6 août 45, Hiroshima dévastée

août, à l'heure où l'Iran est déjà confronté à de nombreuses manifestations populaires. Les manifestants qui se sont ras- semblés ce samedi 4 août dans plu-.
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bouches-du-rhône et var un jour, un lieu

Lundi 6 août 2018 - n°22466

à la Ronde d'aix

1,30 €

marseille inédit

Arles antique et toujours mythique à (re)découvrir Ville romaine classée au patrimoine mondial de l’humanité, Arles fut grecque puis romaine et provençale. C'est la terre d’accueil des photographes du monde entier. P. 9

photo DC

Le double vainqueur d'étape et maillot à pois du Tour de France a fait coup double ce week-end : victoire à la Clasica San Sebastian puis à la Ronde d'Aix. Il nous raconte son aprèsTour. P. 16

Les terrasses, un cocktail de plaisir et de taxes photo afp

photo M.R.

Julian Alaphilippe à la Marseillaise : "lors du Tour, j'ai fait plaisir aux gens"

S'il est un lieu qui crée le fameux "lien social " ce sont les terrasses de nos bars et cafés . On y refait le monde et les matches de l'OM. Et en plus... elles peuvent rapporter gros. P. 2 et 3

Le journa l le plus chanté de France

la course au nucléaire a repris, ont-ils oublié ?

6 août 45, Hiroshima dévastée 210 000 vies détruites lors des deux bombardements atomiques sur le Japon. Bis repetita demain ? Enquête P. 12

27926 - 806 - 1,30 E



photo archives AFP

Il y avait une ville, il n'y a plus rien ! Trois ans plus tard, deux Japonais découvrent la ville martyre.

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La Marseillaise / lundi 6 août 2018

monde & france

Paul Tibbets et son équipage devant l’Enola Gay, le bombardier choisi pour larguer la bombe. Le champignon atomique déclenché par l’explosion et ses victimes. Photos afp et dr

6 août 45 : l’apocalypse et le monde change d'ère... les faits Le 6 août 1945, Hiroshima est rayée de la carte. Les états-Unis viennent de larguer leur première bombe nucléaire. Récit d’une matinée qui changea à jamais la face du monde.

D

ans la nuit étoilée du 5 au 6 août 1945, un bombardier B-29 décolle de l’île Tinian au large du Pacifique. L’avion, baptisé Enola Gay d’après le nom de la mère de son pilote Paul Tibbets, se dirige vers le Japon. A 8h16 min 2 sec, un flash dans le ciel éblouit le regard des habitants de Hiroshima. Nous sommes le 6 août 1945 et les états-Unis viennent de faire exploser la première bombe nucléaire dans l’histoire de l’humanité. Surnommée Little Boy, la bombe au-dessus de l’hôpital Shima. 70 000 personnes situées autour de l’épicentre de la déflagration sont instantanément

rayées de la surface du globe sans même avoir le temps de ressentir une quelconque douleur. Une boule de feu se forme et s’étend, brûlant tout sur son passage, jusqu’à l’oxygène. En son centre, la température avoisine les 6 000°C, la même que celle du soleil. Les victimes sont carbonisées et se volatilisent sous l’effet de la chaleur. Puis vient l’onde de choc, avec des vents à 1 600 km/h, elle souffle 60 000 bâtiments. Sur trois kilomètres, la ville est rasée à 90%. Seuls quelques édifices en béton tiennent le choc. Hiroshima s’enveloppe d’un nuage de fumées toxiques, de poussières et de matières radioactives. Un panache de fumée s’élève jusqu’à 12 km au dessus du sol. Et les quelques survivants, le corps carbonisé et irradié, ne sont pas au bout de leur peine : avec la température brûlante, un gigantesque incendie s’étend dans un rayon de trois kilomètres, rendant tout déplacement impossible. « Les gens ne ressemblaient plus à des humains, ils étaient

couverts de cendres, de sang et de brûlures », témoigne Goro Takeuchi, un survivant du bombardement dans un documentaire de Bertrand Collard. U n h o m m e , Yo s h i t o Matsushige, documente ce décor apocalyptique. Demeuré indemne, ce photo-journaliste se dirige vers Hiroshima trois heures après le bombardement. Il fait cinq photographies, laissant à la postérité les seuls clichés pris ce jour là. Combien périssent ? Les estimations varient. Le Mémorial de Hiroshima table sur 140 000 morts.

La guerre froide se dessine

Trois jours plus tard, le 9  août, une autre bombe, Fat Man, explose sur Nagasaki causant la mort de 60 000 à 80  000 personnes. Ces deux explosions marquent l’aboutissement d’un programme scientifique initié six ans plus tôt : le projet Manhattan. Robert Oppenheimer, scientifique en chef, ne tarde pas à s’inquiéter du danger que de telles armes

font peser sur le monde. Dès la fin de la guerre, il demande à se retirer du projet. Il obtient la création d’une commission de l’énergie atomique aux étatsUnis, uniquement supervisée par des civils. Si l’Histoire retiendra que la bombe nucléaire a mis fin à la guerre, plusieurs historiens nuancent aujourd’hui cette vision de l’histoire. « Les Japonais n’étaient pas inquiétés par le bombardement de leurs villes en général et par le bombardement d’Hiroshima, leur motif d’inquiétude : l’Union soviétique », explique Ward Hayes Wilson, membre du Think tank British American Security Information Council, spécialisé dans le désarmement nucléaire dans un article paru sur Slate. L’opération permettait certes de démoraliser les Japonais mais c’était aussi une façon pour les états-Unis d’affirmer leur puissance militaire et industrielle face aux russes dans une guerre froide qui se dessine déjà en toile de fond. Marius Rivière

210 000 C’est l’estimation du nombre de morts des deux bombardements atomiques selon le Mémorial de Hiroshima.

76 C’est le pourcentage des Français qui se sont prononcés pour que « la France s’engage dans un processus d’élimination totale et contrôlée des armes atomiques, tel que prévu par les Nations-Unies » selon un sondage IFOP publié en juin 2018.

300 Le nombre de bombes nucléaires possédées par la France.

lundi 6 août 2018 / La Marseillaise

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monde & france

« L’opacité sur l’arsenal nucléaire est intolérable»

Éditorial Mireille Roubaud

Le profit contre la paix

ARme nucléaire Cathy Aubron, coprésidente du Mouvement de la Paix dénonce le danger de la stratégie de la dissuasion nucléaire et l’opacité du gouvernement sur la question. Elle appelle la population à se saisir du sujet. La Marseillaise : En quoi est-ce important de commémorer cette journée du 6 août 1945 ? Cathy Aubron : C’est fondamental au moment où la guerre nucléaire est comme une épée de Damoclès au dessus de nos têtes. Il faut rappeler à nos concitoyens les abominations qu’ont été ces bombardements. 73 ans après, la bombe nucléaire existe toujours, elle est même 100 fois plus puissante, et le seul fait qu’elle existe constitue en soi un danger pour le monde entier. La question de l’arsenal nucléaire semble peu débattu par l’ensemble de la classe politique, comment l’expliquez vous ? CB : Il y a une opacité intolérable qui entoure ces questions. Le public est tenu à l’écart : aucun débat démocratique n’a lieu. Même la représentation nationale n’a pas de droit de regard, l’arme nucléaire reste entre les mains du seul président de la République. Le gouvernement méprise complètement l’avis de la population sur la question. Alors même que 76% des Français se sont prononcés pour que « la France

Selon Cathy Aubron (à droite) avec Renée Aillaud militante pacifiste , 76% des français se prononcent pour que « la France s’engage dans un processus d’élimination totale et contrôlée des armes atomiques ». Photo Cathy Aubron

s’engage dans un processus d’élimination totale et contrôlée des armes atomiques, tel que prévu par les Nations-Unies » comme démontré par le sondage IFOP que nous avons commandé. En cette période de regain des tensions sur la scène internationale, le démantèlement des armes nucléaires ne vous semble t-il pas illusoire ? CB : Il y a de l’espoir malgré tout. On a mené une grande campagne pour le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN), adopté le 7 juillet 2017 par 122 pays. 59 l’ont signé pour l’instant et 14 autres l’ont ratifié. Mais on ne doit pas se le cacher, le combat est loin

d’être gagné. Les pays membres de l’OTAN, les puissances nucléaires (France, USA, Chine, Russie, Inde, Pakistan, Corée du Nord), plusieurs pays d’Afrique et d’Asie centrale, l’Australie et le Japon entre autres, ont boycotté l’adoption du traité. Les pays détenteurs de la bombe évoquent la dissuasion pour se justifier de la posséder, que pensez vous d’une telle stratégie ? CB : La France, comme tous les autres pays, veut asseoir sa domination sur la scène internationale. L’arme nucléaire ou un siège au conseil de sécurité de l’ONU sont des moyens d’exister. Pourtant, en pé-

riode d’austérité, la maintenance et la mise à jour de l’arsenal nucléaire coûte extrêmement cher. La France consacre 1,2 milliards d’euros à l’arme nucléaire, c’est autant de crédits détournés des budgets sociaux. La France devrait commencer par respecter le traité de non-prolifération des armes nucléaires qu’elle a signé. En modernisant son arsenal nucléaire et notamment ses missiles M51 capables de transporter des charges nucléaires, elle contredit ses engagements. Propos recueillis par M.R l Commémoration des bombardements de Hiroshima et Nagasaki ce soir à 18h30 sous l’ombrière du Vieux-Port.

l Après l’escalade avec la Corée du Nord, des sanctions contre l’Iran. A se demander si le président des états-Unis, galvanisé par sa toute puissance mondiale, a conscience des terribles conséquences que peut avoir ce "jeu" avec le feu nucléaire. Et face à lui, pas grand monde pour le contredire fermement. Comme si les « grands de ce monde » étaient frappés d’amnésie, même si, tous les mois d’août, les pacifistes n’ont de cesse de faire une terrible piqûre de rappel sur les 210 000 morts japonais des bombardements d'Hiroshima et de Nagasaki en août 1945. Alors que les défis à relever sur la planète sont immenses, entre réchauffement climatique et crise migratoire internationale, la course à l’armement nucléaire ne faiblit pas avec des investissements soutenus. La culture de paix incompatible avec celle du profit. « Toujours votre société violente et chaotique, même quand elle veut la paix, même quand elle est à l’état d’apparent repos, porte en elle la guerre », prévenait déjà Jean Jaurès en mars 1895. Visionnaire.

Face au défi des sanctions, l'Iran étranglé analyse Les sanctions américaines rentrent en vigueur ce lundi 6 août, à l’heure où l’Iran est déjà confronté à de nombreuses manifestations populaires.

L

es manifestants qui se sont rassemblés ce samedi 4 août dans plusieurs grandes villes iraniennes (Téhéran, Ispahan, Karaj...), pour la quatrième journée consécutive, ne criaient pas « mort à l’Amérique », le « grand Satan » qui rétablit aujourd’hui les sanctions économiques antérieures à la signature de l’accord historique sur le nucléaire iranien (1), conclu entre la République islamique et les grandes

puissances au mois de juillet 2015. Étranglés, les citoyens iraniens protestent dans la rue contre l’inflation provoquée par la chute du rial – la monnaie nationale – et dénoncent la coûteuse politique régionale de Téhéran, qui finance et encadre des milices chiites au Liban, en Syrie, en Irak ou encore au Yémen. Du pain béni pour Donald Trump et ses alliés régionaux (Israël, Arabie Saoudite, Émirats arabes unis...), dont l’objectif demeure le retrait de la force Al Qods (les gardiens de la Révolution, bras armé de la République islamique) des différents théâtres de conflit, voire un hypothétique effondrement du régime des Mollahs. « La plupart des expatriés qui travaillent pour les entreprises européennes préparent leurs valises ou ont déjà quit-

té le pays », témoigne un salarié d’une ambassade étrangère, en poste dans les quartiers Nord de Téhéran, « tout le monde fait des provisions même si les prix des denrées de base ont littéralement explosé ». Le président réformateur Hassan Rohani, réélu en 2017 sur la promesse d’une ouverture économique et d’un retour durable de la croissance (6,6% en 2016, 3,3% en 2017), voit sa marge de manœuvre se réduire comme peau de chagrin : la politique agressive de Donald Trump renforce ses rivaux conservateurs et les Gardiens de la Révolution, qui contrôlent une large part de l’économie nationale. Et qui martèlent que la « trahison » américaine confirme qu’aucun compromis n’est possible avec Washington... Pour briser la stratégie de la Maison

Blanche, Hassan Rohani comptait sur un sursaut de l’Union européenne, dont les principaux dirigeants, Emmanuel Macron et Angela Merkel en tête, ont fait part de leur volonté de demeurer coûte que coûte dans l’accord sur le nucléaire de 2015. Mais l’administration Trump a clairement édicté les règles de son chantage brutal à l’attention des grandes entreprises qui entendraient maintenir une quelconque présence à Téhéran : quitter l’Iran, ou prendre le risque d’être purement et simplement chassé du marché américain. Marc de Miramon

(1) De nouvelles sanctions encore plus dures sont annoncées, même si l’administration Trump maintient le flou sur le détail de celles-ci.