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combattre et éradiquer le stockage et le trafic illicite ... moindre mesure la Tanzanie et le Kenya. Environ .... par des mesures restrictives, la sécurisation de l'asile.
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Dimensions régionales des conflits dans les Grands Lacs

Bureau de l’ISS à Pretoria Block C, Brooklyn Court, 361 Veale Street New Muckleneuk, Pretoria, South Africa Tel: (27-12) 346 9500 Fax: (27-12) 460 0998 E-mail: [email protected] Bureau de l’ISS à Addis Abeba 5ème Etage, Get House Building Africa Avenue, Addis Ababa, Ethiopia Tel: (251-11) 515 6320 Fax: (251-11) 515 6449 E-mail: [email protected] Bureau de l’ISS à Cape Town 2ème Etage, The Armoury, Buchanan Square 160 Sir Lowry Road, Woodstock, South Africa Tel: (27-21) 461 7211 Fax: (27-21) 461 7213 E-mail: [email protected] Bureau de l’ISS à Dakar 4ème Etage, Immeuble Atryum Route de Ouakam, Dakar, Sénégal Tel: (221-33) 860 3304/42 Fax: (221-33) 860 3343 E-mail: [email protected] Bureau de l’ISS à Nairobi Braeside Gardens, off Muthangari Road Lavington, Nairobi, Kenya Tel: (254-20) 266 7208; (254-20) 266 7198 E-mail: [email protected]

Cette publication a été réalisée avec l’aide du Ministère Fédéral des Affaires Etrangères du Gouvernement Suisse, l’Union Européenne, et le Bureau du Haut Commissaire des Nations Humains pour les Droits de l’Homme (HCDH). Le projet a également reçu des financements de la part des gouvernements du Danemark, des Pays-Bas, de la Norvège et de la Suède.

R apport d’atelier

ISBN 978-1-920422-72-1

9

781920 422721

Rappor t d’atelier

www.issafrica.org

Compilé par Nyambura Githaiga Mada Hôtel, Nairobi, 12-13 Septembre 2011

Rappor t d’atelier

Dimensions régionales des conflits dans les Grands Lacs

Compilé par Nyambura Githaiga Mada Hôtel, Nairobi, 12-13 Septembre 2011

Table des matières Remerciements

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .iii

Les institutions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Introduction

iv

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .v

Résumé des exposés de l’atelier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

DOCUMENTS DE TRAVAIL DE L’ATELIER

vi

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .1

Armes légères et conflits dans la Région des Grands Lacs

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .3

Francis K Wairagu

Ressources Naturelles et conflits dans la Région des Grands Lacs

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13

Nyambura Githaiga

Déplacements forcés et conflits dans la Région des Grands Lacs

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .23

Dr Khoti Chilomba Kamanga

Jeter des Ponts dans les Grands Lacs

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .34

Dr Isabell Kempf

Le rôle des organes régionaux dans la promotion de la paix durable dans la Région des Grands Lacs

. . . . . .45

Dr Connie Mumma-Martinon

ANNEXES

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .55

Annexe

Programme

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .57

Annexe B

Liste des participants

Rapport d’atelier

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .59

i

Remerciements Le Centre régional des Nations Unies sur les

Kempf, Conseiller régional en matière de Droits de

Armes Légères et de Petits Calibres (RECSA), la

l’Homme, HCDH ; Singo Stephen Mwachofi, Chargé de

Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs (CIRGL) et la Section Prévention des Confl its et Analyses

Programme, Paix et Sécurité ■

ISS: Roba Sharamo, Directeur Intérimaire; Andrews

des Risques de l’Institut d’Etudes de Sécurité (ISS) à

Atta Asamoah, Chercheur cadre; Nyambura Githaiga,

Nairobi voudraient remercier les personnes et institu-

Chercheur; Samira Yusuf, Assistant de Programme;

tions suivantes pour leur contribution à la réussite de cet atelier :

George Mukabana, Administrateur ■

Présentateurs: Andrews Atta-Asamoah, Chercheur Cadre, ISS; Nathan Byamukama, Chargé de







L’Union Européenne, le Gouvernement Suisse et le

Programme, Questions Transversales, CIRGL;

Haut Commissaire des Nations Unies pour les Droits

Nyambura Githaiga, Chercheur, ISS; Dr Khoti

de l’Homme (HCDH) pour leur appui fi nancier et leur

Kamanga, Directeur, Centre d’études sur les

participation.

migrations forcées, Université de Dar-es-Salaam;

RECSA: Dr Francis K Sang, Secrétaire Exécutif;

Dr Isabell Kempf, Conseiller Régional en matière

Francis K Wairagu, Directeur de la Recherche et des

de Droits de l’Homme (HCDH), CIRGL; Dr Connie

questions de genre; Angela Baiya-Wadeyua, Directeur

Mumma-Martinon, Chercheur Consultant; Dr Frank

de la Communication et des Relations Publiques; et

Muhereza, Chercheur agréé, Centre des Recherches

Dan Osano, Comptable

de Base; Singo Mwachofi, Chargé de Programme,

CIRGL: Ambassadeur Liberata Mulamula, Secrétaire

Paix et Sécurité, CIRGL ; et Francis K Wairagu,

Exécutif; Nathan Mwesigye Byamukama, Chargé

Responsable de la Recherche et des questions de

de programme, Questions transversales; Dr Isabell

genre, RECSA

Rapport d’atelier

iii

Les institutions Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs

Région des Grands Lacs et la Corne de l’Afrique. La

La Conférence Internationale sur la Région des Grands

Région des Grands Lacs et la Corne de l’Afrique, a été

Lacs (CIRGL) est une organisation non-gouvernementale

signée le 15 mars 2000 par les Ministres des Affaires

qui rassemble onze états membres de la Région des

Etrangères et/ou représentants des gouvernements

Grands Lacs en Afrique, en l’occurrence l’Angola, le

du Burundi, de la RDC, de Djibouti, de l’Ethiopie, de

Burundi, La République Centre Africaine, la République

l’Erythrée, du Kenya, du Rwanda, du Soudan, de la

Démocratique du Congo (RDC), le Kenya, la République

Tanzanie et d’Ouganda.

Déclaration de Nairobi sur le problème de la prolifération des armes légères et de petit calibre illégales dans la

du Congo, le Rwanda, le Soudan, la Tanzanie, l’Ouganda et la Zambie. Sa création découle de la prise de conscience de l’importante dimension régionale de

L’Institut d’Etudes de Sécurité

l’instabilité politique et des conflits dans ces pays d’une

L’Institut d’Etudes de Sécurité (ISS) est une Institut de

part, et de la nécessité d’efforts conjoints et concertés

recherche panafricaine qui opère dans le domaine de

pour la promotion de la paix et le développement

la sécurité humaine en Afrique. Elle cherche à intégrer

durable.

les questions de sécurité humaine dans les processus d’élaboration des politiques publiques et à influencer

Le Centre Régional des Nations Unies sur les Armes légères et de Petits Calibres

les décideurs sur le continent et au-delà. L’objectif de

Le Centre Régional des Nations Unies sur les

contextuelles sur des questions de sécurité humaine

Armes Légères et de Petits Calibres (RECSA) est une or-

pertinentes, pour les décideurs politiques, experts,

ganisation intergouvernementale issue de la Déclaration

groupes de plaidoyer, et médias selon leurs besoins.

de Nairobi et dont l’objectif est de coordonner les efforts

L’ISS est un laboratoire d’idées bien établi ayant des

conjoints des points focaux nationaux, dans le but de

sièges à Pretoria et Cape Town en Afrique du Sud, à

combattre et éradiquer le stockage et le trafic illicite

Nairobi au Kenya, à Addis Abeba en Ethiopie, et à Dakar

d’armes légères et de petits calibres (ALPC) dans la

au Sénégal.

iv

l’Institut est d’établir l’équilibre et l’objectivité en menant des recherches et empiriques et des analyses

Institute for Security Studies

Introduction La Région des Grands Lacs a été la scène des conflits

trois institutions ont organisé un atelier régional pour

les plus acharnés et les plus turbulents que l’Afrique

délibérer et réfléchir sur les dimensions changeantes des

ait connu. Sur une période de 20 ans, cette région a vu

confl its dans la Région des Grands Lacs, et pour analyser

entre autres, le Génocide Rwandais, la Guerre Civile du

les défis et perspectives d’une paix durable. La section

Burundi et le confl it transfrontalier de la RDC, qui ont

Prévention de Confl its et Analyse de Risques de l’ISS

tous été exacerbés par des groupes armés clandestins

à Nairobi a abrité cet atelier qui s’est tenu du 12 au 13

venant de l’intérieur et de l’extérieur la région. Les

septembre 2011 à l’hôtel La Mada, à Nairobi au Kenya.

dimensions régionales de ces confl its, telles que les

La porté régionale de cet atelier spécifique était

guerres par procuration menées par les groupes armés

largement limitée aux questions relatives aux quatre

clandestins à travers les frontières, ont contribué à leur

pays suivants: le Burundi, le Rwanda, l’Ouganda et la

prolongation car les acteurs et les problèmes au centre

République Démocratique du Congo (RDC), et dans une

de ces batailles changent constamment de bases. Ces

moindre mesure la Tanzanie et le Kenya. Environ 35

violents confl its continus ont donné lieu à des crises

parties prenantes clé issues des gouvernements, des

humanitaires, l’augmentation du nombre de personnes

milieux académiques, des partenaires de développement

déplacées et la pauvreté issue de la perte des moyens

et des organisations de la société civile (OSC) de ces pays

de subsistance et de la sécurité. Parmi les thèmes

s’y sont retrouvés. Neuf exposés ont été faits sur des thé-

importants qui ont dominé les confl its dans la région on

matiques régionales telles que les éléments catalyseurs

compte l’exploitation illégale des ressources naturelles,

et facteurs clé de confl its; l’analyse des groupes armés

la prolifération d’armes légères et de petits calibres

clandestins; les confl its et les violences sexuelles et sex-

(ALPC), les groupes armés clandestins, la violence

istes; les ressources naturelles et les confl its; le rôle des

sexuelle et sexiste, les déplacements de populations, et

organes régionaux dans la promotion de la paix durable ;

l’ethnicité transfrontalière. Malgré les nombreux efforts

les déplacements forcés et les confl its ; les implications

visant à y apporter des solutions, ces confl its persistent

régionales des confl its sur le développement politique,

et continuent d’avoir un profond impact sur les commu-

économique et social ; et la dimension des Droits de

nautés et la stabilité de la région.

l’Homme de la CIRGL.

Le développement progressif et la sécurité humaine

Au terme de l’atelier, les participants se sont engagés

de la région nécessitent crucialement d’adresser les

à développer des initiatives nationales et régionales pour

dimensions régionales de ces confl its jusque là ignorées.

traiter des causes fondamentales des conflits et de la

Au vue des défis auxquels ont fait face les précédentes

violence, promouvoir la démocratie inclusive, la bonne

tentatives et en tenant compte du caractère fluide des

gouvernance et les capacités de l’état ; améliorer la

dynamiques de ces confl its, il est important d’examiner

justice, les Droits de l’Homme et l’état de droit ; renforc-

de manière constant les dynamiques qui en forment la

er les capacités régionales ; et promouvoir l’utilisation

base afi n d’élaborer et produire des interventions mieux

judicieuse des ressources naturelles communes. A la

informées et plus viables. La Conférence Internationale

suite de l’atelier, l’ISS a été mandatée de la coordination

sur la Région des Grands Lacs (CIRGL), le Centre Régional

d’une réunion de partenaires pour articuler une feuille

des Nations Unies sur les Armes Légères et de Petits

de route régionale pour une paix durable dans la Région

Calibres (RECSA) l’Institut d’Etudes de Sécurité (ISS) ont

des Grands Lacs et promouvoir une meilleure coordina-

été impliquées de manière variée dans différents aspects

tion et cohérence dans les initiatives existantes et aussi

des confl its de la région. C’est dans ce contexte que ces

faire face aux défis et manquements actuels.

Rapport d’atelier

v

Résumé des exposés de l’atelier Neuf exposés thématiques ont été faits pendant l’atelier

nécessite des solutions urgentes à multiples facettes.

dans l’ordre ci-dessous. Les cinq exposés complets suiv-

Les dynamiques de la prolifération incluent l’offre, la

ront dans la section subséquente.

demande et la mauvaise utilisation, ce dernier aspect étant la principale source d’inquiétude. Les dimen-

Principaux facteurs et catalyseurs de conflits dans la Région des Grands Lacs

sions régionales de cet aspect des confl its sont surtout

Andrews Atta-Asamoah

pause au développement post-confl it. Les estimations

Institut d’Etudes de Sécurité

évidentes au niveau des retombées qu’a la prolifération des ALPC à travers les frontières et les entraves qu’elle du nombre d’ALPC en circulation ne sont pas fiables.

D’entrée de jeu, l’exposé à affi rmé que les confl its de la

Afi n de traiter du problème de la prolifération des ALPC,

Région des Grands Lacs ont atteint une certain visibilité,

il est nécessaire de tenir compte du fait que le mauvais

mais il n’en reste pas moins que ces derniers ont été

usage de ces derniers n’est que symptomatiques de

beaucoup plus étudiés d’un point de vue national plutôt

causes plus fondamentales telles que la pauvreté, le

que régional. Les facteurs et dynamiques des confl its de

chômage des jeunes, et l’aliénation politique et sociale.

la région constituent désormais un complexe sécuritaire

Par conséquent, bien que les ALPC constituent une

régional et en tant que tel, nécessitent une analyse au

source d’inquiétude immédiate dans les confl its des

niveau régional afi n de bien saisir les dynamiques de

Grands Lacs, pour atténuer leur impact il est nécessaire

cet aspect régional. L’exposant définit les facteurs de

d’adresser d’autres causes fondamentales à l’origine

confl its et autres éléments catalyseurs en en identifia six

de leur demande dans la région. En dehors du fait que

principaux selon leurs dimensions régionales : l’aspect

les ALPC ont impact non sur la létalité du conflit, leur

transnational de l’ethnicité; les politiques d’exclusion

longue durée de vie pause également des risques de

(politique, ethnique et générationnelle) ; la faiblesse de

mauvais usage continu même bien après que le conflit

l’état, et les vides de gouvernance et de sécurité qui en

soit résolu. Les initiatives régionales visant à faire face

découlent; la présence de ressources naturelles fongibles

à la prolifération des ALPC nécessiteront une coopéra-

et exploitables qui servent au financement de la guerre ;

tion entre les forces de l’ordre, une réforme générale du

les acteurs cupides ; et la prolifération des armes légères

secteur de la sécurité, et un changement de focalisation

et petits calibres (ALPC). Aborder la Région des Grands

des ALPC vers des objectifs holistiques tels que la gouv-

Lacs comme un complexe sécuritaire régional constitu-

ernance pour la paix et la stabilité.

erait une stratégie pour cibler les facteurs de conflits régionaux tout en atténuant simultanément les facteurs de confl its nationaux.

Armes légères et conflits dans la Région des Grands Lacs Francis Wairagu

Centre Régional des Nations Unies sur les Armes Légères et de Petits Calibres

Analyse des groupes armés clandestins dans la Région des Grands Lacs Singo Mwachofi

Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs

Dans cette analyse, les groupes armés clandestins sont classifiés comme rebelles ou milices. Les mouvements rebelles sont défi nis comme des groupes basés dans un ou plusieurs pays et ayant pris les armes contre un

L’exposé a mis en exergue la prolifération des armes

gouvernement pour des raisons politiques, économiques

légères et des petits calibres (ALPC) et son impacte sur

et idéologiques ; tandis que les milices sont des groupes

l’accentuation de la nature violente des confl its. A cause

organisés clandestins opérant sur un territoire défini

de leur usage légitime par les gouvernements, les ALPC

d’un pays spécifique et ayant des objectifs politiques

ne peuvent pas être prohibés – cependant, leur mauvaise

ou économiques. La prévalence des groupes armés

utilisation est devenue un fardeau pour la région et

clandestins dans la Région des Grands Lacs est en partie

vi

Institute for Security Studies

Compilé par Nyambura Githaiga

le résultat de violents confl its et de la prolifération

d’application des lois et la faiblesse de l’infrastructure;

subséquente des ALPC dans la région. Il existe trois

la situation de l’industrie minière, qui est en grande

principaux groupes armés clandestins de la région qui

partie informelle et non-réglementée; et la prévalence

opèrent hors de leur pays d’origine. Il s’agit des Forces

des groupes armés dans la région et leur usage des res-

Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR) du Rwanda

sources comme moyens de fi nancement des confl its. Par

à l’Est de la RDC; l’Armée de Résistance du Seigneur

conséquent, les ressources naturelles qui devraient prof-

(LRA) à l’Est de la République Centre Africaine, au Nord-

iter à la région sont exploitées illégalement pour financer

Ouest de la RDC et au Soudan Australe ; et les Forces

les confl its en l’absence de l’état de droit. Les dimensions

Démocratiques Alliées (ADF) dans l’Est de la RDC. En

régionales des ressources naturelles dans les confl its

dehors des mouvements rebelles il y a également des

sont exemplifiées par les activités transfrontalières des

milices telles que Mai Mai Cheka, Mai Mai Kifuafua,

groupes armés clandestins, les réseaux de contrebande

Mai Mai APCLS, Mai Mai Pareko et Mai Mai Yakutumba

régionaux, le commerce de ressources naturelles il-

qui sont actives dans l’Est de la RDC. Les groupes

légalement exploitées et les confl its inter-états sur les

clandestins profitent de l’effondrement de l’état de droit

ressources naturelles communes. Bien que briser le lien

et survivent essentiellement de l’exploitation illégale

entre les ressources naturelles régionales et les confl its

des ressources naturelles, d’extorsion et de pillage des

demande une solution régionale, la volonté et la capacité

villages. Bien qu’il y ait plusieurs causes à l’origine de

des pays respectifs à domestiquer et mettre en pratique

la création de ces groupes (par exemple la rébellion

les règlements visant à traiter du rôle des ressources

politique), leur mode de subsistance est caractérisé par

naturelles dans ces confl its reste un défi.

des violations de Droits de l’Homme telles que le viol,

Ceci dit, la sensibilisation autour de l’impact négatif

les enlèvements et le pillage. De plus, leur présence a

des confl its fi nancés par les ressources naturelles est

aggravé la crise humanitaire dans les zones de confl its,

de plus en plus grandissante, de même que l’imposition

accru la prolifération des ALPC illégales, et exacerbé

continue de normes internationales strictes sur

l’exploitation illégale et le trafic des personnes et des

l’exploitation et le commerce des ressources. Les pays

ressources naturelles. Les dynamiques régionales des

de la région se doivent de réagir vite afin de prévenir

groupes armés dans les confl its de la région affectent

les effets négatifs que la mise en œuvre de ses normes

négativement les relations inter-états sur plusieurs plans

pourrait avoir sur les économies dépendantes de ces res-

et nécessitent donc des stratégies régionales concertées,

sources naturelles dans la région.

afi n d’atténuer la vulnérabilité des populations et renforcer la coopération entre les états.

Ressources naturelles et conflits dans la Région des Grands Lacs Nyambura Githaiga

Institut des Etudes de Sécurité

Déplacements forcés et conflits dans la Région des Grands Lacs Dr Khoti Kamanga

Centre d’études sur les Migrations Forcées

Le terme ‘déplacement forcé’ est celui qui saisit le mieux le type de mouvement humain dont il est question ici et

Les liens entre les ressources naturelles et les confl its

qui a le plus grand impact sur les confl its. Parmi les dé-

dans la région sont aussi bien directs qu’indirects. Les

placés forcés on compte les demandeurs d’asile déplacés

liens directs font référence à deux ou plusieurs états qui

de force, les réfugiés de tout genre, et les personnes

s’affrontent pour l’exploitation de ressources naturelles

déplacées internes (PDI). Le terme ‘réfugié’ désigne les

présentes le long de frontières communes ; tandis que

demandeurs d’asile rejetés, les personnes en situation ir-

les liens indirects font référence à l’exploitation illégale

régulière, les individus naturalisés mais non intégrés, les

des ressources naturelles dans le but de fi nancer les

sans papiers, les personnes en voie de retour et celles en

confl its dans la région. Les ressources naturelles non

voie de rapatriement. Suite au nouvel élan apporté par

renouvelables, exploitables et génératrices de revenus

l’impact du régionalisme sur les déplacements et migra-

jouent ainsi un rôle primordial dans la régionalisation

tions forcés, on note un déclin du nombre de réfugiés et

de l’insécurité, la prolifération des ALPC, des violents

une croissance du nombre d’immigrés clandestins dû

confl its et des réseaux de contrebande régionaux. Les

à la traite des êtres humains, à la contrebande, et aux

dynamiques régionales entre les ressources naturelles et

conditions environnementales et climatiques hostiles.

les confl its constituent elles aussi un complexe sécurit-

La réponse à ces flux migratoires mixtes a été intensifiée

aire à cause des défis contextuels tels que la multiplicité

par des mesures restrictives, la sécurisation de l’asile

des acteurs et des facteurs contributeurs; les défi s de

et l’effondrement des systèmes d’asile et de migration.

gouvernance liés à une faiblesse de l’état, le manque

Dans la région, le lien entre les déplacements et les

Rapport d’atelier

vii

Dimensions régionales des conflits dans les Grands Lacs

confl its est un cercle vicieux et continu, caractérisé par

alimentent l’insécurité et peuvent donc mener au

de violents confl its qui à leur tour produisent des PDI et

renouvellement des confl its. L’absence d’institutions na-

des réfugiés. Ces derniers augmentent la pression sociale

tionales indépendantes et actives des Droits de l’Homme

et créent ainsi des tensions internes et régionales qui par

pause un problème au suivi des violations des Droits de

la suite, servent de fondements aux conflits. Les déplace-

l’Homme à l’échelle régional. Les efforts du CIRGL pour

ments engendrent eux aussi des confl its de manière

l’amélioration des Droits de l’Homme dans la région in-

directe ou indirecte. A la base des violents conflits et

cluent la facilitation des bonnes pratiques et le renforce-

des déplacements se trouvent des défis locaux liés à la

ment des fora régionaux sur des systèmes conjoints de

gouvernance, l’égalité socio-économique, la géopolitique,

suivi des Droits de l’Homme, à travers des ateliers et des

la dégradation de l’environnement et les stratégies

projets, ainsi que l’établissement d’un Centre Régional

d’adaptation au climat. La situation persistante des ré-

pour la Démocratie, la Bonne Gouvernance, les Droits

fugiés dans la Région des Grands Lacs doit être prise en

de l’Homme et l’Education Civique pour la Région des

compte et un plus grand nombre de ressources doit être

Grands Lacs, dans le but d’améliorer la prévention des

orienté vers la réalisation d’une plus grande cohérence

confl its et l’alerte précoce sur le base du suivi des Droits

entre les politiques, les lois et les pratiques, tout en

de l’Homme.

maintenant un équilibre entre la gestion du contrôle des frontières et la protection légitime des besoins des immigrés.

Jeter des Ponts dans les Grands Lacs: Mise en œuvre de la dimension des Droits humains de la Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs Dr Isabell Kempf

Conseiller régional sur les Droits de l’Homme, HCDH, CIRGL

Les conflits et les violences sexuelles et sexistes Nathan Byamukama

Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs

La recrudescence des violences sexuelles et sexistes (VSS) dans les confl its de la Région des Grands Lacs constitue un problème grave. L’impacte psychologique néfaste à long terme des VSS sur les femmes, hommes et enfants affectés a des implications négatives sur

Reconnaitre que les confl its nationaux et les violations

leur contribution à la croissance et au développement

des Droits de l’Homme dans la Région des Grands

régional. Bien que la défi nition des VSS incluent les

Lacs ont une dimension régionale, c’est reconnaitre

(tentatives de) viols, les abus et exploitations sexuels et

l’interconnexion des peoples de la région, de sorte que

les mariages précoces forcés, la violence domestique,

l’instabilité d’un pays affecte les pays voisins. Des

la traite et la mutilation génitale des femmes, l’exposé

institutions telles que la Conférence Internationale sur

s’est essentiellement focalisé sur les deux aspects que

la Région des Grands Lacs (CIRGL) servent de points

sont le viol et les abus sexuels. Une approche à trois

d’entrée pour la protection des Droits de l’Homme dans

dimensions est nécessaire dans la lutte contre les VSS,

la région. Le Pacte du CIRGL sur la Sécurité, la Stabilité

notamment à travers la lutte contre l’impunité, l’aide

et le Développement dans la Régions des Grands Lacs

aux victimes et la prévention de la violence. La plupart

traite des causes fondamentales des violents conflits

des initiatives se sont focalisées sur la lutte contre

dans la région à travers certains protocoles et projets

l’impunité et l’aide aux victimes, mais il y a eu très peu

de Droits de l’Homme. Ceux-ci incluent la lutte contre

d’interventions stratégiques sur la prévention des VSS.

la violence sexuelle, les droits des personnes déplacées

Les recherches sur les VSS dans la région indiquent une

internes et en voie de retour, la lutte contre l’exploitation

forte incidence de viols massifs de femmes, d’hommes

illégale des ressources naturelles, un centre régional

et d’enfants par des gangs armés ou des civils pour des

sur la bonne gouvernance, la démocratie et les Droits de

raisons rituelles, de vengeance et de purgea ethnique. La

l’Homme (avec un observatoire des Droits de l’Homme),

stigmatisation sociale associée aux VSS a fait en sorte

la prévention des génocides, la lutte contre l’impunité

qu’un grand nombre de cas passent inaperçus, surtout

et le suivi des élections. Il existe des défis relatifs au

ceux concernant des hommes victimes de VSS. De plus,

respect des Droits de l’Homme à cause de l’absence

les instruments légaux contre les VSS semblent ne pas

ou de la faiblesse des institutions et organisations

adresser la question de la protection des hommes. Cela

nationales des Droits de l’Homme indépendants. L’une

veut dire que les victimes continuent de mener des vies

des questions à traiter consiste à savoir s’il convient de

dysfonctionnelles avec des traumatismes psychologiques

donner priorité à la paix et la réconciliation au détriment

et physiques qui affectent leurs capacités à mener des

de la justice pour les victimes d’abus, en tenant compte

vies productives. L’impunité est généralement perçue

du fait que les abus des Droits de l’Homme et l’impunité

comme la cause du caractère rampant des VSS, mais les

viii

Institute for Security Studies

Compilé par Nyambura Githaiga

poursuites judiciaires et les punitions ne représentent

sur l’auto-défense, et la confluence des confl its armés

qu’une partie de la solution. L’attention doit être portée

internes et inter-états, ainsi que les violations trans-

vers la prévention des VSS en traitant leurs causes

frontalières des Droits de L’Homme. Sur le plan social,

fondamentales dans la Région des Grands Lacs. Le con-

les implications des confl its se caractérisent par un

texte des violents confl its dans la région présente pour

impact sur la violence sexuelle et sexiste sur les femmes,

certains un style de vie atypique, qui consiste à faire

les homes et les enfants, les effets psychologiques

usage de la force pour subvenir aux besoins en l’absence

du traumatisme qu’elle cause, les déplacements des

de l’état de droit. Les instruments du CIRGL tels que les

populations, et l’intensification de la vulnérabilité à

protocoles sur les VSS, la non-agression, les ressources

travers l’accès limité aux services sociaux. Parmi les

naturelles et la prévention des génocides, contribuent

défis auxquels font face les initiatives d’intervention

tous à faire face aux problèmes systémiques autour des

visant à atténuer ces implications au niveau régional, il

VSS et ainsi, à améliorer la prévention de ce type de

y a l’absence de démocratie interne et de gouvernance

violence.

politique au niveau des pays membres, les facteurs de confl its provenant de l’extérieur de la région des Grands

Les implications régionales des conflits sur le développement politique, social et économique dans la Région des Grands Lacs

Lacs, les multiples cadres régionaux et l’engament poli-

Dr Frank Muhereza

démocratiques et faire face à la pauvreté et autres condi-

Centre de recherches des bases

tique des pays membres vis-à-vis de ces derniers, ainsi que les contradictions qui existent dans les interventions occidentales telles que le « droit de projet ». Les états membres devraient s’efforcer de renforcer les réformes tions qui ont poussé les populations à avoir recours à de

L’interconnexion des confl its armés dans la Région des

violents confl its. Au niveau régional, les pays devraient

Grands Lacs a eu un impact politique, économique et

améliorer la coopération transfrontalière et multiplier

social sur l’ensemble de la région. Parmi les éléments

les projets d’intégration économique et d’harmonisation

d’interconnexion on compte le la proximité territori-

des cadres stratégiques pertinents. Des efforts devraient

ale, les ressources transfrontalières et les ethnicités

être faits afi n d’accroitre les investissements envers une

transnationales. Chaque confl it de la région est lié à au

interdépendance visible et l’appui à la stabilité bilatérale

moins un ou plusieurs autres sur le plan des causes, des

pour tous les pays de la Région des Grands Lacs.

acteurs ou des intérêts des acteurs et pourvoyeurs de ce confl it. La régionalisation des conflits est évidente à travers les opérations transnationales des groupes armés, la composition des forces belligérantes, la régionalisation des agendas militaires, le flux des réfugiés et l’extériorisation des confl its internes. Les coûts directs des confl its armés dans la région se font ressentir à

Le rôle des organes régionaux dans la promotion de la paix durable dans la Région des Grands Lacs Dr Connie Mumma-Martinon Chercheur consultant

travers la réduction de la formation des capitaux, la

Les organes régionaux actifs dans la Région des Grands

perte du produit domestique brut cumulé, la destruction

Lacs (plus précisément au Burundi, en RDC, au Rwanda

de l’infrastructure, et le détournement des capitaux

et en Ouganda) sont les suivants: La Conférence

fi nanciers de l’état d’un usage productive pour dépenses

Internationale sur la Région des Grands Lacs (CIRGL),

liées au fi nancement des confl its, notamment les

la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Est (EAC),

besoins militaires, médicaux et humanitaires. Les coûts

la Communauté Economique des Etats de l’Afrique

économiques indirectes des conflits incluent la perte

Centrale (CEEAC), La Communauté Economique des Pays

des revenus de l’état à cause de l’exploitation illégale

des Grands Lacs (CEPGL) et le Marché Commun d’Afrique

des ressources menée par les entrepreneurs de confl its,

de l’Est et Australe (COMESA).

la dégradation des ressources environnementales et

La plupart de ces organes ont été initialement

naturelles, la réduction des échanges régionaux, le poids

créés pour promouvoir la croissance économique et

des flux de réfugiés et les prestations de service dysfonc-

l’intégration régionale, mais ont étendu leur mandat

tionnels, qui contribuent tous à renforcer la pauvreté.

pour inclure les questions de sécurité également.

Sur le plan politique, les implications régionales des con-

Le succès de ces organes régionaux a été négative-

fl its ont été ressenties dans la dégradation des relations

ment affectés par le caractère intraitable et prolongé des

diplomatiques, la destruction des institutions étatiques

confl its dans la région, une forte dépendance vis à vis

(qui à son tour contribue à la fragilisation de l’état),

des fonds externes, une faible capacité institutionnelle,

les dépenses militaires inadéquatement compétitives

des processus de prise de décision lents, la multiplicité

Rapport d’atelier

ix

Dimensions régionales des conflits dans les Grands Lacs

des organes et le manque d’harmonisation stratégique,

régionaux ont besoin de mieux coordonner leurs

le manque de responsabilité envers les civiles qui

stratégies afi n de faire face aux dimensions régionales

sont les plus affectés par les confl its, et l’absence de

des confl its dans la Région des Grands Lacs. Comme

cohérence au niveau des perceptions et des approches de

point de départ, il faudrait une compréhension plus

résolutions de conflits dans la région.

cohérente des causes fondamentales des confl its dans

Les défi s respectifs des pays membres ont eux aussi

la région et une approche de mitigation commune.

un impact sur le niveau d’efficacité de ces organisa-

Les organes régionaux doivent également améliorer

tions régionales selon les capacités des états à ap-

leur capacité à appliquer les protocoles régionaux et

pliquer l’état de droit, la présence de faibles infrastruc-

soutenir les états membres dans la domestication et la

tures et le déclin des services publiques. Les organes

vulgarisation de ces cadres.

x

Institute for Security Studies

Documents de travail de l’atelier Armes légères et conflits dans la Région des Grands Lacs Francis K Wairagu

Ressources Naturelles et conflits dans la Région des Grands Lacs Nyambura Githaiga

Déplacements forcés et conflits dans la Région des Grands Lacs Dr Khoti Chilomba Kamanga

Jeter des Ponts dans les Grands Lacs : mise en œuvre de la dimension des Droits humains de la Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs Dr Isabell Kempf

Le rôle des organes régionaux dans la promotion de la paix durable dans la Région des Grands Lacs Dr Connie Mumma-Martinon

Armes légères et conflits dans la Région des Grands Lacs Francis K Wairagu Centre régional sur les armes légères et de petit calibre

INTRODUCTION

monde, si l’on compte celles des civils, celles qui servent

La prolifération des armes légères et de petit calibre

plus grande partie de ces armes dans le monde -environ 75

(ALPC) a un impact négatif énorme sur les situations de

pour cent du nombre total qui a pu être établi- appartien-

conflit violent. Il existe partout dans le monde un trafic

nent à des civils.2 Dans la majorité des cas, les chiffres

illicite d’ALPC, mais celui-ci est concentré dans les zones

qu’on possède sur les propriétaires d’armes à feu viennent

où sévissent des conflits armés, des violences et une

bien souvent d’estimations faites par des observateurs bien

criminalité organisée, c’est-à-dire là où il y a une demande

informés, et leurs évaluations sont utiles, mais peuvent

souvent plus importante pour ces armes illégales.

différer énormément. Il est difficile d’établir exactement le

à l’application de la loi et celles qui servent à l’armée. La

Le trafic d’armes alimente les guerres civiles et les

nombre d’armes illégales qui sont en circulation où que ce

confl its régionaux ; il approvisionne l’arsenal des terror-

soit, et c’est pourquoi les chercheurs et les organismes en

istes, des cartels de la drogue et autres groupes armés ;

général sont peu enclins à donner des chiffres. Du fait que

et il contribue aux crimes violents. L’afflux de trafic et la

la possession de ces armes à feu est illégale, il est difficile

facilité avec laquelle on peut se procurer des ALPC entre-

d’aller recueillir des données fiables auprès de ceux qui les

tiennent l’instabilité et le confl it et sont une menace au

possèdent. Il est également intéressant de noter que ces

développement durable dans les pays affectés.

chiffres concernent les armes à feu et que les estimations

1

Depuis des années, la Région des Grands Lacs d’Afrique a terriblement souffert des confl its et de la

quant aux autres ALPC restent très vagues. Les armes légères sont la cause de la grande majorité

violence des armes. La prolifération et l’usage illégal des

des morts directement liées aux confl its sévissant dans

ALPC ont ainsi lourdement accablé la région et exigent

le monde entier et ce sont, maintenant plus que jamais,

que soient apportées des solutions urgentes présentant

les populations civiles qui subissent le plus fort des con-

des facettes multiples et concernant des secteurs mul-

fl its armés, et de plus en plus, les enfants. Ces armes ne

tiples. Le fait que ces armes aient des usages légitimes

sont pas seulement largement utilisées dans les confl its

dans le domaine de l’armée, de la police et des civils,

entre états, mais ce sont aussi les armes de prédilection

s’agissant d’assurer la sécurité de l’Etat, le respect de la

dans les guerres civiles, pour le terrorisme, la criminal-

loi et le maintien de l’ordre, ainsi que pour l’autodéfense,

ité organisée, la piraterie et les guerres des gangs.3 Les

rend leur prohibition indésirable et peu réaliste.

armes les plus utilisées dans les confl its en Afrique sont

Etant donné que la plupart des armes illégales font

les fusils d’assaut Kalachnikov. Une très grande majorité

leur première apparition en tant qu’approvisionnement

de ces armes et de leurs munitions –peut-être 95 pour

légal par l’intermédiaire d’agents agréés, on s’oriente

cent- vient de l’extérieur de l’Afrique.4

actuellement, pour faire face aux problèmes liés aux

La prolifération des armes légères dans certaines

ALPC, vers un contrôle et une gestion des ALPC aussi

parties de la Région des Grands Lacs remonte à l’époque

bien légales qu’illégales, plutôt que vers leur éradication.

précoloniale, époque à laquelle les marchands d’esclaves

Des recherches menées sur les armes légères ont montré qu’il y en a, au moins 875 millions dans le

Rapport d’atelier

et les chercheurs de trésors tels que l’ivoire et les richesses minérales fournissaient des armes en échange

3

Dimensions régionales des conflits dans les Grands Lacs

de certaines marchandises. Les guerres de libération

conçues pour ou qui peuvent facilement être modifiées

contre le colonialisme ont amené une nouvelle vague

pour propulser des plombs, une balle ou un projectile

de prolifération et c’est pendant la période de la guerre

sous l’action d’un explosif, et toute autre arme ou tout

froide qu’elle fut à son maximum, alors qu’on dressait

engin de destruction du type bombe explosive, bombe

les régimes de la région les uns contre les autres et que

incendiaire ou bombe à gaz, grenade, lance-roquettes,

le côté qu’ils soutenaient leur fournissait des armes.

missile, système de missiles ou mine. Les armes légères

La période de l’après-guerre froide fut l’occasion d’un

comprennent également les ‘munitions’ qui peuvent con-

nouveau flux d’armes puisque maintenant les régimes

sister en une cartouche complète ou ses composantes,

soutenus par ce système bipolaire s’effondraient et que

y compris les douilles de cartouches, les amorces, la

la démocratisation et de nouveaux systèmes de gouvern-

poudre propulsive, les balles ou projectiles qui sont uti-

ance faisaient leur apparition dans la région. Il y a des

lisés avec une arme légère ou de petit calibre, ainsi que

facteurs issus de cette dernière phase qui représentent,

tout élément, toute pièce détachée ou pièce de rechange

aujourd’hui encore, un défi à la gouvernance et à l’état

qui sont essentiels à son fonctionnement. D’autre part,

de droit dans certains des états de la région.

les armes de petit calibre sont définies comme des armes

Si la prolifération des ALPC joue un rôle significatif

portatives conçues pour être utilisées par plusieurs per-

dans la subsistance et la gravité des conflits, par ailleurs,

sonnes faisant partie d’une équipe. Elles comprennent

les confl its de la région sont provoqués par le concours

les mitraillettes lourdes, les canons automatiques, les

de plusieurs facteurs, incluant des disputes historiques

obusiers, les mortiers d’un calibre inférieur à 100 mm,

concernant les territoires et des disputes actuelles con-

les lance-grenades, les armes antichars et les lanceurs,

cernant le gouvernement de la nation et la distribution

les fusils sans recul, les roquettes tirées à l’épaule, les

des ressources de l’Etat. Le fait qu’on puisse facilement

armes anti-aériennes et les lanceurs, et les armes de

se procurer des armes a pour conséquence que les

défense anti-aérienne.7 On remarquera toutefois que

éventuels belligérants vont opter pour la violence plutôt

ces défi nitions ont leurs limites si l’on considère les

que pour la négociation pour tenter de faire aboutir leurs

avancées technologiques actuelles grâce auxquelles

revendications. L’abondance des armes a contribué à

des armes de plus gros calibre peuvent être actionnées

la gravité, à la durée et à l’étendue géographique des

par une personne seule ou être contrôlées à distance. Il

guerres qui ont éclaté ces derniers temps. En ce sens, la

est donc nécessaire de s’interroger d’autant plus sur les

prolifération des armes est un facteur significatif dans la

défi nitions actuellement dites opérationnelles des ALPC.

dynamique du confl it contemporain.5

La dynamique de la prolifération des armes illicites tourne autour de trois aspects, qui sont : l’offre, la

LES ARMES LÉGÈRES ET DE PETIT CALIBRE ET LA DYNAMIQUE DE LA PROLIFÉRATION : DÉFINITIONS

demande et l’usage illégal. Il y a là une grande dif-

Bien qu’il ait été difficile d’arriver à un accord interna-

simple présence (offre) d’armes et le désir d’en posséder

tional quant à la définition des armes légères et de petit

(demande) en soi qui posent problème, mais c’est lorsque

calibre, il existe une définition générale opérationnelle

les armes sont utilisées de façon illégale dans des

dont on peut s’inspirer. Les armes légères sont des armes

confl its et pour des activités criminelles que cela pose

conçues pour un usage individuel et peuvent inclure des

problème. On risque de s’égarer en se concentrant trop

pistolets, des pistolets mitrailleurs, des fusils d’assaut

sur le commerce illicite d’armes, car ce dernier ne peut

et des mitraillettes légères. Les armes de petit calibre

être très précisément isolé d’autres types de transferts

sont conçues pour être déployées et utilisées par une

tels que les ventes autorisées mais détournées.8

équipe de deux personnes ou plus et comprennent

férence avec la dichotomie la plus couramment admise en matière de contrôle des armes et qui repose sur l’aspect offre contre demande : en effet, ce n’est pas la

Les armes légères ne prolifèrent pas toutes seules. C’est

des lance-grenades, des canons antiaériens et canons

à la demande de gouvernements et/ou de civils qu’elles

antichars portatifs et des lance-missiles, des fusils sans

sont conçues, produites et fournies. Elles sont vendues,

recul et des mortiers d’un calibre inférieur à 100 mm.6

revendues, peut-être volées, détournées et peut-être trans-

Le protocole de Nairobi, qui est un instrument régional

férées légalement ou illégalement encore plusieurs fois. En

de contrôle des armes, définit les armes légères comme

fin de compte, elles sont utilisées et réutilisées pendant

des armes destinées à un usage personnel, du type

et après les conflits. A chacun des moments critiques de

mitraillettes légères, mitraillettes, y compris les pistolets

cette chaine complexe de transferts licites et illicites, des

mitrailleurs, fusils automatiques et fusils d’assaut,

personnes, des courtiers, des insurgés, des criminels, des

ainsi que fusils semi-automatiques. Dans ces armes

fonctionnaires des gouvernements, et/ou des groupes

sont aussi classés : toutes les armes à canon portatives

organisés participent activement à ce processus. C’est là

4

Institute for Security Studies

Compilé par Nyambura Githaiga

un fait simple dont doivent découler la réglementation et

services militaires, des compagnies aériennes louches et

le contrôle de ces armes.9

des contrebandiers locaux, pour venir attiser les conflits existants et faciliter l’émergence de nouveaux confl its sur le continent.11 L’instabilité qui s’ensuivit dans les régimes

CONTEXTE HISTORIQUE DE LA PROLIFÉRATION DES ALPC DANS LA RÉGION

devenus orphelins encouragea encore l’acquisition de

L’usage d’armes dans les conflits humains remonte à des

pour ouvrir la voie à des compagnies du Bloc de l’Est a fait

temps immémoriaux. L’usage d’ALPC au sein de la Région

baisser les prix des ALPC.

nouveaux stocks dans la mesure où ces régimes voulaient rester au pouvoir. La recherche de marchés peu chers

des Grands Lacs est le résultat de certaines avancées dans

La vague de démocratisation des années 1990 sur le

la technologie de la guerre. Alors qu’au départ celles-ci

continent a également affecté la Région des Grands Lacs.

étaient utilisées par les commerçants arabes pour chasser

Dans la plupart des cas, les régimes post-indépendance

l’éléphant et d’autres animaux sauvages pour leurs

se sont accrochés au pouvoir grâce à des manipulations

trophées, ainsi que pour leur propre protection, le fait que

et des tendances dictatoriales, provoquant, dans certains

les populations régionales aient combattu aux côtés des

de ces pays, une instabilité interne. Cette instabilité

régimes coloniaux au cours des Première et Deuxième

a, à son tour, mené à la prolifération des ALPC, et ce

Guerres mondiales a eu pour effet d’introduire des armes

jusqu’à nos jours. Certains de ces régimes, luttant pour

dans ces populations, bien que ce fût en petit nombre. Le

leur survie, ont recruté des milices et groupes tribaux

problème, c’est que la plupart des armes à feu survivent

comme armées politiques. Des armes leur ont été

toutefois beaucoup plus longtemps que les confl its pour

fournies sans qu’on ne leur demande de rendre aucuns

lesquels on se les est procurées. Par exemple, il reste

comptes. Cela a même présenté un défi lors du processus

encore certaines armes de la Deuxième Guerre mondiale

de désarmement, car il s’est avéré impossible de déter-

qui sont en circulation dans la région.

miner le nombre d’armes que l’on attendait. La marginalisation historique de certaines commu-

De nombreux facteurs, aussi bien internes qu’externes,

nautés ou zones considérées comme périphériques par

ont contribué à la culture effrénée de la violence qui

rapport à l’Etat de certains pays a eu pour conséquence

déchire et monte les uns contre les autres les états

d’y installer l’insécurité. Celles-ci ont alors réagi en

africains. C’est en plaçant le débat sur les ALPC au

s’armant afin de protéger leur vie ainsi que leurs moyens

point d’intersection entre les processus de gouvernance

de subsistance. C’est ce qu’on peut constater très claire-

internes et les influences externes qui les façon-

ment dans la plupart des communautés pastorales et

nent, qu’on en aura la vision la plus juste. Il est par

dans les zones semi-arides de la région de la Corne de

exemple exact de dire que la phase de mondialisation

l’Afrique, ainsi que dans certaines zones de la région

de l’après-guerre froide caractérisée par l’hégémonie

des Grands Lacs. La présence d’armes dans ces régions a

du marché et de la démocratie libérale constitue une

créé une culture de l’armement dans les communautés :

cause majeure de la violence structurelle dans le monde

le signe de la masculinité y est maintenant perçu comme

en développement, et notamment en Afrique. Mais

étant la possession d’armes.

malgré cela, l’effet d’affaiblissement de l’état africain

Notre approche visant à traiter des divers facteurs

par la mondialisation ne doit être compris que comme

déterminants conduisant à l’obtention illicite d’armes

ayant certes un rôle d’aggravation, mais tout en étant

doit être suffisamment vaste pour pouvoir inclure toute

un impact seulement secondaire dans l’effondrement

la gamme variée des facteurs et des circonstances qui

de la gouvernance interne. En conséquence, la

dominent dans la région. Les interventions politiques

prolifération des armes et la violence inextricable

réussiront là où les facteurs déterminants sont de

en Afrique doivent être remises dans le contexte du

nature politique, alors que là où il y a marginalisation et

projet de construction d’un Etat postcolonial.

exclusion, c’est une amélioration de la gouvernance et

10

une responsabilité assumée face aux populations et aux L’une des sources majeures d’ALPC dans la région con-

institutions en place qui permettra de réussir.

tinue de venir des stocks d’armes qui ont été déversés sur l’Afrique dans les années 1970 et 1980 par l’ancienne Union soviétique, les Etats-Unis et leurs alliés, afin d’alimenter des guerres interétatiques par adversaires

LES ARMES LÉGÈRES ET LES CONFLITS

interposés. Les armes qui restaient, ont fait leur chemin à

Au cours de ces dernières décennies, la Région des

travers des réseaux clandestins impliquant des courtiers

Grands Lacs a été victime de nombreux confl its

en armements peu scrupuleux, des sociétés privées de

armés. Leur dynamique est passée de celle de conflits

Rapport d’atelier

5

Dimensions régionales des conflits dans les Grands Lacs

intraétatiques à celles de guerres civiles à l’intérieur

faire entrer dans cette équation la nécessité de s’assurer

même des Etats plus récemment. Ceux-ci ont débordé

que les armes légères détenues par des civils ne puissent

sur les territoires des états voisins, et ont ainsi pris des

pas entrer dans le circuit illégal.17

dimensions régionales.

Dans les situations de confl its, les vies humaines

Ces confl its et l’insécurité qui les a accompagnés

sont gâchées puisque les jeunes gens consacrent toute

ont fait naître une forte demande pour des ALPC. Ainsi,

leur énergie à des confl its qui, à tous les niveaux de la

des civils ordinaires se sont mis à la recherche d’armes

société, sont générateurs de morts. En plus de toutes

pour se protéger eux-mêmes en l’absence de protection

ces morts qui pourraient généralement être évitées, des

officielle de l’Etat. Dans des situations où l’Etat aussi

centaines de milliers de personnes qui survivent à la vio-

bien que d’autres groupes sont acteurs dans le confl it,

lence armée se retrouvent avec des blessures, des handi-

les civils reçoivent des armes distribuées par tous les

caps permanents, et des désordres psychologiques.18

côtés.

Pour fournir des soins à ceux qui ont été blessés, les

12

La prolifération d’armes légères en Afrique pose un

communautés épuisent les ressources qui pourraient

problème majeur pour le développement. L’aspect peu

leur permettre de faire face à des responsabilités quoti-

coûteux de ces armes, la facilité avec laquelle on peut

diennes telles que la sécurité alimentaire et l’éducation.

se les procurer et les utiliser ont le potentiel d’attiser les

Pendant les périodes postérieures aux conflits, la

confl its, de fragiliser les accords de paix, d’intensifier

prolifération des armes légères représente un obstacle

la violence et l’impact de la criminalité, d’empêcher le

considérable au processus de développement post-

développement économique et social, et de faire obstacle

confl ictuel. Les investissements étrangers risquent

au développement de la stabilité sociale, de la démocra-

d’être limités à cause de la violence qui continue et de

tie et de la bonne gouvernance.13 En Afrique, les armes

la perception d’une insécurité. Lorsque des segments

à feu ne sont pas seulement des armes de prédilection,

considérables des infrastructures et de l’économie ont

mais aussi des armes de destruction massive.

été détruits durant le confl it, les pays dépendent de

14

La disponibilité et l’utilisation illégale d’armes à feu

l’assistance de la communauté internationale pour la

peut avoir toute une gamme d’impacts indirects, ceux-ci

reconstruction. S’ils ne peuvent pas se fier à la sécurité

pouvant, dans la plupart des cas, mettre en danger la vie

d’une communauté, les investisseurs risquent d’hésiter

des personnes. On compte parmi ces impacts le déplace-

à fournir des fonds pour le développement. Cela leur

ment de civils ; la militarisation des camps de réfugiés ;

coûterait probablement trop cher d’assurer la sécurité

l’érosion du développement durable ; la restriction de

de leurs employés et la protection des projets de

l’accès aux services de santé, à l’éducation et à la sécurité

développement.

alimentaire ; l’impossibilité d’utiliser certaines terres ;

De nombreuses armes légères restent en circulation

ainsi que les obstacles posés à l’assistance humanitaire et

et entre les mains des anciens combattants à la fi n des

à celle des personnels pour le développement et la santé.15

hostilités. Elles sont souvent utilisées pour commettre

Une étude récente menée par Oxfam ainsi que d’autres

des attaques armées criminelles et vont perpétuer

organisations de la société civile a fait ressortir qu’en plus

l’instabilité. Certains pays de la région ont vu monter

de la tragédie humaine que représentent ces confl its, les

la criminalité violente armée au moment même où le

conflits armés coûtent à l’Afrique environ 18 milliards de

confl it avait officiellement pris fi n. Le pouvoir de l’arme

dollars américains par an, et met donc sérieusement en

à feu peut facilement être interprété comme le pouvoir

échec son développement.

de l’individu, ce qui explique ce désir d’obtenir des

16

On peut en déduire que les

conflits sont un facteur qui contribue grandement aux

choses de l’autre par la violence. De nombreux anciens

niveaux de pauvreté dans les pays et régions affectés.

combattants ont toutes les chances de devenir candidats

Il est du devoir de tous les Etats souverains d’assurer

à des activités criminelles car ils ne disposent pas de

la sécurité publique et ces Etats devraient avoir à cœur

mécanismes pour faire face au stress psychosocial créé

d’assurer la sécurité humaine afi n de permettre le

par leur exposition à des violences extrêmes et à l’état

développement de leurs citoyens. Il leur appartient de

de dépression qui s’ensuit.

s’assurer que les armes restent bien entre les mains de

Il y a également des souffrances sociales à long

la police et des forces armées et sous leur responsabilité,

terme qui sont moins facilement quantifiables, mais

afi n de garantir que les stocks d’armes de l’Etat ne

qui affectent tout autant l’avenir des régions et pays

tombent pas entre les mains de ceux qui sont suscepti-

sujets aux confl its. Il peut s’agir des familles qui ont été

bles d’en faire mauvais usage. De plus, selon la théorie

déchirées, des enfants rendus orphelins, et des systèmes

du contrat social, ils ont l’obligation de protéger les

d’assistance sociale et économique qui ont été perturbés

citoyens et leurs propriétés contre tout confl it ou toute

par le confl it et la violence. Les écoles, les universités

menace. En conséquence, tout gouvernement doit bien

et les programmes de formation peuvent être dans

6

Institute for Security Studies

Compilé par Nyambura Githaiga

l’impossibilité de fonctionner à cause de la violence, du manque de personnel, ou du manque de ressources. De telles conditions vont considérablement limiter les

L’IMPACT DES ARMES LÉGÈRES DANS LES SITUATIONS DE CONFLIT

capacités de reconstruire et de fournir à la génération

S’il est difficile de séparer l’impact des armes légères

suivante certaines opportunités.19

dans le confl it de l’impact du confl it lui-même, il est

Les armes légères sont peu chères, peu encombrantes

cependant possible d’identifier l’héritage laissé par

et faciles à manipuler, à transporter et à cacher. Si

les armes légères des confl its armés. Etant donné la

l’augmentation du nombre d’armes légères ne peut en

longueur de la durée de vie des armes, celles-ci continu-

soi créer les confl its dans lesquels elles sont utilisées,

ent d’être disponibles longtemps après la fi n du confl it

leur accumulation excessive et leur disponibilité uni-

pour lesquelles elles ont été acquises. Si elles ne sont

verselle a cependant tendance à aggraver les confl its en

pas collectées et détruites, elles vont passer vers de

augmentant non seulement le pouvoir meurtrier et la

nouvelles zones où il y a une demande s’il règne une

durée des violences, mais aussi le sentiment d’insécurité

certaine instabilité, ou bien elles seront utilisées pour

qui engendre une plus forte demande d’armes.

des activités criminelles lorsque le confl it armé a pris

20

Du fait

que les armes légères sont peu chères et facilement dis-

fi n. Quelles que soient les circonstances qui l’entourent,

ponibles, il est aisé d’en faire l’acquisition. Ceux qui sont

l’utilisation illégale d’armes crée l’insécurité et empêche

équipés d’un nouvel arsenal d’armes ont maintenant

les personnes de jouir pleinement de la vie sociale.

tendance à provoquer les parties qui sont considérées

Lorsque les armes sont utilisées pour des activités

comme plus faibles, et cela exacerbe la violence. Les

criminelles, les attaques deviennent plus meurtrières

gens s’arment pour contrer les menaces présentées par

et répandent la peur dans le cœur des populations. Pour

ceux qu’ils perçoivent comme leurs ennemis, créant

réagir à cette situation, les gouvernements redirigent

ainsi un modèle circulaire de demande et de confl it

des ressources, déjà limitées, vers la lutte contre les

ayant pour but de tester les moyens et les compétences

criminels, aux dépens d’autres services sociaux tels que

des uns et des autres.

l’éducation et la santé. Les communautés, quant à elles,

C’est principalement en raison des confl its armés

réagissent à cette situation en investissant largement

que les gens s’enfuient de leurs maisons, et ces conflits

dans des services de protection personnelle tels que

sont donc aujourd’hui la cause la plus répandue de

des services de sécurité privés et des moyens de dis-

l’insécurité alimentaire, car les terres productives sont

suasion comme les systèmes de clôtures électriques et

abandonnées et les personnes compétentes sont relocal-

d’alarmes. Au bout du compte, il en résulte une baisse de

isées vers des terres ou des activités non-productives.

la qualité de vie dans les communautés affectées. Il est

Pour les pays qui sont plongés dans des confl its à long

même arrivé, dans certaines communautés pastorales,

terme ainsi que pour les états en crise où en phase

que les gardes armés par le gouvernement et chargés

post-confl ictuelle et pour les nations par ailleurs

de protéger les habitations se retournent contre leurs

théoriquement ‘en paix’, la violence armée a le potentiel

propres communautés et se lancent dans des activités de

d’aggraver la pauvreté, d’empêcher l’accès aux services

banditisme et de cambriolage.

sociaux, et de détourner l’énergie et les ressources des

Dans les situations de confl it armé, les services

efforts visant à améliorer le développement humain.

sociaux ou les interventions et l’assistance humanitaires

Ainsi, les pays qui souffrent de violence armée dans des

sont souvent retirés lorsque la vie des prestataires de ces

situations de criminalité ou de confl its réalisent souvent

services est menacée. Les communautés affectées sont

des performances très médiocres en ce qui concerne les

ainsi exposées à l’insécurité alimentaire, au manque de

Objectifs de développement du millénaire.21 S’attaquer

services de santé, au manque de services d’éducation,

au problème de la prolifération des armes légères et de la

puisque les institutions ferment, ainsi qu’à la disparition

violence armée qui l’accompagne, c’est donc s’attaquer

des compétences locales, puisque les professionnels

aux facteurs qui sont la cause du sous-développement et

préfèrent aller pratiquer leurs activités dans d’autres

de la pauvreté. On reconnait généralement que certaines

zones. Comme cela prend du temps pour reconstruire

conditions socio-économiques donnent à la violence

ces compétences, le développement est donc effective-

armée plus de chances de se développer et vont ainsi

ment ralenti.

accroître la demande d’armes. Réagir à ces causes pro-

Les coûts liés à l’accumulation de suffisamment

fondes pourra toutefois présenter des défi s, puisque les

d’armes et de munitions pour entretenir des confl its

éléments clés d’un tel programme, comme la réduction

(en particulier des conflits internes qui ne reçoivent

de la pauvreté, l’emploi pour les jeunes et la prévention

pas de soutien externe) sont énormes. L’acquisition

de l’aliénation sociale, entre autres, sont des objectifs de

d’armes et de munitions, que ce soit pour son auto-

développement difficilement quantifiables.

défense ou pour entretenir le confl it, appauvrit les

Rapport d’atelier

22

7

Dimensions régionales des conflits dans les Grands Lacs

communautés affectées. Dans les zones où opèrent des

à l’intention des états pour qu’ils puissent renforcer les

groupes rebelles, le pillage des villages et des entreprises

mesures pour le contrôle des ALPC ainsi que leur mise

commerciales, ainsi que des centres médicaux afi n de

en œuvre aux niveaux national et régional. Les états

pourvoir aux besoins des combattants dans les forêts,

qui se sont engagés dans ce processus ont également

fait faire marche arrière à tous les progrès qui ont pu

été encouragés à remettre des rapports annuels aux

être réalisés.

Nations Unies sur l’avancée de la mise en œuvre de ces

L’utilisation illégale d’armes légères conduisant à des

contrôles.24 Conformément aux dispositions prises dans

pertes humaines et faisant obstacle au développement

ce cadre, la communauté internationale se réunit deux

économique, la lutte contre l’accumulation d’armes

fois dans l’année pour examiner les progrès réalisés

légères illégales est une lutte contre la pauvreté, le

dans le contrôle de la prolifération des armes illicites,

sous-développement, la désintégration sociale et la

les défis qui s’attachent à sa mise en œuvre et les pos-

dégradation de la santé. Exercer un contrôle sur les

sibilités d’apporter une coopération et une assistance

armes légères n’est donc pas seulement une question

aux Etats et régions affectés. Mais cet instrument, bien

qui se limite à la sécurité, mais englobe tout ce sur quoi

qu’il soit mondialement accepté et mis en œuvre dans

repose la survie humaine dans son ensemble. Bien qu’il

la plupart des pays du monde, n’est que politiquement

soit admis que les états doivent continuer à posséder

contraignant. Cela signifie qu’il n’y a aucun mécanisme

des armes pour protéger leur souveraineté et pour faire

pour mettre en demeure les pays qui ne respectent pas

appliquer la loi et maintenir l’ordre, il doit en même

les dispositions qui y sont prévues. Cela n’a toutefois

temps y avoir une gestion appropriée des stocks d’armes,

pas empêché les pays et régions affectés de chercher à

afi n de s’assurer que les stocks des états n’aillent pas

réaliser ces aspirations en ayant recours à cet accord.

alimenter le marché illicite.

Le continent africain s’est trouvé en première ligne pour ce qui est de la recherche de solutions aux défis

C’est grâce à une gestion sûre des réserves nationales

présentés par la circulation et l’accumulation d’armes

d’armes légères qu’on peut maîtriser la proliféra-

légères illicites. Afin de se préparer à la conférence de

tion de ces armes. La cause première qui permet le

l’ONU, les Etats membres de l’Union africaine se sont

détournement des armes et des munitions issues

réunis à Bamako, au Mali, pour défi nir une position

du marché légal vers le marché illicite est la mau-

commune sur la manière de résoudre le problème de la

vaise sécurisation des stocks. Avec des pratiques

prolifération, de la circulation et du trafic illicites des

laxistes en matière de sécurité, le vol est facilité.

ALPC. Cette position fut ensuite nommée « Déclaration

Des fonctionnaires corrompus peuvent ainsi vendre

de Bamako sur une position africaine commune sur la

ou transférer les armes dont ils ont la charge à

prolifération, la circulation et le trafic illicites des armes

des groupes criminels ou des forces rebelles. Cette

légères et de petit calibre ». La Déclaration de Bamako

sécurisation des stocks est particulièrement pré-

demande aux Etats membres de renforcer les mesures

caire dans les Etats qui sont en proie à des confl its

existantes pour ce contrôle et formule des recommanda-

violents ou dont la gouvernance laisse à désirer.23

tions à appliquer tant au niveau régional que national.25 Cette position africaine commune a eu une influence considérable pour guider les discussions à la réunion de

LES INSTRUMENTS INTERNATIONAUX ET RÉGIONAUX SUR LE CONTRÔLE DES ALPC

l’ONU de 2001, d’où est ressorti le programme UNPoA.

La gravité du défi posé par la prolifération des ALPC a

Au niveau régional, quatre instruments ont été élaborés

été reconnue, puisque des instruments internationaux,

et des institutions ont été établies pour mener les Etats

régionaux et nationaux visant à faire face aux problèmes

signataires vers la réalisation de leurs aspirations de

qui lui sont liés ont été introduits.

Bamako. Ces instruments sont les suivants :

Au niveau international



Au niveau régional

Convention de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) sur les armes

Au niveau international, nous avons le Programme

légères et de petit calibre, leurs munitions et autres

d’action des Nations Unies en vue de prévenir, combattre

matériels connexes (2006). La Convention de la

et éliminer le commerce illicite des armes légères et

CEDEAO est le résultat de l’évolution du Moratoire

de petit calibre sous tous ses aspects (UNPoA). Ce pro-

politiquement contraignant sur les armes de petit

gramme a établi des directives et des recommandations

calibre décrété par la CEDEAO en 1998 et est entrée

8

Institute for Security Studies

Compilé par Nyambura Githaiga





en vigueur en novembre 2010. La mise en œuvre de

au niveau national et régional avec d’autres parties

cette convention a été confiée à la Commission de la

prenantes pour résoudre les problèmes d’ALPC. Il y a

CEDEAO.

entre les institutions des PFN des différences en ce qui

Protocole de la Communauté de développement de

concerne leur mandat, leur personnel, leurs affectations

l’Afrique australe (SADC) sur le contrôle des armes

budgétaires et leur capacité à faire agir. L’un des faits les

à feu, des munitions et autres matériels connexes

plus préoccupants est que certains des PFN ne sont pas

(2001). La mise en œuvre de ce protocole a été confiée

intégrés dans les institutions qui s’occupent de la résolu-

à l’Organisation de la coopération des Chefs de police

tion des confl its et des mécanismes de consolidation de

de l’Afrique australe (SARPCCO).

la paix. Pour leur permettre de jouer le rôle qui est le

Protocole de Nairobi pour la prévention, le contrôle et

leur dans la lutte contre la prolifération illicite d’ALPC

la réduction des armes légères et de petit calibre dans

au niveau national, et de pouvoir ainsi avoir une influ-

la Région des Grands Lacset la Corne de l’Afrique, de

ence sur la situation régionale, il faut que les problèmes

2004 (issu de la Déclaration de Nairobi de 2000 qui

mentionnés ci-dessus soient résolus.

était politiquement contraignante). La mise en œuvre



Le Programme d’action des Nations Unies (UNPoA)

de ce protocole a été confiée au Centre régional sur

et la Déclaration de Bamako font appel aux Etats pour

les armes légères dans la région des Grands Lacs, la

qu’ils élaborent des plans d’action nationaux (PAN)

Corne de l’Afrique et les Etats limitrophes (RECSA).

pour s’attaquer à l’ensemble des défis posés par les

Convention de l’Afrique centrale relative au contrôle

ALPC dans leurs pays respectifs. En réponse à cet appel,

des armes légères et de petit calibre, de leurs muni-

huit pays (le Burundi, Djibouti, la RDC, l’Erythrée, le

tions et de toutes pièces et composantes pouvant

Kenya, le Rwanda, l’Ouganda et la Tanzanie) ont mis en

servir à leur fabrication, réparation ou assemblage,

place des PAN. Pour élaborer ces plans, il faut réaliser

appelée Convention de Kinshasa : signée le 19

des études cartographiques à l’échelle nationale, afi n

novembre 2010 à Brazzaville. (Il reste encore aux

de comprendre avec précision où se situent les armes

Etats signataires à la ratifier.) Sa mise en œuvre a été

légères à l’intérieur du pays concerné. Ensuite, les

confiée au secrétariat de la Communauté économique

rapports sur ces études sont partagés et des discus-

des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC).

sions s’ouvrent avec toutes les parties prenantes pour déterminer la réponse appropriée à cette situation.

Il reste encore, dans ces quatre régions, à obtenir des

L’analyse des facteurs prépondérants créant la demande

gouvernements qu’ils attribuent un degré suffi sant

ou la prolifération d’armes légères est, en général, l’un

d’attention et de priorité à l’affectation de ressources à

des éléments qui jouent un rôle clés. Les confl its ou

cette tâche, ce qui n’est pas encore fait et pourra être

situations d’instabilité sont donc traités dans les PAN.

réalisé en faisant clairement ressortir le lien entre cette

Un plan quinquennal est ensuite élaboré et adopté par

nécessité urgente de prévenir, combattre et éliminer la

les autorités nationales de mise en œuvre. Les régimes

fabrication et le trafic illicites d’armes à feu, de muni-

juridiques jouent un rôle crucial dans le fait que les con-

tions, d’explosifs et autres matériels connexes et les

fl its soient engendrés ou alors évités. De la même façon,

effets néfastes que ceux-ci ont sur la sécurité des Etats et

les structures juridiques en place dans un pays déter-

de la région dans son ensemble.

minent jusqu’à quel point la prolifération des ALPC peut être contrôlée. Afin de régler cet aspect crucial, un appel

INITIATIVES VISANT À RÉSOUDRE LE PROBLÈME DES ALPC DANS LA RÉGION DES GRANDS LACS ET DE LA CORNE DE L’AFRIQUE

a été lancé aux signataires du Protocole de Nairobi dans

Etant donné les défis évidents auxquels les Régions des

l’Ethiopie, la Tanzanie, l’Ouganda et le Kenya en sont à

Grands Lacs et de la Corne de l’Afrique continuent de

des stades divers du processus de révision.

faire face, ainsi que leur engagement par rapport aux

la région pour qu’ils mettent leur législation en conformité avec les instruments régionaux. Pour l’instant, le Rwanda et le Burundi ont introduit une législation qui est conforme aux instruments régionaux, mais la RDC,

Dans un environnement post-confl ictuel, la destruc-

instruments et mécanismes régionaux de résolution du

tion immédiate des armes et des munitions qui restent,

problème des ALPC, il n’est pas sans intérêt de mention-

élimine ce qui peut alimenter une nouvelle instabilité.

ner certaines interventions.

La Région des Grands Lacs a entrepris de détruire plus

La plupart des pays qui sont parties au Protocole de

de 200 000 armes, la RDC qui en a détruit plus de 90 000

Nairobi ont établi des points focaux nationaux (PFN).

étant en tête. Les discussions continuent pour savoir

Ce sont des unités de coordination nationales ou points

si les armes récupérées ou rendues doivent être détru-

de contact qui ont pour mandat d’assurer la liaison

ites ou réattribuées à l’usage des forces officielles du

Rapport d’atelier

9

Dimensions régionales des conflits dans les Grands Lacs

gouvernement. La position régionale est qu’elles doivent

parallèle avec d’autres développements, afin de consolider

être détruites afi n de convaincre le public qu’elles

les progrès réalisés ou ceux qu’on vise à réaliser dans

n’ont pas été collectées pour renforcer la capacité du

d’autres secteurs de la société. Pour cela, un véritable

gouvernement, mais au contraire parce que le gou-

changement de paradigme pourrait être nécessaire en ce

vernement est persuadé qu’elles sont devenues inutiles.

qui concerne la gestion de la sécurité, et, en particulier,

La gestion et le contrôle des stocks s’est avéré être

les démarcations entre les diverses unités spécialisées.

l’un des problèmes concernant les armes légères les

Les autorités chargées de l’application de la loi doivent

plus épineux. L’une des sources principales de réserves

échanger les informations concernant les mouvements

d’armes illicites vient du stock légal de l’Etat qui est,

d’un côté à l’autre des frontières d’armes légères illégales

pour ne citer que quelques méthodes, volé, perdu, dis-

et autres marchandises de contrebande. Les barrières

tribué par les gouvernements à des milices, ou encore,

qui s’opposent au partage de ces informations – entre,

les stocks de l’Etat sont détournés par des courtiers

par exemple, les unités responsables des douanes, de

en armes. Les fuites venues des stocks de l’Etat sont

l’immigration, de la police et des gardes-frontière –

donc des sources éminentes d’armes légères illicites en

doivent être réduites ou même, peut-être, éliminées.

circulation. Afi n de répondre à cette préoccupation et

L’Article 4 du Protocole de Nairobi (capacité opéra-

d’améliorer leur traçabilité, une initiative de marquage

tionnelle), insiste sur le fait que les Etats parties doivent

des armes a été entreprise, qui concerne tous les stocks

renforcer la coopération entre les responsables des serv-

détenus par l’Etat ainsi que les armes détenues avec

ices de la police, des renseignements, de la douane et du

permis de port d’arme par des civils. Cela est en cours

contrôle des frontières dans la lutte contre la circulation

depuis deux ans et jusqu’à présent les réactions ont été

illégale et le trafic d’ALPC, établir des bases de données

très encourageantes. En vue de soutenir ce processus, le

et des systèmes de communication et les améliorer, et

RECSA a mis au point un logiciel de gestion des données

faire l’acquisition d’équipements permettant le contrôle

permettant d’améliorer la consignation des informa-

et le suivi des mouvements d’armes légères et de petit

tions, la responsabilité et la sécurisation des données

calibre à travers les frontières.27

enregistrées.

Le rôle important que jouent la communauté internationale ou les partenaires en matière de développement

CONCLUSION

dans la lutte contre la prolifération des ALPC est ap-

Les défis que présentent la prolifération et l’utilisation

à court terme à un engagement à long terme qui crée des

illégale des armes légères sont complexes et il n’existe

fondements assez solides pour permettre l’appropriation

pas de solutions tout à fait simples pour les résoudre.

au niveau local et une implication à travers des capacités

Les concepts traditionnels de sécurité s’étant avérés

durables et une institutionnalisation.28 Les acquis pour-

inopérants face à la nature changeante de la violence

raient ainsi être bien consolidés grâce à des investisse-

armée et aux violences reposant sur l’usage d’outils

ments dans le renforcement des mécanismes de contrôle

particuliers, il est grand temps de réagir en tenant

des frontières en établissant des lois, des réglementations,

compte de ces faits. Comme l’illustre Nelson Mandela l’a

des politiques et des pratiques, en améliorant les infra-

bien dit, la sécurité et la sureté ne sortent pas du néant,

structures, en fournissant des équipements et en les mod-

elles sont le résultat d’un consensus collectif et d’un

ernisant, en partageant les leçons tirées de l’expérience,

investissement public. (’Safety and security don’t just

en mettant en application des mesures visant à renforcer

happen: they are the result of collective consensus and

la confiance entre pays voisins, et en élaborant des pro-

public investment.’)26

grammes de formation pour le personnel.

L’importance du renforcement des dispositifs

préciable, mais son orientation devrait passer des projets

Les gouvernements régionaux, de leur côté, doivent

juridiques et/ou réglementaires dans le but de mieux

investir dans la sécurité de leurs citoyens. Les organisa-

contrôler les frontières aux niveaux national, régional

tions régionales ont pris en main le processus pour

et multilatéral est primordiale si l’on veut empêcher la

résoudre les problèmes liés aux armes légères sans

circulation des armes et des matériels connexes à travers

qu’il y ait réciprocité de la part des gouvernements qui

la plupart de nos frontières régionales poreuses. Les Etats

avaient mis sur pieds ces mécanismes régionaux. Le

doivent améliorer la coopération sur le plan pratique

principe de la responsabilité partagée est cependant

entre les institutions qui sont responsables du contrôle

essentiel au renforcement des efforts pour prévenir et

effectif des frontières dans le but de combattre non

combattre le commerce illicite d’ALPC au-delà des fron-

seulement le commerce illicite des ALPC, mais aussi les

tières ainsi qu’à l’intérieur des pays. Il doit y avoir une

activités criminelles qui sont liées à ce commerce illicite.

appropriation plus entière au niveau national et celle-ci

Tout investissement dans la sécurité devrait se faire en

devrait transparaître dans des affectations budgétaires

10

Institute for Security Studies

Compilé par Nyambura Githaiga

aux PFN et un recrutement de personnel suffi sant pour

d’une capacité institutionnelle adéquate. Ce à quoi cette

gérer les responsabilités de coordination nationale. Les

capacité institutionnelle renvoie, c’est à la solidité de

PFN devraient être tenus à des mécanismes de rapports

l’Etat et à son efficacité pour faire respecter l’état de

afi n que puisse être évaluée leur efficacité. Ils devraient

droit, ainsi qu’à l’acceptation par tous les groupes qui

être juridiquement constitués de façon à aligner leur

le composent de la notion de cet Etat et de son autorité.

travail sur celui d’autres institutions appropriées du

La capacité institutionnelle d’un Etat comporte plus que

gouvernement traçant les avenues de la prévention des

seulement les rouages servant à fournir des biens et des

confl its, de la gestion des conflits, et de la reconstruction

services à ses citoyens. Si les secteurs de l’exécutif, du

d’après les confl its là où le processus de consolidation de

judiciaire, de la sécurité et du développement sont bien

la paix est en cours.

répandus et acceptés, s’ils sont une référence et sont

Si l’on isole la lutte contre la prolifération des armes

efficaces, cela contribue énormément à déterminer la

légères de la résolution des conflits, de la consolidation

stabilité structurelle d’un Etat et sa capacité à prévenir,

de la paix, du désarmement, de la démobilisation et de la

gérer et résoudre tout confl it. Il faut à tout régime un

réintégration (DDR), et des réformes du secteur de la sé-

consensus, une autorité, une loyauté et un consentement

curité (SSR), cela ne favorise pas le processus. Il faut voir

pour assurer sa légitimité et sa survie. Une légitimité

tous ces aspects comme de simples étapes d’un même

insuffisante peut entraîner un confl it.

processus qui doit être intégral et bien coordonné. Dans

Lorsqu’échoue la gouvernance et que les conflits écla-

le cas d’une résolution de conflit, il faut arriver à faire

tent, l’usage illégal d’armes détourne les ressources déjà

des choix sur la manière dont les belligérants vont se

maigres du gouvernement dans le domaine de la santé

désarmer grâce à un processus qui n’affaiblisse aucune

et de l’éducation vers la sécurité publique, empêche

des parties et ne risquerait pas ainsi d’encourager l’une

l’investissement et la croissance économique, et prive

de ces parties à attaquer l’autre. Pour ce qui est des

le pays ou la région qui en souffrent des compétences

processus de consolidation de la paix, l’élimination des

et talents des victimes des armes légères qui ont perdu

armes ne doit pas être considérée comme un but en soi-

la vie ou ont été déplacées. Afi n d’éviter tout confl it, les

même, mais plutôt comme l’objectif qui sera atteint du

processus électoraux et la gestion de l’Etat doivent être

fait d’avoir réussi à retrouver suffi samment de confiance

inclusifs, ce qui permet de régler les défi s qui survien-

et à accumuler certains dividendes de la paix parmi les

nent par des voies pacifiques. Il faut s’occuper du prob-

communautés ou groupes précédemment en guerre. Les

lème de la marginalisation sous tous ses aspects afi n

processus de DDR, qui ciblent les anciens combattants

de s’assurer qu’il n’y ait aucune communauté ou aucun

armés et autres groupes similaires, doivent également

groupe qui se sentent plus exposés à l’insécurité que les

s’adresser aux individus qui, dans les communautés,

autres. Dans les zones où la sécurité publique est mal

sont armés sans toutefois faire partie d’aucun groupe de DDR. Au bout du compte, ce que la réforme du secteur de la sécurité devrait mettre en place et fournir, c’est une sécurité à laquelle tous peuvent se fier et qui est centrée sur les personnes, créant ainsi un contexte où les individus peuvent s’en remettre à l’appareil de sécurité de l’Etat pour toute préoccupation concernant leur sécurité. Le rôle du gouvernement d’un pays n’est pas seulement de guider son développement économique, mais aussi de fournir un bien public qui est la sécurité de ses citoyens. ‘De hauts niveaux de violence armée et de prolifération des ALPC dans les sociétés, qu’elles soient en proie à un confl it ou non, sont souvent le signe d’une faiblesse ou d’un manque de responsabilité du secteur

assurée ou pas du tout, posséder une arme peut devenir une question de survie, soit pour se procurer de la nourriture ou autres ressources vitales, soit pour se protéger des attaques. Par ailleurs, du fait de leur prix peu élevé et de leur grande disponibilité, les armes à feu peuvent promouvoir une ‘culture de la violence’, où posséder une arme est vu comme un symbole de pouvoir et de prestige social et où l’on a recours à la violence des armes pour régler tout désaccord personnel ou politique.

NOTES 1

armes légères et leur trafic illicite}, http://www.smallarmssur-

de la sécurité.’29 Etant donné la relation très forte qui

vey.org/weapons-and-markets/transfers/illicit-trafficking.html

existe entre la gouvernance et les conflits, ainsi que leur capacité à engendrer l’usage illégal d’armes légères et de petit calibre, l’amélioration de la gouvernance

(consulté le 2 septembre 2011). 2

See Small Arms Survey, Stockpiles, http://www.smallarmssurvey.org/weapons-and-markets/stockpiles.html (accessed 3

devrait figurer au nombre des actions de lutte contre la prolifération et l’usage illicite des armes légères. Les

Voir : Small Arms Survey, Illicit trafficking {Enquête sur les

September 2011). 3

United Nations Office for Disarmament Affairs (UNODA),

défis et problèmes auxquels la plupart des gouverne-

Confl icts of interests: children and guns in zones of instability,

ments font face ont souvent leur origine dans l’absence

Panel discussion at the United Nations, 15 July 2008, New York,

Rapport d’atelier

11

Dimensions régionales des conflits dans les Grands Lacs

4

Occasional Paper 14, February 2009, http://www.un.org/disar-

action {Violence armée, disponibilité des armes et sécurité

mament/HomePage/ODAPublications/OccasionalPapers/PDF/

humaine : point sur la situation et les options d’action}, Centre

OP14.pdf (accessed 7 May 2012).

pour le dialogue humanitaire, Processus d’Helsinki, 2004, kms1.

IANSA, Oxfam, et Saferworld, Les milliards manquants de l’Afrique : flux d’armes internationaux et le coût des confl its, octobre 2007, document de briefi ng 107, http://www.oxfam. org/sites/www.oxfam.org/fi les/africas%20missing%20bils.pdf (consulté le 7 mai 2012).

5

Jayantha Dhanapala et al (eds), Small arms control: old weapons, new issues {Lutte contre les armes légères : des armes anciennes qui créent des problèmes nouveaux}, Aldershot : Ashgate, pour l’Institut des Nations Unies pour la recherche sur le désarmement (UNIDIR), 1999.

6

Voir : http://www.un.org/events/smallarms2006/faq.html (consulté le 3 septembre 2011).

7

Voir le Protocole de Nairobi pour la prévention, le contrôle et la réduction des armes légères et de petit calibre dans la région des Grands Lacs, la Corne de l’Afrique, et les Etats limitrophes, signé le 21 avril 2004.

8

Emanuela-Chiara Gillard, What’s ‘legal’? What’s ‘illegal’? {Qu’est-ce qui est ‘légal’ ? Qu’est-ce qui est ‘illégal’ ?} In Lora Lumpe (ed), Running guns: the global black market in small arms {La contrebande des armes : le marché noir mondial des armes légères}, Londres : Zed Books, 2000.

9

Small Arms Survey {Enquête sur les armes légères} 2001,

le 31 mai 2012). 16 IANSA et al, Les milliards manquants de l’Afrique. 17 UNODA, Confl icts of interests. 18 Organisation mondiale de la santé, Injury: a leading cause of the global burden of disease {Blessures : l’une des causes principales du fardeau mondial des maladies}, 2000, http://www.who.int/ violence_injury_prevention/publications/other_injury/injury/ en/index.html (consulté le 14 août 2011). 19 Rachel Stohl et Doug Tuttle, The challenges of small arms and light weapons in Africa {Le défi des armes légères et de petit calibre en Afrique}, Conflicts Trends 1 (2009), 19-26, http://www.accord.org. za/downloads/ct/ct_2009_1.pdf (consulté le 7 mai 2012). 20 Conseil de sécurité de l’ONU, Small arms: report of the Secretary-General {Les armes légères : rapport du Secrétaire général}, 17 avril 2008, S/2008/258, http://www.unhcr.org/ refworld/docid/48108c982.html (consulté le 7 mai 2012), 2. 21 Ibid, 3. 22 Buchanan, Armed violence, weapons availability and human security. 23 Small Arms Survey, Stockpile management and security

Profi ling the problem {Présentation du problème}, Oxford :

{Enquête sur les armes légères : la gestion des stocks d’armes et

University Press, 2001, 2.

la sécurité}, http://www.smallarmssurvey.org/regulations-and-

10 Abdel-Fatau Musah, Africa: the political economy of small arms and conflicts {Afrique : l’économie politique des armes légères et des conflits}, http://unpan1.un.org/intradoc/groups/public/documents/idep/unpan002406.pdf (consulté le 4 septembre 2011). 11 Ibid. 12 Natalie Pauwels et Marta Martinelli, Addressing the problem of SALW in the Great Lakes region of Africa: existing initiatives

controls/control-measures/pssm.html (consulté le 7 mai 2012). 24 Programme d’Action de l’ONU 2001, http://www.poa-iss.org/ poa/poahtml.aspx (consulté le 20 mai 2012). 25 Déclaration de Bamako 2001, http://www.chr.up.ac.za/test/ images/fi les/documents/ahrdd/theme10/democracy_bamako_ declaration_2000.pdf (consultée le 20 mai 2012). 26 Organisation mondiale de la santé, Rapport mondial sur

and options for the EU {Résoudre le problème des ALPC dans la

la violence et la santé, 2002, http://whqlibdoc.who.int/

région des Grands Lacs d’Afrique : initiatives en cours et options

hq/2002/9241545615.pdf (consulté le 7 mai 2012).

pour l’UE}, Institut des Nations Unies pour la recherche sur le désarmement (UNIDIR), document de travail préparé pour le projet : L’action européenne sur les armes légères, les armes de petit calibre et les résidus de guerre explosifs, http://www.

27 Voir : http://www.recsasec.org/pdf/Nairobi%20Protocol.pdf (consulté le 16 août 2011). 28 Maze Kerry, Searching for aid effectiveness in small arms assist-

unidir.org/pdf/EU_background_papers/EU_BGP_16.pdf (consulté

ance {Vers une efficacité de l’aide pour les actions concernant les

le 14 août 2011).

armes légères et de petit calibre}, New York: UNIDIR, 2010, http://

13 Virginia Gamba, citée dans Michael Fleshman, Small arms in Africa: counting the cost of gun violence {Les armes légères

unidir.org/pdf/activites/pdf3-act529.pdf (consulté le 7 mai 2012). 29 Mike Bourne et al, Implications of illicit proliferation and

en Afrique : calculer le coût de la violence des armes à feu},

misuse of SALW {Les conséquences de la prolifération illicite

Africa Recovery 15(4) décembre 2001, http://www.un.org/en/

et de l’usage illégal des ALCP}, in Reviewing action on small

africarenewal/vol15no4/154arms.htm (consulté le 8 mai 2012).

arms 2006: assessing the fi rst five years of the UN programme

14 Fleshman, Small arms in Africa. 15 Cate Buchanan, Armed violence, weapons availability and human security: a view of the state of play and options for

12

isn.ethz.ch/.../ArmedViolenceWeaponsAvailability.pdf (consulté

of action, London: IANSA, Biting The Bullet Project, 2006, 231, http://www.scribd.com/doc/44276513/74/IMPLICATIONS-OFILLICIT-PROLIFERATION-AND-MISUSE-OF-SALW (consulté le 7 mai 2012).

Institute for Security Studies

Ressources naturelles et conflit dans la Région des Grands Lacs Nyambura Githaiga Institut d’Études de Sécurité

INTRODUCTION

ressources naturelles et du confl it s’est bien illustrée en

La Région des Grands Lacs Africains regorge de res-

qui utilisent des ressources naturelles pillables pour

sources naturelles qui ont été liées au conflit à l’échelle

générer des revenus en vue de nourrir le confl it dans la

nationale et régionale. Les ressources naturelles par-

région et de parvenir à leurs fi ns.

RDC par la présence de groupes armés illégaux étrangers

ticulièrement associées aux confl its régionaux, sont des

Une des implications du fi nancement de confl it

ressources non renouvelables , comme, le pétrole, les

auxquels sont confrontés les pays de la région, a été la

diamants, l’or et les minerais2 de cassitérite, de coltan

régionalisation de l’insécurité et l’impact négatif qui en

et de wolframite générant des revenus. Tandis que dans

découle sur les économies nationales et régionales. Puis

certains pays, les ressources naturelles comme les

une fois encore, les demandes de l’économie mondiale

terres, sont au cœur de confl its difficiles à résoudre, le

pour répondre aux besoins croissants en matière de

côté transportable rend les ressources naturelles comme

technologie, ont créé un marché pour ces ressources

les minerais, les diamants et l’or, plus exposées aux

pillables.

1

exploitations illégales et commerces illicites et par conséquent, un facteur dans l’économie de confl it. Ces res-

En dehors du ralentissement économique résultant de l’insécurité, l’exploitation illégale et du commerce

sources naturelles portables sont également désignées

illicite, liés au financement des confl its, ces derniers

comme étant des ressources pillables. En raison de

ont intensifié la prolifération des armes légères et de

l’insécurité régionale, de l’exploitation illégale et du

petit calibre (ALPC) non seulement dans le contexte des

commerce illicite transfrontaliers, il n’est pas possible

zones de confl its, mais également dans celui du crime en

de déterminer de manière exacte la véritable richesse

milieu urbain. En outre, cela a engendré une montée de

provenant des ressources naturelles, bien qu’elle soit,

violence contre les civils dans les régions en conflits avec

sans l’ombre d’un doute, considérable.

des rapports faisant état de violations flagrantes des

Les ressources naturelles et le confl it sont liés à la

droits de l’homme, y compris de viols massifs, ainsi que

fois directement et indirectement. Les liens directs se

de la militarisation du secteur minier, pour ne citer que

manifestent à travers les conflits bilatéraux entre deux

cela. Le caractère non renouvelable de ces ressources

pays, émanant de l’exploitation de ressources naturelles

naturelles, qui suppose une raréfaction de ces dernières,

partagées, tandis que les liens indirects se caractérisent

est un indicateur de tendances de confl its à venir,

par l’utilisation du produit de l’exploitation illégale

surtout en l’absence d’infrastructures et d’industries

des ressources naturelles pour fi nancer le confl it. Le

économiques viables. L’avenir semble sombre pour les

confl it sur les frontières maritimes entre l’Angola et la

économies qui dépendent des ressources naturelles

République Démocratique du Congo (RDC) constitue un

renouvelables.

bon exemple de lien direct, confl it visant à déterminer

Les efforts déployés en vue de réduire l’exploitation

les propriétaires légitimes d’un gisement pétrolier qui

illégale et le commerce illicite sont soutenus, tant au

est à l’origine de 30 pourcent de la production totale

niveau national que régional. A l’échelle nationale, les

de pétrole de l’Angola. La dimension régionale des

pays de la région sont en train de tester et de mettre en

Rapport d’atelier

13

Dimensions régionales des conflits dans les Grands Lacs

place des programmes de certification afi n de permettre

dans la région à des fins de profit. Ce confl it pourrait

une localisation efficace des minéraux, ainsi que les

non seulement faire émerger une compétition malsaine

accords établis au niveau des douanes et frontières, en

entre les pays, mais également créer des relations et

vue de juguler le trafic illégal de minéraux. A l’échelle

des opportunités dans un contexte diplomatique tendu,

régionale, les gouvernements se sont conjointement

dont pourraient bénéficier les acteurs du confl it pour

engagés à lutter contre l’exploitation illégale des

augmenter les profits provenant de l’exploitation illégale.

ressources naturelles dans la région, en mettant sur

La perspective de raréfaction/ abondance alimente

pied un mécanisme de certification régionale, chargé

la théorie du grief et de l’appât du gain. Développé en

d’établir une base de données sur les flux de minéraux

référence à la guerre civile, le débat sur le grief et l’appât

et d’harmoniser la législation nationale relative au

du gain aide à conceptualiser le lien entre ressources na-

Protocole sur la lutte contre l’exploitation illégale de

turelles et confl it. Collier et Hoeffler ont analysé le grief

ressources naturelles . Les développements sur la scène

et l’appât du gain comme étant les causes de la guerre

internationale ont créé des défis auxquels les pays de

civile, en indiquant comment l’appât du gain, en tant

la région doivent faire face pour mettre en œuvre les

que facteur de motivation5, l’emporte sur le grief. Dans

normes de certification établies ou ils risquent de voir

une perspective d’appât du gain, ‘les groupes engagés

leurs minéraux catalogués comme étant ‘minéraux

dans des confl its violents ne sont pas principalement

de confl its’. Cette stigmatisation s’étend au delà des

motivés par les griefs (c’est à dire la discrimination

pays directement touchés par les conflits, tels que la

ethnique, les inégalités, les animosités du passé), mais

RDC, jusqu’aux pays voisins qui pourraient être utilisés

essentiellement par des priorités économiques et donc

comme canal pour les ressources naturelles exploitées.

par l’appât du gain’.6

3

4

Cet article cherche à mettre en exergue les liens

L’argument démontrant le besoin de contempler une

entre les ressources naturelles et le confl it dans les

analyse plus holistique, prolonge le débat sur l’appât

pays de la Région des Grands Lacs, particulièrement

du gain en considérant des variables telles que la faible

au Burundi, en RDC, au Rwanda et en Ouganda. Le

présence d’un état qui donne lieu à la présence de

terme ‘ressources naturelles’ sera utilisé pour renvoyer

groupes armés.7 Dans la Région des Grands Lacs, le grief

aux minéraux pillables tels que l’or, les diamants et

et l’appât du gain représentent tous deux des facteurs

minerais, qui pourraient être exploités illégalement pour

de causalité au cœur du confl it. Lorsqu’on examine les

fi nancer le confl it. Plus loin, une analyse des initiatives

acteurs du confl it en RDC, le motif de grief est évident

nationales et régionales visant à réduire l’exploitation

dans la formation de quelques groupes armés illégaux

illégale et le commerce illicite à des fi ns de fi nancement

installés dans l’Est de la RDC. La présence continue de

du confl it, sera présentée et se concentrera autour

groupes armés illégaux locaux et étrangers est rendue

des défis et perspectives des diverses initiatives. Cet

possible par la faible présence de l’état dans l’Est du

article va conclure en donnant des recommandations

pays. Ces groupes armés illégaux ont souvent recours

sur comment éliminer les liens entre les ressources

à l’exploitation illégale de minéraux pour alimenter

naturelles et le confl it dans la Région des Grands Lacs.

le confl it. Dans cette arène d’exploitation anarchique,

Cadre conceptuel

ces groupes ainsi que l’armée et les civils sont motivés

Il existe une multitude de causes à l’origine du confl it

par l’appât du gain, facteur du pillage des minéraux.

de la Région des Grands Lacs. Les ressources naturelles

En substance, l’interaction entre grief, appât du gain,

ont été à la fois la cause immédiate et la cause profonde

opportunité et autres variables, perpétue le cycle vicieux

du confl it dans la région, selon qu’il s’agisse d’un lien

du confl it.

indirect ou direct. L’abondance des ressources naturelles

Le lien clé entre ressources naturelles et confl it dans

et leur lien par rapport au confl it dans la Région des

la Région des Grands Lacs est le fi nancement de confl it,

Grands Lacs ont mené à des descriptions telles que ‘la

où les revenus provenant des ressources naturelles

malédiction des ressources naturelles’.

sont utilisés pour fi nancer et par là même, aggraver

Il se pourrait que les perspectives de raréfaction et

les confl its qui pourraient découler d’autres causes

d’abondance s’appliquent. Tandis qu’un pays pourrait

profondes. Cependant, l’analyse du rôle des ressources

avoir une abondance de, ou une perception d’abondance

naturelles dans le financement de confl it devrait être

des ressources naturelles, son voisin peut avoir une raré-

équilibrée en prenant compte d’autres variables présents

faction ou une perception de raréfaction des ressources

dans l’économie du confl it. ‘Tandis que les ressources

naturelles. Un confl it peut se déclencher lorsque deux ou

naturelles jouent sans l’ombre d’un doute un rôle

davantage de pays ou les acteurs du confl it perçoivent

important dans certains confl its, dans d’autres, elles

un élément d’incompatibilité mutuelle dans leur course

sont de moindre importance ou ne représentent qu’un

vers l’accès et le contrôle des ressources naturelles

des moyens de fi nancement du confl it.’8 Wennmann

14

Institute for Security Studies

Compilé par Nyambura Githaiga

désigne le fi nancement de confl it comme les efforts d’un

Cependant, étant donné que les ressources naturelles

groupe armé organisé pour fi nancer les activités de leur

comme le pétrole et le gaz demandent un investisse-

confl it . Le panel d’experts de l’ONU sur l’Exploitation

ment considérable pour être exploités et qu’ils ne sont

illégale de ressources naturelles en RDC, a indiqué que

pas portables, ils constituent généralement une cause

l’exploitation illégale, était l’une des principales sources

de confl it direct entre les états touchés par rapport à

de fi nancement des groupes impliqués dans la perpétua-

l’exploitation contestée. En revanche, les ressources

tion du confl it en RDC ainsi que dans le trafic d’armes.10

naturelles pillables peuvent être utilisées pour fi nancer

Ainsi, bien que les ressources naturelles ne constitu-

le confl it qui touche les pays de la région de différentes

9

ent pas la seule variable dans le fi nancement de confl it,

façons, comme par exemple à travers une insécurité

l’exploitation illégale de ressources naturelles dans la

plus ressentie du fait de la présence de groupes illégaux

Région des Grands Lacs, demeure une des principales

armés, la prolifération des armes, la vulnérabilité

sources de revenu d’un grand nombre d’acteurs de

accrue des populations et la détérioration des conditions

confl it. Les autres sources de financement de confl it

socio-économiques.

qui pourraient prévaloir en l’absence de ressources

Bien que le discours actuel se concentre sur le lien in-

naturelles, comprennent le pillage, les prélèvements

direct entre ressources naturelles et confl its, la menace

illégaux d’impôts et les remises appliquées à la diaspora.

future de l’accroissement de confl its directs causés par

Cependant, pour les civils, l’impact terrible du conflit

les ressources naturelles transfrontalières, mérite d’être

supplante les modalités de financement de confl it.

évoquée. Les exemples enregistrés de confl its directs

Cet article se concentre sur les dimensions régionales

causés par des ressources naturelles transfrontalières

des ressources naturelles et du confl it, où les ressources

indiquent que ceci prendra de l’ampleur étant donné

naturelles pillables ont constitué la cause immédiate

l’amenuisement des ressources partagées. L’impact sur

du confl it, principalement à travers le fi nancement de

les civils des états en confl it et dont les relations sont

confl it. Les ressources naturelles pillables sont rarement

acrimonieuses, constitue la préoccupation principale.

la cause immédiate des confl its régionaux – elles ne con-

Rappelons-nous du confl it qui a opposé la RDC et

stituent pas non plus la seule variable du fi nancement de

l’Angola, de 2003 à 2009 et qui a vu près de 158 000 con-

confl it. Les causes immédiates des conflits dans la région

golais expulsés d’Angola, tandis qu’en mai 2011, 1048 sur

comprennent la gouvernance, les dispositifs socio-

10 961 hommes et femmes de nationalité congolaise, ex-

économiques inadaptés et les injustices historiques. Une

pulsés par la force, étaient selon des dires, violées par les

faible gouvernance et les déficiences de l’administration,

forces de sécurité angolaises.11En 2009, 39,000 angolais

l’insuffisance de l’administration et le passé d’insécurité

ont été déportés de la RDC.12Selon le gouvernement

dans la région, ont permis le développement de

angolais, les immigrants congolais contribuaient à

l’exploitation illégale des ressources naturelles. Dans ce

l’exploitation et au commerce illégal des richesses min-

contexte, les efforts déployés pour réduire l’exploitation

ières. Il se pourrait que la tension entre les deux pays

illégale des ressources naturelles, seront analysés au

soit influencée par leur aptitude d’arriver à une solution

delà du champ de l’exploitation illégale, de manière à

mutuellement acceptable.13

inclure d’autres variables essentielles qui ont un effet

Malgré le fait que l’attention soit portée sur les

sur les liens entre ressources naturelles et confl its dans

ressources naturelles pillables, la région doit rester

la Région des Grands Lacs.

attentive au confl it transfrontalier sur les ressources naturelles, qui pourrait probablement accroître l’insécurité

RESSOURCES NATURELLES ET CONFLITS

régionale. ‘[I]l devient clair que les gisements importants

En soutenant les acteurs de confl it, et par là même,

le Burundi et la Tanzanie (bordant surtout les régions du

en prolongeant les confl its, la dotation en ressources

Lac Albert, du Lac Kivu et du Lac Tanganyika) font que

naturelles de la Région des Grands Lacs a caractérisé les

ces emplacements deviennent rapidement des points

confl its dans la région. Il est possible de dire que toute

chauds dans les relations régionales.’14

de pétrole et de gaz naturel situés dans les territoires où la RDC partage ses frontières avec l’Ouganda, le Rwanda,

ressource naturelle peut jouer un rôle dans les situations de confl it. Peu importe qu’elles soient exploitées légalement ou illégalement, comme c’est le cas des res-

Contextes qui prévalent dans la région

sources naturelles partagées. Par exemple, les gisements

Les ressources naturelles ont servi de monnaie aux

pétroliers ont été la cause des différends frontaliers

fonctionnaires corrompus, pour les activités des

entre l’Angola et la RDC, même si les deux états cherch-

groupes armés illégaux et aux réseaux criminels

ent à exploiter les réserves partagées de manière légale.

dans l’exploitation illégale et le commerce illicite. Les

Rapport d’atelier

15

Dimensions régionales des conflits dans les Grands Lacs

bénéficiaires fi naux, vont des conglomérats internationaux aux conglomérats de l’Etat, des pays de la région

Disparités dans l’industrie minière

qui réexportent les ressources pillées aux criminels

Les disparités qui existent dans les capacités des indus-

individuels.15 L’exploitation illégale des ressources na-

tries minières de la région, vont poser un défi continu. Si

turelles devient un problème régional lorsqu’exploitées

l’on revient au cas de la RDC, parmi les défis rencontrés

à travers les pays voisins servant de pays de transit ou

dans l’industrie minière, on compte l’exploitation

de destination fi nale et lorsque les produits des res-

minière non réglementée et informelle, le manque de

sources exploitées illicitement fi nancent les groupes

transparence dans les contrats d’exploitation, la milita-

armés illégaux étrangers. Résultat: l’insécurité région-

risation des mines, un réseau d’infrastructure inadéquat

ale se trouve par là même exacerbée. Ceux qui sont

ainsi que l’exploitation illicite et le trafic illégal des

impliqués dans des réseaux de contrebande régionaux

minerais. L’exploitation minière artisanale non régle-

peuvent être essentiellement motivés par des intentions

mentée fait qu’il est difficile d’indiquer avec certitude

économiques, à leur tour influencées par les différents

les revenus de l’Etat, générés de l’exploitation minière

tarifs d’exportation régionale qui servent de mesure

et a également introduit la vulnérabilité à l’exploitation

d’incitation pour l’évasion fi scale en matière de droit à

illégale des ressources minières. En outre, les gouverne-

l’exploitation.16

ments précédents étaient présumés avoir accordés des

Ces activités criminelles ne deviennent un facteur

concessions minières par lubie, compromettant ainsi la

dans le rapport ressources naturelles/confl its que

régularité de la procédure. Il est encore difficile d’obtenir

lorsqu’elles affectent les relations diplomatiques et que

la transparence dans les contrats d’exploitation minière.

l’intensification des représailles a un impact sur les

Par ailleurs, avec le nombre restreint d’infrastructures,

civils. Parmi les différents éléments qui ont exacerbé

il devient difficile d’avoir accès aux mines, de contrôler

l’exploitation illégale et le commerce illicite des res-

les exploitations minières légitimes et de réglementer le

sources naturelles, on compte la faible gouvernance,

commerce. Même là où il existe une bonne législation

l’exploitation minière non réglementée et les activités

sur la régulation de l’exploitation minière, elle est dif-

illégales des groupes armés. Bien que des efforts

ficile à faire exécuter et c’est le statut quo.

d’atténuation soient déployés à l’endroit des deux derni-

La dépendance excessive des populations vis-à-vis

ers éléments, la question de gouvernance demeure un

de l’exploitation minière dans les régions riches en

problème essentiel que l’on ne devrait pas perdre de

minéraux, devient une source potentielle de confl it

vue lorsque l’on élabore des initiatives qui pourraient à

une fois que les moyens de subsistance ne sont plus

long terme influencer le rapport ressources naturelles/

viables en raison de l’épuisement des ressources

confl its.

ou des nouvelles régulations. Par exemple, lors des six mois d’interdiction d’exploitation minière dans

Le défi de la gouvernance

les trois provinces situées à l’Est de la RDC, des vil-

Les pays dans la région sont confrontés à des défis

menant ainsi à la migration et à une hausse présumée

divergents en matière de gouvernance et ces derniers ont

du crime en milieu urbain. Etant donné la dimension

un impact sur leur capacité à développer des approches

régionale de l’exploitation illégale et du trafic de res-

communes pour gérer les ressources naturelles et les

sources naturelles, les défi s spécifiques auxquels fait

confl its dans la région. Les défis en matière de gouvern-

face l’industrie minière congolaise affecteront les pays

ance, auxquels fait face la RDC par exemple, s’illustrent

voisins du fait de leur proximité. Si par aventure un pays

par la faible présence de l’état dans l’Est, des réseaux

est vulnérable à l’exploitation illégale, il pourrait affecter

infrastructurels insuffisants, le manque de dévelop-

la vulnérabilité des pays voisins au trafic illégal de res-

pement socio-économique adapté et par l’absence de

sources naturelles.

lages entiers ont été privés de moyens de subsistance,

bonne gestion des ressources nationales et d’exécution des régulations se rapportant à la gestion des ressources naturelles. Ces défi s en matière de gouvernance, créent

Groupes armés et financement de conflit

des brèches qui ont été occupées par les groupes illégaux

Les groupes armés qui se soutiennent eux-mêmes

armés, nationaux et étrangers, qui à présent prospèrent

fi nancièrement, à travers les revenus provenant des

aux dépens de ces réserves abondantes. La situation

ressources naturelles illégalement exploitées ont créé un

unique de la RDC s’étend sur ses voisins qui par la suite,

complexe régional d’insécurité. Par exemple, les Forces

se voient affectés par les manœuvres des acteurs de

démocratiques alliées (ADF), un groupe de rebelles

confl it qui opèrent de la RDC avec l’objectif de déstabi-

d’Ouganda qui opère en RDC a été associé à une taxation

liser la région.

illégale de l’or et du bois, et les Forces Démocratiques

16

Institute for Security Studies

Compilé par Nyambura Githaiga

de Libération du Rwanda, FDLR ont été impliquées

partie fi nancé par l’exploitation illégale et le commerce

dans le commerce de minéraux, bois, et de charbon,

illicite des ressources naturelles. Ceci met en exergue

ainsi que dans la production de cannabis. Des éléments

l’importance d’adopter une perspective régionale par

criminels au sein des Forces Armées de la République

rapport au ressources naturelles et au confl it dans la

Démocratique du Congo, FARDC, ont également été

Région des Grands Lacs.

impliqués dans des affaires de taxation et d’exploitation

L’interconnexion des pays dans la région se ressent

illégale, notamment au cours des six mois de suspension

à travers les groupes illégalement armés et les réseaux

des activités du secteur minier dans l’Est de la RDC, de

de crime régionaux, les économies interdépendantes,

mars à septembre 2010.

les diverses nationalités, et les ressources naturelles

17

La demande du marché mondial constitue également

partagées. ‘Tandis que la plupart des confl its dans la

un facteur perpétuant. Les minerais tels que la cassiterite

Région des Grands Lacs commencent à l’intérieur des

(l’étain) et le coltan sont des composantes importantes de

frontières d’un pays, il est très rare que les acteurs d’un

téléphones portables, d’ordinateurs et d’autres appareils

confl it se réduisent aux frontières du pays concerné. En

électroniques, et la RDC représente une des principales

effet, les confl its ont tendance à relier plusieurs acteurs,

sources mondiales. 18 Cette demande accroît le phéno-

à rassembler les intérêts et sujets, et ces liens élargissent

mène de contrebande au niveau régional, que des indivi-

les économies locales, régionales et internationales ainsi

dus et des groupes de personnes utilisent comme moyen

que les contextes politiques’. 23 L’impact régional de l’ex-

de tirer profit illégalement des ressources naturelles. Il a

ploitation illégale et du commerce illicite des ressources

été reporté que des groupes armés illégaux ont la main

naturelles, et son lien dans le fi nancement du confl it,

mise sur l’accès aux mines dans des régions reculées où

indique que seule une approche régionale concertée et

les civils sont soumis à des violations flagrantes des droits

consacrée pourra traiter efficacement le rapport qui

de l’homme et condamnés à se déplacer.19En dehors de

existe entre ressources naturelles et confl its.

l’aspect régional du trafic illégal de ces minerais pour

Comme indiqué précédemment, les ressources natu-

financer les activités de groupes armés et de la recherche

relles ne constituent pas la seule source de fi nancement

du profit à travers des actes criminels, les minerais sont

de confl it pour les groupes armés illégaux. ‘Le défi pour

également utilisés comme monnaie forte pour le com-

la politique est de traiter avec des groupes armés organi-

merce à des fins de financement du conflit. A cela s’ajoute

sés qui sont rationnels, qui ont une multitude de sources

l’approvisionnement en armes.

de fi nancement, et passent d’une à l’autre selon leurs

20

Dans le rapport fi nal, le Panel d’Experts de l’ONU

besoins. Ils ont opéré dans un environnement structurel

sur la RDC, 21 a conclu que l’implication de militaires et

favorable au fi nancement du confl it, caractérisé par la

de groupes armés dans le commerce illégal de minerais

persistance des états faibles, des collaborateurs dispo-

se faisait par voie de taxation, de protectionnisme, de

sés, des économies de l’ombre et des économies ouvertes

contrôle commercial et coercitif. La taxation implique le

dans les pays développés.’24

prélèvement de taxes illégales sur des activités minières et commerciales non réglementées dans la zone. Il a été demandé d’obtenir une protection des groupes militaires

ANALYSE DES EFFORTS EXISTANTS

et armés afi n de sécuriser les activités minières et

Pour une paix durable dans la région, il devient de plus

d’empêcher des pillages. Pour des raisons d’ordre com-

en plus prioritaire d’ éliminer l’exploitation illégale et

mercial, les militaires utilisent des revenus illicites pour

le commerce illicite de ressources naturelles comme

s’adonner au commerce de minerais.

facteur contribuant au confl it régional. Afin d’y arriver,

Les groupes militaires et armés prennent le contrôle

les initiatives visant à lutter contre l’exploitation illégale

en s’accaparant des mines les plus productives et en

et le commerce illicite doivent traiter de façon détaillée

pillant de manière périodique les minerais. L’implication

les contextes existants et les causes immédiates.

des militaires dans l’exploitation illégale et le commerce

Contextes existants – qui dans une certaine mesure

illicite des ressources naturelles a compromis leur

représentent également les causes profondes – compren-

mandat qui consiste à assurer la protection des popu-

nent une demande mondiale croissante en ressources

lations civiles. En rapport avec ces éléments criminels

naturelles, ainsi que les caractéristiques d’une faible

dans l’armée, il a été observé que le déploiement de ces

gouvernance, qui s’illustrent par une faible présence de

réseaux de criminels était de plus en plus poussé par le

l’état, une infrastructure pauvre, des régulations min-

désir de contrôler les ressources naturelles.

ières non exécutées ou inadaptées ainsi qu’un service

22

Les groupes armés illégaux forment une composante

douanier ou de contrôles de frontière inefficace ou

essentielle du lien ressources naturelles/ confl its. Leur

incompatible. Parmi les causes immédiates ou facteurs

rôle dans l’insécurité à tendance régionalisante est en

déclencheurs figurent les états prédateurs ou corrompus,

Rapport d’atelier

17

Dimensions régionales des conflits dans les Grands Lacs

les groupes armés illégaux, les éléments incontrôlés de

confl it. ITRI continue son projet d’étiquetage de minerais

l’armée, les réseaux criminels régionaux et les processus

en RDC pendant que BGR travaille avec le gouvernement

politiques comme les élections.

congolais sur la configuration d’une base de données des exploitations minières artisanales.28 Le manque d’objectifs pourrait affecter l’efficacité des

Efforts au niveau national

efforts nationaux. Il semblerait que l’on se penche vers la

Une approche régionale efficace œuvrant pour la gestion

traçabilité et la certification pour endiguer l’exploitation

des ressources naturelles et la dynamique du conflit com-

minière illégale et le commerce illicite en ressources

mence avec des initiatives nationales judicieuses, pouvant

naturelles. Compte tenu du fait que les régulations

par la suite, être harmonisées de sorte à obtenir un

du secteur minier ne sont pas adaptées et/ou restent

impact régional. Les efforts déployés à l’échelle nationale

non appliquées, cela constitue un bon point de départ.

reposent essentiellement sur la mise en œuvre de normes

Cependant, au vu du taux élevé d’exploitation minière

de conformité par rapport au secteur minier, reconnues

artisanale, il sera difficile de mettre en œuvre ces régu-

dans le monde entier, qui se concentrent sur la traçabilité

lations sans avoir formalisé les activités minières. Par

et la certification. Ces normes internationales ciblent

ailleurs, réglementer le secteur minier et résoudre les

soit un minerai donné comme la cassiterite dans le cas

questions structurelles profondément encrées de gou-

de l’étain ou un mécanisme de traçabilité de la chaîne

vernance et de sécurité, vont de pair. La mise en œuvre

d’approvisionnement tel que l’empreinte analytique.

des régulations, aussi bonnes soient-elles, dépendra en

Le Rwanda travaille actuellement sur deux principales initiatives, développées par l’Institut fédéral alle-

grande partie d’une bonne gouvernance. Les efforts dont a fait preuve la RDC, en imposant la

mand pour les géosciences et les ressources naturelles

suspension des activités du secteur minier, même s’ils

(BGR) et l’Institut international de recherche sur l’étain

n’ont été que partiellement fructueux, ont démontré une

(ITRI). Sous la supervision du BGR, cinq concessions

volonté politique et peuvent avoir renforcés le contrôle

minières rwandaises, connues comme étant des sources

de l’état dans ces régions, tout en ayant probablement

importantes de cassiterite, wolframite et de coltan, ont

restreint l’accroissement du fi nancement du confl it. L’un

subi des audits de conformité et à présent, attendent les

des effets indésirables de ces efforts, s’est traduit par le

rapports de ces audits. En outre, l’Empreinte analytique

fait qu’ils aient favorisé une sur-militarisation des zones

(méthode AFP) a établi une base de données au Rwanda,

minières, qui déplace le problème sans le résoudre’. 29

qui identifie l’origine des minerais jusqu’au niveau du

Pour empêcher les groupes illégaux d’avoir accès aux

site de fouille, en défi nissant les signatures géochi-

mines, il y a eu une augmentation du personnel armé,

miques, géochronologiques et minéralogiques distinctes

dont certains éléments furent plus tard impliqués dans

de sites de production de minerais donnés. 25 ITRI, un

des incidences similaires d’exploitation et de prélè-

système de traçabilité de la chaîne d’approvisionnement,

vements illégaux. Vircoulon soutient que l’échec des

a commencé à étiqueter la cassiterite au Rwanda. Selon

initiatives existantes à se concentrer sur des réformes

l’Office de Géologie et des mines du Rwanda, il est

de gouvernance, a mené à ‘préconiser des solutions coercitives sans véritable outil de coercition’. 30 Si les

présentement en train d’étiqueter 80 pourcent de la cassiterite, du coltan et de la wolframite du Rwanda.

26

La RDC travaille avec des initiatives similaires ainsi

structures de gouvernance existantes n’ont pas traité de manière satisfaisante des questions au centre de la pri-

qu’avec d’autres, comme par exemple, le développement

mauté du droit dans certaines parties du pays, comment

du concept de centre commercial et l’exécution de

peuvent-elles mettre en œuvre de manière efficace de

l’interdiction d’exploitation minière dans l’est du pays.

nouvelles régulations ? Même si l’interdiction d’exploi-

L’objectif des centres commerciaux désignés par le nom

tation minière était une mesure temporaire, elle n’a pas

de ‘centres de négoce’ est d’offrir un marché où les mine-

conceptualisé comment les effets indésirables pouvaient

rais pouvant être retracés peuvent être commercialisés

exacerber davantage l’exploitation illégale. Les mesures

en toute sécurité. C’est une initiative entreprise par l’ad-

à court-terme devraient être examinées de manière plus

ministration minière congolaise, la Mission de l’Organi-

détaillée pour garantir des avantages durables.

sation des Nations Unies en République démocratique du

Les efforts nationaux en RDC ne semblent pas aller

Congo (MONUSCO), l’Organisation internationale pour

de pair avec ceux déployés en vue de traiter des points

les migrations (IOM) et le Partenariat Appui Gouvernance.27

clés que représentent le renforcement de la présence de

De septembre 2010 à mars 2011, le gouvernement de

l’état dans l’Est et l’amélioration de l’infrastructure. Par

la RDC a suspendu temporairement toutes activités

exemple, développer des centres de négoces sécurisés,

minières dans les provinces du Sud-Kivu, du Nord-Kivu

permettra de promouvoir la transparence dans certaines

et de Maniema en vue de vérifier le fi nancement du

zones du secteur minier, mais ici également, dépendra

18

Institute for Security Studies

Compilé par Nyambura Githaiga

d’une bonne gouvernance pour garantir que l’adminis-

approuvés au cours d’un sommet du CIRGL sur le même

tration se conforme aux procédures établies. Le secteur

sujet. Ils comprennent le mécanisme de certification

minier de la RDC est en grande partie artisanal et

régionale, l’harmonisation des législations nationales,

compte tenu du nombre élevé de civils actifs dans cette

l’établissement d’une base de données régionales sur les

industrie, il est nécessaire de se concentrer sur la nor-

flux de minerais, la formalisation, l’apprentissage entre

malisation de l’exploitation minière ainsi sur l’augmen-

pairs de l’EITI et la dénonciation des dysfonctionne-

tation d’options alternatives de moyens de subsistance.

ments. Les forces de la RINR s’illustrent à travers leurs

En examinant l’interdiction d’exploitation minière, les

principes de transparence, avec des bases de données

civils sont ceux qui ont pâti des conséquences, parce

accessibles au public, la responsabilité primaire de se

qu’ils ne pouvaient pas légitimement avoir accès aux

conformer à l’industrie, des vérifications par des tiers et

mines, tandis que les groupes armés continuaient d’en

l’accent sur le besoin d’adapter les systèmes actuels en

tirer profit. Les civils devraient être considérés comme

conséquence.33

des parties prenantes dans l’exploitation minière et leur

Le problème est que le RINR va inclure l’histoire et

collaboration sera fondamentale pour le contrôle et la

le contexte des pays de la Région des Grands Lacs, les

régulation de ce secteur. A l’occasion de la levée de la

capacités de mise en œuvre des états individuels, leurs

mesure de suspension des exploitations minières, les

combats internes uniques et la volonté politique des

civils ont exprimé leur engagement solennel, à travers

gouvernements. Etant donné que la RDC est la principale

l’Acte d’engagement solennel de la Société Civile, de

victime et à l’épicentre du rapport ressources naturelles/

contribuer à la vulgarisation de la législation minière,

confl its, la mise en œuvre efficace des mesures con-

d’intervenir dans l’éducation civique sur les régulations

cernées dépendra dans une large mesure du leadership

de l’industrie minière et de développer un partenariat

en RDC et de la capacité à se conformer. Les stratégies

pour contribuer aux efforts du Gouvernement dans la

doivent être détaillées en vue de chercher à renforcer

traçabilité des produits miniers.

la capacité interne de la RDC, en traitant de questions

31

Les efforts nationaux

pour éradiquer le lien entre ressources naturelles et

telles que la faible gouvernance, le mauvais état des in-

confl its doivent faire intervenir les populations locales

frastructures et les failles de sécurité, en parallèle avec

qui pâtissent des conséquences négatives dans leur lutte

les efforts de juguler l’exploitation et l’activité minière

quotidienne contre la pauvreté et l’insécurité.

illégales.

Efforts régionaux

d’insécurité régionale créé par la présence de groupes il-

Les ressources naturelles sont devenues des variables

de contrebande qui prospère dans le chaos d’un secteur

considérables dans le prolongement du confl it. Il est

minier accessible à tous. Les bénéficiaires régionaux de

par conséquent impératif que les pays de la Région des

l’exploitation illégale et du trafic illicite pourraient avoir

Grands Lacs mettent en œuvre des efforts coordonnés et

l’avantage financier et administratif de ralentir le proc-

harmonisés pour s’opposer au lien ressources naturelles/

essus à la fois au niveau national et régional.

L’autre problème se traduit par le complexe

confl its. ‘Les régimes diplomatiques sous-régionaux

légalement armés opérant en RDC et un réseau régional

Puis se pose le problème de capacité. Si les états à

doivent par conséquent redéfi nir les stratégies de gestion

présent en charge de mettre en œuvre le RINR doivent

des confl its en termes d’une plus grande reconnaissance

relever leurs défis en matière de gouvernance et

dans la gestion des ressources naturelles comme forte

d’administration dans les zones d’exploitation minières,

variable de négociation, médiation et de reconstruction

par conséquent, l’insuffisance de capacités mettra en

post confl ictuelle.’ 32 Au niveau bilatéral dans la région, il

péril la mise en œuvre effective du RINR. ‘Même si

y a eu des progrès considérables avec les autorités doua-

tous les pays de la Région des Grands Lacs venaient à

nières en RDC, au Rwanda, au Burundi et en Ouganda

introduire des régulations nationales sur la certifica-

dans la mise en œuvre d’accords visant à combattre le

tion et la traçabilité, ils ne possèdent pas la capacité

trafic transfrontalier.

administrative nécessaire pour garantir la conformité

La principale initiative régionale est sous le contrôle

à ces régulations (Il n’y a eu aucune augmentation que

de la Conférence Internationale sur la Région des Grands

ce soit dans le budget ou dans le personnel du ministère

Lacs (CIRGL), qui relève du protocole sur la lutte contre

provincial des mines au nord et au Sud-Kivu). ’34 Ces

l’exploitation illégale des ressources naturelles dans le

défis auxquels sont confrontés les états, n’ont pas

cadre du pacte sur la sécurité, la stabilité et le dévelop-

empêché ces derniers de faire preuve d’engagement

pement dans la Région des Grands Lacs. Six outils

dans la lutte contre l’exploitation minière illégale et le

de l’Initiative Régionale de lutte contre l’exploitation

commerce illicite, comme illustré par la Déclaration de

illégale des ressources naturelles (RINR) ont été

Lusaka de décembre 2010 du sommet spécial de la CIRGL

Rapport d’atelier

19

Dimensions régionales des conflits dans les Grands Lacs

sur la lutte contre l’exploitation illégale des ressources

devraient s’ajouter les efforts régionaux de manière

naturelles dans la région. La poursuite de la mise en

à améliorer les conditions politiques, sociales et

œuvre du RINR de manière coordonnée et harmonisée

économiques, même lorsqu’ils cherchent à éviter toute

va refléter la volonté politique de ces états dans la lutte

complicité au confl it.

contre l’exploitation illégale des ressources naturelles, dans un premier temps au niveau national et ensuite au niveau régional.

CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS

Efforts internationaux

Le lien entre ressources naturelles et confl its s’est prin-

Les efforts régionaux cherchent également à se conformer

sources naturelles pillables pour alimenter les activités

au Guide sur le devoir de Diligence internationale contre

du confl it. Comme le marché mondial prend davantage

l’exploitation illégale tel que développé par l’Organisation

conscience des dimensions éthiques et morales des

de coopération et de développement économique (OCDE)

demandes et des chaines d’approvisionnement ir-

et les Nations Unies. Cependant, ces lignes directrices ne

responsables, la Région des Grands Lacs va commencer

sont pas obligatoires, contrairement à la Loi américaine

à connaitre des procédures plus exigeantes par rapport

Dodd-Frank, qui cherche à obliger les sociétés améric-

au processus d’approvisionnement. Face à cette réalité,

aines cotées à divulguer leur état financier.

la région a déployé des efforts pour l’établissement

En juillet 2010, les Etats Unis ont adopté la Loi Dodd-

cipalement ressenti dans l’exploitation illégale des res-

de normes internationalement reconnues, mais il est

Frank dont la Section 1502 traite spécifiquement des

encore possible de faire d’autres choses. Bien que la

minerais du confl it en République Démocratique du

raison économique de réformer l’exploitation minière

Congo et au titre de laquelle les entreprises américaines

dans la Région des Grands Lacs résonne parmi les

ont l’obligation de divulguer l’origine du coltan, de la

acteurs de la scène internationale, le lien entre res-

cassiterite, de l’or, de la wolframite ou leur dérivé s’ils

sources naturelles et confl it doit primer lorsque des so-

proviennent de la RDC ou de pays voisins. Ceci a conduit

lutions durables sont envisagées pour la région. Jusque-

à la crainte que l’obligation de divulgation nécessitant à

là, les efforts des pays de la Région des Grands Lacs

qualifier les minerais régionaux de minerais ‘hors zone

ont été louables, mais il reste encore beaucoup à faire

du confl it en RDC’, ait un impact négatif sur la demande

afi n de contrer le rôle des ressources naturelles dans

en minerais provenant de la RDC et de la région. Bien

la continuation du confl it. Les gouvernements dans la

que la législation visant à adresser le problème que

région doivent développer leurs capacités de manière

pose le lien entre ressources naturelles et confl its, soit

à mettre en œuvre les initiatives existantes telles que

louable, elle ne parvient pas toutefois, à atténuer les

le RINR et les accords frontaliers actuels. Vu que les

effets imprévus de sa mise en œuvre. Ceci pourrait

pays de l’ICGLR appartiennent aux blocs économiques

comprendre la détérioration des conditions socio-

régionaux comme la Communauté Est Africaine et la

économiques résultant de la baisse d’investissement

Communauté de Développement d’Afrique Australe, ces

dans l’industrie minière et de la diminution de demande

derniers peuvent servir d’alliés naturels dans l’appui à

officielle en minerais provenant de la région à cause de

la mise en œuvre. Comme les effets négatifs du fi nance-

la stigmatisation découlant du confl it.

ment du confl it ne peuvent pas être limités à des pays

Bien que la législation américaine ne soit pas encore

donnés, une approche régionale collaborative serait très

entrée en vigueur, elle a poussé les pays de la région

efficace. Le rapport ressource naturelle/confl it est une

à régulariser leur situation en matière d’exploitation

question d’intérêt régional grave qui devrait figurer au

minière étant donné qu’initialement, l’impact se ferait

centre des efforts de lutte pour une paix et un dévelop-

ressentir dans l’ensemble de la région. La demande

pement durables dans la région. Les recommandations

mondiale en minerais étant l’élément catalyseur de

qui suivent peuvent servir de lignes directrices en vue

l’exploitation illégale et du commerce illicite, l’obligation

d’un tel engagement.

de divulgation va certainement réduire la demande et peut-être, donner à la région le temps de mettre sur pied un mécanisme d’exploitation minière régional efficace. D’un autre côté, l’effet de dissuasion des nouvelles

Pays dans la région ■

S’entendre par rapport aux initiatives en matière de sécurité:

obligations va probablement amplifier le trafic régional

L’insécurité régionale a eu un impact négatif sur les

illégal des minerais dans des pays plus éloignés et aura

pays de la région et c’est sur cette base que devrait se

surtout des effets néfastes sur les moyens de subsistance

fonder la collaboration sur les questions de sécurité.

des communautés minières. Aux efforts internationaux

Les efforts déployés pour faire face aux groupes

20

Institute for Security Studies

Compilé par Nyambura Githaiga

armés étrangers illégaux bénéficieront d’initiatives

à forte valeur ajoutée. Ceci permettra de générer

communes en matière de sécurité, centrées sur

davantage de revenus et de créer plus d’emplois.

l’amélioration de la sécurité régionale. La collaboration régionale devrait également se focaliser sur un désarmement coordonné et une mise en œuvre des accords de contrôle aux frontières. ■

Acteurs internationaux ■

acteurs internationaux devraient appuyer de manière

bonne gouvernance: Les gouvernements de la région

proactive la mise en œuvre des nouvelles régulations

devraient chercher à traiter activement des ques-

visant à contrer le fi nancement de confl it, en faisant

tions de démocratie et de bonne gouvernance à

prendre conscience du besoin de mettre sur pied

l’origine du confl it dans la région. Les processus électoraux donnent l’opportunité aux pays de la



Appuyer la mise en œuvre des nouvelles régulations: Les

Appuyer les processus encourageant la démocratie et la

l’infrastructure nécessaire. ■

Promouvoir la démocratie et le développement: Les acteurs

région d’encourager une transition politique et une

internationaux devraient continuer de soutenir les

démocratie dans les règles.

processus qui renforceront l’avancée de la démocratie

Mettre la priorité sur le développement économique et

et l’accroissement du développement économique,

la formalisation des industries minières: La clé pour

comme moyen de palier aux causes profondes du

réglementer le secteur minier se trouve dans la

confl it.

formalisation à l’échelle nationale. Ce sera essentiel pour veiller au succès de la certification et des mécanismes de traçabilité. Le développement de moyens de subsistance alternatifs augmenterait la diversification et la durabilité des économies locales. ■

NOTES 1

Les ressources naturelles sont généralement classées comme ressources renouvelables ou non renouvelables. Le premier

Domestication rapide du protocole sur la lutte contre

terme renvoie aux ressources comme les forêts, l’air et l’eau ;

l’exploitation illégale des ressources naturelles: Les gou-

le dernier terme, par contre, renvoie aux ressources telles que

vernements devraient entreprendre des programmes

les minerais et le pétrole. Les ressources renouvelables peuvent potentiellement se reconstituer naturellement.

intensifs d’éducation civique de manière à sensibiliser les populations locales, en tant que parties

2

lement utilisés dans les industries électroniques. Les minerais

prenantes et alliées, sur la nécessité de juguler

sont traits comme suit: la cassitérite en étain, le coltan/colum-

efficacement l’exploitation illégale des ressources na-

bite-tantalite en tantale et la wolframite en tungstène.

turelles. La gestion des ressources naturelles devrait également être intégrée aux systèmes d’éducation et

Ces minerais sont fondus afi n de fabriquer les métaux généra-

3

Ce protocole rentre dans le cadre du Pacte sur la Sécurité, la Stabilité et le Développement dans la région des Grands Lacs,

de formation pour des secteurs pertinents tels que

adopté par les états-membres de la Conférence internationale

l’application des lois.

sur la Région des Grands Lacs. 4

Organes régionaux

Le terme ‘minerai de confl it ’ renvoie aux minerais provenant des régions de confl its armés et dont les ventes permettent de perpétuer le confl it.



Faciliter l’apprentissage entre pairs: Les organes régionaux devraient faciliter l’échange d’apprentissage

5

entre états-membres dans tous les aspects se rapportant à la gouvernance, la sécurité et la gestion des ressources naturelles. Ce partage d’expérience et

Bank Development Group, 2000. 6



Renforcement des capacités: Les organes régionaux

and Institute for Security Studies, 2002, 8. 7

New York: International Peace Academy, 2003. 8

Achim Wennmann, The political economy of confl ict fi nancing:

protocoles régionaux. Ceci permettra à terme, de

a comprehensive approach beyond natural resources, Global

parfaire la capacité régionale en matière de sécurité,

Governance 13(3) (2007) 427-444, 427.

de contrôle des frontières et de gestion des ressources naturelles. ■

Karen Ballentine and Heiko Nitzschke, Beyond greed and grievance: policy lessons from studies in the political economy of armed conflict,

devraient jouer un rôle moteur dans l’amélioration de la capacité des états-membres à se conformer aux

Jeremy Lind and Kathryn Sturman (eds), Scarcity and surfeit, the ecology of Africa’s conflicts, African Centre for Technology Studies

de bonne pratique va favoriser la parité dans divers secteurs.

Paul Collier and Anke Hoeffler, Greed and grievance in civil war, World Bank Policy Research Working Paper 2355, The World

Planification du développement: La région a besoin de

9

Ibid.

10 United Nations Security Council, Final Report of the Panel of Experts on Illegal Exploitation of Natural Resources and Other Forms of

commencer à planifier le développement infrastruc-

Wealth of the Democratic Republic of Congo, S/2003/1027, 2003, 14,

turel en vue de stimuler le processus de production

http://daccess-dds-ny.un.org/doc/UNDOC/GEN/N03/567/36/

Rapport d’atelier

21

Dimensions régionales des conflits dans les Grands Lacs

IMG/N0356736.pdf?OpenElement (accessed 19 May 2012).

2010, 48-49, http://www.un.org/ga/search/view_doc.

{Conseil de Sécurité des Nations Unies, Rapport Final du Groupe

asp?symbol=S/2010/596 (accessed 19 May 2012). {Conseil de

d’Experts sur l’Exploitation illégale des Ressources naturelles et autres

Sécurité des Nations Unies, Rapport intérimaire du Panel d’Experts

formes de richesses de la République démocratique du Congo}

sur la République démocratique du Congo}.

11 IRIN, DRC: Angola’s ‘sans papiers’ violently deported in latest wave of expulsions, 2011, http://www.irinnews.org/report. aspx?reportid=93004 (accessed 30 August 2011). 12 Ibid.

22 Ibid, 75. 23 Patricia Kameri-Mbote, Environment and conflict linkages in the Great Lakes Region, IELRC Working Paper, 2005-6, 4. 24 Wennmann, The political economy of confl ict fi nancing, 428.

13 Adrian Craddock, Congolese rape victims pay the price of Angola–DRC oil dispute, Think Africa Press, 2011, http://thinkaf-

25 Federal Institute for Geosciences and Natural Resources, Mineral

ricapress.com/angola/congolese-rape-victims-pay-price-angola-

certification: certified trading chains and the Analytical Fingerprint

drc-oil-dispute (accessed 16 August 2011).

(AFP), Newsletter 03/2011.

14 Petrus de Kock, The DRC at 50: confronting the challenges of peace and territorial consolidation, Policy Briefi ng 22, 2010, 3. 15 Bruce Guenther, The Asian drivers and the resource cures in Sub-Saharan Africa: the potential impacts of rising commodity prices for confl ict and governance in the DRC, The European Journal of Development Research 20(2) (2008), 347-363. 16 United Nations Security Council, Interim Report of the Group of Experts on the Democratic Republic of the Congo, S/2011/345, 2011, 18, http://www.un.org/ga/search/view_doc.asp?symbol=S/2011/345 (accessed 19 May 2012). {Conseil de Sécurité des Nations Unies, Rapport intérimaire du Groupe d’Experts sur la Republique démocratique du Congo}.

26 United Nations Security Council, Interim Report of the Group of Experts on the Democratic Republic of the Congo, S/2011/345, 21. {Conseil de Sécurité des Nations Unies, Rapport intérimaire du Panel d’Experts sur la République démocratique du Congo}. 27 Ibid, 20. 28 Blore and Smillie, Taming the resource curse, 15. 29 Thierry Vircoulon, Behind the problem of confl ict minerals in DR Congo: governance, International Crisis Group, 2011, http://www.crisisgroup.org/en/regions/africa/central-africa/ dr-congo/behind-the-problem-of-confl ict-minerals-in-dr-congogovernance.aspx (accessed 19 May 2012).{Derrière le problème des minerais des confl its, la gouvernance du Congo ttp://www.

17 Ibid, 8-15.

crisisgroup.org/fr/regions/afrique/afrique-centrale/rd-congo/

18 Chip Pitts, Human exploitation fuels mining trade in DRC:

Derriere%20le%20probleme%20des%20minerais%20des%20

Apple, Dell look away, 2009, http://www.huffingtonpost.com/ amnesty-international/human-exploitation-fuels_b_243939.

confl its.aspx}. 30 Ibid.

html (accessed 30 August 2011). 19 De Kock, The DRC at 50, 2. 20 United Nations Security Council, Final Report of the Panel of Experts on Illegal Exploitation of Natural Resources and Other Forms of Wealth of the Democratic Republic of Congo, S/2003/1027, 15. {Conseil de Sécurité des Nations Unies, Rapport Final du Groupe d’Experts sur l’Exploitation illégale des Ressources naturelles et autres formes de richesses de la République démocratique du Congo}. 21 United Nations Security Council, Final Report of the Group of Experts on the Democratic Republic of the Congo, S/2010/596,

22

31 Ministère des Mines, Acte d’engagement solennel de la Société Civile, 2011. 32 Philip Arthur Njuguna Mwanika, Natural resources conflict management processes and strategies in Africa, ISS Paper 216, 2010, 9, http:// www.issafrica.org/uploads/216.pdf (accessed 19 May 2012). 33 Blore and Smillie, Taming the resource curse, 34-35. 34 Vircoulon, Behind the problem of confl ict minerals in the DR Congo, 3. {Derrière le problème des minerais des confl its, la gouvernance du Congo}.

Institute for Security Studies

Déplacements forcés et conflits dans la Région des Grands Lacs Dr Khoti Chilomba Kamanga Centre d’Études des Migrations Forcées

INTRODUCTION

déplacements forcés, un éventail d’autres formes de mo-

Le terme ‘Région des Grands Lacs’, bien que largement

lieu, il y a la question des personnes déplacées internes

utilisé, n’a pas une interprétation commune ou partagée.

(PDI). 3 Le tableau 1 met en exergue le phénomène de PDI

Dans le contexte de la Conférence Internationale sur

dans certains pays de la Région des Grands Lacs.

bilité des personnes exige des interventions. En premier

la Région des Grands Lacs (CIRGL) 1 le terme indique

Dans la foulée des PDI, on retrouve une catégorie au

onze états africains, dont sept, à savoir, le Burundi, la

cœur des sujets d’actualités très importants que sont

République démocratique du Congo (RDC), le Kenya,

le changement environnemental et le réchauffement

le Rwanda, la Tanzanie, l’Ouganda et la Zambie, sont

climatique. Le déplacement est devenu une stratégie

nichés sur les côtes des plus grands lacs d’Afrique :

d’adaptation en ce qui concerne un autre stimulant -

Victoria, Tanganyika, Albert et Kivu. Les quatre autres

la perturbation caractérisée de l’écosystème qui le

états membres : l’Angola, la République Centrafricaine,

rend de manière temporaire ou permanente, inadapté à

la République du Congo – Brazzaville et le Soudan, ne

la vie humaine. 4 L’impact potentiel du changement cli-

se trouvent pas à proximité des lacs. Dans cet article,

matique sur le mouvement des populations a été décrit

le terme ‘Région des Grands Lacs’ a une interprétation

par une des sources comme suit: ‘ Selon des estimations,

restreinte et qui se limite aux ‘principaux’ états des

le changement climatique pourrait entrainer le déplace-

Grands Lacs, à savoir, le Burundi, le Kenya, le Rwanda, la

ment de 25 millions à un milliard de personnes dans les

Tanzanie et l’Ouganda.

quatre prochaines décennies.’

2

La troisième et dernière catégorie n’est pas moins

MOBILITÉ DES PERSONNES

problématique. Souvent décrits comme ‘migrants sans

Tandis que des urgences majeures concernant les

irrégulière’, ces déplacées représentent une autre mani-

réfugiés continuent de faire la une du discours sur les

festation de mobilité humaine contemporaine. 5

Tableau 1 Nombre des personnes déplacées internes dans la Région des Grands Lacs, 2010/11

cements forcés dans la Région des Grands Lacs, cette

papiers’, ‘ migrants irréguliers’ ou ‘ migrants en situation

Etant donné l’ensemble de sous-catégories de dépla-

Pays Burundi République démocratique du Congo Kenya Ouganda Total

Rapport d’atelier

Nombre de PDI

étude se concentre sur les deux manifestations les plus visibles et les plus durables – notamment les réfugiés et les déplacées internes. Les statistiques sur les réfugiés

100 000

et les PDI dans la région sont présentées de manière

1 700 000

à défi nir le problème soulevé dans son contexte et à

250 000 74 000 2 124 000

fournir une toile de fond pour rechercher des réponses efficaces et adaptées. Outre de révéler les tendances en matière de déplacement dans la région, les données nous permettent de déterminer la gravité de la situation par

23

Dimensions régionales des conflits dans les Grands Lacs

rapport à d’autres emplacements géographiques sur le

internes. Cependant, les défi nitions élaborées qui déter-

continent et au delà.

minent qui est considéré comme ‘réfugié’ ne devraient

De tous les cas de déplacements forcés, ‘les situations

pas être considérées comme complètes et exhaustives.

de réfugiés en attente prolongée’ (PRS) sont les plus

Il est vrai que la Convention de l’OUA de 1969 régissant

graves. Qui plus est, les données indiquent que la gravité

les aspects propres aux problèmes des réfugiés a apporté

de la situation dans la Région des Grands Lacs est parti-

un développement normatif bienvenu lorsqu’elle a défi ni

culièrement critique du fait de la taille de la population

le réfugié de manière plus libérale que la Convention

et de la durée, qui ensemble, dépassent le seuil d’une

des NU. 6 Ceci dit, il est également important de souli-

PRS. Une des hypothèses clé de cet article est qu’il existe

gner que depuis l’adoption de la Convention de l’OUA,

un lien intime entre le déplacement forcé, d’une part, et

beaucoup d’eau est passé sous les ponts. Les années

la gouvernance et le conflit armé d’autre part. La deu-

intermédiaires ont vu une hausse dans les catégories

xième hypothèse repose sur le rôle (adapté ou autre) de

de personnes demandeuses d’asile et d’assistance

la politique, des cadres institutionnels et légaux dans le

humanitaire, un problème aggravé entre autres choses

lien déplacement – confl it. Il a été conclu qu’il existe un

par ‘des flux de migration mixtes’, ‘des guerriers

lien de causalité (même s’il n’est pas direct ou linéaire)

réfugiés’, et l’émergence de l’environnement comme

entre l’incidence élevée de déplacement dans la région

principal déterminant de déplacement. Compte tenu de

et les défis en matière de gouvernance, ainsi qu’avec les

ces développements sans précédent, le bien-fondé de la

confl its vraisemblablement incessants qui ravagent la

Convention de l’OUA en tant que cadre réglementaire est

région. Les insuffi sances au niveau politique, institution-

questionnable. Non seulement les définitions actuelles

nel ou légal constituent un facteur aggravant.

ne suivent pas la réalité qui se dessine autour de la

Dans cette optique, l’étude recommande d’abord et

notion de réfugiés, mais de nouvelles formes de mobilité

avant tout qu’au lieu de traiter le déplacement comme

humaine émergeant au delà du champ des préceptes

un phénomène transitionnel, les responsables politiques

juridiques existants.

devraient commencer à élaborer des stratégies à moyen

D’une part, il y a de nombreux sous-ensembles de

et long terme qui tiennent compte de la nature durable

personnes, qui sont toutes associées d’une façon ou

du phénomène. De manière générale, le paradigme

d’une autre à la notion de ‘réfugiés’. Les plus notoires

‘migration et développement’ devrait être adapté. Plus

parmi celles-ci sont les demandeurs d’asiles dont les

précisément, l’atténuation et la perturbation du lien

applications sont soit indéterminées ou non concluantes,

déplacement – confl it semble faire appel à une attention

mais, ils demeurent cependant sous la compétence ter-

et à des ressources plus accrues dans les domaines

ritoriale de l’état concerné bien qu’aucune solution n’ait

qui suivent : retranchement d’une culture fondée sur

été trouvée. Ensuite, il y a les réfugiés de facto qui sont

des données probantes en élaborant des interventions

en désaccord avec les exigences (rigides) du pays hôte

politiques ; favorisation d’une culture de larges consul-

en matière de résidence et de papiers, mettant ainsi en

tations déterminées avec les parties prenantes dans

question leur statut de jure. Les réfugiés qui enfreignent

l’élaboration et la mise en œuvre de politiques ; garantie

ces conditions se retrouvent classés dans la catégorie

d’une mise en œuvre et une application plus ferme des

vaguement défi nie de ‘colon irrégulier’ ou de migrant

obligations de traités pertinents dans le cadre des dépla-

sans papiers.

cements forcés.

Le continuum de réfugiés comprend également ceux-là qui ont opté pour le rapatriement volontaire ou

NATURE, AMPLEUR ET TENDANCE DES DÉPLACEMENTS DANS LA RÉGION DES GRANDS LACS

la relocalisation (dans un troisième pays) et pour ce dont

Cette section essaye d’adresser les trois questions inter

continuent d’avoir véritablement besoin de protection et

reliées, à savoir, la nature, l’étendue et les tendances de

d’assistance en attendant une réintégration complète. Ce

déplacements. Elle va chercher à capturer les différentes

sont ceux connus sous le nom de ‘personnes de retour’.

manifestations objectives de la mobilité humaine qui

le processus n’est pas encore arrivé à la phase finale. Un autre et dernier sous-ensemble regroupe ces réfugiés qui ont été rapatriés et qui pour une raison ou pour une autre,

J’attire l’attention sur ces catégories essentiellement

sont d’un intérêt particulier pour l’incidence de confl its

pour souligner les différentes nuances en terme de lois,

violents. En bref, les manifestations de mobilité peuvent

procédures et institutions (locales ou autres) applicables

facilement être groupées en ‘forcé’ et ‘volontaire’ ou

avec la lourde responsabilité de s’occuper de (ou le

‘déplacement forcé’ et ‘migrants’.

mandat institutionnel sur) l’individu ou le groupe en

C’est dans le groupe ‘déplacement forcé’ que nous retrouvons aussi bien les réfugiés que les déplacées

24

question. Cette distinction est également pertinente pour le processus visant à identifier les besoins en

Institute for Security Studies

Compilé par Nyambura Githaiga

Tableau 2 Statistiques par pays sur les réfugiés de la Région des Grands Lacs, 2010 Nombre de réfugiés du pays d’origine

Nombre de réfugiés accueillis par ‘le pays d’origine’

84 004

29 365

4 766

3,50

476 693

166 336

16 631

2,52

8 602

402 905

325

9,95

Rwanda

114 836

55 398

10 906

5,21

Tanzanie

1 144

109 286

0

2,44

Ouganda

6 441

135 801

59

4,06

691 780

899 091

32 687

Origine Burundi République démocratique du Congo Kenya

Total

Nombre de réfugiés qui sont retournés dans le pays d’origine

Nombre de réfugiés pour 1 000 habitants

Source Extrait de http://www.guardian.co.uk/news/datablog/2010/jun/15/refugee-statistics-unhcr# (consulté le 30 août 2011).

matière de protection ainsi que les implications possibles

des tendances en matière de déplacement forcé confirme

en termes de sécurité pour l’(les) état(s) concerné(s). Il

une baisse au niveau des populations de réfugiés contre

va de soi que, le retard démesuré accumulé pour déter-

une forte augmentation du nombre de PDI. 8 En outre, et

miner le statut des demandes d’asile reste une source de

point particulièrement pertinent de cet article, le dépla-

stress, de fatigue, de violence généralisée et de fatalité

cement à l’intérieur du pays a invariablement été lié à

considérables pour ceux qui résident dans les centres de

des confl its particulièrement graves, que ce soit dans la

détention. Les deux autres catégories ayant un impact

Région des Grands Lacs, en Asie ou en Amérique Latine. 9

direct sur la stabilité et la sécurité sont ceux que l’on

Les responsables politiques qui abordent les ques-

désigne vaguement de ‘migrants environnementaux’

tions de mobilité et de sécurité doivent également garder

et ceux connus sous le nom de ‘réfugiés guerriers’, le

à l’esprit deux autres phénomènes qui prennent de

dernier étant associé au problème beaucoup plus vaste

l’ampleur dans la région, à savoir, la traite et le trafic des

de militarisation des camps de réfugiés.

êtres humains.

Il n’est pas possible d’ignorer le phénomène des

S’il n’est pas possible d’affi rmer que ce qui précède

déplacées internes dans la Région des Grands Lacs. On

représente une liste complète des manifestations de

s’accorde à dire que les PDI devraient être reconnues

mobilité humaine susceptibles d’avoir un impact sur la

comme un des nouveaux défis émergents autant pour

sécurité, il est possible de dire que la liste englobe les

les chercheurs, les praticiens que pour les responsables

groupes les plus importants et les plus visibles.

politiques. 7 En très peu de temps – comme illustré par

En laissant derrière la double question de la nature et

le Tableau 1, et contrairement au Tableau 2 – les PDI

de l’ampleur du déplacement dans la sous-région, nous

ont dépassé les réfugiés en devenant le constituant

nous tournons vers ces tendances dans le déplacement

le plus important et connaissant la croissance la plus

très pertinentes pour le lien déplacement – sécurité.

rapide parmi les déplacées forcées. En effet, une lecture

Il n’est pas vraiment reconnu que le déplacement

attentive des bases de données et analyses mondiales

et la migration forcés ont des racines profondes et

Tableau 3 Statistiques des réfugiés au niveau mondial par zone géographique Nombre de réfugiés originaires de la région

Nombre de réfugiés migrant vers une autre région

Nombre de réfugiés retournés dans la région d’origine

Asie

6 393 200

97 584

5 620 502

Afrique

2 805 165

149 480

2 300 062

Europe

528 245

4 319

1 628 086

Amérique Latine et Caraïbes

462 808

70

367 437

Autres

202 550

25

0

Amérique du Nord

2 467

0

444 895

Océanie

2 105

0

35 558

Source Données extrapolées de l’HCR et du site internet du Comité américain pour les réfugiés et les immigrants.

Rapport d’atelier

25

Dimensions régionales des conflits dans les Grands Lacs

omniprésentes – il en va de même pour l’implication

soient situés ‘à une distance raisonnable de la frontière

pour la mobilité humaine des systèmes économiques

du pays d’origine [du réfugié]’. En réalité, les réfugiés

régionaux, une composante clé de laquelle découle

sont souvent installés dans des zones éloignées, où les

le mouvement libre des facteurs de production. En

ressources représentent un défi et sont caractérisées

d’autres termes, la mobilité humaine est non seulement

par une présence nominale ou faible du gouvernement

inséparable de l’histoire de la région, mais elle constitue

central, mais habitées par les communautés chevau-

également une caractéristique définissant le présent et

chant une frontière internationale hautement poreuse.

un futur prévisible. 10 Deuxièmement, et comme cela a

Un profi l pareil de camps est le foyer de tension et de

été illustré dans les Tableaux 1 et 2, il existe un trajet

suspicion dans les relations entre pays hôte et d’origine.

confl ictuel entre les réfugiés d’une part et le reste des

La présence de réfugiés guerriers et la militarisation

catégories de déplacées et migrants forcés d’autre part.

des camps viennent s’ajouter aux relations tendues

Le troisième développement notable est l’incidence des ‘flux migratoires mixtes’ dont les enjeux huma-

entre les réfugiés et les communautés locales. A titre d’évaluation d’ensemble des interventions

nitaires et sécuritaires sont associés au fait qu’un

des pays hôtes, il est juste de dire qu’en dehors d’une

immense afflux transfrontalier et spontané réunisse

poignée d’approches ‘anticonformistes’, la plupart des

des personnes gouvernées par des politiques, des lois

interventions politiques tendent vers une tendance

et institutions diverses et quelquefois conflictuelles.

mondiale prédominante, qui va vers le restrictionnisme

L’afflux phénoménal du Rwanda dans le sillage de la

et s’éloigne de ce que Rutinwa et les autres ont dénommé

guerre civile et génocide de 1994 constitue un exemple

‘l’âge d’or de l’asile’, comme illustré par la ‘politique de

classique. A un moment donné, toutes les 24 heures,

la porte ouverte’ autrefois égalitaire de la Tanzanie. 14

près de 250 000 personnes, semble-t-il, traversaient la frontière avec la Tanzanie, exerçant ainsi une pression sans précédent sur la gestion transfrontalière, le contrôle des maladies, l’apport d’aide, l’approvisionne-

CADRE RÉGLEMENTAIRE GOUVERNANT LE DÉPLACEMENT

ment en eau et l’accès aux terres. 11 Il s’est rapidement

Cette étude est fondée sur l’existence d’un lien de cau-

avéré que parmi les demandeurs d’asiles se trouvaient

salité entre déplacement et conflit, mais également sur

d’anciens Interahamwe et miliciens des FAR (Forces

l’hypothèse que le bien-fondé, ou autre, du cadre régle-

Armées Rwandaises), dont certains étaient responsables

mentaire gouvernant le déplacement est une variable clé

de graves crimes contre le droit international, tels que

dans l’équation. Il existe une autre hypothèse. Un cadre

le génocide et les crimes contre l’humanité. 12 Chacun

réglementaire solide, pourrait s’avérer important pour

des six pays de la Région des Grands Lacs dont il est

vérifier les excès associés au déplacement et ce faisant,

question, constitue une terre d’asile importante et en

exclure, ou atténuer, l’incidence du conflit où il éclate.

dehors de la Tanzanie, également un pays de provenance

A l’inverse, une transformation de conflit effective et

notoire (voir Tableau 2). Dans ce cas, la région n’est pas

efficace et un système de reconstruction post-confl it

exceptionnelle, étant donné que le même scenario existe

dépendent beaucoup d’un cadre réglementaire perti-

dans d’autres régions du continent tel que la Grande

nent. C’est contre ce contexte que dans cette section,

Corne. Ce qui fait la différence avec la Région des Grands

l’attention est portée vers les directives de politique,

Lacs, cependant, est la gravité de la situation (plus de 25

les lois et institutions au cœur du cadre réglementaire

000 personnes en exil pour une période ininterrompue

spécifique au déplacement.

de plus de 12 ans) qui a amené les chercheurs et les pra-

Une question préoccupante se pose par rapport

ticiens à désigner cette situation de ‘situation de réfugiés

au degré de conformité du cadre réglementaire aux

en attente prolongée’ (PRS). 13 L’aspect pertinent de cet

standards et aux pratiques normatives internationales

article se trouve dans le lien important qui existe entre

existantes, principalement l’exactitude avec laquelle

le PRS et l’incidence de confl its violents.

on met en vigueur les obligations de traité assumées

Il vaut la peine de mentionner deux autres faits:

volontairement et en particulier, la ratification, la do-

l’emplacement des camps de réfugiés (en termes de

mestication et l’adoption d’autres mesures d’application

distance par rapport aux frontières internationales) et

de traité. Le niveau de cohérence entre les diverses

les interventions politiques face à l’incidence de dé-

composantes du cadre, à savoir, la loi, la politique et la

placement et de migration. Souvent et ça se comprend,

pratique, suscite également des préoccupations. Un bon

les camps de réfugiés sont placés à proximité de la

nombre de traités ont été signés par les états membres

frontière commune avec le pays d’origine du réfugié en

dans la région. Un problème d’un tout autre ordre

dépit de la prescription (ambivalente) de la Convention

concerne le statut de ratification, la domestication et

de l’OUA sur les réfugiés qui demande que les camps

d’autres mesures d’application et de suivi.

26

Institute for Security Studies

Compilé par Nyambura Githaiga

Graphique 1 Lien déplacement–conflit

Si la lenteur dans la conformité au traité se limitait

par une ‘guerre intraétatique’ ou ‘interétatique’). Le

aux traités mondiaux généralement applicables, tels que

terme ‘confl it’ adopte la définition articulée dans les

la Convention des Nations Unies de 1951 sur le Statut

Conventions de Genève de 1949 et plus précisément, par

des Réfugiés, il n’y aurait aucune raison de déclencher la

les Protocoles additionnels de 1977 et la jurisprudence

sonnette d’alarme. Cependant, le statut de ratification,

des tribunaux ad hoc des NU pour l’ex-Yougoslavie

la domestication et les mesures de suivi administratif

(TPIY) et pour le Rwanda (TPIR). On fait la distinction

et judiciaire constituent une source de préoccupation,

entre confl its armés internationaux et non interna-

même par rapport aux traités sous-régionaux locaux tels

tionaux. Les Conventions de Genève de 1949, elles,

que le Pacte de Nairobi de 2006 et deux de ces protocoles

défi nissent le premier comme ‘tous cas de guerre

les plus pertinents.

déclarée ou de confl its armés’ ou, ‘occupation… même

15

Il est nécessaire de souligner que le ‘Processus des

si ladite occupation ne rencontre aucune résistance’. 17

Grands Lacs’ a le potentiel de traiter de manière signifi-

L’Article 1 du Protocole II, pour sa part, défi nit le confl it

cative le dilemme apparemment incessant de déplace-

non international (en langage populaire, guerres civiles)

ment et de confl it dans la région. 16 Bien que l’origine du

comme une confrontation armée se déroulant dans les

processus remonte au niveau du Conseil de Sécurité des

limites d’un état et dressant les forces gouvernementales

NU et de l’Union Africaine, c’est une initiative locale et

contre ‘des forces armées dissidentes ou autres groupes

elle est particulière à cause de son approche holistique

armés organisés’. Il est nécessaire de souligner que la

et intégrée face aux défi s en matière de gouvernance, de

Région des Grands Lacs a dans le passé expérimenté les

stabilité et de développement dans la région.

deux catégories de conflit armé. Dans l’affaire Jean Paul Akayesu par exemple, le tribunal a caractérisé la con-

DYNAMIQUE DU LIEN DÉPLACEMENT - CONFLIT DANS LA RÉGION DES GRANDS LACS Cette section, avec l’aide du graphique 1, tente de capturer le double phénomène de déplacement et de

frontation au Rwanda au moment du génocide, comme étant ‘un confl it armé non international’. 18 De même, les confl its armés internationaux ne sont pas inconnus de la Région des Grands Lacs et ont même donné lieu à des contentieux internationaux.19 La menace de confl its violents sur la sécurité des

confl it. La première phase de la discussion sera suivie

personnes, ne laisse aucun autre choix que la fuite, qui

d’un examen des événements du milieu des années 90

par la suite prend deux principales formes – le déplace-

au Rwanda.

ment interne pour les PDI, et l’afflux transfrontalier

Tout en haut du graphique se trouve un bloc

résultant en demandeurs d’asile et en réfugiés, comme

représentant une situation existante de ‘confl it

décrit par les deux blocs situés sur la droite. Le bloc

violent’ (dont le cas le plus extrême se traduit soit

suivant, ‘tension interne’, souligne le déclin dans la

Rapport d’atelier

27

Dimensions régionales des conflits dans les Grands Lacs

stabilité et la tranquillité, occasionné par la présence

réfugiés en Tanzanie et au Zaïre. 20 Pour compliquer les

des PDI et des réfugiés.

choses, les Interahamwe et les forces armées de l’ancien

Là où aucun effort n’a été déployé pour contenir et

gouvernement (FAR) ont commencé à recruter, à se

localiser ces tensions, ou que de tels efforts se sont avérés

réarmer et à s’entrainer. Milner affi rme que les ‘préoccu-

infructueux, une escalade de tensions survient avec des

pations sécuritaires directes auxquelles sont confrontées

répercussions sur l’état voisin ou sur plusieurs états con-

la Tanzanie concernent les allégations affi rmant que les

tigus, rendant ainsi ‘régional’ ce qui à l’origine était un

éléments armés burundais reposaient dans et autour

conflit intraétatique et local. Une fois que cela se produit,

des camps [de réfugiés] et la croyance que la présence de

il est fort probable d’assister à une nouvelle vague de

réfugiés facilitaient le flux d’armes’.

déplacement (autant de PDI que de réfugiés) dans les

D’après une analyse, les milices Hutu ont créé une

pays nouvellement affectés, un développement capable

insécurité telle qu’en 1996, le gouvernement mené par le

d’exacerber le conflit d’origine et de cette manière, de

Front patriotique rwandais (FPR) a demandé à maintes

compléter le cycle vicieux de déplacement et de violence.

reprises que le gouvernement congolais démantèle les camps de réfugiés ou affronte une intervention armée

LE DÉPLACEMENT DE 1994 AU RWANDA ET LA RÉGIONALISATION DU CONFLIT

par l’Armée patriotique rwandaise (APR), l’aile armée du FPR.21 En effet, un des éléments justifiant le soutien du APR à l’Alliance anti-Mobutu des Forces démocratiques pour la Libération du Congo – Zaïre (AFDL) conduite

La Région des Grands Lacs confirme l’opinion très

par Laurent Désiré Kabila était d’éliminer la menace

répandue selon laquelle le déplacement et le confl it sont

militaire potentielle que représentent les milices hutues

intimement liés dans le sens que le confl it est souvent

dans les camps de réfugiés, qui étaient perçus par Kigali

parmi les principaux éléments ‘déclencheurs’ des dé-

comme un risque important pour la sécurité. 22Pour dire

placements forcés, et les PRS en particulier, tandis que le

les choses simplement, ce qui au départ était considéré

dernier constitue, parallèlement, une source importante

comme une question intraétatique, a mené non seule-

d’instabilité et de guerre. Un exemple classique de cette

ment à de nombreux afflux transfrontaliers du Rwanda

relation symbiotique toxique entre déplacement et

aux pays contigus de la sous-région, mais, comme le

confl it s’illustre par la situation de la Région des Grands

graphique essaye de démontrer, l’ensemble de la Région

Lacs suite à l’exode rwandais de 1994. Le génocide,

des Grands Lacs a également subi une instabilité et une

associé à la guerre civile, n’ont laissé aucune autre

insécurité qui pourraient être directement liées au conflit

alternative aux rwandais sinon que la fuite à l’intérieur

et déplacement (intraétatique) à l’intérieur du Rwanda.

du pays et à travers les frontières. Outre les déplacées

Il faut reconnaitre que le lien de causalité entre

internes, près de 2,5 millions de personnes ont cherché

déplacement et confl it ne devrait pas être vu dans le

refuge auprès des pays voisins, notamment, au Burundi,

sens où toutes situations de déplacements – y compris

puis au Zaïre, en Tanzanie et en Ouganda.

une situation de réfugiés en attente prolongée – mènent

Les implications de l’ampleur phénoménal du

inévitablement à un confl it violent. Au contraire,

déplacement pour la sécurité régionale devint en

quelque soit l’endroit où il y a un conflit violent, le

relativement peu de temps apparentes et se traduisirent

déplacement massif de populations en est le résultat

par la présence de guerriers réfugiés, la militarisation

inéluctable. Les praticiens et les chercheurs ont identifié

des camps de réfugiés, le trafic d’armes, l’expropriation

un nombre d’ingrédients ou les préconditions derrière

des ressources humanitaires par les groupes armés,

le déploiement du lien de causalité, comme c’était le

l’effondrement de l’ordre public, la capacité tronquée des

cas du déplacement rwandais. Néanmoins, il est juste

autorités gouvernementales (du pays d’asile) de mainte-

de souligner que la condition sine qua non la plus me-

nir l’ordre dans les camps de réfugiés, et la vulnérabilité

naçante semble être l’existence d’une PRS.

ouvertement accrue des pays hôtes, surtout en Tanzanie. De cette façon, ce qui aurait dû être un déplacement ‘innocent’ de population, est devenu très rapidement toxique, menaçant de déstabiliser toute la sous-région. Par exemple, les camps de réfugiés au Zaïre étaient

SITUATIONS DE RÉFUGIÉS EN ATTENTE PROLONGÉE ET QUÊTE DE SOLUTIONS DURABLES

connus à l’époque pour abriter les personnes comman-

Il a été démontré que de toutes les situations de déplace-

ditant et supervisant le génocide rwandais, à savoir, les

ment forcé des personnes, les situations de réfugiés en

génocidaires. Avec une témérité insultante, les milices

attente prolongée aurait des conséquences plus impor-

rwandaises ont répliqué les structures politiques des

tantes et de grande portée, comprenant confl it et instabil-

communes du pays de résidence au sein des camps de

ité (intra- et interétatique). La Conférence Internationale

28

Institute for Security Studies

Compilé par Nyambura Githaiga

sur la Région des Grands Lacs (CIRGL) est claire sur le fait

de Tabora et de Rukwa situées dans la partie sud-

que, très souvent, le conflit et l’instabilité perturbent le

centrale de Tanzanie, seulement 20 pourcent ont opté

développement économique et perpétuent la pauvreté. En

de retourner dans leur pays, contre 80 pourcent qui ont

d’autres termes, il est essentiel de trouver une solution

clairement signifié leur envie de s’assimiler et d’acquérir

durable aux PRS afin de garantir une paix, une stabilité et

la citoyenneté tanzanienne. Autrement, on est de plus en

un développement durables. Cependant, trouver une solu-

plus éclairé sur les mouvements de réfugiés et les migra-

tion acceptable et satisfaisante au problème de déplace-

tions en général et ceci a donné naissance à un discours

ment est plus facile à dire qu’à faire.

‘migration et développement’.27

Par exemple, il existe un bon nombre de documenta-

Le discours migration - développement est pertinent

tions sur les traditionnelles trois ‘solutions durables’ au

pour le lien déplacement- confl it (qui est la préoccupa-

problème des réfugiés, à savoir : le rapatriement, la réin-

tion première de cet article) de plusieurs façons. Tout

stallation et l’intégration locale. Les experts ont souvent

d’abord, il y a le fait que les réfugiés soient considérés

démontré les limites graves caractérisant chacune des

comme étant une composante intégrale de la migration

trois solutions, en dépit de l’unanimité par rapport à la

internationale. Deuxièmement, une stratégie clé de la

pertinence comparée du rapatriement. Etant donné la

dimension migration et développement se trouve dans

particularité du PRS, les stratégies visant à lutter contre

l’accent mis pour améliorer le régime des droits de

le fléau demandent de ‘sortir de ses sentiers battus’ et,

l’homme au niveau national, comme instrument de lutte

d’apporter au moins une innovation stratégique pour

contre la pauvreté, la mauvaise gouvernance et le conflit,

comprendre et mettre en application les traditionnelles

qui sont tous connus comme déclencheurs de déplace-

trois solutions durables. C’est pour cette raison que je

ment et de migration. 28

trouve l’approche suivie par le ‘Processus des Grands

Un principe pertinent et dans le même ordre d’idée

Lacs’, en considérant son balayage proactif, inclusif et

insiste sur le fait que la migration devrait être le

holistique, comme étant l’approche la plus prometteuse

résultat d’un choix plutôt que d’une nécessité. Selon la

dans la lutte contre les éléments déclencheurs ainsi que

Commission mondiale sur les migrations internationales

les de facteurs d’instabilité et de confl it.

(CMII), ‘femmes, hommes et enfants devraient être

Comme l’ont indiqué Milner et Loescher,23 il faut

capable de réaliser leur plein potentiel, de satisfaire leurs

faire la distinction entre PRS et situations d’urgence.

besoins, d’exercer leurs droits et de répondre à leurs

Deuxièmement, on ne perd rien à explorer le renforce-

aspirations dans leurs pays d’origine’. 29

ment mutuel possible des trois solutions durables, combiné à de nouvelles options. En effet, on pense de manière presque unanime que la relocalisation dans un troisième pays (en d’autres termes, la réinstallation) est limitée et pas très efficace. Le nombre total de personnes pouvant profiter de cette solution durable, par rapport

LA TANZANIE ET LA QUÊTE DE SOLUTIONS DURABLES AUX SITUATIONS DE RÉFUGIÉS EN ATTENTE PROLONGÉE

à ceux dans le besoin, représente une goutte d’eau dans

Si l’on chargeait quelqu’un de trouver un exemple clas-

l’océan et par conséquent, ne peut pas être considéré

sique de PRS dans la Région des Grands Lacs, sa recherche

comme contribuant de manière significative à la réduc-

inclurait la Tanzanie, si elle ne se termine pas avec elle.

tion du poids lié aux PRS des pays d’asile respectifs. Ceci

Rappelons-nous que selon les chercheurs et les praticiens,

ne devrait pas être surprenant étant donné que la réin-

on est confronté à une ‘PRS considérable’ lorsque 25 000

stallation est une question entièrement à la discrétion

réfugiés ont été en exile pendant plus de cinq ans sans

de l’état qui désire voir les réfugiés réinstallés dans son

espoir de trouver une solution durable immédiate.30

territoire à titre de séjour permanent. Une intégration

Curieusement, même le terme PRS ne capture pas vrai-

locale (impliquant la naturalisation), comme la réinstal-

ment la gravité de la situation en Tanzanie. Ceci est

lation, est une des solutions les moins populaires pour

clairement illustré dans le Tableau 4 qui indique qu’en

les responsables politiques et par conséquent, les offres

fin décembre 2006, il y avait 481 000 réfugiés du Burundi

d’intégration locale sont si rares que les pays d’asile tels

et de RDC en Tanzanie, avec une durée moyenne d’exil

que la Tanzanie s’en démarquent.

de 22,5 années. En tant que pays d’asile et de PRS par

24

25

Dans un grand nombre de documents politiques,

excellence, la quête de ‘solutions durables’ pour la popula-

le retour volontaire des réfugiés est souvent considéré

tion de réfugiés de la Tanzanie devrait figurer parmi les

comme la solution préférable parmi les autres.

sujets prioritaires pour les chercheurs, les responsables

26

Et

cependant, comme l’expérience tanzanienne l’a démontré, ce n’est pas toujours le cas. Des 218 000 réfugiés burundais, des prétendus vieux peuplements des régions

Rapport d’atelier

politiques et bien sûr, les réfugiés eux-mêmes. Les contraintes de temps et d’espace font que l’auteur se limite à une recherche de solutions durables et

29

Dimensions régionales des conflits dans les Grands Lacs

Tableau 4 Nationalités de la population de réfugiés en Tanzanie et la durée d’exil (Décembre 2006) Nationalités

Population

Durée d’exil (années))

Burundi

353 000

35,0

République démocratique du Congo

128 000

10,0

Total

481 000

22,5

Sources Tirées de l’Enquête de 2007 sur les réfugiés du monde et le Rapport statistique annuel de l’HCR de la même période.

s’abstienne de considérer les initiatives précédentes. Il

groupes: ceux d’application générale, ceux relativement

est nécessaire de rappeler qu’en 1983, le président tanza-

spécifiques et ceux de questions transitoires.

nien, Mwalimu Julius Nyerere, devint le deuxième afric-

Cinq autres questions dans ce document de politique

ain (après Sir Seretse Khama du Botswana) ayant jamais

innovant méritent notre attention. NaSCIP reconnait

reçu le Nansen Award, le plus prestigieux honneur

et implicitement entend promouvoir la possibilité de

conféré par l’HCR, pour les actions extraordinaire et

voir les personnes naturalisées se réinstaller librement

louables en faveur des réfugiés. En 2008, la Tanzanie

et spontanément dans des destinations de leur choix

était une fois encore sous les feux de la rampe. Selon le

au niveau national, mais, surtout, sans assistance

Chef de délégation de la Commission Européenne, les

fi nancière du TAMISEMI. Toutefois, selon l’estimation

autorités tanzaniennes ont posé un acte unique et sans

du gouvernement tanzanien et du HCR, cette catégorie

précédent, humanitaire et plein de générosité, en offrant

sera plus petite comparé à ceux qui auront besoin

la naturalisation aux réfugiés burundais. 32

d’assistance pour se relocaliser et s’intégrer. En partie à

L’initiative en cours fut articulée pour la première

cause de la taille du dernier groupe (qui comprend près

fois en 2007 avec la signature d’un accord sur un mé-

de 35 000 foyers) et des implications logistiques (et bien

canisme tripartite entre les gouvernements de Tanzanie

d’autres dimensions, y compris la sécurité), la relocali-

et du Burundi, ainsi qu’avec le HCR. La Troïka a lancé

sation spontanée s’est avérée ne pas être une option

le programme TANCOSS ou les Stratégies de solutions

sensible et pratique.

globales en République Unie de Tanzanie. Il est instructif

Au lieu de cela, les TNN devront se relocaliser dans un

de voir que le TANCOSS, dans son pari de ‘mettre fin avec

des 16 districts de la Tanzanie continentale. Le deuxième

dignité’ aux PRS les plus manifestes du monde, a tout

problème principal est celui du ‘soutien opérationnel’

simplement écarté l’option de ‘réinstallation’. Les réfugiés

demandé pour mettre en œuvre le NaSCIP et qui tourne

burundais qui avaient fui leur pays natal en 1972 – main-

autour de quatre sous-groupes : des prospectus distribués

tenant au nombre de 218 000, dont 82 pourcent étaient

individuellement aux TNN ; l’acquisition de terres ; le

nés en Tanzanie – se sont vu offerts une solution à double

soutien par rapport aux communautés locales (sinon, le

approche : d’une part, le rapatriement volontaire et de

‘soutien communautaire’) ; et les campagnes de mobilisa-

l’autre, l’intégration locale, impliquant la naturalisation.

tion de masse. Un troisième groupe comprend la question

L’exercice de rapatriement ayant suivi son cours et

sensible de la mobilisation des ressources. En 2010, il fut

la phase de naturalisation ayant été complétée, le pro-

estimé que l’extension du NaSCIP s’accompagnera d’un

gramme TANCOSS était parvenu à ses conclusions et il

coût estimé à près de US$144 étalé sur la période 2010-

a fait place à la dispersion des réfugiés des ‘installations

2014. Quatrièmement, les responsables politiques ont pris

de réfugiés’ et à la réintégration dans les communautés

connaissance du fait qu’en 2015, la Tanzanie tiendra ses

locales dans diverses zones du pays.

cinquièmes élections générales depuis l’avènement des

C’est à ces fi ns que la Stratégie Nationale pour le

politiques plurielles34 et par conséquent, il n’est pas sage

Programme d’Intégration Communautaire (NaSCIP) a

de laisser une question affublée de connotation politique

été adopté au début de l’an 2010. Son objectif est ‘la relo-

telle que la naturalisation de masse et la relocalisation

calisation et l’intégration locale effective des tanzaniens

des réfugiés coïncider avec une période de tension poli-

nouvellement naturalisés’ (TNN). 33 NaSCIP attribue

tique, sociale et économique au niveau national.

au bureau du Premier Ministre, le rôle primordial de - Administration régionale et Gouvernement local (PMORALG), aussi communément connu sous l’acronyme Kiswahili de TAMISEMI, avec l’aide du HCR. Une section pertinente de la NaSCIP met en place

CONCLUSION La Région des Grands Lacs continue d’être le principal point de mire dans le monde, concernant le déplacement

des principes directeurs du programme d’intégration,

et la migration. Même avec la mise en œuvre réussie

qui pourraient aisément être regroupés en trois grands

du NaSCIP, la Tanzanie aura toujours plus de 20 000

30

Institute for Security Studies

Compilé par Nyambura Githaiga

Sixièmement, il y a la capacité institutionnelle –

réfugies dans solution durable à portée de main. La question des réfugiés et en particulier celle ayant trait

surtout parmi les autorités gouvernementales – loin de

aux situations de réfugiés en attente prolongée (PRS)

faire face à la magnitude et aux complexités du prob-

dans la Région des Grands Lacs est par conséquent

lème des réfugiés. Habiliter ceux qui ont la charge de

réelle et à même de persister dans un avenir proche. Les

déterminer le statut des réfugiés et de contrôler et gérer

responsables politiques et autres acteurs régionaux sont

les mouvements aux frontières, des connaissances et

donc conseillés de garder à l’esprit cette dure réalité et

compétences spécialisées requises, demande beaucoup

d’embrasser la nécessité de stratégies à long-terme et à

plus que les ressources actuellement disponibles.

court-terme. Deuxièmement, les responsables politiques,

Enfi n, le soutien pour enseigner et obtenir un grand

les agences humanitaires et les autres acteurs ne doivent

rayon d’action permettra non seulement d’avoir un

pas oublier la singularité du déplacement de population

esprit communautaire vigilant, mais contribuera

dans la région. D’un côté, il y a le problème des ‘guerriers

egalement à établir des relations harmonieuses

réfugiés’ et la question connexe de militarisation des

entre les déplacées et leur communauté hôte. Un

camps de réfugiés, la stabilité et la sécurité internes et régionales. Et d’un autre côté, il y a les droits de l’homme et les besoins de protection légitimes des demandeurs d’asile et les autres catégories de migrants qui sont de plus en plus menacés par le ‘restrictionisme’ et la ‘sécurisation’ de l’asile. Troisièmement, il y a le problème connexe des ‘flux migratoires mixtes’ dans lesquels se trouvent, parmi les véritables demandeurs d’asile, toutes sortes de migrants irréguliers, y compris les contrebandiers et les

autre dividende important, provenant surtout de l’enseignement, de la recherche et de la publication, est l’adoption de décisions politiques fondées sur des preuves factuelles et une interrogation scientifique poussée et rigoureuse.

NOTES 1 Pour plus d’informations et un aperçu du CIRGL , aller sur http:// www.icglr.org.

trafiquants, et les autorités compétentes chargées de contrôler et de gérer les mouvements aux niveaux des

2

Lakes Region of East Africa, Oxford: James Currey, 2007, donne une

frontières, ainsi que de déterminer le statut des refugies,

explication persuasive du terme ‘Région des Grands Lacs’.

en paient les frais. Quatrièmement, il y a le cadre normatif, politique

3

Pour plus d’informations, aller sur le site web du Centre de suivi des déplacements internes (IDMC) sur http://www.internal-dis-

et institutionnel dominant gouvernant les réfugiés.

placement.org (consulté le 2 décembre 2011).

Les complications sont occasionnées par la faiblesse des états à se conformer entièrement aux obligations

Henri Médard et Shane Doyle (eds), dans Slavery in the Great

4

Norwegian Refugee Council, Future floods of refugees: a comment on climate change, conflict and forced migration, 2008, citing E

volontairement contractées en vertu du traités, comme

El-Hinnawi, Environmental refugees, New York: United Nations

par exemple sous la Convention de 1951 des NU relative

Environment Program (UNEP), 1995, http://www.nrc.no/

au Statut des réfugiés, et la Convention de l’UA, de 1969

arch/_img/9268480.pdf (consulté le 17 Mai 2012). On fait de

régissant les aspects propres aux problèmes des réfugiés,

plus en plus allusion aux ‘migrants environnementaux’ et aux

ou même, le Traité de la communauté d’Afrique de l’Est

‘déplacés environnementaux’.

de 1999, ou encore, le Pacte de Nairobi sur les Grands Lacs. Bien que l’état des signatures et ratifications soit

5

Selon l’OIM, le terme ‘migrant illégal’ qui est largement utilisé par les rédacteurs de législation nationale gouvernant l’immi-

louable, la domestication et l’adoption du traité des

gration et la résidence, a une connotation criminelle et est perçu

mesures d’application administratives et judiciaires

comme réfutant aux migrants leur humanité: voir le Glossaire

requises sont bien plus importantes.

de la Migration, 2eme éd, Genève: OIM, 2011, 54, http://joomla. corteidh.or.cr:8080/joomla/images/stories/Observaciones/11/

Cinquièmement, et connexe à ce qui a été mentionné

Anexo%205.pdf (consulté le 17 Mai 2012).

ci-dessus, il y a le besoin d’harmoniser les lois et politiques – comme prescrit par le traité de 1999 instituant

6

l’Article 1 de la Convention de 1951 défi nit un ‘réfugié’ en tant

la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC). Il y a des diver-

qu’individu plutôt qu’en tant que membre de groupe et est

gences intraétatiques en ce qui concerne le cadre légal

particulièrement individualiste. En outre, la Convention de 1951

et politique ainsi que les pratiques relatives aux refugiés.

se limite à ‘une peur bien fondée de la persécution’ comme seul

Soit un document de politique officiel est absent (Kenya, Ouganda), soit les lois et pratiques existantes ne reflètent pas complètement le document de politique (Tanzanie). Autrement, on retrouve une multiplicité et une duplicité

Contrairement à l’Article I (2) de la Convention de l’OUA,

motif légitime de demande d’asile. 7

Au NU, le point focal est le Rapporteur spécial sur les droits de l’homme des PDI, un bureau établi en 1992. Parmi les principales institutions au monde dédiées à l’étude des déplacements

non seulement dans les institutions liées aux réfugiés,

internes, on a le Centre de suivi des déplacements internes de

mais également dans les lois (Burundi).

Genève (http://www.internal-displacement.org) et l’Institu-

Rapport d’atelier

31

Dimensions régionales des conflits dans les Grands Lacs

tion Brookings (http://www.brookings.edu) opérant depuis Washington DC. 8

En particulier, voir World Refugee Surveys of the US Committee on Refugees and Migrants and the Global Overviews of Trends, publié par le Centre de suivi des déplacements internes de Genève.

9

Le lien confl it-déplacement a été le sujet de deux conférences internationales, organisées par le Centre International de Conversion Bonn (BICC). Voir par exemple sa publication Migration and displacement in Sub-Saharan Africa: the security–migration nexus, 2008, publié par Clara Fischer et Ruth Vollmer, http:// www.bicc.de/uploads/pdf/publications/briefs/brief39/brief39. pdf (consulté le 18 Mai 2012).

10 Voir par exemple K Kamanga, The changing manifestations of forced migration: Africa in denial of its migrant history? Refugee Insights, Newsletter of the Refugee Consortium of Kenya, (12 & 13), July–December 2007.

20 Ogata, The turbulent decade, 179, par exemple, décrit de manière émouvante comment une foule de 5 000 habitants d’un camps de réfugiés en Tanzanie, se sont révoltés contre l’arrestation de l’ancien bourgmestre et suspecté génocidaire Jean-Baptiste Gatete au camp de Benaco dans le nord-ouest de la Tanzanie. 21 For details see John F Clarke (ed), The African stakes of the Congo war, Kampala: Fountain Publishers, 2003, passim, but especially in Chapter 8, by Timothy Longman, The complex reasons for Rwanda’s engagement in Congo, 129–144. 22 Ibid. 23 Milner and Loescher, Responding to protracted refugee situations, 15, 16. 24 Tout en considérant que la réinstallation a le potentiel de servir non seulement de solution durable, d’instrument de protection vital et de mécanisme international de partage de responsabilité, le Rapport annuel des statistiques du HCR pour le compte de l’année 2007 fait le sombre constat que seulement

11 Pour plus d’informations, voir Sadako Ogata, The turbulent decade: confronting the refugee crises of the 1990s, New York: Norton, 2005, 172-275. 12 En dehors d’Ogata, aucun autre livre ne capture cette horrible réalité aussi bien que celui de l’ancien commandant du MINUAR, le lieutenant général canadien Roméo Dallaire, Shake hands with the devil: the failure of humanity in Rwanda, Toronto: Random House, 2003. 13 Les travaux récents sur ce phenomena comprennent James Milner et Gil Loescher, Responding to protracted refugee situations: lessons from a decade of discussion, Oxford: Refugee Studies

1 pourcent des réfugiés dans le monde profite directement de la réinstallation. 25 Une section ulterieure discutera plus longuement de l’initiative en cours mieux connue par l’acronyme NaSCIP, c’est a dire, la Stratégie nationale pour le programme d’intégration communautaire. 26 Le Tanzania National Refugee Policy de Septembre 2003 est illustratif et il en de même pour les nombreuses directives et études liées aux politiques du HCR. 27 Parmi les plus grands meneurs de cette cause, on compte

Centre, Forced Migration Policy Briefi ng 6, January 2011, http://

l’Assemblée Générale des NU et son Dialogue de haut niveau

www.rsc.ox.ac.uk/events/launch-policy-briefi ng-6/RSCPB6-Re

sur les migrations internationale set le développement

spondingToProtractedRefugeeSituations.pdf (accessed 17 May

(HLD), la Commission mondiale sur les migrations interna-

2012).

tionales (GCIM), et le Forum mondial sur la migration et le

14 B Rutinwa, The end of asylum? The changing nature of refugee policies in Africa, New Issues in Refugee Research, Working Paper No 5, Geneva: UNHCR, May 1999, 4. See also Sreeram Chaulia, The politics of refugee hosting in Tanzania: from open door to unsustainability, insecurity and receding receptivity, Journal of Refugee Studies 16(2) (2003), 147–166. 15 En annexe au Pacte du CIRGL de 2006 sur la sécurité, la stabilité et le développement, il y a dix protocoles comprenant le Protocole sur la Protection et l’Assistance aux personnes dépla-

développement (GFMD). Par rapport à l’Afrique, il est utile de noter deux initiatives. A savoir, le Cadre stratégique de l’Union Africaine pour une politique de migrations, 2001, et Stratégie de migration et développement en Afrique(MIDA) de l’OIM 28 Global Migration Group, Mainstreaming migration into development planning: a handbook for policy-makers and practitioners, Geneva: IOM, 2010, 11. 29 Global Commission on International Migration, Migration in an

cées à l’intérieur de leur propre pays et le Protocole sur les droits

interconnected world: new directions for action, Report of the GCIM,

de propriété des personnes de retour, qui sont les protocoles les

2005, 4.

plus importants dans le contexte de cet article. Il est important de souligner qu’une poignée des onze Etats membres du CIRGL a ratifié et domestiqué ces deux protocoles. 16 Des informations sur le ‘Processus des Grands Lacs’ peuvent être trouvées sur http://www.icglr.org. 17 Article 2, commun à toutes les quatre Conventions de Genève, 1949. Ceci doit être lu parallèlement à l’Article 1 du Protocole additionnel I de 1977, qui élargi considérablement la portée des confl its armés internationaux. 18 The Prosecutor v Jean-Paul Akayesu, Case No ICTR-96-4-T, paragraph 621.

30 Milner and Loescher, Responding to protracted refugee situations, citing UN High Commissioner for Refugees, Conclusion on protracted refugee situations, 22 December 2009, No 109 (LXI), 2009, 3, http://www.unhcr.org/refworld/docid/4b30afd92.html (accessed 18 May 2012). 31 On a obtenu des données de l’Enquête mondiale de 2007 sur les réfugiés et du Rapport annuel des statistiques du HCR correspondant à la même période. Contrairement à l’année subséquente, les données de référence de 2006 ont été prises, et aucune solution durable n’a été trouvée pour les deux groupes de réfugiés.

19 In particular, Case Concerning Armed Activities on the Territory

32 En référence à l’Accord de 2008, l’UE va apporter son assistance

of the Congo (DRC v Uganda), ICJ Reports, 2005 and ICC, Prosecutor

au HCR en mettant en œuvre le processus de naturalisation des

v Germain Katanga and Mathieu Ngudjolo Chui, ICC-01/04-01/07.

réfugiés burundais à travers une subvention de £2,5 million.

32

Institute for Security Studies

Compilé par Nyambura Githaiga

33 Au cours des réunions de travail de TAMISEMI, le terme TNN

34 Le multipartisme, comme phénomène largement connu, fut

fut ultérieurement remplacé par ‘tanzaniens relocalisés’ pour

introduit formellement avec la promulgation de la loi sur les

échapper au caractère ambigu et aux potentiels stigmas qui

Parties politiques en 1992 et sur le plan politique, suite aux

pourraient très probablement accompagner le terme tanzaniens

élections générales de 1995 et l’émergence d’une ‘opposition

‘ nouvellement naturalisés’, ce qui laissait penser qu’il existe des

officielle’ au parti au pouvoir au sein du Parlement.

‘classes’ de citoyens.

Rapport d’atelier

33

Jeter des ponts dans les Grands Lacs Mise en œuvre de la dimension des droits humains de la Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs Dr Isabell Kempf1 Conseillère régionale pour les droits de l’homme, HCNUDH, CIRGL

HISTORIQUE DE LA CONFÉRENCE INTERNATIONALE SUR LA RÉGION DES GRANDS LACS

avec une première réunion des Coordinateurs Nationaux

L’idée d’organiser une Conférence Internationale sur

réunions que les objectifs, le calendrier, la structure et

la Région des Grands Lacs (CIRGL) a été conçue en

les thèmes principaux de la conférence ont été arrêtés.

réponse à des crises régionales dans les années 1990, en

Lors de la première réunion, les pays principaux ont,

particulier le génocide de 1994 au Rwanda. La Résolution

entre autres :

des six pays principaux initialement concernés (le Burundi, la RDC, le Kenya, le Rwanda, la Tanzanie et l’Ouganda) à Nairobi en juin 2003. C’est lors de ces

1097 du Conseil de Sécurité des Nations Unies, adoptée à l’unanimité le 18 février 1997, a constitué l’une des moti-



vations de ce projet demandant un règlement du conflit dans la région par le dialogue politique et la tenue d’une

Internationale sur la Région des Grands Lacs. ■

conférence internationale sur la paix et la sécurité dans

Insisté sur l’appropriation par la région de la conférence et la nécessité que toutes les réunions se

la région des Grands Lacs. De la même manière, l’envoyé spécial de l’Union européenne a exprimé à de nombreus-

Souscrit au principe de convoquer une Conférence

tiennent dans la sous-région ■

Convenu que le processus préparatoire pouvait

es occasions le besoin de trouver une approche régionale

débuter immédiatement, mais que la conférence en

aux crises multiples dans la région.

soi devrait avoir lieu une fois que les processus de paix de Arusha et Lusaka auraient atteint une étape

Notre modèle est la Conférence pour la Sécurité

avancée (c’est-à-dire une fois que le dialogue Inter-

et la Coopération en Europe, qui apporte une

Congolais aurait été achevé, que le gouvernement de

contribution fondamentale à la consolidation de

transition de la RDC serait en place et qu’un cessez-

la paix et de la stabilité sur le vieux continent.

le-feu inclusif à toutes les parties aurait été atteint au

Le but est de jeter les bases d’un nouveau parte-

Burundi)3

nariat entre les pays de la région et entre ces pays et le reste de la communauté internationale.2

Cinq pays supplémentaires ont rejoint le groupe des pays principaux en 2004, à savoir l’Angola, la République

A la fin des années 1990, l’objectif était d’amener les trois

Centrafricaine (RCA), la République du Congo, le

belligérants, la République Démocratique du Congo (RDC),

Soudan et la Zambie. En 2004, outre la réunion des

l’Ouganda et le Rwanda à signer un accord de paix. Suite

Coordinateurs Nationaux, d’autres réunions ont égale-

au refus de ces pays de se rencontrer, l’idée est née de

ment eu lieu, en l’occurrence celle des femmes à Kigali,

convoquer tous les acteurs de la sous-région impliqués

celle des jeunes à Kampala et celle de la société civile

dans la guerre à une conférence internationale, sous les

à Arusha, ainsi que la première réunion des Ministres

auspices des Nations Unies et de l’Union Africaine.

des affaires étrangères en préparation du premier

Le processus de préparation à la Conférence

Sommet des Chefs d’Etats et de Gouvernements à

Internationale sur la Région des Grands Lacs a débuté

34

Dar-es-Salaam en novembre 2006, où la Déclaration de

Institute for Security Studies

Compilé par Nyambura Githaiga

Dar-es-Salaam sur la Paix, la Sécurité, la Démocratie

ces acteurs dans les délégations nationales et de faire

et le Développement dans la Région des Grands Lacs a

en sorte que leur sagesse locale et leur expérience

été signée par les onze présidents des pays principaux.

soient prises en compte. La mise en place du Conseil

Cette volonté politique de travailler ensemble exprimée

régional des médias, avec pour objectif de contribuer à

par la région a été rapidement mise à l’épreuve quelques

la promotion d’une culture de paix et de prévenir des

jours plus tard lorsqu’une crise sécuritaire éclata entre

phénomènes tels que les médias de la haine, qui ont

le Rwanda et la RDC. Le règlement pacifique de la crise

beaucoup contribué au génocide au Rwanda, constitue

était l’œuvre des bons offices de la présidence de la con-

un cas concret des projets mis en place dans le cadre du

férence (la Tanzanie).

Pacte sur la Paix.

A l’issue du premier sommet en Tanzanie, la CIRGL

L’architecture de la conférence prend également en

a commencé à élaborer le Pacte sur la Paix, la Stabilité

compte les forces mondiales et régionales qui ont un

et le Développement sur les bases d’une structure

impact sur les communautés et la région en permettant

adoptée d’un commun accord et avec la participation

aux pays voisins de participer en tant que membres

et les partenariats internationaux (voir ci-après). Le

cooptés de la conférence, mais aussi à des acteurs in-

processus de participation à l’élaboration du Pacte sur la

ternationaux ayant un fort intérêt dans la région à faire

Paix a eu lieu en 2005, alors que la signature du Pacte a

partie de son Groupe d’Amis.

été reportée à décembre 2006, le temps de permettre la promulgation des résultats des élections de juillet 2006 en République du Congo.4 Le pacte a crée son propre

UNE APPROCHE PARTICIPATIVE

secrétariat, le Secrétariat de la CIRGL, basé à Bujumbura

L’approche participative du processus associe une large

depuis 2007, ainsi qu’un mécanisme de suivi au niveau

gamme d’acteurs. Les onze pays principaux (l’Angola,

politique (voir l’explication ci-après).

le Burundi, la République Centrafricaine, la RDC, le Kenya, la République du Congo, le Rwanda, le Soudan, la

CONSTRUIRE LA PAIX EN PARTANT DE LA BASE

Tanzanie, l’Ouganda et la Zambie) représentent ceux qui

Les théories des années 1990 sur la consolidation de la

ions, présentent leurs positions et prennent toutes les

paix reposaient sur les expériences visant à construire

décisions nécessaires. Ils sont également les signataires

une culture de la paix dans les zones de confl its armés

de la Déclaration et du Pacte sur la Paix. Chacun des

dans les guerres internes, telles que celle de l’ancienne

pays principaux disposent d’un coordinateur national

Yougoslavie. Fetherston les qualifie de projets de consoli-

et d’un Comité préparatoire national, qui ont été trans-

dation de la de paix anti-hégémoniques ou post-hégémo-

formés en Mécanisme National de Coordination au cours

niques et consistent à évoluer d’une approche externe

de la phase de mise en oeuvre du pacte.

ont été les plus affectés par les confl its dans la Région des Grands Lacs. Ces pays participent à toutes les réun-

neutre vers un partenariat avec les acteurs locaux.5 La

Le Coordinateur national est à la tête du Mécanisme

participation des acteurs locaux est considérée comme

National de Coordination et assure également la liaison

une condition préalable pour retrouver une paix durable,

entre le Secrétariat de la CIRGL et les autorités nation-

sous-tendue par le potentiel de pacification des commu-

ales sur toutes les questions relatives à la Conférence.

nautés elles-mêmes.

Son rôle consiste à assurer le suivi de la mise en œuvre

Cette approche s’avère particulièrement pertinente

des décisions de la conférence au niveau national, ce

dans une zone de confl it comme celle de la Région des

qui explique pourquoi le Coordinateur National occupe

Grands Lacs, où de nombreuses communautés ont des

normalement le poste d’ambassadeur. Les réunions

liens transfrontaliers, souvent plus forts que les liens

régulières des coordinateurs nationaux au cours du

nationaux. Les différents acteurs de la société à inclure

processus de la Conférence constituent des occasions

dans un tel cadre de consolidation de la paix à la base

importantes pour discuter et pour prendre des décisions

comprennent le secteur privé ; le ministère de la plani-

de manière collégiale et consultative.

fication et les coopératives de paysans ; les militaires,

Le Mécanisme National de Coordination est chargé

dont les soldats démobilisés, les officiers de la police et

d’élaborer un plan de travail national pour la mise en

de l’armée ; les dirigeants politiques dont les dirigeants

oeuvre du Pacte, aider à l’articulation des positions

communautaires, les parlementaires et les ministres

et des contributions nationales et mener des activités

; ainsi que les dirigeants des organisations sociales

destinées à faire participer chaque pays à la con-

tels que les représentants des groupes de jeunes et

férence de manière active. Il se compose de personnel

de femmes, les médias et les autorités religieuses. La

technique venant des différents ministères concernés

structure de la conférence a permis d’inclure tous

par les quatre thèmes de la conférence, ainsi que de

Rapport d’atelier

35

Dimensions régionales des conflits dans les Grands Lacs

représentants de la société civile et de groupes de

Région des Grands Lacs qui accompagne le processus de

jeunes et de femmes. Certains mécanismes nationaux

la CIRGL est composé de 28 pays et de dix organisations

ont également par la suite associé des représentants du

internationales et agences spécialisées. Le groupe était

secteur privé. Le mécanisme est également chargé de

co-présidé par le Canada et les Pays-Bas. Après la signa-

faire connaître le processus de la Conférence au sein

ture du Pacte en 2006, le Groupe d’Amis s’est dispersé et

du pays et partager ses résultats avec des différents

l’un des défis auxquels la CIRGL doit désormais faire face

secteurs de la population. Les pays principaux sont

consiste à ramener le Groupe d’Amis au processus et à les

responsables du fi nancement de leurs propres comités,

encourager à continuer à soutenir la région de manière

mais ont également reçu un soutien financier de la part

collective et coordonnée.

du Groupe d’Amis au cours des négociations. Le fait que le nombre de pays principaux soit passé à

La conférence considère les organisations sousrégionales existantes comme des partenaires essentiels

onze reflète l’effet de contagion du confl it dans la région.

dans le processus afi n d’éviter la duplication et de se

Un exemple de l’interconnexion entre les différents

baser sur des initiatives existantes. Le rôle des organisa-

confl its dans la région est la prise de pouvoir par le Front

tions sous-régionales consiste à contribuer aux activités

Patriotique Rwandais (FPR) en 1994 suite au génocide qui

existantes et à aider à l’élaboration de programmes et de

a eu lieu dans ce pays. Après avoir franchi la frontière

projets. Ils jouent également un rôle important dans la

vers le Zaïre (aujourd’hui la RDC) pour persécuter la

mise en oeuvre du Pacte sur la Paix.

milice Hutu responsable du génocide et accueillie par

Tout état, organisation nationale, régionale ou interna-

Mobutu Sese Seko, la présence du front dans le pays

tionale ou organisation non gouvernementale (ONG) peut

voisin a fait croître le soutien militaire en faveur de

officiellement demander le statut d’observateur. Les pays

Laurent-Désiré Kabila à l’intérieur et à l’extérieur du

principaux examinent les candidatures en se basant sur

pays (Rwanda et Ouganda), au point de fi nalement

une liste de critères et décident ensuite s’ils acceptent ou

provoquer la destitution de Mobutu. Ceci a permis à

rejettent la candidature. Les observateurs sont autorisés

José Eduardo dos Santos en Angola d’affaiblir à son tour

à participer aux comités préparatoires régionaux et aux

son opposant Jonas Savimbi de l’UNITA (União para a

sommets et à toutes les sessions plénières mais pas aux

Independência Total de Angola, l’Union nationale pour

sessions à huit clos. Ils sont autorisés à distribuer leurs

l’indépendance totale de l’Angola) qui avait auparavant

documents et ont accès aux informations générales de

été soutenu par Mobutu et a fi nalement aidé Kabila à

la conférence, mais pas aux documents de travail. Sont

chasser hors du Zaïre ses anciens alliés, à savoir les

observateurs des organisations interparlementaires telles

soldats rwandais et ougandais. Du fait de cette interac-

que l’Association des Parlementaires Européens pour

tion étroite et ce changement d’alliances, il est essentiel

l’Afrique, le Forum Amani, et d’autres ONG et organisa-

que chacun de ces acteurs dispose d’une place égale à la

tions internationales.

table des négociations.

Au cours de la phase préparatoire, des représentants

Les membres cooptés de la conférence sont les pays

des départements et agences de l’ONU concernés par les

voisins des pays principaux qui sont invités à toutes les

quatre thèmes de la conférence ont fait office de facilita-

réunions préparatoires régionales ainsi qu’à tous les

teurs et de personnes ressources à toutes les réunions.

sommets. Ils peuvent participer à toutes les sessions

Ils ont également assuré la coordination technique des

plénières et les sessions à huit clos, mais ne prennent

programmes et projets du Pacte sur la Paix. D’autres

pas part au processus de prise de décision. Les pays

agences de l’ONU ont été invitées afi n d’assurer la prise

cooptés suivent de près le processus de négociations

en compte des questions transversales dans le processus

du Pacte sur la Paix afi n de s’assurer que leurs intérêts

de la conférence et le Pacte sur la Paix lui-même. Les

sont pris en compte. A titre d’exemple, l’Egypte, a posé

agences qui ont joué un rôle actif et qui constituent tou-

sa candidature au statut de membre coopté parce que le

jours des partenaires stables du Secrétariat sont le Haut

Nil, sa principale source d’eau, prend son origine dans la

Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme

Région des Grands Lacs.

(HCNUDH), ONU Femmes pour les questions de genre, et

Le Groupe d’Amis était un groupement de pays qui soutenaient financièrement, diplomatiquement, tech-

le PNUE pour l’environnement. Les agences spécialisées dans les questions trans-

niquement et politiquement le processus de la conférence.

versales ont activement coopéré pendant le processus

Ils se sont vus accorder le statut spécial de partenaires

de la conférence, ce qui n’a pas seulement garanti

ayant le droit de participer à toutes les sessions plénières,

l’intégration des questions des droits de l’homme et

les réunions préparatoires et les sommets, ainsi que les

du genre dans le Pacte sur la paix, mais également la

sessions à huit clos auxquelles ils sont invités par les pays

participation des parties prenantes concernées comme

principaux. Depuis décembre 2003, le Groupe d’Amis de la

les femmes, les jeunes, les ONG et les observatoires des

36

Institute for Security Studies

Compilé par Nyambura Githaiga

droits de l’homme. La mise en oeuvre de la dimension

Un exemple en est la question politiquement sensible

des droits de l’homme est actuellement appuyée par un

soulevée par les experts techniques dans le groupe sur la

conseiller régional du HCNUDH qui travaille au sein du

Bonne Gouvernance et la Démocratie, à savoir le besoin

Secrétariat de la CIRGL.

de créer un observatoire régional pour superviser la situation des droits de l’homme. Bien qu’il soit normale-

ARCHITECTURE INNOVANTE DE LA CIRGL

ment très difficile d’obtenir un mandat de supervision

L’architecture de la conférence combine de manière

tels que le besoin d’un mécanisme d’alerte rapide, d’une

très innovante les niveaux technique, politique et de

coopération entre les institutions nationales des droits

prise de décision, qui sont tous importants pour la

de l’homme pour lutter contre l’impunité et d’une struc-

création d’un pacte régional sur la paix. Il a été es-

ture pour augmenter la protection sur le terrain. Ces mo-

sentiel d’associer les experts techniques des différents

tivations ont permis de constituer un groupe de pression

ministères et de la société civile afi n d’évaluer ce qui

fort, composé d’experts techniques et de membres de la

était déjà disponible, ce qui a porté fruits dans un ou

société civile en faveur de la mise en place d’un organe

plusieurs pays de la région et d’identifier les lacunes.

de surveillance régional.

De plus, les discussions techniques au sein des groupes

des droits de l’homme d’un forum gouvernemental, les experts techniques ont avancé des arguments solides,

De la même manière, le comité régional préparatoire a

techniques thématiques ont démontré qu’il est souvent

associé des acteurs de la société civile assurant ainsi leur

plus facile pour les experts techniques de travailler

participation et représentation actives, ce qui a donné une

ensemble pour identifier les problèmes afi n de les

légitimité importante au processus de la conférence. Les

résoudre d’une manière harmonieuse.

quatre groupes, à savoir les femmes, les jeunes, la société

Schéma 1 Le Mécanisme régional de suivi

Orienter la mise en œuvre du pacte Approuver les ressources budgétaires Evaluer l’état d’avancement de la mise en oeuvre du pacte Assurer la prévention des conflits et la gestion des crises

Maintien le contact avec le secrétariat de la conférence et assure la participation d’autres groupes concernés (notamment les jeunes, les femmes, les OSC, le secteur privé) à la mise en oeuvre du pacte

Source http://www.icglr.org (site consulté le 30 mai 2012).

Rapport d’atelier

37

Dimensions régionales des conflits dans les Grands Lacs

civile et le secteur privé, ont tous tenu leurs propres

de la violence post-électorale dans ce pays a entravé les

réunions dans le cadre du processus de la conférence

efforts de la Troïka dans son rôle de prévention des con-

lors desquelles ils ont élaboré leurs propres stratégies

fl its et de gestion des crises. Des enseignements doivent

et recommandations. En conséquence, ils étaient à

être tirés de cette expérience pour mieux défi nir le futur

même de les d’intégrer dans les projets et protocoles de

rôle de la Troïka.

la conférence à travers le comité régional préparatoire. C’est grâce à cette structure que le pacte est doté de fora régionaux spécifiques pour les femmes, les jeunes, la

NATURE HOLISTIQUE DU PACTE

société civile et les parlementaires, leur permettant ainsi

Les principaux programmes du pacte sont présentés

de continuer à travailler ensemble pour résoudre les prob-

dans le schéma 2.

lématiques communes. A titre d’exemple, la structure des

La conférence aborde également des questions de

négociations a permis aux acteurs de la société civile de

genre, de l’environnement, des droits de l’homme, du

faire pression pour notamment mettre en place un pro-

VIH/SIDA et des établissements humains en tant que

tocole et un projet contre la violence sexuelle et un projet

questions transversales.

visant à promouvoir l’emploi des jeunes. L’organe de décision de la conférence, le Comité

Cela montre qu’il ne s’agit pas d’un pacte traditionnel sur la paix, mais plutôt d’un programme de coopéra-

Interministériel Régional, constitue un forum important

tion régionale à l’instar de l’Acte Final de Helsinki de la

pour débattre des questions politiquement sensibles, tels

Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe

que l’exploitation illégale des ressources naturelles ou

(CSCE), signé en 1975. L’organisation pour la sécurité et

les droits à la propriété des populations rapatriées. La

la coopération en Europe (OSCE), dénommé actuel de la

création de cet organe de décision composé des ministres

CSCE, est une organisation de coopération en matière

des affaires étrangères a été nécessaire pour la prise de

de sécurité dépourvue de moyens de faire appliquer

décision sur des questions sensibles et il est d’ailleurs

ses décisions. Sa flexibilité institutionnelle et sa nature

intéressant de constater que le groupe s’est souvent

politique permettent une réaction rapide et pragmatique

montré plus progressif que les membres individuels.

face aux situations de crise.

Cela a permis de traiter dans un contexte régional des

A présent, l’OSCE remplit quatre fonctions :

sujets hautement sensibles à l’agenda politique d’un pays

premièrement, celle de la promotion des valeurs

individuel, comme le droit à la propriété des rapatriés,

partagées comme la démocratie, les droits de l’homme

grâce à la pression exercée par les pairs. En ce qui con-

et l’Etat de droit. Deuxièmement, l’OSCE constitue un

cerne les rapatriés, il convient de noter que les intérêts

forum de dialogue permanent sur des questions liées

des parties concernées ont souvent coïncidé avec ceux

à la sécurité en Europe. Elle peut lancer les débats,

des anciens pays d’accueil des réfugiés, ce qui a permis de constituer un groupe de pression pour la défense de

Schéma 2

leurs revendications. Le comité Interministériel prend des décisions importantes concernant les sujets à maintenir à l’ordre du jour et la manière de trancher sur les questions

Pacte sur la sécurité, la stabilité et le développement Déclaration de Dar-es-Salaam

à controverse. De par son processus de prise de décision collective, il a crée une atmosphère de confiance et de collégialité qui a été bénéfique pour la région à plusieurs

Le Comité Interministériel Régional fait également partie du Mécanisme de suivi, au même titre que la Troïka, comme l’indique le schéma 1 ci-dessous.

PROJETS

défense mutuelle dans la Région des Grands Lacs.

Paix et sécurité

LRA), sur la base du Protocole sur la non-agression et la

PROJETS

Resistance Army (L’armée de la résistance du seigneur,

Questions humanitaires et sociales

les FDLR (les Forces Démocratiques de Libération du Rwanda) et celle entre l’Ouganda et la RDC contre la Lord’s

Développement économique et intégration régionale

taire commune entre le Rwanda et la RDC menée contre

Démocratie et bonne gouvernance

Programmes d’action régionale

égards. Quelques exemples à soulignés sont l’action mili-

En 2008, la Troïka était composée de la présidence actuelle, la présidence sortante et la prochaine présidence

PROTOCOLES

de la CIRGL, à savoir le Kenya, la Zambie et l’Ouganda. L’appartenance du Kenya à la Troïka durant la période

38

Source http://www.icglr.org (site consulté le 30 mai 2012).

Institute for Security Studies

Compilé par Nyambura Githaiga

demander des éclaircissements aux Etats, et faciliter

de la Région des Grands Lacs a démontré que la néga-

l’adoption des réponses communes. Ce processus

tion du droit à l’autodétermination d’un groupe, ou la

contribue à la transparence et représente en elle-

négation des droits humains de certains groupes de la

même une mesure de renforcement de la confiance

société peuvent constituer une cause profonde de confl it.

et de la sécurité. Troisièmement, l’OSCE constitue un

Un autre problème structurel des droits de l’homme

forum pour le contrôle des armes et le désarmement.

dans la région concerne le manque de reconnaissance de

Les mesures de renforcement de la confiance et de

l’identité culturelle et du mode d’élevage des pasteurs,

la sécurité inscrites dans le Document de Vienne de

ce qui a provoqué des confl its à répétition dans les zones

1994 ont en effet fait l’objet d’une négociation sous

d’habitation de ces éleveurs, zones souvent négligées

les auspices de l’OSCE, qui est également chargée

par le gouvernement, comme c’est le cas à la frontière

du suivi et de la mise en oeuvre des dispositions du

au nord du Kenya avec l’Ouganda, le Soudan et l’Ethiopie

document. Quatrièmement, l’OSCE est dotée des moyens

où la sécheresse, l’absence de services publics et le

d’intervention dans les régions en proie au confl it. Le

vol du bétail demeurent des préoccupations majeures.

Haut Commissaire pour les Minorités nationales et les

L’exclusion de grandes parties de la population du

missions de diplomatie préventive de l’OSCE sont des

développement et des structures de prise de décision et

exemples des mécanismes d’alerte rapide, de prévention

la pauvreté qui en résulte, constituent de sérieuses viola-

des confl its et de gestion des crises.

tions aux droits de l’homme dans presque tous les pays

La Conférence Internationale sur la Région des Grands

de la région, et la revendication du droit à une participa-

Lacs poursuit des objectifs similaires. Le premier consiste

tion réelle aux affaires politiques a été une des causes

à créer une plateforme commune de paix et de sécurité

profondes de la guerre civile au Soudan.

durable, de stabilité politique et sociale, de croissance

Les travaux de recherche sur les questions de paix

et de développement partagés et de coopération par la

suggèrent que les violations des droits de l’homme sont

mise en oeuvre du Pacte. Le Pacte repose sur l’idée que

plus souvent liées au conflit interne qu’au conflit interéta-

la paix et le développement sont étroitement liés, comme

tique. Dans le cas de la Région des Grands Lacs, cepend-

l’a souligné des auteurs tels que Johan Galtung , et Kofi

ant, où les identités culturelles dépassent les frontières,

Annan7 dans son programme de réforme de l’ONU.

les violations des droits d’un groupe peuvent rapidement

Etant donné que le conflit est souvent lié au contrôle des

déboucher sur un conflit interétatique. En témoigne

ressources ainsi que l’accès à ces dernières, le partage de

l’exemple des Banyamulenge dans l’Est de la RDC, où le

l’accès à ces ressources et de leurs bénéfices par la mise

manque de prise en compte de l’identité et des droits des

en place de projets de développement communs et des

citoyens les a incités à rechercher des alliés parmi leur

échanges commerciaux inciteraient les populations à une

propre groupe culturel ou ethnique, les Tutsi, au Rwanda.

6

collaboration transfrontalière.

De la même manière, les éleveurs kenyans d’origine ethnique somalienne ont souvent été victimes de

LA DIMENSION DES DROITS DE L’HOMME DU PACTE

discriminations. Ils n’avaient par exemple pas droit

En termes de droits de l’homme, les pays de la région

également eu lieu dans la région et n’ont jamais fait

font face aux mêmes problèmes et défi s quant à leurs

l’objet d’enquêtes et encore aujourd’hui, les autorités de

systèmes de protection nationale. Il s’agit entre autres

l’Etat traitent souvent les éleveurs nomades comme des

d’une faible capacité institutionnelle pour rendre la

terroristes potentiels.

justice et les services publics en général ; la violence sex-

aux mêmes cartes d’identité que le reste des citoyens kenyans. Des massacres (comme celui de Wajir) ont

Etant donné le caractère universel et moral des droits

uelle, la protection des déplacées internes et les popula-

de l’homme, les droits ne devraient pas faire l’objet

tions rapatriées ; l’exploitation illégale des ressources

de négociations ou de l’arbitration, car d’un point de

naturelles ; la pauvreté et les inégalités sociales général-

vue juridique et moral, on peut difficilement faire des

isées ; le déficit de mécanismes de justice transitionnelle

compromis en matière de droits de l’homme. D’une part,

et l’impunité généralisée. L’impunité reflète l’absence

les victimes ont droit à la justice et à la réparation (des

de l’Etat de droit, d’un système judiciaire opérationnel

droits qui ne sont pas négociables), mais il est néan-

et d’un contrôle civil adéquat sur les forces de sécurité

moins important dans les situations de confl it, de réc-

dans certains pays de la région.8

oncilier les intérêts et les besoins des uns et des autres

En même temps, il se peut que les violations des

et d’être conscient de la distribution inégale de pouvoir

droits de l’homme soient plutôt la cause structurelle des

entre les parties. D’autre part, si les violations des droits

confl its dont les racines remontent bien plus loin dans le

de l’homme sont une des causes profondes du confl it,

passé que simplement le résultat de ceux-ci. L’expérience

celles-ci doivent être réglées pour trouver une solution

Rapport d’atelier

39

Dimensions régionales des conflits dans les Grands Lacs

durable. Le dilemme de choisir entre les lois d’amnistie

Régionale de lutte contre l’exploitation illégale de res-

et la lutte contre l’impunité en est un bon exemple. Si

sources naturelles

le processus de transition post-conflit ne permet pas de régler la question de l’impunité et ne rend pas justice pour les violations massives des droits de l’homme au nom d’une stabilité à court terme et du consensus, à long terme, la justice non rendue alimentera des actes de vengeance, un environnement social instable et risque d’entraîner la reprise du confl it. De récents accords de paix entre le gouvernement

CENTRE RÉGIONAL POUR LA PROMOTION DE LA DÉMOCRATIE, DE LA BONNE GOUVERNANCE, DES DROITS DE L’HOMME ET DE L’ÉDUCATION CIVIQUE Le Pacte sur la sécurité, la stabilité et le développement

de la RDC et des anciens groupes rebelles, par exemple,

dans la Région des Grands Lacs a été signé par onze

accordent une amnistie totale aux membres des anciens

Etats Membres en 2006 et est entré en vigueur en juin

groupes rebelles, dont beaucoup ont intégré les rangs de

2008. Il constitue un cadre juridique et politique impor-

l’armée ou de la police sans avoir fait l’objet d’un proces-

tant pour la promotion des politiques et des stratégies

sus d’enquête de sécurité, processus qui aurait empêché

communes en vue d’enraciner les valeurs de bonne

les criminels de guerre d’intégrer les forces de sécurité.

gouvernance et d’Etat de droit et de reconstruire une

La récente mutinerie et défection de certaines parties

région paisible et prospère.

des anciens groupes rebelles de la CNDP de l’armée con-

La mission du Centre régional pour la promotion de

golaise a provoqué une reprise des activités rebelles dans

la démocratie, de la bonne gouvernance, des droits de

l’Est de la RDC, entraînant son lot de nouvelles violations

l’homme et de l’éducation civique mis en place par le

aux droits de l’homme et de déplacement des populations.

Programme de bonne gouvernance et de démocratie du pacte est de renforcer les capacités institutionnelles

PROGRAMME DE BONNE GOUVERNANCE ET DE DÉMOCRATIE

dans les différentes domaines, à travers la recherche, la

Le programme d’Action du Pacte des Grands Lacs pour la

sociaux de la région.

promotion de la démocratie et de la bonne gouvernance

formation, le suivi et la communication, et de faciliter le dialogue et la concertation entre les acteurs politiques et Le centre accueillera un Observatoire régional sur

vise à créer une région caractérisée par l’enracinement

les droits de l’homme et un certain nombre de fora

effectif des valeurs, principes et normes de démocratie, de

liés à des institutions nationales, des observatoires et

bonne gouvernance et de respect des droits de l’homme.

la société civile dans les Etats Membres de la CIRGL.

Le programme comporte trois sous-programmes,

Le centre apporte également de la valeur ajoutée au

qui sont actuellement mis en œuvre de la manière

Secrétariat de la CIRGL quant au développement d’un

suivante :

système d’alerte rapide dans le cadre de ses efforts de



Sous-programme 1, concernant la promotion de l’Etat

gestion des confl its par la production de rapports analy-

de droit, la lutte contre les crimes contre l’humanité

tiques sur les situations qui méritent l’attention et une

et les droits de l’homme, qui ont permis le développe-

action préemptive et commune par les Etats Membres.

ment de deux projets : ■

Un Centre régional de promotion de la démocratie,

Les fonctions du centre régional sont énumérées dans le tableau 1.

la bonne gouvernance, les droits de l’homme et l’éducation civique à Lusaka ■

L’Initiative régionale pour la prévention des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité,





des crimes de génocide, et pour la lutte contre

Malgré les efforts internationaux et régionaux en vue de

l’impunité

promouvoir la bonne gouvernance, la démocratie et les

Sous-programme 2, intitulé Consolidation du proces-

droits de l’homme dans la Région des Grands Lacs, un

sus démocratique, qui a crée les forums régionaux

manque de coordination entre les acteurs est à signaler.

suivants :

De plus, le nombre de missions de surveillance nation-



Le Forum régional des parlementaires

ales pour la protection des droits de l’homme mandatées



Le Forum des femmes

par le Conseil des Droits de l’homme ont été drastique-



Le Forum régional des jeunes

ment réduits (seul le Rapporteur Spécial sur le Soudan



Le Forum régional de la société civile

est toujours présent dans la région).

Le sous-programme 3 concernant la ‘Gestion Rationnelle des Ressources’ a mis sur pied l’Initiative

40

OBSERVATOIRE RÉGIONAL SUR LES DROITS DE L’HOMME

L’observatoire régional aura le mandat de surveiller la situation des droits de l’homme et sera connecté à

Institute for Security Studies

Compilé par Nyambura Githaiga

Tableau 1 Fonctions du Centre régional pour la promotion de la démocratie, de la bonne gouvernance, des droits de l’homme et de l’éducation civique Stratégies

Objectifs ■

1 Renforcement des capacités

■ ■

■ ■

2 Recherche et analyse

■ ■ ■ ■

3 Promotion de la création des synergies et des réseaux

■ ■ ■

4 Lobbying et plaidoyer

■ ■ ■ ■ ■

5 Suivi et communication ■



6 Recueillement et dissémination des données

7 Mise en place et opération d’un système d’alerte rapide pour la Région de Grands Lacs

■ ■



Renforcement des institutions nationales, des organisations de la société civile, des acteurs du secteur privé et d’autres acteurs pour un engagement actif et effectif au niveau national et local en faveur de la promotion de la démocratie, de la bonne gouvernance, des droits de l’homme et de l’éducation civique Formation des formateurs des institutions nationales et des fora en matières d’instruments régionaux et internationaux et des droits de l’homme Développement d’outils de formation appropriés à l’éducation civique (manuels, guides, programmes scolaires) Collaboration entre la recherche scientifique et appliquée afin de trouver des solutions aux problèmes qui concernent la Région des Grands Lacs Entreprise et promotion de la recherche et des analyses axées sur les politiques et les actions visant à répondre aux questions qui concernent la Région des Grands Lacs Approfondissement des travaux de recherche qui abordent la problématique de la marginalisation et de l’exclusion en tant que genèse des conflits dans la Région des Grands Lacs Approfondissement des travaux de recherche sur les approches, pratiques et méthodes autochtones et traditionnelles de résolution des conflits et de consolidation de la paix Mise en place des meilleures pratiques dans tous les domaines thématiques couverts par le centre Formation des réseaux de dialogue entre l’Etat et la société civile à travers les différents fora crées par le Pacte Mise en place d’approches régionales à la recherche et à la résolution des problèmes dans la Région des Grands Lacs Mise en place des stratégies de collaboration parmi les institutions nationales et les réseaux dans la région Création d’une plateforme permettant à la société civile et d’autres parties prenantes dans la région de plaider, entre autre, pour : Le respect par l’Etat des instruments régionaux et internationaux La transformation politique (par exemple par le biais du développement et de la mise en oeuvre d’une politique régionale sur le genre) Le respect et l’application de l’Etat de droit et des droits de l’homme Promotion et suivi du respect des instruments régionaux et internationaux et des instruments, protocoles et décisions de la CIRGL Suivi de l’intégration et de la mise en œuvre des questions transversales dans les programmes et activités de la CIRGL. Celles-ci comprennent les questions liées aux droits de l’homme, au genre, à l’environnement, aux jeunes et au VIH/SIDA Mise en place et appui aux observatoires régionaux sur le genre et les droits de l’homme par un système d’alerte rapide Développement d’une base de données des réseaux des différents acteurs concernés par les thèmes couverts par le centre Développement et opérationnalisation d’un site web interactif pour le centre Appui à la traduction dans les langues locales et la dissémination des instruments régionaux et internationaux en vue de faciliter l’accès à ceux-ci et leur compréhension par les citoyens de la Région des Grands Lacs Production des rapports analytiques sur des situations méritant l’attention en vue d’une action préemptive et commune des Etats membres

un réseau d’institutions et observatoires nationaux des

missions d’établissement des faits sur le terrain et

droits de l’homme dans les Etats membres de la CIRGL,

d’informer la structure politique de la conférence des

qui serviront d’appui aux efforts du Secrétariat de la

éventuelles situations d’urgence, renforçant ainsi la

CIRGL en matière de gestion des conflits par le dévelop-

capacité de la conférence d’entreprendre des efforts de

pement de son système d’alerte rapide. Le Secrétariat

diplomatie préventive. Un tel expert pourrait à moindre

de la CIRGL nécessite un mécanisme fiable qui garantit

coût, assurer la surveillance de la situation des droits de

l’accès rapide à des informations crédibles sur des ques-

l’homme et la prévention des conflits au niveau régional

tions transfrontalières ou d’importance stratégique.

et faire des recommandations pertinentes en concertation

Une possibilité serait de mettre en place une personne indépendante provenant de la région, expert en matière

avec les autorités nationales et la société civile. Le centre régional constitue le premier projet à être

de résolution des conflits et d’alerte rapide pour la Région

financé par les Etats membres de la CIRGL par le biais du

des Grands Lacs. Cet expert sera chargé de mener des

Fonds Spécial pour la reconstruction et le développement,

Rapport d’atelier

41

Dimensions régionales des conflits dans les Grands Lacs

preuve de leur engagement en faveur de la promotion

l’homme en Ouganda et en RCA. Deux autres ateliers

et la protection des droits de l’homme et de la bonne

ont été conjointement organisés avec les responsables

gouvernance dans la région. Cet engagement envoie un

du HCNUDH présents sur le terrain et le personnel de la

signal d’encouragement clair aux autres partenaires, y

CIRGL en vue d’appuyer les Etats membres à inclure et à

compris le HCNUDH et d’autres organisations régionales

se servir des dimensions et des instruments régionaux et

à contribuer au bon fonctionnement du centre.

internationaux sur les droits de l’homme pour élaborer de nouvelles politiques et législations.

LA CIRGL : POINT D’ENTRÉE POUR LA PROMOTION ET LA PROTECTION DES DROITS DE L’HOMME DANS LA RÉGION

A travers son Conseiller Régional aux droits de l’homme et son Expert en matière des violences sexuelles, la CIRGL a participé à l’élaboration d’une nouvelle loi nationale visant à lutter contre les violences sexuelles au Burundi. Cette loi intégrera le protocole régional

Le Pacte représente une opportunité d’encourager les

sur la lutte contre les violences sexuelles. Le HCNUDH

Etats membres à ratifier les instruments internationaux

assure le fi nancement et l’assistance technique pour

et régionaux existants et d’intégrer dans la législation

l’intégration de ce protocole dans la RCA et la mise en

nationale et d’appliquer ces protocoles sur les questions

place des centres pour les victimes.

des droits de l’homme. Cela devrait être une priorité pour la région. Le Pacte constitue un cadre juridique unique sur des questions telles que les droits à la

Partenariats ONU-CIRGL

propriété des populations rapatriées ou la lutte contre

Les équipes locales de l’ONU venant du Burundi, de la

l’exploitation illégale des ressources.

RCA, de la RDC et du Rwanda ont vu leurs capacités

Les activités suivantes ont été menées en 2010 et 2011 par la CIRGL en partenariat étroit avec le HCNUDH.

renforcées afin d’intégrer la dimension des droits de l’homme dans leurs analyses, plans et programmes, avec la collaboration d’autres partenaires nationaux (dont

Formation aux droits de l’homme

des représentants de l’Etat et de la société civile) au sein

En mai 2010 en Tanzanie, la CIRGL et le HCNUDH ont

coordination de la CIRGL. Des ateliers nationaux ont eu

conjointement organisé une formation sur les droits de

lieu entre l’équipe locale de l’ONU et la CIRGL au Rwanda

l’homme et la prévention des conflits pour le Forum ré-

en mai 2010, en RCA en juillet 2010 avec la participation

gional des Jeunes de la CIRGL ainsi que des représentants

du Rapporteur spécial pour les droits des personnes dé-

des onze Etats membres et le personnel de la CIRGL. En

placées dans leur propre pays, et en RDC en août 2010 sur

partenariat avec le mécanisme national de coordination

les DESC et les ressources naturelles avec la MONUSCO.

et le Forum des Jeunes de Rwanda, la CIRGL a également

Des programmes ont été conjointement menés avec

organisé une formation aux droits de l’homme pour les

les équipes locales de l’ONU au Burundi, en RDC et au

jeunes afin d’éviter des violences électorales à l’approche

Rwanda et les mécanismes nationaux de coordination de

des élections présidentielles de 2010. Une campagne de

la CIRGL dans ces pays pour élaborer les éléments d’une

sensibilisation a également été organisée à l’intention

stratégie sous-régionale sur les droits de l’homme à être

des jeunes au Burundi pendant le processus électoral.

mise en oeuvre conjointement en 2011. Les thèmes princi-

D’autres sessions de formations et d’information ont été

paux de cette stratégie concernent les droits de l’homme

organisées pour les observateurs électoraux de la CIRGL

et la lutte contre l’exploitation illégale des ressources

au Soudan, au Burundi et en Tanzanie. Un atelier conjoint

naturelles, la prévention du génocide et la lutte contre

entre la CIRGL et le HCNUDH sur les élections et les droits

l’impunité, les élections et les droits de l’homme, ainsi

de l’homme a été organisé en partenariat avec le Centre

qu’un observatoire Régional sur les droits de l’homme.

des droits de l’homme et de la démocratie à Yaoundé en

d’un atelier conjoint avec les mécanismes nationaux de

La République du Congo a été le premier pays en

juillet 2010 pour former les responsables des organes élec-

Afrique à élaborer et adopter une loi spécifique aux

toraux et en mars 2011 pour les observateurs électoraux.

droits des populations autochtones, en collaboration étroite avec le mécanisme national de coordination, la

Intégration des protocoles de la CIRGL dans la législation nationale

CIRGL et l’Organisation internationale du Travail.

En 2010, un atelier sur l’intégration des protocoles de

Génocide, approuvé lors du Sommet des Chefs d’Etat à

la CIRGL a été organisé avec le soutien fi nancier et le

Lusaka le 15 décembre 2010. Le comité émane d’un pro-

conseil technique du Conseiller Régional aux droits de

tocole régional sur la Prévention du crime de génocide

42

Avec l’appui du HCNUDH, la CIRGL a mis en place un Comité Régional pour la Prévention du Crime de

Institute for Security Studies

Compilé par Nyambura Githaiga

qui représente un cadre juridique et politique unique

des violations des droits de l’homme qui y sont associ-

pour la prévention du crime de génocide. Le HCNUDH

ées, y compris le travail des enfants, le travail forcé et

et le Secrétariat de la CIRGL ont appuyé le comité

les violences sexuelles. En mai 2012, les représentants de

dans la constitution et l’élaboration de ses procédures

la société civile ont mis sur pied un réseau régional qui

internes et son plan de travail en septembre 2010 et ont

collabore avec la CIRGL dans la lutte contre l’exploitation

organisé une formation à l’intention des ses membres,

illégale des ressources naturelles dans la région des

avec la participation du bureau du Conseiller spécial du

Grands Lacs.

Secrétaire général des Nations Unies pour la prévention du génocide et le bureau de la CIRGL en Ouganda. Le processus de mise en place et élaboration du plan de travail de ce comité est unique en son genre, faisant de cette

Prévention des violences électorales au Burundi

Région des Grands Lacs la première région au monde à

Avec l’appui du HCNUDH, la CIRGL a surveillé sur

travailler collectivement pour la prévention du génocide.

une période de cinq mois le processus électoral au

La CIRGL et le HCNUDH ont également facilité la mise en

Burundi. Elle a veillé au respect des droits de l’homme,

place des Comités nationaux au Kenya, en République du

contribué aux programmes de sensibilisation et offert

Congo et en Tanzanie.

une formation sur les droits de l’homme à l’endroit des observateurs de la CIRGL. Sur la base des informa-

Exploitation illégale des ressources naturelles et Droits économiques, sociaux et culturels

tions fournies par le HCNUDH et en vue d’endiguer les

Les violations aux droits de l’homme liées à

pour mener des pourparlers avec le gouvernement et

l’exploitation illégale des ressources naturelles sont

l’opposition. Cet exercice de prévention du confl it a

une des causes profondes du confl it dans la Région des

en effet permis de calmer les tensions et de contenir

Grands Lacs, surtout en RDC. En dépit de sa richesse

l’escalade de la violence.

violences et le confl it qui se sont intensifiés suite au retrait de l’opposition des élections, la Région des Grands Lacs a dépêché une mission de haut niveau au Burundi

naturelle, la majeure partie de la population de la RDC vit dans la pauvreté et ne tire aucun profit des ressources naturelles. Cette situation constitue un

DÉFIS ET RISQUES

problème structurel des droits de l’homme, comme en

La promotion et la protection des droits de l’homme dans

témoigne l’insécurité et la violence qui règnent autour

la Région des Grands Lacs s’accompagnent de multiples

des sites d’exploitation minière dans l’Est de la RDC.

défis parmi lesquels la fausse juxtaposition entre la justice

Face à cette problématique, la CIRGL a développé une

et la paix. Les travaux de recherche sur les questions de

initiative régionale en faveur de la mise en place d’un

paix ont montré que les conflits internes qui n’aboutissent

système de certification des ressources naturelles pour

pas à un processus judiciaire posent le risque important

assurer qu’elles ne proviennent pas des zones de confl it

de se reproduire dans les cinq années qui suivent la fin du

et continuent d’alimenter les violations aux droits de

conflit. Les processus de justice transitionnelle exigent la

l’homme. Cette initiative régionale s’accompagnera

participation politique et l’engagement de la part de tous

d’un système d’alerte à travers lequel la population et

les acteurs politiques et sont essentiels pour amener la

la société civile peuvent dénoncer des cas d’exploitation

paix durable dans la région.

illégale des ressources naturelles afi n de contribuer au

Un autre défi est posé par l’absence ou la faiblesse

processus de traçabilité et de transparence proposé. Lors

d’institutions nationales des droits de l’homme in-

d’un Sommet extraordinaire qui s’est tenu à Lusaka le 15

dépendantes et des organisations des droits de l’homme

décembre 2010, les Chefs d’Etats de la CIRGL ont adopté

dans la région. Par conséquent, le renforcement des

cette initiative régionale en tant que Déclaration de

capacités et des institutions, ainsi que la coopération

Lusaka, et ils se sont engagés à la mettre en oeuvre.

régionale entre les acteurs des droits de l’homme sont

En préparation du Sommet, le HCNUDH et la CIRGL

essentiels pour la réussite du Pacte sur la Paix. De plus,

ont conjointement organisé un atelier sur l’exploitation

des acteurs des droits de l’homme existants, comme les

des ressources naturelles et les droits économiques,

parlements, les institutions des droits de l’homme et des

sociaux et culturels et continuent à appuyer ce proces-

organisations de la société civile, peuvent tous jouer un

sus. L’accent sera mis sur la formation des représentants

rôle essentiel dans le suivi et la mise en oeuvre du Pacte.

de la société civile et des journalistes, étant donné le

La tenue des élections dans la région et leur impact

rôle important qu’ils jouent dans la dénonciation des cas

sur la situation de sécurité et des droits de l’homme ne

d’exploitation et de commercialisation des minerais et

sont pas à sous-estimer. Les leçons tirées de la violence

Rapport d’atelier

43

Dimensions régionales des conflits dans les Grands Lacs

post-électorale au Kenya montrent que si les causes

partagent des liens historiques et familiaux au delà des

profondes du confl it politique et ethnique, telles que

frontières nationales.

les droits à la propriété et la participation politique, ne sont pas résolues, elles peuvent alimenter la violence politique. Le Protocole de la CIRGL sur la démocratie et la bonne gouvernance et son mandat d’observation élector-

NOTES 1

Isabell Kempf est l’ancienne conseillère régionale pour les droits

ale sont des outils importants pour former et renforcer

de l’homme de la CIRGL-HCNUDR pour la Région des Grands

les capacités de la société civile, des pouvoirs judiciaires

Lacs. Les opinions exprimées dans cet article sont celles de

et gouvernementaux dans leur rôle d’assurer la tenue

l’auteur et ne représentent pas celles de l’organisation.

des élections équitables, transparentes et pacifiques. La

2

ayant le mandat et la capacité de surveiller les élec-

3

Voir Report on the first meeting of national coordinators of the International Conference for the Great Lakes Region, Nairobi,

tions, comme l’Union africaine, le COMESA (le Marché

23–24 June 2003, 2–3, http://www.iss.co.za/AF/profiles/

commun de l’Afrique orientale et australe), la CEEAC (la

greatlakes/1stNCmeeting_report.pdf (consulté le 21 mai 2012).

Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale) et l’Union européenne pour assurer des processus

Aldo Ajello, Cavalier de la paix: quelle politique européenne commune pour l’Afrique? Brussels: GRIP, 2000, 105.

CIRGL compte également sur le soutien d’autres acteurs

4

Conférence International sur la Région des Grands Lacs, Pacte sur la sécurité, la stabilité et le développement dans la Région

électoraux équitables et pacifiques.

des Grands Lacs (Pacte de Paix de Nairobi), signé à Nairobi,

La région se doit de relever le défi imminent et urgent

Kenya, le 15 et 16 décembre 2006, http://www.internal-displa-

de se doter d’une stratégie commune assortie d’une

cement.org/8025708F004BE3B1/(httpInfoFiles)/60ECE277A8ED

perspective des droits de l’homme pour affronter le prob-

A2DDC12572FB002BBDA7/$fi le/Great%20Lakes%20pact_en.pdf

lème des forces négatives qui sévissent dans la région. La

(consulté le 21 mai 2012).

réunion récente des Ministres de la Défense de la région

5

A B Fetherston, Transformative peacebuilding: peace studies in

qui s’est tenue à Kigali en septembre 2011, a souligné le

Croatia, Paper presented at the International Studies Association

besoin d’affronter conjointement le problème posé par

Annual Convention, Minneapolis, March 1998.

les FDLR et la LRA et a lancé un appel en vue d’organiser

6

ment and civilisation, London: Sage, 1996.

une réunion à laquelle tous les pays concernés par cette problématique seront conviés. Le défi à présent consiste à

7

Kofi Annan, Renewing the United Nations: a programme for reform, Report to the United Nations, A/51/950, 1997.

mettre fin aux opérations de ces groupes dans la région, sans provoquer d’autres violations aux droits de l’homme

Johan Galtung, Peace by peaceful means: peace and conflict, develop-

8

Voir Jérôme Ollandet, La Conférence Internationale sur la Région

et en évitant tout impact négatif sur la population civile, et

des Grands Lacs: quels enjeux? Le Regard Diplomatique: revue

de traduire en justice les auteurs des crimes de génocide,

congolaise d’études et de pratiques diplomatiques, Congo-Brazzaville: La Savane, 2009, pour une description des crises multiples qui

des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité.

sont à l’origine de la CIRGL.

Alors que la question soulevée en dernier s’avère être une des plus urgentes, il est également nécessaire de réfléchir aux structures à mettre en place dans la société qui, à long terme, permettront à la région de créer des opportunité sociales, politiques et économiques pour tous les secteurs de la société et de jeter des ponts pour les contacts transfrontaliers entre des peuples qui

44

9

Voir Pearson Nherere & Kumi Ansah-Koi, Human rights and confl ict resolution, In G Lindgren, P Wallensteen and K Nordquist (eds), Issues in Third World conflict resolution, Uppsala: Department of Peace and Confl ict Research, Uppsala University, 1990, 3-42.

10 Voir le Rapport du Rapporteur spécial de l’ONU sur les droits et libertés fondamentales des populations autochtones durant sa mission au Kenya, UN: A/HRC/4/32/Add.3, 2007.

Institute for Security Studies

Le rôle des organes régionaux1 dans la promotion de la paix durable dans la Région des Grands Lacs Dr Connie Mumma-Martinon Chercheur consultant

L’objectif de ce document est d’analyser le rôle de

INTRODUCTION

la Conférence Internationale sur la Région des Grands

Les conflits pausent une grave menace au développement

Lacs (CIRGL), la Communauté des Etats de l’Afrique

en Afrique à cause des pertes de vies humaines, des

de l’Est (EAC), la Communauté Economique des Etats

destructions de propriétés et des déplacements (quelques

de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), la Communauté

fois à travers des frontières internationales) qu’ils oc-

Economique des Etats de l’Afrique Centrale (CEEAC) et la

casionnent; sans oublier les détournements et mauvaises

Communauté Economique des Pays des Grands Lacs (CEPGL)

allocations des ressources initialement destinées au

dans la promotion de la paix dans la Région des Grands Lacs.

développement durable, vers l’achat d’armes et le financement d’opérations de maintien de la paix couteuses.

2

Dans cette perspective, des réponses seront apportées aux questions suivantes:

Les Grands Lacs en tant que région ne font pas exception à la règle. Ils ont fait l’objet d’attaques perpétrées



par des groupes armées et des communautés qui se dé-

régionaux dans la promotion de la paix dans la

placent à travers les frontières ; de contrebande ; de vols de véhicules ; de trafic de drogue ; de flux illicite d’armes

région? ■

légères ; de champs de mines ; et plus récemment, de

dans la région? ■

les rendent difficiles d’accès, les régions situées le long de ces frontières sont propices au développement des ce types d’activités.

Quelles sont les principales politiques et stratégies clé, mises en place pour l’établissement de la paix

menaces de réseaux terroristes.3 A cause des obstacles naturels sur le terrain tels que la forêt et le désert, qui

Quelle est la nature et l’envergure du rôle des organes

Quel a été leur niveau d’efficacité dans la promotion de la paix dans la région?



Quels défis, manquements et perspectives avenirs ont été identifiés en ce qui concerne le rôle des organes

Il est généralement admis que le maintien de la paix

régionaux dans la promotion de la paix?

est une condition primordiale au développement dans la Région des Grands Lacs. De ce fait, les organisations régionales et sous-régionales sont de plus en plus ap-

COMPRENDRE LA PAIX DURABLE

pelées à initier (de manière individuelle ou conjointe)

La paix en Afrique est mieux comprise dans le contexte

des efforts internationaux pour assurer la sécurité et la

mondial. La paix est un concept universel : Toute

gestion des confl its en Afrique.4

société la désire et nulle ne peut exister sans elle.6 John

Les organes régionaux africains ont fait des progrès

Galtung défi nit la paix comme “l’absence de violence”.7

substantiels en ce qui concerne leur responsabilité en

Le jargon technique désigne ce type de paix par le

matière de lutte contre les problèmes d’insécurité, la

terme “paix négative”, car cette conception ne traite pas

promotion et le maintien de la paix dans la région.

de comment faire face à la violence sociale et person-

5

Le rôle des ces organes est consacré à la fois dans la

nelle qui émerge de structures politiques et sociales

Charte des Nations Unies et dans l’Acte Constitutif de

inégales, répressives et oppressives aux niveaux na-

l’Union Africaine.

tional et international.8

Rapport d’atelier

45

Dimensions régionales des conflits dans les Grands Lacs

La paix positive par contre, prend en compte la

décembre 2006, qui fournit un cadre légal gouvernant les

prévention de la violence et traite des questions de

rapports entre les différents états membres (article 4).15

violence structurelle qui pourrait exister au sein d’une

La CIRGL est composée de onze pays.16

société. Les partisans de la paix positive affirment donc 9

que la paix durable nécessite une distribution équitable des ressources et la lutte contre tout ce qui pourrait compromettre l’existence fondamentale et la survie de

La Communauté des Etats de l’Afrique de l’Est

l’Homme.10 Le défi de la mondialisation a mis en exergue

La Commission Tripartite Permanente (CTP) pour la

trois valeurs importantes qui forment dorénavant le cadre

Coopération en Afrique de l’Est a été initialement établie

de poursuite des objectifs de la paix à travers le monde.

en 1967 en tant que EAC, pour être ensuite abolie en

Il s’agit du respect de la vie et de la dignité humaine, 11 la

1977 suite à des divergences politiques. Après la dissolu-

responsabilité universelle et la coopération mondiale.

tion de l’organisation, trois des anciens états membres,

12

13

Les débats contenus dans ce document adoptent comme défi nition, celle de la paix positive.

notamment le Kenya, l’Ouganda et la Tanzanie, négocièrent un Accord de Médiation pour le Partage des Actifs et Passifs ; ce dernier fut signé en 1984. L’une des

LE CADRE DE PROMOTION DE LA PAIX DES ORGANES RÉGIONAUX DANS LA RÉGION DES GRANDS LACS

provisions de l’accord de médiation stipulait que les trois

Les organes régionaux opèrent dans un environnement

l’Est, lors de leur deuxième sommet à Arusha le 29 avril

qui pourrait être considéré comme la zone de confl it la

1997, mandatèrent la CTP d’entamer le processus de

plus dangereuse du monde depuis la deuxième Guerre

transformation de l’accord établissant la CTP pour la

Mondiale. Les confl its dans cette région sont complexes,

Coopération en Afrique de l’Est, en traité.

multidimensionnels et impliquent une multitude

états devaient explorer des voies de coopération future. Tenant compte de la nécessité de consolider leur coopération régionale, les chefs d’états de l’Afrique de

Le Traité pour l’Etablissement de l’EAC fut signé à

d’acteurs avec des intérêts divers. Cela suggère donc

Arusha, le 30 novembre 1999. Il est entré en vigueur le 7

que les différents organes régionaux pourraient avoir

juillet 2000 et l’EAC fut inaugurée en janvier 2001.

des intérêts confl ictuels et des interprétations différentes de ces crises qui ont causé tant de morts et de détresse dans cette partie de l’Afrique. Bien que certains des organes régionaux étudiés ici aient initialement

La Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale

été fondés dans le but de créer des opportunités de

La CEEAC est composée des états de l’ancienne Union

développement économique durable, l’expansion dans

Douanière et Économique de l’Afrique Centrale, UDEAC

le domaine de la sécurité est devenue une de leurs prin-

créée en 1966, ainsi que des états membres de la CEPGL

cipales caractéristiques.

créée en 1976 par la République Démocratique du Congo (RDC), le Burundi, le Rwanda et São Tomé et Principes.

LES ORGANES RÉGIONAUX

L’Angola a gardé un statut d’observateur dans la CEEAC

La Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs

à part entière. La CEEAC a commencé ses activités en

La CIRGL a été officiellement créée en juin 2003, mais

avec la Communauté Economique Africaine (CEA). Son

n’a tenu sa première réunion internationale que du 06

fonctionnement est gouverné par quatre traités, notam-

au 10 septembre 2004 à Bujumbura, au Burundi. Le

ment le Traité établissant la CEEAC, le Traité établissant

secrétariat de la CIRGL a été établi en mai 2007 et est

le Réseau des Parlementaires de la CEEAC (REPAC) ; le

devenu pleinement fonctionnel en 2008. La Déclaration de

Pacte d’Assistance Mutuelle entre les Etats Membres de la

Dar-es-Salaam sur la Paix, la Sécurité, la Démocratie et

CEEAC ; et le Protocole relatif à l’Etablissement d’un Pacte

le Développement dans la Région des Grands Lacs (Pacte

de Sécurité Mutuelle en Afrique Centrale (COPAX).

de paix) a été adoptée et signée à Dar-es-Salaam le 20 no-

jusqu’en 1999, date à laquelle elle est devenue membre 1985, mais est restée ineffective pendant les années 1990. En 1999, la communauté signa un protocole de relations

Les principaux objectifs de la CEEAC consistent à réal-

vembre 2004 et les chefs d’états de la CIRGL proclamèrent

iser une autonomie collective, rehausser le niveau de vie

leur ‘détermination collective à faire de la région des

de ses populations et maintenir la stabilité économique

Grands Lacs un espace de paix et de sécurité durable, et

à travers une coopération harmonieuse. Ses domaines

ce pour les Etats et les peuples…. » 14 Cette déclaration fut

d’action prioritaires incluent le développement de capac-

suivie par la signature du Pacte de Paix de Nairobi le 15

ités en matière de maintien de la paix, de la sécurité et

46

Institute for Security Studies

Compilé par Nyambura Githaiga

la stabilité dans la région. Elle est constituée des organes

Cette section met exergue certains de ces efforts de col-

techniques suivants:

laboration, en soulignant leurs similitudes et différences dans la réalisation des mêmes objectifs. Elle indique





Le Mécanisme d’Alerte Rapide d’Afrique Centrale

également les aspects nécessitant des améliorations dans

(MARAC), qui recueille et analyse les données pour la

les efforts de collaboration de chaque organe afin de les

détection précoce et la prévention des crises.

rendre plus effectifs et leur permettre de mieux exploiter

La Commission de Défense et de Sécurité (CDS), qui est

leurs avantages comparatifs respectifs.

en fait la réunion des chefs d’états majors des armées nationales, des commandants en chefs des polices et des forces de gendarmerie des différents états membres. Son rôle est de planifier, d’organiser et de fournir des conseils aux organes décisifs de la communauté afin d’initier des opérations militaires, en cas de nécessité. ■

La Force Multinationale d’Afrique Centrale (FOMAC), qui est une force non-permanente constituée de con-

EFFORTS COLLABORATIFS DES DIFFÉRENTS ORGANES RÉGIONAUX POUR LA PROMOTION DE LA PAIX Signature de protocoles d’accords avec d’autres organes régionaux

tingents militaires issus des différents états membres

Le 25 octobre 2010 la CIRGL, à travers son secrétaire

et dont les objectifs sont de mener à bien des missions

exécutif (Ambassadeur Liberata Malamula), et la

de paix, de sécurité et d’assistance humanitaire.

Commission de l’Union Africaine (CUA) à travers son président (Dr Jean Ping), signèrent un protocole d’accords

La CEEAC avait été désignée comme un des piliers de la

(PdA) au siège de la CUA à Addis Abeba, en Ethiopie. Ce

CEA, mais à cause de son inactivité depuis 1992, il n’y

PdA défi nit les modalités de coopération entre les deux

eut aucun contact officiel entre les deux organisations

organes dans les domaines d’appui mutuel pour la paix

jusqu’en Octobre 1997.

et la stabilité dans la région des Grands Lacs. Selon le

17

PdA, les deux parties s’engagent à renforcer les capacités de la région des Grands Lacs à anticiper, prévenir, gérer

La Communauté Economique des Pays des Grands Lacs

et résoudre les confl its; et aussi à soutenir et encourager les initiatives visant à transformer la région.

La CEPGL a été fondée par l’Accord de Gisenyi (Rwanda) le 20 septembre 1976 dans le but de promouvoir la coopération économique et l’intégration régionale. Elle est constituée du Burundi, la RDC et le Rwanda et a son

Opérations conjointes contre les rebelles et les groupes armés non-étatiques

siège se trouve à Gitega, au Burundi. Ses principaux

L’impact des activités des groupes armés non-étatiques

objectifs consistent à assurer la sécurité des états

(GANE) se fait ressentir au-delà des frontières des états

membres, favoriser la création et le développement

d’où elles proviennent. Parmi les tendances identifiées

d’activités d’intérêt public, favoriser les échanges et la

chez les GANE régionaux on compte les crises humani-

circulation des personnes et de leurs biens, et établir

taires, les violations des droits de l’Homme et l’usage

la coopération dans tous les domaines de la vie poli-

de la violence comme outil de résolution de conflits. Les

tique, économique et sociale. La CEPGL est également

GANE ont étendu l’insécurité humaine au niveau région-

constituée d’un certain nombre d’institutions. Le

al et posent de sérieux défis aux mécanismes régionaux

Sous-comité de la CEPGL pour la Défense et la Sécurité

de prévention, de gestion et de résolution de confl its.19

18

est composé des chefs ou responsables des forces de

Chaque activité perpétrée par les GANE fait appel à des

défense, la police, la sécurité nationale, les services

réponses internationales parmi lesquelles la plus commune

d’immigration, les services de renseignement militaires

est la facilitation de négociations avec les gouvernements

et de police de l’ensemble des états membres.

contre lesquels ils se battent et ceux qui les soutiennent.

POLITIQUES ET STRATÉGIES CLÉ DES DIFFÉRENTS ORGANES RÉGIONAUX

lutte contre ce problème en appelant les états membres

Il est important de noter que depuis leurs créations, les

d’un autre Etat Membre ou de tolérer sur leur territoire

organes régionaux ont chacun d’une manière ou d’une

des groupes armés ou rebelles engagés dans des confl its

autre et à différents niveaux, réalisé de grandes avancées

armés ou impliqués dans des actes de violence ou de

vers la promotion de la paix dans la Région des Grands

subversion contre le gouvernement d’un autre Etat ’

Lacs, à travers des actions collaboratives ou individuelles.

(Article 5(1) (b) du Pacte sur la Paix).

La CIRGL a joué un rôle important dans les efforts de

Rapport d’atelier

à “ à s’abstenir d’envoyer ou de soutenir des oppositions armées ou des groupes armés ou rebelles sur le territoire

47

Dimensions régionales des conflits dans les Grands Lacs

Afi n de promouvoir la paix entre les parties bel-

les capacités des états membres de la CEEAC dans le

ligérantes dans la région d’Abyei au Soudan, la CIRGL

domaine du maintien de la paix et la prévention et

fit appel aux parties concernées le 23 mars 2011, leurs

la gestion des confl its. Il représentait une application

urgeant de s’abstenir de toute action militaire qui

directe du concept Français de RECAMP (Renforcement

pourrait avoir des conséquences dévastatrices sur les

des Capacités Africaines en Maintien de la Paix).

populations civiles et menacer la paix et la sécurité dans la région. Elle en appela également aux parties de renouveler leurs efforts mutuels dans le but de s’accorder

Gestion des ressources naturelles

Paix compréhensif et autres protocoles pertinents. Elle

Le Protocole pour le Développement Durable du Bassin du Lac Victoria

urgea également les parties et la Mission des Nations au

La CEA a développé un protocole pur le développement

Soudan de protéger la population civile et s’assurer que

du Lac Victoria appelé Protocole pour le Développement

la paix et le calme sont rétablis dans la région.

Durable du Bassin du Lac Victoria, qui sert de base

sur le future statut d’Abyei, conformément à l’Accord de

En janvier 2011, les pays de la CEPGL s’engagèrent

à la coopération inter-état dans les domaines tels

également à ‘intensifier les opérations conjointes’ contre

que les ressources hydrauliques, les ressources ha-

les rebelles et dix autres groupes armés situés dans l’Est

lieutiques, l’agriculture et les pratiques d’usage de la

de la RDC. Cela permit une amélioration des rapports

terre, l’irrigation, les terres marécageuses, la faune

entre le Rwanda et la RDC, cette dernière invitant les

et l’environnement en générale. 21 Ce protocole comprend

troupes rwandaises à se joindre à elle afi n de poursuivre

plusieurs des règlements substantifs et procéduraux de

les rebelles des Forces Démocratiques de Libération du

l’ONU tels que le principe de l’utilisation équitable et de

Rwanda, dont certaines étaient impliquées dans le génocide.

l’obligation de l’état de protéger les écosystèmes aquatiques. 22 Ce protocole a également établi la Commission

Coopération inter-états De nombreuses initiatives ont émergé des efforts de

du Bassin du Lac Victoria, qui est actuellement basée à Kisumu au bord du Lac Victoria. Malgré le haut niveau de coopération entre les états

coopération inter-états initiés par la CIRGL. Parmi celles-

membres de la CEA et l’implication et engagement des

ci on compte Le Protocole de l’Afrique de l’Est sur la Libre

divers gouvernements à mettre en œuvre le Protocole,

Circulation des Personnes ; les Accords de Lusaka sur

son application a été très lente à cause de la multiplicité

le cessez le feu en RDC, qui en appela à la cessation des

des initiatives qui dilue le niveau d’engagement des dif-

hostilités, le désengagement et le désarmement des forces

férentes parties prenantes.

non signataires, l’initiation du dialogue inter-congolais et étrangères présentes en RDC. D’autres initiatives incluent

Cadre de Gestion Intégrée des Ressources Hydrauliques du Lac Kivu et du Fleuve Rusizi

le droit de poursuite transfrontalière accordé à l’Ouganda

Le Lac Kivu et le Fleuve Rusizi contribuent énormément

par le Soudan, et la demande du Rwanda à placer ses

à la génération de puissance hydro-électrique dans

troupes sous le commandement Congolais. Cependant

la région. Le Cadre fut adopté en août 2011 et vise à

le niveau de succès de ces initiatives est limité par le

protéger et gérer les ressources d’eau et promouvoir les

manque de confiance entre les états membres.20

autres aspects liés à l’eau, à la génération de la puissance

les Accords de Pretoria, qui en appela au retrait des forces

hydro-électrique, à la pêche, la navigation, la gestion des

Exercice conjoint de formation

chutes d’eau, l’irrigation et l’approvisionnement en eau,

Bien que sa priorité soit la coopération économique,

utilisateurs de ces ressources.

dans l’optique de prévenir de potentiels conflits entre les

l’EAC a la conviction qu’elle peut également jouer un rôle dans l’amélioration de la stabilité régionale. En 1998 en vue de démontrer un nouvel esprit de coopération,

Coopération en matière de sécurité

1500 soldats Kenyans, Ougandais et Tanzaniens prirent

La promotion de la coopération entre les forces de police

part à un exercice conjoint de formation dans le terrain

des pays membres a continué à travers les réunions des

désert du Nord du Kenya. Cette exercice au nom de code

chefs de police de la CEA. Des décisions ont été prises

‘Natural Fire’ (Feu naturel), dura un mois et fut réalisé

dans le but d’harmoniser les grades de police et établir

avec l’aide de l’armée Américaine.

un bureau de liaison de la police au sein de la structure

En janvier 2000, la CEEAC organisa également

du projet de la Direction de la Paix et la Sécurité, en plus

un exercice régional de maintien de la paix nommé

des partenariats bilatéraux qui existent déjà entre les

“Gabon 2000”; l’exercice avait pour objectif d’accroitre

agences de sécurité de la région. Le secrétariat a lui aussi

48

Institute for Security Studies

Compilé par Nyambura Githaiga

organisé des programmes de formation conjointes et des

l’optique de faciliter le processus de paix. Celle – ci

opérations conjointes, encouragé l’interaction sociale

soulignait un certain nombre de points d’action parmi

et l’usage collectif des outils scientifiques de gestion du

lesquels un processus de désarmement, de démobi-

crime pour améliorer la lutte contre le crime dans la

lisation et de réinsertion (DDR) 25, la libération des

région, et la surveillance des frontières.

prisonniers politiques et de guerre, l’inscription du FNL

A travers leurs chefs de services d’enquête criminelle et leurs bureaux d’enregistrement de véhicules,

comme partie politique.

les forces de l’ordre des états membres continuent de

Efficacité du processus de DDR

travailler ensemble pour mettre fi n aux activités crim-

Le DDR des anciens combattants a été lent et n’a réelle-

inelles transfrontalières. Celles-ci incluent le vol de véhi-

ment débuté que lorsque le gouvernement hollandais a

cules, la contrebande et le trafic de drogue et d’humains.

accepté d’apporter son aide à la construction d’un camp et

Les agences des forces de l’ordre ont amélioré leur

une base à Tenga, dans la périphérie Nord de Bujumbura.

coopération en matière d’échanges de renseignements,

Dès janvier 2006, un total de 19 739 anciens combattants

de restitution de biens volés et d’extradition de person-

et anciens soldats avaient été démobilisés (16 242 hommes

nes soupçonnées de crimes.

adultes, 482 femmes adultes et 3015 enfants).26 Le processus de DDR s’est fait en deux étapes : le DDR

POLITIQUES ET STRATÉGIES INDIVIDUELLES DES ORGANES RÉGIONAUX

des enfants soldats et le DDR des anciens combattants.

Politiques et stratégies clé de la CIRGL

ont été consultées et une équipe de travail spéciale

Depuis sa création, la CIRGL a réalisé d’importants

parties prenantes telles que la Banque Mondiale, le

progrès en matière de promotion de la paix dans la

Bureau Intégré des Nations Unies au Burundi, BINUB)

région et d’établissement de conditions favorables à la

et l’équipe de facilitation ont collaboré sur la mise en

sécurité, la stabilité et le développement durable entre

œuvre du processus. Le 10 août 2009, le gouvernement

les états membres, tels que proposés dans l’Article 2(c)

Burundais annonça la fi n officielle du programme de

du Pacte pour la Paix. Cette section met en exergue

DDR, déclarant que 16 948 membres du FNL avaient été

certaines des principales politiques et stratégies qui ont

démobilisés.27

Malgré quelques défis tels que le manque de ressources, la stratégie a été déployée rapidement et était plutôt effective grâce à l’approche adoptée (les deux parties

été mises en œuvre par la CIRGL.

fut créée pour faire avancer le processus). Plusieurs

Le DDR des enfants a eu lieu très rapidement, car le Fonds des Nations Unies pour l’Enfance et le Programme

Appui au processus de paix du Burundi

National sur la Démobilisation, la Réinsertion et la

En juin 2006, le Gouvernement du Burundi et le Parti

Réintégration ont travaillé énormément pour com-

pour la Libération du Peuple Hutu – Forces Nationales

piler des listes d’enfants soldats des rangs de l’armée

de Libération signèrent la Déclaration de Principes

Burundaise et des Gardiens de la Paix.28

Politiques de Dar-es-Salaam

Les états sont également sensés ‘coopérer à tous les

.23

Jusqu’en 2008, le processus de paix entre ces deux

niveaux en vue de désarmer et de démanteler les réseaux

parties était caractérisé par la méfiance, empêchant

de groupes rebelles armés existants et promouvoir la

ainsi la mise en œuvre de plusieurs résolutions

gestion conjointe et participative de la sécurité nationale

.24

Lors

du Sommet des Chefs d’Etats et de Gouvernements de

et humaine sur leurs frontières communes’ (Article 5(1)

la Région des Grands Lacs qui s’est tenu le 4 décembre

(c) du Pacte pour la Paix). C’est à travers ce Pacte que les

2009 à Pretoria, Afrique du Sud, Palipehutu–FNL renou-

forces rwandaises et Ougandaises ont lancé les opérations

vela son engagement au processus de paix. Dans une

Amani, Kimia et Lightning Thunder (Tonnerre d’éclair)

déclaration faite à cet effet, Palipehutu–FNL reconnut

pour démobiliser les groupes rebelles tels que le FDLR et

que son nom faisait en effet entrave à son processus

l’Armée de Résistance du Seigneur (LRA) en RDC.

d’inscription en tant que Parti Politique; le gouvernement

Les forces rwandaises et ougandaises ont également

du Burundi déclara à son tour qu’il était engagé à faciliter

pour objectif de mettre fin aux activités rebelles sponso-

l’intégration politique de Palipehutu-FNL en lui offrant

risées par les états. Bien que cette stratégie ait produit des

33 postes au sein du gouvernement. Cependant, malgré

résultats mitigés en ce qui concerne l’objectif de mettre

son changement de nom, l’intégration de Palipehutu–FNL

fin au sponsorship des activités de la LRA en Ouganda par

demeure un défi important.

le gouvernement Bashir, elle a considérablement permis

En janvier 2009, l’envoyé spécial dans les Grands Lacs émit une déclaration dite de Bujumbura dans

Rapport d’atelier

de réduire l’appui du gouvernement envers certains groupes rebelles opérant dans les pays voisins.29

49

Dimensions régionales des conflits dans les Grands Lacs

Création d’un système de zonage pour la sécurité des frontières

de Nairobi sur les Armes Légères et les Petits Calibres;

L’objectif principal de cette initiative est d’améliorer la

d’enregistrement des réfugiés ; et établir un groupe

sécurité des frontières dans la région à travers la créa-

de travail d’experts en défense sur les opérations et la

tion des douze zones suivantes:

formation afi n de débattre d’exercices conjoints sur les

pour établir des modalités d’un mécanisme commun

opérations de maintien de la paix, le contre-terrorisme 1. L’Ouganda, le Rwanda et la RDC

et le niveau de participation militaire dans les interven-

2. L’Ouganda, le Kenya et la Tanzanie

tions en cas de catastrophes.31

3. L’Ouganda, le Kenya, le Soudan et l’Ethiopie

Dans sa vision générale, l’EAC embrasse la création

4. Le Soudan, l’Ouganda et la RDC

future d’une fédération politique des membres (Article

5. Le Soudan, la RCA et la RDC

123(1) du Traité) et un pacte de défense commun (Article

6. La République du Congo, la RDC et la RCA

125), avec comme objectif ultime de renforcer le modèle

7. La RDC, la République du Congo et l’Angola

de l’EAC pour la paix et la sécurité régionale.

8. La RDC, la Zambie et l’Angola 10. La RDC, le Burundi et le Rwanda

Développer un mécanisme d’alerte précoce et de réponse contre les conflits

11. La Tanzanie, le Rwanda et l’Ouganda

Parmi les autres activités entreprises il y eut également

12. La Tanzanie, le Rwanda et le Burundi

le développement d’une ébauche de mécanisme d’alerte

9. La Tanzanie, la RDC, le Burundi et la Zambie

précoce et de réponse contre les conflits (MAPRC) et le

Politiques et stratégies clé de l’EAC

début de travaux relatifs à l’élaboration d’un cadre régional

Stratégie en matière de paix et de sécurité

L’EAC est également entrain de finaliser les plans de

de prévention, de gestion et de résolution de confl its.

Le Traité portant Création de la Communauté des Etats

lancement d’une stratégie de prévention de conflits et de

de l’Afrique de l’Est30 et les stratégies de développement

querelles dans la région. L’idée d’un MAPRC a émergé suite

élaborées mettent l’accent sur la défense régionale, la

à une série de visites de familiarisation aux sièges de la

paix et la sécurité comme domaines de coopération

Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest,

régionale. La quête de la paix et la sécurité régionale

de l’Autorité Intergouvernementale pour le Développement

en Afrique de l’Est est garantie par l’Article 5(3) (f)

(IGAD) et de l’UA, qui opèrent différents types de MAPRC à

dudit Traité, qui stipule que «la paix, la sécurité et la

différents niveaux. Ces initiatives ont été entreprises dans

stabilité…et le bon voisinage » dans la région font partie

l’optique d’incorporer les bonnes pratiques et proposer

des objectifs fondamentaux de la communauté. Les

un fonctionnement plus effectif de l’EAC. En s’adressant à

états membres de l’EAC ont développé un nombre de

l’assemblée pendant une séance d’ouverture d’un atelier à

stratégies afi n d’atteindre cet objectif.

Kampala en 2009, la Secrétaire Générale Adjointe de l’EAC

L’Article 124 du traité traite de la coopération en

(Fédération Politique) Béatrice Kiraso, décrit le mécanisme

matière de paix régionale et de questions de sécurité. Les

comme un important pilier pour la prévention des crises

états ont signé un PdA sur la coopération en matière de

et des conflits, et un moyen d’assurer la paix, la sécurité, la

défense et des mesures sont entrain d’être prises pour faire

stabilité et le développement régional.

face aux questions relatives à la défense, la paix et la sécurité afin de maintenir la paix et la stabilité dans la région. Un PdA sur la Coopération en matière de défense

Programmes contre le vol de bétail La nature des confl its pastoraux en Afrique de l’Est est

fut signé en Avril 1998 et révisé en 2001. Lors d’un

variée. Ils se manifestent de plusieurs façons, notam-

sommet de l’EAC sur la situation en RDC, qui eut

ment à travers des confl its entre les éleveurs et les

lieu le 18 octobre 1998 à Nairobi, les états membres

agriculteurs commerciaux, les éleveurs nomades et les

s’accordèrent à soutenir les efforts de la Communauté

agriculteurs sédentaires ; les éleveurs et les conserva-

de Développement de l’Afrique Australe (SADC), qui

teurs ; et les éleveurs et les agents de l’’état.32 Les états

étaient déjà en cours, en consultation avec l’ONU et

membres de l’EAC sont aussi membres du Projet Mifugo,

l’Organisation de l’Unité Africaine.

qui est une initiative conjointe entre Organisation

L’EAC établit un Comité Sectoriel sur la Coopération

pour la Coopération des Chefs de Polices d’Afrique de

en matière de Défense, ainsi qu’un Comité pour la

l’Est (EAPCCO) et l’Institut d’Etudes de Sécurité. Elle

Sécurité Inter-états. Au cours de l’année 2003, ces

est basée sur le Protocole sur la Prévention, la Lutte et

comités tinrent des réunions entre autres initiatives,

l’Eradication du Vol de Bétail en Afrique de l’Est.

pour échanger des informations sur la mise en œuvre d’un plan d’action national en accord avec la Déclaration

50

EAPCCO a onze membres 33 et trois des cinq membres actifs sont membres de l’EAC (Kenya, Ouganda et

Institute for Security Studies

Compilé par Nyambura Githaiga

avec d’autres parties prenantes telles que les autorités

Accord de Coopération avec les membres du Fonds de Développement des Nations Unies pour la Femme

provinciales et locales, les éleveurs locaux, les groupes

Le 19 novembre 2009, la CIRGL signa un accord de

gouvernementaux, les organisations de la société civile

coopération avec le Fonds des Nations Unies pour le

et autres acteurs dans les zones pastorales d’Afrique de

Développement de la Femme (UNIFEM) à Kigali au

l’Est affectées.

Rwanda. Cet accord réaffirma leur engagement face

Tanzanie). L’efficacité de ce projet réside dans le fait qu’en dehors des états membres, il travaille également

aux défis liés aux conflits, à la pauvreté, les migrations,

Politiques et stratégies clé de la CEEAC

les déplacements internes, la violence et la traite des

Le Conseil pour la Paix et la Sécurité en Afrique Centrale

objectifs de travailler avec et mobiliser des partenaires

Le 09 septembre 1994 les membres de la CEEAC adoptent

personnes. UNIFEM et la CIRGL ont tous les deux pour aux niveaux régional, national et local afin de promouvoir l’égalité des genres, la paix et la sécurité dans la région.36

un pacte de non-agression au terme de la cinquième réunion du Comité Consultatif des Nations Unies sur la Sécurité en Afrique Centrale, tenue à Yaoundé, Cameroun.34 Lors d’une Réunion du Comité consultatif permanent des Nations Unies chargé des questions de sécurité en Afrique central, qui eut lieu à Yaoundé du

DÉFIS, MANQUEMENTS ET PERSPECTIVES AVENIRS DES ORGANES RÉGIONAUX EN MATIÈRE DE PROMOTION DE LA PAIX

25 au 26 Février 1999, les états membres décidèrent de

La promotion de la paix durable par les organes région-

créer une organisation pour la promotion, le maintien

aux est caractérisée par un nombre d’importants défis.

et la consolidation de la paix et la sécurité en Afrique

Premièrement, les conflits dans la région des Grands Lacs

Centrale, en l’occurrence le Conseil pour la Paix et la

tout comme ailleurs en Afrique, sont intraitables et pro-

Sécurité en Afrique Centrale (COPAX).

longés. La plupart des accords de paix ne durent pas et la

En 2002, lors de la dixième session ordinaire des Chefs d’états et de Gouvernements à Malabo, en Guinée

majorité des pays replongent dans la violence.37 Les organes régionaux ne peuvent pas travailler dans

Equatoriale, le Protocole sur l’Etablissement d’un réseau de

l’isolement. Toutefois, la plupart des acteurs externes

parlementaires en Afrique Centrale, les Ordres permanents

avec lesquels ils travaillent ont tendance à s’embarquer

du Conseil pour la Commission de défense et de Sécurité,

dans des activités de promotion de la paix sans pour

la Force Multinationale d’Afrique Centrale et le Mécanisme

autant étudier les causes fondamentales de ces conflits ou

d’Alerte Précoce d’Afrique Centrale furent adoptés.

inclure les populations à la base dans leurs propositions

La CEEAC en collaboration avec l’Union Arabe

de solutions. Les concepteurs et les personnes chargées

du Maghreb et la Communauté des Etats du Sahel-

de la mise en œuvre ne rendent pas compte aux popula-

Sahara débâtèrent l’idée de la création d’une force

tions qui sont pourtant les plus touchées par ces conflits.

d’intervention pour aider la résolution des disputes

La plupart des programmes axés vers des initiatives de

frontalières entre l’Erythrée et l’Ethiopie.

paix dépendent en grande partie des bailleurs de fonds,

35

La CEEAC existe depuis un certain temps déjà, néan-

ce qui empêche leur viabilité. C’est le cas de la CEEAC par

moins elle continue de faire face à certains défi s et des

exemple, dont le défi principal est le manque de ressourc-

difficultés financières dues au non-paiement des frais de

es et une sur-dépendance envers l’aide extérieure (surtout

membre. La guerre en RDC a également occasionné des

de la France qui finance sa structure de paix et le ren-

divisions avec le Rwanda et l’Angola se battant dans des

forcement des capacités militaires des Etats de l’Afrique

camps opposés.

Centrale en matière de logistique, finance et formation).38 Cette situation est renforcée par la faible harmonisation

POLITIQUES ET STRATÉGIES CLÉ DE LA CIRGL

qui existe entre la structure et l’UA et les faibles capacités

Protocole sur la Défense et la Sécurité

beaucoup d’agents manquent des compétences adéquates,

Le 21 janvier 2011, les Ministres de la Défense du

ainsi entrave au développement d’une force régionale

Rwanda, de la RDC et du Burundi adoptèrent un pro-

intégrée de maintien de la paix.39

tocole d’accords sur une défense et sécurité mutuelles.

de gestion au Département de Paix et de Sécurité. Les procédures de prise de décision de la COPAX sont lentes et surtout au niveau de la planification stratégique, faisant

Un défi encore plus important s’est manifesté à

Cela a été fait sous les auspices du Comité de Défense et

travers le manque de capacités institutionnelles dans

de Sécurité de la CIRGL.

certains états, qui affecte négativement le travail des

Rapport d’atelier

51

Dimensions régionales des conflits dans les Grands Lacs

organes en limitant par exemple la coopération sur la

régionaux ont énormément de potentiel grâce à leur avan-

sécurité des frontières. C’est le cas des frontières des

tage comparatif dans différents domaines.

pays de la CIRGL par exemple, dans lesquels existent des forces armées négatives et de déstabilisation. Cela cause des sentiments de méfiance mutuels et un très

LEÇONS APPRISES

faible niveau de confiance entre les différents pays, ainsi

Les organes régionaux et autres organisations ont

qu’une multiplicité de structures et d’initiatives pilotées

énormément fait pour la promotion de la paix dans

de l’extérieur. Les questions de sécurité adoptent

la région des Grands Lacs. Ceci dit, afi n d’établir une

différentes formes dans les différentes parties de la

paix durable les différentes parties prenantes ont

Région des Grands Lacs, ce qui rend le développement

encore beaucoup à faire. La section ci-dessous donne

de structures régionales de gestion des frontières et

quelques conseils pratiques qui peuvent être suivis afi n

de sécurité particulièrement difficiles. La triste réalité

d’atteindre cet objectif.

dans cette région est que la plupart des conflits qui y ont

Déterminer les causes fondamentales des conflits : Les états

lieu ont très souvent un caractère international, dans

ont tendance à se focaliser sur la gestion et la prévention

le sens qu’ils démarrent souvent dans un pays mais ont

des confl its. Cependant, afi n de promouvoir une paix

des impacts négatifs sur les autres pays de la région. Le

durable, les organes régionaux doivent déterminer les

défi principal consiste à faire comprendre à chaque pays

causes fondamentales des confl its, surtout en ce qui

qu’une approche commune est immédiatement requise

concerne le contrôle des ALPC. Des questions critiques

aussitôt qu’un confl it éclate.

telles que quels sont les facteurs socio-économiques

De plus, la multitude d’organisations région-

et politiques à l’origine de la prolifération des ALPC,

ales ayant le même agenda cause un manque

doivent être pausées. Les organes régionaux doivent

d’harmonisation des activités et une absence de col-

adopter une stratégie à multiples facettes afi n d’adresser

laboration entre elles. Aucun des organes régionaux

les aspects légaux, sociaux, économiques et politiques de

n’inclut les pays de la Région des Grands Lacs, et aucun

la prolifération des armes.

40

n’a comme centre d’intérêt unique la paix et la sécurité.

Coopérer, collaborer et être tolérant: Comme l’avait dit

Que ce soit directement ou indirectement les questions

Ali Mazrui, ‘Les blancs se battent contre les noirs à cause des

de paix figurent dans les agendas de tous les organes

ressources, tandis que les noirs se battent contre les blancs pour

régionaux. Et il y a bien entendu des enchevêtrements

des raisons d’identité ».41 Les organes régionaux, à travers

et donc une duplication d’efforts et d’initiatives. Cela

leurs états membres, doivent coopérer et collaborer les

cause des problèmes de cohérence et de coordination

uns avec les autres. Au niveau individuel, les africains

auxquels les organes régionaux doivent faire face afi n

doivent apprendre à se tolérer. Un autre important

de réussir dans leur objectif de promotion de la paix et

élément nécessaire à la stabilité sur le continent africain

la sécurité dans la région.

consiste à cultiver ce trait très élusif qu’est la tolérance.

Les mécanismes nationaux de coordination existants affectent considérablement le travail des organes

La tolérance est la capacité à accepter les différences.42 Inclure toutes les parties prenantes (plus particulièrement

régionaux, surtout en l’absence d’un Etat de droit, et en

les femmes) dans les initiatives de consolidation de la paix: Les

cas de mauvaises structures de gouvernance et de déclin

femmes sont souvent en contact avec les populations à la

des services publiques. Cette situation est exacerbée

base et doivent donc être dotées des pouvoirs nécessaires

par la corruption au sein des gouvernements, une des

pour prendre des décisions dans tous les aspects de la

caractéristiques des pays en situation de post-confl it,

paix, et plus particulièrement en matière de sécurité. En

tels que la RDC.

d’autres termes, les femmes doivent être dotées de plus

L’écart considérable qui existe entre les différents

de pouvoirs dans les branches législatives et exécutives

organes réside dans le fait qu’à chaque fois qu’un

du gouvernement, et devraient être engagées en plus

conflit émerge dans un état, les autres ne sont pas

grands nombres dans les forces armées.43 En Afrique, les

enclins à intervenir malgré les nombreuses possibilités

rôles traditionnels continuent de constituer un obstacle

d’intervention existantes en tant que bloc régional, afin

à l’accès aux postes d’influence par les femmes. Allouer

d’apporter la paix dans ou entre les pays en guerre. Il n’y

des sièges aux femmes au parlement leur donnerait

a malheureusement jamais eu de cas d’intervention de

l’opportunité de prendre part et d’influencer certaines

ce genre. La crise Somalienne illustre bine cela : malgré

des questions liées à la viabilité de la paix dans la région.

l’intervention de l’Uganda et du Burundi, les autres

La Secrétaire Exécutive de la CIRGL, l’Ambassadrice

pays se sont engagés à intervenir mais l’ont fi nalement

Liberata Mulamula en est un exemple parfait.

fait avec beaucoup de réticences ou dans certains cas,

Identifier la disponibilité et la situation géographique de

n’ont pas tenu leur engagement. Les différents organes

l’eau et des pâturages aux différentes saisons: La plupart des

52

Institute for Security Studies

Compilé par Nyambura Githaiga

confl its tels que le vol de bétail sont la manifestation de

paix. Il est donc impératif que ces trois domaines soient

problèmes plus graves dans la région, car les conflits liés

analysées de manière critique afi n de déterminer pour-

à l’accès aux ressources naturelles affectent également

quoi malgré les nombreux organes régionaux qui opèrent

d’autres institutions telles que les parcs nationaux, les

dans le domaine de la paix, les conflits continuent de

réserves, les postes de patrouilles de police, les ranches

ré-émerger et continuent d’avoir un impact négatif dans

privés et les bases militaires. Par conséquent, les organes

les pays de la Région des Grands Lacs.

régionaux doivent travailler en étroite collaboration avec les communautés et les gouvernements respectifs; ils doivent également tenir compte de la disponibilité et la situation géographique de l’eau et des pâturages

NOTES 1

La Conférence internationale sur la Région des Grands

aussi bien en saison sèche qu’en saison de pluies. Les

Lacs (CIRGL), la Communauté Economique des Pays des Grands

gouvernements qui opèrent dans les régions proches des

Lacs (CEPGL), la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE) et la

sociétés pastorales doivent également penser à investir

Communauté économique des Etats d’Afrique Centrale (CEEAC).

dans le développement des ressources hydrauliques et la

2

Albert O Isaac, Understanding peace in Africa, in David J Francis

construction des dignes et réservoirs afi n de retenir les

(ed), Peace and conflict in Africa, London/New York: Zed Books,

trop-pleins pendant les saisons de pluies et exploiter les

2008, 31.

ressources d’eau souterraines.44

3

(CIRGL), le Pacte sur la sécurité, la stabilité et le développement

Utiliser les structures traditionnelles existantes : Beaucoup

dans la Région des Grands Lacs (CIRGL Pacte de paix de Nairobi),

d’organes régionaux, organisations et institutions ont

signé à Nairobi, Kenya, les 15 et 16 décembre 2006, http://www.

tendance à marginaliser, sinon ignorer complètement

internal-displacement.org/.../Great%20Lakes%20pact_en.pdf

les stratégies traditionnelles de gestion de confl its. Afi n d’établir une paix durable les organes régionaux doivent intégrer certains des mécanismes de résolution

La Conférence internationale sur la Région des Grands Lacs

(consulté le 20 mai 2012). 4

A Schabel, Operationalizing confl ict prevention: opportunities and challenges for regional and sub regional organizations, in

de confl its traditionnels utiles et travailler en étroite

S J Lodge (ed), Sharing best practices on conflict prevention: the UN,

collaboration avec les chefs traditionnels africains,

regional and sub regional organisations, national and local actors, New

pour tirer avantage des valeurs traditionnelles qui ont

York: International Peace Academy, 2002.

contribué à la promotion de la paix durable dans ces

5

E Berman and K Sams, Peacekeeping in Africa: capabilities and

sociétés africaines. Les anciens et chefs traditionnels

culpabilities, Geneva: United Nations Institute for Disarmament

seraient très utiles dans ce contexte, car ils font face à

Research, 2000.

ce type de confl its quotidiennement. Le rôle de la com-

6

Isaac, Understanding peace in Africa, 33.

munauté international en matière d’appui aux initiatives

7

John Galtung, A structural theory of aggression, Journal of Peace

africaines encrées dans les besoins de développement de l’existence quotidienne de millions d’africains, restent par conséquent un facteur de réussite crucial et

Research 1(2) (1964) 59–119. 8

in I W Zartman (Ed), Traditional cures for modern conflicts, Boulder,

indispensable.45 Développer des directives standardises: Les organes régionaux devraient réfléchir au développement d’un modèle standard pour guider les gouvernements à s’assurer que les informations pertinentes sur les activités de promotion de la paix dans la région sont bien disponibles. Cela va aider les organes régionaux ainsi que les pays individuels à identifier les domaines qui nécessitent le plus d’efforts.

E E Uwazie, Social relations and peacekeeping among the Igbo, Colo/London: Lynne Rienner, 2000, 28.

9

J Burton, Conflict: resolution and prevention, New York: St Martin’s Press, 1999.

10 Isaac, Understanding peace in Africa, 34. 11 I M Harris, The goals of peace education, Peace Review 2(2) (1990) 4-7. 12 B Reardon, Comprehensive peace education: educating for global responsibility, New York: Teachers College Press, 1988. 13 Dietrich Fisher, A global peace service, Peace Review 8(4) (1996)

CONCLUSION Plusieurs questions ont été soulevées dans ce document sur le rôle des organes régionaux dans la promotion de la paix dans la Région des Grands Lacs, parmi lesquelles les

563-568. 14 Conférence internationale sur la Région des Grands Lacs (CIRGL), Déclaration de Dar-es-Salaam sur la paix, la sécurité, la démocratie et le développement dans la Région des Grands Lacs, adopté lors du Premier Sommet des Chefs d’Etats et Gouvernements, tenu à Dar-es-Salaam, Tanzanie, on 19–20

motifs qui ont mené à la création d’organes régionaux,

novembre 2004, article 14, http://reliefweb.int/node/411133/pdf

les fondements de la promotion de la paix dans la région

(consulté le 21 mai 2012).

et d’autres questions particulières qui doivent être prises encore afi n de réaliser cet objectif de promotion de la

Rapport d’atelier

15 Conférence internationale sur la Région des Grands Lacs (CIRGL), Déclaration sur la paix, la sécurité, la démocratie et

53

Dimensions régionales des conflits dans les Grands Lacs

le développement dans la Région des Grands Lacs, adopté en Nairobi, Kenya, les 15 et 16 décembre 2006, http://www.internaldisplacement.org/.../Great%20Lakes%20pact_en.pdf (accessed 21 May 2012). 16 Les pays sont l’Angola, le Burundi, la République Centrafricaine, la République démocratique du Congo, le Kenya, le Rwanda, le Soudan, la Tanzanie, l’Ouganda et la Zambie. 17 La CEEAC a signé le Protocole sur les Relations entre la CEA et les Communautés économiques régionales en octobre 1999. 18 Le CEPGL contrôle les institutions suivantes: la Banque de développement des états des Grands Lacs (BDEGL), basé dans la ville de Goma, en RDC, le Comité Permanent Inter-Compagnies (COPIC), l’Institut de recherches agronomiques et zootechniques (IRAZ), la Communauté économique de l’organisation des pays des

28 Ibid. 29 Okumu and Ikelegbe, Militias, rebels and Islamist militants, 455. 30 Traité pour l’établissement de la Communauté de l’Afrique de l’Est, tel que modifié le 14 décembre 2006 et le 20 aout 2007, adopté à Arusha, Tanzanie, le 30 novembre 1999, http://www. kituochakatiba.org/index.php?option=com_docman&task=cat_ view&gid=23&Itemid=36 (consulté le 21 mai 2011). 31 Union Africaine, Comités économiques régionaux, Communauté de l’Afrique de l’Est, http://www.africa-union.org/root/au/recs/ eac.htm (consulté le 21 mai 2012). 32 Augusta Muchai, Stakeholders meeting: Mifugo Project workshop report, Pretoria: Institute for Security Studies, 2008, 5. 33 Les membres de l’OCCPAE sont : Burundi, Djibouti, Eritrée,

Grands Lacs pour l’énergie (EGL), et le Centre de recherche pour

Ethiopie, Kenya, Rwanda, Seychelles, Somalie, Soudan, Tanzanie

le développement des ressources minières en Afrique Centrale

et Ouganda.

(CRDRMAC). La Communauté s’est écroulée en 1998 lorsque le confl it a éclaté entre le Rwanda et la RDC. 19 Wafula Okumu and Augustine Ikelegbe (eds), Militias, rebels

34 On est arrivé à l’adoption de ce pacte après cinq jours de réunions et de discussions entre expert-militaires et les Ministres de la Défense du Cameroun, de la République d’Afrique Centrale,

and Islamist militants: human insecurity and state crises in Africa,

de la RDC, de la Guinée équatoriale, du Gabon et de São Tomé et

Pretoria: Institute for Security Studies, 2010, 36.

Principe.

20 C Kimutai, Personal interview during a Workshop on the Viability of Preventive Diplomacy in the Eastern African Region, 15 October 2010, International Peace Training Centre. 21 Protocol for Sustainable Development for Lake Victoria Basin,

35 Alfred Nhema and Tiyambe Paul Zeleza (eds), The roots of African conflicts, Athens, Ohio: Ohio University Press, 2008, 17. 36 Barbara Albrecht, une analyste de programmes du bureau régional d’Afrique central de l’UNIFEM (barbara.albrecht@unifem.

adopted by the EAC at Arusha, Tanzania, on 29 November 2003,

org), et Donnah Kamashazi, ([email protected])

http://www.iwlearn.net/publications/II/lakevictoria_2005.pdf

une experte en programme national au bureau régional d’Afrique

(accessed 28 August 2011).

central de l’UNIFEM.

22 Debay Tadesse Woldemichael, Climate change and transboundary water resource conflict in Africa, Workshop report, Mombasa, Kenya, 29–30 September 2009, 34. 23 L’Accord a traité de questions politiques telles que l’établissement d’une commission chargée de réécrire l’histoire du Burundi, l’immunité provisionnelle des membres du Palipehutu–FNL, la transformation du mouvement en partie politique et les modalités concernant la transformation et la modernisation des forces de sécurité et de défense du Burundi. 24 Jamila El Abdellaoui, Another crossroad for Burundi: from FNL to peaceful elections in 2010, ISS Situation Report, 19 November 2009. 25 Bujumbura Declaration, http://www.iss.co.za/cdburundipeaceagreements/No%2014%20Bujumbura%20Decleration.pdf (accessed 21 May 2012). See also, United Nations Security Council, Fifth Report of the Secretary-General on the United Nations Integrated Office in Burundi (S/2009/270), http://www.securitycouncilreport. org/atf/cf/%7B65BFCF9B-6D27-4E9C-8CD3-CF6E4FF96FF9%7D/ Burundi%20S%202009%20270.pdf (accessed 21 May 2012). 26 Ibid, 85. 27 Henri Boshoff, Waldemar Vrey and George Rautenbach, The

37 David J Francis (ed), Peace and conflict in Africa, London/New York: Zed Books, 2008, 125. 38 Cilliers, The African Standby Force, 15. 39 Ibid. 40 Exemples d’organes régionaux dont les activités sont dupliquées, comprennent, CAO, IGAD, SADC, COMESA ainsi que la Communauté Economique des Etats de L’Afrique Centrale (CEEAC), CEPGL et la Communauté Economique et Monétaire de L’Afrique Centrale (CEMAC). 41 Ali A Mazrui, Confl icts in Africa: an overview, in, Nhema and Zeleza, The roots of African conflicts, 38. 42 Susan Mendus (ed), Justifying toleration: conceptual and historical perspectives, Cambridge/New York: Cambridge University Press, 1988, 41. 43 Mazrui, Conflicts in Africa, 43. 44 Donald Anthony Mwiturubani, The real cause of cattle raids in Africa, The African.org 5, February/March 2010, 31. 45 Nana K Poku, Context of security in Africa, in David J Francis (ed), Peace and conflict in Africa, London/New York: Zed Books, 2008.

Burundi peace process: from civil war to conditional peace, ISS Monograph 171, Pretoria: Institute for Security Studies, 2010, 129.

54

Institute for Security Studies

Annexes Annexe A : programme Annnexe B : liste des participants

Annexe A

Programme Dimanche 11 Septembre 2011 Arrivée 07:00-09:00

Dîner Lundi 12 Septembre 2011 Session 1 Présidée par: Mr Francis Wairagu

08:00 – 08:30

Enregistrement Remarques d’ouverture et introductions

08:30 – 09:30

09:30 – 10:30 10:30 – 11:00

RECSA, Dr Francis Sang ISS, Mr Roba Sharamo CIRGL, Mr Nathan Byamukama

Moteurs et déclencheurs clé du conflit dans la Région des Grands Lacs Présentateur: Mr Andrews Atta Asamoah

Pause Session 2 Présidée par: Michel Kassa

11:00 – 12:00 12:00 – 13:00 13:00 – 14:00

L’impact des armes légères et de petits calibres sur les conflits dans la Région des Grands Lacs Présentateur: Mr Francis Wairagu

Analyse des groupes armés illégaux dans la Région des Grands lacs Présentateur: Mr Singo Mwachofi

Lunch Session 3 Présidé par: Mr Wilson Karamaga

14:00 – 15:00 15:00 – 16:00

Liens entre exploitation illégale des ressources naturelles et le conflit Présentateur: Ms Nyambura Githaiga

Statut des réfugiés et réinstallation dans la Région des Grands Lacs Présentateur: Dr Khoti Kamanga

16:00 – 16:30

Fin de la journée 1

18:30 – 21:30

Diner dans la brousse

Rapport d’atelier

57

Dimensions régionales des conflits dans les Grands Lacs

Tuesday 13 September 2011 Session 4 Chair: Jean Bosco Habyarimana 08:30 – 09:30 09:30 –10:30 10:30 – 11:00

Conflict and sexual and gender-based violence in the Great Lakes Region Presenter: Mr Nathan Byamukama, ICGLR

Human rights, peace and security, ICGLR and the Great Lakes Presenter: Dr Isabell Kempf

Health break Session 5 Chair: Mr Blaise Muhire

11:00 – 12:00 12:00 – 13:00 13:00 – 14:00

Regional implications of conflict in the Great Lakes Region Presenter: Mr Frank Muhereza

The Role of Regional Bodies in Promoting Sustainable Peace in the Great Lakes Region Presenter: Dr Connie Mumma-Martinon

Lunch Session 6 Facilitator: Mr Andrews Atta-Asamoah

14:00 – 15:00 15:00 – 16:00 16:00 – 16:30

58

Towards a regional strategy for sustainable peace in the Great Lakes Region Group session

Towards a regional strategy for sustainable peace in the Great Lakes Region Plenary session

Closing remarks

Institute for Security Studies

Annnexe B

Liste des participants Title/Name

Organisation

Designation

Contact Details

Rachel Acheson

Interpeace, Nairobi

Chargé de programmes, Grands Lacs

E-mail: [email protected]

Andrews Atta-Asamoah

ISS, Bureau de Nairobi

Chercheur agréé

E-mail: [email protected] Tel: +254202667198

Véronique Barindogo

Centre Ubuntu, Burundi

Chargé des traumatismes et de la réconciliation

E-mail: [email protected] Tel: +25779625254

Benoit Bihamiriza

Communauté d’Afrique de l’Est

Expert en Alerte précoce de conflits

E-mail: [email protected] Tel: +255 788 299 106

Déo Buuma

Action pour la Paix et la Concorde, Bukavu, DRC

Secrétaire Exécutif

E-mail: [email protected] Tel: +243 997622339

Nathan Byamukama

CIRGL, Burundi

Chargé de programme, Questions transversales

E-mail: [email protected] Tel: +2577940779

Consultant Indépendant

E-mail: [email protected] Tel: +25779923187

Jean-Marie Gasana Nyambura Githaiga

ISS, Bureau de Nairobi

Chercheur

Email: [email protected] Tel: +254202667198

Jean-Bosco Habyarimana

Centre de gestion des conflits, Université nationale du Rwanda

Directeur adjoint

E-mail: [email protected] Tel: +250788452280

Oliver Hoehne

Coopération suisse à Kigali, Département Fédérale des Affaires Etrangères suisse

Conseiller politique, Département Fédéral des Affaires Etrangères suisse, Bujumbura

E-mail: [email protected]

Dr Khoti Kamanga

Centre d’Etude sur les migrations forcées, Université de Dar-es-Salaam

Professeur

E-mail: [email protected] Tel: +255715314478

Wilson Karamaga

Université nationale du Rwanda

Chercheur

E-mail: [email protected] Tel: +250788531512

Michel Kassa

Initiative pour un Leadership Cohésif, Kinshasa, DRC

Directeur Exécutif

E-mail: [email protected] Tel: +257810158789

Dr Isabell Kempf

,NU-HCDH CIRGL, Burundi

Conseiller Régional en matière de droits de l’homme

E-mail: [email protected]

Chercheur Consultant

E-mail: [email protected] Tel: +254202667198

Dr M J Kimani

Rapport d’atelier

59

Dimensions régionales des conflits dans les Grands Lacs

Title/Name

Organisation

Designation

Contact Details

Thomas Kimaru

Institut de politique africaine

Chercheur agréé

E-mail: [email protected] Tel: +254718680038

Paddy Siyanga-Knudsen

Délégation de l’UE, Tanzanie

Chargé de programme Economie, gouvernance et intégration régionale

Email: paddy.knudsen-siyanga@ ec.europa.eu Tel: 255782444850

Lukas Probst Lopez

Département Fédérale des Affaires Etrangères suisse

Chargé de programme pour la Région des Grands Lacs

E-mail: lukas.probstlopez@eda. admin.ch Tel: +41794638625

Chercheur consultant

E-mail: connie_martinon@yahoo. co.uk Tel: +254736076447

Dr Connie MummaMartinon Willy Mugenzi

Conseil consultatif sur la bonne gouvernance, Rwanda

Spécialiste de la communication

Email: [email protected] Tel: +250788357289

Frank Muhereza

Centre des recherches de base, Kampala, Ouganda

Chercheur agréé

E-mail: [email protected] Tel: +256752422841

Blaise Muhire

Programme international d’Alerte RDC-Grands Lacs

Chargé de projet

E-mail: [email protected] Tel: +243810104794

Singo Mwachofi

CIRGL, Burundi

Chargé de programme, Paix et sécurité

E-mail: [email protected] Tel: +25779430790

Leo Näscher

CIRGL, Burundi

Conseiller technique, Violence basée sur le sexe et le genre

E-mail: [email protected] Tel: +25779672739

Leonidas Ndayizeye

Centre Ubuntu, Burundi

Coordinateur de recherches

E-mail: [email protected] Tel: +25779978229

Bonaventure Nikoyandoye

Peace House, Burundi

Secrétaire exécutif

E-mail: [email protected] Tel: +25779937537

Dr Adams Oloo

Université de Nairobi

Professeur, Sciences Politiques

E-mail: [email protected] Tel: 254720988233

Roba Sharamo

ISS, Bureau de Nairobi

Directeur intérimaire

E-mail: [email protected] Tel: +254202667198

George Shitandi

ISS, Bureau de Nairobi

Assistant administratif

E-mail: [email protected] Tel: +254202667198

Johan Svensson

Interpeace, Nairobi

Directeur régional

E-mail: [email protected]

Assumani Théodore

Institut Supérieur Pédagogique de Bukavu, DRC

Professeur

E-mail: [email protected] Tel: +243997766913

Angela Baiya-Wadeyua

RECSA, Kenya

Directrice de la communication et des relations publiques

E-mail: [email protected] Tel: +254203877456

Francis K Wairagu

RECSA, Kenya

Directeur de la recherche et des questions de genre

E-mail: [email protected] Tel: +254203876203

Siri Walt

Ambassade de Suisse, Nairobi

Chef de Mission Adjoint

E-mail: [email protected] Tel: +254202228735

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Institute for Security Studies