L’ABSENTEISME VU PAR LES LYCEENS MEMBRES

du CAVL

DE L ’ ACADEMIE D ’O RLEANS -T OURS

J UIN 2011 CONTACT : JEAN-LOUIS SKARKA, DAVL mél : [email protected]

L’ABSENTEISME VU PAR LES LYCEENS MEMBRES DU CAVL DE L’ACADEMIE D’ORLEANS-TOURS Dès le premier CAVL de la mandature 2010-2012, nous avons décidé de nous pencher sur le problème de l'absentéisme. C'est en effet une des problématiques majeures de l'Education Nationale qui remet en cause le sens des études et la valeur de la scolarité. Nous nous sommes tout d'abord attachés à identifier et à quantifier l'absentéisme, à en dégager les facteurs déclencheurs, afin d'y apporter des propositions de solutions.

1.

Identification et définition de l’absentéisme

L’absentéisme est un problème pluriel… Que l’on peut tenter de classer en différentes catégories : • l'absentéisme de confort, consiste à choisir les cours et les matières, choix uniquement déterminé par une attitude consommatrice vis à vis de l'éducation, • l'absentéisme économique et social, causé par un environnement familial et financier difficile, • l'absentéisme médical, la maladie pouvant occasionner des absences plus ou moins longues et répétées, • l'absentéisme de motivation, résultat du désintérêt progressif à l’égard des cours en raison d'une mauvaise ambiance de travail, de difficultés d’origines pédagogiques ou d’une erreur d'orientation déclenchant un sentiment d'inutilité vis à vis des enseignements.

… qui se manifeste sous différentes intensités : Que l’on peut tenter de classer en différentes catégories : • l'absentéisme perlé concerne quelques heures disséminées, • l'absentéisme régulier caractérisé par des absences répétées sur de plus longues périodes, • le décrochage : l’élève déserte les cours. Il apparaît alors essentiel de parler des absentéismes qui nécessitent d'être identifiés et traités différemment.

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2.

Les déclencheurs de l’absentéisme

L’absentéisme est révélateur d’un malaise dont les causes peuvent être : • une démobilisation de l’élève, de sa famille ou de l’équipe d’encadrement adulte, • la consommation de produits stupéfiants, • le manque de dynamisme à la fois dans la vie de l'établissement et sur le plan pédagogique, • la difficulté pour l’élève de s’adapter du statut de collégien au statut de lycéen et à son surcroît d’autonomie.

3.

La quantification de l’absentéisme

Une mesure à affiner… Un sujet aussi complexe et mouvant doit être mesuré très précisément. Pour améliorer la finesse de la mesure il faudrait : • comptabiliser les heures réellement manquées et non plus seulement les demi-journées (actuellement une heure d’absence est décomptées comme une demi-journée), • prendre en compte de la polyformie de l'absentéisme, • identifier rapidement et précisément les logiques absentéistes (raisons, modalités…) afin de déterminer les solutions à apporter, • établir des statistiques à toutes les échelles pour un pilotage efficace de tous les acteurs en constituant des tableaux de bord à différents niveaux : départemental et académique pour les actions globales, villes et établissements pour affiner les politiques académiques, classes et niveaux pour s'adapter aux spécificités de chaque cas.

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4.

prendre en compte et s’adapter aux différentes réactions de l’élève et de sa famille : le « mutisme » : aucune réaction de l'élève ou de la famille, la « régularisation » : l'élève régularise, avec un motif acceptable ou non, sa situation auprès des services de la vie scolaire, la « justification » : l'élève peut présenter un justificatif émanent d'une institution ou de ses parents.

Harmoniser le décompte des absences

Il est nécessaire de remédier à l’absence de codification de l’absentéisme La définition de l'absentéisme doit être uniformisée au moins au niveau académique, sinon au plan national : • les élèves exclus temporairement sont-ils considérés comme absentéistes ? • un élève obtenant un emploi est-il un élève décrocheur au même titre que les élèves sans solutions ? Les motifs d'absences doivent être standardisés afin de permettre des statistiques exactes et des comparaisons précises des situations des différents lycées. Exemple : dans un lycée, le motif « raison personnelle » peut être utilisé dans le cas d’un motif irrecevable alors que dans un autre établissement il est utilisé pour transcrire des raisons valables mais privées. Nous suggérons de créer une codification académique des motifs d’absence qui définirait pour tous les établissements les critères de classification de l'absentéisme suivant les motifs d'absences et leur recevabilité ainsi que les modalités de sa comptabilisation. CONTACT : JEAN-LOUIS SKARKA, DAVL mél : [email protected]

5.

Apporter des solutions Le BOEN « vaincre l'absentéisme » du 3 février 2011 définit de nouveau mode d'action qu'il faut intégrer à un système déjà existant qui doit être perfectionné.

Des actions essentielles Généraliser à l'ensemble des lycées les « Cellules de Veille » pilotées par un membre du pôle de direction et composées de tous les CPE, de/des COPsy, de l'infirmière et de l'assistante sociale. Cette cellule, réunie au minimum une fois par mois, a pour mission : • d'assurer un bilan de l'absentéisme dans l'établissement, • de mettre en commun les avis et les actions menées ou à venir sur les cas individuels, • de décider d'un signalement, d'une sanction ou d’une mesure éducative, • d’assurer un suivi personnalisé efficace des élèves, • de publier un bilan en salle des professeurs ; ce document n’aura bien sûr pas pour but de dévoiler la vie privée des élèves mais d’afficher la liste des élèves suivis et leur personne de référence afin de mettre fin aux actions solitaires et aux problèmes non détectés. Assurer un suivi précoce grâce à la mise en place d’un « Conseil d'adaptation » à l’issue du premier mois de seconde : • il réunit l'équipe pédagogique, l'assistante sociale, l'infirmière, une COP, le CPE de la classe et un membre du pôle de direction,

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son but est de détecter le plus tôt possible les causes ou les symptômes de l'absentéisme en vue de favoriser une bonne adaptation de l’élève au lycée. Mettre en place une fiche personnalisée de suivi de la « vie scolaire de l’élève » que chaque membre des équipes du lycée puisse consulter et mettre à jour afin de rendre le suivi collégial.

Des actions souhaitables Sanctionner uniquement l'absentéisme de confort : • convocation immédiate chez le CPE pour faire intégrer le plus tôt possible par l’élève le fait que l'absentéisme à des conséquences immédiates et n'est absolument pas un acte anodin, • retenue systématique pour chaque heure manquée, • recourir aux avertissements, aux blâmes, • dans les cas où l'absentéisme de confort tend à s’aggraver ou n'est que la partie apparente d'autres soucis, mettre en place une Commission de Vie Scolaire. Elle prendra alors des mesures éducatives dont le but n'est plus de sanctionner mais de traiter l'absentéisme. Dans les autres cas d'absentéisme : • respecter le BO en n’excluant pas de l'établissement un élève absentéiste mais décider d'une exclusion internée, où l'élève n’ira pas en cours mais travaillera au lycée pendant une période donnée, • envoyer une lettre de mise en demeure dans les cas les plus graves, informant l'élève et sa famille qu'une absence supplémentaire serait considérée comme une démission de l'élève. L'ensemble des mesures possible doivent être envisagées afin de ne jamais avoir besoin de pousser l'élève à la démission.

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Améliorer la qualité de vie des lycéens : • réaffirmer l'importance de la vie lycéenne et plus globalement du climat scolaire : il favorise le sentiment d’appartenance des lycéens à leur établissement, • lutter contre le sureffectif des classes, la déshumanisation des fonctions et les réductions de postes, • travailler la pédagogie et le rapport à l'enseignement : l'apprentissage au lycée ne se résume pas à des cours magistraux et il peut aussi être assuré à l’occasion d’activités exta-scolaires. Encourager la création d’initiatives et de dynamiques propres à chaque établissement, en attribuant des heures supplémentaires aux lycées novateurs ou ayant des taux d'absentéisme inférieurs aux taux attendus. Etre attentif lors des changements de niveaux : les emplois du temps, l'attitude des professeurs, des parents et des camarades évoluent et peuvent perdre l'élève. Encourager le suivi de cohorte d'élèves par les personnels de vie scolaire pour permettre un suivi sur le long terme. Laisser aux CPE la marge de manœuvre nécessaire à la flexibilité du suivi. Travailler à la responsabilisation des élèves et des familles, thème où là encore, la vie lycéenne peut jouer un rôle important. Améliorer la réactivité et l'implication du corps enseignant.

6.

Nos avis

Davantage de professeurs, de CPE et d’assistants d’éducation devraient être impliqués dans le suivi.

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L’ABSENTEISME VU PAR LES LYCEENS MEMBRES DU CAVL DE L’ACADEMIE D’ORLEANS-TOURS Le volet « instruction » ne doit pas masquer le volet « éducation » qui participe lui aussi à la formation de l’adulte en devenir qu’est le lycéen : éducation à l’autonomie, à la responsabilisation... La banalisation de plages horaires spécifiques permettraient d’encourager l’engagement et la prise de responsabilités extrascolaires. Les élèves relevant de dispositifs médicaux lourds doivent bénéficier d’un suivi particulier et bienveillant.

7.

Conclusion

L'absentéisme est un problème complexe qui ne peut pas être traité de manière unilatérale et/ou administrative. Il est fondamental de bien différencier les raisons, les modalités et les réactions face à l'absentéisme pour y apporter des réponses efficaces et appropriées. Les sanctions ne doivent s'appliquer qu'à l'absentéisme de confort, les autres devant être traités et non sanctionnés. La sévérité doit être vue comme un levier pour empêcher les élèves de tomber dans l'absentéisme, et non comme une contrainte pour les faire revenir dans les salles de classes. Les sanctions sont une réponse destinée à donner un contrecoup immédiat et visible à un acte qui n'est pas anodin mais elles ne peuvent en aucun cas être efficace seules ou sur des absentéismes révélatrices d'un problème social et humain. Des politiques ambitieuses doivent être prises à toutes les échelles pour donner des objectifs globaux qui permettent une bonne prise en compte des particularités locales. A ce titre, il nous paraît impératif d'harmoniser la quantification de l'absentéisme pour prendre en compte ses subtilités. CONTACT : JEAN-LOUIS SKARKA, DAVL mél : [email protected]

La sanction financière que constitue la suppression des allocations familiales intervient trop rapidement, dans un système trop difficile à mettre en place et qui risque de pénaliser encore plus des élèves et/ou des familles déjà en grandes difficultés. Toutefois, appliqué en dernier recours et après avoir tenté de parvenir à responsabiliser les familles et les élèves par d'autre biais, cette mesure peut avoir un effet d'aiguillon intéressant. Dans le cadre de la lutte contre l'absentéisme, l’objectif de la sanction doit sans cesse être rappelé afin de souligner que son but n'est pas la répression mais bien d'assurer la réussite des élèves et, plus important encore, la vie de ces futurs citoyens. Le sens donné à l'éducation doit alors déterminer les modalités de cette campagne contre le «dépeuplement» des salles de classes. La valeur portée à la scolarité doit primer sur la simple déclaration de l’obligation scolaire. Réaffirmer l'importance des apprentissages extrascolaires et donner l’envie aux élèves de suivre les enseignements sans avoir besoin de les contraindre seraient déjà une grande avancée dans la lutte contre l’absentéisme.

Document rédigé grâce aux travaux des différents membres de la commission absentéisme de la mandature 2010-2012 du CAVL d'Orléans-Tours. Remerciements aux intervenants pour leur aide et pour la qualité de leur action au quotidien : Monsieur Jean-Martial Lalande (CPE du lycée Gaudier Brzeska) Madame Martine Kervran (CPE du lycée Voltaire) Madame Anne-Dominique Epaud (CPE du lycée Jean Zay)

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