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bienvenue à Banksyland

Richard Hawley l’Elvis de Sheffield

scènes

les spectacles de l’automne

rentrée cinéma

Pattinson

“je cherche encore ma place”

Straight Outta Compton et tous les films événements

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Allemagne 4.40 € - Belgique 4 € - Cameroun 3400 CFA – Canada 6.99 CAD – DOM 4.80 € - Espagne 4.30 € - Grèce 4.30 € - Italie 4.30 € - Liban 11 000 LBP – Luxembourg 4 € - Maroc 42 MAD – Maurice Ile 6.30 € - Pays-Bas 5.90 € - Portugal 4.30 € - Royaume-Uni 6.30 GBP - Suisse 6.50 CHF – TOM 960 XPF – Tunisie 7 TNM

No.1032 du 9 au 15 septembre 2015 lesinrocks.com

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chère Mylène Farmer par Christophe Conte

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te-moi d’un doute… C’est au rayon des carottes surgelées Picard, où tu habites entre deux albums, que tu nous as retrouvé Sting ? Moi qui te prenais pour une chanteuse portée sur les avant-gardes, un genre de succube arty aux prétentions aussi enflées que ton ego de diva inaccessible, voilà que tu nous décongèles l’un des pires has been eighties, dont les cotations à la bourse du rock contemporain avoisinent le PIB grec ou le prix du porc breton. Sting, sérieux Myloute, t’as remis la main sur un vieux calepin de 1987

et t’as tenté tous les numéros pour trouver un mec assez affamé pour accepter de chanter avec toi ? Phil Collins, Jon Bon Jovi, Bryan Adams et Paul Young ne répondaient pas ? Bono avait piscine avec Estrosi ? Franchement, quitte à mélanger tes vagissements de préménopause avec un ancien flic des années Mitterrand – The Police, tu captes ? –, t’aurais dû débaucher Pierre Joxe, au moins on aurait trouvé ça rigolo. Parce que là, j’ai écouté le Stolen Car en question, et outre la thématique “voiture volée” qui colle avec l’ancien métier de ton partenaire de crachoir, je ne pense pas avoir entendu une telle ragnole

musicale depuis l’accouplement vocal de François Valéry avec Sophie Marceau (Dream in Blue) en 1981. J’espère au passage que les paroles en français (?) de cette adaptation d’un rogaton oublié du chanteur anglais datant de 2003 ont été écrites avec le même logiciel qui sert à fabriquer à la chaîne les livres d’Amélie Nothomb, car dans le cas contraire tu peux, comme auteur, postuler aux championnats du monde de Kamoulox. L’album qui contiendra ce chefd’œuvre de ringardise devrait s’appeler Constellations, on imagine que c’est ton statut de star d’un firmament de carton-pâte (la variété française à prétention poéticonébuleuse) qui a inspiré un tel imaginaire pour ados pas encore tout à fait achevés, et qui vaut à peine plus qu’un ticket tarif réduit pour le planétarium. T’aurais pu tenter un featuring Michel Chevalet ou une tournante avec les Bogdanov brothers quitte à donner dans le ridicule vintage à velléité cosmique. L’autre nouvelle plus fâcheuse, et là, c’est de notre dignité à tous qu’il est question, c’est la sortie annoncée de ton album aux Etats-Unis. Tu me diras, Mycose, le plus grand pollueur planétaire en matière de pop culture vulgos méritait bien qu’en retour on lui balance un jour nos déchets toxiques. Mais bon, on a déjà essayé de leur refourguer Johnny et Dany Boon, faudrait peut-être voir à pas trop les agacer, nos partenaires ricains, à moins qu’il ne s’agisse encore pour eux d’alimenter la playlist de Guantánamo, dont on plaint alors par avance les pensionnaires. Tu aurais d’ailleurs signé sur le même label que Madonna et Lady Gaga – bonjour la réunion Tupperware de milf exhibos, le jour où on vous cale dans la même pièce –, ce qui émoustille autant que ton duo avec String. Avec Sting, pardon. Je t’embrasse pas, j’attendrai ton duo avec Peter Gabriel.

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No. 1 032 du 9 au 15 septembre 2015 couverture Robert Pattinson par Danielle Levitt/August-Agence A.

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billet dur édito débrief recommandé interview express Boualem Sansal événement université d’été du FN :

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le monde à l’envers festival les inRocKs Philips la courbe la loupe nouvelle tête Frank Dillane démontage futurama style food

Caitlin Cronenberg/See-Saw (Life) Holding PTY

le retour aux vraies valeurs du parti

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David Balicki pour Les Inrockuptibles

38 cette semaine sur 42 rentrée cinéma

60 Richard Hawley, made in Sheffield le crooner anglais à la voix d’Elvis revient avec Hollow Meadows. Un album aux ballades plantureuses à fracasser le cœur. Rencontre

64 Banksy/Pest Control Office Ltd

entretien avec Robert Pattinson. Loin de l’univers Twilight, la reconversion de l’acteur semble achevée. Il joue, aux côtés du nouveau poster boy du cinéma US Dane DeHaan (portrait p. 48), dans Life d’Anton Corbijn + story N.W.A, emblème du gangsta rap californien + du rire, des larmes, un navire, des armes… : 008 motifs de rentrer

64 Banksy à Dismaland en Angleterre, le street artist a inauguré Dismaland, parc à thèmes éphémère, lugubre, politique et nécessaire. On y était

68 l’Intérieur nuit de Marisha Pessl

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pour son deuxième roman, l’Américaine signe un ample polar gothique hyperaddictif. Rencontre à New York

72 rentrée scènes

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cinémas Life, Jamais entre amis, Youth… musiques Peter Doherty et Carl Barât… livres Dinaw Mengestu, Gérard Lefort… scènes Xavier Gallais expos Christian Boltanski médias Nicolas Domenach, James Brown…

Christopher Anderson/Magnum Photos

casting all-stars sur le plateau de Démons, mis en scène par Marcial Di Fonzo Bo + une sélection des spectacles de l’automne

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Nilüfer Demir/DHA/AP/Sipa

Le corps d’Aylan Kurdi échoué sur une plage à Bodrum (Turquie)

émotion tardive Personne n’est capable de dire ce qui s’est passé ni comment ça s’est passé ; comment la mort de soixante et onze réfugiés, étouffés dans un camion en Autriche, n’a pas suffi au réveil en sursaut des consciences européennes alors que la photographie du petit Aylan Kurdi, elle, a provoqué une émotion considérable. Comment le choc d’une photo aura contribué à changer le choix des mots ; comment, après Aylan, les “migrants” qui faisaient si peur sont devenus des “réfugiés” qui serrent le cœur. Il aura donc fallu cette photographie d’un petit garçon mort noyé pour que ce qui était hier perçu comme une horde déferlante retrouve un nom et une histoire, et ainsi l’humanité qui lui était déniée. Un seul nom, une seule histoire et une seule photo pour les 25 000 morts noyés en Méditerranée depuis vingt ans. A l’indifférence la plus glacée, celle qui consistait à bien insister sur “l’appel d’air irresponsable” (Xavier Bertrand, particulièrement inspiré, le 31 août, après de pourtant très vagues propos de tribune de Manuel Valls à La Rochelle) que provoquerait immanquablement une politique d’asile plus clémente, a succédé l’emballement médiatique et émotionnel. On pourra s’interroger longuement sur la nécessité morale de publier cette photo en une et le vacillement tardif des opinions publiques, comme on pourra regretter la faible réactivité des quotidiens du matin français, comparée à l’empressement de leurs homologues britanniques, mais il faudra se souvenir des ténors de Les Républicains, décidément mal-nommés, soudain tous d’accord pour camper sur une ligne dure et refuser dans un bel ensemble l’idée des quotas de répartition par pays proposée par Angela Merkel

et François Hollande. Ce qui serait pourtant le minimum du minimum, surtout après des semaines d’atermoiements et de repli apeuré côté français. Car il faudra aussi se souvenir que c’est Angela Merkel qui a su, deux jours avant la publication de la photo du cadavre d’Aylan, trouver les mots les plus simples et les plus forts : “Les droits civils universels ont été jusqu’à présent étroitement liés à l’Europe et à son histoire, en tant que principe fondateur de l’Union européenne. Si l’Europe échoue sur la crise des réfugiés, ce lien avec les droits civils universels sera cassé.” Surtout, il faudra se souvenir, quand l’émotion sera passée aussi vite qu’elle a surgi, hélas, que la mort de cet enfant aurait pu être évitée, comme des milliers d’autres, si les plus influents des Etats membres de l’UE avaient pris la mesure de l’exode syrien et exigé l’ouverture de voies légales aux réfugiés. Au lieu de se calfeutrer en invoquant – carrément et toute honte bue – le prétendu “seuil de tolérance” de leurs sociétés respectives. La pire irresponsabilité politique consiste à ne rien dire ni rien faire, à regarder ailleurs en attendant que ça se passe, alors qu’il aurait fallu agir et nous rappeler inlassablement à nos devoirs, serait-ce malgré nous, sans crainte du prétendu prix électoral à payer. C’est justement à l’aune de cette absence de courage politique que l’on mesure à quel point Marine Le Pen terrorise déjà les esprits… Comme le dit parfaitement Martine Aubry, approuvant les déclarations d’Angela Merkel : “Je serai toujours du côté des dirigeants qui, plutôt que de parler à la moelle épinière des gens pour attiser les peurs et le repli sur soi, préfèrent parler à leur cœur pour développer la part d’humanité qui est en eux.”

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joindre la vie, la mort et le sexe grâce aux inRocKs La semaine dernière, un beau message d’espoir, la réalité alternative du sommeil, un torse bombé aux biscoteaux saillants et les secrets de la métamorphose.

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oals, la métamorphose”, annonces-tu en couverture de ton numéro spécial “rentrée musique”. En pages intérieures, on apprend que le leader du groupe, Yannis Philippakis, “autrefois sombre, marmonnant la tête baissée des réponses alambiquées, comme s’il se mettait lui-même à la torture” est désormais “un homme assuré, ouvert voire rigolard”. Quel beau message d’espoir. On peut toujours s’affirmer, se transformer. J’avais presque oublié que ça pouvait être ça, une rentrée : la promesse d’une métamorphose. A force, on finit par se résoudre à accepter la répétition à l’infini du même scénario annuel. On rêve de changement pendant l’été – il est temps de se réinventer, tout est toujours possible – mais les rêves se fracassent sur la réalité du retour à la normale que constitue une rentrée. La coupe de cheveux se défraîchit, le cartable neuf s’abîme, les bonnes résolutions s’oublient, le vélo retrouve sa place dans la cave et tout redevient désespérément comme avant. Rien ne s’est métamorphosé, et certainement pas nous. Mais non ! Pas cette année ! Foals montre le chemin. La métamorphose est possible. Vite un bulletin d’inscription pour le Club Med Gym ! Tout part peut-être de là. Chez Yannis Philippakis en tout cas, changements intérieurs et extérieurs vont de pair : “De corps aussi, il a changé : il s’est remplumé, son torse est bombé, ses biscoteaux sont saillants.” Je veux les mêmes ! Et puis aussi “ce regard (qui) n’évite plus celui de son interlocuteur mais le confronte et le sonde, brillant d’une flamme, d’une exaltation et d’une fierté presque palpables”. Mais comment faire ? “Nous avons désormais réussi plus de choses”, dit Philippakis pour expliquer sa plus grande sérénité. Lorsqu’il se souvient de qui il était avant sa “métamorphose”, il dit : “J’étais encore assez mécontent de mes propres échecs (…) j’avais l’impression de poursuivre quelque chose qui courait plus vite que moi.” Pour accéder à cette sérénité, Philippakis a dû s’arracher à ses doutes par le travail. Zut. Pas de recette miracle en vue. Du travail, du talent et la certitude d’avoir déjà accompli quelque chose d’important. La méthode Philippakis ne m’est pas applicable. Mais on peut voir les choses autrement. A défaut d’avoir “réussi plus de choses”, on peut opter pour l’option inverse : ne plus poursuivre ce qui court plus vite, accepter l’échec, renoncer à se dépasser, en finir avec l’action, l’insatisfaction et l’ambition. Et surtout, dormir ! Le programme semble peu exaltant ? Pas sûr. Pour Apichatpong Weerasethakul, le sommeil, c’est “la possibilité de choisir une réalité alternative”. Le sommeil “joint la vie, la mort et le sexe”. Il est une forme de vie plus intense que n’importe quelle journée bien remplie et qui permet toutes les métamorphoses. Faire de sa vie un film d’Apichatpong Weerasethakul : ce serait la plus exaltante des métamorphoses. Alexandre Gamelin

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une semaine bien remplie Raviver son goût de la vie moderne, s’ébrouer dans les giclées de violence les plus lyriques du cinéma, écouter en live un songwriter majeur de ce siècle et préparer la COP 21 du côté de Bordeaux.

tout sur la mer Ocean Climax Festival Organisé par l’ONG Surfrider Foundation, l’Ocean Climax Festival a été imaginé pour la défense de la bonne santé des océans. Pendant quatre jours, il proposera conférences, performances (riders, street artists) et concerts. Sont attendus, en vrac, C2C et Ségolène Royal, Allah-Las et Alain Juppé, Peter Von Poehl et Hubert Reeves…

Denée Petracek

Camille Blatrix, Un ticket pour la suite, 2014. Courtesy galerie Balice Hertling

concerts, conférences et performances du 10 au 13 septembre, Bordeaux, oceanclimax.fr

panorama Biennale de Lyon

exposition La Vie moderne, 13e Biennale de Lyon, du 10 septembre au 3 janvier, biennaledelyon.com

Carlotta

C’est sous le grand patronage de Ralph Rugoff (directeur de la Hayward Gallery à Londres) que s’ouvre la treizième édition de la Biennale d’art contemporain de Lyon. Avec une sélection d’artistes triés sur le volet (dont beaucoup de Français, de Cyprien Gaillard à Camille Henrot en passant par Camille Blatrix ou Emmanuelle Lainé) et un thème qui est plutôt une couleur, un peu fanée, mais que les artistes et leur commissaire auront bon goût de raviver : la vie moderne. Apportez-moi la tête d’Alfredo Garcia

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cristallin Sufjan Stevens Session de rattrapage pour ceux qui l’auraient raté la veille : Sufjan Stevens foule à nouveau la scène du Grand Rex à Paris. L’occasion pour l’Américain de présenter son dernier Carrie and Lowell, retour aux sources folk et cristallines de ce songwriter majeur du siècle, rare sur les scènes françaises.

Emmanuel Afolabi

concert le 9 septembre, Paris (Grand Rex)

crépusculaire rétrospective Sam Peckinpah L’immense Sam Peckinpah fait actuellement l’objet d’une rétrospective à la Cinémathèque française, l’occasion de (re)découvrir l’œuvre d’un cinéaste charnière, de la décompostion de l’Hollywood classique à sa mue moderniste. La noirceur moite de Coups de feu dans la Sierra, les flambées de violence d’Apportez-moi la tête d’Alfredo Garcia ou des Chiens de paille, la mélancolie sidérale de Pat Garrett et Billy le Kid…, c’est l’intégralité de sa filmographie qui est mise à l’honneur. jusqu’au 11 octobre à la Cinémathèque française, Paris XIIe, cinematheque.fr 9.09.2015 les inrockuptibles 15

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“il ne faut jamais montrer qu’on a peur” Michel Houellebecq encense son dernier roman, 2084, une dystopie sur un totalitarisme islamiste inspirée du 1984 d’Orwell. A 66 ans, Boualem Sansal exerce sa liberté de parole pour discuter du terrorisme, des printemps arabes et de la censure.

M

ichel Houellebecq a loué votre roman sur le plateau de Laurent Ruquier, estimant qu’avec ce livre, vous étiez allé plus loin que lui avec Soumission. Qu’en pensez-vous ? Boualem Sansal – J’ai reçu plein de SMS ! Certains pour me dire que c’était formidable ; d’autres pour me presser de réagir. Des gens ont tiqué à cause du mot “radical”. Le fait que Houellebecq, souvent classé islamophobe, me considère comme plus radical, c’est assez terrible. Mais rien ne me gêne. Je n’ai pas encore lu Soumission. Dans mon roman, il y a une référence assez directe à l’islam et à l’islamisme – dès les premières pages on comprend que Yölah c’est Allah. L’islam occupe aujourd’hui une place très importante

dans le débat national, international, dans tous les domaines. On voit mal le christianisme demain installer un Etat totalitaire. L’Eglise s’est effondrée. La seule religion en ce moment qui interpelle, pose problème et qu’on a envie de regarder pour voir ce qui se passe, c’est l’islam. Quand on regarde de plus près, on voit bien qu’il y a un islam pacifique – pas tolérant, aucune religion ne l’est – et à côté, une forme virulente de l’islam, hégémonique, violent, avec une ambition planétaire. Hélas pour les musulmans, on ne les voit plus qu’à travers le prisme de l’islamisme. Mais la faute leur revient un peu. Ils ont laissé pousser cette gangrène. Pourquoi les musulmans devraient-ils davantage prendre position ? C’est un discours qui passe mal. Oui, il faudrait “désessentialiser”…

On a inventé tout un vocabulaire. Mais c’est de la discussion intellectuelle pour passer le temps. L’intrigue de votre roman se déroule dans un pays imaginaire, l’Abistan, dans lequel le peuple est soumis à la religion. On pense à Daech, l’Afghanistan, mais aussi l’Iran… C’est un mélange de tout ça ? Ce n’est rien de tout ça. En ce moment, il se passe quelque chose de très important, un phénomène assez apocalyptique. L’islam est la religion des musulmans. C’est une tautologie de dire cela. Mais de plus en plus, l’islam va être la religion des convertis. Je suis en train d’étudier cette question. Le mouvement s’accélère à une vitesse fabuleuse, partout et à tous les niveaux. Des intellectuels, des généraux américains, des anciens ministres,

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“l’islamisme développe des stratégies très fines, très complexes” des savants se convertissent… Et les convertis sont toujours les plus radicaux. Nous assistons à la naissance d’un nouvel islam. L’Abistan serait la terre d’une religion qui comprend un fond islamique très important, mais qui va intégrer des éléments du monde chrétien, de l’animisme… Abi, l’homme à la tête de l’Abistan, est omnipotent et invisible ; “l’Appareil” contrôle tout. Peut-on penser à l’Algérie, celle de la décennie noire, mais aussi celle d’aujourd’hui avec Bouteflika, son président fantôme ? Pas du tout. L’Algérie ne compte pas, c’est un tout petit pays. Non, j’ai plutôt pensé à l’Iran et aux pays limitrophes, le Pakistan, l’Afghanistan. Car l’Iran est un véritable Etat. Daech ne produit rien, ce sont des bêtes sauvages. Ils sont utilisés parce qu’ils font diversion. Dans sa démarche, l’islamisme développe des stratégies très fines, très complexes. En l’espace de trente années, ses représentants ont conquis tout un espace dans la finance internationale, l’économie, la science, ils ont des télévisions partout qui enseignent le Coran à l’échelle planétaire, ils ont racheté la moitié de Paris, financent des lycées… La masse critique est atteinte, ils n’ont même plus besoin de faire la guerre. Là, vous parlez plutôt de l’Arabie Saoudite ou du Qatar… Mais je pense que la stratégie est élaborée en Iran où se trouvent les penseurs qui n’ont jamais désarmé. L’Iran est le seul pays musulman avec un clergé. Ils font des plans à long terme. Le Qatar et l’Arabie Saoudite sont comme des exécutants mis au service d’une cause. Le moment de la synthèse entre les différents islams arrive. L’Iran agit d’une manière très intelligente de ce point de vue. Il a réaffirmé sa puissance avec la signature du traité sur le nucléaire, seul face aux cinq plus grandes puissances du monde. Ce pays apparaît comme la solution pour des tas de choses : mettre fin à Daech, libérer la Palestine, faire la paix en Irak.

Vous avez été censuré, menacé après votre voyage en Israël en 2012. Quelle est la situation pour vous aujourd’hui en Algérie ? Je pense qu’il va se passer la même chose que pour Kamel Daoud (Goncourt du premier roman – ndlr) l’an dernier : encensé pendant quelques jours parce que je figure sur la liste du Goncourt, puis incendié. Ce livre ne va pas arranger votre cas. Cela ne vous fait pas peur ? La peur n’existe que quand le danger est imminent. C’est une hypothèse, donc on vit avec jusqu’au jour où on reçoit des alertes de partout, comme lorsque je suis revenu d’Israël. Mais il faut tout affronter et ne jamais montrer qu’on a peur. Le héros de 2084, Ati, tente de se révolter contre le régime. Mais toute révolution semble impossible. Un écho au printemps arabe de 2011 ? Je n’ai jamais cru à ce printemps arabe. Parce qu’il n’y avait pas les conditions d’une vraie révolution. Pour une vraie révolution, il faut des intellectuels, des syndicats, des organisations, des associations. Ce sont eux le moteur des révolutions, sinon, ça devient de la jacquerie, de l’émeute populaire. Mais des intellectuels, des syndicats, il y en avait en Tunisie et en Egypte… Tout a été vassalisé par le régime : les syndicats, les intellectuels de service, les imams de service. Selon Martin Amis, les écrivains pratiquent de plus en plus l’autocensure, notamment par peur d’être accusés d’islamophobie. Pour lui, c’est une victoire de Daech. Qu’en pensez-vous ? Ça fait partie de la stratégie guerrière : empêcher l’autre de parler, de débattre. Même les musulmans n’osent plus parler. Je suis l’un des derniers à continuer. Et encore, je suis beaucoup moins spontané qu’il y a dix ans. Il faut relibérer la parole. propos recueillis par Elisabeth Philippe photo Frédéric Stucin pour Les Inrockuptibles Boualem Sansal est l’auteur de 2084 – La fin du monde (Gallimard), 288 pages, 19,50 € et ses Romans (1999-2011) paraissent en Quarto (Gallimard), 1 248 pages, 29 € 9.09.2015 les inrockuptibles 17

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au FN, xénophobie de père en fille En dépit de l’absence de Jean-Marie Le Pen, l’université d’été du Front national a été le théâtre d’un retour aux vraies valeurs du parti. Avec, plus que jamais, l’obsession de la menace migratoire.

G

odot n’est finalement pas venu. Si les dirigeants frontistes ont longtemps cru au débarquement impromptu de Jean-Marie Le Pen lors de l’université d’été du Front national qui se tenait cette année à Marseille, le parasitage n’a pas eu lieu. Dimanche 6 septembre, l’ancien

para, visiblement fatigué, a préféré rester cloîtré dans sa chambre d’hôtel plutôt que de tenter une opération commando. La veille, il avait tenu un raout dans la pampa marseillaise en rassemblant autant d’amis déçus et de militants radicaux frustrés par la “stratégie de dédiabolisation” que de journalistes.

Dans l’arrière-cour d’un restaurant retapissé avec l’ancienne flamme du FN – copie de celle du MSI italien dans les années 70 – où il flottait une odeur de ragoût, le vieux chef a laissé ses convives sur leur faim. Pressé d’appuyer sur le bouton rouge en annonçant la création de listes dissidentes en vue des prochaines

élections régionales, l’octogénaire a simplement promis la création d’un “Rassemblement bleu blanc rouge”. Cette structure – à l’appellation déjà contestée par un Nicolas Dupont-Aignan s’en estimant dépositaire –, vise à rassembler en courant tous les lepénistes historiques afin de peser sur la ligne du parti.

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Anne-Christine Poujoulat/AFP

Marine Le Pen à la tribune. Marseille, le 6 septembre

“il vaut mieux être clandestin que français en France”

la e, re

Anne-Christine Poujoulat/AFP

Marine Le Pen

Loin des yeux de son père, Marine Le Pen en a profité pour mettre en avant le bilan des villes gérées par son parti depuis les dernières élections municipales. Dans une dizaine de stands ripolinés aux blasons et couleurs des différentes cités frontistes, chaque édile vantait les vertus de sa politique municipale à coups de brochures, de défilé de slides Powerpoint et de dégustation de la cuvée locale. Sur la scène centrale, de nombreuses tables rondes étaient consacrées aux élections régionales de décembre. “Ambition régionale, passion nationale”, tel était le slogan affiché au fronton du Palais des congrès de Marseille. “Nous sommes confiants, confirmait avec le sourire, un cadre frontiste dans les coursives du Palais des congrès. “Il y a deux régions qui sont largement à notre portée : le NordPas-de-Calais-Picardie et Provence-Alpes-Côted’Azur.” Deux territoires où sont en lice Marine Le Pen et sa nièce Marion Maréchal-Le Pen, qui arriveraient en tête au premier tour, selon les derniers sondages. Tandis que JeanMarie Le Pen jouait les épouvantails médiatiques, les orateurs frontistes ont labouré son terrain de prédilection, celui de l’immigration. Tout l’aprèsmidi de la première journée de cette université d’été y était consacré. Habituellement cantonné à des sujets économiques ou sociaux, Florian

Philippot y a lui aussi été de son laïus. Stéphane Ravier, le sénateur et maire des XIIIe et XIVe arrondissements de Marseille, s’est “illustré” en déclarant : “Quand les immigrés voient que dans notre pays on défile quasi nu avec une plume dans les fesses, comment peuvent-ils le respecter ?” Le lendemain, les diatribes anti-immigration sont encore montées d’un cran. Dans ce rôle-là, le secrétaire général du FN, Nicolas Bay, n’a pas eu à forcer son talent. N’hésitant pas à rappeler le slogan d’une affiche du Front national de la jeunesse (FNJ) des années 90 (“Quand nous arriverons, ils partiront”), l’ancien mégrétiste a estimé qu’“il n’y avait plus seulement des territoires de non-droit, mais également des territoires de nonFrance”. Et de s’interroger à haute voix : “Combien de Kouachi, de Coulibaly, de Nemmouche, de Sid Ahmed Ghlam, parmi les clandestins qui débarquent sur notre territoire ?” Loin de la “dédiabolisation”, Bay a parachevé son discours en déclarant que les “sociétés multiculturelles sont par nature multiconflictuelles”. Après la projection d’une courte vidéo présentant des paysages de “France éternelle” digne des fonds d’écran Windows 98, Marine Le Pen a pris le relais. Devant une salle bondée accueillant plus de 3 200 personnes, la présidente frontiste a consacré une large partie de son discours de clôture à la question migratoire. Affirmant sans détours

que “l’immigration n’est pas une chance, c’est un fardeau” et qu’aujourd’hui dans de nombreux domaines, “il vaut mieux être clandestin que français en France”, Marine Le Pen a su séduire un auditoire privé de son vieux chef. Pariant que l’émotion médiatique entourant la photo du jeune Aylan Kurdi n’a pas affecté l’opinion, la présidente du FN a multiplié les propositions pour réduire le droit des immigrés en France (réforme du droit d’asile, reconduite systématique à la frontière des clandestins, suppression de l’AME…). Même si l’ancien patron du FNJ, Julien Rochedy a pointé sur Twitter le “simplisme” du discours de Marine Le Pen, celui-ci a réjoui les troupes frontistes. Et lorsque la fille de Jean-Marie Le Pen a promis de manière solennelle qu’elle “mettrait l’islam radical à genoux”, les 3 000 militants frontistes se sont alors levés spontanément et ont entonné un “on est chez nous” comme pour célébrer un but en finale de Coupe du monde. Après avoir dressé un tableau apocalyptique de la France, la présidente frontiste a eu une allusion à peine voilée à son paternel au moment de conclure : “Une page se tourne, notre monde est à la fin d’un cycle. La situation est sans commune mesure avec celle que nos parents ont eu à relever.” Assistant au spectacle depuis son hôtel, le cofondateur a compris que même sans lui, le FN restait fidèle à sa vulgate. David Doucet 9.09.2015 les inrockuptibles 19

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Martin Meissner/AP/Sipa

Un réfugié afghan remercie l’Allemagne en gare de Dortmund, le 6 septembre

le modèle allemand Chômage en baisse et salaires en hausse, solidarité fiscale et accueil exemplaire des migrants. Et si l’Allemagne était désormais plus sociale que la France ?

I

l y a encore vingt ans, l’Europe était assez simple à décrire : son économie était allemande, son supplément d’âme, français. C’est en France que l’on pensait, c’est avec la France que l’on parlait diplomatie et politique. Dès que la situation devenait complexe ou sensible, les chanceliers allemands venaient chercher à Paris secours et assistance. Ils savaient bien que, pour des raisons historiques et morales, l’Allemagne ne pouvait rien imposer, rien initier. Les Allemands nous moquaient gentiment à ce sujet en nous appelant la “Grande Nation”. Il y avait, bien sûr, une part d’envie dans cette dénomination qui fleurait bon la Révolution française. Mais ça c’était avant. Si l’on y réfléchit bien, tout ce qui a été grand et historique ces vingt dernières années a été accompli, sans gloriole, par l’Allemagne. Grâce à la solidarité fiscale des Allemands de l’Ouest qui paient encore un impôt spécial, elle a absorbé et développé son voisin. Aucun autre pays au monde, et encore moins en Europe, n’a fait un tel effort pour intégrer, former, assister les 16 millions d’Allemands de l’Est. Sans parler des infrastructures (routes, ponts et réseau ferroviaire) ou des villes, entièrement rénovées. On l’oublie aussi un peu vite, mais juste après la réunification, les guerres en exYougoslavie, dans les années 90, ont

précipité vers l’Europe de l’Ouest environ 700 000 réfugiés croates, kosovars, albanais ou bosniaques. L’Allemagne en a reçu la moitié, la France quelques milliers, et de mauvaise grâce. A l’époque, on se moquait gentiment à Paris de ce voisin qu’on décrivait comme “l’homme malade de l’Europe”. A Paris, on n’a jamais ni compris, ni vu ce qu’il y avait de remarquable à mener de front une réunification, une crise économique et des flots de réfugiés. Pour la simple et bonne raison que les Allemands continuaient à faire profil bas. Par exemple, on n’a jamais entendu un chancelier allemand remarquer que l’extrême droite française, qui culmine à 25 voire 30 % dans les intentions de vote, posait un problème autrement plus grave que les insignifiants groupuscules néonazis allemands.

tout ce qui a été grand et historique ces vingt dernières années a été accompli par l’Allemagne

Côté français, en revanche, on reproche à l’Allemagne de payer ses ouvriers au lance-pierre, sans même voir que depuis janvier 2015 le salaire minimum allemand a rattrapé et dépassé le smic français (1 473 euros contre 1 457 euros). En Allemagne, les salaires augmentent de 3 % à 4 % par an depuis cinq ans. En Allemagne, le chômage baisse pour atteindre aujourd’hui 6 %. Un chiffre que la France n’a pas connu depuis... 1981. L’Allemagne serait donc plus “sociale” que la France ? Ce qui est certain, c’est qu’elle a fait un hold-up mérité sur des valeurs dont nous nous croyions propriétaires. Elle est devenue une terre d’asile pour des centaines de milliers de réfugiés de Syrie, d’Irak, d’Afghanistan et d’ailleurs. La France est oubliée. A la gare de Budapest, des milliers de ces migrants criaient “Allemagne, Allemagne”. Et c’est une chancelière de droite qui a réalisé le rêve de tout militant de gauche internationaliste : circonvenir aux règles de l’Union européenne pour les laisser affluer. Quelle revanche pour un pays que certains, surtout à gauche, méprisent et maltraitent. Egoïste l’Allemagne, recroquevillée sur ses retraités ? Elle vient de démontrer qu’elle incarnait au contraire ce fameux “supplément d’âme” dont l’Europe a tant besoin. Anthony Bellanger

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du 10 au 17 novembre - Paris - Londres - Tourcoing - Nantes - Toulouse

Philips

ALA.NI

Alex Jonas

Nouvelle salve de noms programmés pour la 28e édition du festival les inRocKs Philips en novembre : la Boule Noire s’enflamme, la Cigale et le Casino de Paris se remplissent et Londres entre dans la boucle.

dernières nouvelles du festival les inRocKs Philips

P festival les inRocKs Philips du 10 au 17 novembre à Paris, Londres, Tourcoing, Nantes, Toulouse avec Alabama Shakes, Christophe, Fat White Family, Son Lux, John Grant, Flavien Berger, Lapsley, Tobias Jesso Jr… plus d’infos sur festival2015.lesinrocks.com billeterie disponible sur fnac.com

endant que la Cigale accueille nos coups de cœur de l’année, c’est à la Boule Noire, juste à côté, que défilent les groupes de demain. Dont le très attendu Girl Band. Dans un de leurs clips, les Irlandais nous invitent à autopsier un corps et à faire joujou avec les organes qu’il y a dedans. Ça se passe au rythme de Why They Hide Their Bodies under My Garage, un morceau d’une violence inouïe où les guitares sont trop saturées pour laisser entrer la lumière. Ces psychopathes sont programmés le 12 novembre. Avec eux, on retrouvera un vrai girl band venu de Londres, The Big Moon, ainsi que les Mancuniens de Blossoms. Deux groupes plus sages que Girl Band (pas difficile), mais tout aussi passionnants. Le lendemain, vendredi 13 novembre, les amateurs de découvertes pourront retourner à la Boule Noire pour prendre leur dose de guitares qui grincent et de mélodies gouailleuses : on y retrouvera Yak, Pretty Vicious et Lusts, trois autres version du rock d’outre-Manche d’aujourd’hui. On l’aura compris, la Grande-Bretagne est à l’honneur. Dimanche 15 novembre : dernier soir à la Boule Noire et quelques émotions plus douces. Parce qu’après ces soirées orientées rock sans pitié, ce ne sera peut-être pas du luxe de se reposer les oreilles et le cerveau. Rendez-vous donc avec BC Camplight pour des rêveries pop adorables (son tube récent s’appelle Just Because I Love You : tout un programme), qui seront précédées par les folk-songs luxuriantes de Palace et le songwriting délicat de Charlie Cunningham. Comme quoi, la Boule Noire sera aussi la source de quelques lumières. Maxime de Abreu

et aussi les nouveaux invités La programmation du festival les inRocKs Philips n’en finit pas de s’enrichir. On pourra compter sur la diva intimiste anglaise ALA.NI qui dévoilera les chansons de son ep d’automne et confirmera son statut de délicate révélation de l’année, le 10 au Casino de Paris. Rachel Trachtenburg, la batteuse et leader du trio d’antifolk girly The Prettiots a 21 ans mais déjà une longue carrière : elle jouait dans le groupe de ses parents à 6 ans. Elle sera le 11 au Casino de Paris. Qui se cache derrière l’electro-soul du mystérieux londonien Rationale ? Réponse le 12 à la Cigale. Le jeune Anglais Barns Courtney joue en solo acoustique, mais fort et intense – de la graine de rock’n’roll. A voir le 15 à la Cigale.

rendez-vous à Londres Une fois encore, le festival s’arrêtera à Londres, le 12 novembre, pour une date unique et prestigieuse dans l’église St Giles in the Fields. C’était un pari : faire découvrir, avec militantisme, la musique produite en France à un public anglais (soit grosso modo l’exact inverse de ce que nous faisons en France) ; c’est en train de devenir une tradition : un rendez-vous attendu par un public curieux et sans œillères, qui viendra découvrir sur scène un plateau félin, avec Yael Naim et une jolie surprise.

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& Alias présentent

Photo : Akatre

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PARIS, LONDRES, TOURCOING, NANTES, TOULOUSE

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ALABAMA SHAKES CHRISTOPHE FAT WHITE FAMILY JOHN GRANT · YAEL NAIM ODEZENNE · SON LUX TOBIAS JESSO JR. ALA.NI · FLAVIEN BERGER GHOST CULTURE · THE DISTRICTS ALGIERS · EMILIE NICOLAS FLO MORRISSEY · WOLF ALICE LAPSLEY · GIRL BAND MAX JURY · YAK · BC CAMPLIGHT JACK GARRATT · AGUA ROJA BO NINGEN · BLOSSOMS CHARLIE CUNNINGHAM FORMATION · LAST TRAIN BARNS COURTNEY · RATIONALE LUSTS · THE BIG MOON · BEAU · PALACE PRETTY VICIOUS · THE PRETTIOTS Locations : lesinrocks.com, magasins Fnac, Carrefour, fnac.com et avec l’application “La Billetterie”

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retour de hype

retour de bâton

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pré-buzz

“t’aurais accepté les trois millions d’euros, toi ?”

“ouais, j’ris à mes propres blagues et alors ?”

Xavier Dolan pour Louis Vuitton

“franchement, c’est kif-kif bourricot”

Anthony Martial la chatte de Sébastien Thoen

Girl Band

Anish Kapoor

David Bowie + Bob l’Eponge =