour KM Williams, mais quand même quatre concerts à la file. C’est que ce Reverend-là est attendu comme le Messie : authentique homme d’église, ce Texan est aussi un bluesman électrique sauvage, puissant et très rock’n’roll, dans la lignée des chanteurs de rue légendaires, de ceux qui provoquent émeutes et embouteillages. du 6 au 9 juillet à Cognac Blues Passions

renseignements 05 46 49 46 45, www.freemusic-festival.com tarif de 24 € à 27 € la journée, de 38 € à 41 € le pass 2 jours

Euskal Herria Zuzenean Festibala du 1er au 3 juillet à Hélette hip-hop, electro, rock Programmation éclectique et diversifiée pour le festival euskaldun. Des groupes locaux à l’honneur (Split 77, Betagarri), du rock’n’roll salissant et impétueux avec The Jim Jones Revue, sans oublier la vieille garde française (IAM, Chinese Man), ni l’inévitable Tiken Jah Fakoly. 1er juillet : IAM, Morcheeba, Le Prince Miiaou, Nasser, Goran Bregovic… 2 juillet : Ken Zazpi, The Jim Jones Revue, Chinese Man, Split 77, Shaka Ponk, Atom Rhumba… 3 juillet : Tiken Jah Fakoly, La Phaze, Betagarri…

Le Grand Souk

Ribérac’n’roll Quatrième édition (super) sonique pour ce petit festival pimpant qui joue pourtant dans la cour des grands.

renseignements www.ehz-festibala.com tarif 51 € le pass 3 jours

Festival international du film de La Rochelle du 1er au 10 juillet cinéma (lire encadré p. 61) avec des hommages à Bertrand Bonello, Jean-Claude Carrière, Denis Côté, Mahamat-Saleh Haroun, Yamamura Koji, en leur présence, un focus sur le cinéma mexicain, des rétrospectives Buster Keaton et David Lean, une leçon de musique par Maurice Jarre, une saga du cinéma norvégien, des avant-premières, une nuit blanche et une sélection de films pour enfants.

renseignements www.festival-larochelle.org tarif de 2,50 € à 6 € la séance, de 8 € à 15 € la carte 3 entrées, de 25 € à 45 € la carte 10 entrées, 60 € la carte 20 entrées, de 65 € à 85 € la carte permanente

Katerine, le 22 juillet

rock, electro, pop La Dordogne, son patrimoine préhistorique, sa gastronomie à rassasier Gargantua et, depuis 2008, sa fiesta musicale étonnante et détonante qui met Ribérac dans tous ses états. Si Le Grand Souk a démarré en douceur en invitant principalement des musiciens hexagonaux, il a très vite eu l’excellente idée d’ouvrir ses frontières à la crème du rock et de l’electro d’horizons divers. Au programme des réjouissances de cette quatrième édition, côté Français, on pourra y entendre une poignée de spécimens farfelus (Katerine, Stupeflip) et de songwriters lumineux (Gaëtan Roussel, Syd Matters). Deux machines à tubes viendront leur prêter main forte pour dynamiter l’ambiance : à ma gauche, le trio nord-irlandais Two Door Cinema Club se chargera du rock abrasif et des beats furieux, tandis qu’à ma droite, les Rémois surdoués The Bewitched Hands décrocheront la Palme d’or de la pop euphorique. Soul, rock and sun : promesse tenue. Du 21 au 23 juillet à Ribérac, lire p. 58 1.06.2011 les inrockuptibles 53

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festivals 2011 sud-ouest Les Ateliers des Arques du 2 juillet au 15 septembre arts Armés d’un enthousiasme en béton et d’une philosophie digne du dernier “village gaulois”, les Ateliers des Arques poursuivent leur projet pointu et ambitieux en milieu rural. Quatre résidentes de haut vol cette année, Lara Almarcegui, Dominique Ghesquière, Susanne Kriemann et Katrin Sigurõardóttir, invitées par la commissaire d’exposition Eva Gonzalez-Sancho. avec Lara Almarcegui, Dominique Ghesquière, Susanne Kriemann et Katrin Sigurõardóttir

renseignements 05 65 22 81 70, www.ateliersdesarques.com tarif n. c.

Olivier Dion

Cognac Blues Passions

Olivier Cohen éditeur majeur Olivier Cohen est fondateur et responsable de la direction littéraire des Editions de l’Olivier, qui fêtent leurs 20 ans. La maison d’édition est née en 1991 en publiant parmi les meilleurs auteurs anglo-saxons, de Raymond Carver à Will Self. Elle explore ensuite d’autres territoires avec l’arrivée d’Aharon Appelfeld, qui rencontre un grand succès. Depuis quelques années, l’Olivier grandit en découvrant les talents de la nouvelle génération française tels Véronique Ovaldé, Christophe Honoré… du 23 au 26 juin au Marathon des mots (Toulouse).

du 5 au 9 juillet à Cognac et Jarnac Blues, rock, soul “One scotch, one cognac, one beer”, aurait pu chanter John Lee Hooker, s’il était passé au toujours convivial Cognac Blues Passions. Plutôt que quelques têtes d’affiche hors sujet (Moby, Morcheeba), on surveillera de près les seconds rôles : la paire de révérends (Peyton et KM Williams), l’old-timer australien CW Stoneking ou le Français Bo Weavil, qui sont parmi les bluesmen les plus intéressants du moment. 5 juillet : Andreya Triana, Asa, Raphael Saadiq… 6 juillet : The Reverend Peyton’s Big Damn Band, Homemade Jamz Blues Band, Aloe Blacc, Lou Lesage, Texas 7 juillet : Reverend KM Williams, The Honeymen, ZZ Top, Skip "Little Axe" McDonald, Roots Noise… 8 juillet : Sly Johnson, C. W. Stoneking, Blues Paradise, Rachelle Plas, Moby… 9 juillet : Morcheeba, Jamie Cullum, Hokie Joint, Bo Weavil…

renseignements 05 45 36 11 81, www.bluespassions.com tarif de 33 à 54 € la soirée, 154 € le pass 5 soirées

Pause guitare du 7 au 10 juillet à Albi musique à six cordes On l’aura compris : ceci n’est pas le festival de la batterie, ni de la basse. Pourtant, il y en aura quand même pour accompagner les riffs sautillants des allumés suédois I’m From Barcelona, les accords tubesques de Gaëtan Roussel ou les comptines zinzins de Katerine. Il sera donc facile d’éviter Zaz et Ben L’Oncle Soupe, aussi pénibles que tenaces. 7 juillet : Bernard Lavilliers, Tiken Jah Fakoly, Raul Paz, Ibrahim Maalouf, Richard Gotainer, Dimoné, Sarah Olivier, Imbert Imbert, Thibaud Couturier, Les Oreilles Rouges

8 juillet : Cali, Gaëtan Roussel, Katerine, Camélia Jordana, Wally, Volo, Zedrus, Patric, Robinson 9 juillet : Joe Cocker, Zaz, I’m From Barcelona, Richard Desjardins, Bette & Wallet 10 juillet : Ben L’Oncle Soul, Aaron, Cocoon, Lilly Wood & The Prick, Nicolas Peyrac, Presque Oui, Pauvre Martin, Paul Sidibé, Paamath.

renseignements 05 63 60 55 90, www.pauseguitare.net tarif de 9 € à 48,30 € la soirée, 143,30 € le forfait 4 jours

Jazz à Luz du 7 au 10 juillet à Luz-Saint-Sauveur jazz, musiques improvisées Ça se passe donc à Luz-SaintSauveur. Luz, c’est la lumière. Saint-Sauveur, c’est pour sauver l’esprit de curiosité et de découverte, omniprésent ici. Jazz progressif, folk défricheur, electro expérimentale. Un de ces festivals à ranger dans la catégorie des inclassables. 7 juillet : Das Kapital, Freenology, Old School Funky Family, Cartouche, PSch-pSHIT 8 juillet : Ryan K, Alfred Spirli et Thierry Madiot, Bruno Chevillon, Chosleski, Das Kapital, Vitas Guerulaïtis, Andy Moor et Christiane Sehnaoui 9 juillet : Audrey Chen et Jean-Yves Evrard, La Mala Cabeza, Imbert Imbert rencontre Bruno Chevillon, Drums Noïse Poetry, Subcity Stories, William Parker, Hamid Drake, Raoul Björkenheim, Plapla Pinky, Hurky Burlies 10 juillet : Christine Wodraska, Jean-Luc Cappozzo, The Dick Drops, Syringe, Okamzik, ZU et Mats Gustaffsson, Karaboudjan Cargo Fanfare, PSch-pSHIT.

renseignements 05 62 92 38 30, 05 62 92 38 38, www.jazzaluz.com tarif n. c.

Festival Résistances du 8 au 16 juillet à Foix cinéma Pour sa quinzième édition, le festival international du cinéma engagé proposera neuf jours de projections, de rencontres avec les réalisateurs et de débats autour de quatre thématiques : “la ruée sur l’or vert”, “vieillesse et tabous”, “justice de classe”, “croître, croire, croissez”. Près de cent films en sélection, des apéros et un focus (sous réserve) sur l’œuvre des frères Larrieu. 9 et 10 juillet : Bananas de Fredrik Gertten, La Juge et L'Affaire des dioxines de Clarisse Feletin, Kafka au Congo d’Arnaud Zajtman et Marlène Rabaud 11 et 12 juillet : La Boîte de Pandore de Yesim Ustaoglu, Babayagas de Thibault Ferié, Papy Mamie de Michaël Lheureux

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festivals 2011 sud-ouest 13 et 14 juillet : Koundi et le jeudi national d’Ariane Astrid Atodji, Notre pain quotidien de King Vidor 15 et 16 juillet : Les Pirates du vivant de Marie-Monique Robin, La Ruée vers l’Est de Vincent Gaullier et Raphaël Girardot.

renseignements 05 61 65 44 23, www.festival-resistances.fr tarif 4 € la place, 30 € les 10 places, 50 € le pass adulte, 10 € le pass moins de 18 ans

Bombino, le 16 juin

Rio Loco

passez le Rio grande En dépit d’un problème de type mexicain, le festival toulousain propose de solides groupes latino-américains et d'alléchantes exclusivités nationales.

course de fonds Placé sous le signe de l'Olivier, le marathon littéraire le plus couru de France propose une "chronique du printemps arabe" et rend hommage à Milan Kundera. livres Pour sa septième édition, ce festival offre une place à Olivier Cohen, patron des Editions de l’Olivier, qui fêtent leurs 20 ans, et une autre au printemps arabe. Toulouse prête ses lieux culturels pendant quatre jours pour célébrer la création littéraire d’hier et d’aujourd’hui et montrer la richesse de ses interactions avec les autres disciplines. Pour cela, le festival convie écrivains, comédiens, musiciens, chanteurs, éditeurs autour de très nombreux événements qui s’étendent dans toute l’agglomération toulousaine. Cette année, Olivier Cohen est l’invité d’honneur. Le patron des Editions de l’Olivier sera accompagné de plusieurs de ses écrivains : l’Israélien Aharon Appelfeld, Véronique Ovaldé, Sayed Kashua, Christophe Honoré, Rachel Cusk ou encore l’Anglais Will Self. Une “chronique du printemps arabe” sera consacrée aux écrivains et activistes des révoltes arabes. Aussi au programme : un cycle de lectures autour du thème “Sur la route” et un hommage à Milan Kundera pour célébrer son entrée en Pléiade. Du 23 au 26 juin à Toulouse, lire p. 52 Rachel Cusk

du 12 au 16 juillet chanson, rock, etc. Incontournable phare de la francophonie sous toutes ses formes, le festival rochelais invite une ribambelle de vieux loups de mer et de jeunes moussaillons. La présence d’un grand nombre d'invités douteux (que l’on ne nommera point) sera largement compensée par la fine fleur des musiciens hexagonaux du moment, dont Bertrand Belin et Florent Marchet. 12 juillet : Bernard Lavilliers, Ours, Louis Chedid, Alain Chamfort, Frànçois And The Atlas Mountain, Brigitte, Twin Twin 13 juillet : Gotan Project, Jean-Louis Aubert, Zazie, Stupeflip, Bertrand Belin, The Shoes, Brodinski 14 juillet : Aaron, Popof, The Dø, Cocoon, Lilly Wood & The Prick, Florent Marchet, Cyril Mokaiesh 15 juillet : Tiken Jah Fakoly, Asa, Yael Naim, Mélanie Laurent, Hushpuppies, Le Prince Miiaou 16 juillet : Katerine, Stromae, Yelle, L, Alex Beaupain, Concrete Knives, The Bewitched Hands, Absynthe Minded...

renseignements 05 46 28 28 28, www.francofolies.fr/festival tarif gratuit au Village FrancoFou, de 6 € à 37 € ailleurs

Souillac en jazz du 19 au 24 juillet jazz La programmation officielle du vétéran Souillac en jazz (créé en 1976) est honorable sans être la plus dingue de la saison. Mais dans le lot (et dans le Lot), on s’intéressera aussi aux à-côtés insolites, comme ce concert du groupe gospel Vocal Colors dans des grottes. 19 juillet : Vocal Colors 21 juillet : Francesco Bearzatti 22 juillet : Ibrahim Maalouf 23 juillet : Avishai Cohen 24 juillet : Ton Ton Salut Jazz Unit.

renseignements : 05 65 37 81 56, www.souillacenjazz.net tarif : de 11 € à 30 € la soirée, pass 2 soirées de 40 € à 48 €, 65 € le pass 3 jours

Big Festival Adrian Clarke

world, jazz Pour cause de crise diplomatique et d’annulation de l’Année du Mexique en France, le festival en bord de Garonne a renoncé à sa thématique mexicaine all-inclusive. Mais il y a de très beaux restes : notamment Los Lobos (plus rares que le loup blanc en France) et l’adorable bomba Lila Downs en ouverture. Les jours suivants, on essaie d’oublier le Mexique et on sort les mouchoirs. Pas pour sécher ses larmes, non, mais pour éponger les litres de sueur consécutifs aux concerts de George Clinton, Staff Benda Bilili, Le ToutPuissant Orchestre Poly-Rythmo de Cotonou ou Bonga… Tout cela est déjà bien joli, mais n’oublions pas de signaler les deux fantastiques exclus estivales de Rio Loco : le fascinant touareg du Niger Bombino (guitar hero hypnotique) et les explosifs rappers portoricains de Calle 13. Enormes en Amérique latine, ils ont choisi Toulouse pour leur premier concert en France. Du 15 au 19 juin à Toulouse, lire p. 52

Le Marathon des mots

Ron Wyman

Francofolies de La Rochelle

Du 20 au 23 juillet à Biarritz rock, electro, hip-hop Grandmesse de l’été biarrot depuis 2009, le bien nommé Big Festival

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festivals 2011 sud-ouest s’est déjà imposé comme un événement à la hauteur de son nom. Difficile d’imaginer meilleur cadre qu’un bord de mer pour se délecter de l’electro-pop ensoleillée de Delorean, de la pop bariolée de Yelle ou de l’electrorock atomique d'Adam Kesher. 20 juillet : The Inspector Cluzo, Amaral, Catherine Ringer, Moby, Housse de Racket, Busy P 21 juillet : Brigitte, Stromae, Selah Sue, Two Door Cinema Club, Metronomy, Admiral T, 22 juillet : Yelle, Carte Blanche Revue, Delorean, The Bloody Beetroots Death Crew 77, Stupeflip, 22 juillet : Dragon Davy, Tarrus Riley, Alpha Blondy, Asian Dub Foundation, Grandmaster Flash, Adam Kesher, We Are Standard.

renseignements www.bigfest.fr tarif  de 32 € à 35 € la journée à la salle d’Iraty, 20 € la journée à l’Atabal, 115 € le pass 3 jours

Bertrand Belin

Rochefort en accords

fortes têtes Une affiche riche de rencontres uniques puisque les musiciens conviés sont invités à séjourner à Rochefort pour mieux échanger entre eux.

Lara Almarcegui défricheuse

folk, rock, jazz, etc. Sur l’affiche de la septième édition, il y a un portrait vintage de Captain Beefheart. Pour cause de décès de lui-même, le légendaire bluesman dadaïste ne pourra pas venir. Mais un hommage lui sera rendu et son esprit, forcément libre et farceur, pourrait s’inviter lors de ce festival unique en son genre. Comprenne qui pourra : un festival work-inprogress, sans têtes d’affiche mais avec plein de têtes chercheuses où le public se rend souvent sans savoir qui sera sur scène. Le concept : inviter des musiciens (des vrais et des bons) qui ne se contentent pas de faire leur concert et de passer à la caisse, mais séjournent à Rochefort, rencontrent d’autres musiciens, échangent des chansons, créent ensemble, rendent à l’expression “jouer de la musique” sa dimension ludique. La surprise et l’échange sur le vif font la magie de Rochefort en accords, où il faudra attendre la tombée de "l'hypernuit" pour se plonger dans l'univers de Bertrand Belin. Et parce qu’on y est, un autre hommage sera rendu aux Demoiselles de Rochefort, filmé là par Jacques Demy il y a quarante-cinq ans. Enfin, ce sera une des rares occasions de voir une fée en vrai : Emmanuelle Parrenin. Du 25 au 27 août, lire p. 61

Loin de l’atelier et des cimaises des galeries, l’artiste espagnole Lara Almarcegui (née en 1972) a fait de l’espace public et des friches péri-urbaines son champ de bataille. Elle déniche des lieux abandonnés qu’elle investit à grand renfort de gravats et de matériaux de construction. Aux Arques, dans le Lot, c’est un nouvel accrochage in situ et plein de poésie qu’elle devrait livrer début juillet. du 2 juillet au 5 septembre La Promenade, exposition collective aux Ateliers des Arques et aussi jusqu’au 26 juin, rétrospective Lara Almarcegui au TENT à Rotterdam (Pays-Bas)

Philippe Lebruman

Le Grand Souk du 21 au 23 juillet à Ribérac rock, pop (lire encadré p. 53) 21 juillet : Closed Session, Ross Heselton, April Shower, LDLF, DJ Grim Hunter, Master Voice, Marvin 22 juillet : Two Door Cinema Club, Katerine, Camélia Jordana, Does It Offend You, Yeah?, The Bewitched Hands, Tahiti 80, Daily Bread, Pendentif, Janski Beeeat, Mr V, Bunny Boy 23 juillet : The Bloody Beetroots Death Crew 77, Gaëtan Roussel, Stupeflip, Syd Matters, Mondkopf, The Amplifetes, Violens, Crâne Angels, Vörse, Xivius, Hum Land.

renseignements : 05 53 92 52 30, www.legrandsouk.com tarif : gratuit le 21 juillet, de 30 € à 32 € les 22 et le 23 juillet, de 46 € à 48 € le pass 2 jours

Les Nuits atypiques de Langon du 28 au 30 juillet world Vingtième anniversaire pour l’un des festivals world les plus actifs de France. A l’ombre du minaret de Langon (oui, oui), développement durable dans un esprit alter avec des débats, du cinéma et bien sûr de la musique : Staff Benda Bilili et Tiken Jah Fakoly mènent la danse, et cette édition donne dès le premier jour la part belle au steel-drum caribéen. Ça va s’entendre de loin. 29 juillet : Le Tropique Du Cancer, Renegades Steel Orchestra, Sivan Perwer, Staff Benda Bilili, La Talvera & Silverio Pessoa 30 juillet : Sivan Perwer, Acousteel Gang, Lamine Sanou & Mohamed Bangoura, Moussu T E Lei Jovents, Tambour Quartet, Pad Brapad, Tiken Jah Fakoly.

renseignements 05 57 98 08 45, www.nuitsatypiques.org tarif de 20 à 25 € la journée, de 35 à 40 € le pass 2 jours 58 les inrockuptibles 1.06.2011

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Le Roi de la bière

Buster Keaton l’éloquence muette C’est l’une des silhouettes les plus identifiables du cinéma, un corps fin et léger, une tête d’amoureux qui refuse obstinément d’afficher un sourire et souvent surmontée d’un canotier. En une décennie 1920-1930 (celle des chefs-d’œuvre, du Mécano de la General à The Cameraman), Buster Keaton a offert à Hollywood parmi ses plus beaux moments d’absurde et de comique. On retrouvera à La Rochelle l’intégrale de ses douze longs métrages muets, une sélection de quinze courts métrages, chaque projection étant accompagnée par un pianiste. rétrospective au Festival international du film de la Rochelle, du 1er au 10 juillet

Festival de Sédières

Tempo Latino

du 28 au 30 juillet à Clergoux rock, pop, chanson Fidèle à l’esprit passionné de Fabrice Ponthier, grand manitou disparu en 2009, le Festival de Sédières peut se vanter d’avoir lieu dans le décor bucolique d’un château classé monument historique. Il réunira donc tout la famille royale, du dauphin folk Zak Laughed à la reine pop Yael Naim en passant par le preux Vendéen Katerine et les magiques Bewitched Hands. Pour éviter tout crime de lèse-majesté, précisons que Le Prince Miiaou est une princesse qui sait sortir les griffes et les riffs. 28 juillet : Katerine, Rigolus, Vlad 29 juillet : The Dø, Syd Matters, The Bewitched Hands, Zak Laughed 30 juillet : Yael Naim, Zaza Fournier, Le Prince Miiaou, Leather Academy.

du 28 au 31 juillet à Vic-Fezensac world L’institution des festivals latino, option salsa. La pratique courante de l’espagnol et un jeu de jambes véloce sont conseillés pour apprécier une programmation muy caliente, qui explosera avec un concert rare de Ruben Blades, légende de la salsa new-yorkaise. 28 juillet : Bomba Estereo, Grupo Fantasma 29 juillet : Quantic Y Su Combo Barbaro, Yuri Buenaventura 30 juillet : Plena Libre, Willie Rosario 31 juillet : Zulu 9:30, Ruben Blades

renseignements 05 55 27 76 40, www.sedieres.fr tarif n. c.

renseignements www.tempo-latino.com tarif de 25 € à 45 €

La Fête du cognac du 28 au 30 juillet chanson, world Mot d’ordre de ce festival charentais : faire découvrir les produits du terroir

local, non seulement gastronomiques (melon, huîtres, vins) mais aussi musicaux, comme en témoigne la présence du surdoué Frànçois And The Atlas Mountain, songwriter pop raffiné. A raison de deux concerts par soir, cette fête ravira les oreilles autant que papilles. 28 juillet : Gaëtan Roussel, Rococo 29 juillet : Femi Kuti, Frànçois and The Atlas Mountain 30 juillet : Emir Kusturica & The No Smoking Orchestra, Blue King Brown.

renseignements www.lafeteducognac.fr tarif 5 € la soirée.

Jazz in Marciac du 29 juillet au 15 août jazz, world Quand les juilletistes croisent les aoûtiens… on prévoit un gros embouteillage du côté de Marciac, qui offre cette année l’affiche la plus roborative et prestigieuse de l’été. .

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Matthieu Dortomb

L'Apollonide, souvenirs de maison close de Bertrand Bonello

Festival international du film de La Rochelle

synthèse charentaise Toujours en équilibre entre projections patrimoniales et tours d’horizon de cinémas méconnus, la manifestation fait mouche par sa pêche aux perles rares. cinéma Le Festival du film de La Rochelle poursuit sa grande fête du cinéma. Ici, pas de compétition mais pléthore de films qui naviguent entre les cinémas peu connus et les œuvres majeures à (re)découvrir. Nombre d'invités accompagnent leur rétrospective : Bertrand Bonello, Jean-Claude Carrière (une expo lui est consacrée), le Québécois Denis Côté, le Tchadien Mahamat-Saleh Haroun (Un homme qui crie) et le cinéaste japonais d’animation Yamamura Koji. Deux intégrales s’ajoutent au programme : retour sur le désopilant Buster Keaton et sur les fresques de David Lean. Sans oublier une vingtaine de films internationaux encore inédits en France, une saga du cinéma norvégien, un cycle de films restaurés ou réédités, une leçon de musique autour de Maurice Jarre, des ciné-concerts… du 1er au 11 juillet, lire p. 53

29 juillet : Richard Bona & Raul Midon, Return To Forever IV 30 juillet : John Scofield, John McLaughlin & The 4th Dimension 31 juillet : Hiromi, Joshua Redman & Brad Mehldau, Jonathan Batiste 1er août : Al Jarreau, Dianne Reeves Trio, Eric Legnini Trio 2 août : Al Di Meola & Gonzalo Rubalcaba, Michel Camilo & Chucho Valdes, François Thuillier & Jean-Louis Pommier 3 août : Biel Ballester Trio, Django Drom, Youn Sun Nah 4 août : Spanish Harlem Orchestra, AfroCubism, Alexandre Tassel, Roberta Gambarini Quartet 5 août : Thelonious S. Monk Junior Tentet, Dave Douglas, Richard Galliano 6 août : Richard Galliano, Alexandre Tassel, Roy Hargrove & Riccardo Del Fra, Kerem Gorsev Trio 7 août : Ibrahim Maalouf, Nils Petter Molvaer, Paolo Fresu 8 août : Harold Lopez Nussa, Ahmad Jamal & Yusef Lateef, Tigran

Hamasyan, Michel Portal 9 août : Monty Alexander, Wynton Marsalis, Mark Braud 10 août : Carlos Lyra, Leny Andrade, Harold Lopez Nussa, Francesco Cafisco 11 août : Omar Sosa & NDR Big Band, Roy Hargrove Big Band, Terell Stafford Quartet 12 août : Paquito D’Rivera, Wynton Marsalis, Hot Antic Jazz Band 13 août : Robin McKelle, Maceo Parker, RAS, Alfie Ryner 14 août : The Ray Gelato Giants.

renseignements 08 92 69 02 77, www.jazzinmarciac.com tarif de 5 € à 10 € pour les moins de 12 ans, de 15 € à 56 € la soirée, abonnements de 64 € à 470 €

Rochefort en accords du 25 au 27 août à Rochefort folk, rock, jazz, etc. (lire encadré p. 58) avec Eric Drew Feldman, Gary Lucas, Declan Deberra, Bertrand Belin, Emmanuelle Parrenin, Serge Teyssot-Gay,

Florent Marchet chef d’Orchestra On ne peut que se réjouir du succès rencontré par Florent Marchet pour son troisième album, Courchevel. Remercié il y a deux ans par sa major, le Français a rebondi de la plus belle des façons, livrant un disque plein comme un œuf de petits tubes et s’offrant une grande tournée française dans la foulée. Accompagné de son Courchevel Orchestra, le musicien illuminera l’été. le 3 juin à Alors Chante ! à Montauban, le 14 juillet aux Francofolies de la Rochelle, et aussi le 12 juin à Art Rock à Saint-Brieuc, le 20 juin aux Nuits de Fourvière à Lyon , le 10 juillet aux Ardentes à Liège, le 19 juillet au Paléo Festival (Suisse).

Eric Longsworth, Nicolas Mingot, Barry Goldberg, Martin Stone, Karen Mantler…

renseignements 05 46 99 08 60, www.rochefort-en-accords.fr tarif 17 € la journée, 27 € le pass 3 jours

Visa pour l’image du 27 août au 11 septembre à Perpignan photojournalisme “Le plus grand magazine du monde” : véritable institution dans le monde du photojournalisme, le Festival international de photojournalisme de Perpignan est de retour comme chaque année à la fin août. L’occasion de revenir pendant deux semaines et en images sur l’actualité de l’année. Au menu : trente expos et six soirées de projections. programme non communiqué

renseignements www.visapourlimage.com tarif n. c. 1.06.2011 les inrockuptibles 61

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grandebretagne

Meltdown

Glastonbury

du 10 au 19 juin à Londres pop, rock On connaît la chanson : tous les ans, un musicien de taille est chargé d’élaborer la programmation de ce festival londonien. Cette année, c’est le tour de la tête pensante des Kinks, Ray Davies. En plus des concerts de grands maîtres de la finesse (Ron Sexsmith, Yo La Tengo) et de la fureur (Wire, The Sonics, Lydia Lunch), il proposera une conversation farfelue entre deux Monty Python, Terry Jones et Michael Palin, et un hommage à Ready Steady Go!, émission culte des sixties. 10 juin : Ray Davies and Band, The Crazy World of Arthur Brown, Roger McGough, The Slammers 11 juin : The Fugs, Geno Washington and The Ram Jam Band, soirée spéciale Ready Steady Go! avec Eric Burdon, Paloma Faith, Nona Hendryx, The Manfreds, Sandie Shaw et Ronnie Spector 12 juin : Yo La Tengo : Reinventing the Wheel, Dengue Fever 13 juin : conversation entre Terry Jones et Michael Palin, Michael Eavis : Glastonbury Life 14 juin : Alan Price Set 15 juin : Nick Lowe, John Cooper Clarke, John Otway 16 juin : London Sinfonietta : Birtwistle & Maxwell Davies, Ron Sexsmith, Anna Calvi, A Tribute to Tony Wilson 17 juin : Madness, The Great Preservation Hall Jazz Band, Ben Waters : Boogie4Stu 18 juin : The Sonics, Wire, Lydia Lunch & Big Sexy Noise, Peter Asher : A Musical Memoir of the Sixties and Beyond 19 juin : Ray Davies & London Philharmonic Orchestra with The Crouch End Festival Chorus, Current 93 : Honeysuckle Sunset.

du 24 au 26 juin à Pilton rock, etc. Comme d’habitude, l’incontournable Glastonbury donne le départ de la saison des festivals anglais. Comme d’habitude, sa programmation gargantuesque réunit géants (Paul Simon, Morrissey) et nouvelles têtes (James Blake, Jenny & Johnny). Et comme d’habitude, c’est déjà complet depuis belle lurette. 24 juin : U2, Morrissey, B.B. King, Wu-Tang Clan, Metronomy, Primal Scream, Fleet Foxes, Bright Eyes, DJ Shadow, Miles Kane, Crystal Castles, Caribou, Warpaint, Jenny & Johnny, Erol Alkan... 25 juin : Coldplay, Elbow, The Chemical Brothers, Tame Impala, Friendly Fires, The Kills, Glasvegas, Battles, The Horrors, Anna Calvi, Yuck, Wild Beasts, James Blake, The Walkmen, Graham Coxon... 26 juin : Beyoncé, Paul Simon, Laura Marling, Queens of the Stone Age, Eels, TV On The Radio, Cold War Kids, Kool & The Gang, The Streets, Hurts, Gruff Rhys, Lykke Li, John Grant, Jonny, Suzanne Vega...

renseignements http://meltdown. southbankcentre.co.uk tarif de 11 € à 67 €

Edinburgh International Film Festival du 15 au 26 juin cinéma L’un des plus anciens rassemblements cinéma d’Europe rempile pour douze jours de festivités au cœur de la capitale écossaise. La programmation n’est pas encore arrêtée, mais on connaît déjà quelques guests qui donnent la couleur du festival : Isabella Rossellini, Gus Van Sant, Mike Skinner du groupe The Streets et Clint Mansell assisteront au festival qui récompense des œuvres de fictions, des documentaires et des clips, avec une large sélection britannique. avec Page Eight de David Hare, Perfect Sense de David Mackenzie, Angels Crest de Gaby Dellal, Stormhouse de Dan Turner.

renseignements www.edfilmfest.org.uk/ tarif 7 € par séance, 28 € pour les 4

renseignements  www.glastonburyfestivals.co.uk tarif complet

Manchester International Festival du 30 juin au 17 juillet musique, théâtre, etc. Eclaté sur une dizaine de lieux à Manchester, ce festival biennal fait trépigner d’impatience. Vu l’ambition inouïe des spectacles commissionnés, attendre deux ans en valait la peine : Björk, en résidence de trois semaines, y dévoilera Biophilia, pendant que Damon Albarn et le metteur en scène Rufus Norris présenteront le faustien Doctor Dee. avec Björk : Biophilia, Damon Albarn & Rufus Norris : Doctor Dee, Snoop Dogg : Doggystyle, Amadou & Mariam : Eclipse, Paul Heaton : The 8th, Wu Lyf, Sinéad O’Connor, Rickie Lee Jones, Candi Staton, Mark Andre, True Faith de Dave Haslam (entretiens avec Bernard Sumner, Paul Morley, Barry Adamson), concerts de LoneLady, Egyptian Hip Hop, XXXY, Plank!, Silverclub, Air Cav, D/R/U/G/S, Young Britis Artists, Golden Glow et DJ set de Terry Hall...

renseignements www.mif.co.uk tarif de 5,50 € à 55 €

T in the Park du 8 au 10 juillet à Balado rock, pop, electro Tristesse : le plus grand festival écossais passe à l’âge adulte et ravira, lors de cette dix-huitième édition, les amateurs de rock raisonnable pour gens sérieux en pantoufles

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(Coldplay, Tom Jones, Beady Eye et même Slash). Soulagement : une poignée de trublions sont également attendus, des goguenards Arctic Monkeys au déglingué Peter Doherty, avec qui le T se prendra sans sucre ni nuage de lait. avec Arctic Monkeys, Coldplay, Foo Fighters, The Strokes, Pulp, DeadMau5, Slash, Primal Scream, Beady Eye, Weezer, Tom Jones, 2 Many DJs, Blondie, Peter Doherty, Villagers, The View, Noah And The Whale, Diplo, Miles Kane, Stornoway...

renseignements www.tinthepark.com tarif complet

Latitude

Seamus Murphy

du 14 au 17 juillet à Henham Park rock, folk, livres Un compte à rebours, sur la page d’accueil du site, annonce le temps qu’il reste avant le coup d’envoi de ce passionnant festival à taille humaine, situé dans le Suffolk mais pas seulement dédié au folk. En regardant les secondes défiler avec une lenteur imperturbable, il y a de quoi bouillir d’impatience de voir deux des meilleurs groupes de rock US en activité, The National et Deerhunter. 14 juillet : n.c. 15 juillet : The National, Deerhunter, Bright Eyes, Isobel Campbell & Mark Lanegan, Wanda Jackson, Bombay Bicycle Club, The Vaccines, Caribou, Avi Buffalo, Crocodiles, Glasser, Jenny & Johnny, Yann Tiersen... 16 juillet : Paolo Nutini, The Cribs, My Morning Jacket, Seasick Steve, Foals, Echo & The Bunnymen, I Am Kloot, Bellowhead, Villagers 17 juillet : Suede, Hurts, Iron And Wine, Glasvegas, The Waterboys, Eels, Lykke Li, OMD, Os Mutantes, Anna Calvi, Gold Panda, Kele, The Leisure Society, Edward Sharpe & The Magnetic Zeros...

PJ Harvey, le 10 septembre

Bestival

simply the best L’été se termine en apothéose avec ce festival à l’exigence quasi irréprochable : dernier du calendrier, mais premier de bien des cœurs. rock, pop, etc. En anglais, on dit “last, but not least” : le dernier, mais pas le moindre. Cette expression résume à la perfection cette huitième édition de Bestival. Si au même endroit le vénérable Isle of Wight Festival, début juin, ouvre la saison à grand renfort de têtes d’affiche omniprésentes tout l’été, Bestival se veut plus exclusif et infiniment plus défricheur. Il peut s’enorgueillir de réunir des artistes qui se font rares cette année, autant parmi les mastodontes qu’on ne présente plus (The Cure, Brian Wilson) que parmi la ribambelle de bourgeons prometteurs. A surveiller : Zola Jesus, protégée de Fever Ray, le facétieux Ukulele Orchestra Of Great Britain, ou encore le majestueux Pantha Du Prince. Pour les petits plaisirs non musicaux, on pourra se marier pour de faux dans une église gonflable, se ruer dans la hutte à cupcakes ou féliciter les vaillants sportifs venus à la nage depuis une plage du Hampshire. Ce n’est pas un hasard si, dans Bestival, il y a “best”. du 8 au 11 septembre, lire p. 64

renseignements  www.latitudefestival.co.uk tarif 79 € la journée, 192 € le pass 3 jours

The Vaccines pop épique

du 22 au 24 juillet à Steventon folk, pop, rock En VO, “truck” désigne un poids lourd sur bitume. Un simple coup d’œil aux fines fleurs en tête d’affiche (Edwyn Collins, John Grant, Dean Wareham) suffit pour être convaincu que ce festival bucolique, situé près d’Oxford, a infiniment plus de classe que ce nom ingrat semble l’indiquer. La preuve : l’une des scènes donnera carte blanche aux géniaux labels Transgressive, Bella Union et Heavenly. avec Gruff Rhys, Bellowhead, Graham Coxon, Saint Etienne, John Grant, Truck All-Stars, Philip Selway, Edwyn Collins, The Go! Team, Johnny Flynn, Tunng, Roddy

Leon Diaper

Truck Festival

Ils s’appellent The Vaccines et se sont formés à peu près au même moment que la grippe A. Passionnés d’Elvis Presley, ces Anglais livrent ce printemps un premier album de pop-songs fougueuses et à l’ancienne, pleines de disto, de la-la-la et de mélodies dragueuses. Entre les Ramones et The Drums, entre les gambettes et le cœur, ces Vaccines devraient être remboursés par la Sécurité sociale. le 11 juin à l’Isle of Wight Festival, les 24 et 26 juin à Glastonbury, le 10 juillet à T In the Park, le 15 à Latitude, le 26 août à Reading, le 27 à Leeds. et aussi le 12 juin au Northside Festival (Danemark), le 14 à Mallorca Rocks (Espagne), le 15 à Ibiza Rocks (Espagne), le 17 à Provinssirock (Finlande), le 18 à Hurricane (Allemagne), le 19 à Southside (Allemagne), le 22 à Ejekt (Grèce), le 25 à D Code (Espagne), le 28 à Hove (Norvège), le 29 à Peace and Love (Suède), le 1er juillet à Openair St. Gallen (Suisse), le 3 à Rock Werchter (Belgique), le 9 à Oxegen (Irlande), le 12 aux Déferlantes (France), le 14 juillet au Gurtenfestival (Suisse), le 16 à Super Bock Super Rock (Portugal), le 5 août à Lollapalooza (Etats-Unis), le 12 à Outside Lands (Etats-Unis), le 18 à Frequency (Autriche), le 28 à Rock en Seine (France), le 3 septembre à Idays (Italie) et le 4 à Electric Picnic (Irlande) 1.06.2011 les inrockuptibles 63

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festivals 2011 grande-bretagne Woomble, Jonny, Dean Wareham plays Galaxie 500, The Duke & The King, Cherry Ghost, Dry The River, Mechanical Bride, Trophy Wife...

renseignements www.thisistruck.com tarif : de 45 € à 50,50 € la journée, 111 € le pass 3 jours

I’ll Be Your Mirror London les 23 et 24 juillet rock, electro Face B du single All Tomorrow’s Parties (The Velvet Underground) et petit frère du festival défricheur du même nom, I’ll Be Your Mirror confie le soin de sa programmation à Portishead. De toute évidence, aucune pointure ne sait leur dire non, de PJ Harvey à Grinderman, de Godspeed You! Black Emperor aux Liars. Même les jeunes pousses invitées s’annoncent passionnantes (notamment Anika, héritière de Nico). 23 juillet : Portishead, PJ Harvey, Doom, Company Flow, The Books, Factory Floor, BEAK>, Foot Village, DD/MM/YYYY 24 juillet : Swans, Portishead, Grinderman, Godspeed You! Black Emperor, Beach House, Caribou, Alan Moore & Stephen O’Malley, Liars, The Telescopes, The Passion Of Joan Of Arc, Anika, S.C.U.M.

renseignements www.atpfestival.com tarif 66 € la soirée, 112 € le pass 2 jours

Grégoire Alexandre

Underage Festival

Metronomy raves de Riviera Formidable troisième album pour les complices de l’Anglais Joseph Mount : sensuel et capiteux, savant et physique, The English Riviera rédige un beau chapitre de l’electro-pop 2011. Entre petits tubes sapés pour le dance-floor et nappes atmosphériques, le disque offre la bande originale parfaite de l’été et confirme la position en or de Joseph Mount, pile-poil entre Jarvis Cocker et James Murphy. le 24 juin à Glastonbury, le 3 juillet au Wireless Festival, le 15 à Lovebox, le 26 août au Reading Festival, le 27 au Leeds Festival, le 10 septembre à Bestival. et aussi le 5 juillet à Days off (Paris), le 6 au Festival de Nîmes, le 23 au Paléo Festival (Suisse)

le 5 août à Londres rock, pop, etc. Festival majeur destiné aux mineurs : Underage est hélas strictement interdit aux plus de 18 ans. Les kids, sans doute inconscients de leur chance, verront s’entrechoquer en une journée (de 11 heures à 20 heures) le folk ancestral (Johnny Flynn), l’electro-pop culottée (Cocknbullkid), le r’n’b bouillant (Janelle Monáe) et la pop espiègle (Alex Winston). De quoi faire retrouver le droit chemin aux fans de Justin Bieber. avec Janelle Monáe, Johnny Flynn, Miles Kane, Brother, Baio, Bombay Bicycle Club, Cocknbullkid, Alex Winston, Frankie & The Heartstrings, Devlin, Encore, Pegasus Bridge, Wolf Gang, The Knocks, Rizzle Kicks, Yaaks, Ghost Eyes, The Chapman Family, Spark...

renseignements  www.underagefestivals.com tarif 34,50 €

Reading & Leeds Festival du 26 au 28 août rock, electro Le dernier lundi d’août étant férié outre-Manche, ce week-end prolongé est pour les Britanniques l’occasion de profiter des derniers jours de vacances, si les torrents de boue ne s’en mêlent pas. Toujours éclaté en trois jours et deux villes, au nord et au sud

de l’Angleterre, ce festival a la schizophrénie de convier autant d’immondices musclées que de merveilles fragiles. le 26 août à Reading et le 27 août à Leeds : My Chemical Romance, The Offspring, Deftones, Beady Eye, The Horrors, Noah & The Whale, The Vaccines, Metronomy, The Naked And Famous, Patrick Wolf... le 26 août à Leeds et le 28 août à Reading : Muse, Elbow, Interpol, Friendly Fires, The View, 2 Many DJs, Warpaint, The Streets, Best Coast, Death From Above 1979, Peter Doherty... le 27 août à Reading et le 28 août à Leeds : The Strokes, Pulp, The National, Madness, Two Door Cinema Club, The Joy Formidable, The Kills, Crystal Castles…

renseignements www.readingfestival.com et www.leedsfestival.com tarif  92 € la journée, 215 € le pass 3 jours

End of the Road du 2 au 4 septembre à Larmer Tree Gardens folk, rock On a beau chercher, difficile de trouver une faute de goût à l’affiche de ce festival indépendant, farouchement intimiste. Le décor étant posé au cœur d’un jardin enchanté de l’époque victorienne, on retrouvera sans surprise (mais avec une joie immense) les fées Joanna Newsom et Laura Marling. Trêve de rêvasserie, on pourra également compter sur les riffs lacérés de The Fall et des Walkmen. avec Beirut, Joanna Newsom, Mogwai, Midlake, Laura Marling, The Walkmen, Wild Beasts, The Fall, Lykke Li, Tinariwen, Gruff Rhys, John Grant, Best Coast, White Denim, Joan As Police Woman, Josh T. Pearson, Micah P. Hinson, The Leisure Society, Timber Timbre, Bob Log III, The Deadly Syndrome...

renseignements www.endoftheroadfestival.com tarif  163 € le pass 3 jours

Bestival du 8 au 11 septembre sur l’île de Wight rock, pop, electro (lire encadré p. 63) avec The Cure, Pendulum, PJ Harvey, Primal Scream, Brian Wilson, DJ Shadow, Metronomy, Johnny Flynn, Santigold, The Maccabees, Public Enemy, Mogwai, The Drums, Diplo, James Blake, Patrick Wolf, Graham Coxon, Zola Jesus, Modeselektor, John Grant, Pantha Du Prince, Dan Le Sac vs Scroobius Pip, Ukulele Orchestra Of Great Britain, Yuck…

renseignements www.bestival.net tarif 191 € le pass intégral

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Allemagne Hurricane du 17 au 19 juin à Scheessel rock Les comparaisons entre festivals et catastrophes naturelles ne sont plus vraiment de bon goût en 2011, mais force est de constater que l’ouragan Hurricane est de taille à tout renverser sur son passage avec sa programmation qui fait la part belle à quelques colosses (Arcade Fire, Foo Fighters, Portishead, Suede) aussi bien qu’aux petits nouveaux (The Vaccines, Miles Kane, Warpaint). On en convient, il y a aussi quelques Fukushima sonores. avec Foo Fighters, Arcade Fire, The Chemical Brothers, Incubus, Portishead, Arctic Monkeys, Kaiser Chiefs, My Chemical Romance, The Hives, Suede, Kasabian, Band Of Horses, Blood Red Shoes, Bright Eyes, Brother, Darwin Deez, Digitalism, Eels, Elbow, Friendly Fires, Glasvegas, Gogol Bordello, Hercules & Love Affair, I Am Kloot, I Blame Coco, Jimmy Eat World, Klaxons, Lykke Li, Miles Kane, Tame Impala, The Subways, The Vaccines, The Wombats, Two Door Cinema Club, The Kills, Warpaint...

renseignements www.hurricane.de tarif 125 € le pass 3 jours

Internationales Literaturfestival du 7 au 17 septembre à Berlin livres Le festival réserve une bonne partie de cette onzième édition à la mise à l’honneur de la littérature de l’Asie-Pacifique. Une quinzaine d’écrivains de la région seront à Berlin afin de partager leurs positions littéraires, intellectuelles, culturelles et politiques. Au programme également : “les littératures du monde” avec des auteurs internationaux, reconnus ou à découvrir. avec A.S. Byatt, Bernardo Carvalho, Patrick Chamoiseau, Pau Harding, Michael Krüger, Antonio Muñoz Molina, DBC Pierre, Gary Shteyngart, Irvine Welsh…

renseignements www.literaturfestival.com tarif n.c.

Autriche Impulstanz du 12 juillet au 14 août à Vienne danse Impressionnant par sa durée comme par sa densité, le festival viennois assure avec des ballets d’Edouard Lock – sur pointes, aïe ! –, Marie Chouinard, Akram Khan, Mathilde Monnier,

Jan Fabre ou Wim Vandekeybus. Soit le gratin mondial. On y retrouvera Rosas, la compagnie d’Anne Teresa De Keersmaeker, cet allumé d’Ivo Dimchev en tandem avec l’artiste Franz West et une pléiade de jeunes talents. Sans oublier des workshops très courus. Loin des valses, donc. avec Edouard Lock, Franz West, Marie Chouinard, Akram Khan, Mathilde Monnier, Jan Fabre, Wim Vandekeybus, Ivo Dimchev...

renseignements www.impulstanz.com tarif de 10 € à 70 €

Frequency du 18 au 20 août à St. Pölten rock Le programme de Frequency ressemble à une réunion de famille qui rassemble certaines têtes qu’on reverra avec plaisir (Interpol, The National, The Bewitched Hands, Anna Calvi), d’autres dont la présence file des frissons (Good Charlotte, Simple Plan, Panic! At The Disco) et d’autres encore dont on pensait être débarrassés depuis belle lurette (K’s Choice). avec Foo Fighters, The Chemical Brothers, Kasabian, Beady Eye, The Kooks, Interpol, The National, The Tings Tings, Hurts, Jimmy Eat World, Dropkick Murphys, Kaiser Chiefs, Elbow, Good Charlotte, Panic ! At The Disco, Apocalyptica, Stereo MC’s, Two Door Cinema Club, Friendly Fires, K’s Choice, Nneka, Kele, Crystal Fighters, The Vaccines, Bombay Bicycle Club, Simple Plan, Hadouken, Carl Barât, The View, The Bewitched Hands, Mona, Anna Calvi...

renseignements www.frequency.at tarif 132,50 € pass 3 jours, 217 € pass VIP

Belgique Brussels Film Festival du 22 au 29 juin à Flagey et au Bozar cinéma Pour cette neuvième édition, le festival s’agrandit et se déroule à deux endroits : à Flagey et pour la première fois au Bozar. Benjamin Biolay viendra présenter Pourquoi tu pleures ? de Katia Lewkowicz en ouverture. La musique au cinéma est aussi à l’honneur, avec un concert des Tindersticks, compositeurs depuis quinze ans des bandes originales des films de Claire Denis. 22 juin : soirée d’ouverture, Pourquoi tu pleures ? de Katia Lewkowicz 23 juin : ciné-concert des Tindersticks programmation en cours

renseignements www.brff.be tarif 6,50 € le film, 25 € à 35 € le concert

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Du 24 au 26 juin à Bruxelles rock, world, hip-hop Bruxelles, la ville où ça ne s’arrête jamais : à peine remis des Nuits Botanique, la capitale belge enchaîne avec Couleur Café, à la prog orientée plein sud, groovy et métissée. A une heure de Paris en train, une bonne occase pour voir la phénoménale Janelle Monáe, qui ne passera pas en France cet été. 24 juin : IAM, Patrice, Selah Sue, Absynthe Minded, Seun Kuti & Egypt 80, Janelle Monáe, Method Man & Redman, Antwerp Gispy Ska Orchestra, Gloria & BRZZVLL, Suarez, Zule Max... 25 juin : Tiken Jah Fakoly, Puggy, Sergent Garcia, Arsenal, Soja, Yael Naim, Blitz The Ambassador, Los Callejeros, Merdan Taplak, Sayon Bamba, Smod... 26 juin : Seal, Alborosie, Band Of Gypsies 2, Congotronics vs Rockers, Ojos De Brujo, Hocus Pocus, Dub Inc., Almamegretta, Buenas Ondas, Jammin’ Troopers, Wild Boar & Bull Brass Band...

renseignements www.couleurcafe.be tarif 35 € la journée, 76 € le pass 3 jours

Rock Werchter Du 30 juin au 3 juillet rock, pop Avec sa programmation riche en grands écarts, le Rock Werchter mériterait une médaille d’or en gymnastique. Les rappeurs punk d’Odd Future y croiseront ainsi les Black Eyed Peas, qui côtoieront eux-mêmes PJ Harvey et TV On The Radio. La it-girl Taylor Momsen, évadée de la série Gossip Girl, y jouera avec son groupe The Pretty Reckless – une curiosité dont on se passera volontiers. 30 juin : The Hives, Anouk, Queens Of The Stone Age, Linkin Park, The Chemical Brothers, Seasick Steve, Odd Future, Warpaint, TV On The Radio, Aloe Blacc, James Blake, Eels, Beady Eye, Hurts 1er juillet : Mona, My Chemical Romance, Triggerfinger, White Lies, The National, Arctic Monkeys, Kings Of Leon, Arsenal, Grouplove, Lissie, Ke$ha... 2 juillet : Elbow, PJ Harvey, Portishead, Coldplay, The Pretty Reckless, Jenny And Johnny, I Blame Coco, Bright Eyes, Selah Sue, Magnetic Man, Underworld... 3 juillet : Kasabian, Kaiser Chiefs, Grinderman, Iron Maiden, The Black Eyed Peas, Everything Everything, The Vaccines, Tame Impala, Two Door Cinema Club, Brandon Flowers, Fleet Foxes, Robyn, Digitalism...

renseignements www.rockwerchter.be tarif 76 € la journée, 195 € le pass 4 jours

Vahan Stepanyan

Couleur Café

Tigran Hamasyan du solo au quintet Révélé encore un peu plus avec A Fable, son album solo sorti cet hiver, le jeune pianiste arménien est donc un prodige du piano, tout le monde l’a compris. Mais on découvre qu’il est de plus un stakhanoviste des festivals estivaux : en solo, en duo, en trio voire en quintet, Tigran est partout cet été. Peut-être même qu’on le verra taper le bœuf avec Ben l’Oncle Soul. le 1er juillet à Hamoir, Belgique (Comblain Jazz Festival), le 9 au Montreux Jazz Festival (Suisse) avec Trilok Gurtu. et aussi le 4 juin à Coutances (Jazz sous les pommiers), le 5 juin à Montpellier (Printemps des comédiens), le 18 à Toulouse (Rio Loco) en trio, le 28 à Montréal (Montreal Jazz Festival) en quintet, le 29 à Ottawa (Ottawa Jazz Festival), le 30 à Toronto (Toronto Jazz Festival), le 28 juillet à La Roque d’Anthéron, le 4 août à Saint-Tropez, le 8 à Marciac (Jazz In Marciac), le 31 à Paris (Jazz à la Villette)

Lykke Li amulette suédoise C’est avec Wounded Rhymes, un deuxième album plus sombre porté par des orchestrations tribales, que la Suédoise Lykke Li effectuait son retour cette année. L’occasion de continuer l’entreprise entamée dès l’excellent Youth Novels : faire de l’electro-pop un véritable terrain de jeu et d’expérimentations. Piquante, acidulée, la chanteuse continue d’alimenter notre amour pour la Suède. le 20 août à Pukkelpop en Belgique. et aussi le 26 juin au Glastonbury Festival, le 16 juillet au Lovebox London Weekender 1.06.2011 les inrockuptibles 67

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Dour Festival du 14 au 17 juillet rock, pop, hip-hop Point culminant des festivals du Plat Pays, Dour invite comme à son habitude des sommités. Dans ce choc des titans, on pourra observer des vétérans du hip-hop (Cypress Hill, House Of Pain, Ice Cube), des revenants britpop (Pulp, Suede), mais aussi une multitude d’espoirs, de l’electro abrasive du duo bordelais Kap Bambino au dubstep futuriste du Londonien Joy Orbison. 14 juillet : Cypress Hill, Gallows, I’m From Barcelona, Foals, Tiga, Spank Rock, Boys Noize, Edward Sharpe & The Magnetic Zeros, Tahiti 80, Gold Panda… 15 juillet : Ice Cube, Mogwai, Pulp, Vitalic, Dananananaykroyd, Two Gallants, Das Pop, The Dø, Klaxons, Jamaïca, Stupeflip, Akhenaton & Faf Larage, Anika, Syd Matters, Deerhoof, Joy Orbison... 16 juillet : Suede, House Of Pain, Architecture In Helsinki, Saul Williams, IAMX, Erol Alkan, Horace Andy, Yussuf Jerusalem, Fool’s Gold, Les Savy Fav... 17 juillet : Soprano, Gaëtan Roussel, Public Enemy, Aaron, Pendulum, Bonaparte, The Bewitched Hands, Metronomy, Blood Red Shoes, The Drums, Kap Bambino, CocoRosie, Hercules And Love Affair...

renseignements www.dourfestival.be tarif 50 € la journée, 100 € le pass 4 jours

Les Francofolies de Spa du 20 au 24 juillet chanson, rock, pop D’emblée, citons de très bonnes raisons de se ruer à Spa pour ce festival cousin des Francofolies charentaises : une poignée de pinsons polyglottes (Hindi Zahra, Yael Naim, Keren Ann), des plumes racées (Florent Marchet, Bertrand Belin, Cascadeur) ainsi que des électroniciens rutilants (Jamaïca, Curry & Coco). Et aussi quelques infréquentables têtes d’affiche qu’il faudra soigneusement ignorer. 20 juillet : Yael Naim, Florent Marchet, Luke, Hindi Zahra, Jamaica... 21 juillet : Camélia Jordana, Yelle, Bertrand Belin, Keren Ann, Don Rimini, Absynthe Minded... 22 juillet : Cali, Aaron, Hooverphonic, IAMX, Moriarty, Arnaud Fleurent-Didier, Miss Kittin... 23 juillet : Stromae, The Tellers, Vismets, Curry & Coco, Cascadeur... 24 juillet : Martin Solveig, Eté 67, Jérôme Minière, Maud Lübeck...

renseignements www.francofolies.be tarif de 33,50 € à 50,50 € la journée, 133,50 € le pass 4 jours

Danemark Roskilde Du 30 juin au 3 juillet rock, electro, world Colosse des festivals scandinaves, Roskilde aligne ses atouts de choc (les tonitruants Arctic Monkeys, les pois sauteurs Surfer Blood), de chic (le rock élégamment déglingué des Walkmen, le dubstep gracile de James Blake) et de charme (le folk onirique Olöf Arnalds, le rock incandescent d’Anna Calvi). Et aussi les Kings Of Leon, qui ne répondent à aucun de ces trois critères. avec Arctic Monkeys, Iron Maiden, Kings Of Leon, M.I.A., PJ Harvey, The Strokes, Afrocubism, Battles, Bright Eyes, Deadmau5, Foals, Killing Joke, Femi Kuti & Positive Force, Lykke Li, Olöf Arnalds, James Blake, Anna Calvi, Dark Dark Dark, Matthew Dear, The Ex, Little Dragon, Janelle Monáe, Surfer Blood, The Tallest Man On Earth, Tame Impala, Kurt Vile & The Violators, The Walkmen, Yelle, Zun Zun Egui...

renseignements  http://roskilde-festival.dk tarif 117 € la journée, 232 € le pass 4 jours

Espagne Sónar du 16 au 19 juin à Barcelone rock, electro Le Sónar est apparemment un arrêt obligatoire cet été pour la fine-fleur de l’electro, et il sera difficile de ne pas y trouver son bonheur. Aphex Twin, James Murphy en DJ set, Dizzee Rascal, Paul Kalkbrenner, Yelle ou encore le retour de Human League : un déluge de BPM en perspective, pour rentrer dans l’été avec un feu d’artifice électronique. Fin de partie effective le 19 juin, orchestrée par Alva Noto et Ryuichi Sakamoto. 16 juin : Steve Reich, bcn246, Synergy Vocals 17 juin : Aphex Twin, A-Trak, Boys Noize, Cut Copy, Die Antwoord, Dizzee Rascal, Djedjotronic, James Murphy, M.I.A., Munchi, Schlachthofbronx, Scuba, Shelby Grey, Steve Aoki, The Human League, Tiga Trentemoller, Annie Mac, Benji B, Katy B, Pearson

Vincente Minnelli sur les ailes de la danse Il a dirigé les plus grands (Fred Astaire, Gene Kelly, Frank Sinatra…), porté le classicisme hollywoodien à son apogée à partir des années 1940 et offert au cinéma ses plus beaux musicals (Le Pirate, Un Américain à Paris…). Le cinéaste esthète Vincente Minnelli, maître du mélodrame (en)chanté, sera à l’honneur du soixante-quatrième festival de Locarno avec une rétrospective de ses films, une table ronde et des invités. rétrospective au Festival international du film de Locarno du 3 au 13 août

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festivals 2011 europe

grand angle sur The Strokes Angles est le dernier album des Strokes. Le plus récent, c’est certain ; le dernier, c’est possible. Conçu dans la douleur mais étonnamment plutôt réussi, Angles a mis au jour des tensions personnelles et collectives semblant difficilement surmontables. Mais le rock se nourrissant de tensions, et celui des crasses et classes Strokes étant particulièrement électrique, les concerts à venir s’annoncent exceptionnels. le 1er juillet au Peace & Love Festival (Suède), le 2 à Roskilde (Danemark), le 3 à l’Opener Festival (Pologne), le 8 à Oxegen (Irelande), le 17 à Super Bock, Super Rock (Portugal), le 21 au Paléo Festival (Suisse), le 15 à Benicàssim (Espagne) et aussi le 6 juin à Bonnaroo (USA), le 9 juillet à T in the Park (Ecosse), les 13 et 14 août au Summer Sonic (Japon), le 27 à Reading (Grande-Bretagne), le 28 au Leeds Festival (Grande-Bretagne)

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festivals 2011 europe Sound, Redlight, DZA, Mujuice, Annie, Bjørn Torske, Disjokke, Henry Saiz... 18 juin : Africa Hitech, Aster, Buraka Som Sistema, Chelis, Chris Cunningham, James Holden, Janelle Monáe, Magnetic Man, Mary Anne Hobbs, Noaipre, Paul Kalkbrenner, Pffff, Shackleton, Silent Servant, Surgeon, The Gaslamp Killer, Underworld, Yelle, Arandel, Clara Moto, Rone, Egyptrixx, L-Vis 1990 b2b Bok Bok, Deadboy, Jackmaster, Jessie Ware, Lory D, Redinho, Spencer, Dadub, Lucy...

renseignements http://2011.sonar.es arif de 39 € à 45 € la journée, de 60 € à 65 € la nuit, 100 € le pass 2 nuits, de 155 € à 165 € le pass intégral

Bilbao BBK Live du 7 au 9 juillet rock Comme ses éditions précédentes, le BBK promet un déluge de décibels (Crystal Castles, Kasabian), des têtes d’affiche habituées aux stades (Coldplay, Beady Eye, The Chemical Brothers), le tout accompagné de quelques moments de grâce en perspective : TV On The Radio, Amy Winehouse (si elle vient), le bluesman miraculeux Seasick Steve, ainsi que la machine à sautiller !!!. 7 juillet : Coldplay, Blondie, Beady Eye, Crystal Castles, Russian Red, Ken Zazpi, Neon Trees... 8 juillet : Amy Winehouse, Kasabian, Kaiser Chiefs, The Mars Volta, Vetusta Morla, TV On The Radio, !!!, Noisettes, Zarama... 9 juillet : The Black Crowes, The Chemical Brothers, Jack Johnson, Thirty Seconds To Mars, M-Clan, Seasick Steve.

renseignements www.bilbaobbklive.com tarif de 55 € à 60 € la journée, 110 € le pass 3 jours

Festival international de Benicàssim du 14 au 17 juillet rock, pop, electro (lire encadré p. 73) 14 juillet : The Streets, Paolo Nutini, Pendulum, Plan B, Chase & Status, Congotronics vs Rockers, Crystal Fighters, Dorian, Julieta Venegas, Aldo Linares, Anna Calvi, Grupo Salvaje, Henry Saiz, Jack Beats, Layabouts, Violens... 15 juillet : The Strokes, Brandon Flowers, Elbow, James Murphy, Friendly Fires, The Stranglers, Atom Rhumba, Herman Dune, The Juan MacLean, Nudozurdo, The 1945, Ainara LeGardon, The Marzipan Man, The Morning Benders, O Emperor, The Paris Riots, Zombie Zombie... 16 juillet : Arctic Monkeys, Mumford & Sons, Primal Scream, Beirut, Big Audio

Dynamite, Bombay Bicycle Club, Amable, Astrud & Collectiu Brossa, Lori Meyers, Jerry Fish & The Mudbug Club, Logo, McEnroe, Nadadora, Smile, Spectrals, Tame Impala... 17 juillet : Arcade Fire, Portishead, Tinie Tempah, Noah And The Whale, Professor Green, Antonia Font, CatPeople, The Go! Team, The Joy Formidable, And So I Watch You From Afar, Anika, The Coronas From Ireland, Indienella, Hidrogenesse, Veronica Falls.

renseignements http://fiberfib.com tarif 175 € le pass 4 jours

FIB Heineken’s International Short Film Contest du 14 au 17 juillet à Benicàssim cinéma En marge du barnum musical, le FIB prolonge pour la dix-septième année sa compétition de courts métrages. On y verra quinze films dans une sélection internationale, et des avant-premières, dont Upside down: The Story of Creation Records de Danny O’Connor, sur la création du mythique label. programmation en cours

renseignements www.cortos.fiberfib.com tarif n.c.

Jazzaldia du 21 au 25 juillet à Donostia-San Sebastián jazz, rock, world SaintSébastien, priez pour nous, pauvres mélomanes, qui allons encore attraper un gros coup de chaud avec ce festival éclectique mais de qualité, qui a le bon goût de programmer aussi bien la géniale soul sister Mavis Staples que les petits canaillous de Crystal Fighters. 21 juillet : B.B. King, Staff Benda Bilili, Elvind Aarset, Elephant9, Tucson Jazz Institute Ellington Band 22 juillet : Dave Douglas, Enrico Rava & Avishai Cohen, Abdullah Ibrahim & Ekaya, Lloyd Cole & His Small Ensemble, Kristin Asbjornsen, Mostly Other People Do The Killing, Dawes, Deer Tick, Tucson Jazz Institute Ellington Band, René Marie, Wiesbadener Juristenband... 23 juillet : Return to Forever IV, Medeski, Martin & Wood, Soul Bop, John McLaughlin & 4th Dimension Band, John Scofield Quartet, Jan Bang, Crystal Fighters, Cut/Copy, Biel Ballester Trio, Horacio Fumero Trio, Ignasi Terraza Trio, Jordi Rossy Quintet... 24 juillet : Hiromi, Charlie Haden Quartet West, Cassandra Wilson, Jan Garbarek & The Hilliard Ensemble, Fanfarlo, Biel Ballester Trio, Odezenne, United Fools, Duo Bertand Noel &

Jonathan Avishai 25 juillet : Toots Thielemans, Cyndi Lauper Memphis Blues Tour, Mavis Staples.

renseignements www.heinekenjazzaldia.com tarif certains concerts gratuits, de 15 € à 49 € pour les autres

Grèce Festival d’Athènes et Epidaure du 1er juin au 6 août danse, théâtre, musique Avec des coupes sombres, le Festival d’Athènes est lui aussi touché par la crise en Grèce : mais il garde une programmation d’excellence, unique en Europe. Maguy Marin et son May B légendaire, la diva Sylvie Guillem avec une soirée de création autour de Forsythe et Mats Ek, le Berliner Ensemble avec une Lulu nouvelle production du magicien Bob Wilson ou Ariane Mnouchkine sont de la partie. Sans oublier la création contemporaine grecque ou Wajdi Mouawad pour Des femmes. Et la star Kevin Spacey dans un Shakespeare. En prime des lieux de plein air inoubliables comme le théâtre d’Epidaure. avec Maguy Marin, Sylvie Guillem, Berliner Ensemble, Bob Wilson, Ariane Mnouchkine, Wajdi Mouawad...

renseignements www.greekfestival.gr tarif n. c.

Hongrie Sziget du 10 au 15 août à Budapest rock, electro, world Cette année encore, avec ses galons récemment acquis de pachyderme de l’été, le Sziget joue encore les Mike Tyson. On y trouvera du lourd, du lard et du cochon, du bon et du moins bon. A noter, la participation de Pulp et de Motörhead, et toujours de quoi se casser les genoux avec notamment les fous furieux belges de 2 Many DJs ou The Chemical Brothers. avec Amy Winehouse, Dizzee Rascal, Gogol Bordello, Interpol, Kasabian, La Roux, Manic Street Preachers, Mariachi El Bronx, Pulp, The Chemical Brothers, The Maccabees, The National, White Lies, AfroCubism, Cowboy Junkies, Deftones, Motörhead, Crystal Castles, Marina And The Diamonds, Peter Bjorn And John, Xiu Xiu, 2ManyDJs...

renseignements www.szigetfestival.fr tarif 49 € la journée, 178 € le pass 5 jours, de 210 € à 249 € le pass 7 jours avec camping

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Renaud Monfourny

Abel Ferrara

Festival international du film de Locarno

de la Suisse dans le ciné En plein renouveau, le festival rempile pour onze jours de projections exclusives, de découvertes et d’hommages. cinéma Acte II pour le sélectionneur Olivier Père (collaborateur des Inrocks) après sa première partition remarquée de l’année dernière au Festival du film international de Locarno. On y retrouvera pour cette soixante-quatrième édition la compétition “Cinéastes du présent” réservée aux premiers et deuxièmes longs métrages ; les “Léopards de demain” consacrés aux courts et moyens métrages de jeunes cinéastes ; la section “Piazza Grande” pour les avant-premières, où l’on a pu découvrir l’Homme au bain d’Honoré l’année dernière ; et bien sûr “ la compétition internationale”. La section “Open Doors”, véritable laboratoire des cinématographies étrangères, sera consacrée à l’Inde, dont on découvrira douze projets inédits. En marge des compétitions, le festival proposera aussi une rétrospective complète des œuvres du prince du musical Vincente Minnelli, alors qu’Abel Ferrara viendra recevoir un Léopard d’honneur pour l’ensemble de sa carrière. du 3 au 13 août à Locarno, lire p. 76 1.06.2011 les inrockuptibles 71

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festivals 2011 europe Irlande Oxegen du 8 au 10 juillet à Punchestown rock, electro L’Oxegen se vante d’être le plus grand festival d’Europe, rien que ça. Pas étonnant donc qu’on oscille entre bouffée d’air frais et crise d’asthme devant sa programmation. L’emo-rock bouffon de My Chemical Romance et le porte-jarretelles de Taylor Momsen ne devraient pourtant dissuader personne de profiter des Strokes, Bright Eyes ou Eels. avec The Black Eyed Peas, Foo Fighters, Coldplay, Paolo Nutini, Arctic Monkeys, The Strokes, My Chemical Romance, Brandon Flowers, Deadmau5, Beady Eye, Slash, Plan B, Tinie Tempah, Weezer, Two Door Cinema Club, Primal Scream’s Screamadelica, Calvin Harris, Eels, The Vaccines, Manic Street Preachers, Noah And The Whale, Tiga, Glasvegas, Example, House Of Pain, Friendly Fires, Bright Eyes, Jessie J, Crystal Castles, The Pretty Reckless, Ocean Colour Scene, The Naked And Famous, Peter Doherty, Jenny & Johnny, Hurts, Mona, Metronomy, Fun Lovin’ Criminals, Miles Kane...

renseignements www.oxegen.ie tarif 99,50 € la journée, 200 € le pass 3 jours

Italie Biennale de Venise jusqu’au 16 octobre arts Orchestrée par Bice Curiger, l’incontournable Biennale de Venise “mettra en valeur et en lumière l’art dans un monde contemporain globalisé”. Au programme des réjouissances : le pavillon Chance de Christian Boltanski, choisi pour représenter la France, l’installation monumentale du jeune Argentin Adrian Vila Rojas et le très secret projet de Thomas Hirschhorn pour le pavillon suisse. avec Yto Barrada, Monica Bonvicini, Carol Bove, Cattelan, Trisha Donnelly, Latifa Echakhch, Christian Boltanski, Adrian Vila Rojas, Thomas Hirschhorn, Luc Tuymans…

renseignements www.labiennale.org tarif n.c.

Festiva delle colline torinesi du 3 au 23 juin à Turin théâtre La création théâtrale contemporaine se donne rendez-vous sur les collines de Turin avec un festival

remarquable pour la qualité de sa programmation. A la clef, deux versions d’Othello : l’une par Giorgia Cerruti, l’autre due à Monika Ginterdorfer. avec Alexis. Una tragedia greca de la compagnie Motus, Amor e Carne de Pippo Delbono et Alexander Balanescu, Rosso Caffeina de Argia Coppola, Le Bouc de Fassbinder par Guillaume Vincent.

renseignements www.festivaldellecolline.it tarif n.c.

Villa aperta

Being Pure At Heart. avec Aphex Twin, Comeback Kid, Crystal Fighters, Destroyer, Edward Sharpe & The Magnetic Zeros, Explosions In The Sky, Fang Island, Fleet Foxes, Ghost, Givers, Hercules And Love Affair, James Blake, Jamie XX, Janelle Monáe, Kanye West, Lykke Li, Matthew Dear, Mayer Hawthorne & The County, The Pains Of Being Pure At Heart, Pulp, Q-Tip, Sharon Jones & The Dap-Kings, Twin Shadow, Warpaint, Wiz Khalifa, Wolves Like Us, Wu Lyf…

du 9 au 11 juin à Rome rock, electro (lire encadré p. 74) 9 juin : The Shoes, Poni Hoax, Babx/L 10 juin : Logo, Housse De Racket, Gildas Loaëc 11 juin : His Clancyness.

renseignements www.oyafestivalen.com tarif 266 € le pass 5 jours

renseignements www.villamedici.it tarif de16,50 € à 27,50 € la journée

North Sea Jazz Festival

Porretta Soul Festival Du 21 au 24 juillet soul, funk, rhythm & blues Soul Porretta est une ville italienne située tout en haut de la botte – botte de sept lieues, à un grand pas de Memphis le temps d’un festival de soul rétro-vintage exceptionnel. Rayon légendes vivantes, on note Sugar Pie De Santo, William Bell et Swamp Dogg. Ça se passe au parc Rufus Thomas, et ça se passe donc de commentaires. 21 juillet : Tribute To King Curtis avec Groove City & Sax Gordon, Bononia Sound Machine 22 juillet : Memphis All Star R&B Band avec William Bell, Toni Green et Percy Wiggins, Austin De Lone All Star, Chick Rodgers & Soul Village 23  juillet : Memphis All Star R&B Band avec Spencer Wiggins et Harvey Scales, Austin De Lone All Stars avec Sugar Pie DeSanto et Swamp Dogg 24 juillet : Memphis Soul Night, Rythm & Blues Revue, Soul Food-Rufus Thomas Café Stage.

renseignements www.porrettasoul.it tarif gratuit le 21 juillet, 25 € les autres soirées, 65 € le pass 3 jours

Norvège Oya Festivalen du 9 au 13 août à Oslo rock, electro Il faudra composer avec une affiche résolument nationaliste pour pouvoir profiter des noms qui donnent envie de dire “oh oui” à Oya. Kanye West, Pulp, ou encore Aphex Twin seront là, mais aussi certains des artistes les plus passionnants du moment : les mystérieux Wu Lyf, l’orfèvre électronique Jamie XX, les ensorceleuses de Warpaint, ou encore les shoegazers candides The Pains Of

Pays-Bas du 8 au 10 juillet à Rotterdam jazz, world, pop Chaque année, on croit à une blague : le North Sea Jazz Festival est le festival où il y a tout, absolument tout, et même le reste, et même Ben l’Oncle Soul, sur seulement trois jours. Pour chercher la petite bête, on se disait : “Tiens, il manque quand même Prince”. Et en fait non, il est là, et il jouera même trois soirs de suite… 8 juillet : Prince, Esperanza Spalding, Ahmad Jamal, Natalie Cole, Yuri Honing Acoustic Quartet, Joe Lovano Us Five, B.B. King, Janelle Monáe, Michel Portal, Tony Malaby’s Tamarindo Trio, Chucho Valdes & Omara Portuondo, Return To Forever IV, Pharoah Sanders Quartet, Rubén Blades, Robert Randolph & The Family Band, Jacky Terrasson Trio, Eric Dolphy Revisited, Andreay Triana… 9 juillet : Prince, Hendricks Jarreau & Elling with Metropole Orkest, Toots Thielemans Quartet, Charles Lloyd Quartet, Brad Mehldau & Joshua Redman, Sergio Mendes, Ben l’Oncle Soul, Chaka Khan, Amadou & Mariam, Otis Taylor, John McLaughlin & The 4th Dimension, Charles Bradley, Madeleine Peyroux, Pharoah Sanders Quartet, Trombone Shorty & Orleans Avenue, Portico Quartet, Gerald Clayton Trio… 10 juillet : Prince, Anouar Brahem avec John Surman & Dave Holland, Lee Konitz Tomasz Stanko Group, Douglas Rava Cohen, Raphael Saadiq, Tom Jones, Dr. John & The Lower 911, Richard Bona & Raul Midon, Mali Latino, Mavis Staples, Black Dub, James Blake, Hidden Orchestra, Mary Halvorson Quintet, Bugge Wesseltoft & Henrik Schwarz, Band Of Gypsies, Gotan Project, Bootsy

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Collins, Branford Marsalis Quartet, Herbie Hancock avec Wayne Shorter & Marcus Miller, Eddie Palmieri Quartet, Snoop Dogg Doggystyle.

renseignements www.northseajazz.com tarif de 40 € à 89 € la journée, de 209 € à 299 € le pass 3 jours

Friendly Fires, le 15 juillet

Festival international de Benicàssim

sun of a beach Le meilleur de la crème du haut du panier : une tradition entretenue par le FIB depuis seize ans. rock, electro, pop On le sait, la machine Benicàssim lésine rarement sur les moyens. Sa seizième édition ne déroge pas à la règle en accueillant les héros de l’indie rock new-yorkais, The Strokes, ainsi que les explosifs Arcade Fire. Chez les vieux de la vieille, on pourra croiser les irremplaçables Portishead, chanter Loaded avec Primal Scream et saluer James Murphy, désormais sans son LCD Soundsystem, tandis que, côté français, Herman Dune et Zombie Zombie partageront leur electro-pop déglinguée avec leurs voisins anglais (Arctic Monkeys) et américains (Beirut, Violens). Mention spéciale à Mike Skinner pour l’un des derniers concerts de The Streets et aux Friendly Fires, dont le chanteur au déhanché légendaire risque de faire monter d’un cran la température déjà élevée des plages espagnoles. du 14 au 17 juillet, lire p. 70. 

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Satochi Minakawa

Lowlands du 19 au 21 août à Biddinghuizen rock Tous les ans, Lowlands transforme la Hollande en wonderland. Dans cet autre pays des merveilles, le Lapin blanc cédera sa place aux turbulents Wombats, la reine de cœur sera incarnée par la volcanique Anna Calvi et le thé de non-anniversaire réunira les ténébreux Interpol, José González et son groupe Junip, ou encore la Danoise céleste Agnes Obel. En revanche, à notre grand regret, pas de Chapelier Fou à l’affiche, hélas. avec Agnes Obel, Anna Calvi, Arctic Monkeys, Junip, Miles Kane, Warpaint, Aphex Twin, Lykke Li, Fleet Foxes, Interpol, Matthew Dear, The Naked and Famous, The Wombats, Omar Souleyman…

renseignements www.lowlands.nl tarif complet

Pologne Open’er Festival du 30 juin au 3 juillet à Gdynia rock, electro Non loin de Gdansk, Gdynia est paumée sur la mer Baltique, et si vous ne savez pas la placer sur une carte, le gratin mondial, lui, y arrive très bien. Fin juin, Prince, (oui oui, on a bien dit Prince), Pulp, M.I.A. ou les Strokes en trouveront sans difficulté le chemin. Ils se verront accompagner par la gouailleuse Kate Nash, les immenses The National ou les têtes chercheuses anglaises de These New Puritans. avec Big Boi, British Sea Power, Caribou, Chromeo, Coldplay, Crystal Fighters, Cut Copy, Deadmau5, Foals, Hurts, James Blake, Kate Nash, M.I.A., Prince, Pulp, Simian Mobile Disco, The Asteroids Galaxy Tour, The National, The Strokes, The Wombats, These New Puritans, Two Door Cinema Club, Youssou N’Dour, Fat Freddy’s Drop, Primus, Paolo Nutini…

renseignements www.opener.pl tarif 42 € la journée, 94 € le pass 4 jours

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festivals 2011 europe Slovaquie

Villa aperta

Rome, ville réouverte Deuxième édition du festival qui accueille

Pohoda du 7 au 9 juillet à Letisko rock, electro Le revival des années 90 a encore frappé. Public Image Ltd., séparé lors de cette décennie, reviendra là pour faire du bruit, les héros de la britpop qui y triomphaient aussi, menés par le dandy Jarvis Cocker, de même que Portishead, revenu avec brio d’un hiatus de onze ans en 2008. Les années 2000 seront défendues par la diva Santigold et la kaléidoscopique Micachu. avec Pulp, Moby, Portishead, Madness, M.I.A., Lamb, Public Image Ltd., Deus, Magnetic Man, Santigold, Beirut, Simian Mobile Disco, Peter Björn and John, We Have Band, Battles, Micachu & The Shapes, Esben & The Witch, The Teenagers, Le Corps Mince de Françoise…

la fine fleur de la pop, de l’electro et du rock français à la Villa Médicis. rock, pop, electro Forte du succès de la première édition l’année dernière, l’Académie de France à Rome renouvelle l’expérience de la Villa aperta cette année dans le somptueux cadre de la Villa Médicis, au milieu du parc de quatre-vingts hectares de la Villa Borghese. Entre deux plats de penne all’arrabiatta et un caffé ristretto on pourra, pour cette seconde édition, assister au live de l’une des découvertes du Printemps de Bourges, L (accompagnée de BabX, coréalisateur de son premier album), se rouler par terre au son de l’electro-rock défroquée de Poni Hoax et célébrer en terres italiennes le label Kitsuné, auquel le festival laisse carte blanche avec Logo, le duo Housse De Racket et le DJ Gildas Loaëc. En prime, The Shoes, coqueluches de l’Angleterre et érudits de toutes choses pop et rock, viendront, les souliers astiqués, présenter de l’autre côté des Alpes leur fabuleux album, Crack My Bones, à déguster, comme les glaces romaines, sans modération. du 9 au 11 juin, lire p. 72

renseignements www.pohodafestival.sk tarif 59 € la journée, 69 € le pass 3 jours

Suède Way Out West du 11 au 13 août à Göteborg rock, electro L’affiche du Way Out West est littéralement tropicale, rien de surprenant quand on sait que le festival a lieu dans la jungle urbaine, entre un parc et une série de clubs de Göteborg. On prévoit de la chaleur, et de la douceur à foison, avec le rock teigneux de Yuck, le folk de cathédrale des Fleet Foxes, les clairs-obscurs soniques de Twin Shadow, ou le post-rock céleste d’Explosions In The Sky. avec Kanye West, Pulp, Fleet Foxes, Robyn, Yuck, James Blake, Wiz Khalifa, Q-Tip, Destroyer, Wu Lyf, Ariel Pink’s Haunted Graffiti, Warpaint, Twin Shadow, Wiz Khalifa Explosions In The Sky…

renseignements www.wayoutwest.se tarif 150 € le pass

Suisse Foire de Bâle du 15 au 19 juin arts Passage obligé pour tous les amateurs d’art contemporain qui se seront mis en jambe à la Biennale de Venise la semaine d’avant : la Foire de Bâle reste encore aujourd’hui la plus prestigieuse des foires d’art contemporain au monde. Aux côtés des “projets spéciaux” et des “talks”, trois cents galeries internationales et deux mille cinq cents artistes seront cette année au rendez-vous. programmation en cours.

The Shoes, le 9 juin

renseignements www.artbasel.com tarif 31 € la journée, 55 € le pass 2 jours, 72 € le pass intégral

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festivals 2011 europe Festival international du film fantastique de Neuchâtel du 1er au 9 juillet cinéma Parmi les nombreuses œuvres décalées, le programme comporte des séances de minuit qui recouvriront le cinéma de genre d’hier à aujourd’hui dans une nouvelle section baptisée “Ultra Movie”, des avant-premières dans la section “Films of the Third Kind”, et une grande rétrospective du cinéma gore en présence de son pionnier, Herschell Gordon Lewis. programmation en cours.

renseignements www.nifff.ch tarif 10 € la séance, 130 € le pass 9 jours

Montreux Jazz Festival

The quality Streets Après James Murphy, c’est au tour de Mike Skinner de saborder son propre bateau à peine quelques mois après la sortie de Computers and Blues. Dix ans après sa naissance, The Streets, dont on retiendra les tubes inclassables (Fit But You Know It), s’éteindra donc à la fin de l’été après la longue série de festivals que le groupe traversera au son du sublime Dry Your Eyes, titre dont on aura besoin pour sécher nos larmes. le 11 juin au Northside Festival (Danemark), le 17 au Orange Warsaw Festival (Pologne), le 21 au T-Mobile INmusic Festival (Croatie), le 2 juillet au Rock for People (République tchèque), le 14 à Benicàssim (Espagne), le 15 au Melt! (Allemagne), le 18 août au Pukkelpop (Belgique), le 19 au Sommerfestival (Allemagne) et aussi le 4 juin à We, The People (Grande-Bretagne), le 22 à Glastonbury (Grande-Bretagne), le 1er  juillet au Wireless (Grande-Bretagne), le 8 au T in the Park et au Lounge on the Farm (Grande-Bretagne), le 26 août au Leeds Festival (Grande-Bretagne), le 28 au Reading Festival (Grande-Bretagne), le 3 septembre au Jersey Live Festival (Grande-Bretagne)

Markus Schinwald décadent clinique Artiste de l’étrange, Markus Schinwald représentera l’Autriche à la Biennale de Venise. Né en 1973 à Salzbourg, ce fanatique d’opéra officie dans les champs de la danse et des arts plastiques. Ses installations et ses films mettent en scène des personnages costumés et contorsionnistes (portraits peints et marionnettes) auxquels on a greffé des prothèses. C’est cette atmosphère, clinique et décadente, que l’on devrait retrouver dans le pavillon autrichien à Venise. du 4 juin au 27 novembre à la Biennale de Venise

du 1er au 16 juillet jazz, rock, world, pop De A comme Arcade Fire à Z comme Ziggy Marley, l’incontournable Montreux Jazz est toujours le meilleur festival suisse du monde. Soulful comme tout. Bon, à la lettre S, on aurait pu se passer de Sting, mais sinon tout va bien. 1er juillet : Carlos Santana & John McLaughlin, The Skatalites, Jimmy Cliff 2 juillet : Derek Trucks & Susan Tedeschi, Santana, Charles Bradley, B. B. King... 3 juillet : B. B. King, Aloe Blacc, Raphael Saadiq... 4 juillet : Robert Randolph, George Benson, Melissa Auf Der Maur... 5 juillet : James Blake, Laura Marling... 6 juillet : Trombone Shorty & Orleans Avenue 7/6, Dr. John... 7 juillet : Carly Connor, Paolo Nutini, Dmitri Kogan... 8 juillet : Ziggy Marley, Youssou N’Dour et le Super Etoile De Dakar, Donavon Frankenreiter... 9 juillet : Ana Carolina, Maria Rita, Alfredo Rodriguez Trio, Tigran Hamasyan & Trilok Gurtu... 10 juillet : James Vincent McMorrow, Arcade Fire, Natalie Cole... 11 juillet : Sting, Erik Truffaz avec Sly Johnson, Rain Dogs Revisited Project 12 juillet : Asa, Seal, Esperanza Spalding... 13 juillet : Tribute To Miles Davis, Black Dub, Lamb, Mogwai... 14 juillet : Paul Simon, Femi Kuti, Mos Def & Robert Glasper Experiment 15 juillet : The History Of Hip-Hop avec Afrika Bambaataa, Liza Minelli 16 juillet : Deep Purple, Cody Chesnutt, Bootsy Collins...

renseignements www.montreuxjazz.com tarif certains concerts gratuits (annoncés au mois de juin), soirées de 36 € à 221 €, 1 186 € le pass deux semaines, de 1 566 € à 3 204 € le pass Auditorium Stravinsky

Paléo du 19 au 24 juillet à Nyon rock, folk, world Il y aura toujours largement de quoi remonter la barre : electro-pop étincelante avec Metronomy, suspense habituel avec Amy Winehouse, nostalgie des papas avec Robert Plant, cimes enchantées et psychédéliques avec Tame Impala, tout va bien se passer au Paléo. 19 juillet : Jack Johnson, The National, Tame Impala, Katerine, Florent Marchet... 20 juillet : The Chemical Brothers, Portishead, Beirut, Bonobo, Aaron, Admiral T... 21 juillet : The Strokes, PJ Harvey, Jean-Louis Aubert, The Dø, Anna Calvi, Tarrus Riley & Duane Stephenson, Queen Ifrica & Tony Rebel, AfroCubism, Raul Paz... 22 juillet : James Blunt, Les Cowboys Fringants, Soprano, Danakil, We Love Machines... 23 juillet : Amy Winehouse, Florent Marchet, Robert Plant & The Band Of Joy, Metronomy, The Bewitched Hands... 24 juillet : Yael Naim, Cocoon, Camélia Jordana, Eddy Mitchell, Boukman Eksperyans…

renseignements http://yeah.paleo.ch tarif complet, mais 1 500 billets mis en vente chaque jour du festival dès 9 h

Festival international du film de Locarno Du 3 au 13 août cinéma (lire encadré p. 71) avec “Cinéastes du présent”, “Léopards de demain”, des avant-premières sur la Piazza Grande, une section “Open Doors”.

renseignements www.pardo.ch tarif 12 € la journée, de 17,50 € à 25,50 € la soirée, 33,50 € le pass 1 jour, 167 € à 240 € le pass intégral

For Noise du 18 au 20 août à Pully-Lausanne rock Pour son quinzième anniversaire, le festival suisse For Noise nous offre une programmation alléchante bien qu’encore en pointillés, et qui laisse présager une suite du meilleur acabit. On croisera sur les rives enchantées du lac Leman les New-Yorkais torturés de The Antlers, les Montréalais foudroyants de Suuns, le one-man-band new-wave Twin Shadow et l’étrange pop de contre-ténor de Wild Beasts. avec Suuns, Meril Wubslin, We Loyal, Ubereel, Twin Shadow, Wild Beasts, Blonde Redhead, Trentemoller, OY, The Antlers...

renseignements www.fornoise.ch tarif n.c.

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Australie Splendour in the Grass du 29 au 31 juillet à Woodford rock, hip-hop, electro Woodford, petite localité perdue au fond du Queensland, sera sûrement cet été bien plus agitée qu’à l’accoutumée, puisque s’y réuniront le plus mégalo des rappeurs américain, Kanye West, et les fraîchement reformés et très attendus Anglais, Pulp. De quoi faire de sacrées galipettes de joie et des sauts de kangourou dans l’herbe australienne. avec Kanye West, Pulp, Jane’s Addiction, The Hives, Regina Spektor, Mogwai, DJ Shadow, Friendly Fires, Glasvegas, The Grates, Kele, Devendra Banhart And The Grogs, Modest Mouse, Kaiser Chiefs, James Blake, The Vines, Elbow, Noah And The Whale, Cut Copy, The Kills, The Vaccines, Architecture In Helsinki, Does It Offend You, Yeah?, Cloud Control, Mona, British Sea Power, Warpaint, Yelle, Wild Beasts, etc.

renseignements  www.splendourinthegrass.com tarif  296 € le pass 3 jours

Canada NXNE

monde

du 13 au 19 juin à Toronto rock, pop, rockumentaire Clin d’œil un poil moqueur au très hype festival américain SXSW, le NXNE canadien défriche depuis dix-sept ans maintenant la nouvelle scène musicale internationale pour célébrer la musique de demain sans oublier celle d’aujourd’hui dont les Dodos, les filles de Dum Dum Girls et le très sexy duo new-yorkais Cults sont de bien beaux représentants. Avec, en bonus, une sélection pointue de rockumentaires. avec Art Brut, Chad VanGaalen, Crocodiles, Cults, DD/MM/YYYY, Deerhoof, Devo, Dum Dum Girls, The Dodos, We Are Wolves, The Luyas, The Pharcyde, Twin Shadow…

renseignements www.nxne.com tarif 18 € la journée concerts, 36 € le pass concerts 5 jours, 18 € la journée films et 143 € le pass 5 jours concerts + films

Festival international de jazz de Montréal du 25 juin au 4 juillet jazz, rock, world C’est un de ces festivals labellisés “jazz” où il y a finalement autant de pop ou de

world que de jazz. Mais on ne va pas s’en plaindre, vu la qualité générale de la programmation, qui rime ici avec quantité. Tous les festivals en un, c’est à Montréal. 25 juin : Harold López-Nussa Trio, The Jolly Boys, Marc Ribot, Milton Nascimento, Brad Mehldau… 26 juin : Steel Pulse, Return To Forever IV, Buck 65, Sly Johnson, Joshua Redman & Brad Mehldau Duo… 27 juin : Hugh Masekela, Legendary Tigerman, K.D. Lang, Esperanza Spalding, Stéphane Belmondo Quartet… 28 juin : Trombone Shorty & Orleans Avenue, The Dave Brubeck Quartet, Gretchen Parlato, Tigran Hamasyan… 29 juin : Madeleine Peyroux, Lee Fields & The Expressions, Dave Holland Quintet, Theophilus London… 30 juin : Holly Cole, Regina Carter, Peter Frampton, Térez Montcalm, Anouar Brahem avec Dave Holland & John Surman… 1er juillet : Don Byron, Kaki King, Tony Bennett, Men Without Hats, Richard Galliano-Gonzalo Rubalcaba Duo, Jaga Jazzist… 2 juillet : Ana Moura, The Roots, Wanda Jackson, Thomas Enhco Trio, Freddy Koella… 3 juillet : Don McLean – America, Caravan Palace, China Moses & Raphaël Lemonnier Quartet, Eric Bibb, Béla Fleck & The Flecktones… 4 juillet : Marianne Faithfull, Erik Truffaz Quartet, Ron Sexsmith, Yaron Herman Trio, Daniel Lanois’ Black Dub, Sophie Hunger…

renseignements  www.montrealjazzfest.com tarif de 13,5 € à 98 €

Osheaga du 29 au 31 juillet à Montréal rock, rap, pop Du rap costaud (Eminem, Cypress Hill, Kid Cudi), de l’electro barjo (Crystal Castles, MSTRKRFT), des ensorceleurs (Beirut, Janelle Monáe), des jeunes pousses (Twin Shadow, Anna Calvi) et des vieux de la vieille (Elvis Costello, John Butler Trio) : le festival montréalais est une fois de plus à la hauteur de sa réputation – on en reste (Oshea)gaga. avec Eminem, Elvis Costello & The Imposters, Death Cab For Cutie, Cypress Hill, Death From Above 1979, Kid Cudi, Janelle Monáe, Bright Eyes, Broken Social Scene, Beirut, Ratatat, Malajube, Crystal Castles, MSTRKRFT, John Butler Trio,

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The Sounds, Jamie XX, Eels, White Lies, Fuckep Up, The Pains Of Being Pure At Heart, Twin Shadow, Anna Calvi, Oh Land, The Luyas…

renseignements  www.osheaga.com tarif  71  € le vendredi, 54 € le samedi ou le dimanche, 97 € le pass 2 jours (samedi et dimanche), 154 € le pass 3 jours

Festival des films du monde de Montréal du 18 au 28 août cinéma La métropole québécoise vibre au rythme de la diversité culturelle avec le FFM. Misant sur le cinéma d’auteur, le festival est un lieu propice aux rencontres improbables, où se croisent des concours mondiaux et le quarantedeuxième festival du film étudiant canadien. Rendez-vous autant pour les cinéphiles que pour les professionnels du cinéma du monde entier, l’événement propage le cinéma indépendant venu des quatre coins du globe. programmation en cours avec une compétition mondiale et une autre consacrée aux premières œuvres, ainsi que des sections “regards sur les cinémas du monde” et “documentaires du monde”.

renseignements www.ffm-montreal.org tarif 7 € la séance, 75 € le pass Bernard Benant

Etats-Unis Tony Allen, le 11 juin

Sakifo

au Sakifo, y a tout ce qu’y faut Des pieds à la terre, c’est le monde entier qui se donne rendez-vous à La Réunion pour des rencontres riches en bord de mer. world, chanson Ceux qui sont déjà allés au Sakifo sont tellement impatients d’y retourner que les organisateurs, dans leur grande mansuétude, ont avancé la nouvelle édition. Ce n’est donc plus début août, mais autour du week-end du 10 juin que se déroule cette année le festival le plus cool de l’océan Indien. La programmation 2011 est fidèle à l’esprit créole du festival : sur les scènes installées en bord de mer, un harmonieux métissage de vedettes de la métropole (Camélia Jordana, The Dø, Stromae, Thiéfaine, les Wampas), des pointures des musiques du monde (Cesaria Evora, Vieux Farka Touré, Yuri Buenaventura, Boubacar Traoré), et les indispensables artistes locaux, dont le maloya fait gronder le volcan. Encore une fois, il ne faudra pas rater l’imposant Tiloun, hardcore et bouleversant, qui gagnerait à être connu en dehors de La Réunion. Et tout ça se terminera par le kabar sous la tente Simangavol, cœur du festival directement relié aux pieds et à la terre. du 10 au 12 juin à La Réunion, lire p. 80

Bonnaroo du 9 au 12 juin à Manchester rock, pop, hip-hop Dixième anniversaire haut en couleur pour le Bonnaroo, puisque c’est avec les gros bras Eminem et Lil Wayne que s’ouvrira le festival. A leurs côtés, on pourra saluer les gloires de l’année (Arcade Fire, The Strokes), les déglingués Scissor Sisters et nos nouveaux chouchous, Chiddy Bang, que les papys du rock Neil Young et Robert Plant regarderont d’un œil amusé. avec Eminem, Arcade Fire, Buffalo Springfield, Neil Young, My Morning Jacket, Lil Wayne, The Black Keys, Robert Plant, Mumford & Sons, The Strokes, Iron And Wine, Girl Talk, Florence & The Machine, Explosions In The Sky, Beirut, Scissor Sisters, Big Boi, Ratatat, Deerhunter, Chiddy Bang, Sleigh Bells, Best Coast, The Drums, Wavves, !!!, The Black Angels, Twin Shadow…

renseignements  www.bonnaroo.com tarif  186 € le pass 4 jours 1.06.2011 les inrockuptibles 79

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festivals 2011 monde

Adriano Fegundes

Pitchfork Music Festival

Animal Collective, le 15 juillet

Pitchfork Music Festival

indie, dis-moi oui Cinquième édition de la sauterie américaine de référence en matière d’indie-rock. Avec un pitch à tomber. rock, electro, hip-hop Plus besoin de présenter Pitchfork, le site qui fait la pluie et le beau temps dans le petit monde de la planète indie. Son festival, par contre, mérite qu’on s’y arrête : il s’agit sûrement du meilleur prétexte pour visiter Chicago au mois de juillet. Trois jours sous le soleil de Satan, quarante-cinq groupes, avec un seul point commun : faire partie du haut panier de la musique célébrée par le site. Détonnant dans le paysage des festivals faisant la part belle aux grosses têtes d’affiches, il accueille néanmoins Animal Collective, DJ Shadow, TV On The Radio ou Thurston Moore. On pourra s’y délecter de l’electro-pop tourbillonnante du trop confidentiel Baths, des attendus Odd Future, du hip-hop jouissif de Das Racist, de la pop mélancolique de Wild Nothing ou du dubstep déstructuré de James Blake et How To Dress Well. du 15 au 17 juillet à Chicago, lire ci-contre.

du 15 au 17 juillet à Chicago rock, electro, hip-hop (lire encadré ci-contre) 15 juillet : Animal Collective, Neko Case, Guided By Voices, Thurston Moore, Battles, James Blake, Das Racist, Curren$y, Tune-Yards, EMA, Gatekeeper 16 juillet : Fleet Foxes, DJ Shadow, The Dismemberment Plan, Destroyer, No Age, Gang Gang Dance, Zola Jesus, Twin Shadow, Toro Y Moi, Woods, Cold Cave, Wild Nothing, Off!, Julianna Barwick, G-Side, Sun Airway, Chrissy Murderbot 17 juillet : TV On The Radio, Cut Copy, Deerhunter, Superchunk, Arial Pink’s Haunted Graffiti, Health, Kurt Vile And The Violators, Yuck, The Fresh & Onlys, The Radio Dept, Baths, Kylesa, Shabazz Palaces, Twin Sister, How To Dress Weel, Darkstar.

renseignements www.pitchforkmusicfestival.com tarif  45 € la journée, pass 3 jours plus disponible

Lollapalooza du 5 au 7 août à Chicago rock, pop, hip-hop Le festival américain, qui concourt chaque année avec son collègue britannique Glastonbury pour le trophée de la plus grosse programmation, s’offre pour sa vingtième édition les musclés Foo Fighters, les sensuels Kills et les inénarrables Black Lips. avec Eminem, Muse, Foo Fighters, Beirut, Crystal Castles, Arctic Monkeys, Lykke Li, Sleigh Bells, Cults, Best Coast, Local Natives, Black Lips, The Pains Of Being Pure At Heart, Nas, White Lies, The Kills, Noah & The Whale…

renseignements www.lollapalooza.com tarif 169 € le pass 3 jours, 573 € le pass 3 jours VIP

Japon Drew Vandenberg

Fuji Rock Festival

Deerhunter spleen tonique Comateux mais jamais soporifique, à la fois altier et cinglant, Deerhunter fréquente des sommets vertigineux pour soigner son spleen. Perché sur un tapis volant, le groupe du fascinant Bradford Cox imite la grâce des papillons de nuit dans un clairobscur autant hanté par le Velvet Underground que par My Bloody Valentine. Ces Américains feront quelques rares et précieuses apparitions cet été, mais, inexpliquablement, aucune en France. le 9 juin à Bonnaroo (Etats-Unis), le 17 juillet au Pitchfork Music Festival (Etats-Unis), les 13 et 14 août au Summer Sonic (Japon), le 27 à LouFest (Etats-Unis) et aussi le 14 juillet à Slottsfjell (Norvège), le 15 à Latitude (Grande-Bretagne) et le 17 août à Paredes de Coura (Portugal)

du 29 au 31 juillet à Naeba rock, pop, electro Déplacé du pied du Mont Fuji à une station de ski non loin de là, le festival nippon n’a pas perdu de son volcanisme puisqu’il accueillera cette fois-ci les brulants Queens Of The Stone Age, le noisy rock enfumé de The Pains Of Being Pure At Heart et les pétaradants Arctic Monkeys, dont on attend de grands éclats cette année, le pied au plancher, le feu aux planches. 29 juillet : Queens Of The Stone Age, Arctic Monkeys, Beach House, Big Audio Dynamite, Amadou & Mariam, CSS, Deerhoof, Jamie XX, Noah And The Whale, The Pains Of Being Pure At Heart, The Vaccines… 30 juillet : Battles, Best Coast,

Asian Dub Foundation, Digitalism, Funeral Party, Ra Ra Riot, Wu Lyf… 31 juillet : The Kills, Cake, Mogwai, Wilco, Warpaint, British Sea Power…

renseignements www.smash-uk.com/frf11 tarif : 140 € la journée, 330 € le pass 3 jours

Summer Sonic les 13 et 14 août à Tokyo et à Osaka rock, hip-hop, etc. Deux semaines après le Fuji Rock, c’est dans la capitale nippone et à Osaka que passera le flambeau du rock qui, grâce aux Strokes, Primal Scream ou Public Image Limited, devrait brûler encore longtemps. Pour autant Summersonic ne fait pas l’impasse sur la crème de l’electro et du hip-hop mondiaux. A noter la présence de Yelle, définitivement entrée dans le cercle très fermé des artistes français talentueusement exportés. le 13 août à Tokyo, le 14 août à Osaka : The Strokes, Beady Eye, The Mars Volta, Ting Tings, Simple Plan, Cage The Elephant, Death From Above 1979, Jessie J, Yelle... le 13 août à Tokyo : Arrested Development, The Horrors, These New Puritans…le 13 août à Osaka, le 14 août à Tokyo : Red Hot Chili Peppers, Primal Scream, Public Image Limited, The Jon Spencer Blues Explosion, Deerhunter, Friendly Fires…

renseignements www.summersonic.com tarif  125 € la journée et 225 € le pass 2 jours pour Tokyo, 104 € la journée et 186 € le pass 2 jours pour Oasaka

La Réunion Sakifo du 10 au 12 juin à La Réunion rock, world (lire encadré p. 79) 10 juin : Kozman Ti Dalon, Lao, Tyeri Abmón, Boubacar Traoré, Cesaria Evora, Chapelier Fou, Didyé Kérgrin, Hubert-Félix Thiéfaine, Imany, Ker Faya Sound System, Les Wampas, Lindigo, Ti Fock, Tritonik, Vieux Farka Touré, Mo-DJ, Seb The Player, DJ Brace 11 juin : Kreolokoz, Yaëlle Trulès, Maronaz, Alice Russel, Blue King Brown, Camélia Jordana, EJ Von Lyrik, Ker Faya Sound System, Mix’N’Blend, Richard Beaugendre, Stromae, Toguna, The Bombay Royale, Tiloun, Tony Allen, Yuri Buenaventura, Mo-Laudi 12 juin : Boogers, Irma, Asian Dub Foundation, Jaqee, Ker Faya Soundsystem, Success, MelisSmell, Tapok, Tété, The Dø, Yodelice, Zorro Chang, DJ Hertz, Blackmen Bluz.

renseignements www.sakifo.com tarif  30 € le concert, 50 € la journée, 120 € le pass 3 jours

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festivals 2011 médias

radio France Culture Le Marathon des mots (Toulouse) 24 juin : La Grande Table par Caroline Broué et Hervé Gardette (12 h), Le Rendez-Vous par Laurent Goumarre (19 h) 25 juin : (en direct de Saint-Pierre-desCuisines) Spéciale Milan Kundera par Raphaël Enthoven (17 h)

Festival international du film de La Rochelle

Grégoire Alexandre

du 10 juin à Art Rock (Saint-Brieuc) au 14 août à Fuji Rock (Osaka), Yelle fera le tour du monde en un été

2 juillet : Projection privée par Michel Ciment (14 h), Radio libre par Arnaud Laporte (15 h 30)

Rencontres d’Arles 7 juillet : La Grande Table par Caroline Broué et Hervé Gardette (12 h)

télévision France Inter

Arte

Les Eurockéennes de Belfort

Festival d’Avignon

2 juillet : Escale estivale par Emmanuel Khérad (18 h), concerts présentés par Didier Varrod (21 h)

Jazz à Vienne du 4 au 8 juillet : Summertime de Joe Farmer (22 h)

Les Francofolies de La Rochelle du 12 au 14 juillet : Le Mag culture de Laurence Peuron (18 h), concerts présentés par Didier Varrod (20 h)

Les Vieilles Charrues (Carhaix) les 16 et 17 juillet : Escale estivale par Emmanuel Khérad (18 h), concerts présentés par Didier Varrod (22 h)

Life and Times (episodes 1 & 2) au Festival d’Avignon du 9 au 16 juillet (relâche le 11)

Reinhard Werner Burg theater

Festival d’Avignon 9 juillet : Radio libre (15 h 30), Le RendezVous (19 h) 10 juillet : Quarante ans de théâtre ouvert (20 h) 11 juillet : direct SACD 12 juillet : Poèmes du milieu (20 h) 14 juillet : Avignon à vie (20 h) 15 juillet : 24 heures à Avignon (19 h) 16 juillet : enregistrement de Jacques Bonnaffé - Louis Sclavis (11 h), 17 juillet : enregistrement de Jacques Bonnaffé - Louis Sclavis 2 (11 h), enregistrement de Toni Negri (20 h) 18 juillet : enregistrement de Toni Negri 2 (20 h) 19 juillet : Hommage à Philippe Avron (20 h) 21 juillet : enregistrement de Denis Guénoun (19 h)

Jazz in Marciac du 1er au 6 août : Summertime de Joe Farmer (22 h)

Le Festival du bout du monde (Crozon) 5 août : Le Mag culture de Laurence Peuron (18 h)

Rock en Seine (Saint-Cloud) 26 juillet : Le Mag culture de Laurence Peuron (18 h) les 27 et 28 juillet : Escale estivale par Emmanuel Khérad (18h), concerts présentés par Didier Varrod (20 h)

10 juillet : En direct d’Avignon, à partir de 14 h, Marie Labory accueille en plateau quelques-uns des artistes présents cette année au festival et présente une pièce et trois documentaires éclairant le programme d’Avignon 2011 : Les Enfants du soleil, une pièce de Maxime Gorki dans une mise en scène de Peter Shönhofer ; Erdman/ Pineau, répétition à ciel ouvert, réalisée par Jérôme Cassou ; Boris Charmatz, portrait réalisé par Hélène Bouquin du danseur, artiste et chorégraphe pendant la préparation du spectacle Enfant, présenté dans la cour d’Honneur ; One Flat Thing, Reproduced, de William Forsythe, qui présente cet été une nouvelle création au cloître des Célestins ; et enfin un document de Thierry de Mey. A 22 h, Arte retransmet Le Suicidé, comédie de Nicolaï Erdman mis en scène par Patrick Pineau, avec Anne Alvaro et Eric Elmosnino en direct de la carrière de Boulbon. L’actualité du festival

sera traitée tous les soirs à 19 heures dans Arte Journal

Festival d’Aix 16 juillet : La Traviata de Verdi, dans une mise en scène de JeanFrançois Sivadier, en direct du Théâtre de l’Archevêché à Aixen-Provence (21 h 30)

Festival de Salzbourg 31 juillet : concert d’ouverture du Festival de Salzbourg, dirigé par Pierre Boulez avec l’Orchestre philharmonique de Vienne (19 h 15)

Festival de Bayreuth 14 août : pour la première fois le festival collabore avec une chaîne de TV, grâce à la diffusion de Lohengrin de Wagner dans une mise en scène de Hans Neuenfels et dirigé par Andris Nelsons (17 h 15)

Les Vieilles Charrues à Carhaix 17 août : concerts en direct (22 h 15)

La Roque d’Anthéron 21 août : concert de clôture (19 h 15)

internet Arte Live Web  De nombreux concerts seront retransmis en direct du Festival d’Aix-en-Provence, du CosmoJazz (Chamonix), des Suds à Arles, de Jazz à Porquerolles, des Vieilles Charrues

(Carhaix), du Garance Reggae Festival (Bagnols-sur-Cèze), de Jazz in Marciac, des Nuits de Fourvière (Lyon), des Nuits du Sud (Vence), du Lucerne Festival, de La Route du rock (Saint-Malo) et de La Roque d’Anthéron

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