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© BRIAN J. SKERRY / NATIONAL GEOGRAPHIC STOCK / WWF

DE L’ESPOIR POUR LES OCÉANS

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WWF Le WWF est l’une des toutes premières organisations indépendantes de protection de l’environnement dans le monde. Avec un réseau actif dans plus de 100 pays et fort du soutien de 5,8 millions de membres, le WWF œuvre pour mettre un frein à la dégradation de l’environnement naturel de la planète et construire un avenir où les humains vivent en harmonie avec la nature, en conservant la diversité biologique mondiale, en assurant une utilisation soutenable des ressources naturelles renouvelables, et en faisant la promotion de la réduction de la pollution et du gaspillage. En 2011, le WWF a fêté ses 50 ans. Depuis 1973, le WWF France agit au quotidien afin d’offrir aux générations futures une planète vivante. Avec ses bénévoles et le soutien de ses 190 000 donateurs, le WWF France mène des actions concrètes pour sauvegarder les milieux naturels et leurs espèces, assurer la promotion de modes de vie durables, former les décideurs, accompagner les entreprises dans la réduction de leur empreinte écologique, et éduquer les jeunes publics. Mais pour que le changement soit acceptable, il ne peut passer que par le respect de chacune et chacun. C’est la raison pour laquelle la philosophie du WWF est fondée sur le dialogue et l’action. Depuis décembre 2009, la navigatrice Isabelle Autissier est présidente du WWF France et Philippe Germa en est le directeur général depuis le 4 février 2013. En 2013, le WWF France a fêté ses 40 ans. Retrouvez la rétrospective de nos actions sur le site http://40.wwf.fr

Photo de couverture : Photo automatique FIEP- Groupe ours Pyrénées. Ces photos ont été prises le 9 mai 2013 en Béarn.

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@wwffrance

EDITO La métaphore du lac de Tibériade qui dépeint Jésus garnissant les filets de ses disciples n’est peut-être pas totalement étrangère à la crise des océans. Atteints du syndrome de la pêche miraculeuse, nous avons tendance à percevoir la mer comme un puits sans fond, donnant généreusement et sans compter, source de richesses intarissable. Et nous nous servons dans la mer, allègrement. Des moteurs plus puissants, des engins plus performants et des instruments de navigation dont la précision ne cesse de s’améliorer permettent de pêcher toujours plus, laissant de moins en moins de chance aux poissons. Même les juvéniles, trop petits pour avoir eu le temps de se reproduire, sont sacrifiés sur l’autel de la rentabilité. Et tant pis si cela met en péril la reproduction et par là même, la survie de l’espèce. La surexploitation et la mauvaise gestion ont déjà entraîné quelques effondrements spectaculaires de pêcheries, comme par exemple la zone de pêche à la morue au large de Terre-Neuve, eldorado des flottilles de Saint-Malo. Les conséquences pour la biodiversité nous sont largement inconnues. Une seule certitude : du phytoplancton microscopique aux baleines, en passant par les calmars géants, toutes les espèces peuplant les océans sont inextricablement liées, chacune participant au maintien des autres formes de vie. Toute modification affectant une espèce est donc susceptible d’avoir des répercussions sur le monde marin tout entier. Pourtant, l’océan est essentiel à notre survie. Sur le plan économique, d’abord. Aujourd’hui, 200 millions de Terriens vivent de la pêche. Or, tandis que les ressources halieutiques diminuent, les prix baissent du fait de la concurrence d’autres aliments peu chers et les revenus des pêcheurs continuent de chuter. Si l’on ne stoppe pas l’hémorragie, leurs cales seront bientôt vides. De même, une grande partie de l’humanité est directement ou indirectement assujettie à la mer, car avant même d’être une source de revenus, elle est un moyen de subsistance. Plus préoccupant que le spectre du chômage, c’est celui d’une crise alimentaire mondiale qui se profile. Heureusement, si la situation est grave, elle n’est pas désespérée. Alors qu’il était au bord de l’effondrement dans les années 2000, les chercheurs sont formels, le stock de thon rouge est actuellement en bonne voie de récupération ! Autre bonne nouvelle, une étude du WWF démontrant le lien entre aires marines protégées et essor de la pêche artisanale vient de paraître. Ainsi, les AMP, ces espaces délimités en mer permettant de protéger durablement le milieu marin, constitueraient également le moyen d’améliorer les pratiques de pêche et protégeant la ressource, d’augmenter les revenus des pêcheurs. Un système gagnant-gagnant, donc. Ces deux succès, dans lesquels le WWF n’est pas pour rien, viennent déjouer l’oracle des experts qui prédisent un destin funeste aux océans. Ils sont la preuve tangible que face à la crise écologique profonde que nous traversons, il ne faut pas se résigner. Preuve que l’on peut mettre un frein à la dégradation de l’environnement naturel. Preuve, enfin, que lorsqu’on opte pour des politiques de gestion responsables des ressources, nos efforts sont récompensés. Faire évoluer les techniques de pêche, limiter les prises non voulues, gérer à plus long terme sont quelques pistes à mettre en œuvre. Le défi est de taille, donnons-nous les moyens de le relever. 3

AUJOURD’HUI, TROIS FLÉAUX MENACENT LES OCÉANS : LA SURPÊCHE, LA PÊCHE ILLÉGALE ET LA PÊCHE ACCIDENTELLE.

© BRIAN J.SKERRY / NATIONAL GEOGRAPHIC STOCK / WWF

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NOS SOLUTIONS La pêche connaît aujourd’hui un développement et une intensification sans précédent. Certaines pratiques se révèlent irrespectueuses de l’environnement et surexploitent un grand nombre d’espèces marines. Aujourd’hui, l’empreinte écologique de cette industrie est telle, que la plupart des écosystèmes marins subissent des perturbations diminuant leur fonction nourricière. Quelle est la solution face à un tel constat ? La démographie humaine a-t-elle augmenté au point d’affecter irréversiblement son environnement ? Ou pet-on changer les pratiques, dans l’espoir que les générations futures prélèvent simplement le nécessaire? C’est ce dernier point que préconise le WWF-France, loin d’un catastrophisme porteur d’angoisse. Depuis 2001, l’ONG travaille pour une pêche durable afin de préserver la biodiversité marine, dans le souci à la fois de maintenir les emplois des marins pêcheurs et de conserver nos ressources alimentaires.

Qu’est-ce qu’une pêche durable ? C’est prélever des poissons sans porter préjudice au renouvellement et à la pérennité des stocks, tout en assurant un revenu aux pêcheurs et aux communautés littorales qui en dépendent. C’est vivre des revenus d’un capital, en le maintenant à son niveau de production maximal. Nous avons vécu à crédit sur le dos des ressources marines pendant trop longtemps. Il faut restaurer les stocks, mettre en place des pratiques durables en accompagnant les transitions, redonner une place centrale à la pêche artisanale, la rendre plus rentable au plan économique, énergétique, environnemental et social.

© EDWARD PARKER / WWF-CANON

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CERTIFIER Dans le domaine de la pêche durable, la norme de référence est le « code de conduite pour une pêche responsable », édité par la FAO (Organisation pour l’Alimentation et l’Agriculture des Nations Unies) en 1995. Ce code détaille les critères à respecter pour une exploitation durable des ressources halieutiques. De nombreux labels de « pêche durable » fleurissent et brouillent le message à destination des consommateurs. Trop souvent, ces labels, créés parfois par les enseignes de la grande distribution, sont à la fois juge et partie. Quant à leurs objectifs écologiques, ils passent en deçà de l’exigence environnementale fixée par le code de la FAO.

Le label MSC Le Marine Stewardship Council (MSC) est une organisation internationale indépendante ayant développé un programme d’éco-étiquetage pour les pêcheries durables. A but non lucratif, elle a été créée pour faire face aux problèmes de surpêche et de dégradation des écosystèmes marins. Le label MSC a été conçu suite à une consultation mondiale qui a duré plus de deux ans en collaboration avec des experts du monde entier (scientifiques, pêcheurs, organisations écologiques..) fédérés par l’intérêt commun de préserver les stocks halieutiques. Derrière cette initiative, un objectif essentiel : léguer aux générations futures des océans en bonne santé ! La norme MSC se fonde sur trois principes fondamentaux : • Principe 1 : Les stocks de poissons de l’écosystème pris en compte doivent être suffisants pour assurer la viabilité de la pêcherie. • Principe 2 : L’impact de la pêche sur le milieu marin doit être limité, y compris sur les espèces de poissons non-ciblées, sur les mammifères et oiseaux marins, ainsi que sur les habitats. • Principe 3 : Le système de gestion de la pêcherie – règles, procédures et leurs applications - doit permettre de maintenir la viabilité de la pêcherie et de minimiser l’impact sur le milieu marin. Toute pêcherie, quel que soit son emplacement ou son importance, peut demander une évaluation impartiale de conformité à la norme MSC. Il s’agit d’un système volontaire. Le processus de certification est indépendant, rigoureux et transparent. Il est mené par des évaluateurs indépendants accrédités par le MSC. Une fois certifiées, les pratiques de pêche sont évaluées périodiquement pour garantir le respect des normes MSC. Le WWF-France considère que le label MSC est aujourd’hui le plus fiable car il respecte les principes édictés par le « code de conduite pour une pêche responsable ». Il permet aux entreprises de transformation, aux détaillants et au consommateur d’acheter du poisson en faisant un choix écologiquement responsable. L’application générale des normes MSC contribuera de façon considérable au maintien de la diversité de la vie dans les océans et à l’utilisation durable des ressources marines dont dépendent des millions de personnes. 6

En France, plusieurs enseignes et marques de surgelés référencent une gamme de produits de la mer labellisés MSC. L’offre commerciale ne cesse de s’étoffer ; d’abord uniquement dans la gamme des surgelés, les produits MSC se trouvent maintenant en frais, plats préparés, poissons fumés… Aujourd’hui, dans les magasins de grandes et moyennes distributions, il est enfin possible, pour les consommateurs, de choisir du poisson MSC provenant d’une exploitation durable des ressources halieutiques. Le WWF-France travaille aussi avec les pêcheries pour les inciter à s’engager dans la démarche d’écocertification MSC garantissant une gestion durable des espèces marines. Le label MSC est en quête d’amélioration perpétuelle. Pour ce faire, son référentiel est régulièrement mis à jour. Le WWF vient d’ailleurs de contribuer à sa révision pour lui faire intégrer les nouvelles connaissances relatives aux écosystèmes marins et au fonctionnement des pêcheries mais également pour lui faire prendre en compte de nouveaux critères et augmenter ainsi son niveau d’exigences. Désormais, le label sera plus contraignant en matière de prises accessoires, devra intégrer les impacts de la pêche sur les Ecosystèmes Marins Vulnérables (VME) et ne sera pas octroyé aux entreprises ayant été condamnées pour recours au travail forcé.

© GUSTAVO YBARRA / WWF-CANON

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PROPOSER DES MODÈLES DE GESTION CONCERTÉE Les Aires Marines Protégées Les aires marines protégées (AMP) sont des espaces délimités en mer où l’homme, et notamment les usagers locaux, se fixent des objectifs de protection de la biodiversité et des écosystèmes à long terme. Le plus souvent, les aires marines protégées n’excluent pas le développement durable d’activités. Il s’agit d’un mode de gestion et de préservation des ressources halieutiques reconnu comme l’un des plus efficaces. Grâce à un cadre définissant les règles d’usages, les AMP constituent un socle de gestion solide, s’il est bien contrôlé et mis en place, et permettent d’intervenir à plusieurs niveaux : •M  ieux connaître les environnements marins et les écosystèmes (par leur nature, les AMP constituent de véritables laboratoires pour les scientifiques) •P  réserver la biodiversité marine (refuge pour les espèces menacées, développement de communautés biologiques naturelles, revitalisation des stocks de poissons…) •D  évelopper les économies locales et concilier les activités (appropriation des ressources par les communautés locales, développement de nouvelles activités tournées vers la protection de l’environnement…) •E  valuer le milieu marin (Etat des mers françaises…) •P  artager l’information (réseaux d’échanges, partenariats internationaux…) Une étude réalisée par le WWF sur le bassin Méditerranéen montre aujourd’hui les résultats positifs de la mise en place des Aires Marines Protégées. Cette étude, intitulée Pratiques de pêche responsables dans les AMP : un élément clé du succès de la gestion de la pêche artisanale, entend démontrer que lorsqu’elles sont bien gérées, les AMP : • augmentent les Captures Par Unité d’Effort • présentent une biodiversité supérieure • impliquent les pêcheurs dans un processus de gestion durable des ressources leur permettent de s’approprier leurs ressources En clair, ces aires naturelles préservent l’étonnante vie marine, garantissent la subsistance de la pêche, stimulent l’économie locale et permettent aux touristes de découvrir l’un des plus beaux trésors de notre planète : la mer Méditerranée. © EDWARD PARKER / WWF-CANON

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La plateforme Méditerranéenne des Pêcheurs Artisanaux MedArtNet Chaque tonne de poisson pêchée de façon artisanale consomme moins d’énergie, impacte moins les écosystèmes, génère plus d’emplois et au final produit plus de richesse pour la collectivité que la même tonne pêchée de façon industrielle. Pour soutenir cette petite pêche sous-représentée dans les instances de décision nationales, européennes ou régionales, la Plateforme Méditerranéenne des Pêcheurs Artisanaux MedArtNet a été créée en février 2011 à l’initiative des pêcheurs et avec l’appui du WWF. En un peu plus de deux ans, MedArtNet est devenu un acteur reconnu, invité aux congrès et conférences internationales, contribuant aux débats autour de la réforme de la PCP (Politique Commune de la Pêche), s’impliquant auprès de la Commission Générale des Pêches pour la Méditerranée (CGPM) et œuvrant en général pour valoriser une pêche compatible avec le respect des écosystèmes méditerranéens. MedArtNet et le WWF travaillent en outre ensemble pour développer une nouvelle approche de cogestion responsable des ressources halieutiques en Méditerranée regroupant gouvernements, pêcheurs, scientifiques et société civile. http://www.tt.org/FR/

INFLUENCER LES DÉCIDEURS Le WWF mène diverses actions de lobby auprès des instances décisionnaires (Commission européenne, Etat, grande distribution, instances scientifiques…) pour tenter d’influer sur les normes, lois, pratiques et politiques relatives à la pêche.

Entre 2011 et 2013, le WWF s’est invité dans le débat sur la grande réforme de la Politique Commune des Pêches exigeant une vision à plus long terme et une meilleure prise en compte des critères environnementaux.

Réguler la pêche en eau profonde Parce qu’elle représente un puissant levier de changement, le WWF s’efforce également d’influer sur les pratiques de la grande distribution. En 2005, le WWF avait proposé et gagné l’interdiction du chalutage en eau profonde au-delà de 1000M en Méditerranée. Plus récemment, les efforts du WWF ont été récompensés puisque suite à ses actions de lobby, Intermarché, s’est engagé à ne plus chaluter au-delà de 800m. En effet, le chalut de grand fond (entre 800 et 1500m le plus souvent) cause des dommages environnementaux irréversibles. Il impacte fortement les habitats et écosystèmes marins, détruisant notamment les coraux, et génère de nombreuses captures accessoires : sur les 3 espèces ciblées au chalut, environ 100 autres espèces sont capturées, dont des requins classés en danger par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN). 9

En outre, le chalutage de grand fond conduit à un phénomène de surpêche. Depuis 2002, les TAC (Totaux Admissibles de Capture) recommandés par les scientifiques n’ont pas été respecté dans 60% des cas. Pourtant, les espèces de grands fonds caractérisées par une croissante lente, une faible fécondité, une forte longévité et une maturité sexuelle tardive sont particulièrement vulnérables à la pêche. En 2012, seuls 12 navires français fréquentaient des profondeurs de plus de 600 mètres plus de 10% de leur temps et seulement 10 d’entre eux pêchaient au-delà de 800 mètres. Intermarché ayant annoncé que 9 de ses chalutiers ne traineraient plus leur filets au-delà de 800m, il n’y aurait donc plus que 1 bateau concerné par le chalutage au-delà de 800m. Une victoire pour le WWF qui continue néanmoins son combat pour l’interdiction totale du chalutage au-delà de 800m d’abord, puis 600m avec une période de transition de 2 ans.

Sauver le thon rouge Le succès le plus marquant demeure sans doute le redressement du stock de thon rouge. En effet, dans les années 2000, l’emballement de la surpêche fait craindre l’effondrement de la population de thon rouge en Atlantique et Méditerranée. Le WWF décide alors de porter sur le devant de la scène l’état alarmant de la situation. Une forte mobilisation internationale voit le jour, relayée par le Prince Albert II de Monaco et sa Fondation qui convainc les restaurateurs et commerçants de la Principauté de ne plus vendre ce poisson au bord de l’extinction et qui contribue à informer et à mobiliser le grand public sur la question. En 2010, à la Conférence de Doha, le Gouvernement monégasque demande officiellement d’inscrire le thon rouge à l’annexe I de la CITES, ce qui conduirait à l’interdiction du commerce international de l’espèce. Le Japon, qui représente 80% de la consommation mondiale de thon rouge, exerce un puissant lobbying qui conduit finalement à un vote négatif de la CITES. Mais les débats et la couverture médiatique internationale à propos de ce vote ont considérablement renforcé la prise de conscience de tous les acteurs de la filière et conduit l’ICCAT (la Commission Internationale pour la Conservation des Thonidés de l’Atlantique) à abaisser les quotas de pêche de 28 500 tonnes à 12 900 tonnes par an, s’alignant ainsi sur les recommandations des scientifiques et des acteurs de la conservation. © WILD WONDERS OF EUROPE / ZANKL / WWF

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Si le WWF se réjouit de ces résultats prometteurs, il invite à la prudence, rappelant que pour le moment, les chiffres très optimistes du SCRS ne sont qu’une estimation. Il faudra attendre 2016 pour une évaluation réelle de l’état des stocks. D’autre part, la réticence du WWF porte sur le manque de transparence et de traçabilité de la filière. En clair, de fortes suspicions de pêche illégale planent au-dessus des thoniers. Par ailleurs, vu l’état extrêmement dégradé des autres espèces de thon (thon obèse du Pacifique et thon rouge du Pacifique) se partageant le marché du sashimi avec le thon rouge de Méditerranée, une augmentation du TAC et une trop forte publicité sur la bonne santé de ce stock risquerait d’accroitre son attractivité et d’augmenter le risque de surexploitation malgré les efforts accomplis jusqu’à présent. D’autant qu’en réponse à la bonne nouvelle portée par la communauté scientifique selon laquelle le stock présenterait des signes de rétablissement, le comité des pêches (CNPMEM) pousse déjà pour une augmentation du quota, remettant en cause le travail effectué par les ONG. Selon le CNPMEM, le thon rouge n’a jamais été menacé d’extinction, pas plus que ne l’est le thon tropical qui préoccupe pourtant fortement le monde de l’écologie. Pour cette raison et afin que tous les progrès accomplis jusqu’à présent ne soient pas anéantis, tandis que l’ICCAT se réunit actuellement en Italie pour fixer les nouveaux quotas, le WWF recommande un TAC (Total Admissible de Capture) au niveau de l’actuel (13 400 tonnes) et éventuellement une augmentation graduelle, sous conditions (meilleure traçabilité), sur 5 ans n’excédant pas 20 000 tonnes.

La Commission Internationale pour la Conservation des Thonidés de l’Atlantique (ICCAT) est une organisation de pêche inter-gouvernementale responsable de la conservation des thonidés et des espèces apparentées de l’océan Atlantique et de ses mers adjacentes. Elle formule des avis de gestion basés sur des avis scientifiques. Plusieurs espèces de thonidés de l’Atlantique figurent au chapitre des compétences de l’ICCAT dont le thon rouge. Dès 2001, le WWF a initié une grande campagne internationale pour sauver le thon rouge. Le WWF a été l’un des premiers à alerter la communauté internationale sur la problématique de cette espèce surpêchée.

EXPÉRIMENTER DE NOUVELLES TECHNIQUES DE PÊCHE Du côté de la filière pêche, on n’a pas attendu l’effondrement des stocks pour expérimenter de nouvelles solutions techniques. Faire évoluer les techniques de pêche, limiter les prises non voulues, gérer à plus long terme sont quelques pistes à mettre en œuvre. Deux innovations concrètes ont notamment permis de limiter les prises accidentelles. En effet, chaque année, des centaines de milliers de tortues marines meurent, piégées dans les filets droits, les palangres ou les filets dérivants utilisés pour pêcher la crevette. Présent sur le terrain, le WWF agit pour endiguer cette menace. 11

Hameçons ronds Le WWF aide à tester, affiner et introduire de nouveaux types d’hameçons dans les pêcheries à la ligne du Pacifique afin de réduire de 90 % les pertes de tortues marines sans affecter les prises d’espadons et de thons. Ces nouveaux hameçons «ronds» sont moins susceptibles d’être avalés par les tortues que les hameçons traditionnels en forme de J qui peuvent entraîner la suffocation ou une hémorragie interne s’ils sont avalés. Mustad, le plus gros fabricant d’hameçons du monde, a offert 200 000 hameçons ronds au WWF pour des essais dans l’est et l’ouest de l’Océan Pacifique. En Espagne, le WWF et différents partenaires ont aussi cherché d’autres moyens de réduire les captures collatérales et la mortalité des tortues due aux lignes de pêche en utilisant des hameçons et des lignes biodégradables.

Filets TTED En Guyane française, le WWF encourage l’utilisation de systèmes d’exclusion des tortues sur les crevettiers, car ils permettent de laisser passer les crevettes par la partie principale du filet tout en sauvant 97% des tortues marines d’une mort certaine. Au Mozambique, le WWF a participé à la création d’une nouvelle loi qui rend ces systèmes obligatoires pour la flotte de crevettiers du pays. Une fois en place, cela sauvera la vie de 5 000 tortues marines par an, permettant ainsi aux pêcheurs mozambicains de vendre leurs crevettes sur le marché américain.

© JASON RUBENS / WWF-CANON

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LA PÊCHE EN CHIFFRES 4 c’est le nombre par lequel la consommation mondiale de poisson a été multiplié depuis 50 ans

30 c’est le pourcentage de captures accidentelles chaque année sur l’ensemble des prises mondiales

30 millions de tonnes c’est le volume de poissons, espèces non ciblées par les pêcheurs, rejetés à la mer chaque année

80 % c’est le pourcentage de stocks de poissons surexploités en Méditerranée 47 % c’est le pourcentage de stocks de poissons surexploités en Europe 30 % c’est le pourcentage de stocks de poissons surexploités dans le monde 700 Kg c’est le poids que le thon rouge peut atteindre à l’âge adulte 25 Kg c’est la quantité de poisson consommée par an et par habitant en France

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