Liverdun le 5 février 1920 Monsieur et cher Bienfaiteur, J'ai bien reçu et avec plaisir le montant du mandat que vous avez bien voulu m'adresser pour mon fils Gilbert Boncourt. Et c'est pour vous en remercier que je vous envoie cette lettre. Si Gilbert était plus grand, il vous écrirait lui-même, mais je suis obligée de le faire pour lui car il n'a encore que 5 ans, et comme vous le pensez, ne sait pas encore écrire. Il est né le 13 août 1914, année terrible. Son père parti le 1er août 1914 (ainsi que tous les soldats français) au 4ème Bataillon de Chasseurs à pied fut porté disparu à la bataille de Morhange le 20 août 1914, et de ce fait n'a pas connu son fils. Jugez de sa joie, si comme beaucoup de soldats disparus, il était revenu. Mais malheureusement, il n'en fut rien ; non seulement il était disparu, mais il avait été tué à l'âge de 27 ans et ce n'est qu'après la guerre que j'ai appris sa mort. Je suis restée pendant 4 ans et demi sans aucune nouvelle. Je suis contente de voir qu'il y a encore des personnes compatissantes qui pensent et qui viennent en aide aux orphelins malheureusement trop nombreux après une guerre aussi terrible. Et je viens vous prier, cher Monsieur, d'accepter de ma part et de celle de mon fils les plus sincères remerciements. Madame Veuve Fernand Boncourt Grande rue N° 16 à Liverdun Meurthe-et-Moselle France Je vous envoie une photographie de Gilbert, mais ne faites pas attention car il a été photographié à l'école et il n'est pas très bien réussi.