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L’exploration pétrolière et gazière dans le golfe et l’estuaire du Saint-Laurent Un danger pour la faune et la flore marine Le 27 novembre 2002, Mme Rita Dionne-Marsolais, alors ministre déléguée à l'Énergie, rendait public le Plan d'exploration pétrolière et gazière d'Hydro-Québec pour lequel la société d'État souhaite investir 330 millions de dollars d'ici 2010. Ce plan prévoit l'exploration du sol de la Gaspésie, de même que celle des fonds marins dans le golfe et l'estuaire du Saint-Laurent. Or, l’exploration sismique de l’estuaire et du golfe Saint-Laurent a suscité et suscite toujours la controverse en raison de ces impacts sur la faune et la flore. Au début de l’année 2003, l’Union québécoise pour la conservation de la nature (UQCN) demandait aux deux niveaux de gouvernement (fédéral et provincial) l’imposition d’un moratoire sur ce projet, le temps de procéder à une étude d’impact globale et à des audiences publiques. Profitant du déclenchement des élections provinciales, l’UQCN, les Amis de la Vallée du Saint-Laurent, le Conseil régional de l’environnement du Bas-Saint-Laurent et Stratégies Saint-Laurent ont alors demandé aux principaux partis politiques susceptibles de prendre le pouvoir le 14 avril dernier de faire connaître leur position sur ce projet. Dans une lettre du Parti Libéral, datée du 11 avril, M. Jean Charest se déclarait très favorable à l’adoption d’un processus d’évaluation clair et transparent. Il écrivait : «Que ce soit dans le cadre d'une procédure conjointe avec le fédéral ou de son propre chef, un gouvernement libéral procédera à la tenue d'études d'impact sur l'ensemble du projet d'exploration et d'exploitation pétrolière et gazière du golfe Saint-Laurent et respectera les conclusions de ces études. De plus, nous rendrons publics les résultats de ces recherches et les paramètres ayant présidé à leur élaboration. Dans le cadre d'une enquête scientifique et indépendante sur le développement énergétique du Québec, nous évaluerons, d'autre part, l'acceptabilité environnementale et sociale de ce projet.» C’était, bien sûr, avant la prise du pouvoir… Aujourd’hui, un mois et demi après le 14 avril, tout indique que le projet est en voie de se réaliser sans qu’une évaluation globale en soit faite. Les projets prévus seront donc mis en oeuvre individuellement, ce qui diminue l’importance du programme dans son ensemble, chaque projet ne causant que des impacts limités. Pour les citoyens et les groupes opposés au projet, il s’agit là du pire des scénarios envisagés. L’exploration débutera au gisement Old Harry, 80 kilomètres au nord-est des Îles-de-la-Madeleine. Tous ceux qui ont à cœur le bien-être des mammifères marins dans le Golfe et l’estuaire seront intéressés d’apprendre que l’exploration sismique de ces régions pourrait causer un tort irréparable à ces animaux ainsi qu’à d’autres. Les canons à air comprimé utilisés pour l’exploration sismique génèrent des niveaux sonores de 214 décibels à la source et de 179 décibels jusqu’à 4 kilomètres. Or, les mammifères marins dépendent entièrement du son pour tous les aspects de leur vie : communication, recherche des proies, détection des prédateurs et navigation. Plusieurs études démontrent que les sons émis lors de l'exploration sismique entraînent des changements de comportement chez les cétacés qui risquent d'avoir des effets sur leur survie ou le succès de leur reproduction, et peuvent même entraîner des pertes de sensibilité auditive, des blessures ou encore la

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mort. Ces effets sont plus documentés chez les cétacés, mais des études ont montré des effets semblables chez les poissons et autres animaux marins. On ne parle ici que des effets de la phase d’exploration qui selon toute vraisemblance ouvrira la porte à celle de l’exploitation, notamment des hydrocarbures, qui elle aussi comporte des risques majeurs pour le milieu marin. Aux accidents qui peuvent toujours survenir et avoir de graves conséquences, il faut ajouter la question des infiltrations. Pour exemple, on estime que chaque année, 110 millions de litres de pétrole s’échappent des puits, des pipelines et autres infrastructures de l’industrie pétrolière américaine. C’est trois fois plus que le déversement de l’Exxon Valdez. Parmi les autres dangers, il y a les boues de forage. Celles-ci se déposent sur les fonds marins, et même traitées, elles sont une véritable soupe toxique de métaux lourds et d’hydrocarbures. Les contaminants s’immiscent aussi dans l’écosystème avoisinant les plates-formes par le biais des torchères qui brûlent l’excédent de gaz, par mesure de sécurité et produisent des émissions d’hydrocarbures. De plus, les plates-formes étant illuminées en tout temps, elles sont un risque pour les oiseaux migrateurs. Et finalement, même le démantèlement des plates-formes, une fois la source tarie, pose de sérieux problèmes environnementaux. Dans le golfe et l’estuaire du Saint-Laurent, la situation est très préoccupante car l’exploitation des hydrocarbures se ferait tout près des côtes. Elle mettrait en péril l’industrie des pêches, déjà malmenée par la baisse des stocks dans cette région et les activités écotouristiques d’observation des baleines qui génère chaque année près de 12 millions de dollars de retombées et crée 750 emplois directs et indirects. Jugeant l’entreprise trop risquée, plusieurs pays et États ont imposé des moratoires sur cette activité. C’est le cas du Danemark, de plusieurs États américains (la Floride, la Californie, l’État de Washington et l’Orégon), du Costa Rica et de la province canadienne de la Colombie Britannique. La fin de l’avantage énergétique du Québec? Enfin, il faut se poser la question : le Québec qui a tant vanté les mérites de son orientation énergétique plus propre - l’hydroélectricité - devrait-il se diriger vers un modèle de production axé sur les combustibles fossiles, plus dommageable pour l’environnement? Cela ne mérite-t-il pas un débat de société ? De plus, avons-nous examiné sérieusement toutes les autres options énergétiques avant de se diriger vers une éventuelle exploitation pétrolière et gazière dans un endroit aussi sensible que le golfe et l’estuaire du Saint-Laurent? Le Québec a un énorme potentiel éolien et solaire quasi inexploité ainsi qu’un immense potentiel d’économies d’énergie, largement négligé. Il y a des choix à faire et l’UQCN et ses groupes affiliés exigent que ces choix se fassent dans le cadre d’une évaluation globale du projet, transparente et démocratique. Source : Une collaboration spéciale UQCN de Stéphane Gagné

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